Avec François Bayrou, président du Modem et maire de Pau
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##L_INVITE_POLITIQUE-2024-06-18##
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NewsTranscription
00:00Soudradio, l'invité politique, Jean-Jacques Bourdin.
00:078h33, vous voulez savoir, bonjour à toutes et à tous,
00:11et bien pour savoir, parlons vrai avec François Bayrou, notre invité ce matin.
00:15François Bayrou, bonjour.
00:16Bonjour.
00:17Merci d'être avec nous.
00:18Sidération dans le pays, vous l'avez dit, nous sommes sidérés par ce qui se passe.
00:26Je ne sais pas si le mot sidération est exact.
00:28Ce qui est évident, c'est que nous sommes devant une situation inattendue,
00:34profondément révélatrice, en réalité des arrières-pensées des uns et des autres,
00:41et qui apparaissent aujourd'hui, et une situation dangereuse,
00:45parce que les risques, les menaces sur notre pays
00:54et sur la vie de chacun d'entre nous, des familles, des gens qui sont au travail,
01:01des gens qui cherchent du travail, les conséquences peuvent être considérables et gravissimes.
01:07Alors nous allons parler des conséquences éventuelles à vos yeux,
01:10de ce qui pourrait se passer en cas d'élection, j'imagine,
01:14du nouveau Front populaire majoritaire, ou du Rassemblement national majoritaire,
01:19les 30 juin et 7 juillet, mais François Bayrou, Emmanuel Macron.
01:24Quelle est la part de responsabilité tout de même d'Emmanuel Macron ?
01:27J'ai entendu, vous avez peut-être vu à la télévision, ce passant interpeller Gabriel Attal,
01:35et lui dire, il faudra dire au Président qu'il ferme sa gueule.
01:38Alors l'expression est triviale, elle est familière, mais tout de même,
01:44il disait plus d'Attal, moins de Macron.
01:47Ce rejet est le fondement de la colère aujourd'hui.
01:52Jean-Jacques Bourdin, vous avez une longue expérience de la vie politique française,
01:57et on a observé une chose, vous et moi, sans que jamais ça manque,
02:02c'est que le Président de la République est l'objet de toutes les flèches, de toutes les balles,
02:06et qu'il est la cible universelle.
02:08Ça s'est produit, vous vous souvenez, Giscard, c'était détesté par une partie du pays.
02:16Pourquoi ? Il a été battu mi-terrain, il y avait contre lui un front d'agressivité considérable.
02:24Chirac, Nicolas Sarkozy, n'en parlons pas, et François Hollande n'a même pas pu se représenter.
02:31Et donc, oui, c'est un pays, c'est toujours la faute, et c'est vrai, d'une certaine manière,
02:39c'est toujours la faute de celui qui a les responsabilités.
02:43Parce que...
02:46Il les a voulus, et il doit les assumer.
02:49Oui, mais c'est le cas de tous les Présidents de la République.
02:52Ils ont signé pour ça.
02:56Cependant, les choix et les intuitions qu'il a fait,
03:01qui ont permis à deux millions de personnes de retrouver du travail,
03:06c'est une place de la France dans le concert des nations, dans le concert international.
03:15Le rôle de leader dans le drame ukrainien,
03:19nos voisins ukrainiens sont menacés d'être envahis et d'être écrasés.
03:25Qui a tenu le drapeau ?
03:27Alors, je ne suis pas là pour dire qu'il n'y a pas eu d'erreur.
03:30Comme vous savez, je pense, j'ai souvent pensé qu'on aurait pu faire autrement, différemment.
03:36Mais ça n'est pas ça la question.
03:38Aujourd'hui, la question, ça n'est plus la majorité actuelle,
03:43ça n'est plus le Président de la République,
03:46ça n'est plus même le Président de la République.
03:48La question, c'est le choix que la France, nous, nous en famille,
03:55nous allons faire pour l'avenir du pays.
03:59Car il y a trois propositions sur la table.
04:04Kylian Mbappé, avant d'avoir sa blessure d'hier,
04:09dont on souhaite qu'elle n'ait pas de suite,
04:12ou le moins de suite possible, et qu'elle guérisse le plus tôt possible.
04:17Kylian Mbappé a dit ça de manière, je trouve, absolument transparente.
