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La déléguée nationale du syndicat SGP Police FO, LInda Kebbab, était l’invité de #LaGrandeInterview de Sonia Mabrouk dans #LaMatinale sur CNEWS, en partenariat avec Europe 1.

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Transcription
00:00 et place donc à la grande interview sur CNews et Europe 1.
00:02 Bonjour à vous, Linda Kebab.
00:04 Bonjour.
00:04 Et bienvenue, merci d'être là.
00:06 Vous êtes policière, vous êtes la secrétaire nationale du syndicat SGP Police FO.
00:10 On va bien sûr évoquer l'attaque terroriste à Paris en saluant l'action de nos forces d'intervention.
00:16 On va aussi revenir plus largement sur la violence, voire l'hyperviolence dans notre société.
00:20 Et tout d'abord, Linda Kebab,
00:21 quelles sont les remontées de terrain dont vous disposez après cette attaque terroriste ?
00:26 Écoutez, les remontées, c'est beaucoup de chocs.
00:28 Je tiens à saluer d'abord mes collègues qui sont intervenus, notamment du 15e arrondissement,
00:32 mais pas qu'il y avait aussi des effectifs de l'unité de garde de préfecture,
00:36 donc qui font de la garde bâtimentaire et qui ont été sollicités par les passants,
00:39 qui visiblement ont eu beaucoup de difficultés.
00:42 Et j'en profite pour en parler une seconde, à joindre la plateforme des Appels 17,
00:48 parce que malheureusement, c'est une plateforme qui souffre de beaucoup de sous-effectifs,
00:52 qui est saturée et donc les personnes ont dû raccrocher
00:55 et solliciter les policiers qui, heureusement, passaient par là,
00:57 et notamment des effectifs qui étaient en garde et d'autres qui passaient en patrouille.
01:00 Donc, évidemment, le choc, j'ai eu les remontées de terrain des effectifs qui sont intervenus,
01:05 qui ont, notamment, je pense à une patrouille, sauvé la vie d'une des victimes,
01:09 une personne qui a été touchée d'un coup de marteau à la tête
01:12 et qui ont effectué une compression au niveau de la tête,
01:16 alors qu'elle perdait son sang dans un hall d'immeuble où elle s'était réfugiée.
01:20 Et puis, évidemment, les policiers qui sont intervenus quelques minutes après les faits
01:23 et qui ont malheureusement assisté à l'agonie de cette pauvre victime à laquelle nous pensons aujourd'hui.
01:27 Justement, Linda Kebab, bien sûr, pensez à la famille de cette victime.
01:31 Au moment de l'interpellation de l'assaillant,
01:33 vos collègues n'ont pas fait usage de leur arme à feu malgré le risque encouru
01:37 et malgré la crainte d'explosifs comme l'a laissé entendre, justement, l'assaillant.
01:41 Ils ont utilisé leur taser. Selon vous, pourquoi ?
01:44 Alors d'abord, il y a le positionnement générique.
01:46 Je veux dire, de manière générale, quand on a le doute très fort
01:49 qu'une personne puisse avoir une ceinture d'explosifs, qu'on est à proximité immédiate
01:52 et qu'on n'a pas de protection soi-même,
01:54 on évite de toucher ce qu'on appelle vulgairement chez nous la bouteille.
01:56 Et donc, dans ces cas-là, je suis désolée, c'est un peu choquant, mais c'est factuel,
01:59 il faut viser la tête.
02:01 Ce n'est pas le choix de mes collègues qui, à ce moment-là, avaient avec eux,
02:04 et heureusement, c'est une dotation qui doit se généraliser.
02:07 Et plus que généraliser, elle doit s'individualiser.
02:10 Ils avaient avec eux le taser, donc c'est un pistolet à impulsion électrique.
02:13 Et donc, ils sont intervenus à deux.
02:15 Un avec le taser et l'autre avec son arme létale,
02:18 dans l'éventualité où le premier ne fonctionnait pas.
