Les entreprises, acteurs majeurs face au grand bouleversement de nos sociétés !

  • l’année dernière
Les Vraies Voix responsables avec Margaret Johnston-Clarke, Directrice Internationale Diversité, Équité & Inclusion du Groupe L’Oréal, Rebecca Amsellem, Entrepreneuse et économiste sur l’égalité salariale, Françoise Bouyer, CEO de BeThe1
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##LES_VRAIES_VOIX_RESPONSABLES-2023-12-13##
Transcript
00:00 Sud Radio, les vraies voies qui font bouger la France, 19h20, les vraies voies responsables.
00:06 On est ravis de vous retrouver comme tous les mercredis, les vraies voies responsables avec Philippe David.
00:11 Les entreprises, acteurs majeurs face au grand bouleversement de nos sociétés, à quoi ressemblera le monde d'après,
00:18 l'entreprise de demain sera plus inclusive et plus solidaire et si le mot n'est pas nouveau,
00:22 la démarche semble promise à un nouvel essor face à l'actualité, les nécessités économiques, les revendications sociales et sociétales.
00:29 Leader mondial de la beauté, L'Oréal Group poursuit son engagement en faveur de l'égalité des chances en matière de diversité, d'équité et d'inclusion,
00:37 une démarche soutenue par l'entreprise depuis de nombreuses années.
00:40 Et puis L'Oréal a cherché à promouvoir ses valeurs dans tous les aspects de ses activités,
00:44 non seulement un élément essentiel de la réussite de l'entreprise,
00:47 mais elle incarne aussi un engagement vers la société et le bien-être de ses employés.
00:51 Pour en parler, nos invités ce soir, Margaret Johnston-Clarke, directrice internationale diversité, équité et inclusion du groupe L'Oréal.
00:58 - Bonsoir. - Bonsoir.
01:00 - Rebecca M. Salam est avec nous, entrepreneuse et économiste sur l'égalité salariale.
01:04 - Bonsoir Rebecca. - Bonsoir.
01:05 - Et Françoise Bouillet, CEO de Be The One.
01:09 - Bonsoir. - Bonsoir à toutes et à tous.
01:12 - Et tout de suite, les vraies voix responsables.
01:14 - Les vraies voix Sud Radio.
01:17 - Margaret Johnston-Clarke, directrice internationale diversité, équité et inclusion du groupe L'Oréal.
01:23 On en dit long dans ce titre. Bonsoir, merci d'être avec nous.
01:26 - Bonsoir. - Merci.
01:28 - Pour comprendre un petit peu ce groupe, c'est à peu près aujourd'hui 37 marques à l'international.
01:32 - Absolument.
01:33 - Oui. On parle bien sûr de l'histoire de l'entreprise, de son engagement.
01:37 On disait dans le sommaire finalement que cet engagement, il date pas d'hier, c'est-à-dire qu'il y a une vraie histoire dans le groupe L'Oréal.
01:44 - L'engagement en fait, il date d'il y a 30 ans.
01:46 On a démarré en France avec des actions très ciblées autour des personnes en situation de handicap.
01:51 Il y a 20 ans, on a démarré l'action côté business aux Etats-Unis.
01:56 Et depuis plus de 15 ans, en France et à l'international, on a des représentations dans l'ensemble de nos filiales autour des diversités, de l'équité et de l'inclusion.
02:06 Donc, engagement soutenu par la direction générale en effet depuis un certain temps.
02:10 - L'Oréal, groupe gigantesque, combien de collaborateurs dans le monde ?
02:14 - Alors aujourd'hui, on atteint presque 90 000 collaborateurs à travers le monde en 68 pays.
02:19 - Comme Sud Radio je crois.
02:21 - Oui c'est ça.
02:23 - Vous venez, vous êtes franco-américaine, vous êtes aujourd'hui chez L'Oréal depuis 20 ans.
02:28 C'est intéressant de raconter aussi votre parcours qui vous a amené jusqu'ici.
02:32 Vous commencez par un peu l'humanitaire et finalement dans le groupe L'Oréal, vous avez fait presque, pas je dis presque tous les métiers,
02:39 mais beaucoup de métiers différents, ce qui vous donne aujourd'hui la possibilité de comprendre parfaitement ce groupe.
02:45 - J'ai eu cette chance en effet, moi je suis rentrée dans le groupe en 2000,
02:49 après 7 ans d'expérience à la Fondation Agir contre l'exclusion,
02:52 je travaille sur des projets plutôt d'ordre éducatif et de lutte contre les discriminations.
02:58 Et c'est vrai que chez L'Oréal j'ai pu occuper des postes très variés au sein de la communication, de l'image, des marques,
03:05 mais aussi du mécénat et depuis presque 7 ans sur ces sujets de diversité, d'équité et d'inclusion.
03:11 - Justement vous venez, c'est un peu de l'humanitaire en même temps, la FAS, la Fondation Agir contre l'exclusion,
03:16 vous avez une vision assez large du groupe après avoir eu divers postes,
03:19 mais comment, pourquoi aller en entreprise comme L'Oréal quand on a commencé dans une fondation ?
03:24 - Alors justement, quand j'ai démarré en 93 dans cette coalition inter-entreprise avec la Fondation FAS,
03:30 c'était vraiment l'idée de créer des parcours d'insertion vers l'emploi pour des personnes très éloignées de l'emploi.
03:36 Et donc l'idée c'était après de voir côté annonceur, côté entreprise, comment ça se passait et quel était le rôle.
03:43 Je ne pouvais pas imaginer à cette époque à quel point les choses allaient changer,
03:48 mais c'est vrai qu'aujourd'hui l'entreprise, et surtout les grandes entreprises comme les nôtres,
03:53 ont vraiment une responsabilité sociale et sociétale,
03:56 parce que les collectivités locales, les gouvernements, les grandes ONG,
04:01 ne sont plus les seules à avoir cette responsabilité et certainement pas les moyens de la mettre en place.
04:06 Donc c'est à nous aussi d'y contribuer, en travaillant avec le milieu associatif,
04:11 mais avec différents stakeholders, dans le public comme dans le privé.
04:15 - Et cette responsabilité, c'est le rôle que l'entreprise a joué.
04:19 Alors ces derniers temps, on a fait face à pas mal d'événements,
04:23 l'actualité a été ou violente ou violente, mais du coup elle a déclenché des choses,
04:28 et c'est là que finalement se révèlent les entreprises, face à MeToo par exemple,
04:32 face aux violences intrafamiliales, et là le rôle de l'entreprise est très important.
04:39 - Absolument. En 2017, quand moi j'ai pris mes fonctions, le mouvement MeToo est devenu...
04:43 - Très important, pardon, j'ai fait une faute.
04:45 - Et vous ne me dites rien, Philippe David.
04:47 - Mais...
04:48 - Quelle autorité de ouf !
04:50 - Ah oui !
04:51 - En 2017, quand c'est devenu un sujet important dans les médias, dans la presse,
04:57 il m'a semblé absolument crucial d'adresser ce sujet,
05:01 au-delà des violences faites aux femmes au sein de l'entreprise,
05:05 mais aussi l'entreprise comme un lieu pour adresser et gérer les collaborateurs et les collaboratrices
05:12 qui étaient en situation justement de... qui étaient des victimes.
