SMART SPACE - Emission du vendredi 22 décembre

  • l’année dernière
Vendredi 22 décembre 2023, SMART SPACE reçoit Allan Petre (ingénieur aéronautique et spatial, CNAM/ISAE-ENSMA) , Cécile Rilhac (députée du Val d'Oise, membre de la commission des affaires culturelles et de l’éducation, coprésidente du groupe d’études Aéronautique et Espace, Assemblée Nationale) et Majdi Khoudeir (directeur, ISAE-ENSMA)

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00:00 [Générique]
00:04 Bonjour à tous et bienvenue dans Smart Space.
00:06 Décollage réussi pour le lanceur New Shepard.
00:09 Après plus d'un an sans vol, Blue Origin renvoie un lanceur en orbite.
00:13 C'est l'actualité de la semaine, on va y revenir dans votre émission.
00:17 On parlera aussi de la très secrète navette chinoise
00:21 qui a elle aussi rejoint l'orbite terrestre cette semaine.
00:24 Et puis la députée en commun, Cécile Rilak, sera en ligne avec nous
00:28 pour nous parler de son projet de réglementation européenne
00:31 défendu la semaine dernière à l'Assemblée Nationale.
00:35 Ensuite ce sera votre talk.
00:37 Le secteur spatial français-européen est-il de taille
00:40 pour la toute nouvelle génération de talents qui sort de nos prestigieuses écoles ?
00:45 C'est la question qu'on va se poser avec nos invités en plateau.
00:48 On reçoit Alan Petre, l'étudiant qui s'est fait embaucher par la NASA.
00:52 Vous l'avez vu certainement ces dernières semaines.
00:55 A ses côtés, nous aurons le directeur de son école, Lisa-E Ennsma.
00:59 Voilà pour le programme. On démarre tout de suite avec un décollage sur Bismarck.
01:03 Retour dans l'espace, réussi pour Blue Origin.
01:10 Une fusée New Shepard a décollé mardi du Texas.
01:14 Dix minutes après le décollage, la capsule de la mission s'est posée
01:18 en douceur dans le désert de l'Ouest américain.
01:21 Aucun passager n'a été embarqué sur cette mission.
01:24 Ce n'est pas seulement des expériences scientifiques.
01:26 Ce décollage marque le retour dans l'espace de la société américaine
01:31 après plus d'un an après son accident survenu en septembre 2022.
01:36 L'accident s'était soldé par le crash de l'étage de propulsion de la fusée.
01:40 Celle-ci ne transportait évidemment alors aucun passager.
01:44 Une réussite donc cette semaine et un retour dans l'espace
01:47 qui doit permettre de reprendre les opérations de tourisme spatial de Blue Origin.
01:53 Autre actualité, troisième mission pour l'avion spatial chinois.
01:57 Un avion secret réutilisable, aussi mystérieux que la navette américaine X-37B
02:02 qui doit justement aller aussi rejoindre l'espace pour le Pentagone.
02:07 L'engin chinois a décollé, lui, jeudi 14 décembre.
02:11 Le but de la mission demeure inconnu, tout comme sa durée.
02:15 On sait tout de même que l'avion spatial a été déployé en orbite basse
02:18 entre 330 et 350 km d'altitude selon différents observateurs.
02:25 Une fois sa mission finie, il reviendra se poser en Chine
02:29 de façon automatique et certainement confidentielle.
02:33 Dernière actualité de cette émission, la semaine dernière,
02:36 en commission européenne de l'Assemblée nationale,
02:39 une députée a présenté sa proposition de résolution noire européenne sur l'espace.
02:44 Cette députée, Cécile Rilak, élue la troisième circonscription du Val d'Oise
02:50 affiliée au parti en commun et coprésidente du groupe d'études aéronautiques et espace,
02:55 elle a répondu à notre call actuel aujourd'hui.
02:57 Bonjour Cécile Rilak, merci d'être avec nous dans Smart Space.
03:00 Quelles sont les grandes lignes que vous avez proposées et présentées à l'Assemblée nationale ?
03:06 Bonjour. Donc les grandes lignes de cette proposition de résolution européenne,
03:11 il y a, je dirais, trois grandes parties.
03:14 Donc sur le plan réglementaire, j'ai demandé que soit promu un socle normatif
03:23 qui répond aux enjeux de sécurité et de durabilité de tout ce qui va désormais graviter au-dessus de nos têtes.
03:32 Donc comme je l'ai écrit dans cette PRE, il est très intéressant et très important
03:38 que les mesures que nous demandons soient réciproques dans une logique de durabilité
03:44 et de compétitivité pour l'industrie européenne.
03:46 Quand je dis réciproque, c'est bien évidemment de manière à ce que, au demain,
03:52 certains fournisseurs, lorsqu'ils décolleront par exemple du centre spatial Guyanais,
03:56 acceptent les mêmes normes pour tout le monde en termes de préservation de l'environnement.
04:02 Ça c'est un premier aspect très important. Ainsi, on pourrait aussi, de main, inciter les industries
04:14 à développer des technologies innovantes, évitant les collisions,
04:19 nécessitant le retrait actif des débris, une espèce de "label espace sûr"
04:26 qui pourrait être attribué ainsi aux entreprises et aux opérateurs
04:29 qui respectent les critères de sécurité et de viabilité.
04:33 Ça c'était pour un premier aspect plutôt réglementaire.
04:36 Ensuite, il y a un aspect plus opérationnel, qui est celui de renforcer la coordination entre les acteurs,
04:41 le renforcement des capacités européennes de surveillance et de suivi de l'espace.
04:45 Quand je parle à des spécialistes, vous connaissez, je vous parle bien entendu du programme EUSST,
04:49 qui pour nous est un véritable prérequis.