02:21 Il faut savoir que le taser, c'est moins efficace,
02:22 dans le sens où il peut y avoir des ratés,
02:24 par exemple les aiguillons qui accrochent mal,
02:26 et donc une moins bonne efficacité.
02:27 Il faut parfois s'y reprendre à plusieurs fois.
02:30 Et si éventuellement le taser n'avait pas fonctionné,
02:33 il y avait le cadre légal qui permettait aux collègues d'intervenir,
02:35 notamment le Code de sécurité intérieure,
02:36 puisqu'on était dans un périple meurtrier à ce moment-là.
02:38 Avant d'arriver aux questions sur le profil,
02:40 je pense que c'est important pour ceux qui nous regardent et nous écoutent,
02:42 Linda Kepap, de comprendre comment ces premières forces d'intervention,
02:46 justement, agissent, par exemple, lors de l'attaque contre Dominique Bernard à Arras.
02:51 Ce n'était pas la même façon d'intervenir.
02:54 Pourquoi ? Pourquoi le choix d'utiliser un taser ou pas,
02:56 de viser l'assaillant ou pas ?
02:58 Pour le neutraliser.
02:59 J'ai été d'ailleurs, je crois, la seule syndicaliste,
03:01 avec d'autres membres de mon organisation, à le dire.
03:04 Je vous avoue que ça ne m'a pas créé que des amitiés dans les autorités,
03:07 à dénoncer le fait que nos collègues s'étaient retrouvés contraints
03:10 à utiliser uniquement l'artaser,
03:11 alors qu'on était dans un contexte différent de Paris,
03:14 puisqu'au moment où les collègues interviennent à Arras,
03:17 il y a une victime au pied de l'assaillant
03:21 et qu'il est en train de s'en prendre à cette victime
03:23 et que potentiellement, il y a un risque de mort immédiate.
03:25 Heureusement, les collègues ont utilisé leur taser très rapidement
03:27 et ça a fonctionné.
03:28 Mais pourquoi est-ce qu'ils n'ont utilisé que leur taser ?
03:30 La remontée de terrain à Arras, elle est claire.
03:32 La peur des conséquences judiciaires,
03:34 des conséquences juridiques et administratives à leur égard.
03:37 Je rappelle qu'on sort d'une séquence dont beaucoup restent encore marqués,
03:41 une séquence d'émeutes qui a bouleversé la France tout cet été,
03:45 avec des risques judiciaires extrêmement importants,
03:47 des risques craignants dans l'esprit de nos collègues
03:50 qui nous disent de plus en plus
03:52 "je dois prendre le risque éventuellement
03:54 que l'intervention dysfonctionne
03:56 parce que sinon, je prends moi le risque de me retrouver en détention provisoire".
03:59 Et c'est en tout cas les remontées de terrain que l'on a aujourd'hui.
04:01 Sur le profil à présent de Lida Kebab,
04:04 on a donc appris d'abord,
04:05 je pense que c'est l'un des éléments les plus importants,
04:07 on a donc compris que sa mère, la mère de l'assaillant,
04:09 avait signalé un changement de comportement de son fils en octobre dernier.
04:13 Pour tous ceux qui suivent ces dossiers, ce n'est pas toujours le cas.
04:16 Quand un membre de la famille, en l'occurrence une mère,
04:19 signale cela, elle l'avait donc signalé.
04:21 Pour le grand public, c'est assez incompréhensible
04:23 qu'à partir de là, aucune lumière rouge ne clignote Lida Kebab.
04:27 Est-ce que c'est difficile, mais est-ce qu'il faut parler quand même là
04:30 d'un manquement, d'un raté, d'une incompréhension pour le moins ?
04:34 Disons que ça interroge, on a plusieurs éléments qu'il faut rappeler.
04:38 On a une personne qui s'est convertie à l'islam radical dès 2014,
04:42 notamment sous l'influence, parmi d'autres, de Maximilien Thibault,
04:45 qui est une figure de force d'analysat qu'on connaît très bien aujourd'hui en France
04:48 et qui était aussi un recruteur qui envoyait du monde au Moyen-Orient.
