• l’année dernière
Le Nord-Ouest des États-Unis, à cheval sur le Montana, l’Idaho, l’Oregon, le Washington et le Wyoming, c’est le nouvel Eldorado des Américains en quête de grands espaces et des nostalgiques de l’Amérique de la liberté. Dans ces paysages à couper le souffle, moins il y a de règles et de lois, moins l’État fédéral intervient, mieux on se porte !

Cette « Terre Promise » attire aujourd’hui ceux qui fuient les villes et rejettent sans complexe les mouvements Woke, LGBTQ, Black Lives Matter, ces tendances qui agitent la société partout ailleurs aux États-Unis. Opposés à l’IVG, favorables au port d’armes à feu, ces Américains majoritairement blancs, souvent chrétiens à tendance évangélique, s’installent par milliers dans cette partie d’Amérique grande comme trois fois la France. Et la transforment peu à peu en un pays à part. Comme une nouvelle colonie.

Gary Grabli et Tam Melacca suivent l’installation d’une famille venue de San Francisco, et partent à la rencontre de ces nouveaux colons, Viper le biker amateur de Jimi Hendrix et pourtant ultra-réactionnaire, Brett, l’agent immobilier pro-Trump qui sélectionne ses clients en fonction de leurs idées politiques, le pasteur Bradshaw qui prône la guerre sainte armé d’une guitare et d’un pistolet, ou Ammon Bundy, qui fait campagne électorale pour un poste de gouverneur alors qu’il a fait deux ans de prison pour rébellion armée contre le FBI.

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Transcription
00:00 L'Amérique des Western existe encore, au nord-ouest des Etats-Unis.
00:09 Une carte postale qui fascine toujours autant.
00:13 Une nouvelle terre promise pour des dizaines de milliers d'Américains.
00:18 - Il n'y a toujours pas de réseau.
00:20 - Ce n'est pas vrai.
00:21 - Si.
00:22 - Regardez les vaches en haut de la montagne.
00:25 - Où ça?
00:26 - Regarde, elles sont là-bas.
00:28 Pour Spencer, Alexandra et leurs deux enfants, c'est le grand jour.
00:34 Il est chirurgien et elle est photographe et ils vont poser
00:39 leur valise dans l'une des régions les plus isolées du pays.
00:41 - L'Haïdao!
00:46 On y est!
00:49 L'Haïdao, un état rural, peuplé d'à peine 2 millions d'habitants,
00:57 bien loin des côtes californiennes où la famille vivait jusqu'alors.
01:00 - À San Francisco, on était entouré par de grands immeubles
01:06 et des maisons partout.
01:07 Dans la ville, il n'y avait pas beaucoup de place pour respirer.
01:12 Ici, on va avoir beaucoup plus d'espace.
01:16 Et les montagnes, ça me manquait, les montagnes.
01:20 Alexandra et Spencer ne sont pas les seuls à être attirés
01:25 par cette nature spectaculaire.
01:27 En 10 ans, la population de l'Haïdao a augmenté de 20%.
01:31 - On arrive dans 5 minutes.
01:33 Le couple a acheté une maison dans 7 banlieues résidentielles
01:38 aux abords de la capitale de l'état, Boise.
01:41 - Montez, montez!
01:46 La maison, la maison.
01:48 - Attendez une seconde, je prends les clés.
01:52 - Allez, allez!
01:56 Leurs enfants, Everest et River, y entrent pour la première fois.
02:00 Tout excité.
02:01 - Alors, les enfants, vous en pensez quoi?
02:04 Descendez, on ira voir vos chambres après.
02:07 - Regardez tout l'espace qu'on a.
02:10 - Et ça, c'est ta chambre.
02:15 Leur nouveau chez eux est spacieux.
02:17 4 chambres, un grand jardin et même une salle de jeu pour les enfants.
02:23 - Ouh, regarde, regarde!
02:25 Pour cette maison de 280 mètres carrés, ils ont déboursé 900 000 euros.
02:32 En Californie, ils auraient payé 3 fois plus cher pour la même surface.
02:36 - Regarde, papa, c'est ton bureau.
02:39 - Je sais, je vais enfin avoir une pièce pour moi.
02:42 Une bien meilleure qualité de vie pour leur famille et surtout,
02:48 loin de l'insécurité des grandes villes américaines.
02:52 - Ici, nous nous sentons en sécurité.
02:55 Les gens ont un vrai sens moral.
02:57 C'est un grand soulagement pour moi, pouvoir me détendre et savoir
03:01 que mes enfants ne courent aucun danger.
03:03 Ça n'a pas de prix.
03:04 - Ça va être trop bien!
03:07 C'est la promesse d'une vie tranquille dans une banlieue rangée,
03:15 au grand air.
03:19 Ce retour aux sources de l'Amérique aimante de plus en plus de familles.
03:22 Avec l'Idaho, Alexandra Spencer et leurs enfants ont fait le choix
03:27 de l'une des contrées les plus sauvages des Etats-Unis.
03:29 Mais savent-ils réellement où ils mettent les pieds?
03:32 Ces vastes paysages sont aujourd'hui un pôle d'attraction
03:40 pour des Américains parmi les plus dangereux.
03:42 La région est grande comme deux fois la France.
03:46 D'est en ouest, elle recouvre cinq états du Wyoming au Montana
03:49 et à l'Idaho, jusqu'aux côtes de l'Oregon et de l'état de Washington.
03:53 - Ça, c'est pour manger et ça, c'est pour se défendre.
04:00 Quand certains rêvent d'un retour aux sources, d'autres y voient
04:04 un bastion ultra conservateur à défendre coûte que coûte.
04:08 Leur ennemi, une Amérique multiculturelle et progressiste
04:14 dans laquelle les minorités raciales et sexuelles auraient pris trop de place.
04:18 - S'ils osent toucher à nos enfants et pervertir notre pays,
04:21 il va y avoir la guerre.
04:23 Ils se retrouvent autour d'un grand projet,
04:27 former une nouvelle colonie blanche chrétienne
04:30 et séparée du reste des Etats-Unis.
04:33 Des suprémacistes blancs aux miliciens d'extrême droite.
04:38 Ce qu'il se passe ici pousse le pays au bord du précipice.
04:42 - Applaudissons.
04:47 Si les ennemis arrivent jusqu'ici,
04:49 il faut qu'ils sachent qu'ils risquent de le payer de leur vie.
04:53 La prise d'assaut du Capitole le 6 janvier 2021 a sonné comme un avertissement.
05:02 Dans le nord-ouest des Etats-Unis,
05:06 cette ultra droite anti-gouvernementale s'est trouvée un chef de file.
05:11 Et cette année, il se lance en politique.
