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00:00 Bonjour Sophie Binet. Bonjour.
00:07 Le projet de loi immigration est examiné à partir d'aujourd'hui dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale.
00:12 Est-ce que pour vous c'est un texte nécessaire ?
00:14 Non, ça fait quasiment un projet de loi chaque année depuis 30 ans.
00:19 Donc je ne suis pas sûre qu'on ait besoin chaque année de réformer les droits en matière d'immigration.
00:23 C'est le projet de loi de la honte qui remet en cause les fondamentaux de notre République
00:27 en matière de droit du sol, d'égalité d'accès à la santé, de droit d'asile notamment.
00:32 C'est aussi le projet de loi de l'hypocrisie parce que c'est faire comme si en France
00:36 il n'y avait pas des secteurs entiers qui tournent grâce à l'apport de travailleurs et de travailleuses étrangères.
00:42 On va en parler de ce projet de loi qui veut régulariser les travailleurs sans-papiers dans les métiers en tension.
00:47 Mais juste, les Verts ont déposé une motion pour rejeter le texte dès aujourd'hui.
00:52 Vous appelez toutes les oppositions à voter cette motion pour que le texte ne soit pas examiné ?
00:58 Écoutez, moi je n'ai pas à rentrer dans les détails de la mécanique parlementaire.
01:02 Ce que je peux vous dire, c'est que du point de vue de la CGT et de la quasi-totalité des syndicats et associations
01:07 qui interviennent sur ces questions et qui accompagnent les étrangers,
01:11 ce projet de loi est dangereux parce qu'il stigmatise les étrangers
01:15 et qu'il va donner les pleins pouvoirs aux préfectures avec de nouvelles possibilités d'arbitraire.
01:19 Mais quand vous entendez Gérald Darmanin qui dit "ça va nous permettre d'expulser plus rapidement les étrangers délinquants",
01:25 il fait valoir ce chiffre de 4000 par an d'étrangers délinquants à expulser,
01:30 qui ne sont pas expulsables aujourd'hui, vu le contexte récent, vous ne vous dites pas que c'est une bonne chose ?
01:35 Il y a déjà beaucoup d'expulsions et si c'est expulser des gens qui sont en France depuis qu'ils sont petits,
01:41 eh bien ils sont français et il faut les traiter comme des délinquants comme les autres.
01:45 Je ne vois pas pourquoi il y aurait des choses à géométrie variable en fonction de si ces parents sont étrangers ou pas.
01:50 Quand on est français et qu'on est délinquant, on est traité par la justice française.
01:55 Point. Ce ne sont quand même pas des manières de traiter la délinquance en allant expulser partout dans le monde nos délinquants.
02:01 Et peut-être qu'il serait bon de s'interroger sur ce qui se passe dans les prisons pour la réinsertion
02:06 et pour faire en sorte qu'on ne sorte pas des prisons encore plus délinquants qu'on y est entrés.
02:09 Sophie Binet sur la régularisation des travailleurs sans-papiers dans les métiers en tension.
02:13 La droite parle d'appel d'air. Et pour contrer la critique, l'ancien Premier ministre Edouard Philippe
02:17 propose lui la mise en place de quotas de régularisation. Est-ce que c'est une bonne option ?
02:22 Aujourd'hui l'option que propose la CGT c'est une option de bon sens.
02:25 C'est de dire que dès lors qu'il y a une preuve de travail, on doit pouvoir être régularisé.
02:29 Pourquoi ? Parce qu'aujourd'hui il y a des milliers de personnes qui sont maintenues dans la précarité administrative
02:34 qui n'ont pas accès à des titres de séjour alors qu'elles travaillent.
02:37 Et la conséquence c'est de tirer les droits de l'ensemble des salariés vers le bas.
02:41 Une personne qui travaille qui n'a pas de titre de séjour, c'est une personne à qui l'employeur peut imposer
02:46 des horaires sans limite, peut imposer de travailler au noir, peut imposer des conditions de travail extrêmement pénibles.
02:51 C'est pour ça qu'il faut permettre l'accès à un titre de séjour pour garantir l'égalité des droits entre travailleur et travailleuse.
02:58 Mais ce texte il assouplit un peu quand même les conditions de régularisation des travailleurs dans les métiers en tension.
03:04 Ce n'est pas déjà un premier pas pour vous ?
03:05 Il y a des conditions très strictes parce qu'il faut que ce soit un métier considéré comme étant en tension.
03:11 Ça peut varier très rapidement.
