• l’année dernière
Face aux géants de la grande distribution, certains professionnels ont décidé de tirer leur épingle du jeu. Des magasins vont à contre courant de tous les plans marketings, un pari fou pour contrer les acteurs classiques du secteur. Découvrez les coulisses des supermarchés.

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00:00:00 Selon une étude récente, 2 Français sur 3 préfèrent acheter des produits locaux,
00:00:05 quitte à devoir les payer un peu plus cher.
00:00:07 Alors certains industriels ont eu l'idée de tirer profit de ce business antimondialisation.
00:00:13 De plus en plus d'enseignes proposent donc des produits 100% régionaux.
00:00:17 - Bon, allez, brief !
00:00:20 Brief à l'entrée du magasin, premier brief.
00:00:23 On y va.
00:00:25 Ce matin, Laura, 28 ans, va vivre l'un des jours les plus importants de sa carrière de directrice.
00:00:31 Dans 3 heures, elle va lancer un supermarché censé révolutionner la vie des habitants de Lille.
00:00:36 - Bonjour à tous.
00:00:38 C'est avec beaucoup d'émotion que je vous accueille aujourd'hui pour l'ouverture de notre magasin.
00:00:44 Une ouverture, ça se vit pas 10 fois normalement dans une vie.
00:00:47 A mon avis, pour la plupart d'entre nous, ça sera la 1re.
00:00:50 Pour aujourd'hui, on a un chiffre d'affaires de 43 000 euros.
00:00:54 On attend 1 200, 1 500 clients, donc c'est un peu une fléchette,
00:00:57 mais 1 500 clients, c'est ce qu'on pense avoir.
00:01:00 Prenez vraiment beaucoup de plaisir, prenez du plaisir à parler avec vos clients.
00:01:04 On va être quand même dans le rush, mais prenez du temps avec les clients.
00:01:07 Voilà, en tout cas, je vous remercie à tous vraiment d'être là.
00:01:10 Puis prenez des forces pour l'ouverture.
00:01:13 - Merci. - Bonne journée. - Voilà, bonne journée.
00:01:15 - Bonne journée. - Bonne journée, messieurs, dames.
00:01:17 - Oh, là, là ! - Oh, là, là !
00:01:21 Pourtant, rien ne se passera comme prévu.
00:01:24 - Merci. - Merci.
00:01:27 En 2013, les supermarchés ont fêté leurs 50 ans.
00:01:30 Et depuis, la grande distribution n'a cessé de battre tous les records.
00:01:34 8 grands groupes industriels se partagent un chiffre d'affaires global
00:01:37 de plus de 230 milliards d'euros.
00:01:40 - Alors 86,37 euros, s'il vous plaît, madame.
00:01:44 Pour atteindre ses objectifs financiers,
00:01:47 650 000 personnes travaillent dans plus de 12 500 magasins.
00:01:51 - Voilà, madame. Une bonne journée. Merci.
00:01:54 Pourtant, face à ces géants du secteur,
00:01:57 des professionnels un peu fous ont décidé de tirer leur épingle du jeu.
00:02:01 Les supermarchés, vous pensiez les connaître.
00:02:04 Nous vous proposons d'en découvrir les coulisses.
00:02:07 Retour dans la banlieue de Lille.
00:02:12 Ici, on s'apprête à lancer un magasin
00:02:14 allant à contre-courant de tous les plans marketing.
00:02:17 Un pari fou pour détrôner les supermarchés classiques.
00:02:20 Laura et son équipe n'ont pas une minute à perdre
00:02:23 s'ils veulent que tout soit prêt pour l'ouverture.
00:02:26 - T'as pas une petite cagette ? - Pour mettre derrière ?
00:02:29 Car si les clients sont au rendez-vous,
00:02:31 le magasin pourrait à terme développer d'autres franchises.
00:02:34 Un supermarché anti-mondialisation
00:02:37 qui se rêve donc décliner en chaîne.
00:02:39 - Là, actuellement, vous pouvez voir, donc, cette semaine,
00:02:41 on a 67% des produits en circuit court.
00:02:43 Donc en fait, ça veut dire que 67% de nos produits
00:02:46 ont au final un seul intermédiaire pour le client, nous.
00:02:50 Voilà, y a que au terrain entre le producteur et le client.
00:02:53 Et sur la plupart des produits, ce sont les producteurs, au final,
00:02:55 qui viennent nous livrer en direct avec leur petite camionnette,
00:02:58 pardon, et même des fois leur tracteur.
00:03:00 L'image peut faire sourire, mais au final,
00:03:03 avec la suppression des intermédiaires,
00:03:05 les clients dépensent en moyenne 20% de moins qu'ailleurs.
00:03:08 Voilà le secret de ce supermarché
00:03:10 pour proposer des tarifs concurrentiels.
00:03:12 Et ici, on joue la transparence à fond.
00:03:15 - Vous avez ici les courges spaghettis,
00:03:18 qui sont produits par Thierry Debon.
00:03:20 Donc y a un producteur qui se situe à Vinodesque.
00:03:23 La ferme Dec, donc, ce sont des éleveurs de lapins.
00:03:25 Et donc, ils nous fournissent en viande, lapins,
00:03:28 et même des produits, au final, qui sortent un petit peu de l'ordinaire.
00:03:31 Par exemple, les gigolettes de lapins.
00:03:33 Mais pas le temps de s'attarder, il y a du pain sur la planche.
00:03:36 L'équipe n'a plus que 2 heures pour remplir tous les rayons.
00:03:39 - Bonne journée à tout à l'heure. Au revoir.
00:03:45 Cette 1re journée est déterminante pour le magasin.
00:03:48 Pour l'occasion, Laura a même réquisitionné les membres de la direction.
00:03:52 - 50.
00:03:55 Alors, moi, je suis responsable de la communication chez Oterra.
00:03:58 Ca se voit, non ?
00:04:00 Mais bon, là, c'est un peu exceptionnel.
00:04:02 On est dans le cadre de l'ouverture de notre magasin.
00:04:05 Et donc là, je vais donner un coup de main à Bastien pour la boulangerie.
00:04:09 Mais le directeur de la communication
00:04:11 n'est pas encore tout à fait au point
00:04:13 question chargement de rayons.
00:04:15 Les pâtisseries menacent de s'écrouler.
00:04:17 - En l'attrapant, en fait, j'en ai fait coller un, là.
00:04:20 Et je pense que du coup, ça va être tout juste.
00:04:22 Ca aura intérêt à prendre des boîtes plus hautes.
00:04:24 Je les empile pas, du coup.
00:04:26 Si le pâtissier a fait le déplacement en personne,
00:04:29 c'est parce que le contrat qu'il vient de signer à l'année avec le magasin
00:04:32 représenterait plusieurs dizaines de milliers d'euros de bénéfices.
00:04:35 - On a fait des tartes au citron,
00:04:38 choux chantilly, boeuf au chantilly,
00:04:41 plusieurs choses, comme les crumbles pommes,
00:04:43 des tartes chino-pommes.
00:04:45 Un bel assortiment.
00:04:46 Ca permet de développer la gamme qu'on a actuellement
00:04:49 et puis de donner le maximum de boulot à nos salariés.
00:04:53 Plus qu'une heure avant l'ouverture des portes,
00:04:55 mais Laura va devoir gérer un problème
00:04:57 auquel elle n'a pas vraiment été formée.
00:04:59 Les ouvriers ont oublié un chariot-élévateur
00:05:01 obstruant l'entrée.
00:05:03 Un imprévu qui peut remettre en cause l'inauguration du magasin.
00:05:09 - A mon avis, ça va être compliqué.
00:05:11 J'ai pas encore mon permis Nacelle.
00:05:13 Ca ne marche pas.
00:05:19 Je vais les appeler, puis ils vont se déplacer.
00:05:21 Parce que je peux vraiment pas ouvrir avec une Nacelle devant le magasin.
00:05:24 Par chance, Paul, le responsable fruits et légumes,
00:05:28 arrive à son secours.
00:05:29 - Oh, punaise, Paul.
00:05:31 - A l'arrière.
00:05:32 - Merci, Paul, super.
00:05:34 Nickel.
00:05:37 Pour pratiquer des prix bas,
00:05:39 le magasin a mis en place une stratégie marketing imbattable.
00:05:42 Les budgets sont réduits au maximum,
00:05:44 à commencer par la publicité.
00:05:46 - Est-ce que t'as un cutter sur toi ?
00:05:48 - Euh, ouais.
00:05:49 - Voilà. - Merci.
00:05:50 Et pour attirer la clientèle,
00:05:52 le directeur de la communication a eu une idée insolite.
00:05:55 Pas de flyers ni de pages de publicité dans le journal local.
00:05:59 Il a tout simplement fait distribuer un sac à pommes de terre
00:06:02 dans toutes les boîtes aux lettres de la région.
00:06:04 - Bah, normalement, on fait pas de publicité pour nos magasins.
00:06:06 Pour diminuer les prix, tout simplement,
00:06:08 diminuer les coûts et les prix.
00:06:09 Et là, dans le cadre d'une ouverture,
00:06:11 on a besoin de se faire connaître.
00:06:12 Et donc, pour inciter les gens à venir faire une 1re visite,
00:06:14 on va leur offrir 5 kg de pommes de terre
00:06:16 à leur 1er passage en caisse.
00:06:18 Et donc, on a acheté 60 tonnes de pommes de terre
00:06:21 à un producteur local.
00:06:23 Coût de l'opération, 20 000 euros tout compris.
00:06:27 Une dépense conséquente,
00:06:28 mais qui reste 5 fois moins chère que pour un supermarché classique.
00:06:32 - On ouvre.
00:06:35 On va ouvrir dans 5 minutes.
00:06:37 - On attend, ils arrivent.
00:06:38 - Dépêchez-vous.
00:06:39 8h55, le magasin est fin prêt pour l'ouverture.
00:06:42 Laura n'a jamais été aussi impatiente.
00:06:45 - Allez, c'est bon ?
00:06:47 Hein ?
00:06:48 Bah, ouais, mais voilà, on me ralentit, là.
00:06:51 L'excitation est à son comble.
00:06:53 L'équipe doit charger un rayon à la dernière minute.
00:06:56 Laura a du mal à contenir son stress.
00:06:58 - J'ai vraiment envie de voir, là, si derrière le rideau,
00:07:02 au final, il y a des clients.
00:07:04 Il y en aura, et puis...
00:07:05 Est-ce qu'on va réaliser le chiffre d'affaires de la journée aussi ?
00:07:08 Voilà.
00:07:09 Allez !
00:07:10 - 3, 2, 1...
00:07:15 Let's go !
00:07:16 (acclamations)
00:07:19 Les employés peuvent sourire, le bouche-à-oreille a fonctionné,
00:07:39 les clients ont répondu présents.
00:07:41 Et comme prévu, les 1ers clients n'ont dû que pour les pommes de terre
00:07:45 gratuites.
00:07:46 - C'est lourd, 5 kilos.
00:07:48 - Ah, c'est lourd, 5 kilos !
00:07:50 Marie-Pascal découvre, elle aussi, ce tout nouveau magasin.
00:07:54 - C'est bien présenté, c'est frais, les vendeurs sont très gentils.
00:08:01 On a du frais, on est à l'abri, on ne peut pas aller marcher dehors
00:08:05 sous la pluie, donc c'est très agréable.
00:08:08 Pour accueillir au mieux ses clients, le magasin n'a pas lésiné sur les moyens.
00:08:13 - Emile, tu vas vouloir goûter un petit peu.
00:08:15 - Volontiers.
00:08:16 - Dans un bon corps, tous y logent à toute heure.
00:08:19 Laura a fait appel à des animateurs culinaires.
00:08:22 Leur objectif, mettre en valeur les produits de la région
00:08:25 et inciter les clients à les acheter.
00:08:27 - Dis donc, qu'est-ce que c'est bon !
00:08:30 - Ah, c'est bon !
00:08:31 - Des champignons d'agoutière, monsieur Dan.
00:08:34 1 euro par tabartienne.
00:08:36 Allez, madame, à la limite.
00:08:38 - Voilà, merci.
00:08:42 - Pas de fait de transport, hein.
00:08:44 Ça vient pas loin, là.
00:08:45 - Merci, madame.
00:08:48 - Au revoir, monsieur Dan.
00:08:49 - A bientôt, alors.
00:08:50 - Oui.
00:08:51 J'essaie d'attirer le client, de leur expliquer que ça vient de chez nous,
00:08:56 de la bontière de Comines,
00:08:58 et puis qu'ils sont très bons, très fermes.
00:09:03 C'est pas comme les champignons qui sont d'ailleurs, voilà.
00:09:07 14h, l'affluence bat son plein.
00:09:11 Environ 800 clients ont déjà franchi les portes du magasin.
00:09:15 L'opération 5 kg de pommes de terre au fer est victime de son succès.
00:09:19 Paul, le responsable fruits et légumes,
00:09:21 a dû appeler en urgence son fournisseur, Stéphane Delattre,
00:09:24 pour réapprovisionner les stocks.
00:09:26 - Ce qui est bien aussi, de travailler directement avec le producteur,
00:09:31 c'est que on les appelle à n'importe quel moment.
00:09:33 S'ils sont libres, ils nous amènent les produits dont on a besoin.
00:09:36 Stéphane Delattre a repris l'exploitation familiale récemment.
00:09:40 Il y a 2 mois, quand le magasin lui propose un partenariat à l'année,
00:09:44 le jeune cultivateur saute sur l'occasion.
00:09:46 - Ils sont venus vers moi et, bon, bah, ils m'ont expliqué leur concept,
00:09:50 et ça m'a... J'ai dit "pourquoi pas?"
00:09:53 C'est vrai qu'on recherche, depuis quelques temps,
00:09:57 avoir un partenariat avec des magasins en direct.
00:10:01 Et bah, là, c'était une opportunité.
00:10:03 Pour le moment, Stéphane et sa femme ne vendent au magasin
00:10:07 qu'environ 10% de leur production.
00:10:09 - Vous serez la pochetée pour les coûts?
00:10:13 Mais à terme, il ne souhaiterait travailler qu'en circuit court.
00:10:19 La raison est simple, il pourrait gagner jusqu'à 2 fois plus d'argent.
00:10:23 - Actuellement, je travaille avec des usines et des grossistes,
00:10:27 et bon, c'est sûr qu'on fait du volume.
00:10:30 Avec un grossiste ou une usine, on fait du volume.
00:10:32 Mais à la fin, notre coût de production...
00:10:35 On calcule notre coût de production, c'est des marges très faibles.
00:10:38 Ici, travailler avec un magasin en direct,
00:10:41 on fait peut-être des plus petits volumes,
00:10:44 mais c'est rémunérateur.
00:10:45 C'est tout simplement le double de prix par rapport à une usine ou un grossiste.
00:10:49 Stéphane a donc tout intérêt que ses pommes de terre
00:10:52 se vendent comme des petits pains.
00:10:54 Dans le magasin, ça semble bien parti.
