Les jeunes et l’entreprise : «Ils ne veulent pas forcément travailler plus mais travailler juste pour vivre mieux», constate Alban Gonord

  • l’année dernière

Alban Gonord, directeur de l'Engagement à la Macif, répond aux questions d'Alexandre Le Mer à l'occasion de la publication de son baromètre "Les Jeunes et l’entreprise".

Retrouvez "L'invité éco" sur : http://www.europe1.fr/emissions/linterview-eco

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Transcription
00:00 Europe 1, il est 6h41.
00:02 Comment se passe l'arrivée dans le monde du travail pour les jeunes diplômés ?
00:06 Quelles sont leurs motivations ? Est-ce que c'est l'anxiété ? Est-ce que ce sont les doutes ?
00:09 Ou bien au contraire, l'optimisme qui l'emporte ?
00:12 Les jeunes et l'entreprise, c'est le baromètre de la Massif et de la Fondation Jean Jaurès
00:17 qu'on vous dévoile en exclusivité ce matin sur Europe 1.
00:20 Votre invité pour en parler, Alexandre Lemer, c'est Alban Gonor, directeur de l'engagement à la Massif.
00:25 Bonjour Alban Gonor.
00:26 Bonjour Alexandre, bonjour à tous.
00:29 Merci d'abord d'avoir choisi Europe 1 pour donner à nos auditeurs la primeur de votre baromètre,
00:33 les jeunes et l'entreprise.
00:35 Alors ça commence bien, puisque près des trois quarts de ces jeunes sont optimistes pour leur avenir.
00:42 Oui, c'est vrai que le rapport montre un retour d'énergie, d'optimisme,
00:48 alors qu'on pourrait se dire que c'est l'hiver, que l'avenir n'est pas rose.
00:53 Eh bien le printemps, le retour de sève, si je puis dire, c'est déjà maintenant.
00:59 Et même s'il faut être prudent, parce que chaque jeune qui est interrogé en soi rencontre une situation différente,
01:04 chaque jeune est un monde, eh bien le tableau quand même général de ces jeunes, c'est une vision optimiste, en effet,
01:10 sur le marché de l'emploi, c'est un bon moral pour 70% d'entre eux.
01:14 Et surtout, dans cette troisième vague, c'est plus 10 points avec 70% d'optimisme
01:21 concernant l'avenir tout court.
01:23 Donc ils retrouvent de l'optimisme après, évidemment, la crise du Covid qui a lourdement frappé les étudiants, les jeunes salariés.
01:30 Alors quand on parle des jeunes, ce sont les 18-24 ans, vous avez interrogé un panel de mille jeunes âgés de 18 à 24 ans,
01:37 c'est une génération qui redémarre en fait, c'est ce que l'on voit, hein, Alban Gonor ?
01:43 Oui, on a le sentiment que le Covid est d'autant plus passé qu'il a été d'autant plus traumatique pour certains de ces jeunes,
01:54 et on le sait parce que nous à la Massif on en rencontre près de 100 000 chaque année dans nos actions mutualistes,
02:00 il fallait vite oublier ces situations de solitude, d'isolement social, de précarité alimentaire
02:08 qui ont pu affecter leur santé mentale, leurs équilibres sociaux.
02:13 Il faut se réjouir, voilà, et espérer que ce nuage-là est derrière nous.
02:17 Alors, ils ne perdent pas le nord, les jeunes, malgré tout, un critère qui reste essentiel, c'est bien le salaire,
02:22 la rémunération première attente chez les 18-24 ans, là on a quand même un signal très clair adressé aux employeurs,
02:28 bien recruté ça passe par bien rémunéré, l'inflation rend forcément plus attentif au niveau de salaire, le salaire d'embauche notamment.
02:36 Oui, alors le salaire c'est effectivement une de leurs premières demandes,
02:42 mais maintenant ce qui est quand même très intéressant, et la chose assez formidable de cette enquête,
02:48 c'est qu'elle nous donne un portrait à la fois de la jeunesse mais aussi de l'entreprise.
02:51 Et c'est vrai que peut-être ce qu'on constate c'est que les jeunes, parce qu'il y a eu la privation du Covid,
02:58 peut-être parce qu'ils ne reconnaissent pas pleinement les formes traditionnelles du politique,