04:22Il y a deux propositions extrêmes,
04:25deux camps dominés chacun par leurs extrêmes,
04:29et il y a une proposition centrale pour le pays qui doit réunir
04:33tous ceux qui disent, non, cette fois c'est trop grave.
04:36C'est trop grave, et on va en parler.
04:38C'est trop grave !
04:39C'est la constitution, peut-être, d'une future majorité.
04:43On va en parler, François Bayrou, mais quand même.
04:46J'ai lu avec grande attention cette remarque de l'académicien Marc Lambron,
04:50dimanche dans La Tribune, je le cite.
04:52Pourquoi la France, pays de cocagne, aux yeux du reste du monde,
04:56est-elle habitée par des déprimés ?
04:59Oui, alors ça c'est un problème national,
05:02et on peut s'arrêter une seconde à cette phrase.
05:05Pays de cocagne, ça veut dire un paradis pour le reste du monde.
05:09Tous nos compatriotes qui sont à l'étranger et qui nous écoutent,
05:14ils savent très bien ce qu'il en est.
05:17On est un pays dans lequel la prise en charge des soins médicaux,
05:24de l'école, enfin je vais pas m'étendre, du chômage, de la retraite,
05:29est assurée par la solidarité nationale,
05:32comme aucun autre pays dans le monde.
05:35Et c'est un pays qui a tous les atouts du goût de vivre.
05:44Alors qu'est-ce qui se passe chez nous ?
05:47Pourquoi c'est comme ça ?
05:49D'abord, il y a un sport national qui consiste à considérer
05:53que tout ce qui se produit, c'est la faute de ceux qui sont au pouvoir.
05:57Et ceci est pour moi une grave erreur.
06:01Alors je connais très bien ce type de réflexe.
06:04Vous disiez les gouvernants, le président de la République,
06:09les critiqués par des intellectuels.
06:13Moi je pense toujours à une image que nous, les Pyrénées, nous connaissons très bien.
06:18Vous savez que chez nous, à Pau, le Tour de France passe tous les ans.
06:23Et il y a toujours des personnes, généralement des hommes,
06:30assis sur le bord de la route, sur un transat,
06:33en train de siroter du pastis,
06:36et qui quand le peloton passe, crient « pédale feignant ».
06:41C'est un sport national de ne pas s'impliquer,
06:46de ne pas considérer que nous, citoyens, nous avons une responsabilité,
06:51mais de considérer que c'est toujours la faute des autres.
06:55Et pas seulement la faute des autres.
06:58Que c'est la faute de l'État et que c'est l'État qui doit payer.
07:01Si vous lisez certains des programmes, l'État doit tout prendre en charge.
07:06D'intégrale gratuité, de tas de services publics divers et variés.
07:12Et moi je pense qu'un pays debout et un pays uni,
07:19c'est un pays dans lequel tout le monde prend ses responsabilités.
07:23Mais le RN, pourquoi ne pas essayer ?
07:26Vous entendez cela partout, on entend cela de tous les côtés.
07:30Pourquoi ne pas essayer ?
07:32Parce que les propositions qui sont les leurs sont mortelles.
07:39Mortelles.
07:40Mortelles ?
07:41Mortelles.
07:42C'est-à-dire ?
07:43Pour le pays.
07:44Parce qu'il y a trois ou quatre certitudes.
07:49Je vous en donne quelques-unes.
07:51Premièrement, construire un pouvoir politique sur la division du pays
07:58en prétendant, en ciblant perpétuellement une partie de la population.
08:03La population immigrée, ou fille d'immigré, ou petite fille d'immigré.
08:08Les gens qui viennent d'ailleurs, qui ont des noms à consonance étrangère
08:15de l'autre côté de la Méditerranée.
08:17Cibler cela comme s'ils étaient responsables,
08:22c'est purement et simplement se condamner à avoir de très graves ennuis.
08:28Vous avez vu les manifs, toutes ces choses-là.
08:31Les risques de violences qui existent, premièrement.
08:34Deuxièmement, les choix fondamentaux sont des choix là encore mortels.
08:40Qu'est-ce qui tire l'économie française ?
08:42Qu'est-ce qui fait les emplois ?
08:46Premièrement, les entreprises du pays qui exportent.
08:52Chez nous, à Pau, on produit un sur deux des moteurs d'hélicoptères civils
08:58qui volent dans le monde.
