SMART IMPACT - Transformer le CO2 en fibre synthétique

  • l’année dernière
Créer du textile à partir d'émissions de CO2 ?
En utilisant le CO2 émis par les usines, Fairbrics crée des fibres de polyester, transformées ensuite en textile. Cette innovation pourra révolutionner le secteur de la mode, une industrie plus polluante que l'ensemble des vols internationaux et des transports maritimes réunis.
Transcript
00:00 (Générique)
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00:05 -Smartalize, la bonne idée du jour.
00:08 Elle est signée Taufik Nasrallah.
00:10 Bienvenue. Vous êtes le cofondateur avec Benoît Ailly
00:13 et le directeur technique de Fairbricks,
00:16 histoire d'ingénieur chimiste.
00:18 C'est ça ?
00:19 C'est quoi l'idée de départ ?
00:21 -L'idée de départ est simple.
00:23 Aujourd'hui, une grande partie des produits qu'on a de consommation,
00:27 qui sont faits à partir de plastique, proviennent de ressources fossiles.
00:30 Elles sont utilisées comme ressources énergétiques
00:33 et comme une source de carbone.
00:35 L'idée, c'était de se dire que cette ressource fossile
00:39 ne peut plus être utilisée comme une source de carbone,
00:42 mais comme une source de carbone alternative.
00:45 Une de ces sources, le CO2, pose de nombreux problèmes environnementaux.
00:49 L'idée, c'était de se dire
00:51 si on pouvait fabriquer ces mêmes matériaux à partir du CO2.
00:55 -Vous récupérez du CO2 pour en faire quoi et surtout comment ?
00:59 -C'est très simple.
01:00 Je vais vous donner un exemple.
01:02 Un tee-shirt est fait en polyester.
01:04 Avant, il y avait un polymère.
01:06 Il est fabriqué à partir de 2 molécules,
01:09 notamment dans le cadre du PET.
01:11 Ces 2 molécules sont fabriquées à partir de ressources fossiles.
01:15 On va fabriquer ces mêmes molécules à partir du CO2.
01:18 On va fabriquer des molécules chimiques
01:20 qui sont à la base des matériaux qu'on connaît tous.
01:23 -J'imagine pas mal de brevets,
01:25 combien d'années de travail
01:27 pour en arriver à prouver le concept, à dire que ça marche ?
01:31 -Ca fait 5 ans qu'on travaille dessus de manière très intensive.
01:34 On a monté un laboratoire aujourd'hui
01:37 qu'on a sur le plateau de Saclay,
01:39 dans lequel on est environ 18 chercheurs
01:43 qui cherchent tous les jours à optimiser notre procédé.
01:46 On a déposé de nombreux brevets, fait de nombreuses preuves de concepts
01:50 pour montrer que ce n'est pas de la magie, c'est de la science.
01:54 On a fait avec des partenaires historiques de Fabrics,
01:57 par exemple H&M, on a travaillé avec On Running,
02:00 et aussi avec Aigle,
02:01 pour lesquels on a fait une paire de chaussures pour On Running
02:04 et 2 T-shirts pour les autres.
02:06 -Donc vous avez déjà des partenaires,
02:09 on va dire, pour les débouchés,
02:11 des marques qui sont prêtes à vous acheter des vêtements ou des chaussures.
02:16 De l'autre côté de la chaîne,
02:17 il y a les énergéticiens,
02:19 il y a ceux qui polluent, qui produisent beaucoup de CO2, c'est ça ?
02:23 -C'est une bonne question.
02:25 Notre idée, c'est d'aller chercher le CO2 là où il est le plus concentré.
02:29 Aujourd'hui, là où il est le plus concentré,
02:31 c'est dans les émissions des usines qui produisent énormément de CO2.
02:35 L'idée, c'est d'aller là-bas, prendre le CO2 très concentré
02:38 et d'aller le récupérer pour en faire un matériau innovant.
02:42 C'est un avantage aussi pour l'émetteur
02:44 qui peut se voir "débarrassé" de son émission de carbone.
02:48 -Le polyester, c'est une matière première très utilisée
02:51 par le monde du vêtement ?
02:53 -Extrêmement utilisée.
02:54 Aujourd'hui, ça représente plus de 50 %
02:57 de l'ensemble des matériaux utilisés par l'industrie du textile.
03:00 -50 % des vêtements qu'on porte, il y a forcément du polyester dedans ?
03:04 -Soit du polyester pur ou du polyester mélangé avec le coton.
03:08 -Ca veut dire que dans la décarbonation du secteur du vêtement,
03:12 la solution technique que vous proposez, elle est majeure ?
03:17 -Elle est cruciale.
03:18 -On l'appelle un "game changer" ?
03:20 -En fait, c'est un "game changer" en l'additionnant avec d'autres choses,
03:23 comme l'optimisation des "supplations".
03:26 Mais aujourd'hui, il n'y avait pas de manière d'obtenir ce matériau
03:30 de manière plus verte et avec un impact carbone plus faible.
03:34 Nous, on propose de fabriquer ce même matériau
03:37 avec un emprunt de carbone plus faible.
03:39 -Pour bien comprendre,
03:40 est-ce que ça veut dire que dans l'usine qui produit ce CO2,
03:44 ce CO2 ne va pas s'échapper ?
03:47 Je ne suis pas certificat, donc je dis ça avec mes mots.
03:49 -C'est un peu l'idée.
03:51 On va récupérer ces émissions, ces fumées industrielles,
03:55 qui vont passer par un purificateur.
03:57 On va purifier le gaz, car généralement, c'est pas du CO2 pur.
04:00 Il peut y avoir du CO2, du moxyde de carbone, de l'hydrogène, de l'azote.
04:05 Ensuite, on va essayer de purifier ce CO2
04:07 jusqu'à atteindre un taux de pureté suffisant
04:09 pour pouvoir le connecter directement à nos procédés.
04:12 -Il y a eu plusieurs levées de fonds depuis la création de Fairbricks.
04:16 Quel est votre calendrier pour rentrer en phase industrielle ?
04:20 -On a fait une levée de fonds l'an dernier d'environ 6 millions d'euros
04:24 avec des fonds d'investissement
04:26 qui nous ont permis de construire notre nouveau labo,
04:29 de monter en échelle notre procédé.
04:31 On a remporté un appel au projet européen
04:34 de 17 millions d'euros de subventions,
04:37 qui va nous permettre de monter en échelle
04:40 jusqu'à la création d'une usine pilote,
04:42 puis ensuite d'une usine de démonstration,
04:45 qui va pouvoir à ce moment-là
04:47 montrer l'avantage technologique de notre stratégie,
04:49 d'un point de vue économique et environnemental.
04:52 -Merci beaucoup d'être venu nous présenter Fairbricks.
04:55 Merci, Tophik Nasrallah.
04:57 Je vous dis à bientôt sur Bsmart.
05:01 Voilà, c'est la fin de ce numéro de Smart Impact.
05:04 Merci à toutes et à tous de votre fidélité.
05:07 Restez sur Bsmart, la chaîne des audacieuses et des audacieux.
05:10 On a encore beaucoup de belles histoires comme celle-ci à vous raconter.
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