05:13 - C'est une lutte à mort pour sauver notre âme de conservateurs.
05:19 Un discours qui effraie même les habitants implantés de longue date,
05:24 tenant d'une Amérique traditionnelle, mais ouverte.
05:28 - Si ça continue, ça va être impossible de conserver notre mode de vie.
05:32 De gentils cow-boys, de dangereux miliciens et un shérif débordé.
05:39 Ils veulent faire imploser le pays, se tailler une nouvelle patrie à eux.
05:42 Et à moins d'être chrétien, ou plutôt chrétien et blanc, vous êtes noir.
05:48 Le scénario pourrait tourner au cauchemar.
05:54 La nouvelle conquête de l'ouest par l'ultra droite américaine.
05:58 Retour à Boise, la capitale de l'Idaho.
06:07 Dans cette région traditionnelle, c'est une petite bulle jeune et dynamique,
06:15 mais très peu métissée.
06:17 Pas une personne de couleur dans les rues.
06:20 L'Idaho compte moins d'un pour cent d'Afro-américains,
06:24 15 fois moins que la moyenne nationale.
06:26 À quelques kilomètres du centre-ville, le camion de déménagement
06:33 d'Alexandra et Spencer arrive en fin de San Francisco.
06:37 - Bonjour.
06:40 - Bonjour tout le monde.
06:41 Comment ça va?
06:42 - Ça, c'est Everest et je vous présente Spencer.
06:46 Là, c'est le salon.
06:48 Frank, le patron, surfe sur ce flot ininterrompu de nouveaux arrivants.
06:55 Son entreprise, les Boise Boys, gère jusqu'à 100 déménagements par mois.
07:00 Lui aussi est un récent converti.
07:02 Il a quitté la Californie pour l'Idaho il y a quatre ans.
07:06 - Vous savez comment j'ai découvert l'Idaho?
07:09 J'ai cherché le top 10 des villes les plus sûres,
07:12 le top 10 des meilleures écoles,
07:14 le top 10 des villes où les gens étaient le plus heureux.
07:17 Pour la petite anecdote, quand je suis arrivé ici,
07:22 tous les gens nous disaient bonjour, nous faisaient coucou avec la main.
07:26 Moi, je venais d'Auckland, en Californie, et je me disais,
07:29 mais ces gens sont bizarres.
07:31 Ma femme me demandait, mais pourquoi ils nous font tous des signes?
07:35 En fait, c'est juste que les gens sont gentils ici.
07:39 Démonstration en image.
07:45 Une heure à peine après son arrivée, Alexandra reçoit la visite de sa voisine.
07:49 Venu lui souhaiter la bienvenue.
07:51 - Bonjour, je vous présente toute la petite famille.
07:56 Erica est arrivée de Californie il y a six ans.
07:59 - Je vous ai apporté un petit quelque chose.
08:02 - Oh, merci beaucoup. C'est trop mignon.
08:05 On va les dévorer.
08:06 Ça, ça va dans la grande chambre.
08:09 - Je peux passer?
08:10 - Oui, pardon, désolé.
08:12 Mais il y en a certains qui ne voient pas cet afflux de Californiens
08:17 d'un très bon oeil.
08:18 Michael, employé dans l'entreprise de déménagement,
08:22 ne cache pas son agacement.
08:23 Sur sa casquette, il affiche clairement son opinion.
08:27 - Ça, ça veut dire il n'y a plus de place.
08:32 On est au complet.
08:33 On a déjà assez de monde comme ça.
08:37 On n'en veut plus.
08:38 Voilà comment on pense.
08:40 Nous, les locaux qui vivons en Idaho, depuis toujours.
08:43 Tous ces gens qui viennent des autres États,
08:46 ils font grimper les prix de l'immobilier.
08:48 J'ai quatre enfants et moi, je ne peux pas me payer une maison comme ça.
08:53 Je veux vexer personne, mais voilà ce que je pense.
08:57 C'est juste comme ça que je me sens.
08:58 Hélas pour Michael, l'invasion n'est pas près de s'arrêter.
09:08 Elle gagne aujourd'hui le nord de l'Idaho.
09:14 Et dans cette région reculée, cela suscite encore plus de rejets.
09:18 Ici, près de 70% de la population a voté Trump
09:24 et se méfient de l'establishment intellectuel des grandes villes.
09:27 Une terre vierge et sauvage que les natifs du coin ne veulent surtout pas voir changer.
09:33 - Encore une belle journée sur notre lac en Idaho.
09:36 Brett Surplus est l'un d'entre eux.
09:42 Un pur et dur de l'Idaho depuis quatre générations.
09:45 - T'as repéré les poissons ?
09:49 - Oui, sur le radar, il y en a à 10 mètres de profondeur.
09:53 Le simple fait d'être là, de pouvoir profiter de ce cadre merveilleux que Dieu a créé pour nous,
10:00 c'est magique.
10:02 Mais depuis peu, ces paisibles parties de pêche entre amis sont perturbées.
10:13 - Vous voyez, il n'est même pas 8 heures du matin.
10:20 Ils sont déjà en train de faire du ski nautique.
10:23 C'est ridicule.
10:23 Et d'ici une heure, ça va être au tour des jet-ski avec encore plus de monde sur le lac.
10:31 Il n'y a plus aucun respect.
10:33 C'est la guerre maintenant sur le plan d'eau.
10:34 Franchement, ces gens là, ils devraient retourner d'où ils viennent.
10:39 Brett est un drôle de type.
10:45 Il n'aime pas les nouveaux venus et pourtant, c'est grâce à eux qu'il gagne sa vie.
10:51 L'homme est agent immobilier.
10:53 - J'aime ce drapeau.
10:59 C'est le bon.
11:01 Pour tenter de concilier ses valeurs et son métier,
11:07 Brett choisit ses clients en fonction de leur idéologie.
11:11 Celle d'une Amérique blanche, chrétienne et politiquement très à droite.
11:17 Aujourd'hui, l'agent immobilier se rance sur le dernier terrain qu'il vient de vendre.
11:21 Deux hectares perdus au beau milieu de la forêt.
11:24 Le grand air et l'isolement, c'est ce que recherchent ses clients.
11:28 - Salut, comment ça va?
11:30 - Ça me fait plaisir de te voir.
11:33 Brett est devenu ami avec Andrew, ingénieur dans le secteur médical.
11:39 Et sa femme Nicole, décoratrice d'intérieur.
11:41 Ils lui ont acheté ce terrain 300 000 euros.
11:46 Le prix pour vivre dans cette entre-soi, loin des regards.
11:50 - La maison sera ici.
11:52 Ça va faire combien de mètres carrés déjà?
11:54 - A peu près 200 mètres carrés.
