Elisabeth Lévy : "Le retour du service militaire obligatoire est concrètement impraticable"

  • il y a 6 mois
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##LEVY_SANS_INTERDIT-2024-03-25##

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Transcript
00:00 65% des français seraient favorables au retour du service militaire obligatoire.
00:06 Ce qu'on a appris dans un sondage et vous y revenez ce matin sur cette enquête.
00:11 Elisabeth Lévy, bonjour Elisabeth.
00:14 Bonjour, bonjour à tous. Alors oui c'est un sondage chez S.A.Europe Insane News JDD.
00:19 Et alors que la guerre est de retour en Europe et qu'Emmanuel Macron n'exclut pas l'envoi de soldats en Ukraine,
00:24 eh bien oui les français ont découvert que la France n'était prête ni en matériel ni en hommes pour une guerre de haute intensité.
00:30 77 000 soldats, soit de quoi remplir le stade de France, et des munitions pour trois jours.
00:36 Et la situation en Ukraine explique d'ailleurs qu'au-delà de la France, l'idée d'un retour à la conscription fasse son chemin en Europe.
00:44 Elle est étudiée en Allemagne et en Grande-Bretagne. Elle a déjà été adoptée en Suède et en Lettonie.
00:49 Et alors on pourrait se dire que c'est un peu une idée de vieux qui pense que la jeunesse a besoin d'une bonne petite guerre.
00:56 Pas complètement, parce que les moins partants, ce sont effectivement les 25-34 ans,
01:01 ils sont tout de même favorables à 55% au retour du service.
01:06 Mais chez les plus de 50, les 50 ans pardon, c'est 70%. Armons-nous et partez comme disait l'autre.
01:14 Mais est-ce que c'est une bonne idée alors Elisabeth Lévy ?
01:16 Sur le papier c'est une idée formidable. Service militaire comme creuset culturel, social et ethnique de la nation,
01:24 comme baguette magique pour fabriquer de la cohésion nationale.
01:28 Mais d'abord c'est concrètement assez impraticable. Quand il a disparu en 1997, le service avait déjà perdu ce rôle et ce sens.
01:37 La moitié d'une classe d'âge y échappait, on se rappelle tous.
01:40 Nos amis qui étaient classés, qui se faisaient passer pour un peu fous, qui avaient les pieds plats, enfin il y avait toutes sortes de choses.
01:48 Donc beaucoup de gens y échappaient et une grande partie des autres s'ennuyaient dans des tâches sans le moindre intérêt.
01:55 Notre armée n'a pas spécialement besoin et même pas du tout de jeunes qui n'ont aucune formation pour la chose militaire.
02:02 L'âge de la chère Accano Patrick est tout de même révolu.
02:05 De plus, les militaires eux-mêmes, les militaires d'actifs aujourd'hui, ne sont pas outillés pour transformer des millions de jeunes en citoyens.
02:13 Peut-être d'ailleurs n'ont-ils pas envie de distribuer des armes à tout va.
02:18 Et puis surtout, cette idée, si vous voulez, constitue une inversion du raisonnement parce que ce n'est pas la conscription qui crée la nation.
02:26 Le service militaire existait parce que des jeunes gens de toutes conditions, de toutes origines acceptaient,
02:33 avec plus ou moins d'enthousiasme, mais ils acceptaient de sacrifier un an de leur vie à la collectivité.
02:39 Alors quoi qu'ils répondent au sondeur, puisque je vous ai dit les 25-34 c'est 55%,
02:44 mais quoi qu'ils répondent au sondeur, je ne suis pas sûr que les enfants de la génération "j'ai le droit" accepteraient le même sacrifice.
02:51 Et pourtant, ce sondage a tout de même un intérêt, c'est qu'il exprime une nostalgie, un désir de monde commun et de nation
02:58 qui résiste à l'imaginaire post-national cher à une partie des élites gouvernantes.
03:03 Les français, et d'ailleurs tous les autres peuples, veulent encore décider de leur destin collectif dans le cadre national.
03:11 Et d'ailleurs, plébiscité à droite, le service militaire obligatoire est rejeté, on ne s'en étonnera pas trop, par les Verts et les Insoumis,
03:20 mais il est tout de même approuvé par 64% des sympathisants socialistes, preuve que le tricolore a tout de même de l'avenir, même à gauche.
03:30 Merci Elisabeth Lévy.
03:32 Les français favorables au retour du service militaire, est-ce que c'est une bonne chose selon vous ?
03:38 Je pose la question sur les réseaux sociaux et vous êtes assez partagé avec beaucoup de commentaires, énormément de votes.
03:43 Vous dites oui mais à 50%, non à 43% et il y a par exemple, Jacqui qui nous dit "je doute quand même de la réalisation de cette idée sur le court terme".
03:53 Qui va payer par exemple les soldes et la logistique immense de cette entreprise ?
03:58 C'est vrai qu'on peut se poser en fait des questions. Eric Revelle, Arlette Chabot et Frédéric Dhabi autour de la table pour commenter ce que vient de dire Elisabeth Lévy.
04:06 Et puis vous, vous réappelez d'ailleurs au 0826 300 300 tout de suite.