05:16 Et donc ça c'est à nous, et c'est là où, à plusieurs,
05:19 notamment avec d'autres entreprises et d'autres associations,
05:22 on a pu vraiment mettre en place des politiques très concrètes,
05:26 permettant des espaces safe pour l'ensemble de nos collaborateurs et nos collaboratrices
05:32 pour justement pouvoir en parler et accéder à du logement d'urgence,
05:36 de l'accès pour les crèches, pour un téléphone portable,
05:40 de l'argent éventuellement, du temps...
05:42 - En tout cas une réponse.
05:43 - Une réponse et surtout une écoute en fait.
05:45 - Il n'y avait pas que MeToo, il y a notamment les violences faites aux femmes
05:48 dont on parle énormément depuis même peut-être avant MeToo,
05:51 parce que MeToo s'est sorti sur Twitter un week-end,
05:54 et c'est, en général, au foyer, mais l'entreprise,
05:57 alors fut-elle très grande comme L'Oréal, est-ce qu'elle a un rôle à jouer ?
06:01 - Absolument. On a un rôle à jouer parce qu'on a pu...
06:05 on sait parfaitement que quelqu'un qui est en train de vivre ça,
06:08 c'est très difficile parce que par définition,
06:10 elle ne peut pas demander de l'aide ou des conseils à la maison,
06:13 elle a souvent perdu contact avec ses proches,
06:16 et donc c'est finalement pendant la journée, pendant son temps de travail,
06:20 qu'elle va pouvoir se renseigner et obtenir l'aide et les conseils qu'il lui faut
06:24 pour pouvoir commencer une démarche, qu'elle soit juridique ou qu'elle soit psychologique.
06:30 Donc ça va toucher toute forme de violence,
06:33 que ce soit les violences faites aux femmes physiques, psychologiques,
06:36 ou par exemple économiques, dont on va parler tout à l'heure avec Rébecca.
06:40 - Alors il fallait réorganiser aussi ça en interne,
06:43 parce que généralement c'est un peu décorrélé de l'entreprise,
06:46 on a une fondation à côté,
06:48 et en fait il fallait que la direction des relations humaines s'empare de ce sujet,
06:54 et l'intègre vraiment dans le diplôme 1.
06:56 - Alors en fait, ça a démarré, cette initiative filorée,
06:59 et c'est pour ça que c'est assez unique, c'est que ça a démarré par la direction générale.
07:03 Donc ça a vraiment démarré par, à l'époque Jean-Paul Adbon,
07:06 et très rapidement ça a été repris par les relations humaines,
07:09 mais c'est vrai que c'est un sujet d'entreprise,
07:12 donc ça dépasse bel et bien la responsabilité d'un département.
07:16 C'est une responsabilité collective,
07:19 qui va de la recherche à l'innovation, en passant par la création des marques,
07:23 et donc étant donné que tout le monde est manager,
07:26 à un moment donné c'est pas que la responsabilité des RH,
07:29 c'est vrai que ça nous permet vraiment de trouver des solutions,
07:33 créatives, innovantes, et surtout efficaces par rapport à l'ensemble de nos collaborateurs,
07:38 parce que le local va prendre le dessus.
07:41 - Alors ce qui est intéressant, c'est de revenir sur cette actualité,
07:44 puisque vous êtes un groupe à l'international,
07:46 MeToo c'est arrivé forcément des Etats-Unis,
07:48 vous avez des antennes aux Etats-Unis, vous êtes très puissant sur place,
07:51 à quel moment finalement, ce sujet qui était à la base un sujet américain,
07:56 même s'il nous touche aujourd'hui, vous vous êtes dit,
07:58 il faut qu'on s'empare tout de suite du sujet ?
08:01 Est-ce que c'est immédiat ? Comment ça s'organise finalement sur place ?
08:06 - Alors c'est comme tout sujet, c'est dans l'actualité,
08:09 on pense, et si je pense avec les différentes équipes en interne,
08:14 qu'on a une possibilité ou on a un rôle à jouer, c'est assez rapide.
08:18 Donc là par exemple, typiquement, on s'est emparé de ce sujet suite à MeToo,
08:23 dès 2018 on a créé une coalition d'entreprises avec d'autres entreprises
08:26 qui s'appellent One and Three Women, pour répondre à ce rôle-là,
08:30 pour former aussi nos collaborateurs qui le souhaitaient en interne,
08:33 à comment identifier des violences faites aux femmes,
08:36 et ensuite on a créé une série d'outils, dont une politique,
08:39 qui est aujourd'hui déployée dans l'ensemble de nos pays.
08:41 Donc c'est pas immédiat, mais ça se fait sur le temps et avec une cadence soutenue.
08:45 - Et il y a eu un autre fait inconnu, le confinement,
08:49 où toutes les entreprises ont laissé leurs collaborateurs,
08:51 qui pouvaient évidemment en télétravail,
08:53 ça posait une autre problématique aussi pour vous à gérer ?
08:57 - Oui absolument, mais on l'avait déjà, et c'est à ce moment-là,
09:00 c'est pendant le confinement qu'on a rédigé cette politique
09:02 sur les violences faites aux femmes, les violences conjugales.
09:05 - Et qui s'est d'ailleurs explosée pendant le confinement.
09:07 - Absolument, et qu'on l'a déployée dès janvier 2021,
09:10 avec des partenariats très forts en France,
09:12 par exemple avec la Fédération Nationale Solidarité Femmes,
09:15 et la promotion du 39-19,
09:17 où aussi on peut porter nous notre voix pour faire des plaidoyers,
09:21 pareil à l'OIT en 2019.
09:23 - L'Office International du Travail.
09:25 - L'Organisation Internationale du Travail.
09:27 - C'est sur l'OIT, là c'est moi qui me trompe.
09:29 - Où le Réal a pris la parole,
09:32 et a invité d'autres entreprises à se joindre à elle,
09:35 pour vraiment faire un plaidoyer
09:37 pour que la Convention 190 sur les violences conjugales soit votée.
09:42 - Et bien vous restez avec nous, Margaret Johnson-Clarke,
09:45 directrice internationale diversité, équité, inclusion du groupe L'Oreal.
09:48 On a encore plein de questions à vous poser.
09:50 Vous êtes venue forcément avec des expertes,
09:52 qu'on a hâte d'entendre.
09:54 On est ravis en tout cas, et merci de votre fidélité à cette émission.
09:57 On reste ensemble jusqu'à 20h. Bienvenue sur Sud Radio.
10:01 - Sud Radio, les vraies voies qui font bouger la France.
10:04 19h20, les vraies voies responsables.
10:07 - Bienvenue dans les vraies voies responsables.
10:09 On est ravis de vous retrouver.
10:11 On a tous quelque part quelque chose de l'Oreal,
10:14 à part le shampoing chez Philippe David.
10:16 Je peux vous assurer que ça ne doit pas lui coûter très cher.
10:19 - Sauf que là je suis un mauvais client.