11:56 - Nous sommes tous les deux chrétiens et je sens qu'ici, en Idaho,
12:02 la religion est bien plus implantée que là d'où on vient.
12:05 On a quitté un état qu'on trouvait beaucoup trop à gauche,
12:11 beaucoup trop progressiste et qui ne correspondait pas à nos valeurs familiales.
12:17 La pandémie et l'élection de Joe Biden, un démocrate à la Maison-Blanche,
12:26 ont tâché de les convaincre de migrer en Idaho.
12:28 - Là, c'est dur à imaginer, mais ici, entre ces deux arbres,
12:32 on va faire notre poulailler.
12:33 - Ce sont des réfugiés politiques.
12:38 Voilà ce qu'ils sont.
12:40 En Idaho, nous sommes libres.
12:42 Ici, c'est la terre de la liberté.
12:45 - On pourra vivre à notre manière et on sera libres de faire ce que l'on veut sur nos terres.
12:54 C'est le cadre idéal pour élever nos enfants comme on l'entend et pas comme l'État le voudrait.
12:58 - Voilà un cadeau de bienvenue pour vous.
13:04 C'est le meilleur grill du monde.
13:07 - Trop bien.
13:09 Merci, ça va beaucoup nous servir.
13:13 - On va en profiter.
13:15 En un an, Brett a permis à 10 de ses familles de réfugiés politiques,
13:23 comme il les appelle, de s'installer.
13:25 L'agent immobilier s'inscrit dans un mouvement plus global qui voudrait faire émerger
13:31 une colonie ultra conservatrice dans le Nord-Ouest.
13:34 Avec ses promoteurs, ses nouveaux habitants et ses soldats.
13:43 C'est la mission que s'est assignée Viper, le biker.
13:46 À 66 ans, il vit en dehors des radars avec Bear, sa petite amie de 23 ans,
13:55 dans une caravane posée au milieu de cette casse automobile.
13:59 - Bienvenue chez moi.
14:01 Une vie loin du confort moderne, mais qui offre aux motards à la retraite un avantage stratégique.
14:08 - On est au milieu de nulle part ici.
14:13 Il n'y a pas d'adresse.
14:14 Je préfère que personne ne puisse me trouver.
14:17 J'ai beaucoup trop d'ennemis et vaut mieux pas qu'ils sachent où j'habite.
14:20 Je dis ça pour leur bien, parce que s'ils débarquent ici pour m'attraper,
14:24 ils ont intérêt à avoir deux trucs sur eux.
14:27 Le numéro de la personne à contacter en cas d'urgence, dans cette poche
14:33 et dans l'autre, leur carte de groupe sanguin.
14:36 Après seulement, j'appelle les secours.
14:41 S'il est autant sur ses gardes, c'est que Viper est le fondateur d'un gang de motards.
14:45 Les Panhandle Patriots, en guerre contre le gouvernement actuel.
14:49 Son obsession, les démocrates qu'il considère comme de dangereux gauchistes
14:54 et qui, pour lui, ont volé les dernières élections.
14:57 Le biker a participé à la prise d'assaut du Capitol le 6 janvier 2021.
15:05 - Il est là.
15:10 Sa petite amie, Baire, a fièrement compilé tous les articles relatant l'événement.
15:14 - J'ai participé à des manifs étudiantes qui étaient beaucoup plus violentes que celles-là.
15:20 C'était rien, juste des gens un peu agités qui voulaient faire du bruit
15:25 et manifester leur mécontentement par rapport à ce qu'il se passe dans leur pays.
15:28 Est-ce qu'on peut leur en voir ?
15:29 - Et vous en êtes fier ?
15:30 - Bien sûr que je suis fier.
15:32 On a été la fierté de l'Amérique.
15:35 Je leur offrais n'importe où, n'importe quand.
15:39 Ils peuvent bien tous aller se faire foutre.
15:41 - Ces mecs, tous ces gens, ils ont littéralement risqué leur vie
15:48 pour que nous, vous et moi, on puisse être libres.
15:52 C'est les seules personnes que je peux supporter autour de moi.
15:57 Les autres, j'ai envie de les étrangler.
16:00 Les citoyens normaux, ils font que de se plaindre.
16:04 Ils ne connaissent rien à la vie.
16:07 Cette vision de l'Amérique, Viper la tient de ces années passées au sein des Marines,
16:14 l'unité d'élite de l'armée américaine.
16:16 - Ça, c'était le camp Fuji, notre centre d'entraînement au Japon.
16:21 Là, c'est Justin.
16:23 Le motard est un ancien du Vietnam.
16:26 - Et lui, c'est mon pote Colleen.
16:28 - Ah ouais ?
16:30 - Je mange, je dors, je chie, je respire, Marines.
16:36 Je ne pourrai jamais me les enlever de la tête.
16:38 Le jour où je me suis engagé, j'ai prêté serment.
16:41 Aimer et protéger mon pays, le servir et le défendre contre ses ennemis.
16:45 Eh bien, ici, c'est ce qu'on fait.
16:48 On est les seuls à pouvoir repousser ce cancer.
16:51 En plus des démocrates, l'ancien Marine a dans son viseur les mouvements
17:00 Black Lives Matter et LGBT qui pervertissent l'Amérique
17:05 et la précipite, selon lui, vers la guerre civile.
17:07 Face à ces nombreuses menaces, Viper prépare la contre-attaque.
17:13 Et ça commence dans son jardin, les mains dans le cambouis.
17:17 - Ce que tu fais, c'est que dès que j'ai rempli ça, tu appuies sur la pédale.
17:23 Et je te dirai stop. Ça coince ?
17:26 - Non, pas du tout.
17:27 Il retape des véhicules d'occasion comme cette coccinelle,
17:30 qu'il est en train de modifier en prévision du pire.
17:34 Viper y a ajouté des pneus tout terrain.
17:38 Et surtout, la voiture ne contient aucun composant électronique.
17:42 - Si tout part en couille, au moins avec une voiture comme ça,
17:48 je peux m'en sortir.
17:49 Ça se répare en deux secondes avec du fil de fer et du chewing-gum.
17:51 Si on a une guerre par ici, Dieu nous en préserve.
17:55 Eh bien, je dois avoir un moyen de transport pour foutre le camp.
17:57 Je veux rester mobile.
18:00 Un jour ici, le lendemain ailleurs, hop, je disparais.
18:04 Une cible en mouvement, c'est beaucoup plus difficile à atteindre.
18:06 Si un jour, une guerre éclate, Viper peut compter sur son réseau.
18:13 Une communauté informelle qui la réunit tout autour de lui
18:17 et qui donne lieu à des alliances surprenantes.
18:20 Parmi ses amis, par exemple, une retraitée d'apparence paisible.
