Avec François Bayrou, Maire de Pau, Président du Modem et Haut-Commissaire au Plan
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NewsTranscription
00:00 (Générique)
00:02 Jean-Jacques Bourdin
00:03 Il est 8h34, bonjour à toutes et à tous, 8h30, 9h, l'interview politique, les français veulent savoir, parlons vrai ce matin avec François Bayrou, bonjour.
00:15 Bonjour.
00:15 Merci d'être avec nous François Bayrou.
00:17 Le projet de loi immigration, vous savez ce que je vais faire ? Je vais reprendre le trajet de ce texte, de ce projet de loi tant désiré par Gérald Darmanin.
00:27 Le texte du gouvernement est d'abord réécrit par le Sénat, puis réécrit par la commission des lois de l'Assemblée Nationale,
00:35 puis rejeté par l'Assemblée Nationale, motion de rejet, sans avoir été examinée, puis réécrit par la commission mixte paritaire,
00:43 puis adopté par les députés, sans avoir été discuté en séance publique, sans débat.
00:50 Et maintenant, le Conseil Constitutionnel qui va à son tour réécrire cette loi, est-ce l'instance politique d'appel du Parlement, le Conseil Constitutionnel ?
01:03 Non, je pense qu'il ne faut pas voir les choses comme ça. Et ça n'est pas réécrire la loi, le Conseil Constitutionnel n'écrit rien.
01:11 Il n'écrit rien mais il va la modifier.
01:13 Il va l'effacer mais il n'écrit rien. Alors il faut distinguer deux sujets dans la présentation que vous venez de faire.
01:20 Le premier sujet c'est le processus d'adoption, le modèle d'adoption de ce texte, qui est pour moi très insatisfaisant.
01:30 Et on va voir où est la responsabilité.
01:34 Et la deuxième chose c'est la légitimité de ce texte ou d'un texte sur l'immigration.
01:41 Et je pense que cette légitimité est entière. Je pense qu'un texte, pas nécessairement celui-là, était absolument nécessaire.
01:50 Parce que ce que je vois sur le terrain, je suis comme vous l'avez rappelé, maire de Pau, ce que je vois sur le terrain c'est une inhumanité de la situation actuelle.
02:03 Et donc cette situation-là, une intervention du législateur, qui aurait dû être pleine et entière, pour la changer était légitime.
02:14 Alors un sur le processus.
02:16 Ce processus a subi un accident et qui est pour moi absolument inacceptable. Et même une négation de tout ce que nous disons aux français et de ce que nos institutions disent.
02:35 Parce que ce texte aurait dû être, a été, c'est le choix du gouvernement, examiné d'abord par le Sénat, pour peut-être constituer une majorité qui puisse assurer son passage.
02:49 Il est venu ensuite à l'Assemblée Nationale. Il a été tout à fait légitimement travaillé par les commissions de l'Assemblée Nationale.
02:59 Et puis fait absolument sans précédent, fait inédit et scandaleux, l'Assemblée Nationale a dit "Eh bien écoutez, nous, nous ne l'examinerons pas".
03:08 Les oppositions alliées, de l'extrême gauche à la gauche, toute la gauche et l'extrême droite, et la droite.
03:19 Les oppositions alliées ont refusé de faire le travail pour lequel elles sont élues, pour lequel les français ont élu les députés.
03:30 Chacun des députés est venu devant les électeurs en disant "Mais nous, nous allons faire la loi et nous allons la faire bien, nous allons défendre vos idées".
03:40 Ils ont refusé de faire ça. Je vous confie quelque chose. J'ai reçu beaucoup de messages pendant cette phase ultime de députés qui me disaient, de manière tout à fait sympathique,
03:56 "On compte sur vous, comment faire pour rectifier ce qui doit l'être ?" Je dis "Mais c'est vous qui avez refusé d'examiner.
04:05 Vous avez fait sans précédent depuis le début de la Vème République, vous avez refusé, vous, député élu pour faire la loi, vous avez refusé d'examiner le texte".
04:17 C'est la première fois qu'un texte comme ça, de cette importance, qu'on soit pour ou contre...
04:23 - François Bayrou, vous savez bien que le ministre de l'Intérieur pensait que son texte, que la motion de rejet n'allait pas être adoptée.
04:30 - Permettez-moi de... - N'y a-t-il pas eu un peu de suffisance ?