10:21 - Margaret Johnson-Clarke est avec nous,
10:26 directrice internationale diversité, équité, inclusion du groupe L'Oreal.
10:31 On vous remercie d'être avec nous.
10:33 Dans un instant, on reviendra avec vos invités.
10:35 Aujourd'hui, c'est une énorme entreprise.
10:37 Vous parliez pratiquement près de 90 000 salariés.
10:41 Comment est-ce qu'on met en place ?
10:43 Alors ça, c'est assez énorme.
10:45 Comment on met en place toutes ces formations ?
10:48 Parce qu'il y a une espèce de formation,
10:50 il y a une pédagogie auprès de tous ces interlocuteurs,
10:53 dans autant de pays différents.
10:55 Parce que forcément, on est obligé de s'adapter au pays.
10:59 - Absolument.
11:00 Donc comment on fait ?
11:02 Déjà, c'est obligatoire.
11:04 Quand vous arrivez chez L'Oreal, vous rentrez chez L'Oreal,
11:07 vous êtes obligé de faire un séminaire
11:09 qui s'appelle "Les ateliers de la diversité".
11:11 Donc déjà, vous le faites en présentiel pendant trois heures.
11:14 Tout le monde est mélangé, donc vous n'êtes pas avec votre équipe,
11:17 vous êtes vraiment avec toutes les autres personnes qui rejoignent le groupe.
11:21 Et là, on aborde tous nos sujets,
11:24 que ce soit autour de l'équité de genre,
11:27 le handicap, les générations, l'ethnicité,
11:30 vraiment à tous les niveaux.
11:32 Et ensuite, on a créé un certain nombre de modules,
11:35 en présentiel, mais aussi en virtuel,
11:38 qu'on propose et qu'on soumet aux équipes
11:41 pour pouvoir le faire au moment qui leur semble le mieux.
11:45 Donc c'est vraiment un accompagnement.
11:47 Ce n'est pas du sur-mesure, mais c'est du demi-mesure.
11:50 - Mais est-ce qu'on peut le faire de manière homogène ?
11:52 Parce que 150 pays, ce qui est énorme,
11:55 vu le nombre de pays qu'il y a dans le monde,
11:57 mais en pratiquement tous les pays du monde,
11:59 parce que les cultures sont quand même radicalement différentes.
12:01 Si vous êtes en France, en Arabie Saoudite ou au Japon,
12:03 ce n'est pas la même chose.
12:05 - Absolument. Donc en fait, on a des valeurs très claires,
12:08 on a un socle commun, si vous voulez,
12:11 par rapport à ce qu'on croit, comment on définit les diversités,
12:14 l'équité et l'inclusion, ce qui nous semble vraiment crucial.
12:17 On a aussi une charte de l'éthique qui date depuis 2000,
12:21 c'est vraiment la première étape.
12:23 Et fort de ça, on arrive à sensibiliser,
12:26 et ensuite on l'adapte toujours à la culture locale.
12:29 C'est-à-dire que certains termes peuvent être légèrement modifiés,
12:33 certaines priorités peuvent être aussi mises en place.
12:36 - Adaptées, je me dis.
12:37 - Et surtout, la chose la plus importante,
12:40 c'est la bienveillance et la sécurité de nos collaborateurs et de nos collaboratrices.
12:45 Donc on ne va jamais les mettre en danger,
12:47 on va leur parler de multiculturel, de genre,
12:51 même là où ça peut être plus compliqué,
12:53 et on va l'aborder à notre façon,
12:55 parce que c'est absolument crucial pour faire partie
12:58 et comprendre la culture de l'entreprise.
13:00 - Et on se nourrit les uns des autres,
13:02 puisque j'imagine que ceux qui ont travaillé en France
13:05 peuvent être déployés à l'international,
13:07 et revenir aussi avec une nouvelle atmosphère positive de l'entreprise.
13:12 - Tout à fait.
13:13 Donc non seulement on encourage ça,
13:15 mais aussi on fait des parcours d'insertion
13:17 notamment pour des personnes déplacées ou des réfugiés,
13:20 pareil, toujours en mettant en avant leur histoire,
13:23 et leur donner la chance de pouvoir partager et d'enrichir aussi leurs équipes.
13:27 Donc c'est vraiment des expatriés, des personnes de différentes cultures,
13:30 à qui on peut donner la parole pendant...
13:33 autant qu'ils le veulent.
13:36 - Vous êtes franco-américaine,
13:38 est-ce que vous pratiquez,
13:39 ça s'entend pas, votre accent français étant absolument parfait,
13:42 c'est pas que je le dis,
13:43 pratiquez-vous la discrimination positive,
13:45 l'affirmative action, comme on dit aux Etats-Unis,
13:47 à l'américaine, chez L'Oréal ?
13:49 - Alors l'affirmative action, malheureusement, c'est un terme qui va...
13:51 - Mon accent est beaucoup moins bon que le vôtre.
13:53 - ... qui va presque disparaître aux Etats-Unis,
13:55 vu la législation qui est en cours.
13:58 Donc malheureusement, c'est quelque chose qui est arrivé
14:00 après les droits civiques, dans les années 60,
14:02 et évidemment c'était très important
14:04 pour permettre justement une mixité.
14:06 Malheureusement ça a été remis en question,
14:08 comme vous le savez, dans le milieu universitaire aux Etats-Unis.
14:11 Donc en France, le terme "discrimination positive"
14:15 est assez mal perçu,
14:17 mais c'est vrai que, moi je crois au quota,
14:19 et je pense que chez L'Oréal,
14:21 on a toujours mis en avant la diversité des équipes
14:25 et la pluralité des expériences,
14:28 et comment on peut justement célébrer cette différence.
14:32 Parce qu'on est dans un domaine qui est celui de très intime,
14:35 qui est celui de la peau et du cheveu,
14:37 et de l'estime de soi,
14:38 et donc c'est très important aussi d'être vraiment à l'écoute
14:40 de ces différents parcours et de ces différentes histoires.
14:43 - Est-ce que c'est d'une nouvelle...
14:45 ça vient aussi, ça passe par cette jeunesse,
14:47 aujourd'hui, qui s'engage de plus en plus.
14:50 On dit que ce sont forcément les plus âgés
14:53 qui ont des habitudes ou de mauvaises habitudes,
14:55 et cette nouvelle génération, cette nouvelle vague,
14:57 qui est très ouverte sur la société,
15:00 sur les différences,
15:02 et qui ne le voit pas comme certaines générations.
15:05 - Alors, je pense que chez L'Oréal,
15:07 étant donné que ça fait plus de 30 ans qu'on est engagé sur ça,
15:09 ce n'est pas quelque chose qui allait à la nouvelle génération.
15:12 C'est vraiment quelque chose qui fait partie
15:14 des valeurs historiques du groupe.
15:18 Et donc, justement, la différence,
15:20 on a des équipes vraiment à travers le monde,
15:23 et depuis toujours, on a des marques internationales
15:26 dans notre portefeuille qui émanent d'Asie du Nord,
15:29 d'Amérique du Nord, et bien entendu d'Europe.
