SMART BOURSE - Emission du mardi 12 décembre

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Mardi 12 décembre 2023, SMART BOURSE reçoit Benoit Vesco (Président, Delubac Asset Management) , Roni Michaly (Président Directeur Général, Galilée AM) , Nourane Charraire (Directeur de la gestion, Mansartis) et Hervé Goulletquer (Senior Economic Advisor, Accuracy)

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00:00 Bienvenue dans Smart Bourse, votre émission quotidienne sur Bsmart pour rester à l'écoute
00:11 des marchés chaque jour du lundi au vendredi à 17h pour la grande édition si vous nous
00:16 suivez en direct.
00:17 A retrouver bien sûr chaque soir en replay sur bsmart.fr ou encore en podcast sur l'ensemble
00:22 de vos plateformes préférées.
00:23 Au sommaire de cette édition ce soir, jour de publication du rapport mensuel sur l'inflation
00:29 aux Etats-Unis.
00:30 Alors que la réserve fédérale américaine a entamé sa réunion de politique monétaire
00:35 de deux jours, la décision est attendue demain soir pour la Fed, l'inflation est venue nourrir
00:40 encore un peu plus l'idée que nous sommes, les Etats-Unis en tout cas, sont sur la bonne
00:46 trajectoire pour à un certain stade revoir une inflation normalisée à 2, quelque chose,
00:52 une stabilité des prix que les marchés estiment peut-être d'ailleurs pour 2024.
00:57 Les chiffres globaux d'inflation montrent assez peu de changements d'un mois sur l'autre
01:01 mais dans le détail, les analystes et les économistes estiment que l'inflation est
01:06 bien toujours sur une trajectoire baissière aux Etats-Unis.
01:09 Le chiffre global du mois de novembre pour l'inflation américaine est ressorti à 3,1%
01:14 après 3,2% au mois d'octobre, chiffre sur un an, vous aurez les détails plus précis
01:20 encore dans un instant avec Côme Dubois.
01:22 Du côté des marchés, on a pris acte effectivement de ce rapport sur l'inflation aux Etats-Unis
01:27 qui ressort en ligne avec les attentes, assez peu de mouvements particuliers à signaler.
01:31 On peut quand même regarder les cours du pétrole qui sont repartis violemment à la
01:34 baisse il y a un peu plus de deux heures maintenant, une baisse de 3% et plus pour le baril WTI
01:40 et le baril de Brent.
01:41 Le WTI américain est bien sous les 70 dollars désormais, on l'a même vu à moins de 69
01:45 dollars.
01:46 Et du côté des marchés actions, c'est un jour symbolique pour le CAC 40 qui aura battu
01:51 de quelques points, dixième de point son précédent record historique qui avait été
01:56 atteint en avril dernier à plus de 7 582 points désormais.
02:01 Voilà donc pour le paysage du moment sur les marchés.
02:04 Discussion à suivre avec nos invités avec évidemment en ligne de mire les scénarios
02:09 et les stratégies d'investissement pour 2024.
02:11 Et puis dans le dernier quart d'heure de Smart Bourse, nous dresserons le palmarès
02:15 des grandes thématiques d'investissement au terme, quasi terme de cette année 2023
02:20 avec les outils d'analyse de Galilée Asset Management et c'est son président René
02:25 Chali qui sera avec nous en plateau à partir de 17h45.
02:28 Tendance mon ami, chaque soir en ouverture de Smart Bourse, les infos clés du jour sur
02:42 les marchés avec Comme du Bois.
02:44 Séance particulière pour le CAC 40 aujourd'hui qui a fait tomber d'un point son record
02:49 historique d'avril dernier pour l'établir désormais à 7 582 points.
02:55 Les gains du CAC 40 se sont peu à peu effacés au cours de la séance après la publication
03:00 des chiffres de l'inflation américaine.
03:02 En novembre, l'inflation globale ressort conforme aux attentes à 3,1% sur un an, après
03:09 3,2% sur un an en octobre.
03:12 Dans sa version cœur, l'inflation américaine reste à 4% sur un an en novembre.
03:17 En ligne avec les anticipations du consensus, c'est inchangé par rapport à octobre.
03:22 Ces données sont les derniers indicateurs majeurs publiés avant la décision de politique
03:27 monétaire de la Fed de demain.
03:29 On notera que le 10 ans américain après être tombé à 4,15% est rapidement remonté
03:35 autour des 4,25%.
03:37 Du côté des valeurs, Vendel progresse aujourd'hui.
03:40 Son titre gagne autour de 2% au cours de la séance.
03:44 Après que le groupe ait annoncé hier soir vouloir augmenter son dividende en 2024.
03:49 De son côté, ArcelorMittal progresse aujourd'hui.
03:52 Il se positionne en tête du CAC 40.
03:54 Son titre gagne jusqu'à près de 1% au cours de la séance.
03:58 Après que JP Morgan ait relevé son conseil sur la valeur, Deutre a surpondéré.
04:04 De leur côté, Thales et Alstom reculent de près de 1% au cours de la séance.
04:09 Après la dégradation des recommandations d'achat sur leur titre par Citi et Morgan
04:14 Stanley.
04:15 Demain, en plus de la très attendue décision de politique monétaire de la Fed, les investisseurs
04:19 prendront connaissance de l'indice des prix à la production de novembre aux Etats-Unis
04:25 ainsi que des chiffres de la production industrielle d'octobre en zone euro et au Royaume-Uni.
04:30 Tendance mon ami, chaque soir, les infos clés du jour sur les marchés avec Comme Du Bois
04:35 dans Smartboard sur Bsmart.
04:36 3 invités avec nous chaque soir pour décrypter les mouvements de la planète marché.
04:50 Nourane Charère est à nos côtés, directeur de la gestion de Monsartis.
04:53 Bonsoir Nourane.
04:54 Bonsoir Grégoire.
04:55 Merci d'être là.
04:56 Merci à Hervé Goulettequer d'être avec nous également.
04:57 Bonsoir Hervé.
04:58 Bonsoir Guillaume.
04:59 Vous êtes senior economic advisor chez Accuracy et Benoît Vesco est à nos côtés enfin.
05:04 Bonsoir Benoît.
05:05 Bonsoir Grégoire.
05:06 Ravi de vous retrouver.
05:07 Vous êtes président de Delubac Asset Management.
05:09 Le chiffre macro du jour, Hervé, je me tende vers vous.
05:12 Le dernier rapport mensuel sur l'inflation aux Etats-Unis.
05:15 J'ai derrière les chiffres globaux qui donnent l'idée qu'on a peut-être un peu calé sur
05:19 le phénomène des inflations.
05:21 Beaucoup d'analystes ou d'économistes qui regardent les détails nous disent qu'on
05:25 reste quand même sur une bonne trajectoire, c'est-à-dire une trajectoire baissière qui
05:29 pourra coïncider à un moment avec un retour à une inflation normalisée à 2, quelque
05:35 chose aux Etats-Unis au cours de l'année 2024.
05:38 La trajectoire baissière qu'on regarde derrière, il n'y a aucun doute, on l'a.
05:42 En regardant devant, si on extrapole, on a envie de dire qu'il y a une trajectoire qui
05:47 reste baissière, mais ça tient un peu de l'extrapolation.
05:51 Moi je pense qu'en regardant devant, si on veut être honnête, on fait le pari que ça
05:58 va continuer de ralentir, mais à quel rythme et surtout jusqu'à quel niveau, ça en fait
06:04 personne n'en sait rien.
06:05 Dans les choses à suivre, la bizarrerie qu'on a dans les prix, mais ça vaut du côté américain,
06:12 ça vaut du côté européen, c'est que si... alors on enlève énergie, aliments, pourtant
06:19 ce sont de vraies questions, mais enlevons-les pour faire simple.
06:22 Du côté des marchandises, eh bien on est revenu sur la tendance d'avant 2019, zéro.
06:28 Très simple.
06:29 Par contre du côté des services, aux Etats-Unis on doit être à 6 à peu près, et on a beaucoup
06:34 beaucoup de mal à ralentir.
06:36 Donc en fait, rien qu'en faisant ce constat-là, on en arrive à la conclusion que ça n'a
06:41 pas l'air vraiment de marcher comme avant, ce qui fait que sur nos questions de rythme
06:46 de ralentissement, de plancher, on se dit faisons attention.
06:50 Et puis la vraie question de fond derrière, c'est que vont devenir les coûts salariaux
06:55 par unité produite, donc l'évolution des salaires, moins l'évolution de la productivité.
07:00 Alors aux Etats-Unis, sur la productivité, les derniers chiffres sont plutôt bons, et
07:05 donc c'est rassurant.
07:06 Ils sont même tellement bons qu'on se dit qu'ils ne sont pas extrapolables.
07:09 Je crois qu'on a dû faire au troisième trimestre du 6% en rythme annuel.
07:14 J'ai vu je crois 5,2% peut-être pour la croissance de la productivité, non-farm productivity
07:20 au Q3, qui est un chiffre qui a été révisé à la hausse encore.
07:24 C'est trop beau pour être honnête, pour dire le vrai.
07:26 Mais donc il y a une question sur la productivité.