04:35 - Je ne suis pas là pour faire le procès des uns ou des autres. - Mais il ne s'agit pas de faire le procès, il s'agit de dire la réalité des choses.
04:43 - Donc je pense qu'il y a eu des erreurs d'appréciation, je n'ai aucun doute sur ce point. Et je pense que tout le monde le sait, y compris les intéressés eux-mêmes.
04:51 Mais écoutez bien, tous ceux qui disent "on n'aurait jamais dû laisser passer telle ou telle disposition", peut-être on peut réfléchir et voir lesquelles...
05:02 - On va parler des dispositions, oui, qui ne vous plaisent pas d'ailleurs.
05:05 - Tous ceux-là ont refusé de jouer leur rôle dans l'examen du texte. J'ai dit à ces députés "mais écoutez, si on avait examiné le texte, on aurait pu trouver, article par article,
05:19 mesure par mesure, disposition par disposition, des majorités de l'Assemblée Nationale, et l'Assemblée Nationale aurait eu un texte à opposer ou à équilibrer au texte du Sénat.
05:31 On a refusé de faire ça, et c'est démocratiquement inacceptable, et la faute en revient à ceux qui ont refusé, sous les applaudissements, dans les éclats de rire,
05:43 qui ont refusé de faire leur travail et d'examiner le texte.
05:47 - Bien, mais maintenant il y a une réalité, la réalité c'est qu'il y a un texte, un texte qui a été voté par le Parlement, un texte beaucoup plus dur que le texte initial.
05:57 Les députés, pardon, mais constatons les choses, les députés ont voté des articles en espérant une censure par le Conseil Constitutionnel.
06:06 Certains députés, le ministre de l'Intérieur lui-même a soutenu un projet dont il dit qu'il pourrait être en partie rejeté par le Conseil Constitutionnel,
06:14 jusqu'au Président de la République, qui a mis toute son autorité pour faire voter ce texte, et a saisi ensuite le Conseil Constitutionnel.
06:23 Hier, il a saisi le Conseil Constitutionnel, hier.
06:26 Elisabeth Borne a confirmé hier matin avoir des doutes sur certaines mesures de la loi.
06:32 Franchement, franchement, avez-vous déjà vu une majorité espérer que son texte soit censuré par le Conseil Constitutionnel ?
06:39 - Mais moi, ce n'est pas le texte de la majorité, peut-être faut-il rappeler ça. - C'est un texte voté par la majorité.
06:45 - C'est un texte voté parce qu'il fallait bien trouver une issue à ce débat.
06:50 Qu'est-ce que vous me diriez ce matin si le texte avait été retiré ?
06:54 Vous diriez "mais enfin, François Bayrou, ça n'est pas possible, est-ce que vous vous rendez compte que vous avez, devant les Français, proposé un texte au vote ?"
07:05 C'est Bourdin qui parle là, par ma voix.
07:07 Vous avez proposé un texte au vote et vous avez été au bout du compte obligé de le retirer alors que la situation, vous le savez bien, sur le terrain est insupportable.
07:17 On va y revenir à la situation sur le terrain.
07:19 - Oui, on va y revenir. - Mais c'est ça que vous diriez.
07:22 Vous diriez "mais enfin, c'est un gouvernement d'incapables, vous diriez vous ?"
07:26 Bourdin parle. Il dit "M. Bayrou, c'est un gouvernement d'incapables, c'est une majorité un peu incapable de faire adopter un texte."
07:34 C'est ça que vous diriez, ce matin. Et donc, ce que je dis, moi, d'abord, 1) c'est absolument dans la Constitution que quand il a un doute,
07:47 le Président de la République a la faculté de soumettre ce texte à l'examen du Conseil Constitutionnel.
07:55 - Oui, c'est évident. - C'est absolument nos institutions.
07:59 Il le fait, ben écoutez, c'est son... Et est-ce qu'il est déjà arrivé que des gouvernements, je me souviens très très bien,
08:09 devant un texte qui ne leur plaisait pas, disent "ben le Conseil Constitutionnel se prononcera."
08:15 On fait comme si le plus légal, le plus institutionnel de nos mécanismes d'examen des textes qu'on vote était surprenant ou un scandale.
08:30 - Et si la loi est vidée de la plupart de ses articles, de ses principaux articles, que se passe-t-il ?
08:35 - Elle ne sera pas vidée de la plupart de ses principaux articles. - 20 à 30 articles sur 81 ou 85 ou 88.