15:32 Donc, non, je pense que ce n'est pas un phénomène de mode du tout.
15:35 - C'est vraiment l'ADN.
15:37 Enfin, on parle de notre culture plus que d'ADN,
15:39 mais oui, absolument.
15:40 - Vous vous occupez aussi de l'équité.
15:42 Qu'est-ce que l'équité dans une entreprise,
15:44 et en quoi est-ce différent de l'égalité ?
15:46 Sujet de philosophie, vous avez 4 heures.
15:48 - Alors, en 2 secondes,
15:51 l'équité pour nous, c'est vraiment la garantie
15:54 de traitement égal.
15:58 C'est permettre à chacun et à chacune d'avoir la chance.
16:01 Donc, on parle beaucoup d'équité de gens, justement,
16:04 par rapport à l'équité salariale.
16:09 Donc, ça, c'est des choses où, concrètement,
16:11 on peut mesurer, on sait qu'il y a des inégalités,
16:13 on doit les combattre.
16:15 Et depuis 2007, on travaille avec l'Ined en France,
16:18 par exemple, pour mesurer ces inégalités salariales
16:20 entre les collaborateurs et les collaboratrices femmes,
16:23 et justement, pour les effacer.
16:25 Donc, depuis 2019, on les a effacées en France,
16:28 on a fait la même démarche à l'étranger.
16:30 Mais c'est ça, l'équité, c'est de comprendre
16:32 qu'on n'est pas tous égaux, et qu'on a besoin de ce petit...
16:35 - De retrouver un équilibre, en fait, c'est ça.
16:37 - Absolument.
16:38 - Entre les différents sujets.
16:40 Et ça passe par une formation continue.
16:44 Est-ce qu'on fait des stages ?
16:46 Est-ce que, finalement, c'est le vivre ensemble
16:48 qui fait que cette formation, elle devient
16:50 totalement naturelle dans le groupe ?
16:52 - Je pense que le vivre ensemble contribue énormément.
16:55 C'est aussi de permettre et de donner la parole
16:57 à tous ceux et à celles qui ne viennent pas,
17:00 nécessairement, de Paris, ou qui viennent des marques historiques,
17:04 comme certaines de nos marques qui sont parisiennes.
17:07 Donc, c'est vraiment, justement, donner ce droit
17:10 à la parole, à l'expression et à l'écoute.
17:12 Et sachant qu'aujourd'hui, notamment avec les réseaux sociaux,
17:15 les rituels de beauté se partagent,
17:18 pas seulement d'un endroit géographique à l'autre,
17:21 dans un même pays, mais aussi à l'international.
17:24 Donc, il faut vraiment être à l'écoute
17:26 de tous nos collaborateurs et nos collaboratrices.
17:28 - Vous occupez aussi de l'inclusion.
17:31 L'Oréal, c'est une entreprise française.
17:33 On en est fiers d'ailleurs, on peut le rappeler.
17:35 Est-ce que dans la diversité, l'équité et l'inclusion,
17:37 il y a une... là, je vais améliorer mon accent...
17:39 une "French touch" ?
17:41 - Alors, l'Oréal, en effet, est un groupe français
17:45 avec une dimension internationale très importante.
17:48 Aujourd'hui, on a une grande diversité de profils
17:51 et de nationalités. On a 168 nationalités chez l'Oréal.
17:55 - Il y a presque toute la planète, quoi !
17:56 - Donc, on est vraiment très fiers de ça.
18:00 Néanmoins, c'est vrai que notre direction générale
18:02 est basée en France.
18:04 Donc, on a un président et un directeur général
18:07 qui sont français, qui ont vécu à l'étranger,
18:09 qui ont eu des expériences diverses, justement,
18:11 et auxquelles ils ont beaucoup...
18:13 enfin, voilà, qu'ils apportent à leur quotidien.
18:15 Néanmoins, je pense qu'on peut dire qu'aujourd'hui,
18:18 on est vraiment une entreprise internationale.
18:20 - Eh bien, vous restez avec nous.
18:22 Dans un instant, Françoise Boyer sera avec nous,
18:25 dans la vidéo de "Be the One".
18:27 On va parler de l'identité de genre,
18:30 un sujet très important, un joli témoignage,
18:33 parce que ça nous concerne tous.
18:35 On revient dans un instant. On fait une petite pause.
18:38 Merci de nous écouter.
18:39 C'est "Les vraies voies responsables", jusqu'à 20h.
18:41 - Il se passe plein de choses dans le groupe L'Oréal.
18:50 C'est pour ça qu'on a voulu en faire une émission,
18:53 parce qu'il y a beaucoup d'engagement
18:55 dans cette belle entreprise.
18:57 Et nos invités nous le disent,
18:59 Margaret Johnson-Clark,
19:01 directrice internationale, diversité, équité,
19:03 inclusion de ce groupe L'Oréal.
19:06 Merci en tout cas d'être avec nous.
19:09 Et puis, Françoise, est-ce qu'on dit Boyer ?
19:12 - Oui, Boyer.
19:13 - Très bien. Bonsoir, merci d'être avec nous.
19:14 Vous êtes CEO de "Be the One".
19:17 Ça fait partie, Margaret, de ces personnes,
19:20 parce que forcément, quand on fait votre métier,
19:22 on va chercher des expertises à l'extérieur,
19:24 des gens qui connaissent parfaitement les sujets.
19:26 Et Françoise, rentre dans cette catégorie,
19:29 notre invitée dans un instant, Rebecca Amsalen-Mossi,
19:32 de ces personnes, de ces personnalités
19:35 qui ont des sujets qui les portent
19:37 et qui vont jusqu'au bout.
19:38 Ce sont des vrais engagements.
19:40 - Absolument.
19:41 C'est à plusieurs qu'on peut réussir
19:43 à faire bouger les lignes,
19:44 à faire évoluer, à former, à sensibiliser.
19:48 Par contre, je suis très humble.
19:51 J'ai besoin d'avoir des expertes comme Françoise
19:53 et comme Rebecca, parmi d'autres,
19:55 pour pouvoir justement me nourrir,
19:56 mais aussi pouvoir justement challenger
19:58 et éduquer nos équipes,
20:00 en interne et en externe.
20:02 Mais on fait des belles choses, toutes les trois.
20:04 - En tout cas, Françoise Boyer,
20:05 merci d'être avec nous.
20:06 - Merci.
20:07 - "Be the One", c'est quoi exactement ?
20:08 - "Be the One", c'est un cabinet de recrutement
20:10 qui est spécialisé dans tous les métiers
20:12 de la mode, de la beauté, du luxe,
20:14 pour les managers dans le monde.
20:16 - Et vous, votre lien avec L'Oréal,
20:18 il part de quoi ?
20:20 On parle de quoi avec vous, aujourd'hui ?
20:22 - On parle justement de diversité,
20:24 équité, inclusion.
20:25 Et à l'intérieur de ça, moi, j'ai dit,
20:26 évidemment, je suis plus sur le genre,
20:28 l'identité de genre,
20:30 essayer de comprendre de quoi on parle,
20:32 essayer de voir aussi, non seulement,
20:34 du côté RH, mais aussi du côté business.