07:28 Elle avait beaucoup baissé, elle corrige.
07:31 Quelle est la tendance demain en Ancien Rien ? Et sur les salaires, alors ça ralentit
07:36 un peu, mais ça reste tout de même significativement plus haut qu'avant, c'est-à-dire qu'avant
07:41 toutes les crises qu'on a eues.
07:42 Et on a envie de se dire il y a de bonnes raisons pour que ça soit plus haut, même
07:45 si le plus haut de combien, on ne sait pas le dire vraiment.
07:49 Donc il me semble que si on met tout ça bout à bout, il y a quand même beaucoup d'incertitudes,
07:54 beaucoup d'incertitudes.
07:56 Et en fait la question c'est que, imaginons qu'on ralentisse, mais que finalement, là
08:01 les noyaux durs aux Etats-Unis sont à 4, qu'on stabilise à 3.
08:05 Mais 3 ce n'est pas 2.
08:07 Et dans ce cas-là, la question à se poser, au-delà de l'inflation, c'est que si il
08:11 y a ce 3 qui est aussi collant que le sparadrap du capitaine Dock, qu'est-ce qu'on fait ?
08:16 Qu'est-ce que la Fed fait ? Qu'est-ce que la BCE fait ?
08:19 Aujourd'hui on dit tout ça se normalise, mais en fait c'est une réponse un peu courte
08:24 à une question qui hélas reste une question essentielle, mais dont les éléments de réponse
08:30 aujourd'hui sont encore fragiles.
08:31 Oui, on trouve dans le détail du rapport, chacun y trouve son compte.
08:35 Ceux qui effectivement font le pari que ça va continuer de baisser et rejoindre les 2%,
08:39 et ceux qui estiment qu'il y a peut-être des facteurs de rebond ou de stickiness encore
08:43 dans cette inflation, la plus cœur possible d'ailleurs aux Etats-Unis.
08:48 Qu'est-ce que ce rapport-là implique pour la communication de la Fed demain soir ?
08:52 Je pense que du côté de la Fed, en fait, ce n'est pas une question de fond.
08:58 Sur le fond, ils ne veulent pas bouger aujourd'hui parce qu'ils ont beaucoup bougé et qu'ils
09:03 sont dans la même incertitude que nous sur ce qui va se passer demain.
09:07 En fait, c'est une question de communication et de crédibilité.
09:11 On voit bien quelles sont les anticipations du marché aujourd'hui.
09:17 Le plafond des taux directeurs est atteint, ça va baisser très vite.
09:22 En fait, ils sont obligés de se ranger sur cette trajectoire pour accompagner le marché.
09:28 Mais ce qu'ils veulent faire dans l'accompagnement, c'est le freiner.
09:31 Et donc, toute leur communication va être de dire "oui, c'est vrai, mais nous sommes
09:37 sans doute avec un ralentissement pérenne de l'inflation, c'est une excellente nouvelle
09:42 et c'est pour ça d'ailleurs que nous ne bougeons plus.
09:44 Néanmoins, demain, ce n'est pas très précis".
09:46 Bref, je vous ai compris marché, ce n'est pas pour ça que je vais aller aussi vite
09:51 que vous.
09:52 Bon, qu'est-ce que cette histoire d'inflation, de désinflation, qui est quand même la grande
09:57 histoire de 2023, on arrive à un moment clé peut-être pour les banques centrales puisque
10:02 le marché a en tout cas bien en tête cette fois l'idée du pivot.
10:05 Alors, je sais qu'il y a eu plein de faux départs sur le pivot des banques centrales,
10:09 mais cette fois, tout le monde semble d'accord sur l'idée que 2024 sera une année qui
10:14 pourrait voir des baisses de taux directeurs des banques centrales.
10:17 Benoît, comment vous regardez ce moment et qu'est-ce que ça implique, alors pour les
10:21 banques centrales, mais pour les investisseurs ?
10:23 Oui, clairement, sur les banques centrales, on ne voit pas de hausse de taux directeurs,
10:26 c'est derrière nous tout ça.
10:27 Maintenant, je rejoins Hervé sur son analyse de la baisse de l'inflation, plus elle baisse,
10:32 moins elle baisse vite.
10:33 Et donc, ça amènera de toute façon les banques centrales à la prudence.
10:38 Et donc, on a, mais en fait, on n'a pas arrêté sur les marchés d'anticiper les baisses
10:42 de taux tout au long de l'année et à chaque fois être déjoué.
10:46 Et donc, on est encore dans ce phénomène-là où on attend vite, vite, vite la baisse des
10:50 taux directeurs de la Fed demain, quasiment.
10:53 Et donc, et quand on regarde les statistiques, il n'y a aucune raison pour les banques centrales
10:59 de commencer dès maintenant une baisse des taux directeurs.
11:01 Donc, on va probablement devoir reporter ces anticipations au cours de l'année.
11:06 Et on les voit plutôt au deuxième semestre qu'au premier semestre.
11:08 Ce qui nous semble être un indicateur quand même de fébrilité pour les marchés à court
11:14 terme.
11:15 C'est-à-dire qu'à un moment donné, on rentre un petit peu à nouveau dans le dur, dans la
11:18 réalité avec des économies qui sont fragiles, mais pas très fragiles, dans des récessions
11:25 qui sont très légères malgré tout, mais qui sont quand même dans des récessions
11:29 en zone euro, proche d'une récession aux États-Unis.
11:31 Donc, un environnement qui, à court terme, va peut-être un tout petit peu calmer le
11:35 jeu des marchés.
11:36 Alors là, on est dans la période de fin d'année.
11:37 Je pense que ça fait plaisir à tout le monde d'avoir un beau bilan et on en est ravi parce
11:41 que ce n'était pas forcément gagné il y a encore quelques mois.
11:44 Et je pense que les banques centrales n'ont pas envie, dans leur communication prochaine,
11:48 de trop se mettre doute.
11:50 Perturber ça, oui.
11:51 Ça n'a pas d'intérêt.
11:52 Et c'est pour ça que ça ne sera pas simple.
11:55 Cette dernière réunion de fin d'année, il faut refroidir, mais pas trop.
12:00 Mais voilà, après ce 31/12 qui sera passé, qui pour le moment donne l'impression de pouvoir
12:07 afficher un beau bilan, on va revenir à la réalité avec des marchés actions qui vont
12:12 devoir quand même acter d'une économie fragile, pas très fragile, mais fragile quand même,
12:19 des déceptions sur les résultats à court terme, qui feront qu'on calera un peu.
12:24 Et en fait, c'est un scénario idéal.
12:26 Mais c'est ça, oui.
12:28 Vous dites, quand on anticipe un scénario aussi idéal que celui qui est anticipé par
12:33 les marchés, on aura le meilleur des deux mondes, les baisses de taux rapides, la croissance
12:36 qui tient, etc.
12:37 Vous dites, il y a de la place pour se faire peur par rapport à ce scénario tel qu'il
12:42 est anticipé par les marchés aujourd'hui ?
12:44 À court terme, il y a de la place pour se faire peur en début d'année, mais on a
12:47 quand même un parachute fantastique.
12:49 Il y a encore quelques temps, encore quelques années, on était très inquiets de ces taux
12:52 à zéro en se disant "mais les banques centrales n'ont plus aucune marge de manœuvre".
12:57 Et bien là, on va être inquiets du ralentissement économique tout en se disant "tout va bien,
13:02 les banques centrales vont baisser leurs taux directeurs".
13:04 Donc on aura peut-être un phénomène quand même d'où cette inquiétude à court terme
13:08 sur les marchés actions qui n'est pas très forte parce qu'on a retrouvé ce parachute
13:15 qu'on n'avait plus déjà depuis quelques années.
13:16 Nouhann, comment vous abordez 2024, puisque c'est le sujet, alors partant de l'idée
13:22 du pivot des banques centrales, comment vous intégrez ça dans vos réflexions d'investissement,
13:28 dans les stratégies d'investissement que vous pouvez proposer à vos clients ? Est-ce
13:33 qu'on mise tout sur le pivot ou est-ce qu'il faut quand même regarder un peu autre chose
13:37 que simplement les mouvements de taux ?
13:39 Alors nous, chez Mance Artis, on est globalement assez positif, comme on l'a été d'ailleurs
13:43 tout au long de l'année 2023, mais on a un scénario qui globalement est assez positif
13:47 pour 2024, notamment sur les actions et les taux, j'y reviendrai tout à l'heure.
13:51 Mais il est basé sur un scénario économique central qui semble être assez consensuel
13:56 et on va voir s'il y a des zones de risque ou de fragilité sur ce scénario central.
14:00 Le scénario central, pourquoi il est à peu près consensuel ? Parce qu'en fait, c'est
14:04 la poursuite des tendances qui ont commencé en 2023.
14:09 Donc au niveau de la croissance économique, qu'est-ce qu'on a ? On a globalement un soft
14:14 lending, on n'est pas en récession, on a une croissance économique mondiale qui passera
14:18 de 3% à 2,4% à peu près.
14:22 Donc ralentissement économique, pas de récession.
14:24 Au niveau de l'inflation, on a une désinflation qui a été effectivement impulsée, enfin
14:29 forte en 2023 et qui devrait se poursuivre en 2024.