08:41 - Dit le Conseil Constitutionnel. - Bon, on verra, effectivement, nous verrons.
08:45 Mais conditionnement des prestations sociales non-contributives, instauration de quotas migratoires,
08:51 limitation du droit du sol, délit de séjour irrégulier, resserrement du regroupement familial, restriction du droit du sol,
08:58 ça ce sont des mesures, des articles qui risquent d'être retoqués.
09:02 - Jean-Jacques Bourdin, qu'est-ce que vous appelez "restriction du droit du sol" ?
09:05 - Traduisons. Vous employez, enfin, le monde médiatique, l'univers médiatique,
09:12 emploie des mots qui ont l'air d'immenses atteintes à nos principes les plus sacrés.
09:19 Regardons, vous dites "restriction du droit du sol". Je vais vous dire exactement ce que c'est.
09:24 C'est la loi dite pour qu'un jeune homme ou une jeune fille qui va devenir français parce qu'il est né en France,
09:32 au moment de devenir français, il est normal qu'on lui demande si elle le veut, ou si c'est contre son gré, ou si elle s'en fiche.
09:41 Demander entre 16 et 18 ans à une jeune fille ou un jeune garçon qui veut devenir français,
09:48 de le dire, de signer une déclaration en disant "oui, c'est en pleine conscience que je souhaite devenir français".
09:57 Est-ce que c'est une atteinte à quoi que ce soit ?
10:00 Personnellement, je ne me prononce pas, je vous pose simplement la question.
10:03 Vous dites, François Bayrou, que le Conseil constitutionnel risque de revoir votre copie, vous le savez bien.
10:11 Mais ce n'est pas ma copie, dit la copie du gouvernement.
10:14 Non !
10:15 Non ?
10:16 Des députés.
10:17 Non !
10:18 De l'opposition.
10:19 Non !
10:20 De qui ?
10:21 C'est la copie qui est sortie de la délibération de ce qu'on appelle la commission mixte paritaire,
10:28 c'est-à-dire ce petit groupe de 7 députés et 7 sénateurs qui essaient de trouver un accord entre les deux chambres pour faire adopter un texte.
10:35 Vous vous rendez compte que vous avez fait adopter un texte réécrit par 7 députés et 7 sénateurs ?
10:41 Et bien pourquoi alors est-ce qu'on a refusé de...
10:44 Entendez l'indignation dans votre voix, et vous relayez ce que j'ai dit à l'instant à votre micro.
10:52 Il est scandaleux et démocratiquement un scandale.
10:57 Oui.
10:58 Que les députés élus pour cela, envoyés par les citoyens pour voter la loi, aient dit par sectarisme,
11:09 "Eh bien nous refusons de l'examiner".
11:12 Et viennent après draper dans des principes qui leur rendent bien service à cet instant,
11:20 et qui servent évidemment à dissimuler leur abandon ou leur démission.
11:27 Ils viennent dire "C'est pas possible".
11:29 Mais pourquoi tu n'as pas examiné ? Pourquoi tu n'as pas voté ?
11:32 Qu'est-ce que tu viens faire à l'Assemblée si tu es de ceux qui prétendent, affirment qu'il ne fallait pas examiner ce texte ?
11:41 Et alors, si vous me permettez d'aller une phrase plus loin pour vous donner...
11:45 Une phrase parce que je voudrais qu'on soit dans le concret.
11:47 On y vient.
11:48 On y vient, oui, mais parce que le temps passe.
11:50 Quelle est la signification du combat de ceux qui ne voulaient pas d'un texte ?
11:56 C'est qu'ils veulent que dure la situation actuelle.
11:58 Et la situation actuelle pour moi, elle est pas seulement inacceptable...
12:04 Elle est inhumaine parfois.
12:05 Elle est inhumaine tous les jours.
12:07 Oui.
12:08 Tous les jours.
12:09 Oui, alors un mot sur la caution demandée aux étudiants étrangers pour venir suivre leurs études en France.
12:14 Comme vous savez, vous y êtes opposé, j'imagine.
12:17 Je ne sais pas.
12:18 Bah si, si vous aviez écouté les déclarations.
12:21 Mais je comprends que vous préfériez les déclarations à votre micro aux déclarations aux autres micros.
12:28 Oui, ça c'est sûr.
12:30 Mais on ne peut pas toujours être chez vous.
12:32 Non, mais je sais.
12:33 Et donc cette caution, c'est le contraire de nos principes et de nos intérêts.