18:26 - Salut, content de te voir.
18:29 - Bonjour.
18:30 - Salut, bébé.
18:31 - Comment ça va?
18:35 - Tu es occupé, comme d'hab?
18:38 À 65 ans, Rachel est en charge de l'autonomie alimentaire du groupe.
18:45 Dans son potager, chaque rangée a été pensée pour servir la cause.
18:50 Et tout est bio.
18:52 - Là, tu as mes pommes de terre.
18:56 C'est une super nourriture de survie.
18:59 C'est très nourrissant et ça pousse tout seul.
19:01 Il n'y a rien à faire, à part les arroser de temps en temps.
19:04 - Ah ouais? Je ne savais pas.
19:05 - Là, j'ai des oignons et toutes sortes d'herbes aromatiques.
19:11 Depuis qu'elle a quitté la grande ville de Seattle pour vivre en Haïdao,
19:18 Rachel s'est radicalisée.
19:19 Elle est devenue survivaliste à tendance complotiste.
19:24 - Je sais que leur plan est de détruire l'Amérique.
19:28 Mentalement, physiquement, spirituellement et financièrement.
19:32 Ils veulent détruire nos enfants, détruire notre capacité à survivre et à être heureux.
19:38 Ils veulent que les gens meurent pour réduire la population.
19:42 Parce qu'une population moins nombreuse, c'est une population plus facile à contrôler.
19:46 - Est-ce que je jardine pour résister, moi?
19:49 Non, ça, c'est son rôle.
19:51 Moi, mon boulot, c'est de botter les culs.
19:55 L'Amérique que Viper et ses patriotes prétendent défendre, c'est celle-là.
20:00 Des grands espaces façonnés par une poignée de cow-boys au 19e siècle.
20:10 Une terre de pionniers où la liberté et l'indépendance se portent en étendard.
20:17 Une Amérique conservatrice par essence, mais qui peut se montrer beaucoup plus ouverte qu'on ne l'imagine.
20:25 A la tête du clan Ellis, une femme.
20:28 À 55 ans, Jennifer est la chef de cette famille d'éleveurs qui possède plus d'un millier de bovins.
20:35 - C'est elle, la boss.
20:38 Comme dit la chanson, moi, je porte la culotte que quand elle n'est pas là.
20:42 Un mari, trois enfants, deux petits-enfants.
20:48 - Oh là, reste tranquille.
20:49 Allez, les gars, on y va.
20:52 Six générations que le ranch est dans la famille de Jennifer et que l'on monte à cheval dès qu'on sait marcher.
20:57 - Là, vous avez toute la famille et quelques cow-boys qui nous aident pour déplacer le bétail par là.
21:04 Il y a toujours des imprévus, alors on n'est jamais trop nombreux.
21:08 Dans ce métier, il ne suffit pas d'appuyer sur un bouton.
21:16 Les fondamentaux hérités de la conquête de l'Ouest, l'entraide et le sens de l'effort.
21:22 Ici, c'est le travail qui force le respect.
21:25 - Elles sont en forme, les vaches, aujourd'hui.
21:32 Elles ont couru sur tout le chemin.
21:33 Et on ne se pose pas la question.
21:40 On vote républicain.
21:43 - On a toujours été conservateur dans la région.
21:49 Mais quand je dis conservateur, ça veut dire pas trop d'intervention de l'Etat,
21:55 une bonne gestion de l'argent public et le respect de la propriété privée.
22:00 On pourrait presque dire qu'on est des libertariens, mais sans exagérer.
22:06 Notre philosophie, c'est que chacun s'occupe de ses propres affaires.
22:11 Chaque été, le clan Ellis prend ses quartiers dans ce ranch pour faire pêtre ses vaches.
22:16 Les journées des cow-boys sont longues, une vie rude, mais qui n'empêche pas la bonne humeur.
22:24 - Faites vos sandwiches vous-mêmes, les gars.
22:28 - On mange ce que la cuisinière a décidé.
22:32 Beaucoup trop de sandwiches.
22:35 Et il n'y a jamais assez de steak.
22:37 - Toi, tu auras des sandwiches au thon toute la semaine.
22:41 Si tu continues.
22:42 Depuis quelques temps, la rancheuse est en colère.
22:48 Elle ne reconnaît plus son parti républicain et ses tentatives pour récupérer les votes extrémistes.
22:55 - Je vais vous montrer leurs pires discours.
22:59 Ce qu'il a achevé, c'est l'élection de la nouvelle présidente du parti républicain en Haïdao.
23:10 Dorothée Moon, une politicienne dont les propos récents sont un véritable appel à la violence.
23:15 - Je voulais un extrait de son discours d'investiture.
23:22 Nous devons nous assurer que quand les démocrates nous feront face,
23:28 nous serons prêts à les recevoir avec nos fusils bien chargés.
23:32 Leur montrer que nous serons prêts à nous battre pour garder cet état libre.
23:36 Voilà le genre de propos haineux qu'elle a tenu.
23:40 Ça ne devrait pas exister dans le discours politique en Haïdao.
23:42 L'ingrédient secret, ce sont de jeunes hommes blancs.
23:48 Pour Jennifer, c'est le mandat de l'ancien président Donald Trump qui a décomplexé ce discours.
23:58 Elle s'est résignée à rendre sa carte du parti la mort dans l'âme.
24:06 - Il faut purger le parti au sein de nos propres rangs.
24:10 - Mon Dieu.
24:16 Il y a tellement de gens géniaux dans cet état et ils n'ont pas conscience de ce qu'il se trame.
24:23 Ils ne savent pas à quel point la situation politique est grave ici.
24:28 Et ils ne se rendent pas compte qu'il y a des gens qui sont effrayés à l'idée de vivre ici aujourd'hui.
24:35 Ils ont peur de vivre ici maintenant.
24:36 Ils sont de plus en plus nombreux à vivre dans la peur en Haïdao.
24:48 Les minorités n'osent se montrer qu'une seule fois par an.
24:53 Le jour de la Gay Pride.
24:56 Pour l'occasion, le parc de la ville de Coeur d'Alenne a pris des couleurs arc-en-ciel.
25:03 Jennifer et sa fille ont fait 6 heures de route depuis leur ranch.
25:06 - Je la mets plutôt dans ce sens.
25:10 Elle tenait à être là pour soutenir les organisateurs de l'événement
25:21 et saluer leur courage.
25:23 - Le premier amendement garanti par la Constitution,
25:27 c'est la liberté de se réunir.
25:29 Il y en a peut-être quelques-uns qui l'ont oublié,
25:32 mais c'est ce qui fait de notre pays le meilleur au monde.
25:35 Désolé pour vous, hein.