00:10:58 Mais dans quelques minutes, un événement va venir bouleverser
00:11:01 cette 1re journée d'ouverture.
00:11:06 - Alors l'espèce, c'est juste au niveau des caisses 2 et 4.
00:11:09 - D'accord. - Voilà.
00:11:10 Laura n'a pas une minute à elle, car dans un souci d'économie,
00:11:14 le magasin n'emploie pas de caissière.
00:11:17 Il faut donc prendre le temps de former les clients.
00:11:19 - Vous l'avez pesée ? - Non.
00:11:31 - Alors en fait, ça se pèse.
00:11:32 Vous avez une balance de secours qui est juste là-bas, sur la gauche.
00:11:35 - Bon, je vais aller vous le faire, ça sera beaucoup plus simple.
00:11:37 J'arrive.
00:11:38 Ça se pèse très, très bien.
00:11:41 Je vais montrer... Ouais, c'est un peu la course, mais ça va.
00:11:43 Ici, pas de carte de fidélité.
00:11:51 Mais au moment de régler ses achats,
00:11:53 le client doit absolument donner son adresse mail.
00:11:55 Pour Marie-Pascale, c'est là que les ennuis commencent.
00:11:59 - Je me suis trompée en plus.
00:12:01 Incorrect, voilà.
00:12:05 Tant que j'ai pas bien écrit mon adresse mail,
00:12:07 je pourrais pas taper mon code.
00:12:09 - Comment vous allez faire ?
00:12:11 - Donc, il faut... Un agent de quête va arriver,
00:12:14 parce que maintenant, il faut qu'il efface ce que j'ai mal fait.
00:12:17 Et voilà.
00:12:18 Bon, bah, je...
00:12:20 - Vous avez la petite ? - Oui, non, je la mets pas,
00:12:22 parce que je la connais pas, c'est celle de mon mari.
00:12:24 - D'ailleurs, je vous le dis.
00:12:25 - Il y a pas de société, hein.
00:12:26 Si le magasin demande l'adresse mail,
00:12:28 ce n'est pas pour inonder le client de publicité.
00:12:31 Le but est clair, connaître pour chaque produit l'avis du consommateur,
00:12:35 positif comme négatif.
00:12:37 Une sorte d'étude de consommateur, réalisée gratuitement par les clients.
00:12:41 - Alors, par exemple, je retrouve ici l'historique de l'ensemble de mes achats,
00:12:45 et je vais pouvoir donner mon avis sur les produits que j'ai mangés.
00:12:48 J'ai acheté une choucroute il y a pas très longtemps,
00:12:50 et donc ici, je peux la noter de 0 à 5.
00:12:54 Comme elle était très bonne, je vais mettre 5.
00:12:56 Et je vais juste mettre une petite précision.
00:12:58 Je vais marquer "Manque...
00:13:00 ...quelques conseils pour le réchauffage".
00:13:06 Voilà. J'envoie ça.
00:13:09 Et au moment où j'ai cliqué, c'est dans la boîte aux lettres du chef de rayon
00:13:12 et dans la boîte aux lettres du producteur.
00:13:14 En fait, c'est hyper important pour nous d'avoir un retour client,
00:13:17 dans la mesure où on a un magasin qui est simplifié,
00:13:19 dans lequel il n'y a que 500 références, et un seul choix par produit.
00:13:21 Donc si le produit que je propose à mon client ne lui correspond pas,
00:13:24 il n'a pas d'autre choix chez nous.
00:13:26 Et donc je me dois de coller le maximum au goût de mes clients,
00:13:28 parce qu'il n'a pas de choix alternatif.
00:13:30 - La direction semble donc avoir pensé à tout.
00:13:33 Mais à 16h, coup de théâtre,
00:13:35 Laura refuse tout à coup l'entrée du magasin à tous les nouveaux clients.
00:13:39 - Laura, qu'est-ce qui se passe ?
00:13:43 - Il y a un gros souci. On a besoin de faire le groupe 3.
00:13:46 Du coup, là, les meufs sont plus alimentées en 3,
00:13:48 donc on est obligées de fermer le magasin.
00:13:50 - D'accord. - Ouais.
00:13:52 Pour toute l'équipe du magasin,
00:13:53 cette coupure de courant est un coup de massue.
00:13:55 Sans groupe froid,
00:13:56 ce sont plusieurs centaines de kilos de marchandises qui sont menacées.
00:14:00 Les clients présents à l'intérieur sont priés d'évacuer les lieux.
00:14:03 Il faut retirer en urgence les produits des rayons
00:14:06 et sauver le maximum de denrées.
00:14:08 Chaque minute qui passe représente des milliers d'euros de perdus.
00:14:12 - On met toute la marchandise au frais dans les chambres froides
00:14:14 pour la maintenir à température en attendant que le technicien arrive.
00:14:18 - Si le groupe redémarre,
00:14:20 on pourra rouvrir et faire la fin de journée normalement.
00:14:22 Si le groupe ne redémarre pas, on garde tout au froid
00:14:24 et on reprendra demain.
00:14:26 Donc malheureusement, la journée d'ouverture a été courtée 2 heures
00:14:29 avant la fermeture du magasin par précaution.
00:14:32 Au total, le magasin a perdu plusieurs milliers d'euros de marchandises
00:14:36 en moins de 2 heures.
00:14:38 A 17h30, la panne électrique est enfin réparée.
00:14:41 Les employés n'ont que quelques minutes pour remettre en rayon
00:14:44 ce qu'ils ont mis plus de 3 heures à faire le matin même.
00:14:48 - Donc là, le...
00:14:50 Le front est revenu.
00:14:52 En fait, c'était un problème électrique qui avait bloqué le groupe froid.
00:14:54 Et donc, on se dépêche de...
00:14:56 On part rompre la chaîne de froid,
00:14:58 de tout remettre le plus vite possible en rayon.
00:15:01 Donc il y a une partie de la marchandise
00:15:04 qui, malheureusement, peut pas être gardée,
00:15:06 ce qu'on est obligé de respecter des normes en termes de température.
00:15:08 En revanche, tout ce qui est encore bon,
00:15:10 on se dépêche de le remettre en rayon.
00:15:12 - Le but, c'est de rouvrir dans une demi-heure
00:15:14 pour éviter que les clients repartent
00:15:16 sans pouvoir faire leurs achats, voilà.
00:15:18 Donc on se dépêche.
00:15:20 Aussitôt dit, aussitôt fait.
00:15:22 Il est 18h quand le magasin rouvre enfin ses portes.
00:15:25 Il ne reste plus qu'1h30 avant la fermeture
00:15:28 pour tenter d'atteindre le chiffre d'affaires espéré pour cette journée.
00:15:31 19h45, après 14 heures de travail non-stop,
00:15:37 l'heure du bilan a sonné pour Laura.
00:15:39 - Bon, on va regarder les chiffres ?
00:15:41 - Un petit peu, ouais, on va voir ce que ça donne.
00:15:43 - Allez.
00:15:45 - J'espère que ça va aller.
00:15:47 Eh ben, on se sent plutôt bien quand même.
00:15:52 On fait pas l'objectif avec la petite problématique, forcément.
00:15:56 - Et le chiffre d'affaires, il est aux alentours de combien ?
00:15:59 - Là, on va dire aux alentours de 22 000 euros.
00:16:01 Ce qui est important aussi, c'est le nombre de clients,
00:16:03 c'est pas forcément le chiffre d'affaires, en fait.
00:16:06 Donc là, j'ai un petit calcul à faire.
00:16:08 Et du coup...
00:16:11 - Il t'additionne tous les moyens de paiement.
00:16:13 - Et voilà. Et du coup, on arrive à 1 100 clients, là, à 19h30.
00:16:17 Donc on va encore en faire.
00:16:19 Donc au final, c'est carrément sur les objectifs.
00:16:21 En termes de clients, moi, j'avais dit 1 200.
00:16:24 - 1 200 ? - Ouais.
00:16:26 A terme, Laura et son équipe comptent réaliser un chiffre d'affaires de 40 000 euros.
00:16:30 Des bénéfices alléchants
00:16:32 qui suscitent de plus en plus la convoitise de personnes malveillantes.
00:16:39 Car le fléau des supermarchés ces dernières années, c'est le vol.
00:16:43 En dépit des dispositifs de caméra,
00:16:45 certains voleurs arrivent à déjouer la vigilance des magasins.
00:16:48 Alors quand la situation est désespérée,
00:16:50 les patrons de supermarchés font appel à des vigiles d'un nouveau genre.
00:16:54 Contrairement aux apparences,
00:16:58 Patricia, talon haut et bague au doigt, n'est pas ici pour faire ses courses.
00:17:02 - Ça va, et toi ? - Oui.
00:17:04 - Formidable. - Ouais.
00:17:08 C'est l'une des rares femmes agents de sécurité en France.
00:17:11 Sa particularité, Patricia officie en civile dans les rayons des supermarchés.
00:17:16 Elle a accepté notre reportage à la condition de garantir son anonymat
00:17:20 pour ne pas être reconnue des voleurs.
00:17:22 Ce matin, elle est appelée en urgence dans ce magasin de la région de Caors,
00:17:26 dans le sud de la France.
00:17:28 - Tu vas bien ? - Et oui.
00:17:30 - Il a pris quelque chose ou pas ? - Il est revenu.
00:17:32 - Dans quel rayon ?
00:17:34 Les jouets ? Rayon des jouets ?
00:17:36 - Non, la vaisselle, je crois.
00:17:38 - D'accord. Donc je vais faire une recherche.
00:17:40 Un voleur bien connu du magasin vient à nouveau de sévir au rayon multimédia,
00:17:44 le plus pillé du supermarché.
00:17:47 - On va dire qu'il y a une personne qui nous a pris...
00:17:51 Une 1re fois, 3 emballages, 3 chargeurs.
00:17:55 Donc ça vaut 49,90 euros.
00:17:59 Et il est revenu et il en a repris 2.
00:18:03 Pas de temps à perdre, Patricia s'installe derrière son écran de contrôle
00:18:07 pour obtenir le maximum d'informations sur le suspect.
00:18:10 40 caméras dernière génération qui quadrillent toute la surface du magasin.
00:18:14 - Tous les rayons sont couverts par des caméras.
00:18:16 Les réserves sont couvertes.
00:18:18 Le parking est entièrement également couvert par des caméras,
00:18:21 de façon à ce qu'on puisse suivre une personne de son entrée
00:18:24 et sur tout le magasin.
00:18:26 Donc c'est un circuit.
00:18:28 Donc je vais voir une personne sur un écran, sur un petit écran,
00:18:31 et je vais pouvoir la suivre sur l'autre écran et ainsi de suite.
00:18:34 Et donc je peux retracer tout son passage dans le magasin.
00:18:37 La caméra qui va l'aider aujourd'hui, c'est celle-ci.
00:18:41 Un dome capable de filmer à 360° et d'une précision haute définition.
00:18:46 - Les domes, ce sont des caméras qui sont dans un globe
00:18:49 et qui permettent de tourner et de zoomer.
00:18:52 On zoom jusqu'à pouvoir voir l'heure sur une montre,
00:18:55 imprise sur une étiquette même.
00:18:57 C'est-à-dire là, si je veux regarder s'il y a quelque chose,
00:18:59 je vais zoomer et je vais pouvoir voir,
00:19:02 par exemple le petit bocal qui est dans le coin,
00:19:04 si la dame veut le sortir en caisse.
00:19:06 Voilà, hop, elle attrape. C'est parfait.
00:19:10 Et sous le pack d'eau, je vois qu'il n'y a rien.
00:19:16 Alors je fais aussi attention, voyez, quand il y a des enfants
00:19:19 sur les portes bébés, que l'enfant n'ait rien dans les mains
00:19:21 ou s'il a quelque chose dans les mains, je fais attention
00:19:23 à ce que toute la marchandise ait été posée sur le tapis.
00:19:27 Pendant les enregistrements vidéos, Patricia retrouve la trace
00:19:30 du voleur de chargeur de téléphone recherché par tout le magasin.
00:19:33 Voilà, là, il pose la marchandise.
00:19:36 Voilà, il va attendre d'être tranquille.
00:19:39 Et il va sortir la marchandise de l'emballage, tranquillement.
00:19:42 Et il va mettre la marchandise sur lui discrètement.
00:19:45 Voilà, là, il l'a dans la main.
00:19:48 Et en tournant le rayon, pof, il le met dans la poche.
00:19:51 Patricia n'est pas surprise. En 22 ans de sécurité,
00:19:54 elle a appris à repérer les voleurs en quelques secondes.
00:19:57 - L'individu qui est là, voilà, il a des tongs dans la main.
00:20:03 Et là, il est en train de prendre des lames à raser.
00:20:07 Jusque là, tout va bien.
00:20:10 Regardez. Là, il est en train de mettre les tongs
00:20:15 dans son pantalon, sous le T-shirt. Voilà.
00:20:21 Alors là, elle est lame à raser.
00:20:24 Elle vend dans le pantalon, dans le slip.
00:20:27 Voilà, on force un petit peu.
00:20:30 Loin de s'imaginer, bien entendu, qu'il était filmé.
00:20:33 C'est style, la femme qui va rentrer, on va dire,
00:20:36 pleine comme une limande et qui va ressortir en scène de 6 mois.
00:20:39 Voilà, c'est la même chose.
00:20:41 - Des voleurs sans état d'âme
00:20:43 et des voleuses au mode opératoire encore plus audacieux.
00:20:46 Observez bien cette femme à la caisse.
00:20:49 La technique est à peine croyable.
00:20:52 Elle demande à l'hôtesse des grands sacs
00:20:55 qu'elle utilise pour cacher son sac à main.
00:20:58 A l'abri des regards, cette femme, bien sous tout rapport,
00:21:01 en profite pour ranger les produits les plus chers
00:21:04 au fond de son sac personnel.
00:21:07 Au moment de payer, comme par hasard,
00:21:10 sa carte bancaire ne fonctionne pas.
00:21:13 Pour prouver sa bonne foi,
00:21:15 elle tente même de la frotter sur son pantalon.
00:21:18 Elle demande alors à la caissière de lui garder ses sacs,
00:21:21 le temps d'aller retirer de l'argent.
00:21:23 La caissière ne reverra ni la voleuse,
00:21:26 ni son sac chargé de course.
00:21:29 - Et bonjour, monsieur. - Salut, commissaire.
00:21:37 - Des histoires comme celle-ci, Rémi Amber,
00:21:40 le patron du supermarché où ont été commis
00:21:42 les vols de chargeurs de téléphone, en a plus qu'assez.
00:21:45 Depuis quelques mois, son magasin est la cible de vols à répétition.
00:21:48 - Ça fait 5 fois en une semaine que je porte le pantalon.
00:21:51 Je ne vois pas que je me fous un mec derrière les cans tout le temps.
00:21:54 Ou tu viens 15 jours tout le temps.
00:21:56 Parce que là, c'est bon, je vais péter, moi.
00:21:58 En ce moment, on a beaucoup de vols.
00:22:00 Là, ils nous volent du textile, des multimédias.
