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Xerfi Canal a reçu Yvon Pesqueux, professeur émérite du Conservatoire National des Arts et Métiers, pour parler des sciences de gestion comme science politique.
Une interview menée par Jean-Philippe Denis.

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Transcription
00:00 Bonjour Yvon Pequeux.
00:09 Bonjour.
00:10 Réfléchir de l'importance de la tâche réflexive en sciences de gestion.
00:14 Édition EMS, collection Grands auteurs francophones.
00:17 Yvon Pequeux, bienvenue dans cette collection.
00:19 Qui se veut une sorte de Collège de France de la gestion ?
00:22 Nous avons des grands auteurs francophones, vous en faites partie.
00:24 Yvon Pequeux, si on avait un peu plus réfléchi, ce serait peut-être un peu
00:29 moins dans l'horreur aujourd'hui d'un monde polycrise.
00:34 On va dire ça comme ça.
00:35 Je vous ai reçu à plusieurs reprises pour évoquer les dérives,
00:40 les dérives qui étaient aussi associées à certaines productions de sciences
00:43 de gestion, de management.
00:45 En vous lisant, on a l'impression que finalement, la science de gestion,
00:49 c'est la nouvelle science politique.
00:53 Si je reprends la métaphore que je partage avec le professeur Alain-Charles
01:00 Martinet sur le carrefour nécessairement discipliné, parce que dans un carrefour
01:05 indiscipliné, on se fait écraser, si je poursuis la métaphore, ça pose
01:09 effectivement le problème du statut de ce que sont les sciences de gestion,
01:13 d'ailleurs plus globalement, le statut des sciences sociales qui se sont
01:19 constituées en silos, sachant que tout emprunt à la discipline voisine pouvait
01:26 être considéré comme de la contrebande, au sens méprisant du terme, ou de
01:33 l'infériorité, parce que ça voudrait dire qu'on fait mieux avec.
01:36 Et du point de vue des sciences de gestion, ça signifierait que les
01:40 épistémologies des disciplines voisines auxquelles on emprunte seraient
01:45 constituées, qu'il n'y aurait pas de débat et que de ce fait, ceci nous
01:51 dispense d'avoir un débat sur la discipline qui est la nôtre.
01:54 Vous êtes notamment un des grands pourfendeurs des théories
01:57 contractuelles, une vision totalement contractuelle, très américaine.
02:02 Et vous le dites, par les modèles circulent des idéologies et on ne se
02:07 rend pas compte qu'ensuite, ça transforme le monde.
02:10 D'ailleurs, ça amène à cette discussion sur la trilogie entre modèles, théories
02:16 et représentations.
02:17 De très nombreuses théories du champ qui est le nôtre sont en fait des modèles
02:23 qui construisent, qui sont construits, qui participent à la construction, qui
02:28 participent au renforcement d'une représentation, qui est, alors si je
02:32 prends une formule globale, le problème solving, c'est-à-dire une logique
02:39 causaliste dans laquelle c'est la personne qui détient la résolution du
02:45 problème, sachant qu'elle est indiscutable au regard des modèles qui sont
02:49 proposés, qui fait qu'il ne peut y avoir que cette solution-là.
02:53 Il ne peut y avoir qu'un hôpital dans lequel il n'y aurait pas de tableau de
02:57 bord, mais ce n'est pas imaginable.
02:58 Entre nous, je ne vous conseille pas de vous faire soigner par un tableau de bord,
03:01 mais ça, c'est une autre question.
03:02 Et là, on montre, je dirais par cette pirouette, j'essaie d'illustrer cette
03:09 question du modèle, de la théorie, si elle existe, donc admettons qu'elle
03:16 existe, du modèle soutenu par le tableau de bord et de la représentation qui est
03:21 sous-jacente, qui est une représentation majeure.
03:23 Très intéressant, à l'issue de la Covid-19, nous nous sommes aperçus, pas
03:28 simplement en France, si on regarde les débats au sein des pays européens,
03:33 qu'en fait, nous étions en médecine d'urgence, qu'on ne le savait pas, ce
03:37 qu'avait ignoré le tableau de bord hospitalier.
03:41 Nous étions dans une médecine d'urgence et que ce titre, c'est la raison de la
03:49 discussion des sciences de gestion comme telle, et non pas des sciences de gestion
03:54 comme une des logiques des sciences politiques.
03:58 En effet, au moins sur le plan épistémologique, une des dimensions
04:04 fondatrices de l'épistémologie d'une discipline, c'est sa dimension politique
04:09 et morale.
04:10 Et en définitive, l'argumentation que je défends dans cette interview, c'est
04:19 l'importance de cette dimension politique et morale, sachant que qui dit
04:23 politique et morale dit une ontologie de la politique et de la morale, et le fait
04:29 d'accepter, de reconnaître que le problème solving est d'essence
04:35 autoritaire.
04:36 Et donc, qu'à ce titre, quel est le statut de l'autoritarisme dans la
04:41 discipline qui est la nôtre ?
04:42 Réfléchir de l'importance de la tâche réflexive en sciences de gestion.
04:46 Merci Yvon Piquet.
04:47 Merci.
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