03:13 Et en plus ce que nous disons c'est qu'un travailleur ce n'est pas seulement un agent économique.
03:18 Un travailleur c'est une personne qui a le droit de vivre avec sa famille, qui a le droit de scolariser ses enfants,
03:24 qui a le droit d'avoir un accès à la santé et qui doit pouvoir se projeter sur le moyen long terme.
03:28 Si c'est dépendre d'un métier en tension dont la définition peut changer tous les 2-3 ans,
03:32 ça veut dire que je travaille pendant 3 ans et après je suis expulsée parce qu'on n'a plus besoin de moi.
03:36 Donc ça rajoute de la précarité, c'est ça que vous dites.
03:38 Exactement, ça rajoute de la précarité et les pleins pouvoirs à l'emploi et ailleurs.
03:41 Ce qu'il faut c'est cette mesure de bon sens simple de permettre que dès lors qu'il y ait une preuve de travail,
03:46 on puisse avoir accès à la régularisation.
03:48 Aujourd'hui la loi n'est pas suffisante.
03:50 C'est la raison pour laquelle la CGT a été obligée d'organiser une grande grève de 650 travailleuses et travailleurs sans papier il y a quasiment 2 mois.
03:58 Ils ont grâce à la grève tous obtenu que les employeurs attestent de leur travail en France,
04:04 mais leur dossier est bloqué aujourd'hui sur le bureau de Gérald Darmanin qui n'enclenche pas les procédures de régularisation.
04:11 Donc j'en appelle au ministre de l'Intérieur.
04:13 Vous êtes main dans la main avec certaines entreprises, avec certains chefs d'entreprise sur ce sujet-là en l'occurrence, de la régularisation ?
04:18 Pas forcément parce qu'il y a un certain nombre d'entreprises qui abusent et usent et abusent justement du fait de cette précarité administrative
04:27 parce que ça leur permet de tirer les droits des salariés vers le bas.
04:31 Il y a des secteurs entiers qui fonctionnent uniquement grâce à l'apport de travailleurs et de travailleuses étrangers,
04:36 l'aide à domicile, la restauration, l'hôtellerie, le bâtiment, les livreurs à vélo par exemple.
04:42 On voit bien que ces secteurs sont parmi les plus pénibles et que le fait que ces travailleurs et travailleuses aient très difficilement accès à des papiers,
04:49 ça permet de tirer leurs droits vers le bas.
04:51 Pourquoi est-ce que les livreurs sont les salariés ?
04:53 Mais du coup ce projet de loi ne permet de remédier à cette situation ?
04:56 Pas totalement justement.
04:57 Puisqu'il vise à ce que le salarié lui-même puisse demander une régularisation ?
05:00 En fait pas totalement parce que ça dépend d'une définition stricte des métiers en tension,
05:04 parce que ça ne met pas fin à l'inégalité entre les salariés en CDI ou en intérim.
05:08 Aujourd'hui quand on est en CDI, il faut deux ans de preuve de travail pour avoir accès à une régularisation.
05:13 Quand on est en intérim, c'est cinq ans. Pourquoi ?
05:15 Pareil, il y a une inégalité entre quand on est à temps plein ou à temps partiel.
05:18 Les critères sont trop stricts et encore trop arbitraires.
05:21 Il faut des règles générales pour tous les travailleurs et travailleuses.
05:24 Le député Bruno Le Maire considère qu'on n'atteindra jamais le plein emploi avec notre modèle social actuel.
05:30 Alors pour ça il propose plusieurs pistes.
05:32 D'abord il a dit ici même sur ce plateau, il veut aligner les règles d'indemnisation du chômage des plus de 55 ans
05:37 sur le reste de la population active, c'est-à-dire passer de 27 à 18 mois,
05:43 pour que les entreprises puissent maintenir en emploi, dit-il, leur seigneur.
05:47 Vous l'entendez cet argument ?
05:49 Non, on marche sur la tête.
05:50 On est dans un contexte où le chômage recommence à augmenter.
05:54 Et ce que nous explique le gouvernement, c'est qu'il faut encore faciliter les licenciements.
05:58 Le gouvernement d'ailleurs, par la voix de Bruno Le Maire, va même plus loin que ce que demande le patronat.
06:04 Donc il faut revenir à la rationalité.
06:07 Sur le chômage des seigneurs, il dit Bruno Le Maire, si en gros on durcit les conditions d'indemnisation des seigneurs,
06:16 ça ne sera plus une facilité pour les entreprises de les licencier.