00:22:02 Il y a toujours le petit voleur du coin qui n'a pas à bouffer.
00:22:05 Il faut chercher un petit truc.
00:22:07 Mais après, là, c'est que des trucs...
00:22:09 C'est des trucs qui coûtent cher et qui se revendent.
00:22:11 - Ça va, madame de la sécurité ?
00:22:14 - Oui, monsieur le gendarme.
00:22:16 Pour interpeller le voleur multirécidiviste,
00:22:18 Rémi a décidé de mettre le paquet.
00:22:20 En plus de Patricia, il a demandé à la gendarmerie
00:22:23 de venir l'aider à identifier la voiture du voleur.
00:22:26 - T'as marqué, là, Pascal ? 16h20 ?
00:22:29 - Oui. Caméra 0.
00:22:31 - C'est celle-là, là. Tu vois ?
00:22:33 - Il va très vite, hein, ça, pour...
00:22:37 - Il achète quelque chose ou pas ? - Non.
00:22:39 - Non ? - Non, il sort pas au courant, ça.
00:22:42 - Je vois, mais j'ai envie, toi.
00:22:44 - Il a repéré où il y avait des caméras et où il n'y en avait pas,
00:22:46 donc il se gare à chaque fois dans l'angle mort d'une caméra.
00:22:48 Donc on le voit jamais.
00:22:50 Il rentre par la sortie du parking pour pas qu'on filme sa plaque.
00:22:53 - Nous, on a déjà fait des messages et des informations
00:22:56 à nos différentes unités en donnant la description de la voiture.
00:23:00 Donc, si par chance une patrouille localise ce type de véhicule,
00:23:04 c'est exceptionnel.
00:23:06 - Peu de chance, et puis... - Si on a un peu de bol, on va l'attraper.
00:23:09 - C'est un travail d'équipe.
00:23:11 - Tout à fait.
00:23:13 Pour aider la gendarmerie, Patricia, elle, n'est jamais à court d'idées.
00:23:16 Déterminée à mettre la main sur le voleur,
00:23:18 elle a fait imprimer sa photo et l'affiche en salle de pose
00:23:21 à côté des autres chappardeurs recherchés.
00:23:24 - Il est sûr que si leur photo est affichée aux yeux de tout le monde,
00:23:28 ça m'étonnerait qu'ils recommencent.
00:23:30 On travaille même à la main avec le personnel,
00:23:32 avec que ça soit les gens qui mettent en rayon,
00:23:35 que ça soit les hôtesses de caisse, que ça soit le directeur ou l'adhérent.
00:23:38 C'est vraiment un travail d'équipe.
00:23:40 Tant qu'ils sont pas arrêtés, de toute façon, ils vont continuer.
00:23:43 C'est pour ça qu'il faut les stopper.
00:23:45 Il ne reste plus qu'à attendre que l'homme tente à nouveau
00:23:48 de commettre un vol dans le magasin.
00:23:50 Ces journées, Patricia les passe dans les supermarchés de la région.
00:23:56 Chaque mois, elle parcourt plus de 4 000 km pour traquer les voleurs.
00:24:01 Et ce que préfère cette ancienne poissonnière,
00:24:03 c'est se fondre dans la clientèle du magasin.
00:24:09 - Bonjour, mesdames. Vous allez bien ?
00:24:12 Vous pensez à bien faire les contrôles ? Vous pensez à moi ?
00:24:15 Merci. Je vous verrai tout ça à la caméra ?
00:24:18 Et je vous appellerai si ça va pas ? Comme d'habitude.
00:24:22 Et à chaque fois qu'elle arrive dans un nouveau supermarché,
00:24:25 Patricia a le même rituel.
00:24:27 Elle inspecte les moindres recoins des rayons.
00:24:30 - Produits qui se volent particulièrement beau jour,
00:24:32 c'est tout ce qui est pour les moustiques.
00:24:36 Donc voilà, il y a des produits comme ça,
00:24:38 des produits saisonniers.
00:24:40 Donc l'été, c'est pour les moustiques et les mouches.
00:24:42 L'hiver, c'est les collants, les alcools pour la revente.
00:24:46 Ce qui est assez rigolo aussi, c'est que quand il y a des lots de piles
00:24:49 où il y a marqué 6 + 2 gratuites, mais ils prennent les 2 gratuites.
00:24:53 Comme ça, ils ont pas l'impression de se mettre un vol.
00:24:55 Mais c'est du vol. Même s'il y avait 6 + 2 gratuites.
00:24:59 Patricia a le nez partout.
00:25:01 Ce qu'elle cherche, des emballages vides,
00:25:04 signe que des voleurs sont passés par là.
00:25:07 - Ca va, t'as pas trouvé d'emballage ?
00:25:09 - Non. - Non ?
00:25:11 - Pas pour le moment. - Pas pour le moment ?
00:25:12 Bon, bah, c'est parfait. Merci.
00:25:14 Si l'employée n'a pas trouvé d'emballage,
00:25:16 il ne faudra que quelques minutes à Patricia pour en découvrir.
00:25:20 - Le rayon textile, parfois, on retrouve des emballages
00:25:23 parce que les gens vont faire, voilà, mine,
00:25:25 je cherche un vêtement et pouf, je fais tomber l'emballage.
00:25:28 Donc je regarde toujours.
00:25:33 Alors là, j'ai trouvé un nid d'emballage.
00:25:38 Voilà ce qui se passe.
00:25:40 Donc, des couleurs à cheveux.
00:25:44 Tiens, une blonde, de couleur blonde.
00:25:48 Alors le rayon parfumerie, enfin, couleur à cheveux, est à côté.
00:25:51 Donc elle a pris ses couleurs.
00:25:53 Elle est venue ici, elle a fait mine de faire la cliente de regarder.
00:25:56 Elle a sorti les emballages, elle a mis ça dans son sac ou dans ses poches.
00:25:59 Et hop, elle s'est jetée, elle a jeté donc les boîtes.
00:26:02 Voilà.
00:26:03 Donc ça, c'est de la démarque inconnue.
00:26:06 Voilà pourquoi je fais le tour à chaque fois que j'arrive dans un magasin.
00:26:10 Cette démarque inconnue, c'est la différence
00:26:12 entre le stock de départ et le stock réellement vendu.
00:26:16 Dans ce magasin, la perte en quelques semaines représente plus de 10 000 euros.
00:26:21 - Donc, en 3 mois, voilà les emballages qui ont été trouvés.
00:26:25 Donc ça varie.
00:26:27 C'est des jouets, c'est des piles.
00:26:31 Des déodorants, des lamas rasés.
00:26:35 Ca va être des couleurs à cheveux.
00:26:37 L'un des rayons les plus prisés des voleurs ces dernières années, les alcools.
00:26:43 Sur cette vidéo, par exemple,
00:26:47 cette mère de famille n'hésite pas à coincer un pack de bière entre ses jambes
00:26:51 et à repartir en toute décontraction.
00:26:54 Mais la crise a généré des voleurs d'un nouveau genre,
00:26:58 ceux qui dérobent par nécessité pour manger.
00:27:01 - Plus ça va, plus il y a des personnes âgées qui volent.
00:27:04 Et plus ça va, plus il y a de la nourriture, oui.
00:27:07 Oui, c'est vrai.
00:27:08 - C'est quoi, c'est l'effet crise ?
00:27:10 - Je pense.
00:27:11 Malheureusement, on arrive, oui, à antivoler la nourriture.
00:27:14 C'est le fléau, le vol.
00:27:17 Alimentation, alcool, produits high-tech.
00:27:21 Pour lutter contre ces vols, Patricia n'hésite pas à sortir la grosse artillerie.
00:27:26 - On a 25, 29 euros, je vais accepter l'antivoler.
00:27:29 Donc là, je le prends carrément et je vais, moi, les antivoler à ma manière.
00:27:33 A sa manière, pour Patricia, cela signifie truffer les produits d'antivol dernier cri,
00:27:39 comme ces étiquettes radio fréquence, ultra sensibles.
00:27:42 - Et là, je ne vais pas antivoler l'emballage.
00:27:46 Ce serait trop facile.
00:27:48 Je vais antivoler...
00:27:51 à l'intérieur.
00:27:55 Mais son piège antivol préféré, c'est celui-ci,
00:27:58 une araignée qu'elle place uniquement sur les produits les plus chers.
00:28:02 - Donc, on met la marchandise à l'intérieur et on va le serrer.
00:28:07 On va le serrer un maximum.
00:28:14 Et on enclenche.
00:28:23 Voilà. Là, la personne qui va le voler, il faut qu'il sorte ça.
00:28:28 Si quelqu'un tente de couper un câble, ça déclenche une alarme, une sirène.
00:28:33 Et je vous promets que ça sonne fort, très fort.
00:28:37 Ça, c'est inviolable.
00:28:39 - On m'appelle le pitbull, la terreur des voleurs.
00:28:43 Je ne lâche rien. Je me fais, on va dire, un point d'honneur
00:28:46 à ce qu'il n'y ait pas de vol pendant ma présence.
00:28:48 Patricia a raison de ne jamais relâcher son attention.
00:28:51 Son piège est désormais tendu.
00:28:53 Elle n'a plus qu'à attendre que le voleur multirécidiviste revienne.
00:28:57 2 jours plus tard, Patricia a vu juste.
00:29:01 Alors qu'elle travaille dans un autre magasin,
00:29:03 le voleur de chargeurs s'apprête à commettre un nouveau vol.
00:29:06 Sur ces images, c'est une tablette tactile à 250 euros
00:29:10 qu'il tente de sortir de son emballage.
00:29:12 Mais Stéphane, le chef du rayon textile,
00:29:15 le reconnaît et le stoppe net dans sa tentative de vol.
00:29:19 - En fait, grâce justement aux photos qu'elle met en stade de pose,
00:29:24 j'ai repéré l'individu en question.
00:29:26 Il était dans le rayon en train d'essayer de nous voler une tablette.
00:29:30 Et grâce à l'araignée, ça a permis d'arriver,
00:29:33 de pouvoir reprendre la tablette.
00:29:37 Le voleur, lui, repartira comme il est venu, sans être inquiété.
00:29:41 Car selon la loi, seul le flagrant délit permet une interpellation.
00:29:46 Mais cet après-midi, Patricia va avoir affaire à des voleurs
00:29:49 qui agissent en bande et qui vont se révéler particulièrement rusés.
00:29:53 Et c'est la fromagère qui vient donner l'alerte.
00:29:59 Parmi eux, il y en a une qu'elle repère immédiatement.
00:30:02 - Comme j'étais sur les caisses, c'est pour ça que je les ai pas vues.
00:30:07 - Il y a 2 ou 3 bonnes femmes, 2 ou 3 mecs,
00:30:09 qui avaient dit que vous aviez...
00:30:11 - Un peu large, là.
00:30:13 - Ah, celle-là, là ? - Oui.
00:30:15 - Ah, mais je les connais, celles-là !
00:30:17 Voilà ce qui est bien, ici, c'est le travail d'équipe. Vous voyez ?
00:30:21 Toc, ils voient quelque chose, ils viennent le signaler.
00:30:25 Parmi les personnes à surveiller,
00:30:28 cette jeune fille d'une vingtaine d'années au rayon d'école.
00:30:31 Son comportement alerte tout de suite Patricia.
00:30:34 - Mais on le sent. Quelqu'un qui va faire une bêtise,
00:30:37 il a une manière de se comporter
00:30:40 qui est différente du client lambda.
00:30:44 Ils ont ce qu'on appelle la tête chercheuse.
00:30:47 Ca va être regarder autour de soi, voir si quelqu'un nous regarde.
00:30:51 Ca va être trifouiller dans son sac.
00:30:55 Ca va être se donner une contenance.
00:30:58 Patricia décide de la suivre discrètement
00:31:01 en se faisant passer pour une cliente.
00:31:03 - Il y en a une de cette famille-là que j'ai chopée à Carrefour, la semaine dernière.
00:31:07 Elle avait 2 saucissons et 2 fromages.
00:31:10 - C'est moi, tu sais, quand je sors, je sors.
00:31:13 Après avoir pris 4 tubes de colle à 8 euros,
00:31:17 la jeune femme se dirige au rayon des vêtements.
00:31:20 Le vol ne prend pas plus de quelques secondes.
00:31:22 Entre 2 portants et à l'abri des regards,
00:31:25 la voleuse glisse les tubes de colle dans son pantalon.
00:31:28 Patricia n'a plus qu'à attendre que la jeune femme passe les caisses sans payer.
00:31:32 C'est le moment de l'interpeller.
00:31:36 - Bonjour. - Bonjour.
00:31:38 - C'est pour une sécurité, c'est pour un contrôle. Vous allez me suivre, s'il vous plaît.
00:31:40 - Je peux pas vous entendre. - Non, vous allez au bureau avec moi.
00:31:43 Le caddie, tu me mets derrière, s'il vous plaît. Mademoiselle, ici.
00:31:46 Patricia agit vite.
00:31:48 L'interpellation ne doit pas provoquer de panique parmi les clients.
00:31:52 - Là, vous allez à droite.
00:31:54 La jeune fille opte en paire, mais feinte de ne pas comprendre pourquoi elle est interpellée.
00:31:58 - Vous savez pourquoi vous êtes là ?
00:32:02 Non ? Si je vous parle de colle.
00:32:05 - De colle ? - Oui. Ca vous dit quelque chose ?
00:32:07 - De la colle ? - Oui.
00:32:09 Comme l'exige la procédure, Patricia l'accompagne au PC de sécurité.
00:32:14 - Vous pouvez vous asseoir.
00:32:16 C'est bien vous ? - Non.
00:32:18 - D'accord. Alors, c'est simple. Soit j'appelle les gendarmes.
00:32:21 - Ouais. - D'accord ?
00:32:23 Soit c'est à l'amiable, c'est-à-dire vous me donnez votre carte d'identité.
00:32:27 - Je vous remplis une feuille. - On n'a pas de carte d'identité.
00:32:29 - C'est ça que vous lui avez donnée ? - Bon.
00:32:31 Eh bien, dans ces cas-là, c'est le 17.
00:32:33 Je peux pas faire autrement pour un contrôle d'identité.
00:32:37 La confrontation commence mal.
00:32:39 La jeune femme n'a aucun papier sur elle.
00:32:42 Oui, bonjour. Je suis l'agent de sécurité de l'intermarché de Pré-Sac.
00:32:46 Et j'aurais besoin de quelqu'un pour...
00:32:48 Ben, contrôle d'identité.
00:32:50 Je viens d'interpeller une personne en flagrant délit de vol.
00:32:52 Cette personne n'a pas de case d'identité sur elle.
00:32:55 - Je vous emmerde, déjà. - Ah, voilà. Donc là, c'est...
00:32:58 La voleuse est nerveuse. Patricia tente de la raisonner.
00:33:01 Je suis pas là pour vous embêter.
00:33:03 Je suis là pour que le vol, il se stoppe dans ce magasin.