12:43 À une exception près, que je veux être honnête en notant.
12:47 Pourquoi c'est le contraire ?
12:49 Parce que nous avons besoin d'avoir un rayonnement de la France par l'intermédiaire des étudiants qu'elle forme.
12:55 La francophonie, et pas seulement la langue française, mais notre manière de vivre et nos manières de penser.
13:03 Je pense à la laïcité par exemple.
13:05 Elles ont tout à gagner à ce que des étudiants venus de l'étranger faire leurs études en France
13:12 et puissent relayer ce qu'est le modèle de société français.
13:20 Mais il faut être honnête en disant que oui, dans un nombre non négligeable de cas,
13:27 il s'agit d'une filière d'immigration dissimulée.
13:31 Mais ça, il n'y a qu'à faire le travail des universités,
13:35 à mettre des examens, mettre des concours,
13:37 faire ce qu'il faut pour qu'on s'assure que c'est vraiment la volonté d'étudier
13:43 et la volonté de prendre en compte et de respecter ce qu'est la France.
13:49 Pour le reste, je suis absolument opposé à l'idée qu'on fasse un tri parmi les étudiants
13:55 en fonction des moyens de leur famille.
13:58 J'y suis opposé parce que beaucoup qui ont honoré la France,
14:04 j'ai cité l'autre jour un autre micro, l'exemple de Senghor.
14:08 Senghor, il vient d'une famille sans moyens réels,
14:12 il vient de très loin dans la culture quand il arrive du Sénégal en France
14:17 et puis il sera agrégé et puis il sera le grand homme d'État du Sénégal
14:22 et le premier président du Sénégal.
14:24 Bon, ça c'est un exemple vivant,
14:29 c'est un emblème de ce que la France est capable de faire.
14:35 - Et l'AME, c'est un emblème, réforme de l'AME,
14:38 est-ce que vous n'avez pas le pistolet sur la tente, pardon d'employer cette expression,
14:43 mais vous vous êtes engagé à réformer l'AME ?
14:46 - Non.
14:47 - Non ?
14:48 - Non.
14:49 La première ministre a eu un contact avec le président du Sénat
14:54 en disant que s'il y avait à examiner, qu'est-ce que c'est l'AME ?
14:59 - Il n'y aura pas de réforme de l'AME ?
15:01 - Non, ce n'est pas ce que je dis, c'est la première ministre qui le dira
15:04 ou le président du Sénat.
15:07 Qu'est-ce que c'est cette affaire ?
15:09 C'est assez simple, il y a des gens qui disent,
15:14 et je suis persuadé que ce n'est pas seulement une erreur mais une faute,
15:19 lorsque vous avez des étrangers malades sur votre sol, ne les soignez pas.
15:24 Et moi je pense que c'est du point de vue humain
15:28 et du point de vue de la sécurité, de la santé des Français.
15:33 Ça n'est pas acceptable.
15:34 Vous avez un tuberculeux qui arrive après avoir traversé les épreuves innombrables
15:39 que cette vie d'immigré, d'émigré suppose.
15:45 Il est tuberculeux, vous n'allez pas le soigner ?
15:47 On va avoir ainsi une source de contagion.
15:50 - Mais la première ministre a été obligée d'écrire au président du Sénat
15:54 pour lui dire, écoutez, pour faire plaisir au LR,
15:57 on va envisager une réforme de l'AME.
15:59 - Moi ce n'est pas la démarche que j'adopte.
16:02 Cette démarche elle a été dictée par une seule chose,
16:06 c'est qu'il n'y avait pas de majorité absolue à l'Assemblée Nationale
16:11 et si je crois ce que je, si je vois ce que je sens,
16:15 il n'y aura pas de longtemps des majorités absolues.
16:17 Il faut apprendre à vivre avec le pluralisme
16:20 en tenant compte des sensibilités différentes
16:24 sans se laisser compromettre et dériver.
16:27 - Alors trois questions parce qu'il faut que j'aille vite.
16:29 - Non, la première question que vous allez poser,
16:31 c'est pourquoi vous dites que c'est inhumain la situation actuelle ?
16:34 - Voilà, j'arrive à vous poser la question parce que le patronat nous dit,
16:36 le patronat nous dit nous avons besoin de millions,
16:40 sur les années qui viennent, sur plusieurs années,
16:42 de millions de travailleurs étrangers pour notre économie,
16:46 pour l'économie française.