04:09 Je suis peut-être le seul autour de cette table à avoir fait son service militaire, à avoir fait une PMS.
04:14 N'aviez pas les pieds plats.
04:15 Non pas les pieds plats, j'avais un problème de glycémie pour rien vous cacher.
04:18 Je suis parti en coopération mais pour être plus sérieux, d'abord le président Chirac, paix à son âme, qui a suspendu, il est suspendu,
04:28 qui a décidé de cette mesure, bon il était plus radical socialiste sans doute Jacques Chirac, qu'il n'était de droit tel qu'il est.
04:37 Ah oui, bah oui.
04:38 Si on sortait certaines déclarations, enfin bon bref.
04:41 Mais pourquoi est-ce que c'est plus faisable ? Malheureusement, parce que tout le monde...
04:47 Ah vous dites malheureusement ?
04:48 Ah oui je vais vous dire malheureusement parce que souvent on utilise la formule "faire nation" vous voyez, faire nation.
04:53 C'est vrai, Elisabeth a raison, c'était un formidable creuset social.
04:56 Vous aviez des jeunes riches, des quartiers bourgeois qui rencontraient des gens en difficulté, il y avait une mixité, il y avait un échange.
05:05 Mais pourquoi c'est plus faisable ? Parce qu'on a vendu toutes les casernes d'abord.
05:08 Les casernes ont été vendues, vous allez les mettre où les troufions ?
05:11 On va construire des casernes avec les nouveaux objets.
05:15 C'est même pas un problème de professionnaliser la troupe, c'est que simplement, moi je crois, même quand vous faisiez vos 3 jours avant d'être un...
05:22 Oui c'est vrai.
05:23 Vous aviez 3 jours à faire, moi j'ai fait à Vincennes, bon.
05:26 Vous voyez des gens que vous ne rencontriez jamais ailleurs et que vous ne rencontrez jamais, des gens qui étaient en difficulté d'expression écrite, d'expression orale, ça vous montrait ce qu'était...
05:37 Aujourd'hui on vit les uns en face des autres.
05:41 Il y a la journée qui concerne les lycéens, ils ont eu une journée, etc.
05:44 Où là ils se retrouvent mélangés, mais bon, ça va pas très loin.
05:47 Frédéric Dhabi et ensuite...
05:49 Je trouve ce sondage que Elisabeth a très bien analysé très intéressant.
05:54 En plus c'est un sondage d'un confrère, c'est un institut CSA, il faut le citer, c'est la loi.
06:02 C'est le reflet de cette France nostalgique, Amélie Poulain, de ce creuset.
06:08 Elisabeth a quand même bien rappelé les difficultés logistiques, financières, on a du mal à financer le SNU, je rappelle le SNU, qui doit être étendu à tout le territoire, ne concerne que quelques départements.
06:20 Moi ce que je trouve très intéressant, qu'est-ce qui structure dans les enquêtes fiduciales ?
06:25 Le discours des français, c'est le déclin, la France qui tombe.
06:28 Et cette question du déclin se cristallise sur deux institutions, l'hôpital et l'école, on en parlait pendant le jour du confrère.
06:35 La seule institution qui échappe au discours du déclin, c'est l'armée.
06:40 Donc la question est avant tout, qui est peut-être la question du creuset, je trouve que c'est très difficile à enclencher.
06:49 Et je pense que les français n'ont pas vraiment répondu à la question, ils ont plus fait état de cette nostalgie de ce brassage social.
06:58 - A travers ce sondage, c'est le résultat Argel Chabot.
07:00 - Comme d'habitude, Frédéric parle d'or, impossible de le rétablir, ça coûte cher, il n'y a pas les locaux.
07:05 Bon, et le choix de Jacques Chirac, c'est qu'il fallait effectivement à l'époque une armée professionnelle.
07:11 La Grande-Bretagne, le Royaume-Uni avaient déjà fait le même choix, et la France a suivi.
07:16 Il faut une formation, c'est difficile, donc c'est pas juste pour avoir des QQ.
07:21 - Alors certains aussi sont peut-être...
07:23 - Dans le juste d'un mot, le service national universel, ça c'est une bonne idée.
07:26 Il faut le rendre obligatoire, si on veut effectivement marcher dans cette voie, il faut dire voilà,
07:33 chaque français, jeune français doit quelque chose au pays, à la nation.
07:37 - En tout cas ça prend...
07:38 - Mais c'est tellement compliqué, parce que déjà, pardon, mais l'idée qu'on puisse imposer un salut au drapeau
07:43 et chanter une marseillaise le matin, tout le monde a dit "ah non non non, ça c'est pas possible".
07:48 Donc c'est quand même très compliqué et très contradictoire.
07:51 - Allez, on va continuer d'en parler dans un instant, notamment parce qu'il y a cette escalade,
07:55 et cette crainte aussi avec ce qui s'est passé à Moscou,
07:58 et puis on va aller aussi du côté d'un sondage de l'IFOP fiducial pour LCI, Sud Radio et Le Figaro,
08:05 qui montre que les trois quarts des français sont déjà aujourd'hui certains de leur choix.
08:09 Oui, on voit ça ensemble dans un instant.

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