• l’année dernière
Jugé pour prise illégale d'intérêts, Éric Dupond-Moretti a été déclaré "non coupable" et relaxé par la Cour de Justice de la République. Si "l'élément matériel" de la prise illégale d'intérêts était bien constitué selon l'instance, ce n'était pas le cas de l'élément intentionnel.

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Transcription
00:00 Karim Benzema,
00:01 Yvan Colonna,
00:03 Patrick Balkany,
00:05 Eric Dupond-Moretti défend des accusés médiatiques,
00:09 mais aussi de grandes affaires criminelles.
00:11 Une ascension fulgurante pour ce fils d'un ouvrier
00:15 et d'une femme de ménage.
00:17 Un profil atypique qui intéresse Emmanuel Macron
00:21 lorsqu'il réfléchit à son nouveau garde des Sceaux en 2020.
00:24 Il y a sans doute une volonté chez Emmanuel Macron
00:29 toujours d'agiter le système,
00:31 et c'est quelque chose qui revient beaucoup
00:33 dans le discours du président de la République,
00:35 de vouloir aller contre les corporatismes.
00:37 Donc c'est vrai qu'il peut y avoir cette idée de dire
00:39 "je vais mettre un avocat qui n'a pas toujours été tendre
00:42 avec les magistrats, c'est même un euphémisme,
00:44 pour aller secouer un peu le système."
00:46 Je serai le garde des Sceaux du dialogue
00:50 et j'accepterai la contradiction
00:52 dont j'ai toujours été le servant défonceur.
00:57 La réaction ne se fait pas attendre du côté des syndicats de magistrats.
01:00 C'est dans la rue qu'ils donnent leur avis
01:03 sur cette nomination jugée comme une provocation.
01:05 Assis, debout, mais pas couché !
01:09 Assis, debout, mais pas couché !
01:13 D'emblée, les magistrats réagissent très mal,
01:15 ou plus précisément, les syndicats de magistrats réagissent mal.
01:20 Le syndicat de la magistrature, celui qui fait le plus parler de lui,
01:23 pour des prises de position souvent très critiquées
01:26 en raison d'une coloration plus politique,
01:29 parle de déclaration de guerre
01:31 à propos de la nomination d'Éric Dupond-Moretti.
01:35 C'est un avocat qui a construit sa réputation,
01:40 ses affaires et ses succès,
01:41 mais aussi ses déconvenus judiciaires,
01:44 et il en a eu plusieurs,
01:45 en étant, face à la justice et face aux magistrats,
01:49 extrêmement critique face à l'institution, face aux hommes,
01:52 et se jouant aussi des lignes.
01:55 Il avait la réputation, par exemple, de fumer régulièrement
01:57 dans les salles des pas perdus, alors que c'est interdit.
02:00 Il avait la réputation de s'en prendre personnellement,
02:02 et parfois même avec une forme d'avancée physique
02:05 vers des magistrats, soit à l'audience, soit en dehors de l'audience.
02:08 Donc, toute cette image négative remonte à la surface.
02:12 Dans ses livres,
02:15 Éric Dupond-Moretti égratigne régulièrement l'école de la magistrature.
02:20 L'école de la magistrature,
02:23 elle a pour effet majeur d'encaster
02:25 de tout jeunes gens dans un moule d'incorporatisme
02:31 dont ils ne sortiront jamais.
02:33 Il a une dent contre les magistrats, vraiment.
02:43 Je pense qu'il faudrait faire un dictionnaire des citations
02:47 de Dupond-Moretti,
02:49 où on collectionnerait toutes les vacheries
02:52 qu'il a pu lire sur les magistrats.
02:54 Et il y en a une série impressionnante.
02:59 Une défiance qui s'est cristallisée avec le fiasco judiciaire d'Outreau.
03:06 - Au revoir, monsieur. - Au revoir, monsieur.
03:09 L'acquittement de 13 des 17 accusés
03:12 et un jeune juge, Fabrice Burgot,
03:14 qui ne sera jamais condamné par ses pairs.
03:18 J'ai dénoncé le corporatisme dans la magistrature.
03:21 Ce corporatisme qui fait que 64 magistrats
03:24 ont tué à connaître du dossier d'Outreau
03:26 et que personne n'a enrayé la machine.
03:28 Nous avons une illustration de plus de ce qu'est le corporatisme.
03:32 Quand les juges examinent le travail des juges, voilà ce que ça donne.
03:36 - Le 21 septembre 2020, une fois au pouvoir,
03:38 le garde des Sceaux prend une décision aussi forte que symbolique.
03:42 Il nomme un avocat et non un magistrat
03:46 à la tête de l'Ecole nationale de la magistrature
03:49 et assume cette grande première.
03:51 - L'ouverture,
03:53 c'est d'abord rompre avec des traditions surranées.
03:58 C'est rompre avec la tentation du vase clos et de l'entre-soi.
04:04 - C'est un acte fort,
04:06 mais évidemment un acte qui est mal ressenti,
04:08 mal vécu par les magistrats.
04:11 ...
04:18 - Leurs relations vont encore se tendre
04:20 quand le garde des Sceaux déclenche une enquête administrative
04:24 à l'encontre de magistrats contre lesquels il s'était opposé.
04:27 - Juste avant de devenir ministre de la Justice,
04:30 Eric Dupond-Maretti avait porté plainte
04:32 contre des magistrats du Parquet national financier
04:35 pour violation de sa vie privée.
04:36 Quelques jours après, il a été nommé ministre,
04:39 il a porté plainte, et quelques semaines après,
04:42 une enquête est demandée sur ces 2 magistrats.
04:44 3 magistrats, puisque c'était leur supérieur hiérarchique.
04:47 C'est vrai que l'enchaînement des événements est très suspect.
04:50 - Les syndicats de magistrats portent plainte
04:53 pour prise illégale d'intérêt.
04:55 Le ministre choisit alors les réseaux sociaux pour répondre.
04:58 - Bonjour.
05:00 C'est notre petit rendez-vous sans filtre.
05:03 - Il justifie le déclenchement de l'enquête administrative.
05:07 - Un rapport m'a été remis
05:09 faisant apparaître de possibles fautes déontologiques.
05:13 Et c'est la raison pour laquelle
05:17 les services
05:20 de l'inspection générale de la Justice
05:24 ont été saisis
05:26 d'une demande d'enquête administrative.
05:31 Elle est en cours.
05:33 L'enquête se poursuit.
05:37 Il est bien normal que le garde des Sceaux
05:40 s'assure du bon fonctionnement de la Justice.
05:44 C'est même, pardon, la moindre des choses.

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