16:47 - Comme vous savez c'est ce qui a été fait par l'Allemagne,
16:50 qui a laissé entrer un million de personnes d'un seul coup.
16:52 - L'Italie, 450 000 prochainement.
16:54 - Eh bien moi mon point de vue,
16:56 c'est que cette démarche ou cette présentation là est dangereuse.
17:00 Parce que si vous comptez pour équilibrer
17:05 les défaillances de la démographie française,
17:08 si vous comptez sur des apports venus de l'extérieur,
17:12 alors vous allez créer des problèmes culturels,
17:15 parce que les apports de population,
17:19 ils sont acceptables quand c'est proportionnellement léger,
17:25 ou proportionnellement équilibré,
17:27 ils deviennent inacceptables dès l'instant que vous avez le nombre
17:31 qui donne le sentiment de changer la nature.
17:37 - Il faut donc des quotas.
17:39 - La nature du peuple que nous formons ensemble.
17:42 Et donc les quotas, ça a très souvent été discuté, délibéré.
17:47 Donc bon, mais moi je veux vous dire la situation actuelle.
17:52 - Allez-y.
17:53 - Parce que personne n'en parle de la situation actuelle.
17:56 Et si nous n'avons rien fait, c'est cette situation actuelle
17:58 qui était appelée à perdurer au travers du temps.
18:01 Vous savez ce que c'est la situation actuelle ?
18:03 C'est des milliers de jeunes hommes sur le territoire français
18:07 qui sont logés dans des hôtels réquisitionnés,
18:11 à la frontière des villes,
18:13 avec interdiction de travailler,
18:16 interdiction d'activité autrement dit,
18:19 et ils sont là pour des années et des années.
18:23 Ils sont offrés, logés, offrés de la collectivité,
18:29 et ils sont maintenus dans une situation
18:33 dans laquelle il y a évidemment toutes les raisons
18:36 pour vérifier que l'oisiveté est la mère de toutes les dérives.
18:39 Vous savez, à Pau, on a eu, comme vous savez,
18:42 une personne qui s'occupait des associations dédiées aux réfugiés
18:47 qui a été poignardée et qui est morte.
18:49 Tout ça, si l'on ne se rend pas compte du caractère révoltant
18:57 de la situation dans laquelle nous, en fermant les yeux,
19:01 en ayant bonne conscience,
19:03 mais dans laquelle nous maintenons ces jeunes garçons.
19:06 Nous, à Pau, on les fait jouer au foot,
19:08 parce qu'il faut bien essayer de leur trouver
19:10 quelque chose d'une passion pour les occuper.
19:13 Ils sont des milliers et des milliers.
19:16 Et moi, je pense que c'est cette situation-là, d'abord, qui est inacceptable.
19:21 On ne peut pas laisser pour des années et des années.
19:23 Parce que, vous savez, il y a une décision en disant
19:26 "Vous n'avez pas le droit d'être là",
19:28 et puis après, des recours et des recours.
19:30 Et qu'est-ce qui se passe ?
19:31 Ça veut dire que le droit d'asile que nous défendons,
19:35 il est complètement dévoyé.
19:37 - Dévoyé, détourné.
19:38 - Parce que ce n'est pas d'asile qu'il s'agit,
19:41 c'est d'une filière d'immigration
19:44 qui passe par la demande du droit d'asile
19:47 et par les recours innombrables qui sont faits après
19:50 et qui durent des années.
19:52 Eh bien, ça, ce n'est pas possible.
19:54 Ce texte a le mérite d'une accélération de ces procédures
19:58 qui permettra au moins d'avoir un traitement important.
20:02 Mais il y a une deuxième chose à dire.
20:04 C'est que le texte le plus important pour la régulation de l'immigration,
20:09 ce n'est pas en France hier qu'il a été créé.
20:11 - C'est en Europe.
20:12 - C'est en Europe.
20:13 Les Européens se sont mis d'accord...
20:15 - Personne n'en a parlé hier, et pourtant c'est très important.
20:18 - Pour qu'à la frontière de l'Union...
20:19 - Contrôle renforcé, je vais aller vite, François Bayrou.
20:21 Contrôle renforcé des arrivées de migrants dans l'Union Européenne,
20:24 centres fermés près des frontières
20:26 pour renvoyer ceux n'ayant pas droit à l'asile en Europe
20:30 et mécanisme de solidarité obligatoire entre pays membres
20:35 ou pris en charge financière selon les...