00:33:05 Mais la voleuse ne veut rien entendre
00:33:07 et appelle en renfort sa mère restée dans le magasin.
00:33:10 Allô ?
00:33:12 On vient me chercher, là. Dépêche-toi.
00:33:14 Mais non, vous pouvez pas sortir du bureau.
00:33:16 Y a les gendarmeries qui arrivent.
00:33:17 Je m'en fous de chante-dames. J'ai rien à faire de chante-dames.
00:33:19 - Tu vas chercher ma mère, parce que... - Eh, tu te calmes !
00:33:21 Je commence à péter les plantes. Tu vas la chercher.
00:33:23 Elle est passe-gage, elle a tout.
00:33:25 Il y aura une plainte en plus pour destruction de marchandises de maternelle.
00:33:29 Tu vas la chercher, elle est passe-gage, toi !
00:33:31 Elle est gâchée, elle a tout.
00:33:32 La voleuse ne bluffait pas.
00:33:34 Elle vient de donner un coup de pied dans un caisson de rangement.
00:33:37 Dans le magasin, la mère de la voleuse perd patience et multiplie les menaces.
00:33:41 Attends, je veux aller en bas, là.
00:33:43 Vas-y !
00:33:44 Non, mais elle va faire rentrer tout de suite !
00:33:48 Je vais tout casser dans le magasin !
00:33:50 Il y aura mes pots de plainte aussi contre vous, madame.
00:33:52 Je n'ai pas le droit de vous faire rentrer.
00:33:54 - C'est pas tes soeurs de... - Moi, je reste polie !
00:33:57 Eh ben non.
00:33:59 Eh ben si, je suis...
00:34:01 Ouvre, j'ai dit ! Ouvre !
00:34:03 - Ouvre, j'ai dit, ouvre ! - Vous vous calmez.
00:34:05 Ouvre, parce que je casse ! Ouvre ! Ouvre ! Ouvre !
00:34:08 C'est simple. Si vous cassez quelque chose ici, quoi que ce soit,
00:34:11 vous partez avec les menottes.
00:34:13 La situation dégénère complètement.
00:34:16 Seule avec une jeune femme incontrôlable,
00:34:18 Patricia a peur pour sa sécurité et rappelle en urgence les gendarmes.
00:34:22 - Elle veut pas, elle attend les gendarmes. - Oui, je vous appelais tout à l'heure.
00:34:24 Je suis l'agent de sécurité d'Intermarché de Vipresac.
00:34:27 Vous avez eu quelqu'un à nous envoyer parce que ça commence à dégénérer, ici.
00:34:31 Là, elle va le cacher, les gendarmes.
00:34:33 Elle va se prendre une... en même temps.
00:34:35 - Ouais ? - Là.
00:34:37 Parce qu'il y a la mère dans le magasin.
00:34:39 Bon, la personne, apparemment, voilà, vous entendez derrière.
00:34:41 Elle menace de tout casser dans le bureau.
00:34:43 Sa mère menace de tout défoncer dans le magasin.
00:34:45 Donc si vous pouviez leur dire de faire vite...
00:34:47 La situation est de plus en plus dangereuse pour Patricia.
00:34:50 La voleuse monte en pression
00:34:52 et enchaîne les coups de poing et coups de pied dans le matériel qui l'entoure.
00:34:55 - Ouvre tes mains ! Ouvre tes mains ! - Vous croyez que ça va m'emballer ?
00:34:57 Mais vous rêvez !
00:34:59 - Vous préférez ça, hein ? - Ouvre tes manches !
00:35:01 - Ouvre ! - Il n'en a plus que pour 5 minutes.
00:35:03 Va chercher ma mère ! Je m'en fous, il y en a pour 1 minute !
00:35:05 Tu vas chercher ma mère !
00:35:07 J'ai dit ! Il y a l'ordinateur devant moi, je fais un coup de poing dedans.
00:35:09 - Dans les 5 minutes. - Va chercher ma mère, j'ai dit !
00:35:12 D'accord.
00:35:14 Va chercher ma mère !
00:35:16 - Tu fais tout casser ! - Oui.
00:35:18 - Va la chercher ! - OK, mais vite. Qu'ils viennent vite.
00:35:20 - Va la chercher ! - À la porte, je les amène.
00:35:22 - Va la chercher. - Ouais.
00:35:24 Allez, voilà le bichon.
00:35:26 Qui viennent ? Les gendarmes.
00:35:28 - Les gendarmes, vite. Tu vas leur... - Oui.
00:35:30 Vous allez pouvoir leur dire.
00:35:32 Là, et tu vas...
00:35:36 S'il vous plaît, on va se...
00:35:38 Non, je ne voudrais pas d'aide, non.
00:35:40 Les gendarmes arrivent accompagnés de la mère de la voleuse.
00:35:43 Désormais, c'est aux forces de l'ordre de prendre la situation en main.
00:35:47 Je me suis présentée, comme je suis la gendarme de sécurité.
00:35:49 Je vais me suivre pour un contrôle.
00:35:51 Je l'amène ici, je vais montrer l'écran de caméra
00:35:53 où on la voit, bien sûr, prendre la colle.
00:35:55 Je ne t'ai pas dit non ! Je t'ai dit oui, alors, comme ta...
00:35:57 - T'es très gentille. - Non, elle m'a apporté...
00:35:59 - Depuis tout à l'heure, d'accord ? - Déjà, on va commencer par baisser le ton.
00:36:02 - Non, je ne baisse pas le ton. - Vous avez volé ?
00:36:04 - Je lui ai dit... - Appelez le commandant.
00:36:06 - Appelez le commandant. - Je lui ai dit qu'il y a 3 possibilités.
00:36:08 - Soit je vous... - La faute, c'est vous, c'est pas les autres.
00:36:10 Voler en supermarché est passible de 3 ans d'emprisonnement
00:36:14 et 45 000 euros d'amende.
00:36:16 Un risque que ni la voleuse ni sa mère ne semblent prendre au sérieux.
00:36:20 - Vous pouvez pas vous laisser rentrer ? - Je ne pouvais pas, madame.
00:36:22 - C'est quoi, une fille violente, en plus ?
00:36:24 - Votre fille, elle vole en caisse. Elle voit, elle ne sait pas...
00:36:27 - Jusque-là, elle sait. - Oui, mais après...
00:36:30 - Elle se fait prendre, c'est tout. - Après, c'est son travail.
00:36:32 - On ne parle plus. - Voilà.
00:36:33 - Elle paye ce que vous devez, c'est fini. Mais là, regardez, vous, regardez.
00:36:36 On fait comment ? - C'est neuf.
00:36:38 - C'est une procédure judiciaire.
00:36:39 Alors, soit vous vous désarrangez à l'amiable,
00:36:41 le magasin ne porte pas plainte, vous remboursez ce qu'il y a à rembourser,
00:36:44 soit il y a plainte et on va au tribunal. C'est pas grave, je suis là pour ça.
00:36:47 - Oui, non, mais c'est sûr.
00:36:48 - Donc, au bout d'un moment, votre fille apparaît genre comme ça,
00:36:50 avec le personnel, parce qu'ils sont pour rien, ils font leur travail.
00:36:53 Prévenu par sa femme, le père de la voleuse arrive quelques minutes plus tard,
00:36:57 visiblement très agacé par la situation.
00:36:59 - Non, mais il ne faut pas faire ça. - Oui, non, mais bien sûr, oui.
00:37:01 - Elle a été prise après les caisses, au moins, il faut reconnaître ce qu'on a fait.
00:37:04 - Tu les as reconnus, mais elle m'a mis à bout d'air.
00:37:06 - Dans tout mon cas, il y a une preuve.
00:37:09 - Il y a pas de preuve, donc... - Voilà.
00:37:11 - Là, je peux pas vous dire, on a passé en caisse.
00:37:13 Les parents régleront le jour même la dette de leur fille.
00:37:16 Prix des 4 tubes de colle, 8 euros.
00:37:19 - Entendu.
00:37:20 - Surtout, t'excuses pas.
00:37:23 - Non, mais elle s'excusera un autre jour.
00:37:25 - Mais pourquoi m'excuser dans ta vie, *****?
00:37:27 Pour éviter un dépôt de plainte, la mère proposera dès le lendemain
00:37:31 de rembourser les dégâts matériels causés par sa fille.
00:37:33 - Bonne soirée, au revoir. - Au revoir.
00:37:35 - Donc, demain, je serai là, dès le matin.
00:37:38 Chaque année, le vol en grande distribution
00:37:41 représente 5 milliards d'euros de pertes pour les supermarchés.
00:37:44 Patricia n'est donc pas prête de rendre son tablier.
00:37:47 Dans un instant dans Révélation, vous entrerez dans un lieu secret.
00:37:54 Exceptionnellement, un supermarché nous a ouverts ses portes.
00:37:57 - Une journée et une matinée pour tout faire, quoi.
00:38:01 C'est vrai que c'est... C'est dur, quoi. C'est dur, mais bon.
00:38:04 On va pas à la salle de gym, nous.
00:38:06 Vous découvrirez aussi que certains ont fait des produits
00:38:09 qui ont dépassé un véritable business.
00:38:11 - Je peux vous faire goûter de ma denne ? - Oui.
00:38:14 - Ça, c'est un produit qui est passé depuis 2010.
00:38:16 C'est un des produits les plus anciens que j'ai dans le magasin.
00:38:19 Aujourd'hui, en France, plus de 650 000 employés
00:38:33 travaillent dans la grande distribution,
00:38:35 un secteur très fermé, difficile à filmer.
00:38:38 Malgré nos multiples demandes,
00:38:40 aucun groupe n'a accepté notre reportage,
00:38:42 sauf un, Hyper U.
00:38:45 Parmi les 1 500 supermarchés de l'enseigne,
00:38:48 nous avons pu suivre le quotidien d'un des magasins
00:38:50 les plus connus dans la région Picard.
00:38:53 Il est 5 h du matin ce lundi à Abbeville.
00:38:58 A l'heure où les habitants dorment encore,
00:39:00 l'un des 3 supermarchés de la ville est en pleine effervescence.
00:39:03 - Bon, bah, on y va.
00:39:06 Comme chaque nuit, 3 semi-remorques se relaient
00:39:09 pour livrer la marchandise du jour.
00:39:11 Le 1er arrivé ce matin, c'est celui des produits frais.
00:39:15 Plus de 25 tonnes de yaourts et fromages
00:39:17 à décharger en moins de 30 minutes.
00:39:20 - 33 palettes au sol.
00:39:23 - Y a tout, hein. Du frais, des oeufs,
00:39:26 du yaourt, du fromage, des salades,
00:39:30 tout ce qui est frais.
00:39:32 C'est du goût. Faut nourrir tout le monde.
00:39:35 Pour stocker cette marchandise,
00:39:37 le magasin dispose de 2 grandes réserves
00:39:39 de 3 000 m2 chacune,
00:39:41 une surface aussi grande que celle du magasin.
00:39:44 - Ici, c'est le sens frais, la réserve frais.
00:39:51 Après, là-bas, au bout, vous avez l'épicerie en sec
00:39:55 et le bazar juste à côté.
00:39:57 Moi, je fais le produit frais et l'épicerie.
00:39:59 Et j'ai un collègue qui est au bazar.
00:40:02 Voilà.
00:40:04 Depuis près de 40 ans,
00:40:06 le magasin est ouvert 6 jours sur 7,
00:40:08 de 8h30 à 20h.
00:40:09 Dans 3 heures, les 1ers clients arrivent.
00:40:12 Les équipes n'ont pas une minute à perdre.
00:40:15 - Christiana !
00:40:19 Je vais appeller les filles de la charcuterie.
00:40:22 A l'intérieur, les petites masses à faire entre les rayons.
00:40:26 - On sort.
00:40:28 - On trouve une place.
00:40:30 Le magasin a été dévalisé le samedi.
00:40:33 Il faut recharger tous les rayons.
00:40:35 Maxime, aux conserves depuis 4 mois.
00:40:38 Marie-France, aux gâteaux depuis 38 ans.
00:40:41 Le magasin compte 200 employés, parmi eux, 15 bouchers.
00:40:46 Dans leur atelier, ils sont chargés de mettre la viande en barquette.
00:40:54 Leur mission, écouler un maximum de stock coûte que coûte.
00:40:59 - On fait beaucoup de tonnage.
00:41:02 On passe, on passe, on passe.
00:41:04 On est là pour envoyer de la viande.
00:41:07 Donc, on a pas trop de clients, nous.
00:41:10 On a pas de clients en face de nous.
00:41:13 Les clients, ils viennent, ils servent en rayon.
00:41:16 Après, s'ils ont un rose-vive dur, c'est eux qui l'ont de la viande.
00:41:19 Tandis que nous, traditionnels, s'ils ont un rose-vive dur,
00:41:22 c'est le gars qui les a servi.
00:41:24 En résumé, l'objectif des bouchers de l'atelier est simple.
00:41:27 Vendre le plus de viande possible avec un minimum de pertes.
00:41:31 - Il est environ de 300 kg.
00:41:33 Il doit sortir 200, 250, 260 kg.
00:41:37 En vrai, c'est le déchet, bien sûr.
00:41:40 On essaie de minimiser la place.
00:41:42 La place, c'est ça.
00:41:44 Ce qui s'en va dans les déchets, dans les déchets.
00:41:48 Et pour cause, en moyenne, un établissement de cette taille
00:41:52 gaspillerait chaque année jusqu'à 300 tonnes de produits tout rayon confondus.
00:41:56 Une perte pour le supermarché estimée à environ 150 000 euros.
00:42:00 Alors, pour réduire au maximum ce gouffre financier,
00:42:06 le magasin a trouvé une astuce.
00:42:08 Depuis quelques temps, il propose à ses clients
00:42:10 de la viande en gros conditionnement à des prix préférentiels.
00:42:14 - Alors, ça, c'est rose-vive porc, un rose-vive d'âne et un rose-vive d'oeuf.
00:42:22 Le lot est 24 euros.
00:42:25 - Ça part bien, ça.
00:42:27 - Oui, c'est bon.
00:42:29 Chaque jour, près de 2 000 barquettes sont mises en rayon.
00:42:32 Être boucher est un travail difficile, fatigant,
00:42:35 mais qui, financièrement, peut s'avérer très lucratif.
00:42:38 - On peut gagner autant qu'un bac, hein.
00:42:42 Un boucher, ça, c'est 4 millions par mois.
00:42:46 En hypermarché, on gagne bien.
00:42:48 Les chefs bouchers, leur chef.
00:42:50 Après, il y a une responsabilité.
00:42:52 - Ah oui, c'est ça.
00:42:54 - On est responsables.
00:42:56 On est responsables des entrées, des sorties, des frigos,
00:42:59 des inventaires, des documents.
00:43:01 8h30, le magasin ouvre enfin ses portes.
00:43:06 Pour répondre à une demande de plus en plus forte des clients,
00:43:15 le magasin a inauguré il y a 3 semaines une boucherie dite traditionnelle.
00:43:20 - Pourquoi tu prends... Moi, je prends toujours comme ça.