04:52 Deuxième chose, il a projeté un attentat terroriste en 2016,
04:55 notamment à la Défense.
04:57 Il a été condamné pour cela à cinq ans.
04:58 Il a fait quatre ans en prison, puisqu'il y avait un an avec sursis.
05:01 Il était reconnu comme étant instable psychiatriquement.
05:05 Il avait un suivi.
05:06 Il a été sous le coup d'une micasse,
05:08 donc c'est une mesure individuelle de contrôle administratif
05:11 à l'issue de sa peine d'emprisonnement.
05:13 La micasse, grosso modo, pour que les gens comprennent,
05:14 c'est un peu un contrôle judiciaire, mais version administrative,
05:16 donc ce n'est pas sous l'autorité judiciaire,
05:18 mais on contraint la personne dans son déplacement,
05:20 dans son droit ou non à rencontrer des personnes, etc.
05:23 Ça a duré un petit temps, six mois,
05:24 et c'est peut-être aussi un des problèmes aujourd'hui des micasses,
05:27 qui ne durent pas assez longtemps, pour lesquels il faut légiférer,
05:30 mais malheureusement, ça se confronte à la constitutionnalité,
05:33 notamment sur la question des libertés et d'aller et venir.
05:35 Il y a la question aussi des soins,
05:37 puisque cette personne ne suivait plus son traitement,
05:40 non pas parce qu'il l'avait décidé de lui-même,
05:42 mais parce qu'on a deux médecins qui l'ont décidé.
05:44 Le premier, qui est coordinateur, est donc chargé du suivi judiciaire,
05:47 et le second, le médecin traitant,
05:49 vers lequel la maman s'était également épanchée
05:52 et qui a estimé qu'il n'était pas utile.
05:54 Alors, est-ce qu'à ce moment-là,
05:56 la médecine a-t-elle dit qu'il était sorti
05:58 de son instabilité psychiatrique ?
06:00 Peut-être.
06:00 Est-ce que les événements de ces dernières semaines,
06:03 et notamment les images qu'il a partagées sur les réseaux sociaux
06:06 avec ce qui se passe dans la bande de Gaza,
06:07 ont pu créer une décompensation ?
06:08 C'est possible aussi.
06:09 Mais néanmoins, on a, et c'est assez exceptionnel,
06:12 il faut le souligner, une maman qui joue le jeu.
06:14 C'est une maman qui n'encourage pas son fils dans cette démarche.
06:18 On est dans un schéma familial plutôt sain,
06:22 avec un homme qui s'est fait embrigader très jeune
06:25 en dehors de l'environnement familial,
06:27 ça arrive aussi, et qui fait un signalement en octobre.
06:29 Et lorsque l'on cumule tous les éléments,
06:31 tous les facteurs que je viens de vous citer,
06:33 en effet, il n'y avait peut-être pas,
06:34 comme le dit si bien le procureur,
06:35 d'éléments pour faire de poursuites judiciaires.
06:37 Néanmoins, peut-être qu'une micasse,
06:39 à ce moment-là, aurait été pertinent,
06:40 et en tout cas, entendre sérieusement la parole des maires
06:43 et mettre en œuvre des mesures d'accompagnement,
06:46 des mesures de contrôle individuel.
06:48 À ce moment-là, je pense que c'était impératif.
06:49 Par quoi on est retenus ?
06:50 Qu'est-ce qui nous...
06:52 Comment dire ?
06:52 Qu'est-ce qui fait que nos mains sont liées ?
06:55 Là, vous avez dit, en parlant de la micasse,
06:57 qu'il y avait un problème sur son extension.
06:59 Donc, c'est une question de droit, de liberté,
07:01 de respect de la liberté ?
07:02 D'appréciation aussi.
07:04 On est sur des décisions qui résultent
07:06 de l'autorité administrative,
07:07 qui peut être le préfet.
07:09 Je rappelle que le ministre de l'Intérieur,
07:10 hier, a appelé de ses voeux
07:12 que l'autorité administrative, qui sont les préfets,
07:15 puisse un jour exiger des injonctions de soin.