14:33 Si on regarde maintenant les chiffres, qu'est-ce qu'on a au niveau de l'inflation et qu'est-ce
14:38 qu'attendent les banquiers centraux ? Aux États-Unis, les chiffres, les objectifs
14:44 des banquiers centraux, c'est l'inflation core, donc l'inflation en dehors des éléments
14:48 volatiles.
14:49 Aujourd'hui, le core PCE, on est plutôt à 3,4% et en anticipation fin 2024, on est
14:56 plutôt à 2,5%.
14:58 Les objectifs sont à 2.
15:00 En Europe, on regarde les objectifs, c'est plutôt l'inflation headline, là on y est
15:05 puisqu'on est à 2,6% et globalement on a des objectifs à 2%.
15:09 Donc au niveau du scénario croissance et désinflation, on devrait, et je vais y revenir
15:14 tout à l'heure sur les éléments de risque, on devrait poursuivre la tendance.
15:17 Donc dans cet environnement-là, les investisseurs anticipent des baisses de taux assez importantes
15:23 puisque c'est des baisses de taux anticipées globalement de 100 points de base aux États-Unis
15:27 ou en Europe.
15:28 Donc par rapport à ce scénario central, quelles sont les zones de risque ? Est-ce
15:33 qu'il y a des zones de risque ? Oui, nous on considère que ce ne sont pas, ce sont
15:37 plutôt des zones de fragilité auxquelles il faut être attentif, mais ça ne remet
15:42 pas en question les tendances et ce scénario de base.
15:45 Quels sont les points d'attention qu'il faut avoir ? Le premier point d'attention,
15:50 on l'a un petit peu évoqué, c'est la croissance économique.
15:53 Puisque le consommateur américain ne va pas s'arrêter d'un seul coup de consommer
15:58 en 2024 parce qu'il a été soutenu en 2023 par deux facteurs qui n'ont plus lieu d'être
16:04 en 2024, c'est-à-dire un taux d'épargne excédentaire et un taux de chômage relativement
16:09 bas.
16:10 Aujourd'hui, le taux d'épargne excédentaire, on est revenu sur les tendances et sur les
16:12 niveaux pré-Covid, donc il n'y a plus d'épargne excédentaire.
16:15 Et sur le taux de chômage, on voit qu'en fait, on va avoir un taux de chômage qui
16:20 va remonter graduellement.
16:21 Donc face à ces deux facteurs de soutien qui ne sont plus, est-ce que le consommateur
16:26 américain va arrêter de consommer et donc précipiter la croissance américaine avec
16:30 un coût d'arrêt plus important qu'anticipé ?
16:33 Ça, c'est sans compter finalement les effets positifs du salaire réel et de la hausse
16:39 des salaires réels qui va être quand même présente en 2024 grâce notamment à l'inflation
16:44 qui baisse.
16:45 Les prix à la pompe aux États-Unis se sont plus bas depuis deux ans.
16:46 Tout à fait.
16:47 Donc le pouvoir d'achat, tout à fait.
16:48 Et c'est une mesure du sentiment et de la confiance du consommateur américain.
16:52 Inversé.
16:53 Voilà.
16:54 Donc ça, au niveau de la croissance, bon, somme toute, on considère que le consommateur
16:59 américain va suffisamment tenir pour ne pas amener une récession ou en tout cas un
17:02 arrêt trop important aux États-Unis.
17:04 Le deuxième point d'attention qui est important, c'est l'inflation, la désinflation.
17:11 Et là, ce qu'on entend, c'est que, et d'ailleurs on l'a dit, c'est que la désinflation a
17:15 été très rapide en 2023, notamment grâce aux effets de base.
17:20 On ne les aura plus, les effets de base, en 2024.
17:22 Donc oui, de la désinflation.
17:24 Et ça encore, c'est peut-être sans compter que la croissance américaine ralentit, ralentit
17:30 en dessous de ce potentiel de croissance.
17:31 Le potentiel de croissance aux États-Unis, c'est 1,7.
17:34 L'année prochaine, on sera globalement à 1,3% et on vient de…
17:39 Ce sera plus de 2% cette année sur la croissance américaine.
17:42 À 2,5% sur la croissance américaine.
17:44 Donc en fait, on a un ralentissement qui est très net et on ne peut pas avoir, quand
17:50 on a une croissance économique américaine inférieure à son potentiel, on ne peut pas
17:55 continuer à avoir, enfin à résister au niveau de l'inflation.
17:58 Donc nous, on considère qu'on peut avoir une désinflation qui s'accélère.
18:02 Et enfin, quand même, le dernier point d'incertitude, mais encore une fois, on nuance tous ces
18:06 points-là, c'est pour ça d'ailleurs qu'on est relativement positif, mais le dernier
18:10 point, c'est les anticipations des investisseurs.
18:11 Effectivement, est-ce qu'elle n'est pas trop forte, trop élevée, une anticipation
18:15 sur la baisse des taux des investisseurs 2024 ? Et est-ce que les investisseurs ne vont pas
18:19 être un peu échaudés avec un discours des banquiers centraux qui resterait sur un discours
18:24 très restrictif ? Alors là, on considère honnêtement que si on a raison sur le scénario
18:31 de la croissance économique et sur les niveaux d'inflation, on devrait avoir une baisse
18:37 des taux de l'ordre de 100 points de base, sachant que si on regarde en fait sur le plan
18:43 théorique, alors ça marche ou ça marche pas, peu importe, mais si vous regardez la
18:47 règle de Taylor, avec les chiffres de l'inflation et les chiffres du chômage, les banquiers
18:50 centraux devraient baisser l'année prochaine les taux de 100 points de base.
18:54 Donc aujourd'hui, la baisse des taux de 100 points de base, elle est, je dirais, somme
18:58 toute cohérente si on anticipe une désinflation et un ralentissement de la croissance économique.
19:04 Bon, Hervé quand même sur ces considérations, on parlera actions et taux, donc ça c'est
19:09 le scénario qui sous-tend une vision positive, de retour positif pour le 60-40, pour dire
19:15 les choses, ce sera une belle année encore pour le 60-40 l'an prochain sur la base de
19:19 ce scénario-là.
19:20 Hervé, moi ce qui m'intéresse c'est quand même la diversité des avis, c'est-à-dire
19:24 que je regardais un sondage fait auprès des économistes sur la trajectoire future des
19:29 taux de la Banque Centrale Européenne, alors évidemment jusqu'à décembre là, tout
19:32 le monde est d'accord, ça ne va pas bouger, mais alors après c'est une dispersion totale.
19:36 On retrouvera sans doute la même chose dans les dots de la Fed demain soir.
19:40 Quand on voit les prévisions des stratégistes, l'exercice traditionnel, certains nous disent
19:45 "deux baisses de taux, pas plus", si c'est soft lending, si c'est soft no lending pour
19:51 l'économie américaine, deux baisses de taux, pas plus, n'en attendez pas plus, et
19:54 puis d'autres qui peuvent avoir des scénarios de récession beaucoup plus durs, mettent
19:58 jusqu'à 200, 250 et près de 300 points de baisse de taux, de toute façon une fois
20:02 que c'est parti et qu'on est en récession, la Fed peut aller très vite, très loin dans
20:05 les baisses de taux.
20:06 Il y a quand même, les jeux sont très ouverts.
20:09 - Oui, il y a des dispersions terriblement fortes qui sont simplement la marque de l'incertitude
20:15 et c'est pour ça que moi j'aurais envie de dire qu'on a une vraie question de méthodologie,
20:21 c'est-à-dire qu'habituellement on dit "il y a un scénario central", c'est-à-dire
20:25 c'est son scénario, alors il y a des scénarios alternatifs qu'on n'évoque pas parce qu'on
20:30 croit tellement au scénario central, mais en fait aujourd'hui il faut avoir un scénario
20:36 central, il faut avoir l'honnêteté de lui donner une probabilité qui ne sera que faible,
20:42 et dans ce cas-là on est obligé de fouiller un peu plus les scénarios alternatifs, et
20:47 il y en a peut-être deux, il y en a peut-être plus que deux, parce que l'environnement
20:51 est compliqué, et en fait moi je pense qu'on doit être agile, être agile ça veut dire
20:57 fouiller les différents scénarii et être capable à un certain moment de se dire "bon
21:02 je suis évidemment parti sur mon scénario central, mais pour des tas de raisons, parce
21:06 que l'incertitude est vraiment épaisse, et bien je suis obligé de virer de bord et
21:12 d'aller vers un de mes scénarii", et là il y a une période intermédiaire qui n'est
21:16 pas très facile à prendre en compte, mais c'est une nécessité, donc moi je crois
21:21 qu'aujourd'hui, moi j'ai bien aimé, je vais faire de la publicité, un petit crobat
21:25 de JP Morgan, en fait qui disait, alors il y a le scénario du soft landing, donc de
21:31 l'atterrissage en douceur, 40%, mais les 60% restants, c'est pas une récession,
21:37 ils ont dit "ben il y a possibilité de récession", je sais pas, ils ont dû mettre dans les 20%,
21:42 et puis après ils ont dit "l'inflation ralentit, mais ralentit plus lentement que
21:46 ce qu'on pense", ils ont mis 10 ou 15%, j'en sais rien, et après l'inflation,
21:51 elle ralentit pas, ou elle ralentit jamais vers la 2%, et donc qu'est-ce que ça fait
21:55 après sur les taux d'intérêt ? Moi, j'aime bien l'idée de pas être trop binaire
22:00 aujourd'hui, c'est-à-dire récession ou pas, oui/non, en fait, il y a un monde qui
22:05 va pas être le monde d'hier, simplement parce qu'on a une régulation, comme on dit
22:09 pour faire savant, c'est-à-dire un fonctionnement de l'économie, on était dans une vague
22:14 de 30 ans de néolibéralisme, qui plaisait bien au marché, qui nous plaisait bien, et
22:19 avec le temps on avait appris à savoir comment ça marchait dans ce cadre-là, on est en
22:23 train de virer vers quelque chose, est-ce qu'on revient vers le keynésianisme d'avant ?