20:36 - Votre lien avec L'Oréal, c'est que
20:39 "Be the One", c'est votre entreprise,
20:40 mais vous faites partie du conseil global
20:42 pour la diversité qui a été mise en place
20:44 au sein de L'Oréal.
20:45 - Voilà, tout à fait. Il y a trois ans,
20:46 donc ça fait trois ans que je fais partie de ce board.
20:48 Et voilà, on travaille de façon très approfondie
20:51 avec l'ensemble de la direction du groupe,
20:55 et c'est assez spectaculaire de voir
20:56 à quel point le groupe est engagé,
20:57 mais vraiment profondément,
20:59 dans tous ses sujets.
21:00 Et il y a des travaux qui sont très importants
21:03 sur les fondamentaux même de l'entreprise.
21:05 Donc ça bouge, ça bouge vraiment.
21:07 - Alors, François Sebouy, vous avez vu que
21:09 sur notre mur, il y a marqué "Parle au vrai".
21:11 - "Parle au vrai", puis c'est écrit beaucoup de fois.
21:13 - Vous, vous êtes transgenre.
21:15 Aujourd'hui, il y a énormément de sujets,
21:20 il y a énormément de mots que certains ne comprennent pas.
21:23 On a l'impression de tout mélanger un petit peu.
21:25 Qu'est-ce que ça veut dire aujourd'hui, transgenre ?
21:27 - Alors, en fait, moi je ne suis pas transgenre.
21:29 - Ah, d'accord.
21:30 - Donc, ça commence, vous voyez.
21:31 - Ça commence mal.
21:32 - Non, non, ça commence très bien, au contraire,
21:34 parce que ça montre à quel point
21:35 ces concepts sont compliqués à comprendre
21:39 pour tout le monde.
21:40 - Et expliquer.
21:41 - Et expliquer éventuellement, à vivre aussi d'ailleurs.
21:43 Et puis ça peut éventuellement être fluide
21:45 chez certaines personnes.
21:46 Donc, en fait, on parle d'identité de genre
21:48 plus que d'autres choses.
21:49 Et ensuite, il y a plein de styles, de genres,
21:51 et finalement, chaque personne vit une aventure particulière
21:54 dans sa relation avec son genre.
21:56 Et ça concerne absolument tout le monde.
21:58 Donc, moi, en ce qui me concerne,
21:59 je suis ce qu'on appelle non-binaire.
22:01 C'est-à-dire qu'en fait, je suis, je sors, si vous voulez,
22:03 des deux cases, homme-femme.
22:05 Je me sens plus libre que ces cases,
22:07 qui sont des cases sociales.
22:09 On va y revenir si vous voulez qu'on rentre dans le détail.
22:11 - Bien sûr, c'est intéressant.
22:12 - Et donc, du coup, c'est une démarche de liberté
22:15 et d'ouverture pour moi.
22:17 Donc, j'en ai besoin, c'est pas un choix.
22:19 C'est un besoin de liberté que j'ai.
22:21 - Mais identité et expression de genre,
22:23 qu'est-ce que ça signifie ?
22:24 Parce qu'il y a beaucoup de B.O.C.I.A.
22:26 - Alors, si vous voulez, on peut peut-être partir
22:27 un petit peu en arrière.
22:28 C'est quoi un homme et c'est quoi une femme ?
22:30 Parce que c'est peut-être une question déjà de base.
22:32 - Moi, j'avais une vague idée, mais c'est peut-être une...
22:34 - Mais si on rentre dans le détail,
22:35 je pense qu'il y a deux choses clés.
22:37 Il y a la biologie d'un côté.
22:39 Donc, c'est les organes génitaux,
22:41 c'est le système hormonal,
22:43 et puis c'est les chromosomes,
22:45 XX ou XY.
22:46 Donc, quand tout ça est aligné,
22:48 on obtient un mâle ou une femelle.
22:50 C'est pas toujours aligné, par exemple,
22:51 il faut savoir que pour les organes génitaux,
22:53 il y a des bébés qui naissent avec des organes génitaux
22:55 qui sont mélangés, qu'on appelle intersexes,
22:57 et selon l'Organisation Mondiale de la Santé,
22:59 ça représente 1,7% de la population mondiale.
23:02 - Ce qui est quand même énorme.
23:03 - Ce qui est quand même énorme.
23:04 Mais quand c'est aligné, on a un mâle et une femelle.
23:06 Après, pour passer mâle-femelle à homme-femme,
23:09 on a ce qu'on appelle,
23:10 et ce que les organisations internationales
23:12 ont défini il y a maintenant plus d'un de cinq ans,
23:14 l'Organisation Mondiale de la Santé,
23:16 l'ONU, etc.
23:18 On appelle ça le genre.
23:19 Le genre, c'est une construction culturelle,
23:22 et ça n'a rien à voir avec la biologie.
23:24 Donc, cette construction culturelle,
23:26 c'est ça qui fait qu'on est homme ou femme.
23:28 Et donc, c'est ça le point.
23:30 Et si vous voulez, je peux vous donner
23:32 une petite liste, par exemple,
23:33 de caractéristiques
23:35 de ce qu'on classe
23:37 dans nos sociétés, comme femme ou comme homme.
23:40 Je vous donne quelques petites définitions.
23:42 Par exemple, sur les valeurs stéréotypées féminines.
23:45 La douceur, l'accueil, l'écoute,
23:47 l'empathie, la bienveillance, l'harmonie, l'élégance,
23:49 - Vous parlez de moi ? - La séduction.
23:51 Oui, vous avez certainement un côté femme,
23:55 mais peut-être que votre voisin a certainement aussi un côté femme.
23:57 Et je vous invite, quand vous entendez ces mots,
23:59 à voir que vous soyez un homme ou une femme,
24:01 que vous vous identifiez comme un homme ou comme une femme,
24:03 à voir comment ça résonne chez vous.
24:05 Donc, toujours pour les valeurs féminines,
24:08 l'attention, l'intuition, la subjectivité,
24:10 la sensibilité, la psychologie, la retenue,
24:13 la réciprocité, la participation,
24:15 l'humilité, la capacité d'adaptation,
24:17 l'endurance, la vulnérabilité, la fragilité,
24:19 la candeur, etc. Il y en a beaucoup,
24:21 mais je voudrais juste vous en citer deux dernières.
24:23 C'est l'osmose avec la nature
24:25 et le besoin d'être aimé.
24:27 Pour les valeurs dites masculines, maintenant,
24:30 l'action, la force, le courage, la détermination,
24:33 l'autodétermination, la compétition,
24:35 l'indépendance, le dépassement de soi,
24:37 la structuration, la générosité collective,
24:40 la stabilité, la constance, la concentration,
24:42 l'exploration, la découverte, etc.
24:44 Et les deux que je voudrais vous donner pour finir,
24:46 c'est la domestication de la nature
24:48 et le besoin d'être admiré.
24:50 Donc, voilà par exemple ce qui est classé,
24:53 ce qu'on classe comme étant les valeurs dites féminines,
24:56 les valeurs dites masculines.