07:16 On en est là aujourd'hui, madame Mabrouk.
07:18 C'est-à-dire que dans notre pays, en France,
07:19 le pays des droits, des libertés individuelles,
07:21 on en est arrivé à une telle situation sécuritaire
07:24 où, désespéré, et je pense que c'est de bonne foi,
07:26 le ministre de l'Intérieur en appelle
07:27 que des préfets puissent exiger des injonctions de soin.
07:31 Pourquoi pas ?
07:31 Quel est le raté ?
07:32 Est-ce qu'il y a eu une difficulté
07:33 pour les autorités,
07:35 en tout cas les services de l'autorité administrative,
07:37 à mettre en œuvre, ou en tout cas à faire remonter
07:38 le signalement de la maman ?
07:40 Est-ce que c'est une difficulté en matière de moyens ?
07:42 Ou est-ce que c'est un problème de statistique ?
07:43 C'est-à-dire qu'on se dit que, de manière générale,
07:45 ça se passe plutôt bien pour les sortants,
07:47 grosso modo, statistiquement.
07:50 Alors, du coup, c'est un coup de poker.
07:51 Malheureusement, c'est un coup de poker aujourd'hui
07:52 qui rate et qui coûte la vie d'un homme
07:54 et qui brise des vies et qui traumatise un pays
07:57 et pas que le nôtre.
07:58 Je pense notamment à l'Allemagne,
07:59 qui a juste ce titre, a été vue aujourd'hui.
08:01 Et donc, évidemment, on doit impérativement
08:03 se rapprocher du zéro risque.
08:06 Zéro risque avec une forme d'impuissance.
08:08 Vous parlez de ces sortants de prison, Linda Kebab.
08:10 C'est un véritable défi.
08:11 On va y revenir.
08:14 Certains, à l'instar de Jordan Bardella,
08:16 veulent qu'on ouvre le débat sur la rétention de sûreté,
08:18 justement, pour ces individus.
08:20 Et pour expliquer à nos auditeurs et télésplicateurs,
08:22 il a donc purgé la peine qui était la sienne.
08:25 Mais la question, c'est après, en sortant,
08:27 eu égard au caractère dangereux de cet individu,
08:29 que faut-il faire ?
08:30 Est-ce qu'il doit rester,
08:31 même s'il peut être surveillé en liberté ?
08:33 C'est une question qui se pose pour vous.
08:34 Il y a la question de l'assignation à résidence
08:36 avec des moyens technologiques pour nous aider.
08:39 Évidemment, on pense tous au bracelet, mais pas que.
08:42 Hélas, le père Hamel, ça s'est terminé
08:44 dans le sang et la tragédie.
08:45 C'est malheureusement aussi la difficulté
08:47 pour les agents d'enseignement de pouvoir être là
08:49 tout le temps, 24 heures sur 24.
08:51 L'attaque a eu lieu un samedi soir.
08:52 Vous doutez bien que c'est très compliqué
08:54 de mobiliser des agents 24 heures sur 24,
08:56 les week-ends, puisque les policiers,
08:58 comme tout le monde, ont aussi droit à des jours off.
09:00 Et donc, de fait, on peut passer à côté de quelque chose.
09:03 Évidemment, il faut des contraintes fortes,
09:04 des moyens technologiques.
09:05 Certains pensent à des mesures de sûreté
09:08 extrêmement fortes, comme vous venez de le citer.
09:10 Je rappelle juste une chose pour ceux qui s'offusqueraient.
09:12 On ne parle pas de prévention,
09:14 on parle de gens qui ont déjà été condamnés.
09:16 Faisons la part des choses.
09:17 J'entends déjà les voix qui s'élèvent en disant
09:20 "restriction des libertés",
09:22 "contre des personnes fichées S",
09:23 alors qu'il n'y a rien contre ces mêmes personnes
09:25 d'un point de vue judiciaire.
09:26 Sauf que là, dans ce cas-là précis,
09:28 il y a quelque chose de judiciaire,
09:30 puisque il a été condamné.
