ATTAQUE À PARIS - Le Préfet de Police Laurent Nunez est l'invité de RTL Bonsoir

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La sécurité dans les autres lieux touristiques de la capitale a-t-elle été renforcée ? Y a-t-il un effet Proche Orient sur la menace qui pèse sur notre pays ? 48 heures après l'attentat du Pont de Bir-Hakeim, qui a fait un mort et deux blessés, RTL reçoit le Préfet de Police de Paris, Laurent Nunez.
Regardez L'invité de RTL Soir du 04 décembre 2023 avec Marion Calais et Julien Sellier.

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Transcription
00:00 Vous êtes sur RTL.
00:02 Julia Selier, Marion Calais et Cyprien Signy.
00:07 RTL bonsoir jusqu'à 20h.
00:09 RTL bonsoir, la suite avec notre invité événement.
00:13 48 heures après l'attentat du pont de Bir Hakeim dans la capitale, nous recevons maintenant le préfet de police de Paris.
00:18 Bonsoir Laurent Nounia, Sam.
00:19 Bonsoir.
00:20 On rappelle à nos auditeurs que vous avez aussi dirigé la DGSI, que vous avez été
00:24 coordinateur national du renseignement et de la lutte contre le terrorisme et donc que vous connaissez parfaitement cette sphère djihadiste.
00:29 Monsieur le préfet, tout d'abord une question concrète.
00:31 Cette attaque a fait un mort et deux blessés à seulement deux pas de la tour Eiffel.
00:35 Est-ce que la sécurité dans les autres lieux touristiques de la capitale a été renforcée depuis ?
00:40 Oui bien sûr, mais vous savez cette sécurisation dans Paris elle est permanente. Moi le ministre de l'intérieur me demande de déployer
00:46 depuis que j'ai été nommé énormément, depuis maintenant un an et demi, énormément d'effectifs dans Paris visibles qui puissent
00:52 bien sûr lutter contre la délinquance mais aussi sécuriser les sites de la capitale, les plus touristiques.
00:58 Et c'est d'ailleurs ce dispositif qui a permis une intervention extrêmement rapide
01:02 des forces de l'ordre il y a 48 heures le soir de l'attaque où ils sont arrivés en seulement quelques minutes et ont pu interpeller l'auteur
01:09 très rapidement avec beaucoup de courage et de sang-froid.
01:13 Il faut saluer vraiment cette réactivité qui a permis
01:18 d'empêcher que le périple meurtrier de l'auteur de cet acte se poursuive.
01:22 Alors ce qui interroge depuis ce week-end c'est le profil de l'assaillant, 26 ans, fiché
01:28 est-ce en garde à vue, il assume son geste dite avoir agi en réaction à la persécution des musulmans dans le monde ?
01:35 Il y a un effet proche orient sur la menace qui pèse sur notre pays ?
01:39 Non mais bien sûr on savait que le contexte international pouvait inciter un certain nombre d'individus à passer à l'action
01:46 mais c'est comme ça maintenant depuis quelques années quand il y a des tensions internationales,
01:51 quand
01:53 des caricatures sont publiées dans le cadre de la liberté d'expression, on sait qu'il y a une montée de la menace mais
01:59 vous savez cette menace terroriste elle est permanente depuis plusieurs années et tous nos dispositifs
02:03 de renseignement, de sécurisation de la voie publique n'ont cessé d'être renforcés maintenant depuis 2017
02:10 et c'est pour cela que nous avons déjoué plus de 40 attentats depuis
02:13 2017 que les services de renseignement travaillent dans une plus étroite collaboration
02:16 et avec des moyens juridiques, budgétaires et humains renforcés comme ça n'a jamais été le cas par le passé.
02:21 Vous avez raison de dire que 40 attentats ont été déjoués depuis
02:24 2017 parce que je me mets aussi à la place de nos auditeurs Laurent Nunez, on leur explique et Artel l'a confirmé que
02:29 Lassaillon avait été condamné, qu'il était suivi, qu'il a eu des contacts avec l'assassin de Samuel Paty.
02:36 On se demande comment il peut passer entre les mailles du filet.
02:39 Oui alors excusez-moi, j'avais pas entendu le début de votre question, on n'a pas encore eu la fin.