24:57 Pas l'évidence que vous avez pu vous en rendre compte.
24:59 - On se retrouve dans les deux.
25:00 - On se retrouve dans les deux, évidemment.
25:01 Donc en fait, personne n'est vraiment complètement binaire.
25:04 Tout le monde a en fait un mélange très unique,
25:06 très personnel, de valeurs
25:08 qui font que globalement, on est mélangé.
25:11 Sauf qu'on nous classe,
25:13 et on nous demande d'être classé comme homme ou comme femme.
25:15 Ce qui fait que, en fait, dans beaucoup de cas,
25:17 on n'arrive pas à vivre pleinement
25:19 les valeurs de l'autre genre,
25:20 parce que ça ne fait pas partie de ce qu'on croit
25:23 être acceptable par la société.
25:24 - Parce qu'un homme ne peut pas être sensible.
25:25 - Parce qu'un homme ne peut pas être sensible.
25:26 - Une femme ne peut pas être forte.
25:27 - Il ne peut pas pleurer dans la cour de l'école.
25:28 - Il ne peut pas pleurer dans la cour de l'école.
25:29 - C'est ça.
25:30 - Donc c'est bien ça, le sujet.
25:32 Et donc aujourd'hui, la question,
25:34 c'est d'ouvrir un peu l'esprit
25:37 et de voir qu'on peut tout à fait vivre
25:40 les valeurs classées dans l'autre genre,
25:42 et qu'on peut même s'épanouir,
25:44 et que c'est peut-être même
25:45 une des principales conditions d'épanouissement.
25:47 Aujourd'hui, c'est de s'ouvrir sur ces valeurs.
25:49 Et les jeunes ne s'y trompent pas.
25:50 Vous avez dit tout à l'heure
25:51 que les jeunes sont en train de bouger.
25:53 Aujourd'hui, le dernier sondage qu'on a sur le sujet,
25:56 qui est un sondage IFOP qui date de 2020,
25:58 on pose la question aux gens,
25:59 vous vous sentez plutôt femme,
26:00 vous vous sentez plutôt homme,
26:01 ou vous vous sentez ni l'un ni l'autre,
26:03 les deux autres.
26:04 Parmi les 18-30 ans sur lesquels était fait le sondage,
26:07 22% se disent ni l'un ni l'autre.
26:11 Se disent donc non-binaires.
26:13 - Et moi, vous savez, je dis toujours aux gens,
26:14 je suis un homme dans un corps de femme.
26:16 Donc vous voyez, je suis pas très loin du mot.
26:18 - Oui, mais vous pouvez encore, à mon avis, déplacer ça
26:19 pour un jour après l'émission.
26:20 - Absolument.
26:22 Comment ça s'inscrit dans l'entreprise ?
26:24 Encore une fois, parlons vrai.
26:26 C'est-à-dire qu'on vous voit arriver,
26:28 on sait pas si on doit dire "bonjour monsieur"
26:30 ou "bonjour madame",
26:31 ça c'est l'éducation qu'on a reçue,
26:33 de dire toujours "bonjour monsieur" ou "bonjour madame".
26:35 Et c'est ça aussi l'intérêt de travailler avec des entreprises,
26:38 c'est finalement de casser tous ces codes moraux,
26:41 d'éducation, et de gagner en simplicité, c'est ça ?
26:44 - Oui, il y a ça bien sûr,
26:47 mais au-delà de ça,
26:48 il y a de voir l'ouverture que ça procure
26:50 quand vous êtes dans ce genre de position.
26:52 Donc ça fait partie de la diversité,
26:54 d'avoir des gens qui ont cette ouverture-là,
26:56 c'est des gens qui vont apporter un autre point de vue,
26:58 peut-être une créativité plus grande,
27:00 et donc c'est des gens qui ont besoin
27:02 d'être respectés, de se sentir dans un espace sécurisé,
27:05 et effectivement qu'on les traite pas du mauvais nom.
27:09 Donc par exemple, si vous me voyez arriver,
27:11 vous entendez ma voix,
27:12 les auditrices et les auditeurs,
27:14 c'est une voix d'homme,
27:16 mais en fait je porte du rouge à lèvres,
27:17 j'ai des vernis à onges, j'ai des boucles d'oreilles,
27:19 je suis habillé plutôt dans une expression de femme,
27:22 mais j'ai une voix d'homme.
27:24 Donc si vous voulez, quand on me voit moi,
27:27 si quelqu'un me dit "bonjour monsieur",
27:28 c'est un peu embêtant,
27:29 mais si quelqu'un me dit "bonjour madame",
27:30 c'est pas forcément tellement plus juste non plus.
27:32 Donc vous dites "bonjour".
27:34 - C'est ça.
27:35 - Comment est-ce que...
27:36 Au moins c'est ça, ou "bonsoir" à 19h38.
27:38 - Ou "bonsoir", voilà.
27:39 - Quelque part, dans une entreprise comme L'Oral,
27:41 est-ce que la vie privée des gens,
27:43 ça relève de l'intime,
27:44 et ça devrait pas rester purement privé ?
27:46 Comment est-ce qu'on approche cela ?
27:48 - C'est une question de respect.
27:50 Nous on est...
27:51 Enfin, c'est précisément...
27:52 Moi j'ai invité Françoise à venir parler
27:55 à l'ensemble de nos correspondants éthiques,
27:56 par exemple l'année dernière,
27:58 pour justement les sensibiliser
28:00 à cette question d'expression et d'identité de gens,
28:03 pour pas heurter, pour en tout cas en être conscient.
28:06 Et c'est vraiment quelque chose où l'intimité...
28:09 Oui bien sûr, on doit être...
28:11 Enfin je veux dire, l'entreprise,
28:12 c'est là où vivent pendant 8-10 heures par jour
28:15 nos collaborateurs et nos collaboratrices.
28:17 Donc oui, c'est une question de respect
28:19 et une question de compréhension,
28:21 mais là il faut qu'on sensibilise davantage.
28:23 - Et on est plus sur des choses marginales.
28:25 Encore une fois, 22% des 18-30 ans sont non-binaires.
28:28 Et si vous regardez les 10-18 ans
28:30 sur lesquels on n'a pas le droit de faire de sondage,
28:32 on est probablement au moins à ce niveau-là.
28:34 Donc si vous voulez, il y a toute une frange de la population
28:36 qui arrive en s'exprimant comme ça,
28:38 et puis vous avez tous leurs alliés.
28:40 C'est-à-dire des gens qui ne se sentent pas forcément non-binaires,
28:42 mais qui trouvent que c'est essentiel
28:44 que ces gens-là puissent être respectés.
28:46 Et là, vous ajoutez peut-être encore autant de gens,
28:48 vous êtes quasiment la moitié de la population.
28:50 La moitié de la population
28:52 qui sont des gens qui souhaitent
28:54 que ces sujets-là soient respectés.
28:56 Donc on est face à une révolution de société quasiment.
28:59 - Je ne vais pas rafraser une marque,
29:02 mais c'est "Venez comme vous êtes" en fait, c'est ça ?
29:04 - Oui, je pense que c'est même au-delà.