09:31 Donc, dès lors qu'il a été condamné,
09:33 on peut estimer que oui,
09:34 il doit être contraint, peut-être admissible,
09:37 et tant qu'en tout cas, on a la certitude
09:39 qu'il n'y a pas de risque de passage à l'acte,
09:41 de décompensation, ce qu'on appelle la déradicalisation,
09:45 même si en réalité, tout est possible,
09:46 parce que ce monsieur semblait être déradicalisé,
09:49 et au final, eh bien...
09:50 Ou alors, il masquait en réalité la situation.
09:53 Mais en tout cas, on parle pour les personnes
09:55 qui ont été condamnées,
09:57 qui projetaient des attentats terroristes,
09:59 qui projetaient de se rendre sur des scènes de théâtre,
10:03 des théâtres extérieurs, des opérations extérieures
10:05 dans des situations de guerre.
10:06 Oui, je pense qu'il faut aujourd'hui réfléchir
10:08 à un moyen admissible de pouvoir les restreindre,
10:11 les contraindre et utiliser des mesures administratives
10:14 ou judiciaires qui mettraient en sécurité notre société.
10:17 On ne peut pas se permettre tous les huit ans...
10:18 Il va falloir changer le droit, et presque, j'allais dire,
10:21 la philosophie de la loi sur ça,
10:23 parce que contraindre quelqu'un ad vitam,
10:25 pour l'instant, c'est impossible dans notre droit
10:27 et dans la philosophie de notre loi.
10:28 Ah, ça s'oppose clairement au droit constitutionnel,
10:31 puisque l'amicace dont je vous ai parlé il y a quelques minutes,
10:34 aujourd'hui, c'est six mois.
10:35 Lorsqu'il y a eu une tentative...
10:36 Six mois, mais pour vous, ça ne doit être rien, six mois.
10:38 Ce n'est rien du tout.
10:38 Donc, dans le cadre de la loi antiterroriste,
10:40 il y avait un projet de l'étaler jusqu'à deux ans,
10:43 et ça s'est opposé évidemment aux droits constitutionnels.
10:46 Bon, OK, donc, de fait, il va falloir réfléchir
10:49 à comment faire en sorte que ces personnes condamnées,
10:51 encore une fois, qui projetaient de commettre un attentat,
10:54 ce n'est pas rien.
10:55 On ne parle pas d'un vol à l'étalage,
10:56 on parle d'attenté à des vies sur le territoire national.
10:59 Et je rappelle quand même...
10:59 Comment on fait pour sécuriser l'ensemble de la société
11:01 et qu'on évite d'avoir à chaque fois des paroles politiques
11:04 qui se désolent, mais qui, finalement, ne trouvent pas de solution.
11:07 À chaque fois, les mêmes indignations, les mêmes condamnations.
11:09 Vous avez l'impression de revivre, Linda Kebab,
11:12 j'allais dire, malheureusement, après chaque attentat,
11:14 le même scénario qui se déroule.
11:17 Mais encore une fois, tout repose à chaque fois,
11:19 uniquement sur les policiers.
11:21 Sur les policiers du renseignement,
11:23 sur les policiers du judiciaire,
11:24 sur les policiers du quotidien qui interviennent en première ligne
11:27 et qui neutralisent les assaillants ou les interpellent.
11:30 C'est tout le temps sur les épaules des policiers que ça repose.
11:33 Et jamais on n'interroge les dysfonctionnements
11:35 de la naissance à la mort de l'individu,
11:36 et notamment sur l'appareil judiciaire
11:38 et les moyens qu'il peut mettre en œuvre
11:39 pour éviter que les choses ne se reproduisent.
11:41 Parce que là, on est en train de parler de personnes
11:42 qui ont été condamnées.
11:43 Mais il y a un vivier derrière.