25:36 Personne ne devrait avoir à s'inquiéter de se montrer comme il est.
25:40 C'est pour ça que je suis venu.
25:42 Pour rappeler à tous que c'est sur ces libertés qu'a été fondée l'Amérique.
25:46 C'est quoi le programme après ?
25:51 À peine 400 personnes se sont rassemblées pour la marche des Fiertés,
25:57 dans une ambiance bon enfant.
26:01 Mais très vite, dans les allées du parc,
26:03 ils sont quelques-uns à vouloir gâcher la fête.
26:05 Des chrétiens fondamentalistes,
26:08 puis des hommes armés jusqu'aux dents s'invitent au milieu des participants.
26:12 Leur présence n'a rien d'illégal ici.
26:19 Porter un fusil d'assaut en public est parfaitement autorisé
26:23 dans plusieurs états de la région.
26:24 - C'est de l'intimidation pure et simple.
26:33 Ils se pointent comme ça dans le parc avec leur M4 ou leur M16.
26:37 J'ai pas bien vu le modèle.
26:38 Il y en a qui ont des fusils d'assaut, d'autres l'arme à la ceinture,
26:45 toutes ces conneries à la John Wayne.
26:46 Ça fait peur aux gens et c'est sûr qu'il y a de quoi.
26:51 Peu à peu, d'autres opposants se rassemblent tout autour de l'événement.
26:59 Les forces de police mettent en place un cordon de sécurité
27:07 pour protéger les participants à la Gay Pride.
27:10 Pas de violence à signaler pour l'instant,
27:13 mais des confrontations musclées.
27:19 - Vous devriez avoir honte de vos péchés.
27:21 Réconciliez-vous avec Dieu à travers Jésus Christ.
27:24 - Nous sommes condamnés.
27:27 Dieu ne tolère pas ces comportements.
27:29 Le jugement dernier arrive.
27:31 Et il est déjà là.
27:33 - Vous endoctrinez les enfants et vous, vous propagez la haine.
27:38 - Non, je propage l'amour.
27:42 - Jésus, c'est l'amour.
27:46 Jésus n'a jamais condamné l'homosexualité.
27:49 - Oui, c'est ça.
27:52 De l'autre côté du parc, Viper, lui aussi, s'est invité à la fête.
27:56 Le biker n'est pas venu seul, mais accompagné par sa garde rapprochée.
28:00 - Toi, tu peux dire merci à tes parents, ils t'ont élevé correctement.
28:03 Quelques enceintes et beaucoup d'armes à feu.
28:07 L'ancien marine n'est pas là par hasard.
28:10 Il a organisé une contre-manifestation.
28:12 Une centaine de partisans sont venus écouter les figures
28:17 les plus à l'extrême droite de tout le pays.
28:20 - Nous ferons barrage aux démons déguisés en drag queens.
28:27 La moindre tentative de pervertir notre communauté
28:32 sera défaite en ton nom, Jésus Christ.
28:35 Amen.
28:37 - Ce que vous voyez ici, c'est toute notre communauté qui se réunit.
28:45 Et je peux vous dire que pour chaque personne présente,
28:47 il y en a des milliers d'autres prêtes à défendre notre ville.
28:51 S'ils vont trop loin, s'ils cherchent à s'en prendre à nos enfants,
28:54 je peux vous garantir qu'il va y avoir une guerre ici.
28:57 Viper et ses hommes en resteront au stade des menaces.
29:03 Mais au même moment, à quelques rues de là,
29:06 une milice d'extrême droite s'apprête à attaquer la gay pride.
29:12 Ces images récupérées par la police ont choqué l'Amérique toute entière.
29:15 Un groupe de suprémacistes blancs anti-homos
29:19 se filme en pleine opération commando.
29:21 - Le plus important, c'est de rester concentré.
29:24 Et on n'oublie pas, on reste toujours groupé.
29:28 Au total, ils sont 31 en tenue de combat
29:33 à se cacher dans un camion de déménageurs.
29:36 Mais un passant les a aperçus monter dans le véhicule
29:40 et a eu le temps d'alerter les forces de l'ordre.
29:42 - On va ouvrir les portes. Je veux voir vos mains en l'air.
29:46 - À plat ventre.
29:52 Les policiers de Coeur d'Haleine les cueillent à quelques mètres
29:58 de leur objectif.
29:59 Évite un drame de justesse.
30:01 Ces milices se considèrent comme les soldats de Dieu,
30:06 investis d'une mission divine.
30:09 Sauver l'Amérique.
30:10 De tous ses péchés.
30:11 Une guerre sainte, dont l'un des inspirateurs se niche
30:18 à l'extrême nord de l'Haïdao.
30:20 - Le Seigneur est dans son temple sacré.
30:26 De son trône là-haut, il nous observe.
30:30 Ses paupières grandes ouvertes sur nous, les hommes.
30:34 Nous nous devons d'être vertueux.
30:39 Des quatre coins de l'état, on vient écouter les prêches
30:43 d'un des pasteurs les plus vénérés par les miliciens.
30:46 - Sur les pêcheurs, il fait pleuvoir des charbons ardents,
30:53 du feu et du soufre.
30:55 Parce que Dieu est juste, il est justice.
30:59 Seuls les hommes droits verront son visage.
31:01 Steve Bracho est à la tête de l'église évangélique de Kokolala.
31:08 Et même dans la maison de Dieu, ses fidèles ne se délestent pas
31:12 de leurs armes.
31:13 Prêts à tout pour défendre un mode de vie entièrement dicté
31:17 par l'Ancien Testament.
31:18 À ceux qui préfèrent suivre les lois des hommes,
31:23 Pasteur Bracho promet l'apocalypse.
31:28 - Toutes les grandes nations du monde sont citées dans le livre
31:32 des révélations.
31:33 Qu'est-ce qu'ils cherchent à détruire ?
31:36 Les fondations même de notre nation.
31:38 Au nom de Jésus Christ, Amen.
31:46 Pour le pasteur Krooner, lorsque le gouvernement entrave
32:01 la liberté de ses fidèles,
32:04 il est de leur devoir de prendre les armes.
32:06 - Vous êtes prêt à vous battre ?
32:10 - Je suis prêt à me battre, oui.
32:12 Dieu a fait de moi un combattant.
32:15 En tant que berger, je ne dois pas m'assoupir.
32:18 Je vais continuer à guider mon troupeau, quitte à me sacrifier
32:22 pour lui.
32:22 Je suis prêt à combattre le loup, l'ours ou le lion,
32:27 quand ils se présenteront.
32:28 Si je n'étais pas capable de cela, alors je ne serais pas
32:32 un bon pasteur.
32:33 Vous ne pouvez pas être un bon pasteur.