22:27 Vraisemblablement pas, ça va être un truc nouveau, et ce truc nouveau, on l'a pas bien
22:32 déterminé, et c'est pour ça qu'il faut pas mettre tous ses œufs dans le même panier,
22:37 et donc, après quand les gens disent "trois baisses de taux" ou j'en sais trop rien, il
22:43 faudrait qu'ils nous disent, donc, quelle est l'histoire derrière, et quelle est la
22:47 probabilité qu'ils accordent à cette histoire, sinon, moi j'ai simplement envie de dire
22:51 "c'est pas audible".
22:52 Ouais, je comprends, effectivement.
22:53 La formule s'applique également à la politique, petite parenthèse là-dessus Hervé, parce
23:00 que le calendrier, je crois que 60% du monde vote dans les 12 prochains mois, c'est à
23:05 peu près le chiffre que j'ai en tête, soit en termes de population, soit en termes de
23:08 PIB, bref, on a un calendrier électoral mondial intense, avec des rendez-vous plus importants
23:13 que d'autres, bien sûr, ça commence avec Taïwan le 13 janvier, et ça se conclura
23:17 au début du mois de novembre prochain avec l'élection présidentielle américaine.
23:22 C'est vrai que quand on suivait les dernières élections, donc on a eu le populisme de Fico
23:29 en Bulgarie, je crois, on voit Ravir Millei en Argentine, on a tous en tête la possibilité
23:35 d'un retour de Trump 2.0 à partir de novembre, etc.
23:40 Il y a quand même une exception qui montre qu'il ne faut pas mettre tous ses oeufs dans
23:44 le même panier, comme vous le disiez, c'est ce qui s'est passé en Pologne, Hervé.
23:47 Oui, Tusk, donc les centristes, alors c'est la coalition de tous ceux qui étaient contre
23:53 les populistes au pouvoir auparavant, le PIS.
23:58 Mais en fait, donc ça c'est une divine surprise, on est content de cela, et je pense que pour
24:04 l'Europe c'est vraiment important, et après je dirais quel est le message pour le monde,
24:07 mais pour l'Europe c'est important parce que la Pologne c'est une grosse économie, alors
24:12 en population ça doit être la quatrième, en PIB ça doit être la cinquième, et vu
24:17 son positionnement sur la carte, et vu ce qui se passe aujourd'hui, que l'Europe soit
24:22 forte au nord-est, c'est quand même quelque chose qui est vraiment important.
24:27 Et puis le message un peu ourbi est orbi, la Pologne y est catholique, donc on doit
24:32 pouvoir dire les choses comme ça, c'est que finalement, il ne faut pas désespérer,
24:37 et moi je trouve qu'au-delà de ça, le populisme, est-ce qu'il n'a pas évolué ?
24:42 C'est-à-dire le populisme de papa, celui des dernières années, qui nous fait très
24:46 peur d'ailleurs avec Trump d'ici aux élections de novembre prochain, mais quand on voit l'expérience
24:52 de Meloni en Italie, bon ben Meloni elle a plutôt une gestion prudente, elle a plutôt
24:58 une gestion pro-européenne, donc elle est arrivée en criant très fort, parce que quand
25:02 on est de ce côté-là de l'échiquier, il faut crier très fort, donc elle l'a fait,
25:08 mais finalement elle a une pratique, une pratique qui est finalement assez consensuelle, donc
25:13 moi je dirais, les enjeux du monde, avec des tensions internationales très fortes, la
25:21 nécessité pour notre puzzle de pays que nous sommes dans l'Union européenne, de
25:27 rester unis, fait que à mon avis la lecture du populisme demain, je sais pas si le mot
25:33 est pas plural bon, c'est sans doute pas la lecture qu'on avait il y a 5 ans ou il
25:36 y a 10 ans, donc là-dessus il y a Tusk, et peut-être que Tusk nous montre que les Polonais
25:42 ils ont peut-être mieux compris que les autres.
25:45 Vrai surprise, et c'est vrai que le processus se termine aujourd'hui, puisque ça y est,
25:49 il est officiellement élu Premier ministre, l'élection avait lieu il y a quelques semaines
25:52 en arrière déjà, mais vraie surprise, en tout cas dans le paysage européen, j'ai
25:56 oublié Wilders aussi aux Pays-Bas, qui était là, une forme d'avancée populiste encore
26:01 dans un pays nordique, tout ce qui est venu casser on va dire cette dynamique.
26:06 Si on en vient au marché, aux stratégies de marché, peut-être une première question
26:10 Benoît, si on anticipe que les banques centrales vont à un moment baisser leur taux, dans
26:15 quelle ampleur, à partir de quand les questions restent ouvertes, il faut déjà reconsidérer
26:20 la poche monétaire peut-être dans les allocations, ça a été quand même la poche qui a permis
26:25 d'attendre, de patienter, d'être confortable une bonne partie de cette année 2023 ?
26:30 Je pense que la nouveauté de ce cycle-là, qui est né après l'année 2022, c'est que
26:38 le monétaire a retrouvé toute sa place, et il va continuer à la garder, c'est ça
26:42 aussi le sujet, c'est un élément très important.
26:45 On gardera une rémunération sur le monétaire ?
26:48 C'est quand même essentiel de pouvoir se dire on a un placement prudent sur lequel
26:52 on est rémunéré, donc il y aura une baisse des taux directeurs, on peut l'anticiper,
26:57 on pense plutôt qu'elle est dans la deuxième partie de l'année, si elle est dans la deuxième
27:00 partie de l'année, ça laisse quelques trimestres encore sympathiques pour le monétaire, ce
27:03 qui est une carte à jouer qui est quand même non négligeable, puisque pas de volatilité,
27:07 une rémunération très sympathique, eu égard aussi avec la baisse de l'inflation maintenant,
27:11 on est bien rémunéré.
27:12 Donc ça c'est le premier point, c'est que le monétaire, je pense que, et pour faire
27:15 le parallèle avec les commentaires d'Hervé, comme on rentre un peu dans un nouveau cycle
27:19 qui est encore différent de ce qu'on a vécu les 10-15 dernières années et les 30 dernières
27:24 années précédentes, on rentre dans un nouveau cycle avec des armes qui redeviennent plus
27:28 normales et plus classiques, afin de diversifier le portefeuille.
27:32 Donc le monétaire gardera sa place, là c'est vrai que c'était le grand gagnant quelque
27:37 part du portefeuille, l'obligataire est probablement à jouer en deux temps, on a anticipé beaucoup
27:42 de choses sur les marchés de taux à très court terme, ça va peut-être un peu vite,
27:47 quand on regarde les niveaux d'inflation, les niveaux de taux en zone euro, on a déjà
27:51 quand même joué des baisses de taux qu'on anticipe tout de suite, tout de suite, tout
27:54 de suite, ce qui ne se passera probablement pas.
27:56 Donc là il y a probablement à un moment donné, il y aura probablement un point d'entrée
28:00 sur les taux longs, c'est quand même intéressant de pouvoir se dire qu'on peut remettre sur
28:04 les taux longs, ce qui est quand même quelque chose, une habitude qu'on avait pu depuis
28:07 quelques temps, c'est quand même intéressant, c'est aussi une autre carte à jouer en diversification.
28:11 On est un peu plus prudent sur la partie, on va dire, AIG, l'obligataire la plus risquée
28:17 dans un environnement de ralentissement économique, qui ne sera peut-être pas d'une ampleur très
28:20 forte, ce n'est pas la peine forcément d'y aller tout de suite, il vaut peut-être mieux
28:23 passer son tour pour le moment et revenir dans un deuxième temps.
28:26 Et puis sur les marchés à action, même raisonnement, on est en deux temps, prudence
28:32 à court terme parce qu'on va avoir, nous semble-t-il, quelques désillusions à court
28:35 terme, mais on aura encore une fois ce fameux parachute à un moment donné, qui va vite
28:40 nous rassurer sur des valeurs de croissance, dynamique, qui vont nous permettre de repartir
28:45 et de pouvoir avoir, et là je vais rejoindre Nourane sur le bilan, une année quand même
28:50 très favorable en fin d'année, mais probablement en deux temps.