03:02 ils attendent certes un bon salaire mais ils attendent encore beaucoup d'autres choses de l'entreprise,
03:08 et notamment qu'elle soit utile socialement, qu'elle s'engage.
03:13 Qu'elle s'engage sur quel terrain ? Alors sur l'environnement, oui.
03:16 Oui, le premier item c'est l'environnement, il y a aussi quelque chose qui ressort de l'enquête,
03:22 c'est qu'elle combattent les inégalités, notamment les inégalités hommes-femmes.
03:28 Donc là on retrouve les inégalités de salaire en l'occurrence.
03:31 Plus des inégalités qui sont, si vous voulez, des inégalités de genre,
03:36 et c'est ça qui est un peu étonnant dans l'étude, c'est qu'il y a une dimension très politique attendue de l'entreprise.
03:44 Qu'elle refuse de travailler avec certains fournisseurs,
03:47 qu'elle se donne en quelque sorte une mission politique pour elle, pour les jeunes, pour ce qu'il y a autour d'elle.
03:53 Une mission politique, est-ce qu'il n'y a pas une vision un peu idéalisée tout de même ?
03:56 La première mission d'une entreprise ça reste quand même de gagner de l'argent à la Banque au Nord.
04:00 Oui, et il le rappelle.
04:02 Simplement, cette jeunesse nous montre que l'entreprise idéale pour eux,
04:07 c'est celle qui, pas loin de chez eux d'ailleurs, plutôt locale, plutôt en France,
04:12 fait attention à ce qu'il y a autour d'elle.
04:15 Il y a la question de la sincérité de sa production, de ses discours, des actes qui est posé.
04:20 Donc oui, un bon salaire, mais du sens et de l'utilité sociale, c'est ce qui ressort très fortement de l'enquête.
04:28 Les jeunes que vous avez interrogés, ils pensent aussi au temps libre pour la vie personnelle.
04:33 C'est d'ailleurs très légitime, mais on voit entre 18 et 24 ans, les deux tiers des jeunes
04:38 qui recherchent la possibilité de prendre une pause professionnelle,
04:42 libérer du temps pour faire autre chose tout en étant rémunérés.
04:46 Oui, Alexandre, en effet, effectivement, c'est un point là aussi très étonnant.
04:53 C'est le nouveau rapport au temps qui ressort de cette enquête.
05:00 Ils sont très nombreux à demander à télétravailler, +8 points.
05:03 Ils sont 65% à demander une césure ou une année pour partir, pas forcément loin.
05:09 Pour des jeunes dont la carrière commence à peine, alors c'est le fantasme du tour du monde, c'est ça ?
05:14 Alors en fait, il y a dix ans, on aurait pu dire ça, il y a quelques années encore,
05:20 mais plutôt quand on regarde, c'est pour se retrouver, pour s'occuper de…
05:25 pas nécessairement pour partir loin, ils n'ont pas les semelles de vent d'Arthur Rimbaud,
05:30 mais ils sont plutôt là à essayer de construire leur relation à se retrouver près de chez eux,
05:37 au local, plutôt dans la nature.
05:41 Ils sont 30% à craindre que le travail leur mange leur temps, vous voyez.
05:46 Donc c'est très intéressant parce qu'on a l'impression qu'ils ne sont pas là à vouloir travailler plus pour gagner plus,
05:52 mais à travailler juste pour vivre mieux, pour vivre fort, vous voyez.
05:58 En tout cas, il y a un appel aux employeurs pour être attractifs sur le marché de l'emploi.
06:03 En tout cas, les employeurs, du point de vue de l'employeur, grâce à votre baromètre "Les jeunes et l'entreprise",
06:06 ils ont toutes les cartes en main pour voir quelles sont justement les attentes des jeunes diplômés
06:11 lorsqu'ils arrivent sur le marché de l'emploi "Les jeunes et l'entreprise".
06:14 C'est donc cette troisième édition du baromètre que vous publiez avec la Fondation Jean Jaurès
06:18 et que vous nous avez dévoilé ce matin en exclusivité sur Europe 1.
06:22 On retrouve d'ailleurs les détails de cette étude sur europe1.fr.
06:25 Merci Alban Gonor, directeur de l'engagement à la Massif. Merci à vous.

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