09:00Donc on vit par l'exportation.
09:03Et toujours chez nous à Pau, une grande entreprise de semences
09:09qui s'appelle Euralis, ça vit par l'exportation.
09:13Et le centre de recherche scientifique et technique des sciences du sous-sol
09:18que Total a depuis 75 ans monté à Pau,
09:25tout ça s'est dirigé vers le monde.
09:28Et donc, ça c'est le premier point.
09:30Et deuxièmement, on vit parce que le monde fait suffisamment confiance à la France
09:36pour que les crédits soient accessibles, pour que les taux d'intérêt soient bas.
09:42Dès l'instant qu'un doute existe sur la France,
09:46dès l'instant, à la minute, qu'un doute existe sur la France,
09:51les taux d'intérêt montent.
09:52Alors qu'est-ce que ça veut dire que les taux d'intérêt montent ?
09:54Vous ne pouvez plus faire des achats d'électroménagers,
09:57vous ne pouvez plus faire des achats d'automobiles,
09:59parce que ça devient inaccessible.
10:01Vous ne pouvez plus construire ou réparer.
10:04Et le bâtiment, avec les centaines de milliers d'emplois qu'il porte,
10:10il est en première ligne dans cette perte de confiance.
10:15Et donc, vous vous dites, mais après tout, pourquoi ne pas essayer ?
10:19Quand je vois quelqu'un qui est au bord de la falaise,
10:23et qui dit, je vais sauter parce que je volerai,
10:26je dis non, j'essaie de le retenir.
10:29Et notre responsabilité, je dis notre,
10:33parce que les médias ont une part de responsabilité.
10:36Si ce que je viens de dire devant vous est inexact,
10:41faites des émissions, prouvez-le.
10:43Je suis absolument certain que c'est de cela dont nous sommes menacés,
10:49l'effondrement du pays comme confiance.
10:53Mais les deux blocs nous menacent ?
10:57Oui.
10:58Les deux blocs, le nouveau front populaire d'un côté,
11:00le rassemblement national de l'autre ?
11:02Oui, Jean-Jacques Bourdin.
11:03Oui, les deux blocs nous menacent.
11:05Et je suis incapable, parce que LFI,
11:09vous avez vu l'habileté de Mélenchon et de ses amis,
11:15ils ont dit, le chef de la majorité, si nous avons la majorité,
11:20sera désigné par le groupe le plus nombreux.
11:24Or, comme ils ont 50 ou 60 circonscriptions,
11:29au moins de plus que leurs alliés, entre guillemets,
11:34évidemment, c'est eux qui seront le groupe le plus nombreux.
11:37Oui, les autres groupes peuvent s'allier.
11:39Non, non, non, le groupe le plus nombreux, c'est eux.
11:43Et donc, c'est cela la valeur.
11:46En fait, le risque...
11:47Laissez-moi finir une phrase.
11:49Oui.
11:51J'aime pas faire des procès de personne,
11:54mais dans cette alliance baroque,
11:59il y a deux choses qui sont incroyablement blessantes.
12:04Glucksmann a fait toute sa campagne
12:09en disant, avec moi, il n'y aura pas de Mélenchon.
12:13Je prends l'engagement, disait-il.
12:16Il a donné l'assurance, vous le savez bien,
12:21à de multiples reprises, à ceux qui l'écoutaient.
12:26L'assurance et l'espoir.
12:27L'assurance et l'espoir.
12:28L'assurance et l'espoir.
12:29Qu'il ouvrait une voie nouvelle, assez proche de ce que je crois.
12:33Je pense, moi, que ce qu'on appelle les socio-démocrates,
12:38les démocrates chrétiens, les démocrates libéraux,
12:42tout ça, c'est un seul ensemble.
12:45C'est un grand courant.
12:47Il a donné l'espoir qu'avec lui,
12:51la compromission avec cette extrême gauche,
12:56vous avez vu, qui a ranimé les querelles juifs-arabes,
12:59enfin, toute chose que, dans un pays comme le nôtre,
13:02on ne devrait pas accepter.
13:03Il a donné l'assurance que ça n'existerait plus.
13:06Le lendemain matin,
13:09il a fait le choix contraire et il s'est livré entièrement,
13:14avec son assentiment, à une alliance
13:18qui est le contraire de ce qu'il avait promis.