02:45 Vous savez ce type de profils d'individus qui sont des individus radicalisés,
02:53 qui baignent en même temps dans les troubles psychiatriques, je ne veux pas me prononcer,
02:57 je n'ai pas commenté une enquête judiciaire en cours conduite par le PNAT,
03:00 mais ce sont les profils qui sont les plus compliqués à suivre parce qu'il faut faire la part des choses
03:05 entre ce qui est l'ancrage dans une radicalisation profonde et vous savez des contacts avec des individus à risque
03:10 sont évidemment un signal pour les services de renseignement mais c'est pas forcément les signaux les plus probants.
03:18 C'est l'observation de l'individu qui l'emporte et au cas d'espèce, il souffrait aussi de troubles psychiatriques.
03:23 Et pour avoir été, comme vous l'avez rappelé, patron d'un service de renseignement,
03:26 coordonnateur national du renseignement de la lutte contre le terrorisme,
03:29 je sais que ce sont les profils qui sont les plus compliqués à suivre.
03:32 Ce sont 30% disait Gérald Darmanin des fichiers pour radicalisation.
03:36 D'ailleurs c'est extrêmement compliqué de suivre ces profils-là.
03:39 Les troubles trop psychologiques ou psychiatriques c'est de cet ordre-là, comme l'a dit le ministre.
03:42 Oui c'est compliqué parce qu'il faut faire la part des choses entre ce qui relève simplement de pathologie psychiatrique
03:47 et ce qui relève d'un vrai process de radicalisation.
03:50 Et les services de renseignement ont besoin de pouvoir prendre un certain nombre de décisions
03:55 qui actuellement juridiquement ne sont pas possibles, comme imposer des obligations de soins.
04:01 Justement le ministre Gérald Darmanin dit qu'il faut que, notamment vous les préfets,
04:05 vous puissiez demander une injonction de soins.
04:07 Ça permettrait d'aller plus vite dès qu'il y a une alerte ?
04:10 Là par exemple, sa maman, il y a trois semaines,
04:12 à cette personne explique que son enfant se replie sur soi et qu'elle s'inquiète.
04:17 Bien sûr, ça permettrait d'aller plus vite,
04:19 de prendre des décisions qui actuellement ne relèvent que de l'urgence.
04:23 Quand un individu est dangereux parce qu'il commet des violences dans la rue,
04:27 c'est l'hospitalisation d'office dans le cadre du droit commun,
04:29 mais qui n'est pas suffisante dans ce genre de situation.
04:31 Ou de pouvoir le faire d'office quand on a un signalement familial.
04:35 Si on n'a pas le concours de proches pour avoir une hospitalisation sur la demande d'un tiers,
04:39 ça n'est pas possible actuellement en l'état du droit.
04:41 Et évidemment, je peux vous dire que le préfet de police que je suis
04:44 est en charge de ces sujets pour ma zone de compétence,
04:46 mais je connais bien les services de renseignement.
04:48 Je sais qu'ils attendent avec impatience effectivement cette mesure
04:51 qui permettra d'imposer des soins et puis d'avoir un diagnostic précis
04:55 sur la pathologie précise dont souffre un individu connu pour radicalisation.
05:00 C'est quelque chose d'extrêmement important pour les services de renseignement.
05:03 - En l'état du droit, on ne peut pas obliger quelqu'un à prendre un traitement,
05:09 on ne peut pas l'obliger par la loi.
05:11 Là en l'occurrence, ce terroriste a été suivi par un médecin,
05:13 mais il avait stoppé ses médicaments.
05:15 - Absolument, oui, mais c'est pour ça que je...
05:18 Encore une fois, je ne sais pas, je n'ai pas accès au dossier concernant cette affaire,
05:22 je me garderais bien de le commenter,
05:23 mais j'ai connu dans ma vie professionnelle dans le renseignement
05:26 d'autres situations similaires d'individus qui souffraient de troubles psychiatriques
05:30 où nous avions besoin d'avoir cet éclairage médical.
05:33 Et c'est quelque chose d'extrêmement important.
05:35 Et je comprends qu'il est ressorti de la réunion d'hier soir
05:38 au niveau de la Première ministre et des ministres,
05:41 qu'une telle mesure va être mise à l'étude.
05:43 Et on voit ça avec beaucoup de satisfaction.
05:46 Et ce sera un plus dans le dispositif de lutte antiterroriste, ce sera un plus évident.