11:44 C'est-à-dire qu'il y a des jeunes hommes,
11:45 aujourd'hui je pense notamment à des jeunes hommes,
11:46 puisqu'ils sont majoritairement représentés dans ce type d'actes,
11:49 qui ont aujourd'hui 10, 11, 12 ans
11:51 et qui sont exposés à des discours
11:53 qui potentiellement feront d'eux des terroristes
11:54 demain et après-demain.
11:55 Que fait la France pour s'assurer
11:58 qu'aujourd'hui, de jeunes ados ne seront pas demain des terro...
12:01 On parle des sortants,
12:02 moi j'ai envie qu'on pense aussi aux entrants.
12:05 Ce que vous dites sur Europe Inside News,
12:07 c'est à la fois glaçant, mais très important,
12:08 parce que vous êtes aussi, en tant que policière de terrain,
12:11 une lanceuse d'alerte et en première ligne.
12:13 D'ailleurs, combien en première ligne, Linda Kebab ?
12:16 Parce que si on prend l'ensemble des forces,
12:18 on a police nationale, gendarmerie nationale,
12:20 police municipale, comment tenir ?
12:22 Comment vous pouvez assurer la sécurité de tous les Français
12:24 sans tenir compte, évidemment, des JO dans quelques mois ?
12:27 Comment faire aujourd'hui ?
12:28 Comme il est impossible, strictement impossible,
12:30 de mettre un policier derrière chaque individu,
12:33 évidemment, il y a la question de la technologie,
12:35 il y a la question de la loi,
12:36 il y a la question des moyens judiciaires.
12:38 Dans quelques mois, les policiers vont être
12:40 extrêmement contraints dans le cadre des JO,
12:42 avec même une interdiction de poser le moindre jour de congé,
12:45 donc de prendre le moindre jour de repos,
12:47 pendant près d'un mois.
12:49 C'est encore plus que pendant les Gilets jaunes.
12:51 C'est-à-dire qu'en fait, des policiers sur lesquels,
12:52 enfin, on tire sur la corde des policiers depuis des années,
12:55 vont devoir se donner non plus à 100,
12:57 mais à 200 % pendant un mois,
12:59 avec évidemment ce risque terroriste,
13:00 avec les contraintes sécuritaires
13:02 qui aujourd'hui ne sont pas totalement réglées,
13:03 notamment pour le jour d'ouverture.
13:07 Et évidemment, comme je vous l'ai dit il y a quelques secondes,
13:11 tout repose sur les épaules des policiers,
13:13 des forces de sécurité de manière générale,
13:15 mais où est-ce qu'on pose des responsabilités ?
13:18 Un, en amont sur la question de l'éducation, de la prévention
13:20 et notamment de la surveillance des familles
13:22 qui participent à l'endoctrinement de futurs terroristes,
13:25 et également sur la question judiciaire,
13:27 des moyens qu'on alloue,
13:29 et évidemment, des politiques pénales que l'on met en œuvre,
13:32 en demandant et en intimant aussi.
13:34 Bien de l'abuse se fait aujourd'hui,
13:35 par contre, moi, je me sens effrénée
13:36 en présentant trois étapes proches de commettant ce délit.
13:39 Des délits, aujourd'hui ?
13:40 Bah écoutez, trois, cinq ans.
13:41 Il y a un aspect qui est peu évoqué,
13:44 mais il faut pouvoir aborder tous les sujets
13:46 avec toujours mesure et responsabilité.
13:49 Cet assaillant, il est présenté comme étant français,
13:51 ce qui est factuellement vrai.
13:53 C'est un français d'origine iranienne.
13:55 Est-ce que plus largement, la question aussi de l'immigration,
13:58 assimilation ou intégration, peu importe comment on l'appelle,
14:00 ou plutôt non d'assimilation dans ce cas,
14:02 est un vrai sujet de votre point de vue ?
14:04 Vous êtes quelqu'un sur le terrain,
14:06 mais est-ce que c'est un sujet aussi qui vous interpelle
14:08 et qui est un angle oublié aujourd'hui de la politique ?
14:12 Je ne vais pas paraphaser et refaire
14:15 ce que certains ont fait ces dernières semaines
14:16 en analysant et en scrutant et en décortiquant
14:20 la phrase d'un ministre de l'Intérieur récemment décédé
14:22 sur le côte-à-côte qui se transforme en face-à-face.