29:07 C'est-à-dire d'aller comprendre
29:09 que ça porte aussi une richesse nouvelle,
29:11 ça porte une ouverture nouvelle,
29:13 et que c'est intéressant d'aller la recueillir
29:15 et d'aller laisser l'espace à ces gens-là
29:18 pour qu'ils amènent une vision nouvelle,
29:20 une vision plus moderne, une vision plus riche
29:23 de ce qu'ils ont à faire,
29:24 que ce soit développer un shampoing,
29:26 ou que ce soit vendre un café.
29:28 Tout est infusé par cette identité de genre,
29:32 c'est un des marqueurs fondamentaux de nos personnalités.
29:34 - Et bien vous restez avec nous...
29:35 - Conclure sur un café ou à Tels.
29:37 - On va revenir dans quelques instants
29:40 avec une autre experte, Rebecca M. Salam,
29:42 qui est avec nous, entrepreneuse et économiste
29:44 sur l'égalité salariale homme-femme
29:47 et les violences économiques,
29:48 ce qui est un sujet aussi très important.
29:50 Comme ça on aura fait un panel assez large,
29:52 finalement, du changement des entreprises
29:55 aujourd'hui et de l'humain
29:57 face à cette société qui mue.
30:00 On est ensemble jusqu'à 20h.
30:02 Merci d'être avec nous.
30:04 On vous souhaite un bon début de soirée, surtout.
30:06 - Sud Radio, les vraies voies qui font bouger la France.
30:09 19h20, les vraies voies responsables.
30:12 - Les vraies voies responsables dans ce groupe L'Oréal
30:15 avec des sujets très importants,
30:16 des sujets d'inclusion, de diversité, d'équité.
30:19 Margaret Johnson-Clark est avec nous,
30:21 directrice justement internationale de ces sujets
30:23 dans le groupe L'Oréal,
30:25 avec des vrais experts et des expertes aujourd'hui.
30:28 Françoise Bouillet qui est avec nous,
30:29 CEO de Be The One.
30:31 Et Rebecca M. Salam, bonsoir.
30:33 - Bonsoir.
30:34 - Merci d'être avec nous, entrepreneuse et économiste
30:36 sur l'égalité salariale,
30:38 qui est un sujet important, forcément,
30:40 pour un grand groupe comme L'Oréal,
30:44 sur, je ne sais pas quelle est la proportion d'hommes-femmes,
30:47 en tout cas, ou de femmes-hommes,
30:49 de recréer cet équilibre,
30:51 qui n'est pas toujours facile à faire,
30:52 mais en tout cas de s'en rapprocher le plus possible.
30:54 - Absolument.
30:55 On s'y est telle depuis 2007,
30:57 chez L'Oréal, on a 69% de femmes dans nos effectifs
31:01 et on a vraiment mesuré chaque année les écarts de salaire
31:06 jusqu'à les effacer à néant en 2019.
31:09 Donc c'est un exercice qu'on a maintenant déployé à l'international
31:13 et c'est vraiment un sujet important.
31:14 - Alors Rebecca M. Salam, en 2015, vous avez lancé
31:16 votre première newsletter féministe nommée "Les Glorieuses",
31:19 dont le but était de constituer un imaginaire collectif
31:22 dans lequel les femmes seraient égales des hommes.
31:24 Près de 9 ans plus tard, on en est où ?
31:26 Est-ce que les choses sont allées dans le bon sens ?
31:28 - Alors, je pense qu'on a vraiment avancé.
31:31 On n'a pas reculé, je pense qu'on n'est pas encore tout à fait à l'égalité,
31:35 mais on a avancé, ne serait-ce que sur l'univers culturel.
31:38 Aujourd'hui, quand on parle égalité salariale, on sait ce que c'est.
31:41 Quand on parle de violences faites à l'égard des femmes...
31:44 - C'est identifié. - C'est identifié.
31:46 Et je pense que c'était vraiment la première étape
31:48 d'aller vraiment travailler sur l'imaginaire des gens
31:51 pour essayer de comprendre quelle était la réalité des femmes.
31:54 Pour travailler sur ces éléments, il fallait produire des chiffres.
31:57 On a produit des chiffres.
31:59 Il faut aussi mettre en lumière des autrices, des réalisatrices,
32:03 des femmes qui produisent de la culture, des arts,
32:06 et c'est ça qu'on essaye de faire dans la newsletter des Glorieuses.
32:09 Sur la différence entre...
32:11 Enfin, l'écart des salaires entre femmes et hommes,
32:15 c'était quoi hier et c'est quoi aujourd'hui ?
32:17 Est-ce qu'on a au moins avancé ?
32:19 On a commencé à faire un hashtag
32:22 qui représente le moment théorique où les femmes
32:24 devraient s'arrêter de travailler du fait des inégalités salariales.
32:27 On peut en citer quelques-uns. Vous avez fait #4Novembre16h16 en 2020,
32:29 #5Novembre16h47 en 2019, il y en a plusieurs.
32:32 Mais c'est des hashtags comme ceux-ci.
32:34 Vous voulez dire que là, je travaille gratuitement ?
32:36 Absolument, moi aussi.
32:37 Ça me fait plaisir de partager ce moment avec vous, de récréation.
32:41 La première année où on l'a fait, c'était en 2016.
32:45 À ce moment-là, l'écart de rémunération entre les femmes et les hommes
32:49 était de 15,1%.
32:51 Ces chiffres, c'est les chiffres de l'Eurostat,
32:53 qui sont eux-mêmes issus de l'INSEE en France.
32:56 Cette année, quand on l'a fait, l'écart de rémunération était de 15,4%.
33:00 C'est-à-dire que c'est un peu moins bien.
33:03 Un delta de 0,3 point.
33:05 Je ne dis pas que ça régresse, mais je dis que ça stagne.
33:08 Je trouve ça assez inquiétant, parce qu'un certain nombre de choses
33:10 ont été mises en place par le gouvernement
33:12 pour faire en sorte de résorber les inégalités de salaire.
33:14 Et vraisemblablement, ce n'est pas suffisant.
33:16 Est-ce que les inégalités salariales,
33:18 ce n'est pas du tout négatif pour elles,
33:20 aux petites entreprises qui n'ont pas de grilles de salaire et de politique,
33:24 comme les grandes entreprises d'égalité, etc., comme L'Oréal ?
33:27 Est-ce que ce n'est pas là le problème aussi ?
33:28 Les inégalités de salaire sont dues à plusieurs éléments.
33:31 La première explication assez simple,
33:33 c'est ce qu'on appelle la ségrégation professionnelle.
33:36 C'est-à-dire que les femmes vont avoir tendance à être très nombreuses
33:40 dans les métiers du soin ou des métiers de l'éducation,
33:42 et on vit dans une société où les métiers du soin
33:45 ou les métiers de l'éducation sont moins valorisés.
33:47 Ça, c'est un fait.
33:49 Mais ça n'explique pas tout.
33:50 La ségrégation professionnelle n'explique pas toutes les inégalités salariales.