13:21Premièrement.
13:22Mais il y a encore plus drôle.
13:23François Hollande ?
13:24Alors, François Hollande, par exemple,
13:27il a été combattu et abattu par ceux-là.
13:31Eh bien, tout bonnement, tout uniment,
13:35il va lui aussi s'atteler à ce char là.
13:39Oh, pour des...
13:41Pourquoi, selon vous, vous qui connaissez bien la vie politique ?
13:45Il pense qu'il va trouver là un chemin pour revenir.
13:492027 ?
13:50Pour jouer sa carte.
13:53Et s'il faut se renier ?
13:55Eh bien, ce n'est pas si difficile.
13:57Vous savez ce qu'on dit ?
13:58Un moment de honte est vite passé.
14:00Et troisièmement,
14:03M. Aurélien Rousseau,
14:05candidat de cette nouvelle entente populaire
14:14dans les Yvelines.
14:16Premier engagement du programme,
14:19on va abroger la réforme des retraites.
14:22Donc, il se présente avec ce programme.
14:24C'est lui qui l'a écrite, la réforme des retraites.
14:27Parce qu'il était directeur de cabinet d'Elisabeth Borne
14:29et parce qu'il était ministre de la Santé du gouvernement.
14:34Mes enfants, quand ils parlent de ça,
14:37ils disent qu'ils sont nés avant la honte.
14:40Et c'est exactement ce que je ressens.
14:43Je ne suis pas donneur de leçons.
14:45J'ai essayé d'avoir, tout au long de ma vie publique,
14:48comme une fidélité à ce que je crois.
14:52Pas seulement aux idées, mais aux valeurs que nous partageons.
14:56Bien, François Bayrou,
14:58maintenant, maintenant,
15:00que peut-il se passer ?
15:02Les 30 juin, vous connaissez bien la vie politique.
15:04Que peut-il se passer les 30 juin et 7 juillet ?
15:07Pas de majorité.
15:08Imaginons qu'il n'y ait pas de majorité.
15:12Ni RN, ni Nouveau Front Populaire,
15:15ni un grand groupe central.
15:18Un grand bloc central, comme on dit.
15:20Que se passe-t-il ?
15:21Que peut faire le Président de la République ?
15:23Le Président de la République
15:25ne peut pas dissoudre l'Assemblée Nationale
15:28avant le 8 juillet 2025.
15:31Exact.
15:32Et le 8 juillet, il est probable qu'on dissolve
15:36parce qu'on est entré dans les vacances.
15:39Ça, c'est institutionnel.
15:44Et comme Président de la République,
15:46il ne peut pas, donc, mettre un terme à cette crise.
15:50Et donc, tous les responsables
15:54qui seraient dignes de ce nom...
15:57Parce que responsable,
15:58c'est pas seulement avoir des galons sur les épaules.
16:01C'est être capable d'assumer
16:04des décisions,
16:07des orientations,
16:10de conduire un peuple
16:15quand ça va mal.
16:17Alors les responsables
16:19devront tous réfléchir,
16:22chacun pour soi et ensemble,
16:24à la manière dont se sortir de cette situation.
16:27Un gouvernement d'union nationale ?
16:29Vous savez que j'ai toujours cru
16:31qu'un jour ou l'autre,
16:33un gouvernement d'union nationale,
16:35un gouvernement d'union républicaine,
16:37un gouvernement de gens
16:39dont les fondamentaux sont les mêmes,
16:41qui n'acceptent pas
16:43de s'abandonner aux dérives,
16:45aux deux dérives que nous évoquons.
16:47Tous ceux qui, au fond d'eux-mêmes, disent
16:49non, ça on ne peut pas.
16:51J'ai toujours pensé que cela, un jour ou l'autre,
16:53devrait se retrouver.
16:55J'ai toujours participé
16:57de toutes les manières possibles,
16:59depuis les rénovateurs,
17:01il y a très longtemps,
17:03jusqu'à tous les contacts républicains,
17:05démocrates,
17:07dont on a besoin.
17:09J'ai toujours pensé que cela
17:11aurait une responsabilité nationale,
17:13pas politique, pas politicienne,
17:15pas des partis.
17:17Mais bon,
17:19lorsqu'on est un homme...