06:20 Non mais dans ces cas-là, il faut des mesures contraignantes contre les entreprises.
06:23 Ça c'est une mesure contraignante contre les seigneurs.
06:26 On se moque du monde.
06:28 D'abord, on a imposé aux gens de travailler deux ans de plus sans s'interroger sur comment est-ce qu'on maintient les seigneurs en emploi.
06:35 Et là maintenant, non seulement on nous impose de travailler deux ans de plus,
06:38 mais en plus on va réduire nos droits à allocation chômage sans avoir contraint les entreprises de conserver les seigneurs,
06:43 alors que les grandes entreprises notamment font un concours de plans de licenciement,
06:47 rupture conventionnelle collective, rupture conventionnelle individuelle,
06:50 pour sortir les seigneurs de leurs effectifs.
06:52 C'est là-dessus qu'il faut travailler.
06:53 Alors on fait quoi ? Parce que le gouvernement a refusé de valider l'accord d'indemnisation du chômage que vous aviez...
06:59 La CGT l'a pas signé mais...
07:01 Les partenaires sociaux, tous ensemble, vous vous êtes mis d'accord sur un accord.
07:05 Et là, bon, il vous a dit "non, on va pas le prendre celui-là puisqu'il est perfectible".
07:09 Et d'ailleurs, on vous demande de réfléchir sur la situation des seigneurs.
07:11 Eh bien, il y a une négociation qui est ouverte sur le sujet, donc il faudrait savoir du côté du gouvernement.
07:16 Soit on nous demande de négocier, soit ils agissent.
07:18 Mais là, on nous demande de négocier, puis ils font le concours lépine des mesures toutes plus lunaires les unes que les autres.
07:23 Et ensuite, dans cette négociation, la CGT va aller avec des propositions concrètes et contraignantes,
07:28 parce que sur l'emploi des seigneurs, il faut arrêter d'avoir des pétitions de principe.
07:32 C'est-à-dire, par exemple, imposer des obligations de formation pour les seigneurs,
07:38 renchérir le coût des licenciements des seigneurs, parce que c'est pas possible qu'on se débarrasse des seigneurs comme de Kleenex,
07:44 faire en sorte de systématiser les dispositifs de pré-retraite et les départs aménagés en retraite,
07:51 mettre en place de vrais dispositifs de reconnaissance de la pénibilité et d'aménagement des postes de travail,
07:57 parce qu'il ne faut pas oublier qu'il y a une majorité de métiers qu'on ne peut plus faire après 55 ans,
08:01 qui sont trop pénibles. Qu'est-ce qu'on fait pour cela ?
08:03 Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, vous êtes l'invité du BIT30/France Info.
08:06 On vous retrouve juste après le Fil Info, 8h41. Maureen Swignard.
08:09 La sortie progressive des énergies fossiles et l'aide financière pour les pays les plus pauvres au cœur des discussions à Dubaï.
08:17 La COP 28 se termine demain. Le chef de l'ONU Climat appelle ce matin les pays à lever les blocages tactiques inutiles.
08:24 Sylvain Maillard estime qu'il n'y aura pas de majorité pour voter la motion de rejet.
08:29 Le président du groupe Renaissance à l'Assemblée nationale le dit sur France Info.
08:32 Une motion de rejet du projet de loi immigration est examinée cet après-midi par les députés.
08:37 Si elle est adoptée, le texte ne sera pas débattu dans l'hémicycle.
08:41 Cela sera d'abord un test dans les établissements scolaires, les départements volontaires.
08:46 Les France Info vous dévoilent ce matin les détails de l'expérimentation de l'uniforme à venir.
08:51 Le kit contiendra deux pantalons, deux pulls et cinq polos par enfant.
08:56 Aucun euro dépensé par les parents pour cet uniforme.
08:59 Une flopée de médailles pour l'équipe de France de natation.
09:02 23 médailles dont sept titres au championnat d'Europe en Petit Bassin.
09:06 À cela, huit mois des Jeux Olympiques de Paris 2024.
09:09 Il y a deux ans, lors des précédents championnats d'Europe Petit Bain, la France n'avait ramené que deux médailles.
09:24 Avec ce matin Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, sur la rupture conventionnelle
09:29 qui permet à un salarié de s'inscrire à Pôle emploi quand il quitte son entreprise
09:33 après un accord avec son employeur.
09:35 Elisabeth Borne dit maintenant que ce dispositif n'incite pas à chercher ou à reprendre un travail
09:40 parce qu'aujourd'hui plus personne ne démissionne.