05:50 - Cet homme avait, on l'a dit déjà, été condamné pour défait de terrorisme.
05:53 Il avait été soupçonné par le passé d'aider à préparer un attentat.
05:56 Il est ressorti de prison et il est passé à l'acte.
05:59 Ce qui est une première pour quelqu'un condamné pour défait de terrorisme en France.
06:02 Il y a environ 1000 détenus radicalisés dans nos maisons d'arrêt.
06:05 C'est le défi des années à venir, Laurent Nunez ?
06:07 - Oui, c'est le défi des années à venir.
06:10 Et je rappelle quand même que ces dernières années, et singulièrement depuis 2017,
06:15 il y a un service du renseignement pénitentiaire qui est dédié à cette mission.
06:19 Et puis, il y a tout un dispositif de suivi des sortants de prison
06:24 qui a été mis en place et qui, évidemment, se concentre principalement
06:28 sur les individus qui ont été condamnés déjà à l'origine pour des faits touchant à la sphère terroriste.
06:35 Mais ce dispositif est aussi mis en place pour des individus qui,
06:38 condamnés pour défaits de droit commun, se sont radicalisés en détention.
06:41 Et j'insiste beaucoup là-dessus parce que la page n'est pas blanche.
06:46 On ne part pas de rien.
06:47 Depuis plusieurs années maintenant, nous sommes montés en puissance sur ces dispositifs.
06:51 Évidemment, il y a eu cet attentat.
06:52 Et comme je le dis souvent, quand il y a un attentat,
06:54 évidemment, c'est toujours un échec pour les services.
06:56 Et c'est vécu comme tel.
06:57 Mais il ne faut pas non plus oublier tout ce qui a été fait
07:00 et ce qui va continuer à être fait pour éviter que ne se reproduise ce genre d'actes.
07:03 On en vient, Laurent Nunes, à cette interrogation.
07:06 Vu le contexte, il n'y a vraiment aucun plan B pour la cérémonie d'ouverture des JO
07:10 au cœur de Paris et sur la Seine cet été ?
07:14 Écoutez, ce qu'il faut bien avoir à l'esprit,
07:16 je pense qu'il faut que vos auditeurs comprennent bien que
07:19 nous préparons cet événement dans un contexte de menaces terroristes
07:22 qui est maintenant récurrente depuis plusieurs années.
07:24 Et tous nos dispositifs de sécurité ont été conçus justement au regard de cette menace,
07:29 avec énormément de policiers, de gendarmes, de militaires
07:33 qui seront présents à Paris et en Ile-de-France,
07:35 puisque l'essentiel des jeux vont s'y dérouler, 80-85%.
07:39 Donc, moi, je vais bénéficier de renforts qui sont tout à fait exceptionnels.
07:43 On va me renforcer en moyenne tous les jours de plus de 30 000 effectifs.
07:47 Pour la cérémonie d'ouverture, il y aura 45 000 personnes qui seront présentes.
07:50 On a mis en place les périmètres de protection
07:53 qui ont été instaurés, je veux le rappeler, par une loi de 2017
07:56 et qui nous permettent de procéder à des fouilles, des palpations, des contrôles.
08:00 Et ce sera vrai pour tous les Jeux olympiques.
08:02 On a la sensation qu'un acte individuel, comme ce fut le cas il y a 48 heures,
08:07 est extrêmement difficile à prévoir et anticiper.
08:09 C'est toujours très difficile à prévoir et anticiper,
08:12 mais là, on aura des dispositifs de protection
08:14 qui nous permettront donc de contrôler les personnes dans des périmètres élargis
08:18 pour les Jeux, pour tous les sites olympiques,
08:20 pour tous les sites touristiques de la capitale en général.
08:23 Et en particulier pour la cérémonie d'ouverture,
08:25 puisqu'on aura un périmètre antiterroriste qui a été rendu public la semaine dernière
08:31 pour la cérémonie d'ouverture,
08:34 qui se mettra en place plusieurs jours avant la cérémonie
08:37 et qui va englober non seulement la Seine, les quais,
08:41 mais aussi tous les immeubles riverains de la Seine.
08:43 Et pour vous donner un exemple très concret,
08:46 l'endroit où se sont déroulés ces terribles attaques
08:49 se situe exactement dans le périmètre de protection.