33:53 Un deuxième élément a été notamment mis en lumière
33:55 par la nouvelle prix Nobel de l'économie
33:57 qui a reçu son prix dimanche dernier,
33:59 qui s'appelle Claudia Goldin.
34:01 Elle a vraiment dédié ses 40 ans de carrière
34:04 à comprendre les inégalités salariales entre les femmes et les hommes.
34:07 Elle a compris un point que je trouve tout à fait intéressant,
34:10 qui explique que finalement, si en début de carrière,
34:12 il n'y a pas énormément d'inégalités salariales
34:14 au sein même des secteurs entre les femmes et les hommes.
34:16 Il y en a, mais c'est dû à la ségrégation professionnelle.
34:19 On se rend compte en revanche que ces écarts ont tendance à creuser
34:22 de manière très considérable au moment de l'âge du premier enfant,
34:26 vers 30-35 ans à peu près.
34:28 Donc elle a essayé de comprendre pourquoi est-ce qu'à ce moment-là,
34:30 les femmes ne voyaient pas leur salaire augmenter,
34:33 alors que les hommes en revanche avaient des promotions.
34:35 - Elles les stagnent, c'est ça ? - Elles, elles stagnent, exactement.
34:37 Et elle s'est rendue compte qu'au moment de l'arrivée du premier enfant,
34:41 il va y avoir un des deux parents qui va faire office de parent pilier.
34:45 Le parent qui, finalement, ça va être celui qui va décrocher son téléphone en premier
34:49 quand il y a un problème à la crèche pour aller récupérer son enfant,
34:51 et puis plus tard à l'école.
34:53 Et ce parent pilier, ça va être le parent qui va, au départ,
34:56 avoir un salaire un peu plus faible.
34:58 Et donc dans les couples hétérosexuels,
35:00 généralement c'est la femme qui va avoir ce rôle-là.
35:02 Et elle dit qu'en conséquence, dans notre société,
35:05 les métiers qui sont les plus valorisés économiquement,
35:09 c'est les métiers où il y a une plus forte disponibilité de la part du salarié.
35:13 C'est ce qu'elle appelle le travail cupide.
35:15 C'est-à-dire qu'on ne va pas avoir tendance à rétribuer la productivité,
35:18 ou l'intelligence, mais on va avoir tendance à rétribuer la disponibilité du travailleur.
35:22 Et c'est ça qui explique finalement aujourd'hui
35:24 les inégalités de salaire entre les femmes et les hommes.
35:26 - Margaret Johnson Clark, forcément, quand on entend ça, c'est passionnant.
35:30 C'est dur à entendre, mais c'est passionnant.
35:33 L'entreprise aujourd'hui, elle est consciente finalement de ce qui se passe.
35:38 À la maison, puisque là on est aussi beaucoup à la maison,
35:41 comment on transforme ça ?
35:43 Est-ce que finalement les femmes vont voir la DRH en disant
35:48 "Voilà, moi j'ai stagné depuis des années, est-ce que vous pouvez m'aider ?
35:51 Est-ce qu'il y a des forums où elles parlent entre elles ?"
35:55 Comment ça se passe chez vous ?
35:56 - Alors, il n'y a pas de forum, non.
35:57 Ça c'est la responsabilité de chaque collaborateur et collaboratrice,
36:02 mais d'être acteur aussi de sa progression et de sa vie.
36:07 Mais c'est aussi évidemment des directives très claires
36:11 qui sont données au sein des relations humaines.
36:13 Et puis après, il y a beaucoup de choses qui ne sont pas juste en lien avec le salaire,
36:16 mais aussi sur le mindset.
36:17 C'est-à-dire par exemple, le congé coparents et paternité
36:21 a été lancé chez L'Oréal, obligatoire dans l'ensemble des pays, depuis 2019.
36:26 Donc ça c'est des choses aussi où ce n'est pas uniquement aux mamans d'être le parent pilier,
36:34 mais c'est aussi aux pères et aux coparents chez L'Oréal
36:38 de pouvoir prendre ce temps et d'être payé pour le faire.
36:41 Donc ça c'est quelque chose qui s'est déployé.
36:43 Et d'ailleurs, dans certains pays, ils vont bien au-delà des 6 à 8 semaines.
36:46 C'est parfois beaucoup plus, comme aux Etats-Unis ou dans d'autres pays,
36:49 où ce n'est pas du tout la norme.
36:51 Donc je pense que l'entreprise a un rôle aussi de repenser
36:56 et de revoir certaines attributions qui se peuvent être données
36:59 et de pouvoir les accompagner.
37:01 Il reste une minute, vous avez toutes les trois un lien avec l'Amérique du Nord et la France.
37:09 Est-ce qu'il y a un endroit qui est plus en avance,
37:12 sur tous ces deux mêmes leviers, au continent ?
37:14 C'est à dire nous ou le Nouveau Monde, eux ?
37:17 Enfin, ferez-vous aussi en même temps ?
37:18 - Rebecca peut-être ? - Rebecca ?
37:19 - Je pense pas. - Tu es franco-canadienne ?
37:21 Oui, c'est vrai.
37:22 Je ne pense pas qu'il y a un endroit qui soit plus en avance que l'autre.
37:25 Je pense qu'il y a plein de choses très intéressantes qui se passent.
37:28 On voit ce qui se passe malheureusement aux Etats-Unis,
37:31 c'est qu'il y a une régression très forte des droits des femmes.
37:35 On voit que l'avortement est remis en cause dans énormément d'États.
37:38 On voit que la Cour suprême doit statuer sur la limitation
37:41 de la pilule avortive dans les jours qui arrivent.
37:44 Que ce soit dans la Constitution, chez nous, bientôt,
37:47 c'est une bonne chose ?
37:48 Bien sûr, parce que c'est une bonne chose d'un point de vue symbolique.
37:51 Ça ne veut pas dire forcément que ça va être garantie ad vitam aeternam,
37:54 mais d'un point de vue symbolique, ça veut dire "pas de touche à notre corps".
37:57 Absolument. Merci en tout cas d'avoir été nos invités.
38:01 Merci beaucoup à Margaret Johnson-Clark,
38:03 directrice internationale diversité, équité et inclusion du groupe L'Oreal.
38:07 Ça va très très vite, c'est une heure et pourtant,
38:09 on aurait besoin de beaucoup plus.
38:11 Merci beaucoup, Rébika M. Salam d'avoir été avec nous,
38:13 entrepreneuse et économiste.
38:15 Et merci, Françoise Bouillet, d'avoir été avec nous aussi,
38:17 au de cette entreprise Be The One.
38:20 On vous invite à réécouter cette émission,
38:23 si vous ne l'avez pas entendue, dans son intégralité.
38:26 Merci au ROR de la mettre sur nos réseaux sociaux,
38:29 comme vous le faites à chaque fois.
38:30 Merci Benoît, merci Aude, merci de votre fidélité.
38:34 On se retrouve demain à 17h.
38:35 Demain, 17h pour les vraies voix.
38:37 Merci, tout de suite Sud Radio à votre service,
38:40 et à 20h, les essentiels de Sud Radio.
38:43 Et passez une belle soirée, salut, à demain.

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