00:43:23 Tout a été pensé pour faire artisanal.
00:43:25 Carrelage rouge au mur, béret vissé sur la tête,
00:43:28 le client doit avoir l'impression d'acheter sa viande dans une boucherie de quartier.
00:43:32 - C'est du loin pendant l'Hongais, dans Charlotte.
00:43:35 Hervé forme Charlotte au métier de bouchère.
00:43:38 La jeune femme semble épanouie, et pourtant, il y a encore quelques mois,
00:43:41 elle ne s'imaginait pas du tout servir de la viande.
00:43:44 - Je suis arrivée ici, il y a 4 ans, en job étudiant en caisse.
00:43:48 J'ai fini mes études en BTS.
00:43:50 J'ai pas trouvé dans ma branche, malheureusement.
00:43:52 J'ai été emmenée ici en boucherie, j'ai été augmentée à 24 fois.
00:43:55 Et quand il y a eu l'ouverture du tram, je suis passée à 35 heures.
00:43:58 Ca me plaît, c'est plaisant.
00:43:59 J'apprends un métier, j'apprends un métier.
00:44:01 Le métier de bouchère.
00:44:02 - On aime bien notre métier.
00:44:04 Et quand on aime bien le métier, c'est vrai qu'on a du bas goût.
00:44:07 - Bonjour, madame. - Je voudrais une crépinette, monsieur, s'il vous plaît.
00:44:10 - Une crépinette, madame ?
00:44:12 La saucisse à sissou, ça fait 30 sissous.
00:44:14 Du bas goût, Hervé n'en manque pas.
00:44:17 - Merci, madame, bonne journée. Bonjour, monsieur.
00:44:20 - Est-ce que je peux avoir un steak haché ? - Bien sûr.
00:44:22 Regardez, monsieur.
00:44:24 - Oui, c'est... - C'est bon ?
00:44:26 Un steak haché en vrague.
00:44:30 La boucherie traditionnelle fonctionne bien.
00:44:32 La viande est pourtant plus chère que celle servie en barquette, juste à côté.
00:44:36 - Allez, bonne journée. - Merci.
00:44:38 Hervé nous en révèle la raison.
00:44:40 - On est à peu près à 50 à 1 euro plus cher.
00:44:45 Mais bon, c'est de la viande française qu'on a.
00:44:47 Parce que là-bas, ça peut venir d'Irlande.
00:44:50 Ça dépend... C'est que le chef, il commande.
00:44:53 Voilà donc pourquoi la viande achetée dans la boucherie d'Hervé
00:44:57 serait plus chère que dans le rayon d'à côté.
00:44:59 À y regarder de plus près,
00:45:01 si certaines pièces sont issues de filières françaises,
00:45:04 d'autres, à l'inverse, arrivent directement d'Irlande,
00:45:07 du Royaume-Uni ou de Hollande,
00:45:10 des pays où la viande serait moins chère.
00:45:12 - Fais-nous un truc apostythe pour mettre dessus.
00:45:17 - Alors, là, ça va.
00:45:19 - Normalement, ça doit tenir.
00:45:21 - Oh, c'est joli.
00:45:24 Alors pour attirer le client,
00:45:26 Hervé et Charlotte ont plus d'un tour dans leur sac.
00:45:28 Aujourd'hui, ils ont décidé de faire une promotion sur le bourguignon.
00:45:32 - Quel bon bourguignon, là.
00:45:34 - À 6,90.
00:45:36 6,90 euros le kilo,
00:45:38 c'est presque 1 euro de moins que dans le rayon d'à côté.
00:45:41 Hervé et Charlotte ont vu juste.
00:45:43 Les clients se jettent sur l'offre du jour.
00:45:45 - Une bonne journée.
00:45:46 Combien elles ont? 1 kilo?
00:45:48 Voilà, madame, je vous remercie.
00:45:50 Et une bonne journée. Merci. Au revoir.
00:45:53 A l'autre bout du magasin dans le fournil,
00:45:57 Olivier le boulanger a commencé sa journée depuis longtemps.
00:46:01 Chaque jour, il confectionne avec ses collègues
00:46:04 jusqu'à 2 000 baguettes et 50 sortes de pains spéciaux.
00:46:08 Car dans cet hypermarché, contrairement aux idées reçues,
00:46:11 le pain n'est pas du surgelé prêt à cuire.
00:46:15 - On dit boulanger supermarché, c'est les baguettes congelées,
00:46:18 puisqu'il y a les pains congelées, en fait.
00:46:20 Mais en fait, non, on fait tout nous-mêmes.
00:46:22 Ici, on a le pétrin.
00:46:24 La balance pour peser le pain.
00:46:27 Ici, on a la diviseuse.
00:46:29 Diviser les pâtons.
00:46:32 La balancelle, ça repose la pâte.
00:46:35 Ça tombe là directement dans la façonneuse.
00:46:38 Et là, le tapis d'allongement.
00:46:40 C'est exactement pareil.
00:46:42 Dans une boulangerie traditionnelle, j'ai exactement les mêmes machines.
00:46:45 La même farine, les mêmes fours, tout pareil.
00:46:48 Tout est identique.
00:46:50 - Sauf le prix. - Sauf le prix, oui, c'est ça.
00:46:53 Car ici, la baguette est à 48 centimes,
00:46:56 presque 2 fois moins chère qu'en boulangerie traditionnelle.
00:46:59 La raison est simple.
00:47:00 En grande distribution, les matières premières
00:47:02 sont négociées en très gros volumes à des prix bas.
00:47:05 Olivier le sait, il est boulanger depuis l'âge de 15 ans.
00:47:08 Pendant longtemps, il a travaillé dans une boulangerie de quartier,
00:47:11 mais pour rien au monde, il n'y reviendrait.
00:47:14 - Moi, j'ai fait les 2. J'ai commencé par la boulangerie traditionnelle.
00:47:17 Là, moi, je commençais à 1 heure du matin.
00:47:19 Après, il fallait dormir l'après-midi, on se levait le soir.
00:47:21 On se levait, c'était 5 heures du soir.
00:47:23 En fait, la vie de famille, c'est assez difficile.
00:47:25 Parce que si, c'est quand...
00:47:27 Moi, je me lave à 4 heures, c'est bon.
00:47:28 On peut se couper de la famille, on peut tout faire, en fait.
00:47:31 On travaille pas le dimanche, on le...
00:47:34 C'est ça. C'est mieux, quoi.
00:47:36 Le supermarché a donc offert à Olivier
00:47:38 la possibilité de profiter de sa famille.
00:47:40 Mais ce luxe a un prix.
00:47:42 Le boulanger a accepté de réduire son salaire de 30%.
00:47:45 - Même quand c'était au point de distribution, c'est le swing.
00:47:50 - Alors que dans une boulangerie traditionnelle, c'est combien ?
00:47:53 - Bah, ça tombe dans les 1 400, 1 400, 1 500.
00:47:56 D'un côté, il y a le 13e mois, il y a la participation,
00:47:59 il y a les chèques...
00:48:02 Chèques de fin d'année par LCE, il y a un colis.
00:48:05 Il y a quand même des avantages qu'on n'aurait pas chez leur président.
00:48:10 Des avantages et surtout du travail en permanence,
00:48:14 de 5 h à 11 h du matin.
00:48:17 - 10 baguettes pour le drive.
00:48:20 - Pour un château ? - Ouais.
00:48:23 Vincent, employé du drive, vient récupérer le pain
00:48:27 pour ses clients, qui commandent par Internet.
00:48:30 - 5, 6, 7, 8.
00:48:37 - Juste bien. A tes 4.
00:48:40 Les baguettes sont prêtes, mais pour les pains spéciaux,
00:48:43 il y a comme un problème.
00:48:46 - Une boule de campagne ? - Puis 3 pains gonflés.
00:48:49 - Il faut. - 3 pains gonflés et une boule de campagne.
00:48:52 Une boule de campagne, désolée.
00:48:55 Après, les pavés, moi, je les vois pas. Ils sont encore dans le four, je pense.
00:48:58 - Bon, ben, merci. - Bon, tu me le paves ?
00:49:01 Vincent sera quitte pour venir récupérer ses pavés plus tard dans la matinée.
00:49:05 - C'est un peu la course, là, le matin. - Ah oui, oui, oui.
00:49:09 On se dépêche quand même.
00:49:12 Le drive, faire ses courses sur Internet
00:49:16 et venir les récupérer en magasin est en pleine expansion.
00:49:19 Le concept a fêté ses 10 ans en 2014
00:49:22 et ne cesse de faire de nouveaux adeptes.
00:49:24 Les utilisateurs y consacrent 25% de leurs dépenses annuelles.
00:49:28 Il y a 3 ans, Carole y voit un filon à exploiter pour le magasin
00:49:32 et propose au directeur d'ouvrir un drive.
00:49:35 Depuis, les commandes ne cessent d'augmenter.
00:49:38 - T'as eu les pains gonflés, aussi ? - Les ?
00:49:41 - Les pains gonflés à la boulangerie.
00:49:43 - C'est pas encore fait, mais je vais pas t'en chercher. - D'accord.
00:49:46 Donc, en fait, le matin, quand on arrive,
00:49:50 on a notre tableau avec les commandes qui sont tombées dans la nuit.
00:49:54 Éventuellement, les problèmes sont des commandes précédentes.
00:49:58 Le client nous envoie un mail.
00:50:00 "Cette dame-là, on lui a oublié une salade.
00:50:02 "On lui remet sur la commande d'après." C'est pas trop un problème.
00:50:05 Et là, on va faire du picking, mais ici.
00:50:08 Le picking, c'est tout simplement faire des courses à la place du client.
00:50:12 - Salade, bivre, rapide.
00:50:14 Donne-le.
00:50:17 - Salade, jambon, fromage, écoulité, cul.
00:50:21 Les produits rangés par thème dans la réserve
00:50:25 sont ensuite mis en caddie pour chaque commande.
00:50:28 Ce matin, c'est Patrick et Vincent qui sont de corvée de course.
00:50:32 - C'est bon, je peux faire rien ?
00:50:34 Aujourd'hui, Patrick et Vincent doivent préparer une cinquantaine de caddies
00:50:41 en moins de 2 heures.
00:50:43 Désormais, c'est chose facile, mais à leur début,
00:50:45 il s'agissait d'un véritable challenge.
00:50:48 - On était livreurs, avant.
00:50:50 Avant, on s'occupait de la livraison,
00:50:52 avant tout ce qui était électroménager, télé, I.V.I., son.
00:50:56 Donc, ça n'avait rien à voir, non, tout à fait.
00:50:59 Changement complet, on va dire.
00:51:01 Donc, au début, c'était plus dur, forcément.
00:51:03 Faut prendre la méthodologie, apprendre la méthodologie,
00:51:06 donc savoir où sont les produits, connaître les produits.
00:51:09 Donc, c'est pas évident, les grammages, les différents grammages.
00:51:12 Donc, au début, c'est pas... C'est pas évident, mais bon,
00:51:14 au bout de... Là, maintenant, quelques années, ça va tout seul.
00:51:18 - Mange, raisin, les figues. - Oui.
00:51:21 - C'est des bananes. - Oui.
00:51:23 Pour faire leur course au drive,
00:51:25 les clients doivent passer commande pour 70 euros minimum.
00:51:28 - Salut ! - Salut, Kay.
00:51:32 - Ca va ? Ca va, et toi ? - Oui.
00:51:35 Le succès est au rendez-vous.
00:51:37 Depuis quelques mois, Maïté, une 4e employée,
00:51:40 vient prêter main-forte à Carole.
00:51:42 - Bonjour, monsieur. - Bonjour.
00:51:45 - Je suis en train de chercher ma commande.
00:51:47 - C'est à quel nom, s'il vous plaît ? - A 7,20.
00:51:49 - Alors, donc là, y a aucune substitution, il ne manque rien.
00:51:53 Alors, 96,64 euros, s'il vous plaît.
00:51:56 Que ce soit en magasin ou au drive,
00:51:59 les prix des produits sont exactement les mêmes.
00:52:01 Coupons de réduction, cartes de fidélité,
00:52:04 les clients bénéficient des mêmes services qu'en magasin,
00:52:07 à une exception près.
00:52:10 - On peut accepter soit les chèques ou soit les cartes bleues,
00:52:14 mais pas d'espèces. - Pourquoi ?
00:52:16 - On est trop excentrés de l'entrée du magasin.
00:52:18 On n'a pas de sécurité, pas de caméra ici,
00:52:20 donc les espèces, c'est trop risqué pour le drive.
00:52:24 Je vais chercher votre frais, votre congelé.
00:52:27 J'arrive tout de suite, monsieur.
00:52:29 Dans 60% des cas, ce sont les familles
00:52:33 qui passent par le drive pour faire leur course.
00:52:35 La raison invoquée est toujours la même, la rapidité.
00:52:40 - En fait, c'est une femme qui a fait ses courses sur Internet.
00:52:43 Elle a fait la course sur Internet, et puis, moi,
00:52:45 en train de travailler, je viens chercher la commande,
00:52:47 tout simplement.
00:52:48 Ça nous permet de gagner du temps, parce que, bon,
00:52:50 en travaillant à 2, avec 3 enfants, c'est pas toujours simple.
00:52:54 Donc, voilà, ça me gagne du temps.
00:52:56 - C'est toujours le sourire. - C'est toujours sympa.
00:52:58 - Et ça, c'est gratuit.
00:53:01 En moyenne, dans ce magasin,
00:53:07 le client du drive dépense 120 euros par commande,
00:53:10 2 à 3 fois par mois.
00:53:12 Au lancement du drive,
00:53:16 une cliente a particulièrement marqué l'équipe.
00:53:18 - On a une cliente qui a un mari qui est très lourdement handicapé,
00:53:22 qui, elle, j'ai l'impression qu'on lui sauve la vie
00:53:25 à chaque fois qu'on lui fait des courses, quoi,
00:53:27 parce qu'elle fait des cadiers de 1 fois par mois,
00:53:29 à peu près 500 euros.
00:53:31 Et donc, c'est une cliente qui nous a...
00:53:34 Qui nous émeut parce que, quand elle est venue, une fois,
00:53:37 elle avait ajouté à sa commande des chocolats, des gâteaux, etc.,
00:53:40 et nous, on va au coffre, on va lui mettre les courses dans le coffre,
00:53:44 et elle nous dit "Bah non, ça, j'en veux pas, vous le reprenez."
00:53:46 On dit "Bah non, c'est à vous."
00:53:48 "Ah non, bah, c'est pour vous, parce que tous les mois,
00:53:50 vous me... Voilà, vous me sauvez la vie,
00:53:52 vous me faites gagner un temps fou."
00:53:54 Le temps qu'elle a besoin de passer avec son mari,
00:53:57 bah, c'est du temps gagné, quoi.
00:53:59 L'an dernier, le nombre de supermarchés proposant un drive
00:54:03 a été multiplié par 2.