28:53 C'est l'idée quand même que c'est la Fed qui va venir sauver les marchés, ce que vous
29:00 dites Benoît, le put de la Fed, le parachute est de retour, le put de la Fed, et tant que
29:05 ce put ne se sera pas exprimé, vous dites, ce sera peut-être compliqué pour les marchés
29:09 d'actifs risqués.
29:10 Il y a cette phase-là qui durera, alors ce n'est peut-être pas six mois, six mois, je
29:13 n'en sais rien, mais c'est l'idée quand même que vous défendez, de ce scénario, en deux
29:16 temps.
29:17 Il y a cette idée que les marchés vont peut-être s'impatienter un moment et être un peu déçus
29:20 par les commentaires de la Fed, et de la BCE, parce que la BCE sera un peu obligée de se
29:24 coller aux commentaires de la Fed, ce qui est une difficulté pour la zone euro, et
29:29 il sera à un moment donné quand même, aura quand même cette petite idée au fond de
29:33 sa tête du côté des investisseurs et des marchés à action, en se disant, mais quand
29:37 même vu les niveaux de taux directeurs où ils sont, on sait qu'à un moment donné,
29:41 si ça va mal dans l'économie, on va avoir cette marge de manœuvre.
29:45 Et ça, ça va nous protéger, je pense, de la grande baisse dont on pourrait s'inquiéter,
29:51 mais qui, à notre sens, n'est pas le risque fort.
29:53 Est-ce à dire que le momentum bénéficiaire, les bénéfices des entreprises seront un facteur
29:59 secondaire dans ce schéma de marché que vous décrivez ?
30:02 Ça sera probablement un facteur de déception à court terme.
30:05 D'accord.
30:06 Pas un facteur de soutien alors.
30:08 Alors on va quand même avoir à un moment donné ce retour à la réalité en début
30:11 d'année où on va se dire, en fait, ce n'est peut-être pas exactement les niveaux
30:14 qu'on attendait et les affaires sont peut-être un peu plus difficiles que ce qu'on pensait.
30:19 Mais pour pouvoir ensuite avoir ce phénomène d'anticipation que les marchés aiment bien
30:23 avoir, on n'attend pas les résultats d'aujourd'hui, on se prépare sur les bonnes nouvelles des
30:29 mois à venir.
30:30 Nouran, sur la vision que vous avez pour 2024, comment le marché peut bouger, réagir et
30:39 quelle est la stratégie effectivement qui vous paraît pertinente ?
30:43 Alors nous, on est plutôt assez, comme je disais tout à l'heure, assez positif sur
30:48 les marchés actions pour trois raisons simples.
30:51 La première, c'est que si on a raison sur notre scénario central, alors là je vais
30:54 répondre à Hervé, je ne vais pas donner un chiffre en termes de probabilité de réalisation
30:59 de ce scénario central, je dirais qu'il est suffisamment fort pour qu'on ait une stratégie
31:05 d'investissement constructive et pour effectivement être positif sur les actions.
31:08 On rappelle, scénario central, ce n'est pas de récession.
31:11 Ce n'est pas de récession.
31:12 Et des baisses de taux pour accompagner la désinflation.
31:15 Pour accompagner la désinflation.
31:16 Alors quand on dit baisse de taux, directeur, souvent, historiquement, on a tendance à
31:21 assimiler ça à une baisse des marchés actions.
31:23 Parce qu'on l'a vu en 2001, on l'a vu en 2007, on l'a vu en 2020, à chaque baisse
31:28 de taux, effectivement, on a eu des baisses des marchés actions.
31:31 Mais ça, c'était des baisses des marchés actions qui venaient compenser des déséquilibres,
31:36 des crises financières.
31:37 Si on regarde les baisses de taux qu'on a eues historiquement, il n'y en a pas eu
31:40 tant que ça, qui sont là pour accompagner le ralentissement économique, comme c'est
31:44 la situation aujourd'hui, on l'a eue en 2019, et on l'a eue, alors j'aime moins
31:49 les références très historiques parce qu'on est dans des environnements différents,
31:51 mais on l'a eue en 95 et en 94.
31:53 Et ça, dans ces cas-là, c'est synonyme très nettement de hausse des marchés actions.
31:58 On parle de recalibration de la politique monétaire pour accompagner, comme vous dites,
32:02 le mouvement de désinflation et piloter des taux réels qui, à un moment, pourraient
32:07 devenir trop restrictifs.
32:08 Oui, et c'est surtout pour accompagner un ralentissement économique dans un environnement
32:11 qui est sain parce qu'on a un taux de chômage qui est faible, on a une inflation qui n'est
32:16 pas loin en fait.
32:17 Ce n'est pas la baisse de taux en urgence pour faire face à un événement financier
32:21 ou sauver l'économie d'une récession dure.
32:25 Tout à fait.
32:26 Donc ça, c'est un argument qui est assez… qui est historique, mais un réel argument
32:33 qui nous pousse à être effectivement positif sur les marchés actions.
32:37 Le deuxième, c'est que les attentes sur la croissance des IPS, elles sont relativement
32:42 faibles.
32:43 En Europe, on est autour de 3-4 %, donc on ne risque pas d'être déçu.
32:46 Là-dessus, on n'est pas sûr.
32:47 Alors effectivement, aux États-Unis, c'est un peu plus élevé, c'est à 10, mais comme
32:49 tous les ans, on commence à 10.
32:51 Après, on révisera en fonction effectivement de ce qui se passe sur l'économie.
32:57 Et l'autre élément, c'est que quand on regarde, et ça j'aime bien le faire, c'est-à-dire
33:01 renormaliser la croissance des bénéfices des entreprises par rapport à 2019 et voir
33:08 la performance des marchés actions, en fait, on voit qu'en Europe, on a une croissance
33:15 des bénéfices par rapport à une baisse en 2019 de 43 %.
33:18 Si on regarde la performance des marchés, on est à +28 %, c'est ce qui explique effectivement
33:23 que les marchés actions en Europe sont moins chers, on a effectivement une contraction
33:27 des multiples.
33:28 Donc, on a encore de la place pour un re-rating parce qu'on n'a pas encore renormalisé les
33:32 marchés.
33:33 Expansion de multiples sera un facteur de performance ?
33:36 Peut l'être, puisqu'on est encore en retard.
33:38 Aux États-Unis, c'est un peu moins vrai parce qu'effectivement, vous avez une croissance
33:43 des bénéfices de l'ordre de 35 %, mais vous avez une performance de 48 %, c'est ce qui
33:48 explique qu'aujourd'hui, vous avez effectivement une légère prime de valorisation sur les
33:53 actions américaines.
33:54 Mais quoi qu'il en soit, toute cette renormalisation de taux laisse la place au retour aux fondamentaux
34:01 et à l'analyse fondamentale pour expliquer une certaine rationalité des marchés.
34:06 Et donc, dans cette idée-là, pour une poche actions, vous avez plutôt tendance à vouloir
34:11 privilégier les actions européennes ?
34:12 Alors, on privilégie les actions des pays développés.
34:16 Avec l'Asie, c'est compliqué, on est empêtré quand même dans une crise immobilière.
34:19 Bon, on voit bien que le gouvernement essaye en tout cas de tenir les rênes, mais on a
34:24 quand même 30 % du marché qui est à l'arrêt, le marché immobilier, donc ça c'est compliqué.
34:27 Le marché japonais va être en fait en tendance complètement inverse par rapport aux autres
34:33 marchés.
34:34 Donc encore une fois, ça va être compliqué.
34:37 Donc disons que le marché américain, on ne peut pas faire trop sans le marché américain.
34:40 Le marché américain et le marché européen sont privilégiés dans cette remontée des
34:46 marchés actions.
34:47 Sur les taux, globalement, nous dans des poches diversifiées, ce qu'il faut retenir, c'est
34:51 qu'on a une philosophie de décorrélation des risques par classe d'actifs.
34:55 Si vous avez un portefeuille diversifié, c'est pour avoir des risques décorrélés.
34:58 Donc, les obligations, c'est vraiment pour baisser le niveau de volatilité des portefeuilles,
35:03 quel que soit l'environnement de marché.
35:04 Donc, peu de risques, donc peu de durations, pas d'exposition à yield.
35:09 Donc, on baisse la volatilité sur les obligations et par contre, on reprend du risque sur les
35:14 actions.
35:15 Ça, c'est la philosophie qu'on a, quel que soit l'environnement, qu'on maintient, bien
35:17 évidemment, pour 2024.
35:19 Comment vous regardez, Hervé, peut-être d'un point de vue macro, les expected returns des
35:24 grandes classes d'actifs pour 2024, l'idée d'une normalisation ? Comment vous regardez
35:31 effectivement ce qu'on attend des marchés en 2024 ?
35:35 Moi, ce qui me gêne, c'est qu'en fait, on a une belle histoire et puis on tire le fil
35:41 de la belle histoire en se disant "mais il y en a encore".
35:44 En fait, ce "il y en a encore", moi je trouve qu'il est un peu troublant.
35:48 Sur la croissance, il y en aura moins que cette année.
35:53 Et on a déjà anticipé la croissance.
35:56 Est-ce qu'on a anticipé le moins de croissance ? Un peu, oui.