32:35 Sur terre, comme au ciel, le pasteur Bracho promet protection
32:41 et salut à ses disciples.
32:42 Et dans le combat qu'il mène, il a fait alliance avec Clyde Tinley.
32:47 Avec ses hommes, il est chargé de la sécurité aux abords
32:53 de la paroisse.
32:53 - Le diable, il peut se cacher partout.
32:57 Nous, on s'assure juste qu'ils ne viennent pas ici.
33:01 Et grâce à Dieu, nous n'avons pas encore eu à l'affronter.
33:06 Mais je peux vous dire qu'on se prépare.
33:08 Pour défendre leur vision de l'Amérique, les deux hommes
33:17 sont prêts à mourir en martyr.
33:18 Et ce sera les armes à la main.
33:28 Dans le garage du pasteur Bracho, plus d'une trentaine
33:31 de gros calibres, certains qu'il a assemblés lui-même.
33:35 - Celui-là, je l'ai fabriqué pour ma femme.
33:38 Et ça, c'est une Winchester double coup.
33:42 Elle date de 1927.
33:44 Là, c'est un vieux Colt.
33:47 Je l'adore.
33:48 Ça, c'est Fred.
33:51 Il n'a pas mangé.
33:52 Salut, la France.
33:57 L'homme d'église a aussi deux fusils d'assaut semi-automatiques.
34:00 - Celui-là est très précis.
34:04 Et celui-ci, c'est pour du tir longue distance.
34:11 - Vous êtes impressionné?
34:13 - Ouais, toujours.
34:14 - Et vous en avez autant?
34:18 - J'en ai quelques-uns, mais à ce point-là, non.
34:24 Les deux hommes aiment s'entraîner.
34:32 - Dans le mille?
34:33 - En famille.
34:34 Porter une arme à feu est pour eux un droit sacré.
34:39 - Le deuxième amendement, le droit de porter une arme,
34:44 c'est pour nous protéger, nous, les citoyens, face à un
34:47 gouvernement tyrannique comme celui qu'on a en ce moment dans ce pays.
34:50 C'est pour ça qu'ils veulent nous désarmer.
34:53 Parce qu'avec ce qu'ils font, franchement, ils méritent de prendre une balle.
34:56 Clyde appartient à une milice active dans la région,
35:03 la North Side Ao Militia.
35:05 Il n'en dira pas plus sur les activités de son groupe uscule.
35:10 Mais voilà ce qu'on trouve sur leur site Internet.
35:14 Des photos de leurs sessions d'entraînement.
35:16 On y apprend le maniement des armes de guerre,
35:20 la survie dans des conditions extrêmes.
35:23 Et les bases de la médecine militaire,
35:25 pratiquées sur des parties d'animaux morts.
35:27 Pourquoi votre milice ne veut pas être filmée?
35:32 - Les gens ici, ils préfèrent garder ça pour eux.
35:36 Faire profil bas, ne pas se montrer.
35:40 On ne le fait pas pour faire des gros bras ou pour se vanter.
35:44 On tient à défendre ce qu'on a.
35:51 C'est pour ça qu'on ne s'éloigne jamais trop loin d'ici.
35:53 On tient nos positions.
35:56 On est sur nos gardes.
35:58 Et si les ennemis débarquent ici, il faut qu'ils sachent
36:04 qu'ils risquent de le payer de leur vie.
36:05 La menace est prise très au sérieux par les autorités.
36:19 Au commissariat central de Spokane,
36:21 l'une des plus grandes villes de la région,
36:23 dans l'état voisin de Washington,
36:25 l'inspecteur Mark Voigtlander est à la tête de l'unité chargée
36:29 des affaires de terrorisme intérieur.
36:31 - Nous venons de recevoir un tuyau.
36:34 On nous a signalé une propriété qui pourrait être
36:37 le camp d'entraînement d'une milice.
36:39 On va aller voir sur place.
36:42 C'est un endroit un peu perdu à la campagne.
36:48 L'endroit parfait pour s'entraîner.
36:49 - Ouais, un endroit idéal.
36:53 Le lieu en question se trouve à 45 minutes du centre-ville,
37:00 en pleine campagne.
37:01 - Il y a beaucoup d'espace ici, ce qui laisse libre cours
37:06 aux miliciens pour s'entraîner et préparer des opérations
37:09 sans attirer l'attention.
37:10 - Il y a une voiture juste devant.
37:17 En civil, l'inspecteur démarre la fouille des lieux.
37:27 Il surveille une dizaine de terrains isolés comme celui-ci
37:31 dans son secteur.
37:32 - Vous voyez ce genre d'opposition?
37:36 C'est parfait pour s'entraîner à se défendre face à une attaque.
37:39 Clairement, ça se voit que des gens ont marché ici
37:51 il y a très peu de temps.
37:52 Les herbes sont à plat.
37:54 On peut déduire qu'il y a eu du mouvement ici,
37:56 comme à l'intérieur du bâtiment, juste là.
37:58 Tiens, je vais aller voir du côté des véhicules.
38:00 Marc est à la recherche du moindre indice.
38:09 - Qu'est ce que c'est que ça?
38:12 Des objets, des munitions qui prouveraient que ce lieu
38:16 est utilisé comme base arrière.
38:17 Rien de concluant cette fois ci.
38:23 Cette maison abandonnée a plus l'air d'un squat que d'un
38:27 quartier général de miliciens.
38:28 Mais Marc ne doit négliger aucune piste.
38:32 Depuis quelques temps, des black blocs d'extrême gauche
38:36 débarquent des grandes villes de la côte ouest, Seattle
38:38 et Portland, pour en découdre avec l'extrême droite locale.
38:41 - On a toujours noté la présence de suprémacistes blancs.
38:47 Ils sont implantés ici depuis des années.
38:49 Mais ces derniers temps, nous faisons face à un discours
38:52 très violent de la part de groupes d'extrême gauche
38:54 liés à la mouvance antifasciste.
38:56 Et maintenant, c'est notre région qui est devenue l'endroit
39:02 où ces idéologies s'affrontent.
39:04 Un clash de plus en plus violent.
39:10 C'est ce qui inquiète le shérif Ozzy Knezovich,
39:14 le supérieur de l'inspecteur Marc Voigtlander.
39:17 - On s'est rendu sur place en suivant les infos de nos indiques.
39:23 Ce long travail de renseignement sur le terrain leur ont
39:27 déjà permis d'éviter une fois le pire, une attaque terroriste
39:30 en plein centre-ville par un suprémaciste blanc.
39:34 - On a eu une bombe dans une rue de Spokane,
39:35 il y a quelques années.
39:37 Cette enquête nous permettra peut-être d'empêcher la prochaine.
39:39 - Vous trouvez que l'atmosphère est explosive?