08:52 Donc ça n'est pas possible que ça se passe pendant la cérémonie d'ouverture à cet endroit-là,
08:57 parce que nous aurons des périmètres de protection, de contrôle,
09:00 que j'ai rendus public encore une fois la semaine dernière
09:04 avec un début de polémique, heureusement vite éteinte,
09:07 mais qui montre bien que ces dispositifs sont absolument indispensables.
09:10 – Quand vous dites que tous les effectifs policiers
09:12 seront mobilisés au moment des Jeux olympiques,
09:14 est-ce que ça veut dire aussi que les faits et gestes de chaque fichier ES
09:17 à ce moment-là précis seront traqués pendant les Jeux ?
09:19 – Non mais tout ça, ça relève évidemment des services de renseignement,
09:23 c'est évidemment très confidentiel,
09:25 mais vous imaginez bien que les individus qui sont connus des services
09:29 feront l'objet évidemment à ce moment-là
09:31 d'une surveillance encore plus renforcée qu'elle ne l'est actuellement, bien sûr.
09:34 – Pour terminer, Laurent Nunez,
09:35 est-ce que vous craignez de nouvelles manifestations d'ultra-droite à Paris ?
09:38 Vous avez interdit un rassemblement vendredi dernier,
09:40 la justice a cassé votre interdiction, ce rassemblement a eu lieu,
09:43 on a pu y voir notamment des saluts nazis,
09:45 est-ce que vous redoutez de nouveaux appels à défiler ?
09:48 – Oui bien sûr et surtout avec l'attaque terroriste qui s'est produite,
09:52 ces mouvements surfent un peu sur ce genre d'action
09:55 pour dénoncer ce qu'ils appellent l'incurie des pouvoirs publics
09:58 et en appellent souvent d'ailleurs à se faire justice eux-mêmes,
10:02 à s'auto-protéger, oui bien sûr que nous craignons
10:05 ces manifestations d'ultra-droite, d'ailleurs il y en a eu beaucoup
10:08 ces temps derniers, moi je serai très vigilant,
10:10 évidemment je continuerai à les interdire.
10:11 – Vous redemanderez des interdictions ?
10:13 – Mais bien sûr, vous savez, vendredi dernier,
10:15 moi je respecte la décision du juge administratif et je l'exécute,
10:18 mais vendredi dernier c'était quoi ?
10:19 C'était une manifestation dont les slogans, l'appel à manifester
10:23 étaient quand même porteurs de termes comme "en finir avec la racaille"
10:26 et pour la première fois on avait toute la mouvance d'ultra-droite
10:29 qui semblait converger pour appeler à participer à cette réunion
10:32 des ultra-nationalistes, au nationaliste, en passant par les identitaires,
10:36 en terminant par les néo-nazis, donc voilà, moi si j'ai de nouvelles déclarations
10:40 en ce sens, évidemment que je les interdirai, moi je fais mon travail
10:43 qui est de prévenir des troubles à l'ordre public
10:44 et je considère que ça peut être constitutif d'un trouble à l'ordre public,
10:47 je respecte les décisions évidemment de la justice administrative
10:50 que j'exécute, mais vous avez vu qu'effectivement
10:53 on a pu constater pendant cette manifestation
10:56 qu'il y a eu des gestes qui sont porteurs de haine
10:58 et qui sont prohibés par la loi et qui sont porteurs en soi
11:01 de troubles à l'ordre public.
11:02 Merci beaucoup Laurent Nunez, préfet de police de Paris,
11:04 d'avoir été ce soir notre invité.
11:06 Événement dans RTL, bonsoir, 48 heures après l'attentat
11:09 du pont de Bir Hakeim dans la capitale, merci.
11:12 RTL, bonsoir, jusqu'à 20h.
11:15 RTL, bonsoir, la suite dans quelques secondes à peine.
11:19 Alors c'est promis, le changement d'ambiance est garanti
11:22 avec le RTL Inside qui arrive.
11:23 RTL vous emmène au championnat du monde de pâtes et croûtes,
11:27 c'est très sérieux, ça se passe à Lyon en ce moment.
11:29 Très sérieux aussi, enfin ça dépend.
11:30 La visioconférence qui arrive, Alexandre.
11:33 Du Jean-Luc Mélenchon, du Karine Benzema, du Michel Sardou.
11:36 C'est éclectique.
11:36 Très varié.
11:37 A tout de suite.
11:37 Réussi !
11:39 [SILENCE]

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