35:59 Dans toute son ampleur, comme tout est incertain, on ne sait pas très bien.
36:02 Sur les prix, on a beaucoup, beaucoup anticipé.
36:05 Moi, mon petit doigt me dit qu'en fait, on va être déçu et que l'inflation, il y en
36:11 aura plus qu'on ne l'imagine.
36:13 Quand on prend les swap inflation, les break-even, je pense qu'il y a une complaisance dans ce
36:19 qu'on peut dire.
36:20 Ce qui me fait dire que sur les politiques monétaires, si elles sont coincées en se
36:26 disant "flûte, on ne revient pas à 2%", qu'est-ce qu'on fait ? Et je veux simplement dire que
36:31 la lisibilité des stratégies monétaires va être un peu compliquée parce qu'on ne
36:38 sera pas très bien.
36:39 Donc, rien qu'à ce triple titre-là, moi, je n'ai pas envie de tirer le fil de l'histoire.
36:45 Et donc, il me semble qu'à aujourd'hui, le monétaire, c'est bien.
36:50 Les obligations à durations courtes, c'est bien.
36:53 Sur les actions…
36:54 C'est la vision d'économiste, je précise.
36:57 Non, mais c'était la…
36:59 Ça, c'est vrai.
37:00 Je ne le nierai pas, Grégoire.
37:02 Mais en fait, il me semble que sur les actions, si on est dans des configurations de portefeuille
37:07 où on doit en mettre, il faut en mettre, ça, il n'y a pas de doute.
37:11 Mais je ferai plutôt le choix d'actions qui résistent bien à un environnement qui
37:17 n'est pas aussi bon qu'on ne le pensait.
37:19 Sachant qu'il y a un élément supplémentaire sur les profits attendus.
37:25 Moi, quand même, dans le monde dans lequel on entre, avec des taux de chômage durablement
37:31 faibles, pour des tas de raisons que l'on connaît, j'ai quand même l'impression
37:35 que le rapport de force, il va un peu changer, que pendant la crise, finalement, les entreprises
37:40 s'en sont plutôt assez bien sorties, parce que c'était incertain.
37:46 Mais on sort de tout cela, sans doute.
37:48 Et donc, moi, je ne suis pas certain que sur les profits, ça se passe exactement comme
37:54 hier.
37:55 - Les salariés vont garder un pouvoir de fixation de leur salaire vis-à-vis des entreprises.
37:59 - Oui, puisqu'on dit partout qu'on a du mal à trouver.
38:02 Alors, peut-être que les salariés, j'allais dire, vont être aussi myopes que les entreprises
38:06 ne l'ont été, en disant "le rapport de force est en ma faveur, j'y vais".
38:11 Moi, je suis pour un monde dans lequel il y a plus d'entente que cela.
38:14 Ça, c'est une conception personnelle des choses.
38:16 Je referme la parenthèse tout de suite.
38:18 Mais en fait, là aussi, il y a un questionnement.
38:21 Comment ça va se passer ?
38:22 Mais tout ça pour dire que, tirer le fil, moi, je n'y crois pas.
38:26 - Oui, je comprends.
38:28 Alors, je ne sais pas si c'est les optionnalités de 2024, mais on commence à nouveau à reparler
38:36 des petites capitalisations boursières, Benoît, Nouran.
38:40 Là aussi, dans les grands axes des stratégies, de la stratégie que vous avez pu développer,
38:45 Benoît, est-ce que c'est le genre de classe d'actifs qu'on a envie de remettre un peu
38:49 en avant ?
38:50 - Encore un peu tôt, à notre avis, même s'il y a un rebond, en tout cas une espèce
38:55 de tentative de rattrapage.
38:56 - Oui, depuis un mois, on sent le...
38:58 - Oui, mais on part de loin.
39:00 Donc, encore un peu tôt, je pense qu'on aura vraiment ce signal-là quand on aura des éléments
39:07 plus clairs sur la politique des banques centrales.
39:08 Ça sera le moteur dont on a besoin maintenant.
39:11 Je pense qu'il y a trop de doutes sur cette classe d'actifs-là pour qu'elle reparte d'elle-même.
39:15 Il va falloir avoir quelques éléments clés et notamment les...
39:19 - Les belles que t'as.
39:20 - Les belles que t'as, qui seront clairement...
39:21 Voilà, ça y est, on peut s'en approcher de manière plus claire.
39:24 Donc ça, je pense que c'est encore un peu tôt pour y venir et ça arrivera dans un
39:28 deuxième temps dans l'année, une fois que les marchés actions se seront rassurés et
39:34 auront pu repartir en anticipation de soutien.
39:38 Donc là, on n'y est pas encore, je pense, malheureusement.
39:39 Mais c'est vrai que c'est une vraie déception dans ces dernières années.
39:43 - Oui, c'est ça.
39:44 Je veux dire, pas que pour cette année.
39:46 C'est ça qui est la question, c'est qu'il y a un décrochage structurel, en tout cas
39:51 sur plusieurs années, de la classe d'actifs.
39:53 - Oui, donc là, c'est clair qu'il y a du potentiel, mais maintenant, il faut qu'il
39:57 y ait des éléments clairs pour qu'ils se déclenchent.
39:59 - Est-ce que votre optimisme, Nourane, vous fait aller jusqu'à dire que oui, c'est intéressant
40:04 de remettre peut-être des small cap dans une allocation aujourd'hui ? Beaucoup de
40:09 CGP en ont plus dans leurs allocations.
40:10 - Alors, nous, ils sont exclus de notre univers investissable.
40:13 - Ah, d'accord.
40:14 - Comme ça, c'est très clair.
40:15 On est sur les moyennes et les large cap.
40:16 - D'accord.
40:17 - Mais aujourd'hui, si je dois faire une réponse par rapport aux small cap, je dirais
40:20 qu'on a des convictions qui sont autres plutôt que celles liées à la capitalisation boursière,
40:26 d'autant plus que ça va vraiment dépendre au cas par cas des murs de dette qui vont
40:30 arriver sur certaines sociétés plus petites.
40:33 Donc ça, c'est vraiment particulier.
40:35 Et quand on voit les small cap, effectivement, on avait des niveaux de dette, des leviers
40:39 financiers qui étaient très élevés.
40:40 C'est ce qui a expliqué notamment la baisse...
40:42 - La contre-performance.
40:43 - La contre-performance et dans un marché risconne, on n'a pas vu tant que ça, finalement,
40:48 un rattrapage très fort des small cap.
40:51 Donc attention toujours aux small cap.
40:52 Plutôt les convictions sur la partie action, je dirais, elles sont plutôt liées à quelque
40:58 chose qui est assez game changer dans le monde dans lequel on est aujourd'hui.
41:03 C'est-à-dire qu'on parle de l'analyse des éléments conjoncturels très bien, mais
41:06 il y a quand même quelques éléments structurels qui ont des impacts à moyen long terme.
41:11 - Parfait.
41:12 Les grandes tendances, on va parler de gestion thématique.
41:13 - Non, mais je vais être très courte.
41:14 - Non, mais si, au contraire, c'est parfait pour le teasing.
41:15 - Plus globalement, il y a un élément qui est central, c'est que pendant des années,
41:21 on a eu des croissances économiques qui ont été boostées à coup de politiques monétaires
41:24 accommodantes, ultra-accommodantes, bref, d'injection de liquidités.
41:28 Aujourd'hui, on voit bien qu'en fait, c'est un moteur qui commence en fait à s'éteindre.
41:32 Donc aujourd'hui, le relais est pris avec des politiques budgétaires, des politiques
41:37 de relance.
41:38 Si on regarde ce qui se passe aux États-Unis, c'est assez transformant.
41:41 C'est-à-dire que si vous prenez le plan, le Chipsack, l'infrastructure et l'IRA, vous
41:46 avez 1 900 milliards de dollars qui est investi sur 10 ans, soit 8 % du PIB.
41:51 Alors on va dire oui, mais on a déjà eu ça.
41:52 On a déjà eu des plans Covid, on a eu déjà les plans Reagan, on a déjà eu des plans
41:58 pendant la crise financière.
41:59 Oui, très bien, mais c'était des plans, encore une fois, pansements, qui étaient
42:02 amenés dans un environnement de chômage élevé, d'inflation forte, de croissance économique
42:09 ou récession extrêmement importante.
42:11 Aujourd'hui, on a un environnement sain et en fait, on a une croissance économique qui
42:15 est boostée.
42:16 Cette année, elle a été boostée à hauteur de 50 % par ces plans de relance.
42:20 L'année prochaine, c'est 50 % et la croissance additionnelle, ce sera 25 % de boost d'investissement.
42:26 Donc ça, c'est important.
42:28 Et du coup, on a des impacts microéconomiques forts et c'est là-dessus qu'on porte nos
42:32 convictions chez Mancerti.
42:33 Hervé, les marchés aiment les plans de relance, les plans d'innovation, les plans de crédit
42:39 d'impôt, les plans de subvention budgétaire, avec des stratégies qui vont, à un moment,
42:46 diverger sans doute entre les États-Unis et l'Europe qui est en train de se refocaliser
42:49 sur ces règles budgétaires.