09:42 Et donc il faut réformer ce système. Est-ce que vous constatez aussi les effets pervers de ce dispositif ?
09:47 En fait, la rupture conventionnelle a été mise en place il y a 15 ans pour contourner les licenciements.
09:51 C'était un moyen de permettre au patron de licencier des salariés
09:55 sans être contraint par le droit du licenciement et par le coût d'un licenciement.
09:59 Donc ce serait une bonne chose de revenir dessus ?
10:01 Eh bien en fait, ce qu'on observe, c'est un renversement de l'histoire.
10:04 Depuis 15 ans, qu'est-ce qui s'est passé ? On a considérablement facilité les licenciements.
10:08 Et donc c'est pour ça que le patronat et le gouvernement estiment que les ruptures conventionnelles ne sont plus nécessaires
10:13 parce que les entreprises peuvent licencier quand elles veulent et comme elles veulent
10:16 sans avoir besoin de la rupture conventionnelle.
10:18 Et donc le problème, c'est qu'encore une fois, c'est les salariés qui vont être les dindons de la farce
10:22 parce que si on met fin aux ruptures conventionnelles,
10:25 quand ça sera à leur initiative et qu'ils et elles voudront partir,
10:28 ils seront contraints de démissionner et donc de partir sans indemnité et sans accès aux allocations chômage.
10:34 Alors que quand on veut quitter son emploi, on a plein de raisons légitimes de vouloir quitter son emploi.
10:39 On n'a pas forcément un nouvel emploi derrière. Il faut avoir le temps de reconstruire un projet professionnel, etc.
10:43 La position de la CGT, c'est suppression de la rupture conventionnelle ?
10:46 Non, la position de la CGT, c'est ce que nous disons depuis 15 ans.
10:49 Il faut encadrer la rupture conventionnelle pour éviter les abus
10:52 parce qu'il y a un certain nombre d'employeurs qui abusent de la rupture conventionnelle.
10:55 Mais ce n'est pas ce que veut faire Elisabeth Borne ?
10:57 Eh bien, je ne sais pas. J'attends de savoir précisément.
10:59 Mais ce que je sais, c'est qu'aujourd'hui, les employeurs n'ont plus besoin de la rupture conventionnelle
11:04 parce qu'ils peuvent licencier très facilement sans risquer de condamnation.
11:07 Et donc aujourd'hui, ce que nous dit le gouvernement et le patronat,
11:10 c'est qu'ils veulent remettre en cause la rupture conventionnelle
11:13 pour remettre en cause les droits des salariés parce que dans un tiers à la moitié des cas,
11:17 la rupture conventionnelle, elle se fait à la demande de salariés qui veulent quitter leur entreprise
11:22 et se consacrer à un nouveau projet professionnel.
11:25 Et donc le problème, c'est que ces salariés, si on met fin à la rupture conventionnelle, on leur dit quoi ?
11:29 C'est pour ça que la position de la CGT, c'est d'encadrer strictement la rupture conventionnelle
11:33 pour empêcher les abus des employeurs.
11:35 Donc par exemple, avoir des définitions de motifs qui permettent d'avoir recours à la rupture conventionnelle,
11:39 renchérir le coût de la rupture conventionnelle pour l'employeur,
11:43 de façon à encadrer le dispositif.
11:45 Et par contre, ce qu'il faut interdire, c'est les ruptures conventionnelles collectives
11:49 qui permettent de contourner les plans sociaux et qui sont particulièrement utilisées
11:54 pour sortir des seniors de l'entreprise.
11:56 - Sophie Binet, l'autre piste pour réduire le chômage.
12:00 Le gouvernement souhaite raccourcir la durée de recours du salarié contre son entreprise
12:03 en cas de licenciement.
12:05 Je vois que vous ossez les sourcils.
12:08 Il passait de 12 mois à 2 mois.
12:11 Il a raison, c'est suffisant, 2 mois de réflexion pour se retourner contre son entreprise
12:14 quand on est licencié ?
12:15 - Non, c'est honteux.
12:16 En fait, cette question-là, c'est l'arlesienne.
12:18 Ce qu'il faut rappeler, c'est qu'il y a 10 ans, les délais de recours, c'était 30 ans.
12:22 Quand il y avait un licenciement abusif, on avait 30 ans pour aller au prud'homme,
12:25 se retourner contre son employeur.
12:27 Aujourd'hui, c'est 1 an.
12:30 Et on nous parle de le mettre à 2 mois.