39:43 - Ouais, extrêmement explosive, surtout depuis ces deux dernières années.
39:48 Spokane avait pourtant la réputation d'être un modèle de tranquillité.
39:53 Une ville universitaire sans histoire.
40:01 Le shérif y a dirigé les forces de l'ordre pendant 16 ans.
40:04 En juin 2020, le calme est interrompu.
40:09 En pleine campagne présidentielle, après le meurtre de George Floyd,
40:16 Spokane prend feu.
40:18 Les rues deviennent le théâtre de violentes émeutes.
40:22 Face à face, anarchistes et antifascistes d'une part,
40:27 et milices d'extrême droite pro-Trump d'autre part.
40:31 Pour rétablir le calme, le shérif a dû en appeler à la garde nationale.
40:36 - On nous a jeté des pierres, des bouteilles, des gaz lacrymo.
40:40 Les citoyens ne s'étaient jamais comportés de cette manière auparavant.
40:50 Je ne peux pas vous dire combien de fois pendant ces émeutes,
40:56 j'ai entendu les mots de révolution.
40:59 Des slogans comme brûlez tout ou détruisez tout.
41:05 Le Nord-Ouest, comme un avant goût de ce qui attend les Etats-Unis.
41:13 Le shérif n'a jamais été aussi inquiet pour son pays.
41:16 - Nous vivons sur le fil du rasoir.
41:19 Un fil sur lequel marchent les extrêmes de gauche et de droite.
41:26 Parce qu'au fond, ils souhaitent la même chose.
41:29 Faire tomber la démocratie.
41:32 C'est leur but ultime.
41:34 En finir avec notre forme de gouvernement.
41:38 Shérif Knezovic a jeté l'éponge.
41:42 Il ne se représentera pas un nouveau mandat.
41:45 Ce nouveau climat frappe aujourd'hui aux portes du pouvoir politique.
41:54 Un homme controversé pourrait bien se faire élire gouverneur de l'Haïdao
41:58 lors des prochaines élections.
41:59 Il s'appelle Amon Bundy.
42:06 Le cow-boy a migré dans le Nord-Ouest il y a six ans.
42:11 Et depuis, c'est devenu sa terre de conquête.
42:15 - Ce camion, je l'ai acheté à un ami.
42:19 Il avait 25 000 kilomètres.
42:23 Et regardez là, j'ai déjà fait 65 000 kilomètres.
42:26 J'ai déjà fait le tour de l'Haïdao de nombreuses fois.
42:32 Amon Bundy incarne aujourd'hui le combat politique des milices.
42:39 Et il leur doit d'abord sa notoriété.
42:42 Au départ, c'est un simple éleveur de bétail.
42:48 Sa famille possède un ranch dans le Nevada et fait pêtre ses bêtes
42:53 sur des terres publiques, ce qui n'est pas au goût du pouvoir central.
42:56 En avril 2014, les forces de l'ordre encerclent le ranch des Bundy,
43:01 qui leur tient tête.
43:03 - Cette vidéo pourrait presque sortir d'un western.
43:06 Des agents fédéraux qui se battent avec des manifestants.
43:09 Pour certains d'entre eux, des miliciens qui viennent de tout le pays
43:12 pour soutenir un éleveur du Nevada.
43:14 C'est le premier rapprochement entre Bundy et les milices d'extrême droite.
43:20 Deux ans plus tard, en 2016, Bundy se retrouvera une nouvelle fois
43:24 aux côtés de fermiers en colère, en conflit avec l'État fédéral.
43:28 - Reculez, reculez, vous ne pouvez pas passer.
43:30 Cela se passe en Oregon.
43:34 L'intervention du FBI se soldera par un mort parmi les amis d'Amon Bundy.
43:39 L'image est filmée en direct.
43:41 À la suite de ces deux confrontations, l'éleveur passera deux ans en prison.
43:51 Depuis, il est devenu le symbole du rejet total et sans équivoque
43:56 du pouvoir fédéral.
43:57 En Idaho, Amon Bundy s'est refait une virginité.
44:03 Il est devenu cultivateur de pommes.
44:08 - Franchement, la politique, je n'ai jamais trouvé ça amusant.
44:12 Mais vous savez, si je ne fais pas attention à ce qu'il se passe
44:16 dans mon pays, si je ne surveille pas le gouvernement, alors très
44:22 bientôt, ils s'en prendront à mes pommes.
44:24 Pour les donner aux pauvres, peut-être.
44:27 Amon Bundy a beau avoir changé de métier, ses idées politiques
44:37 n'ont pas bougé d'un iota.
44:38 Ces deux années passées en prison l'ont même renforcée dans ses convictions.
44:44 Avec sa femme Lisa, ils ont six enfants qu'ils élèvent dans la foi
44:49 mormone, fidèles aux valeurs les plus conservatrices de l'Amérique.
44:52 - Vous voulez quoi pour dîner?
44:55 La famille, la religion et un rejet presque absolu de l'État.
45:00 - J'ai vraiment des meetings tous les soirs.
45:05 L'homme politique veut en finir avec le bipartisme américain.
45:15 Je suis beaucoup plus à droite que le parti républicain.
45:20 Pour moi, ces deux partis, les démocrates et les républicains,
45:25 ils utilisent l'État pour s'approprier le pouvoir.
45:27 C'est toujours la même idée que l'État contrôle de plus en plus nos vies.
45:32 Pour moi, le but du gouvernement, c'est de nous protéger, pas de
45:40 s'en prendre à notre liberté et à notre propriété ou à nos vies.
45:44 - My life away.
45:45 Ni démocrate, ni républicain, Bundy mène campagne sans étiquette.
45:51 Aujourd'hui, il fait étape à Idaho Falls, la quatrième plus grande ville de l'État.
45:57 - Je peux faire une photo avec vous?
45:58 Avec son discours anti élite et populiste, le candidat séduit les oubliés de l'Amérique.
46:06 - Dieu, merci d'être parmi nous ce soir.
46:11 Que tu montres à notre pays le chemin à prendre.
46:14 Nous espérons entendre ta voix.
46:17 Amen.
46:18 - Ne vous y trompez pas.
46:23 Dans l'Idaho, nous sommes dans une lutte à mort pour sauver notre âme de conservateurs.
46:27 Nous avons laissé le champ libre à nos représentants politiques et ils nous
46:31 imposent à tous leur programme de gauche.
46:38 Ils comptent aussi sur des groupes qui l'ont soutenu par le passé.
46:41 Et s'ils ont laissé leur treillis aux vestiaires, ils sont toujours à ses côtés.
46:47 Le candidat leur propose bien plus qu'un programme politique.
46:51 - Le status quo ne fonctionne pas.