00:54:05 Les Français sont friands de ces services,
00:54:07 parfois un peu trop,
00:54:09 quitte à ne pas consommer tout ce qu'ils achètent.
00:54:11 Car en moyenne, un Français jette à la poubelle
00:54:13 20 kilos de nourriture par an,
00:54:15 dont 7 kilos de produits encore emballés.
00:54:17 Le plus souvent, car la date limite d'utilisation optimale,
00:54:20 DLUO, est dépassée.
00:54:23 Pourtant, consommer ces produits ne serait pas dangereux pour la santé.
00:54:28 Des entrepreneurs y ont vu un filon
00:54:30 et ont créé des magasins proposant exclusivement des produits périmés.
00:54:34 Beaucoup de ces magasins à Bacou ont vu le jour dans l'est de la France,
00:54:38 une région touchée de plein fouet par la crise.
00:54:41 Nile-Vange, à 20 km de Metz.
00:54:47 Depuis quelques mois, un magasin de déstockage alimentaire
00:54:50 suscite la curiosité des habitants.
00:54:52 - Bonjour. - Bonjour.
00:54:54 - Annick et sa fille Sandrine ont fait le déplacement
00:54:58 pour profiter des bonnes affaires.
00:55:00 Elles sont accueillies par Nicolas, le patron.
00:55:03 - Vous êtes déjà venue au magasin ? - Non, c'est la 1re fois.
00:55:06 - Vous savez comment ça fonctionne, un peu ? - Euh, non, non.
00:55:08 - Je vous explique vite fait, si vous voulez ? - Oui.
00:55:10 - Alors, c'est tous des produits qui arrivent en fin de date,
00:55:12 date dépassée, sur de l'épicerie sèche,
00:55:14 tous des produits qui restent consommables, malgré que la date puisse être dépassée.
00:55:16 Nous, on fait ressortir la date systématiquement sur chaque produit
00:55:18 à titre d'information. - Ah, d'accord.
00:55:20 - Y a aucun danger pour nous à consommer ces produits à date dépassée.
00:55:22 C'est du sec.
00:55:24 Nicolas a un argument imparable pour les convaincre.
00:55:26 Une dégustation.
00:55:28 - On s'en soucie avec plaisir.
00:55:30 Vous voulez goûter une petite madeleine ? Je peux vous faire goûter une madeleine ?
00:55:32 - Oui. - Allez.
00:55:34 Allez-y, par là. - Merci.
00:55:38 - Ça... Qu'est-ce que vous... Vous les connaissez, ces produits, là, déjà ?
00:55:45 À la base ? - Oui, oui, oui, oui.
00:55:47 - Donc je vous fais goûter ça pour que vous vous rendiez compte
00:55:49 qu'au niveau du goût, de la texture, ça bouge pas.
00:55:53 - C'est vrai. - Et ça, c'est un produit qui est passé depuis 2010.
00:55:56 C'est un des produits les plus anciens que j'ai dans le magasin.
00:55:59 Donc c'est daté 2010, et ça pose vraiment aucun problème à la consommation.
00:56:04 Vous avez bien entendu, la date de consommation conseillée de cette madeleine
00:56:09 est dépassée depuis bientôt 5 ans,
00:56:11 comme la plupart des produits vendus dans ce magasin.
00:56:14 Pour Annick et sa fille, c'est la surprise totale.
00:56:16 - C'est vrai que ça n'a pas perdu ni du goût ni rien, quand même.
00:56:21 - C'est étonnant. - Ouais.
00:56:23 - Moi, j'aurais jamais osé utiliser des produits avec une date...
00:56:26 - Même si à la maison, on a un produit qui est passé de cette date-là,
00:56:30 le 1er réflexe, c'est de le déjeuter. - Déjeuter, bah oui.
00:56:33 Contrairement aux idées reçues, il est tout à fait légal de vendre des produits
00:56:36 dont la date limite d'utilisation optimale est dépassée.
00:56:39 Exemple avec cette soupe plus de toute 1re jeunesse.
00:56:42 - Là, c'est de la soupe que t'as, qui est dépassée de 2013,
00:56:45 qui sera à 2 euros, la boîte.
00:56:48 Grosso modo, là, t'es à plus de 50% de réduction sur le produit.
00:56:52 Au niveau du prix, plus tu vas aller loin dans la date,
00:56:55 plus tu vas avoir un tarif intéressant.
00:56:58 Dès la devanture, le ton est donné.
00:57:00 En rentrant, le client est sûr de réaliser jusqu'à 70% d'économie.
00:57:05 Pâtes, gâteaux, cafés, les 250 m2 du magasin
00:57:10 regorgent d'aliments du quotidien.
00:57:13 Les produits que vend Nicolas ne sont pas bas de gamme,
00:57:17 mais de grandes marques, comme ce fameux paquet de céréales
00:57:20 très prisé des personnes qui font attention à leur ligne.
00:57:23 - Donc ici, on est sur des céréales, sur du 375 g.
00:57:27 Je pense qu'à la base, c'est un produit qui doit avoisiner
00:57:30 les 2,20 euros, quelque chose comme ça,
00:57:32 qui est passé ici en magasin à 1,60 et qui mérite d'ailleurs
00:57:35 d'être baissé. Là, on est sur du 2012.
00:57:38 On va pouvoir se permettre de baisser le prix.
00:57:40 C'est un produit qu'on va passer à 1 euro vraiment pour débarrasser
00:57:43 parce qu'il reste quelques pièces.
00:57:45 C'est vraiment pour nous permettre de faire tourner nos stocks.
00:57:48 Des céréales et des prix allégés de moitié,
00:57:50 Nicolas attire toutes les familles.
00:57:52 Il a même mis en place récemment un tout nouveau rayon spécial bébé.
00:57:56 - Voilà, on a aussi des couches pour bébé.
00:57:59 Ça, c'est du lait pour nourrisson, donc du 1er âge,
00:58:02 voilà, jusqu'à 6 mois.
00:58:04 C'est un produit qui vaut 18 euros dans le commerce,
00:58:06 qu'on sort ici à 1 euro.
00:58:08 Ce lait 1er âge, 18 fois moins cher que dans la grande distribution,
00:58:12 ne devrait pas rester longtemps en rayon.
00:58:15 Pendant ce temps-là, Annick et Sandrine ne s'arrêtent plus.
00:58:19 Comme les autres clients qui viennent par millier chaque mois,
00:58:27 elles ont dévalisé les rayons.
00:58:29 - Bah, maintenant, on connaît, on retient le tract.
00:58:32 - OK, bah, c'est parfait. Changez rien.
00:58:34 - Une belle économie.
00:58:36 Aujourd'hui, grâce au magasin de Nicolas,
00:58:39 Annick aura économisé 50 % sur son ticket de caisse.
00:58:42 - C'est bon, Jérémie ? Tu nous fais la réappro pour le magasin ?
00:58:45 - Ouais, ouais, ouais. Je suis en train de préparer la crème dessert
00:58:47 pour mettre sur palette. - Ça va.
00:58:49 - Je suis en train de tout sortir, tranquillement.
00:58:51 Crise oblige, le magasin de Nicolas rencontre un succès grandissant.
00:58:55 Plusieurs fois par jour, Nicolas et son employé Jérémie
00:58:58 sont obligés de réassortir leurs rayons.
00:59:01 Ils viennent justement de recevoir 500 pots d'une célèbre crème dessert.
00:59:08 Dans le magasin, pas le temps ni l'argent de s'attarder sur la présentation.
00:59:12 Comme les autres produits, les crèmes dessert resteront sur une palette.
00:59:16 - Ko ? - Oui ?
00:59:18 - T'aurais les ticteuses dans le coin ? - Oui.
00:59:20 - Tiens. - Merci.
00:59:22 En France, environ 300 magasins de déstockage
00:59:25 se livrent une guerre sans merci.
00:59:27 Pour attirer toujours plus de clients,
00:59:29 Nicolas doit proposer un maximum de produits.
00:59:31 - Joseph, je t'appelais d'un petit coup, je voulais savoir si t'avais de la marchandise.
00:59:33 Je sais que je suis un petit peu en avance.
00:59:35 Les fournisseurs sont peu nombreux,
00:59:37 alors dès que Nicolas en trouve un, il ne le lâche plus.
00:59:40 - La brezzaola, ouais.
00:59:42 Tout ça, ça sort avant la fin de semaine.
00:59:45 C'est date courte, courte, ça.
00:59:47 OK, on fait comme ça, ça marche.
00:59:49 Concurrence oblige, Nicolas ne cite jamais l'origine de ses produits.
00:59:52 - C'est un milieu qui est très fermé.
00:59:54 On a vraiment du mal à trouver de la marchandise.
00:59:56 Et du coup...
00:59:58 Et nous, on n'a pas envie de citer nos approvisionnements.
01:00:01 Et les gens qui nous approvisionnent n'ont pas du tout envie non plus
01:00:04 d'être cités dans des reportages télé ou...
01:00:07 Voilà, d'être mis en avant.
01:00:09 Selon nos informations, ces produits seraient revendus
01:00:12 à la fois par des supermarchés, des grossistes et les marques elles-mêmes.
01:00:16 Le prochain objectif de Nicolas, proposer une gamme élargie,
01:00:19 surtout au rayon des produits frais
01:00:21 de plus en plus recherchés par ses clients.
01:00:24 - On a du fromage, là, actuellement, de la charcuterie.
01:00:28 Ça peut être également des yaourts.
01:00:30 Seule contrainte sur la vente de ces produits frais
01:00:33 se rapprocher le plus possible de la date limite de consommation
01:00:36 sans jamais la dépasser.
01:00:38 - Donc c'est un produit, ici, qui est daté jusqu'au 3 novembre 2014.
01:00:43 - Ça veut dire quoi ? Il est resté...
01:00:45 - Il nous reste 10 jours pour passer ce produit.
01:00:47 Ça veut dire qu'au-delà de cette date,
01:00:49 nous, on n'a plus le droit de les vendre.
01:00:51 Ça veut pas dire pour autant que, qu'un yaourt passé la DLC
01:00:54 doit être mis à la poubelle.
01:00:56 C'est des produits qui peuvent aller tout à fait...
01:00:59 Qui peuvent être consommés un mois derrière
01:01:01 sans aucun souci minimum.
01:01:03 - Des yaourts encore bons à manger
01:01:05 plusieurs jours après la date limite de consommation.
01:01:08 Nous avons voulu le vérifier et connaître les critères
01:01:11 pour déterminer cette fameuse DLC.
01:01:13 Direction la Normandie, à la ferme du Manège.
01:01:19 Le directeur Olivier Maillard a repris l'exploitation en 2011.
01:01:29 Ces yaourts, il les vend un peu partout en France et dans le monde.
01:01:32 - On retrouve nos produits à la fois
01:01:34 chez les petits fromagers et crèmeries,
01:01:37 un peu en grande surface,
01:01:39 et aussi à l'export, à l'étranger,
01:01:42 et à l'Assemblée nationale.
01:01:44 À l'heure actuelle, je sais que nos...
01:01:46 Comment dirais-je ?
01:01:47 Nos députés ont l'honneur et le privilège
01:01:49 de pouvoir manger à la cantine
01:01:51 des produits de la ferme du Manège. Voilà.
01:01:54 Nos représentants au Palais Bourbon ne le savent sans doute pas,
01:01:57 mais les yaourts qu'ils mangent tous les midis viennent donc de là.
01:02:00 Des vaches qu'Olivier et ses employés chouchoutent toute l'année.
01:02:03 - Ca va bien ? - Ca va bien.
01:02:07 - Impeccable, et vous ? - Oui, ça va.
01:02:09 - Ca se passe bien ? - Oui, très bien, oui.
01:02:11 - Ca va leur faire du bien.
01:02:13 Une french manucure pour bien commencer la journée.
01:02:16 Du maïs haute qualité en guise de repas.
01:02:21 Dernièrement, Olivier a même fait une folie
01:02:23 pour le plus grand bonheur de ses dames.
01:02:25 Donc l'année dernière, on a investi dans des matelas.
01:02:28 Donc nos vaches, l'hiver, sont couchées sur des matelas.
01:02:33 Une vache qui est couchée se repose mieux
01:02:35 qu'une vache qui reste debout.
01:02:37 Donc on va dire qu'elles sont paisibles.
01:02:41 Le fait d'avoir des vaches non stressées,
01:02:43 on le ressent tout de suite sur la production laitière.
01:02:46 - Elles sont bichonnées ? - Elles sont bichonnées, c'est clair.
01:02:49 Grâce à ce traitement de faveur,
01:02:53 chaque jour, les 110 vaches d'Olivier
01:02:55 produisent 3000 litres de lait.
01:02:57 La moitié est vendue en bouteilles.
01:02:59 L'autre moitié, une fois fermentée,
01:03:01 servira à la confection des yaourts.
01:03:03 - Alors là, on est vraiment dans la pièce principale de production.
01:03:11 C'est la salle d'empotage.
01:03:14 Alors là, on est en train de fabriquer du yaourt au citron.
01:03:18 Dans un petit quart d'heure, on sera sur de la framboise.
01:03:22 En règle générale, on tourne à peu près 12 000 yaourts par jour.
01:03:26 La cadence est soutenue car l'usine a des délais à tenir.
01:03:32 Et au moment de dater les yaourts, surprise,
01:03:36 si des propositions de loi ont bien été débattues,
01:03:39 aucune n'a jamais été votée sur le sujet.
01:03:41 - La DLC est à poser là.
01:03:47 A partir de maintenant, le moment de production,
01:03:51 j'ai 26 jours pour consommer mon produit.
01:03:55 Mais il y a pas de barème, vraiment.
01:03:57 En règle générale, c'est une DLC de 30 jours.
01:04:00 Mais il y a rien vraiment d'écrit noir sur blanc.
01:04:02 A partir de ce moment-là, c'est la responsabilité du producteur.
01:04:05 C'est donc Olivier lui-même qui détermine quand ces yaourts seront périmés.
01:04:09 En 3 ans, il n'a jamais eu de problème.
01:04:12 Mais finalement, existe-t-il un véritable risque
01:04:15 à consommer des yaourts dont la date est dépassée ?
01:04:20 Nous avons acheté 2 yaourts fabriqués par les équipes d'Olivier Maillard
01:04:23 pour les faire analyser.
01:04:25 Dans la main droite, un yaourt a priori périmé depuis une semaine.
01:04:30 Dans la main gauche, un yaourt encore en bonne date.
01:04:33 Une semaine plus tard, nous venons découvrir les résultats.
01:04:37 - Bonjour. - Bonne réception.
01:04:39 Anne-Sophie est hygiéniste.
01:04:40 Avec son équipe, elle a pratiqué une batterie de tests sur nos échantillons.
01:04:44 Les résultats sont tout simplement surprenants.
01:04:46 - Donc, d'un côté, là, vous avez le yaourt dont l'analyse a été faite avant la DLC.
01:04:52 Et ici, le yaourt dont la DLC était dépassée.
01:04:56 Donc là, on n'a rien trouvé.
01:04:58 Donc, en listeria, on est en absence.