12:32 En 2 mois, c'est impossible de faire un dossier juridique
12:35 et d'aller au prud'homme pour faire respecter ses droits.
12:37 Qu'est-ce qui s'est passé ?
12:38 - On parle d'enclencher la procédure.
12:41 Est-ce que 2 mois, ce n'est pas suffisant pour se dire peut-être que j'ai besoin de faire un recours ?
12:44 - Non, pas du tout.
12:46 Parce que quand on est licencié, c'est très violent.
12:49 On a beaucoup de choses à mettre en place pour atterrir au niveau de soi-même et de sa famille.
12:53 Et donc, se demander si on va faire une procédure contre son employeur ou pas, ça fait ça en plus.
12:57 Il faut trouver un avocat, il faut monter le dossier, etc.
12:59 Et donc, le résultat de cette réduction des délais, je le disais depuis 10 ans,
13:03 on est passé de 30 ans de délai à 1 an aujourd'hui,
13:05 c'est que le nombre de procédures au prud'homme a chuté.
13:08 Et en fait, aujourd'hui, le problème, c'est que les employeurs licencient quand ils veulent,
13:12 comme ils veulent, et que les salariés n'ont plus les moyens de faire respecter leurs droits.
13:16 C'est là-dessus que devrait travailler le gouvernement,
13:18 pour empêcher les licenciements abusifs qui sont légions aujourd'hui.
13:22 Ou aujourd'hui, notamment par exemple, les cadres ont énormément de licenciements pour faute.
13:28 Et c'est une façon de se débarrasser des cadres avec lesquels on n'est pas d'accord dans l'entreprise,
13:32 par exemple, et de limiter leur liberté d'expression.
13:34 - Sophie Binet, dans ce dossier de l'emploi, le groupe de distribution Casino est en très grande difficulté,
13:41 il cherche un repreneur, vous avez fait part de votre inquiétude d'une vente à la découpe.
13:46 Il y aura forcément pour vous de la casse sociale ?
13:48 - Tout dépend de l'intervention du gouvernement.
13:51 À ce stade, si on laisse faire, oui, ça s'annonce comme une casse sociale sans précédent.
13:55 - Mais qu'est-ce qu'il peut faire le gouvernement ?
13:57 - Le gouvernement peut peser déjà sur les repreneurs, imposer des conditions.
14:01 - C'est une entreprise privée.
14:03 - Oui, sauf que le gouvernement octroie énormément d'aides publiques.
14:05 Casino a eu énormément d'aides publiques.
14:07 Si on nous avait permis d'avoir un droit suspensif sur les aides publiques,
14:10 on aurait pu alerter depuis des années sur les montages juridiques et financiers opaques
14:15 qui étaient organisés par la direction de Casino et qui étaient dangereux,
14:18 sur lesquels on alertait, on n'était pas entendu.
14:20 Si on avait pu suspendre les aides publiques, ça aurait été un levier préventif.
14:24 Donc le gouvernement l'a dit, de toute manière, les dossiers sont sur sa table.
14:28 Et donc il faut imposer qu'il n'y ait pas de démantèlement du groupe.
14:32 Aujourd'hui, c'est le démantèlement du groupe qui est à l'ordre du jour.
14:35 Si Casino cède, comme il l'a annoncé, 400 hypermarchés,
14:39 évidemment que derrière, les entrepôts et le siège vont être surdimensionnés
14:43 et qu'il y aura de la casse sociale à ce niveau-là.
14:45 - Mais c'est quoi la solution du point de vue des repreneurs ?
14:48 Est-ce qu'il vaut mieux pas un repreneur qui, malheureusement, va procéder à une vente à la découpe
14:52 ou alors ne pas avoir de repreneur du tout ?
14:54 Et alors dans ces cas-là, ce sont tous les salariés qui sont à la rue.
14:57 - On peut travailler justement pour avoir un autre repreneur qui reprenne l'ensemble de Casino,
15:02 c'est-à-dire les entrepôts, le siège et les hypermarchés.
15:05 Mais si on découpe, de toute manière, ça sera une fausse solution parce que...
15:10 De façade. Dans six mois, il y aura forcément de la casse sociale sur les entrepôts et le siège.
15:15 Et puis sur le transfert des hypermarchés, hypothétique,
15:18 nous on est très vigilants sur le maintien des droits sociaux.
15:20 Parce qu'en général, ça se fait en tirant les droits sociaux des salariés vers le bas
15:24 et puis avec, derrière, à moyen terme, des licenciements.