42:51 Cette année, il y avait quand même quelque chose d'un petit peu étonnant.
42:56 On avait un durcissement côté monétaire, on avait un assouplissement du côté des
43:01 budgets, au moins du côté américain.
43:03 C'est quand même un peu compliqué de suivre l'orthodoxie de tout cela.
43:09 Moi, je pense que du côté américain, la politique budgétaire, c'est une vraie question.
43:13 Surtout qu'au moins pour l'IRA, elle est financée en mettant la caisse sur la table.
43:17 C'est-à-dire que c'est les entreprises qui investissent et qui après disent à l'État
43:21 "crédit d'impôt".
43:22 Et c'est quelque chose qui est sans doute un peu malsain et ça va financer des taxes.
43:27 Il y a une mécanique un peu bouc-de-neige qui peut se mettre en place avec ce genre
43:30 de schéma.
43:31 Avec une rationalité économique qui risque de décevoir.
43:32 On est aux États-Unis.
43:33 Donc vous préférez le système européen à base de subvention alors ?
43:36 Le système européen, il a ça de bien si on est au niveau de Bruxelles.
43:41 C'est qu'il faut montrer ce que l'on veut faire avant de recevoir des subventions.
43:47 Et comme d'ailleurs bien souvent on est incapable de montrer, il n'y a pas d'argent.
43:50 Et du coup on se retrouve avec des dizaines et des centaines de milliards qui ne sont
43:54 toujours pas déployés parce qu'il n'y a pas de projet.
43:55 C'est différent mais en fait on va avoir un durcissement de la politique budgétaire
43:59 du côté européen.
44:00 Donc là on va avoir une différence avec des implications sur la croissance.
44:04 Mais ce qui se passe aux États-Unis, ce n'est pas extrapolable.
44:07 Et du côté des marchés, on peut suivre ça très bien si on épluche les taux d'intérêt
44:14 à long terme correctement.
44:15 C'est-à-dire en enlevant les primes de terme, donc les anticipations sur la politique monétaire,
44:22 disons les choses comme ça.
44:23 On voit tout de même que les taux réels ont tendance à monter.
44:27 Alors voilà, il faut quand même faire attention.
44:29 Tout ça, ce n'est pas gratuit.
44:31 Il n'y a pas de free lunch dans cette histoire.
44:33 Et donc la politique budgétaire doit être bien gérée.
44:36 Et je dis aux États-Unis, aujourd'hui elle n'est pas très bien gérée.
44:40 Et le Bidenomics en la matière, voilà, sur cet aspect-là il y a une déception.
44:45 Il faudra apporter des garanties à un moment sur la trajectoire de finances publiques aux
44:49 États-Unis.
44:50 Merci à vous trois pour avoir été des invités de Planète Marché ce soir.
44:53 Hervé Goulet-Dekker, Akurasi, Nouran Charrer, Mansarti, c'est Benoît Vesco de Lubac
44:58 Asset Management.
44:58 Le dernier quart d'heure de Smart Bourse, c'est le quart d'heure thématique qui porte
45:12 bien son nom ce soir puisque nous allons dresser le palmarès des thématiques d'investissement
45:18 au terme, quasi terme de cette année 2023 grâce aux outils et aux équipes de Galilée
45:23 Asset Management et son président Rony Michalik qui est à mes côtés en plateau.
45:26 Bonsoir Rony.
45:27 Merci et merci encore de nous avoir accompagnés tout au long de 2023 pour venir régulièrement
45:32 décrypter justement la valeur des grandes thématiques d'investissement.
45:36 Il y en a 25, c'est ça ? S'il ne s'agisse pas de bêtises, dans le codex, la grande
45:41 encyclopédie des thématiques que vous tenez à jour chez Galilée avec des outils propres,
45:47 des outils spécifiques qui apportent beaucoup de profondeur à l'analyse de ces grands
45:51 thèmes d'investissement, Rony.
45:53 Qu'est-ce qu'on peut dire ?
45:55 On peut dire assez simplement du palmarès objectif en termes de performances boursières
46:01 bien sûr à l'issue de cette année 2023.
46:03 Alors comme vous l'avez rappelé Grégoire, au sein de nos outils et justement du codex
46:09 des thématiques qui est notre modèle propriétaire, on a créé des indicateurs thématiques pour
46:15 chacune des 25 thématiques qui nous permettent d'étudier, de mesurer, de quantifier les
46:20 thématiques et finalement de mieux les comprendre pour pouvoir appréhender leur potentiel
46:25 boursier.
46:26 Donc si on regarde pour l'année 2023 ici au niveau de ce tableau vous avez en médaille
46:33 d'or on va dire Cloud et IOT donc qui est la thématique.
46:38 On rappelle IOT, Internet des objets, juste pour le rappeler.
46:42 Internet des objets exactement.
46:43 Termes familiers pour beaucoup.
46:44 Absolument, qui a très bien performé cette année puisqu'on est à 48 et demi de performances
46:52 avec une volatilité somme toute assez mesurée 23%.
46:55 Alors il y a bien sûr une bonne croissance du business dans le Cloud et l'IOT porté
47:00 par l'IA et surtout porté par les infrastructures dont a besoin l'IA pour fonctionner.
47:05 Il y a le Cloud B2B aussi qui est en forte croissance structurelle et avec finalement
47:11 des boîtes qui étaient plus cigales que fourmis ces dernières années jusqu'en 2022
47:16 quasiment et qui commencent à gagner de l'argent.
47:18 Donc des boîtes qui deviennent rentables dans cette thématique.
47:22 L'année dernière elle a fait -45.
47:24 C'est ça.
47:25 On aurait dû mettre mais non mais c'est effectivement.
47:28 Mais c'est pour beaucoup 2023 est quand même aussi le revers, l'envers du miroir de 2022.
47:34 Exactement.
47:35 Force est de constater qu'il faut acheter au son du canon même dans l'investissement
47:39 thématique.
47:40 Et voilà cette année sur cette thématique seules trois boîtes sont en territoire négatif
47:45 sur les 50 qui composent l'indicateur.
47:48 Voilà donc il y a eu deux phases dans l'année bien sûr portées par l'IA début d'année
47:51 puis portée par les anticipations de baisse de taux en fin d'année.
47:55 Ensuite on a la cybersécurité à égalité finalement avec gaming et métaverse.
48:01 Bon je vais être plus rapide sur celle ci.
48:03 Les besoins en cybersécurité ils augmentent énormément.
48:06 La guerre aussi les guerres qui se qui se profilent en ce moment se jouent aussi sur
48:12 le terrain des attaques informatiques.
48:13 On a des boîtes dans cette thématique comme Crowdstrike ou comme Palo Alto qui font plus
48:19 de 100% cette année quand même.
48:22 Pareil donc porté par l'IA porté par la baisse des taux et porté aussi par l'essor
48:26 de la cyberassurance lorsqu'on est attaqué maintenant puisque tout le monde est attaqué
48:30 qui paye.
48:31 Enfin on a gaming et métaverse.
48:34 Assez forte disparité finalement dans cette thématique gaming et métaverse où il y
48:39 a bien sûr des acteurs du métaverse comme Meta comme Coinbase aussi et des acteurs finalement
48:45 producteurs de jeux vidéo qui ont des bonnes perfs cette année mais finalement assez disparate.
48:52 On a Electronic Arts qui marche bien.
48:54 On a aussi au Japon puisque on ne peut parler que des US Nintendo par exemple ou encore
49:01 Konami qui ont bien marché cette année.
49:03 Voilà ça c'est pour le top 3.
49:06 Attention on arrive au flop 3 et là ça fait plus mal à commencer avec les énergies
49:11 propres -18,3 cette année.
49:14 Impact colossal de la hausse des taux sur ces projets pour financer les activités
49:20 à fort capex bien sûr et ce qui trinque beaucoup c'est les énergies solaires qui
49:24 sont massacrées on verra peut-être tout à l'heure et les éoliennes offshore principalement.
49:29 Je rappelle qu'effectivement on parle notamment de sociétés cotées qui sont des développeurs
49:35 de ces réseaux d'énergie renouvelable et que l'aspect financier d'un projet effectivement
49:40 quand le coût du capital augmente et que les prix de sortie ont été fixés avant
49:45 l'envolée des prix de l'énergie ça crée un squeeze monstrueux effectivement pour
49:50 ces valeurs là qui ont souffert qui ont connu des crashs même spectaculaires en Europe
49:56 et aux Etats-Unis.
49:57 C'est effectivement ça.
49:58 On n'est que sur des sociétés cotées chez nous, chez Galilée.
50:02 On ne regarde pas de start-up donc là les performances qui sont indiquées c'est vraiment
50:07 des sociétés.
50:08 Ah oui, c'est des grosses entreprises.
50:09 Des grosses entreprises avec presque 30% de volatilité pour cette thématique énergie
50:12 propre.
50:13 Après il y a bon défi alimentaire un petit peu.
50:16 Je dirais qu'il n'y a beau rien à manger dans cette thématique si j'ose dire puisqu'on
50:21 a finalement la moitié des boîtes à peu près qui sont en territoire négatif et puis
50:26 bon il y a eu bien sûr une baisse des volumes avec la baisse du pouvoir d'achat des gens
50:30 suite à l'inflation, une hausse des matières premières et donc un pincement sur les marges.