17:21Des sociodémocrates
17:23à la Luxman, jusqu'au LR,
17:25si j'ai bien compris.
17:27Lorsqu'on est un homme et un père de famille,
17:29on ne s'échappe pas,
17:33on n'échappe pas à cette prise de conscience-là.
17:35François Bayrou,
17:37j'imagine,
17:39c'est une question un peu traditionnelle
17:41que beaucoup posent,
17:43mais j'imagine que vous vous retrouvez
17:45à choisir entre le RN et le Nouveau Front Populaire.
17:47Que faites-vous ?
17:49Tout dépend du candidat du Nouveau Front Populaire ?
17:51Ceci est exactement la question.
17:53Banalement piège.
17:55C'est-à-dire...
17:57Banalement piège, je suis d'accord.
17:59J'ai vu par exemple que LR disait
18:01nous on choisira le Front National.
18:03Je trouve que
18:05se placer dans cette situation
18:07devant un micro
18:09et accepter
18:11de gaieté de cœur
18:13de considérer que
18:15la bataille dans laquelle on est engagé
18:17est déjà perdue, est déjà effacée.
18:19En tout cas, moi, vous ne me prendrez pas
18:21à ce piège-là.
18:23Et donc, le jour venu...
18:25Pour savoir où chacun se situe.
18:27Mais nous sommes
18:29présents sur le terrain
18:31pour que les Français
18:33ne soient pas obligés de faire ce choix.
18:35C'est traditionnel
18:37comme formule.
18:39Qu'est-ce que vous choisissez, François Bayrou,
18:41entre la peste et le choléra ?
18:43Vous savez bien que c'est une vieille expression
18:45française.
18:47Excusez-moi,
18:49mon rôle est d'échapper
18:51à ce choix-là.
18:53Je ne choisis ni l'un ni l'autre.
18:55Ni la peste, ni le choléra.
18:57Et je combattrai de toutes mes forces
18:59contre le choléra.
19:01Mais je ne choisis ni l'un ni l'autre.
19:03Ni la peste, ni le choléra.
19:05Une coalition, une cohabitation...
19:07Le choléra qui revient
19:09dans certains coins du territoire français.
19:11Une coalition, une cohabitation,
19:13dit même Xavier Bertrand.
19:15Oui.
19:17Vous voyez,
19:19Xavier Bertrand, lui aussi, évoque
19:21cette responsabilité
19:25commune de ceux
19:27qui refusent les dérives.
19:29Est-ce que vous ne trouvez pas,
19:31j'en reviens à Emmanuel Macron,
19:33est-ce qu'il est
19:35un peu déprimé ?
19:37Franchement...
19:39Parce que je lis plein de choses.
19:41Vous avez lu, vous aussi, tout un tas d'articles
19:43de journaux sur la situation
19:45à l'Elysée, sur une ambiance
19:47un peu délétère à l'Elysée,
19:49un peu sinistre.
19:51Vous êtes souvent en relation
19:53avec le président de la République.
19:55Oui, et je lui dis
19:57autant que...
19:59Vous lui aviez conseillé la dissolution,
20:01ou pas ?
20:03Comme vous savez la réponse,
20:05je ne veux pas vous la donner.
20:07Mais...
20:09C'était une bonne idée, ou pas ?
20:11Je reviens
20:13à votre question.
20:15Il y a
20:17un drame
20:19des communautés humaines
20:21qui est
20:23profondément fouille
20:25dans notre
20:27manière d'être et de vivre.
20:29Chaque fois qu'il y a une difficulté,
20:31les gens se divisent.
20:35La division,
20:37vous savez ça,
20:39on dit...
20:41Non, on dit en religion
20:43qu'il y a le diable.
20:45Diable, c'est un mot grec,
20:47diabolos,
20:49qui veut dire le diviseur.
20:51Et alors,
20:53les petits troupeaux affolés
20:55commencent à s'agresser les uns les autres.
20:57C'est ce qui se passe en ce moment ?
20:59Précisément, je vous dis que c'est ce que je refuse.
21:01Comment ça s'agresse ?
21:03Vous le refusez, mais c'est peut-être ce qui se passe en ce moment.
21:05Comment ça s'agresse ?
21:07On voit Gabriel Attal, pardon,
21:09mais quand même,
21:11il y a une incompréhension.