20:38 - Vous voyez bien à quel point ça change les choses.
20:40 - Oui, bien sûr.
20:42 - Je ne sais pas si on va arriver à l'appliquer, c'est compliqué.
20:44 - Oui.
20:45 - Il faut des moyens.
20:46 - Oui.
20:47 - Mais ça change les choses.
20:48 - Avoir décidé, entre les pays européens,
20:52 de sortir de l'isolement qui nous rend impuissants,
20:56 pour décider ensemble qu'on va mettre en place des règles
21:00 et les faire respecter...
21:01 - C'est l'Europe qui décide pour nous ?
21:02 - C'est pas l'Europe, c'est nous l'Europe !
21:04 C'est une proposition française !
21:05 - Je vous dis ça parce qu'on entend partout !
21:07 - C'est une proposition française !
21:09 - Ben oui !
21:10 - Et c'est la France et les députés européens,
21:13 en particulier de notre groupe,
21:15 - Qui ont voté pour.
21:16 - Qui ont fait ce qu'il fallait pour que ce texte soit pris
21:20 et que les choses changent réellement.
21:23 Et enfin, puisqu'il va y avoir tous les moyens
21:28 de repérer, d'identifier et de faire que
21:31 on n'ait pas les dérives qu'on connaît aujourd'hui.
21:33 Et donc, de ce point de vue-là, c'est un très grand progrès.
21:37 - Alors j'ai deux questions politiques à vous poser, François Bayrou,
21:40 qui n'ont pas été posées hier au Président de la République.
21:43 Est-ce que le Président de la République doit maintenant changer de Premier ministre ?
21:47 - Euh...
21:49 - Vous n'êtes pas Président de la République, François Bayrou.
21:52 C'est ce que vous allez me répondre.
21:53 - Pour l'instant, en tout cas.
21:54 - Pour l'instant, on m'en accorde.
21:56 - Pour l'instant...
21:57 - Ben nous avons droit au sourire, vous et moi.
21:59 - Ah bon ? Bon, d'accord.
22:00 - Et donc, c'est la responsabilité personnelle du Président de la République.
22:06 - Est-ce qu'il doit changer de gouvernement dans tous les cas ?
22:09 - Je pense qu'il va falloir un nouveau départ.
22:11 Et je pense que tout ça a été éclairé parce que nous avons vécu ces dernières semaines et depuis un an et demi.
22:21 - Il faut donner un nouvel élan, c'est ce que vous voulez dire.
22:23 - Pas seulement...
22:25 Je pense que l'émission d'hier soir du Président de la République a eu un très grand mérite,
22:29 c'est qu'on a tout d'un coup mieux vu où était le cap.
22:34 Qu'est-ce que ces gouvernements successifs ont l'intention de faire pour rendre à la France sa capacité,
22:42 sa souveraineté, comme on dit, c'est-à-dire les moyens, de reprendre le contrôle de son avenir ?
22:48 Par exemple, dans la réindustrialisation, sur laquelle je me suis battu beaucoup,
22:54 par exemple pour effacer les problèmes de commerce extérieur,
22:59 c'est pas normal que nous ayons les déficits que nous avons.
23:03 Par exemple, pour que l'agriculture soit prise en compte, tout ça,
23:07 et pour que l'éducation retrouve ce qui doit être le visage de la France,
23:16 ce que doit être le message de la France à l'égard des siens et à l'égard du monde qui nous regarde.
23:23 Et il y a de ce point de vue-là un très gros travail à faire.
23:28 Donc, on a mieux vu hier soir le cap et l'énergie que supposent le fait, contre vent et marée,
23:42 d'avoir à impulser ou à provoquer le mouvement du pays qui en a bien besoin,
23:50 parce que la situation actuelle, pour moi, et depuis longtemps, n'est pas acceptable.
23:55 - Merci François Bayrou d'être venu nous voir ce matin sur l'antenne de Sud Radio.
23:59 Il est 8h58, vous régissez évidemment, vous le savez, après les infos de 9h.
24:03 0826 300 300, vous intervenez, vous commentez, vous nous racontez surtout,
24:09 ce que j'aime par-dessus tout, ce que vous vivez, parce qu'on a besoin de vous,
24:13 on a besoin de savoir ce que vous vivez au quotidien.
24:16 Ça nous éclaire, ça nous fait du bien, croyez-moi.
24:18 8h58, près de 9h.
24:20 [Musique]