15:27 - Sophie Binet, vous dites "le siège". En fait, il y a trois sièges dans ce groupe.
15:30 Il y en a un à Saint-Etienne, l'autre à Vitry-sur-Seine, le troisième à Clichy-Lanleu-de-Seine.
15:33 Est-ce que vous craignez que l'un ou l'autre disparaisse ?
15:36 - Oui, tout à fait. Encore une fois, si le Casino est découpé avec une cession de 400 hypermarchés,
15:43 c'est pas possible de garder ces trois sièges avec autant de salariés
15:47 et dans les sièges et dans les entrepôts.
15:49 Il y aura un déséquilibre du groupe qui ne pourra pas tenir dans la durée.
15:55 C'est pour ça que les salariés, l'intersyndical tire la sonnette d'alarme.
15:59 - C'est quoi votre levier d'action à vous ?
16:01 - Notre levier d'action, d'abord, c'est d'être autour de la table.
16:03 Parce que pour l'instant, on est seulement sur un strapontin, on n'a pas accès aux dossiers.
16:06 Nous voulons avoir accès à toutes les informations.
16:08 Nous voulons que notre point de vue soit pris en compte.
16:10 Nous avons nos experts. On a déclenché un droit d'alerte économique
16:14 pour avoir accès à toutes les informations.
16:16 Et nous voulons que nos options soient prises en compte.
16:19 - Sophie Binet, on voulait vous faire réagir sur une nouvelle proposition de Carrefour.
16:24 Les magasins Carrefour proposent à ses clients de payer une assurance anti-inflation
16:28 pour 3 à 4 euros par mois.
16:30 Ils pourront bénéficier de bons d'achat de 75 à 150 euros par mois
16:36 s'ils se retrouvent au chômage ou s'ils ont un accident de la vie.
16:40 Quel regard vous portez sur cette initiative ?
16:43 - Ces initiatives des hypermarchés, on voit qu'ils sont dans une concurrence pour capter du public.
16:48 C'est pour ça qu'il y a beaucoup d'actions de communication.
16:50 Mais ça montre qu'il y a un vrai problème.
16:52 C'est la première fois depuis 50 ans que les salaires baissent en France
16:57 et que les revenus s'effondrent.
16:59 Le deuxième problème, c'est qu'aujourd'hui, c'est 60% des inscrits à Pôle emploi
17:03 qui ne sont pas indemnisés.
17:05 Quand on est chômeur, ce n'est pas vrai.
17:07 Tout ce qu'on entend de stigmatisation des privés d'emploi
17:10 en faisant comme s'ils se roulaient les pouces à rien faire, ce n'est pas vrai.
17:12 Il y a des chutes de revenus.
17:13 Et il y a 60% des chômeurs qui ne sont pas indemnisés.
17:16 Et donc, ils ne peuvent pas boucler leur fin de mois.
17:18 Donc, effectivement, c'est pour ça qu'il y a ce type d'initiative.
17:21 Et après, moi, ce que j'ai envie de dire à Carrefour,
17:24 c'est qu'on aimerait bien qu'ils s'occupent aussi de leurs salariés.
17:26 Depuis 10 ans, il y a plus de 20 000 salariés de Carrefour
17:30 qui ont été transférés à des franchisés avec une baisse de leur droit,
17:34 une dégradation de leurs conditions de travail, une dégradation de l'emploi
17:37 et des optimisations sociales et fiscales pour Carrefour.
17:41 Donc, c'est un scandale que la CGT a révélé,
17:44 sachant que dans le même temps, Carrefour bénéficie d'énormément d'aides publiques.
17:47 Donc, il faut être exemplaire.
17:49 Sophie Binet, la secrétaire générale de la CGT, vous êtes avec nous jusqu'à 9h.
17:52 On vous retrouve juste après le Fil info.
17:54 8h51, Maureen Suignard.
17:56 La guerre va se poursuivre pour éliminer le Hamas.
18:00 Promesse réitérée de Benyamin Netanyahou après les attaques du 7 octobre.
18:04 Le Premier ministre israélien demande aux combattants palestiniens de se rendre.
18:08 Ce matin, le croissant rouge palestinien fait état de raids violents autour de l'hôpital Al-Amal,
18:13 près de Ranyounès, dans le sud de la bande de Gaza.
18:16 Sur France Info ce matin, la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet,
18:20 dénonce un projet de loi de la honte.
18:22 Sophie Binet qui évoque le texte immigration du gouvernement
18:25 qui doit être examiné par les députés aujourd'hui.