01:05:00 Et en thérobactérie, on est inférieur à 10.
01:05:03 Dans les 2 cas, il s'avère que les résultats sont satisfaisants.
01:05:07 Autrement dit, il n'y aurait aucun danger à consommer l'un ou l'autre yaourt
01:05:11 que la DLC soit dépassée depuis une semaine ou non.
01:05:14 Seule obligation pour le consommateur, aimer manger des yaourts qui piquent un peu.
01:05:20 - Alors, en fait, chaque point que vous voyez, ça représente une colonie de bactéries.
01:05:27 Une colonie, c'est pas une bactérie, mais des milliards de bactéries.
01:05:31 Alors, il s'avère qu'avant la DLC, on en avait 610 000.
01:05:36 Et après la DLC, 1,3 million.
01:05:39 Donc, ça, plus que double.
01:05:41 Ce qui peut conférer au produit un petit goût acide.
01:05:45 Chaque jour, ce laboratoire analyse une quarantaine de produits alimentaires
01:05:50 destinés à être vendus notamment en supermarché.
01:05:53 L'objectif, qu'aucun scandale sanitaire ne vienne éclabousser la réputation des magasins.
01:05:58 Car en grande distribution, l'image est primordiale.
01:06:04 Retour à l'hypermarché d'Abbeville.
01:06:06 Face à la concurrence, le magasin doit parvenir à attirer les clients.
01:06:10 - Là, ça fait beau. - Là, c'est bon.
01:06:12 - Là, on peut en mettre un peu plus. - Encore, c'est bon ?
01:06:14 - Ouais, ouais, on peut changer. - Ouais ? - Ouais.
01:06:16 Ce matin, Virginie, la responsable du rayon beauté, lance une grande opération promotionnelle.
01:06:21 - On met ça comme ça. Là, on recharge bien, maximum. - C'est bien, c'est bien.
01:06:25 Au programme, des shampoings, des gels douche, des déodorants jusqu'à -50% de réduction.
01:06:31 - Là, je sors les produits, je regroupe les boxes.
01:06:34 On appelle ça un box. Je regroupe pour qu'il y ait un maximum de magasins.
01:06:37 Enfin, exposer le maximum de produits en peu de place, si on peut dire.
01:06:41 C'est un événement très attendu des clients, ça.
01:06:43 La beauté, c'est un événement vraiment... Ils comptent dessus.
01:06:46 Ils aiment bien venir faire leur grande provision pour l'année, quasiment.
01:06:49 Des gens pour l'année pour les produits de grandes marques à -50%, -40%, -30%.
01:06:54 Donc, c'est intéressant.
01:06:56 Des fois, c'est pas évident. On sait jamais ce qu'ils vont acheter à l'avance.
01:06:59 Mais là, on fait un maximum pour satisfaire le client et puis avoir une belle zone pendant 10 jours.
01:07:04 Voilà. Mais on est habitués, on aime bien. Ca met du peps, ça. Voilà.
01:07:08 Virginie doit transformer le hall d'entrée du magasin en un univers glamour et classe.
01:07:13 Pour y parvenir, elle ne compte pas ses efforts.
01:07:16 Déballer des cartons, tirer des transpalettes, le quotidien d'un supermarché,
01:07:20 c'est avant tout beaucoup d'exercices physiques.
01:07:23 Il lui reste 30 minutes avant le lancement de son opération beauté.
01:07:26 - C'est très... C'est... Oui, c'est un boulot très physique.
01:07:32 Eh ben, il est très intense, parce que, bon, il n'y a qu'une journée et une matinée pour tout faire, quoi.
01:07:38 C'est vrai que c'est... C'est dur, quoi. C'est dur. Mais bon, quand on aime ça, on le fait.
01:07:43 Et c'est physique. C'est bien, ça, pour la forme.
01:07:49 On va pas à la salle de gym, nous.
01:07:52 Virginie doit accélérer la cadence. Il est 8h30.
01:07:57 Le magasin a déjà ouvert ses portes et l'opération beauté n'est pas totalement en place.
01:08:02 La responsable doit encore régler le dernier détail incontournable de sa promotion, les étiquettes.
01:08:08 - Je vais m'installer ailleurs. Je vais m'installer où ?
01:08:12 Donc là, je mets les... Ce qu'on appelle les stop rayons,
01:08:18 où il y a le prix indiqué, la remise et la désignation du produit.
01:08:23 Virginie est stressée. Alors que les clients arrivent,
01:08:27 elle a encore une cinquantaine d'étiquettes à poser au bon emplacement.
01:08:30 Il faut faire vite. Un client qui ne trouve pas un prix est un client qui ne reviendra pas.
01:08:35 - Oui, oui, oui. 1,97. - Oui, 1,97.
01:08:39 - Oui, oui, j'ai mis le prix, là. Les plus intéressants, c'est -50%.
01:08:43 Donc là, voilà. Ce produit, là, c'est le shampoing, donc qui est normal.
01:08:47 4,50 euros, vous payez que 2,25 euros.
01:08:50 Cette promotion est une aubaine pour les clients.
01:08:52 Un shampoing acheté égale un shampoing offert.
01:08:55 Le magasin, lui, ne prend aucun risque. Il n'avancera pas un centime dans cette opération.
01:09:00 Tout a été décidé il y a plusieurs mois par les négociateurs de l'enseigne.
01:09:05 - Ils font des appels. Chaque marque a un appel.
01:09:08 Et voilà, ils proposent leurs produits, les prix qu'ils proposent,
01:09:11 et les meilleurs sont sélectionnés, quoi.
01:09:13 Cette marque-là a fait un geste commercial à notre centrale.
01:09:16 - D'accord. - Voilà, celle-là.
01:09:18 Si vous voulez, les -50, là, c'est la marque qui va le payer.
01:09:23 Voilà. C'est eux qui vont payer.
01:09:25 Voilà, c'est eux qui vont me rembourser mes 2,25 euros que j'ai pas.
01:09:29 En avançant l'argent à Virginie, la marque prend donc un gros risque
01:09:32 si ses shampoings ne se vendent pas.
01:09:34 Au rayon cosmétique, les habitudes d'achat des clients ne changent jamais.
01:09:38 Avec cette promotion, c'est l'occasion pour les marques de se faire connaître.
01:09:42 - Ça sent la fin, là, ça y est ? - Ah oui, oui, ça y est, là.
01:09:47 Cette opération a lieu 2 fois par an
01:09:49 et représente pour le magasin plusieurs dizaines de milliers d'euros de bénéfices.
01:09:53 Alors, pour mettre toutes les chances de son côté,
01:09:55 Virginie n'hésite pas à mettre à contribution le patron du magasin, Pascal Crescent.
01:10:00 - Nous sommes une équipe, avant tout, dans un grand bateau,
01:10:04 mais avec des équipiers, dont je fais partie.
01:10:08 Dans la suite de Révélation,
01:10:11 vous verrez que diriger un supermarché n'est pas de tout repos.
01:10:14 Pour accueillir les clients, tout doit être parfait,
01:10:16 alors chaque détail compte.
01:10:19 - Ah ouais, non, mais...
01:10:20 - Vous êtes en train de me dire ce que vous voulez,
01:10:22 mais à un moment donné, l'étiquette du produit n'est pas bonne.
01:10:25 Mettons l'étiquette qui correspond au produit,
01:10:27 et non pas une étiquette qui ne correspond pas.
01:10:29 Parce que là, il y a 6 bouteilles, là.
01:10:31 Là, pour moi, le produit n'est pas installé.
01:10:33 Pascal Crescent, le patron de l'hypermarché,
01:10:46 veut faire de son magasin un exemple de modernité.
01:10:49 Depuis 6 ans, il s'est lancé dans la bataille en faveur de l'écologie.
01:10:52 Chaque année, ses équipes recyclent 20 tonnes de plastique
01:10:55 et plus de 360 tonnes de cartons.
01:10:58 - Tous ces cartons sont transformés en balles de papier,
01:11:05 et on va les retrouver derrière.
01:11:08 On les retrouve confectionnées en balles de 450 kg
01:11:11 qui repartiront directement en papeterie.
01:11:14 En recyclant les emballages et les plastiques,
01:11:16 Pascal a divisé par 5 l'empreinte écologique de son magasin.
01:11:19 Cerise sur le gâteau, ce recyclage ne lui coûte pas un centime.
01:11:23 - En fait, la valeur de réachat du carton
01:11:27 compense le coût de transport, de manutention.
01:11:31 - Ah, donc ça ne vous coûte rien.
01:11:33 - Voilà, ça ne coûte rien, et à un moment donné,
01:11:35 on recycle tous les produits.
01:11:37 A terme, ce deviendra une obligation,
01:11:39 mais c'est une démarche que nous avons entreprise
01:11:41 depuis environ 6 ans.
01:11:43 Donc on était précurseurs au niveau du tri des déchets.
01:11:49 - 2 semaines plus tard, l'opération beauté est terminée.
01:11:57 Les déodorants ont cédé leur place au chocolat de Noël.
01:12:00 L'heure est au bilan pour Pascal et Virginie,
01:12:02 la chef du rayon beauté.
01:12:04 - Qu'est-ce que ça donne, tout ça ?
01:12:07 - Ça y est, c'est installé, c'est le prix de la cartouche.
01:12:09 - Ouais, d'accord.
01:12:10 - Donc, maintenant, il y a de l'avance.
01:12:12 - L'opération beauté est terminée depuis, maintenant,
01:12:17 depuis samedi, et c'est une opération
01:12:20 qui a très bien fonctionné, et on s'est aperçu,
01:12:23 cette année, que nous avions encore progressé
01:12:25 par rapport à nos achats l'année dernière
01:12:28 et qui était déjà une année de progression.
01:12:30 Il nous faut, à un moment donné, avoir ce qu'on appelle
01:12:33 un taux de revente important.
01:12:35 Il faut qu'on ait revendu au moins 60 %
01:12:38 de l'engagement initial.
01:12:40 Là, sur cette opération, nous en sommes à un rendu
01:12:46 qui est de l'ordre de 83-84 %.
01:12:48 On peut dire que c'est une excellente opération.
01:12:51 De l'autre côté du magasin, Claudine, 44 ans,
01:12:57 attaque son service.
01:12:59 - Je prends mon caisson, je prends mes petits papiers,
01:13:05 ma pochette de travail.
01:13:08 J'ai tout ce qu'il faut pour aller travailler.
01:13:11 - Le métier de Claudine est le plus connu
01:13:13 des clients de supermarché.
01:13:15 Elle est hôtesse de caisses.
01:13:17 Comme elle, elles sont une trentaine
01:13:19 à officier dans ce magasin.
01:13:21 - Bonjour, monsieur.
01:13:23 Est-ce que vous faites l'épingle?
01:13:25 - Euh, non. - Non? Voilà.
01:13:27 Vous faites une bonne journée. Merci. Au revoir, monsieur.
01:13:29 Bonjour, monsieur.
01:13:31 - Claudine fait passer jusqu'à 30 clients par heure
01:13:33 et scanne en moyenne 27 produits chaque minute.
01:13:37 - Voici, madame. - Merci.
01:13:39 - Bonne journée. Merci. Au revoir.
01:13:41 - Le rythme est intense,
01:13:43 mais Claudine ne stresse plus depuis longtemps.
01:13:45 Il faut dire que son métier d'hôtesse de caisses,
01:13:47 elle le connaît bien.
01:13:49 Elle l'exerce depuis maintenant 24 ans.
01:13:51 - J'ai envoyé une lettre de motivation, un CV.
01:13:54 J'ai eu un entretien.
01:13:56 J'avais jamais travaillé dans le commerce,
01:13:59 puisque j'étais très jeune.
01:14:01 Et puis, voilà, j'ai commencé en tant qu'hôtesse de caisses.
01:14:05 Et puis, aujourd'hui, bah, je...
01:14:07 Je regrette pas mon parcours.
01:14:09 Je suis très contente.
01:14:11 Derrière sa caisse depuis 1990,
01:14:14 Claudine a pu constater les évolutions de son métier.
01:14:17 Sur la technologie, d'abord,
01:14:19 les écrans tactiles ont remplacé les caisses enregistreuses.
01:14:22 Mais ce qui a vraiment changé,
01:14:25 ce sont les missions des hôtesses de caisses.
01:14:27 Avec la recrudescence des vols,
01:14:29 Claudine est devenue le dernier rempart contre les voleurs.
01:14:32 Pour chaque client, l'hôtesse doit notamment vérifier
01:14:34 que rien n'est dissimulé dans le caddie.
01:14:36 - Voilà.
01:14:39 - 3 comme ça. - 3, d'accord.
01:14:41 Vous passez votre caddie. Je vais regarder, monsieur.
01:14:44 Donc, 1, 2, 3.
01:14:48 Voilà. Et puis 2 comme ça.
01:14:53 Notre rôle, c'est de passer
01:14:55 toutes les courses des clients, bien sûr.
01:14:58 D'avoir beaucoup d'amabilité,
01:15:01 de faire... de bien vérifier les caddies,
01:15:04 de surveiller les caddies,
01:15:07 surveiller les poussettes,
01:15:10 les sacs de provision, tout ça.
01:15:14 Mais assurer la sécurité n'est pas la seule mission de Claudine.
01:15:19 Depuis plusieurs années,
01:15:21 elle doit proposer systématiquement aux clients
01:15:23 d'adhérer à la fameuse carte fidélité.
01:15:25 - Vous avez une carte fidélité, madame, s'il vous plaît?
01:15:28 - Non, je n'ai pas. - Vous la voulez, non?
01:15:30 - Non, merci, madame. - Allez, par carte bleue?
01:15:33 Il faut demander à chaque client la carte fidélité.
01:15:36 Si les clients ne l'ont pas,
01:15:38 on essaye de leur proposer,
01:15:40 tout en sachant, en leur expliquant qu'elle est bien gratuite,
01:15:43 que c'est juste pour cumuler des points
01:15:45 et pour bénéficier de bons et de cadeaux avec les points.
01:15:49 - Bonjour.
01:15:51 Justement, la dame cadeau de l'hypermarché, c'est elle, Betty.
01:15:55 - Voilà. - Au revoir, Betty.
01:15:57 - Merci, au revoir.
01:15:59 - Bonjour, Betty, à votre service.
01:16:01 Chaque semaine, cette hôtesse d'accueil
01:16:04 délivre aussi aux clients les plus fidèles
01:16:06 des cadeaux en tout genre.
01:16:08 Et pour les motiver à utiliser leur carte fidélité,
01:16:10 l'hypermarché a pensé à tout.
01:16:12 Il met les lots bien en exposition à l'entrée du magasin.
01:16:15 - Bonjour. - Impossible de passer à côté.
01:16:18 - Donc, on a une vitrine de présentation
01:16:21 pour certains cadeaux.
01:16:23 Par exemple, là, le Pesperson,
01:16:25 il faut 1 580 points pour avoir ce Pesperson.
01:16:28 Un central vapeur, 1 730 points.