21:13Encore, le mot est modeste
21:15entre Gabriel Attal et Emmanuel Macron
21:17en ce moment.
21:19Je ne participerai pas
21:21ni un millième de seconde,
21:23ni je ne cèderai
21:25un millième de millimètre
21:27à cette pratique
21:29déshonorante
21:31des gens qui, hier,
21:33n'avaient de mots,
21:35ne trouvaient aucun mot suffisant,
21:37aucun superlatif suffisant
21:39pour qualifier
21:41le Président de la République
21:43et qui, à la première difficulté,
21:45se laisserait,
21:47d'après ce que
21:49les articles de journe disent,
21:51se laisserait aller à des accusations réciproques.
21:53Je ne participe pas à ça.
21:55Nous avons un seul devoir,
21:57un seul devoir,
21:59et pas seulement un devoir politique,
22:01un devoir de citoyen, un devoir d'homme.
22:03Nous avons un seul devoir,
22:05c'est affirmer
22:07les choses fondamentales
22:09qui sont nos raisons de vivre
22:11et dire qu'on ne les laissera pas
22:13mettre en cause.
22:15En tout cas, moi, je ne laisserai pas mettre en cause.
22:17Vous savez pourquoi ? Oh, c'est pire que ça.
22:19Bien sûr, la France est en danger.
22:21Mais qui va payer le danger ?
22:23C'est les plus petits.
22:25Ceux qui ont du mal à trouver du travail,
22:27ceux qui ont du mal à boucler
22:29les fins de mois,
22:31ceux qui ne peuvent pas acheter un logement ou un appartement.
22:33Les victimes,
22:35c'est les plus petits, comme toujours.
22:37Parce que ceux qui poussent à tous ces feux,
22:39ben, généralement,
22:41ils ont des moyens suffisants pour se tirer des difficultés.
22:43Mais
22:45ceux qui dépendent du pays,
22:47ceux qui dépendent
22:49de notre communauté nationale,
22:51de son image,
22:53de son énergie
22:55intérieure,
22:57de sa capacité à mobiliser
23:01ses projets,
23:03alors, ceux-là,
23:05ils vont trinquer.
23:07Chaque fois qu'il y a,
23:09c'est très simple,
23:11personne ne peut citer un pays dans le monde
23:13où les extrêmes d'un bord ou de l'autre
23:15aient fait du bien. Jamais.
23:17Ça a conduit au pire, ça a conduit au drame.
23:19Regardez l'histoire européenne,
23:21regardez l'Amérique du Sud.
23:23Chaque fois que vous faites ce choix-là,
23:25qui est un choix de déséquilibre, un choix de dérive,
23:27le bateau se met à pencher d'un côté,
23:29à pencher tellement
23:31qu'il chavire.
23:33Chaque fois, c'est les plus petits
23:35qui sont au fond de la cale, qui trinquent.
23:37Ce n'est pas généralement
23:39ceux qui ont des privilèges
23:41et des chapeaux à plumes.
23:43Ceux-là ont les connaissances,
23:45les réseaux nécessaires
23:47pour en sortir. Mais les plus fragiles,
23:49eux, ils n'ont personne pour les défendre.
23:51Moi, je suis de ce côté-là.
23:53Je n'accepterai pas, je n'accepte pas
23:57aucune des attitudes qui conduit
24:01à, au fond, baisser les bras.
24:03Je crois qu'il y a
24:05une capacité de mobilisation.
24:07Je pense qu'une prise
24:09de conscience est en train de se faire.
24:11Je suis sur le terrain, comme vous le savez,
24:13toute la journée,
24:15toute la journée de tous les jours.
24:17Je crois qu'il y a une prise de conscience.
24:19Et je pense que les gens,
24:21les Français,
24:23sont, au fond d'eux-mêmes,
24:25à la recherche d'une solution
24:27équilibrée, plus large que ce que nous avons.
24:29Pas partisanes
24:31sont à la recherche d'une situation
24:33équilibrée et de gens
24:35à la parole de qui puissent faire confiance.
24:37Merci, François Bayrou,
24:39d'être venu nous voir.
24:41Vous réagissez, évidemment, comme tous les jours
24:43sur l'antenne de Sud Radio 0.
24:45826-300-300, je vous retrouve juste
24:47après les infos de 9h.
24:49Il est 8h58.