18:28 Les élus se prononcent d'abord sur une motion de rejet qui pourrait annuler les débats.
18:33 Des perturbations sur les routes de plusieurs villes ce matin.
18:36 Lille, Avignon, Bayonne ou encore Bordeaux.
18:38 Les chauffeurs de taxi s'opposent à une mesure du gouvernement.
18:41 Elle prévoit d'encourager le covoiturage pour les transports de patients malades.
18:45 Si ces derniers refusent, ils seront moins remboursés.
18:48 7 départements sont en vigilance orange.
18:50 La Gironde, les Deux-Sèvres, la Dordogne et la Corrèze pour des risques de crues.
18:54 La Haute-Savoie, la Savoie-Élysée pour plus d'inondations.
18:58 France Info.
19:00 Le 8/30 France Info. Jérôme Chapuis, Salia Brakia.
19:04 Deux jours avec Sophie Binet, la secrétaire générale de la CGT.
19:06 La commune de Mazamé dans le Tarn a décidé qu'en cas de forte affluence dans ses cantines scolaires,
19:12 les enfants dont au moins un des deux parents travaille seront prioritaires.
19:17 Les adultes au chômage eux sont invités à récupérer leurs enfants sur l'heure du déjeuner.
19:23 Ce n'est pas une discrimination, c'est juste une mesure de précaution.
19:26 La discrimination c'est juste une priorité qu'on assume, dit le maire d'Yverdroite Olivier Fabre.
19:31 Est-ce que vous le comprenez ?
19:33 Non, je crois que le problème c'est qu'il n'y a pas de place à la cantine pour tout le monde.
19:36 Quand on est privé d'emploi, on a besoin d'avoir du temps pour chercher un emploi.
19:40 On ne peut pas dans le même temps dire qu'il faut que les chômeurs aient des démarches actives de recherche d'emploi
19:44 et les forcer à rester à la maison tous les midis pour assurer la cantine de leurs enfants.
19:49 Ce qui d'ailleurs va reposer principalement sur les femmes qui vont encore une fois être enfermées au foyer.
19:54 C'est grave d'avoir des mesures discriminantes et stigmatisantes pour les chômeurs
19:58 en faisant comme si encore une fois ils passaient leur journée à se rouler les pouces à la maison.
20:01 Lui, il fait face à l'inflation. Le maire d'Yverdroite de Mazamé, il dit
20:04 "Avec l'inflation, je ne peux pas assurer non plus la cantine pour tous les enfants en cas de forte influence".
20:11 Du coup, il faut avoir des priorités.
20:13 Le problème c'est que le budget des communes s'effondre
20:16 parce que l'État ne compense plus à la bonne hauteur les frais des communes.
20:20 C'est là-dessus qu'il faut agir.
20:21 Et là, en revenir au partage de la pénurie entre les élèves et les familles, c'est grave.
20:26 Et donc pour moi, le problème, c'est que dans le même temps, le budget des communes s'effondre
20:31 et le gouvernement persiste et signe en baissant la fiscalité qui va alimenter les collectivités.
20:37 Notamment la taxation des entreprises, en fait, qui va baisser sur 2023 et sur 2024.
20:44 Et ça fait plusieurs milliards de baisses de ressources pour les collectivités.
20:47 Il est là le problème et ça serait un levier pour augmenter le budget des collectivités.
20:52 Sophie Binet, on est à dix jours des vacances scolaires.
20:55 La menace de grève pendant les fêtes a été écartée à la SNCF.
20:59 Est-ce que vous garantissez qu'il n'y aura pas non plus de grève pour les Jeux olympiques, à la SNCF, à la RATP ?
21:05 C'est les salariés qui débattent et qui décident ensemble de se mettre en grève ou pas.
21:11 Ce n'est pas moi qui vais garantir quoi que ce soit.
21:13 Ce qui est sûr, c'est que le meilleur moyen d'éviter des grèves, c'est que les revendications soient entendues avant.
21:17 Ça ne fait plaisir à personne de faire grève.
21:19 Par contre, si les revendications ne sont pas entendues, évidemment que les salariés se mettent en grève.
21:24 Les questions de pouvoir d'achat, par exemple, à la SNCF, à la RATP, vous considérez qu'elles sont aujourd'hui réglées ?
21:31 Non, parce que dans ces deux entreprises publiques, notamment à la SNCF, les salaires étaient déjà relativement faibles.
21:39 Et en plus, ils n'ont pas suivi l'inflation. Donc, il va falloir qu'il y ait des rendez-vous salariaux pour que le pouvoir d'achat des agents soit maintenu.
