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Retrouvez "Lévy sans interdit" avec Élisabeth Lévy tous les matins du lundi au vendredi

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##LEVY_SANS_INTERDIT-2023-12-06##

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Transcription
00:00 - 8h15 sur Sud Radio Lévis sans interdit, Elisabeth Lévy bonjour.
00:04 - Bonjour Patrick, bonjour à tous.
00:05 - Vous voulez revenir sur une tribune qui dénonce une forme de bureaucratisation du CNRS.
00:12 - Oui, une forme, mais même une très grande forme.
00:15 Vous avez aimé l'absurdité au temps du Covid,
00:19 bienvenue dans l'enfer quatre caillants du CNRS.
00:22 Alors c'est un texte qui a été publié dans Le Monde et qui a signé Pierre Rochette,
00:26 qui est géologue et physicien à Aix-Marseille.
00:28 Voilà, et le titre de ce texte c'est "Ma médaille d'argent du CNRS m'inspire aujourd'hui du dégoût".
00:35 Oui, cette médaille dont il était si fier,
00:37 cette médaille frappée des effigies d'Ampère, de Cuvier, de Lavoisier et même du penseur de Rodin,
00:43 eh bien il l'a renvoyée par recommandé à son directeur
00:46 et il appelle tous les médaillés du CNRS à l'imiter.
00:49 Car cette colère est largement partagée, deux pétitions circulent,
00:53 elles ont déjà recueilli 3700 signatures,
00:56 ce qui est quand même beaucoup pour le CNRS.
00:59 Et à l'origine de cette colère, ce ne sont pas les faibles salaires ni le manque de moyens,
01:04 mais le parcours du combattant bureaucratique
01:07 qui pompine par croissance du temps et de l'énergie des chercheurs.
01:10 Pierre Rochette évoque aussi le juridisme délirant,
01:15 par exemple "la moindre action hors du laboratoire ou avec des tierces personnes,
01:19 écrit-il, déclenche une avalanche de signatures, de conventions et d'arguessies juridiques.
01:25 Notre système en réalité décourage la créativité
01:29 et encourage la fuite des cerveaux à l'étranger ou dans le privé.
01:33 Et cette situation et calamiteuse a été dénoncée par plusieurs rapports,
01:37 notamment celui d'experts internationaux qui ont été mandatés
01:41 par le Haut Conseil à l'évaluation de la recherche de l'enseignement supérieur
01:45 qui demandait en mai une opération commando
01:49 pour simplifier les processus administratifs et réduire le fardeau bureaucratique.
01:53 - Est-ce qu'il y a eu des améliorations ?
01:55 - D'après vous Patrick !
01:57 Est-ce qu'un rapport à rapport produit toujours des améliorations ? On le sait bien !
02:02 Et d'ailleurs pendant l'été, suite à ce rapport,
02:05 enfin ça devait être déjà dans les tuyaux avant bien sûr,
02:08 sont arrivés trois logiciels au nom bucolique, Nautilus, Goelet et Etamine
02:13 que Tht au privé pour la gestion des déplacements
02:16 qui sont une activité banale des chercheurs.
02:19 Et là je peux vous dire que ça n'a pas rigolé dans les labos.
02:24 Parce que tout de la demande d'ordre de mission, remboursement des frais,
02:28 passe par des tuyaux informatiques abscons on dirait, pour être poli,
02:33 et qui bug à la moindre erreur, qui allongent les délais pour tout.
02:38 Résultat, écrit Pierre Rochette, un calvaire indescriptible pour les chercheurs
02:43 et pour les gestionnaires.
02:45 Pour une mission de deux semaines avec quatre collaborateurs,
02:48 par exemple à Paléo Bio-Géographe,
02:51 - Oula ! - Oui, alors ça doit avoir quelque chose à voir avec la préhistoire,
02:55 comme il y a Paléo !
02:56 Donc à Paléo Bio-Géographe, à passer une journée et demie,
03:00 simplement en rentrant de mission à enregistrer les factures.
03:04 Voilà pourquoi nous payons nos chercheurs.
03:07 Alors comment est-on passé de l'administration,
03:09 dont la France était si pierre, l'état colbertiste,
03:14 à cette prolifération de normes et de processus
03:16 qui compliquent la vie des utilisateurs
03:18 et semblent surtout là pour insulter le bon sens ?
03:21 Alors évidemment, il y a beaucoup d'explications,
03:24 je lance une hypothèse, c'est que l'objectif n'est plus l'intérêt général,
03:28 en l'occurrence dans le cas qui nous préoccupe,
03:30 l'excellence scientifique,
03:32 mais la pureté bureaucratique.
03:34 Il faut que ce soit nickel d'un point de vue administratif.
03:38 Obsédé par la standardisation, par le contrôle et par l'ouverture de parapluie,
03:43 la machine administrative devient sa propre finalité.
03:47 Quoi il faut ajouter ?
03:48 Le gigantisme d'organismes centralisés à la gestion des mammouths
03:53 comme le CNRS ou l'éducation nationale
03:56 devient une science elle-même.
03:59 Alors la conséquence, c'est le déclassement notable de notre recherche.
04:02 Si on prend le critère de la part mondiale d'un pays dans les publications,
04:07 la France a déjà été dépassée par l'Inde, par l'Italie
04:09 et par la Corée du Sud.
04:11 D'autres pays devront encore nous dépasser très vite.
04:14 Alors voilà, les chercheurs ne brûlent pas de voiture,
04:17 ils ne se scotchent pas à des tableaux ou à des ordinateurs,
04:20 ils n'agressent pas la police.
04:22 Du coup, leur désarroi n'intéresse guère le public,
04:25 et bien le public a tort parce que ce qui est en jeu,
04:28 c'est l'avenir de notre pays.
04:30 *Musique*

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