01:16:31 Donc, on a des jouets, on a d'outillages,
01:16:34 on a du bien-être, on a la vaisselle, la perceuse.
01:16:39 Souvent, la femme vient le chercher pour la fête des pères,
01:16:42 pour un cadeau de Noël.
01:16:44 Ca coûte 6 930 points,
01:16:46 mais c'est quelque chose qui marche bien.
01:16:48 C'est donc grâce à ces points cumulés
01:16:51 que les clients peuvent s'offrir le cadeau de leur choix.
01:16:53 Dès 5 euros d'achat, ils obtiennent 1 point de fidélité.
01:16:57 - Ils ont besoin, par exemple, d'une balance,
01:17:00 plutôt que de l'acheter.
01:17:01 Ils vont se faire plaisir en l'utilisant.
01:17:03 Point pour eux, ça représente un cadeau, et non un achat.
01:17:06 Le problème, c'est que d'après nos calculs,
01:17:09 ces cadeaux ne sont pas vraiment gratuits.
01:17:11 Pour gagner, par exemple, ce Pesperson à 2 220 points,
01:17:15 le client devra débourser au total pas moins de 10 000 euros de course.
01:17:19 Pour la fameuse perceuse, compter près de 35 000 euros.
01:17:24 Mais ces cadeaux sont en réalité un moyen détourné
01:17:27 d'attirer le consommateur.
01:17:29 En effet, pour gagner des points supplémentaires,
01:17:31 l'enseigne a mis en place un catalogue bonus.
01:17:34 - Donc, tous les mois, vous avez aussi un mensuel
01:17:38 qui vous indique avec quel article
01:17:42 vous pouvez avoir des points supplémentaires.
01:17:44 On appelle ça des points bonus.
01:17:46 Donc, par exemple, là, au mois d'octobre,
01:17:48 vous achetez ce paquet de bonbons,
01:17:50 vous avez 50 points supplémentaires.
01:17:53 Autrement dit, le magasin vous propose d'acheter des produits
01:17:56 dont vous n'auriez peut-être pas eu besoin,
01:17:58 mais qui vous permettront un jour d'acquérir le produit de vos rêves.
01:18:02 En plus du magasin de Pascal,
01:18:07 Abbeville compte 2 autres hypermarchés.
01:18:09 Alors, pour faire face à la concurrence
01:18:11 de plus en plus féroce entre les enseignes,
01:18:13 Pascal multiplie les actions marketing coup de poing.
01:18:16 - Ciao, Marie.
01:18:17 Ce matin, il lance une opération promotion sur tout le magasin,
01:18:21 jusqu'à 50 % de réduction.
01:18:23 Vu l'ampleur du défi, le patron vérifie en personne
01:18:26 que tout est prêt pour le lancement.
01:18:28 - Donc, je m'assure de la présence de l'ensemble des produits
01:18:32 dans le magasin, de manière à ce que nos clients les trouvent.
01:18:35 Je suis un peu le client qui cherche.
01:18:38 Je veux savoir si je suis capable de trouver ça en l'aide de personne.
01:18:42 - Dans la peau du client, Pascal arpente les rayons
01:18:45 de son supermarché à la recherche des promotions.
01:18:49 - L'offre promo doit être vraiment bien indiquée,
01:18:52 bien repérable et de loin.
01:18:54 Voilà l'exemple.
01:18:56 Je vois le produit.
01:18:58 Là aussi.
01:19:00 - Au rayon charcuterie, tout est en place et bien étiqueté.
01:19:04 En revanche, au niveau des alcools,
01:19:06 les vins en promo ont été quelque peu oubliés.
01:19:09 - Il est en train... - Je vais chercher les plats.
01:19:11 - Non, non, mais les produits...
01:19:13 Moi, c'est les produits qui m'intéressent.
01:19:15 Parce que là, il y a 6 bouteilles, là.
01:19:17 Là, pour moi, le produit n'est pas installé.
01:19:19 Donc là, il est là.
01:19:28 Bon, c'est neige, quoi.
01:19:29 Nous avons là les produits qui sont présents dans le magasin,
01:19:33 mais dans des quantités qui sont trop faibles
01:19:36 pour une offre promotionnelle.
01:19:38 Donc là, elle va, dès maintenant, les sentir
01:19:41 de manière à répondre à une éventuelle demande du matin.
01:19:45 Pascal n'est pas au bout de ses surprises.
01:19:47 A quelques mètres de là, au rayon des sauces et épices,
01:19:50 c'est l'étiquetage de ce bouillon de légumes qui pose problème.
01:19:53 - C'est pas ça.
01:19:55 - Le problème, c'est pas celui-là.
01:19:57 - Non, mais moi, ce qui m'intéresse, c'est que le prix qui est affiché là
01:20:00 soit le prix qui est affiché là.
01:20:02 Donc là, pour moi, c'est pas le cas.
01:20:04 Donc pour moi, c'est pas le bon produit.
01:20:06 Mettez les affiches qui correspondent.
01:20:08 Non, mais... Vous êtes en train de me dire ce que vous voulez,
01:20:11 mais à un moment donné, l'étiquette du produit n'est pas bonne.
01:20:14 Mettons l'étiquette qui correspond au produit,
01:20:16 et non pas une étiquette qui ne correspond pas.
01:20:18 Ca veut dire qu'à un moment donné, le client,
01:20:20 quand il va passer en caisse, il va pas payer ça.
01:20:23 Il va pas payer, il va pas avoir les 30 %.
01:20:25 Donc ne mettons pas un stop rayon sur un produit qui ne correspond pas.
01:20:29 On risque d'aller... On risque d'avoir des soucis en caisse.
01:20:32 Pascal a l'oeil sur tout.
01:20:34 Dans un supermarché, l'emplacement des produits est primordial.
01:20:37 Alors les présentoirs les plus en vue du rayon,
01:20:40 que l'on appelle tête de gondole dans le jargon,
01:20:42 c'est son obsession.
01:20:44 - Bonjour. Bonjour.
01:20:46 - Mettez votre... Votre support à un endroit où il y a des têtes de gondole,
01:20:52 pas à un endroit où il y en a pas.
01:20:54 Parce que là, normalement, il y a rien.
01:20:55 Donc ça veut dire que vous allez réduire...
01:20:57 Vous allez... Oui, vous allez réduire l'allée, là.
01:20:59 Pire encore, Pascal a repéré une tête de gondole sans promotion.
01:21:05 Pour le patron, c'est une erreur marketing qu'il faut à tout prix réparer.
01:21:10 - La tête de gondole sert exclusivement à mettre en avant
01:21:14 les produits qui vont être présents sur les prospectus.
01:21:17 Et le client a un point de repère qui est une tête de gondole,
01:21:22 ce qu'on appelle, nous, chez nous, une TG.
01:21:24 La tête de gondole a pour but, à un moment donné, de présenter les produits,
01:21:28 mais aussi de diriger les clients vers les rayons
01:21:32 pour leur proposer tout le reste de l'assortiment du magasin.
01:21:36 L'assortiment dont parle Pascal,
01:21:38 c'est notamment les produits de marques distributeurs.
01:21:41 20% moins chers que les produits de marques.
01:21:43 Dans le milieu, on les appelle les MDD.
01:21:46 Chaque enseigne possède sa propre gamme.
01:21:48 Et si désormais, ces MDD sont aussi visibles que les grandes marques,
01:21:52 c'est qu'elles rapportent beaucoup au magasin.
01:21:54 - Nous générons plus de rentabilité sur des produits distributeurs
01:22:00 que sur des produits à marque nationale.
01:22:02 9h30, l'inspection de Pascal est terminée.
01:22:07 - Bon, bah, voilà, fin de l'exercice.
01:22:09 - Ça y est ? Donc ça, c'est fait, prêt ?
01:22:11 - C'est prêt.
01:22:12 L'objectif étant maintenant de débriefer avec les équipes
01:22:18 sur les produits où j'ai constaté quelques petites anomalies.
01:22:22 Le magasin a désormais 10 jours pour transformer cette promotion
01:22:26 en une véritable réussite financière.
01:22:28 Mais les supermarchés ne sont pas uniquement synonymes de rentabilité.
01:22:34 Parfois, c'est aussi le lieu d'une grande générosité.
01:22:37 Chaque année, un supermarché gaspille en moyenne 200 tonnes de denrées alimentaires.
01:22:45 En juillet 2014, une proposition de loi signée par 63 députés
01:22:49 veut obliger les supermarchés de plus de 1 000 m2
01:22:52 à faire don des invendus aux associations.
01:22:55 Une initiative que certains ont déjà mise en place,
01:22:57 comme dans ce magasin parisien.
01:22:59 - Bonjour.
01:23:04 Vous allez bien ?
01:23:05 - Je suis là pour le ramassage.
01:23:07 - Très bien, je vais vous accompagner.
01:23:09 3 fois par semaine, Romain, bénévole à l'armée du salut,
01:23:12 vient récupérer les produits invendus de ce supermarché.
01:23:15 Cette pratique s'appelle la ramasse.
01:23:22 Elle est indispensable aux associations,
01:23:24 car 30 % des dons proviennent des supermarchés.
01:23:27 - Alors là, il y a essentiellement des produits frais,
01:23:30 charcuterie, yaourt, voilà.
01:23:32 Des jours, il peut y avoir des légumes,
01:23:33 il peut y avoir de la viande, il peut y avoir des conserves.
01:23:36 Voilà, c'est selon ce qu'ils ont en DLC court.
01:23:40 Aujourd'hui, comme à chaque ramasse,
01:23:45 l'association ne débourse pas un centime.
01:23:47 Elle compte exclusivement sur la générosité des supermarchés.
01:23:51 - Aujourd'hui, t'as pas trop eu de casse, c'est mieux ?
01:23:54 - Non, ça va.
01:23:55 - OK. - Nickel.
01:23:57 Mais à bien y regarder, Jean-Luc, le directeur du magasin,
01:24:00 trouve aussi son compte dans cette démarche associative.
01:24:03 - On a trouvé ce moyen-là de donner à des associations,
01:24:06 justement pour avoir, voilà, une image humanitaire.
01:24:09 Au lieu de jeter simplement, en fait, ces produits-là,
01:24:12 nous, on a décidé, on a fait le choix
01:24:14 de les donner à des associations et des gens qui sont dans le besoin.
01:24:16 Donc ça, c'est un vrai projet,
01:24:18 un vrai projet qui existe depuis 2010.
01:24:20 Et après, on a une heureuse conséquence,
01:24:22 c'est qu'on, actuellement, et ça l'est encore,
01:24:25 on a une réduction d'impôt qui va, donc, de 60% du prix d'achat.
01:24:30 60% de la valeur des produits donnés
01:24:34 seront donc déduits directement des impôts du magasin.
01:24:37 Voilà pourquoi, entre autres, Jean-Luc a signé des partenariats
01:24:40 avec des associations caritatives.
01:24:42 C'est une façon pour lui de limiter des pertes financières
01:24:45 tout en faisant une bonne action.
01:24:47 Une heure plus tard, Julie, la responsable de l'épicerie sociale
01:24:51 située dans le 20e arrondissement de Paris,
01:24:53 décharge les cagettes de produits donnés par les supermarchés.
01:24:56 - Donc à chaque fois, on pèse les aliments
01:24:58 pour savoir, donc, la quantité qu'on a.
01:25:00 On vérifie aussi si la date est toujours bonne
01:25:03 pour les mettre en vente, voilà, pour aujourd'hui.
01:25:06 - Car ici, tous les produits doivent être consommés
01:25:10 le jour même ou dans les 2 jours.
01:25:12 Viande, yaourts, légumes, produits d'hygiène.
01:25:17 A force d'acharnement,
01:25:19 Julie a réussi à reconstituer dans son local
01:25:22 un véritable supermarché.
01:25:24 Seule différence est de taille,
01:25:26 des prix 10 fois moins chers que dans la grande distribution.
01:25:29 - Donc ici, nos bénéficiaires ne payent que 10% du prix réel.
01:25:34 Alors, il faut savoir que généralement,
01:25:36 le kilo de volaille ici, il est à 4,50 euros en valeur réelle.
01:25:41 Et au final, nos bénéficiaires ne vont payer que 45 centimes le kilo.
01:25:45 Donc là, par exemple, pour l'escalope,
01:25:47 comme c'est 250 grammes,
01:25:50 au final, ils vont même pas payer 10, 15 centimes.
01:25:53 Pour bénéficier de cette épicerie,
01:25:55 il faut au préalable avoir été orienté par une assistante sociale.
01:25:58 C'est le cas de Béatrice,
01:26:00 une mère de famille qui élève seule ses 2 enfants.
01:26:03 - Ça, c'est... Il y en a souvent des produits bio,
01:26:07 surtout de pain, et qui a une très bonne qualité.
01:26:10 Et puis je connais la qualité pour la santé bio.
01:26:14 Aujourd'hui, Béatrice fait le plein.
01:26:16 Car pour satisfaire tout le monde,
01:26:18 les bénéficiaires ne peuvent venir faire leur course ici
01:26:21 qu'une fois par semaine.
01:26:22 Et pour Béatrice, il faut bien calculer,
01:26:24 car l'épicerie fixe des montants ne pas dépasser.
01:26:27 - Il vous reste 32,50.
01:26:31 On va essayer de passer d'abord ce qui est prioritaire.
01:26:35 Aujourd'hui, Béatrice a vu un peu trop large.
01:26:38 Elle n'a pas le choix et doit donc se séparer de certains produits.
01:26:42 - Tu mets en charpe là-bas.
01:26:44 - Oui, les galops.
01:26:45 - Là, on n'est pas loin de la limite.
01:26:48 Là, c'est bon.
01:26:51 On est au niveau reste, 32,31, c'est 32,50.
01:26:55 Le reste, ça passera pas.
01:26:56 Ça vous fait 3,23, s'il vous plaît, à régler.
01:27:02 Le dernier du moins, il est toujours compliqué.
01:27:06 - Ah, mais j'ai fait juste, c'est pas vrai.
01:27:08 - Ah oui, là, oui, oui, ça...
01:27:10 - J'ai calculé, c'est pas vrai, ça doit être ça.
01:27:13 - Alors, on détermine un budget avec eux
01:27:16 selon la composition familiale et le restant à vivre.
01:27:20 Donc, en moyenne, pour une famille avec 2 enfants,
01:27:23 ça va être à peu près 300 euros de budget en valeur réelle.
01:27:26 Donc, ici, pour un mois.
01:27:28 Donc, ici, au final, ils payeront 30 euros.
01:27:32 L'an dernier, les 1 400 hypermarchés
01:27:40 ont donné 32 000 tonnes de denrées aux associations caritatives,
01:27:44 soit l'équivalent de 64 000 repas.
01:27:46 Comme quoi, grandes distributions et belles actions
01:27:49 peuvent parfois faire bon ménage.
01:27:51 - Bonne journée. - Bonne journée.
01:27:55 - À la prochaine. - À la prochaine.
01:27:56 - Au revoir.
01:27:57 ♪ ♪ ♪

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