14:25 Ce basculement de société, on l'observe sur le terrain,
14:27 pas seulement les policiers.
14:29 Les professeurs vous le diront,
14:30 les éducateurs spécialisés vous le diront.
14:32 Bref, les acteurs qui sont au contact de la population
14:34 se rendent compte qu'il y a une polarisation
14:35 de la société française qui est dramatique,
14:38 avec face-à-face des extrêmes et une population
14:40 qui se retrouve en état au milieu de tout ça.
14:43 Et évidemment, la question de la violence et de l'intégration
14:45 avec une haine, disons-le, de jeunes Français
14:49 qui pourtant ne se sentent pas Français.
14:51 Et qui ont...
14:51 Alors, à la rigueur, si on pouvait se dire uniquement
14:54 "Bon, ils ne se sentent pas Français, ils se sentent étrangers",
14:56 enfin, ça ne justifie pas quand même la violence
14:58 et le passage à l'acte.
14:59 Et au-delà de la violence, il y a aussi
15:01 la délinquance de droit commun,
15:03 avec l'idée qu'il faille exercer une sorte de vengeance
15:07 à l'égard de la France et de sa population.
15:10 Les Français, probablement, parlerons-nous
15:12 de l'événement qu'il y a eu à Crépole.
15:15 Évidemment, il y a la question de l'intégration,
15:17 évidemment, il y a la question de l'éducation,
15:18 évidemment, il y a la question aussi de l'environnement familial.
15:20 Je reviens dessus.
15:21 Beaucoup de jeunes, et nous, on le constate sur le terrain,
15:24 quand on les interpelle et qu'ils ont une haine viscérale
15:26 de la police française,
15:28 voire même qu'ils rejettent des policiers français
15:30 d'origine africaine, par exemple, dont le Maghreb fait partie,
15:33 on sent dans le discours quelque chose d'assez prégnant,
15:37 quelque chose d'assez ancien,
15:38 quelque chose parfois d'assez familial.
15:40 Et moi, je vous le dis très sincèrement,
15:41 des policiers qui témoigneraient que leurs enfants,
15:44 au moment de leur interpellation,
15:46 rejettent la France par des mots extrêmement durs
15:48 et notamment des injures,
15:49 sous les encouragements des parents, ça arrive aussi.
15:52 Et ça, c'est un problème dans notre pays
15:53 qu'on n'est pas en mesure de régler
15:54 et que beaucoup de politiques ne regardent pas.
15:57 On voit l'ampleur du défi, Linda Kebab.
15:59 On va conclure cet entretien.
16:01 Je vous remercie et on va saluer quand même.
16:02 C'est très important.
16:04 Je pense que vous voulez rendre hommage
16:05 aux forces d'intervention, à vos collègues sur le terrain.
16:08 C'est évidemment l'essentiel.
16:09 C'est important de les maintenir armés juridiquement,
16:13 philosophiquement, politiquement et matériellement.
16:15 À tous ceux qui appellent au désarmement des policiers,
16:17 si ce week-end, les policiers n'avaient pas été armés,
16:20 c'est d'autres victimes qu'on aurait dû déplorer.
16:22 À bon entendeur, c'est pour la France insoumise.
16:23 Vous dites attention, regardez ce qui se passe.
16:25 Ce n'est pas le moment de demander moins d'armement,
16:28 idéologiquement aussi, de fragiliser la police ?
16:30 Bien sûr, de fragiliser.
16:31 Je pense notamment à des personnes comme M. Boyard,
16:34 qui dit que la police tue, que la police est dangereuse
16:37 et qui, dans le même temps,
16:37 demandait une protection policière autour de son domicile.
16:40 C'est assez contradictoire pour ne pas dire hypocrite.
16:42 Merci, Linda Kebab.
16:43 C'était votre grande interview ce matin.
16:45 Merci à vous.
16:46 [Musique]
16:49 [Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org]