50:33 Et puis médecine du futur très rapidement.
50:36 Alors il y a des biotech qui font plus de 40.
50:38 Biotech, Medtech, oui c'est ça.
50:39 Biotech, Medtech.
50:40 Alors il y en a qui font plus de 40, il y en a qui font moins de 50 donc c'est très
50:43 très disparate.
50:44 Finalement il y a aussi des grands labos qui redoutent finalement les élections 2024
50:52 aux US avec les promesses qui sont toujours là.
50:56 Et il y a quand même des cartons économiques et financiers dans cette thématique avec
51:01 les acteurs qui sont sur le diabète et l'obésité qui ont fait vraiment un carton cette année.
51:06 Bien sûr, mais effectivement une grande disparité aussi au sein de cette thématique qui au
51:10 final est une thématique en baisse et au terme de cette année 2023.
51:15 En légère baisse.
51:16 En légère baisse, effectivement.
51:17 Vous avez choisi de vous focaliser aussi sur quelques thématiques clés.
51:22 Alors il y en a une effectivement qui fait partie du haut du classement, il y en a une
51:28 dans le bas du classement et puis une qui est plutôt au milieu du classement, c'est
51:32 ça dans le ventre mou comme vous dites Ronny.
51:34 Donc on parle de robotique, on parle de luxe et on parle d'énergie et d'énergie propre
51:39 à nouveau alors.
51:40 Absolument.
51:41 Alors sur ce graphique qui vient d'apparaître, on voit la performance en basse 100 depuis
51:46 le 1er janvier, de la robotique et intelligence artificielle.
51:50 C'est la grande thématique IA, robotique que l'on a chez nous.
51:53 On voit donc ça c'est en bleu, on voit en jaune, luxe et lifestyle, presque en doré
51:59 je dirais même.
52:00 Et puis en vert, énergie propre.
52:03 Alors bon, luxe et lifestyle, enfin déjà pour commencer, robotique et IA portée par
52:10 l'IA générative bien sûr, mais aussi par les valeurs japonaises parce que dans la robotique
52:13 il y a beaucoup de Japon et le redémarrage post confinement du Japon et aussi la sortie
52:18 de la déflation redonne de l'attractivité à l'économie japonaise.
52:22 Donc ça c'est pour la robotique et l'IA.
52:24 Pour luxe et lifestyle, on a bien sûr le ralentissement de la demande en Europe aux
52:27 US, mais surtout en Chine avec des boîtes comme Hermès qui fait à peu près 50% de
52:33 son chiffre d'affaires en Asie, en Chine même, et puis LVMH aussi, la Chine qui est face
52:40 à une crise immobilière, vous en parliez juste avant avec les invités précédents,
52:45 et puis une croissance post-covid assez décevante, on a plutôt une normalisation de la croissance,
52:51 on avait des marques comme Christian Dior qui étaient sur du 30% de croissance par an,
52:56 c'était pas vraiment soutenable, donc voilà, une normalisation qui fait que du coup la
53:00 thématique est en progression cette année, mais plutôt ventre mou du classement.
53:05 Et enfin, énergie propre, alors là les green tech, les green tech, sociétés en
53:09 pleine croissance mais qui sont rarement rentables, avec un fragile équilibre qui a été brisé
53:15 par la hausse des taux, la lenteur aussi des subventions de l'Inflation Reduction Act
53:21 qui tarde à arriver, et le retour du nucléaire et des énergies fossiles suite à la guerre
53:25 en Ukraine.
53:26 Et donc là on est sur une forte baisse.
53:29 Non mais ça montre bien effectivement l'écart qu'on a comme ça sur ce panel de 25 thématiques
53:35 que vous analysez, voilà, entre les meilleures et celles qui ont été les contre-performeurs
53:40 on va dire de cette année 2023.
53:43 En tant que société de gestion, Ronny, j'ai envie que vous nous disiez un petit peu comment
53:49 vous regardez 2024 en termes de dynamique possible des marchés, et justement si on
53:56 construit ces stratégies sur la base de fonds thématiques, quelles sont les thématiques
54:03 qui vous paraissent appropriées ? Alors je ne sais pas quel est l'horizon de temps
54:05 que vous fixez pour définir les bonnes thématiques à avoir en portefeuille au 1er janvier 2024.
54:10 Est-ce que c'est pour deux mois, pour trois mois, est-ce que c'est pour toute l'année
54:14 et plus ? Mais voilà, quelles sont les thématiques avec lesquelles vous êtes les plus à l'aise
54:19 pour entamer 2024 ?
54:21 On va dire 1er semestre 2024, on va dire que le marché anticipe à six mois, plus si affinité
54:27 bien sûr, mais déjà on va donner des perspectives pour le 1er semestre 2024 avec trois thématiques
54:32 économie du sport, économie numérique et mobilité du futur.
54:35 Alors, économie du sport, thématique assez « blend », on aime bien parce que ces
54:40 dernières années il y a eu des excès dans tout ce qui est croissance, dans tout ce qui
54:46 est value, c'était un excès dans un sens, dans l'autre.
54:49 Finalement, économie du sport, on revient sur des niveaux de valo assez attractifs,
54:56 avec la normalisation des inventaires et des stocks aussi qu'il y a eu dans cette thématique,
55:01 les dépenses de consommation discrétionnaires qu'on estime augmenter pour 2024 et donc
55:07 profiter à cette thématique finalement, économie du sport.
55:10 Sur cette thématique, on peut s'exposer via Mandarine Global Sport ou mon pensier
55:15 Sport Solutions qui lui va prendre en compte aussi le bien-être nutritionnel dans son
55:19 allocation.
55:20 Je sais que vous recevez…
55:21 Oui, il est venu il n'y a pas longtemps et un des moteurs pour lui de la stratégie,
55:27 ça reste aussi le calendrier des événements sportifs.
55:29 On sort de la Coupe du monde de rugby, les JO Paris 2024 devant nous encore et donc c'est
55:36 à chaque fois des moments très particuliers pour le business, notamment des équipementiers
55:41 sportifs etc.
55:42 Absolument et même pour le e-sport.
55:44 Oui, en plus.
55:45 Il y a un engouement à chaque fois sur l'e-sport, à chaque fois qu'il y a une compétition.
55:49 Alors, on a ensuite économie numérique et ici vous avez le graphique du PER finalement,
55:56 de l'économie numérique en bleu clair versus en bleu marine noir, le MSCI World.
56:02 Donc, on voit qu'on était sur du 30-35 ces dernières années.
56:06 Ce PI c'est normalisé, donc ça on aime beaucoup, avec une croissance du chiffre
56:12 d'affaires parmi les plus fortes des thématiques qu'on regarde, 9% par an, croissance des
56:16 BP à attendu de 22% par an, donc c'est énorme.
56:19 Et puis, une forte intensité de R&D aussi dans cette thématique qui, à notre avis,
56:25 va porter le cours boursier.
56:27 Économie numérique, on trouve quoi des boîtes de services informatiques etc ?
56:31 Alors, on trouve du retail en ligne, par exemple Zalando, on trouve des services en
56:36 ligne du Netflix, du Uber, etc.
56:38 Voilà, économie numérique.
56:39 On peut s'y exposer via AXA Digital Economy, c'est un fonds, ou via GlobalX ETF e-commerce
56:48 pour ceux qui aiment la gestion passive.
56:50 Et enfin, mobilité du futur, si on a encore quelques minutes.
56:55 Au niveau de la mobilité du futur, il y a bien sûr la demande des véhicules électriques
57:02 qui est en forte augmentation, avec le durcissement de la réglementation.
57:05 On a les niveaux de marge et les bénéfices des boîtes qui sont en amélioration.
57:13 Et donc, cette thématique mobilité du futur nous paraît être, en tout cas pour le premier
57:18 semestre 2024, une thématique intéressante à mettre en portefeuille, parfois décorrélante
57:24 aussi.
57:25 Et cette thématique, on peut s'y exposer via BNY Mobility Innovation Fund, qui est
57:31 un biais plutôt US, 50% des entreprises dans ce fonds sont sur les US, ou bien un ETF,
57:37 iShares Electric Vehicles and Driving Technology, pour la conduite électrique.
57:43 Il y a tous les mots clés.
57:44 C'est pour la conduite électrique et pour la conduite autonome, en tout cas ceux qui
57:49 veulent investir spécifiquement sur ces deux pans qui sont les pans majeurs de la thématique
57:54 mobilité du futur.
57:55 Merci beaucoup Rony, merci encore une fois de nous accompagner tout au long de la saison
58:00 et de venir dresser ce palmarès des thématiques à l'issue de cette année 2023.
58:06 Rony Micheli, président de Galilée Asset Management, qui nous accompagne régulièrement
58:11 pour le décryptage des grandes thématiques d'investissement et de la gestion thématique
58:16 dans son ensemble.
58:17 Voilà pour ce dernier quart d'heure de Smart Bourse, à retrouver bien sûr en replay sur
58:20 bsmart.fr et nous on se retrouve demain en direct à 17h sur Bsmart.
58:25 [Musique]