21:47 Je vous repose la question parce que les rendez-vous salariaux, on parle des Jeux olympiques.
21:53 On imagine mal qu'il puisse y avoir une grève pendant les Jeux olympiques.
21:58 Et en même temps, on se dit que la tentation pour un syndicat comme la CGT ou comme d'autres syndicats peut être grande d'utiliser ce type d'événement comme un levier dans le rapport de force.
22:07 La CGT, elle est impliquée dans le comité d'organisation des Jeux olympiques.
22:11 Elle s'est battue pour qu'il y ait une charte sociale pour encadrer le fonctionnement des Jeux olympiques.
22:16 C'est d'ailleurs une première au plan international.
22:18 Donc, la CGT, elle ne va certainement pas s'amuser à gâcher la fête pour des millions de Françaises et des Français.
22:23 Par contre, la CGT, elle entend que tous les salariés qui sont concernés par les Jeux olympiques,
22:28 leurs droits soient respectés et qu'il y ait des conditions claires en matière d'organisation et de droit du travail.
22:33 Et si ces conditions ne sont pas au rendez-vous, oui, il pourrait y avoir des grèves.
22:37 Je ne vais pas vous dire là qu'on empêchera qu'il y ait des grèves pendant les JO si les revendications des travailleurs et des travailleuses ne sont pas entendues.
22:44 Par contre, on ne va pas s'amuser à gâcher la fête des Françaises et des Français pour le plaisir de le faire.
22:51 C'est pour faire entendre des revendications qui doivent être prises en compte.
22:55 Ce qui nous inquiète aujourd'hui, c'est les investissements dans le ferroviaire qui ne sont pas au rendez-vous
22:59 et qui font que nos infrastructures sont vieillissantes avec un certain nombre d'incidents qui sont très prévisibles
23:05 et qui continuent à se produire parce qu'on n'investit pas sur l'entretien de notre infrastructure ferroviaire.
23:10 C'est ça que doit faire le gouvernement aujourd'hui.
23:12 Vous avez fait franc commun avec les autres syndicats.
23:15 Sophie Binet sur la question des retraites, on en est où aujourd'hui dans l'intersyndical ?
23:19 Eh bien, on continue à se voir parce que nous pensons qu'il faut maintenir des relations unitaires de haut niveau.
23:26 Nous serons d'ailleurs demain ensemble en manifestation à Bruxelles avec plus de 3000 militantes et militants français
23:33 et puis avec l'ensemble des syndicats européens pour dénoncer le risque de retour des règles d'austérité au plan européen.
23:42 C'est très important ce qui se passe à Bruxelles actuellement.
23:44 En fait, il y a une négociation entre tous les chefs d'État sur le pacte de stabilité,
23:48 donc la fameuse règle des 3% qui a été suspendue depuis le Covid et là que Bruxelles menace de remettre en place.
23:55 Si cette règle était remise en place, ça voudrait dire dès 2024, -13 milliards de dépenses en France,
24:01 alors que nos hôpitaux sont déjà complètement asphyxiés par exemple.
24:04 Donc l'intersyndical, c'est pas terminé, c'est devenu une intersyndical permanente ?
24:07 Non, justement, c'est que effectivement, il n'y a pas d'intersyndical permanente.
24:11 L'intersyndical, c'était un outil pendant la mobilisation contre la réforme des retraites.
24:17 On se voyait plusieurs fois par semaine, on s'appelait tous les jours, etc.
24:20 On n'est évidemment plus dans ce moment-là.
24:22 Par contre, nous avons souhaité conserver des relations unitaires de haut niveau,
24:27 donc avec cette manifestation de demain, avec des rendez-vous réguliers, on va se revoir début 2024.
24:33 Et puis on a d'ores et déjà décidé de préparer ensemble le 8 mars par exemple.
24:36 Donc on ne reviendra pas à la situation avant la réforme des retraites,
24:39 parce que nous ne voulons pas offrir au gouvernement et aux patronats ce cadeau de la division syndicale.
24:46 Nous savons que nous sommes dans un contexte où les droits des travailleuses et travailleurs sont remis en cause de façon inédite.
24:52 Des salaires qui baissent, des usines qui ferment.
24:54 Ils ont besoin de l'unité syndicale et nous allons continuer à faire vivre cette unité.
25:00 Merci Sophie Binet, vous étiez l'invité de France Info ce matin, secrétaire générale de la CGT.