46:57 Il faut renverser la table.
46:58 Qu'est ce qu'on fait quand quelque chose ne fonctionne pas?
47:01 On change tout. Il y a une expression qui dit que la folie, c'est d'essayer
47:05 toujours les mêmes choses en espérant un résultat différent.
47:07 Et bien moi, je ferais l'inverse.
47:10 J'agirais totalement différemment.
47:12 Et je peux vous dire quelque chose.
47:14 Ça va radicalement changer quand je serai gouverneur.
47:16 Amon Bundy ne sera peut être pas élu gouverneur cette fois ci.
47:25 Mais la poussée réactionnaire qu'il incarne impacte déjà la société.
47:29 A commencer par l'éducation.
47:31 Sur le terrain, Viper, le biker, a confié une mission à la dernière
47:36 recrue de son réseau.
47:37 Mariana mène la guerre aux bibliothécaires de sa région.
47:41 - Regarde les livres que j'ai trouvés.
47:47 Ça parle de drogue, de sexe.
47:49 Et il y a même des personnages qui se font violer.
47:51 Mariana a épluché des centaines et des centaines d'ouvrages pour enfants.
48:01 Elle a fait l'inventaire de tous les passages qu'elle juge choquants,
48:05 à même de pervertir la jeunesse.
48:07 - Regardez cet arc-en-ciel et ces licornes.
48:11 C'est un symbole très important pour la communauté LGBTQ, R, S, T, U, V, W.
48:19 Et vous voyez ces symboles ?
48:21 Ils en ont mis partout dans le livre, de manière très intentionnelle.
48:24 Regardez, une vraie pub pour Black Lives Matter.
48:30 C'est super de dire que la vie des Noirs, ça compte.
48:33 Mais la vie des Blancs aussi, elle compte.
48:35 Toutes les vies comptent.
48:36 Et la vie des fœtus, on en parle ?
48:39 Moi, j'ai rien contre le concept.
48:41 Mais maintenant, il est utilisé pour diffuser la honte d'être blanc,
48:44 la culpabilité d'être blanc, la soumission.
48:47 - Ce qu'on veut voir, c'est des parents qui se soulèvent,
48:52 qu'ils interpellent leurs élus, qu'ils commencent à foutre le bordel.
48:56 Il faut changer les lois et protéger nos enfants.
49:01 Mariana, Viper et d'autres représentants de la frange ultra conservatrice
49:05 ont fait pression sur les autorités pour que ces livres soient retirés des bibliothèques.
49:10 Et ils ont obtenu gain de cause.
49:13 Il y a quelques mois, l'un des plus grands districts scolaires de l'Haïdao
49:17 a banni une vingtaine de ses ouvrages.
49:18 Parmi eux, La Servante écarlate ou Les cerfs-volants de Kaboul,
49:26 des livres très populaires, mais jugés trop sexuellement explicites par Mariana
49:31 et ses amis censeurs.
49:32 - Ce n'est pas seulement de nos enfants dont il est question.
49:37 Nous parlons de l'avenir de notre pays.
49:40 Un jour, ces enfants deviendront des adultes.
49:44 Un jour, ils deviendront des parents, des électeurs, des businessmen,
49:50 peut-être même des politiciens.
49:53 Leur vision du monde et leurs valeurs vont modeler l'Amérique.
50:00 Donc, c'est primordial de faire en sorte qu'ils ne soient pas endoctrinés,
50:03 qu'ils ne soient pas victimes de cette propagande.
50:06 Un gage donné à l'ultra droite et qui a choqué la partie la plus modérée
50:15 de l'opinion publique.
50:16 - Evie, tu descends ?
50:19 Nous retrouvons Alexandra et ses enfants.
50:22 - Allez, viens faire ton cartable.
50:24 Deux mois après son déménagement de Californie.
50:29 La famille a pris ses marques dans le quartier.
50:31 Et pour Everest, 6 ans, c'est le premier jour d'école.
50:34 - On prend une petite photo souvenir ?
50:36 Peu à peu, Alexandra commence à découvrir la réalité de sa région d'adoption.
50:47 Elle n'est pas tout à fait sûre d'y trouver son compte.
50:51 - Tiens, va regarder où est ta place.
50:55 Première surprise, dans la classe de sa fille,
50:57 aucun élève ne semble issu de la diversité.
51:00 - Regarde, c'est ton bureau.
51:03 Tu as même un petit cadeau.
51:05 C'est clair qu'ils ont tous l'air d'être nés dans l'Idaho.
51:11 C'est pas du tout aussi mélangé qu'en Californie.
51:14 C'est un petit peu le revers de la médaille.
51:15 Tu te souviens, en Californie, tes amis avaient des noms
51:21 qu'on n'avait jamais entendus avant.
51:23 Ils s'appelaient comment déjà ?
51:25 - Tangtang, Mulan.
51:27 Il y avait Viet Thi aussi.
51:29 Il venait d'Israël.
51:30 Et Tangtang était chinois.
51:32 Tous ses amis venaient d'autres pays.
51:34 C'était vraiment super.
51:35 La mère de famille a entendu parler de la censure
51:40 qui frappe certaines bibliothèques de l'Idaho.
51:42 - Ça, c'est la bibliothèque.
51:45 Alors, elle veut vérifier quelque chose.
51:48 - Tu veux faire un petit tour ?
51:54 Regarde, c'est un livre sur la première femme astronaute.
51:56 Et là, celui-là, c'est sur Kobe Bryant, un grand basketeur.
52:00 Ce sont de super livres qui mettent en avant les minorités.
52:05 Ils ont été placés bien en évidence, juste à l'entrée.
52:08 Comme ça, les enfants peuvent découvrir l'histoire
52:13 de Harriet Tubman, de Kobe Bryant, des Indiens d'Amérique.
52:16 Ou regardez là, c'est Martin Luther King.
52:20 Je trouve ça vraiment bien qu'il soit mis en avant.
52:24 - Au grand soulagement d'Alexandra,
52:28 les ultraconservateurs n'ont pas encore sévi dans l'école de sa fille.
52:32 - Je peux vous poser une petite question ?
52:36 J'ai entendu que dans un des districts d'Idaho,
52:39 il y a des livres qui ont été bannis.
52:41 Est-ce que vous êtes confrontée à ce problème ?
52:44 - Non, non, on est épargné par tout ça.
52:47 Les livres restent des livres et tout le monde devrait y avoir accès.
52:52 Ici, on peut avoir tout ce qu'on veut.
52:53 Dans les États du Nord-Ouest, la nouvelle colonie
53:00 que veulent les ultraconservateurs n'a pas encore gagné.
53:02 Mais pour combien de temps ?
53:05 ♪ ♪ ♪

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