04:52 Donc il faut aujourd'hui augmenter, à mon sens, les capacités européennes de surveillance de l'espace.
04:58 Parce qu'aujourd'hui, c'est essentiellement les données des Américains que nous sommes obligés d'exploiter.
05:04 Et donc, ce que j'aimerais, c'est que demain, l'Europe soit également un petit peu plus autonome, indépendante et souveraine en ce domaine.
05:12 Enfin, il y a le cadre fixé à l'échelle européenne, qui pourrait servir de base pour des négociations à l'échelle internationale.
05:19 J'espère que par l'adoption d'un modèle européen, qui devrait pouvoir advenir normalement sous la présidence espagnole,
05:26 c'est-à-dire en prochain semestre 2024, avec une démarche très proactive sur la base de négociations pour parvenir à terme à un accord de niveau international.
05:35 Voilà un petit peu tout ce que j'avais demandé au sein de cette proposition de résolution européenne.
05:40 Et comment ont été reçues toutes ces propositions ? Est-ce que vous avez l'impression d'être entendues ?
05:45 Est-ce que ce sujet est accessible à l'Assemblée nationale ?
05:49 Alors en tout cas, au niveau de la Commission des Européennes, bien entendu, j'ai été entendue, puisque la résolution a été adoptée.
05:57 Mais je vois bien qu'au sein de l'Assemblée nationale, il y a vraiment encore besoin d'acculturer l'ensemble de mes collègues.
06:05 Les sujets spatiaux, à mon sens, ne sont pas encore assez discutés.
06:10 Donc la semaine dernière, j'étais en Commission des Affaires Européennes pour cette PPRE.
06:14 Ce matin même, je portais un rapport sur l'avenir de l'industrie spatiale européen au niveau des affaires économiques.
06:21 Et on voit bien que ce sujet commence un petit peu à intéresser mes collègues.
06:26 Mais il faut encore insister, ce ne sont pas que des sujets de défense.
06:32 Il y a beaucoup aujourd'hui de sujets civils, des sujets économiques.
06:36 Et donc il ne faut pas lâcher, il faut absolument que ce sujet devienne un sujet récurrent dans les discussions à l'Assemblée nationale
06:43 et dans les différentes commissions.
06:45 Précisément, vous avez cité tout ce vaux des réglementations sur ce qui entoure les débris spatiaux.
06:51 C'est de s'assurer qu'on n'aille pas rajouter de la pollution et qu'on soit aussi en capacité de retirer, de désorbiter des satellites.
06:58 Ça, c'est un sujet qui est majeur, dont on parle énormément aujourd'hui.
07:04 Est-ce qu'à l'Assemblée nationale, vous avez cité les enjeux de défense, c'est encore difficile de parler d'écologie et de spatial ?
07:11 Oui, c'est encore difficile parce que c'est très éloigné, je pense, des préoccupations des collègues.
07:22 Et nous avons aussi une difficulté concernant le spatial, c'est que le budget est éparpillé en différents programmes.
07:28 Il y a une partie du programme qui est dual et donc pilotée par la défense,
07:35 une partie qui est pilotée plutôt au niveau de deux programmes au niveau de la recherche.
07:39 Désormais, c'est la DGE au niveau de l'économie qui est devenue chef de file
07:44 depuis que le ministère de l'économie s'est à récupérer le portefeuille du spatial.
07:48 Donc, du fait que ce soit un petit peu éparpillé, il faut véritablement être un spécialiste de décaissons spatiales
07:56 pour être aujourd'hui en capacité de mettre toutes ces briques les unes derrière les autres et donc d'avoir une vision globale.
08:02 Et c'est pour ça que j'ai souhaité animer le groupe d'études espace à l'Assemblée nationale
08:08 parce que ça transcende en effet toutes les commissions.
08:12 Et pour moi, c'est aussi quelque chose qui est profondément transpartisan.
08:16 Ce sont des questions sur lesquelles nous devons nous rassembler et certainement pas nous diviser.
08:21 Merci beaucoup, Cécile Rilak. On voit encore l'importance de vulgariser, d'expliquer, d'acculturer, comme vous l'avez dit,
08:27 jusqu'à notre gouvernement pour faire avancer le sujet du spatial qui est très important aujourd'hui aussi
08:33 pour beaucoup de strates de notre économie.
08:35 Merci d'avoir pris le temps de répondre à notre call actus.
08:37 Merci pour votre invitation.
08:38 On enchaîne avec le Space Talk sur Bismarck.
08:41 Est-ce que le spatial européen a de quoi faire rêver nos innombrables talents étudiants, doctorants ?
08:52 On va en parler ensemble aujourd'hui dans cette émission,
08:54 de ces talents et des opportunités qui s'offrent à eux à mesure que le secteur spatial se transforme.
09:00 Avec nous pour en parler en plateau, nous avons Alain Petre, ingénieur aéronautique et spatial,
09:05 Knam Isae-Ansma. Bonjour.
09:07 Bonjour.
09:08 Bienvenue sur le plateau de Smart Space.
09:10 On parle beaucoup de vous en ce moment parce que dans quelques semaines, maintenant, vous allez rejoindre la NASA.
09:14 On va y revenir dans cette émission.
09:16 Avec nous à distance, on a le directeur de votre école, de l'école avec laquelle vous avez été diplômé,
09:22 Mahdi Kouder, qui est avec nous. Bonjour.
09:25 Bonjour.
09:26 Bienvenue dans cette émission.
09:28 Alors, quand on est étudiant en aérospatial, à quoi on aspire ?
09:33 On aspire, je pense d'abord, à faire évoluer tout ce qui touche au monde de l'aéronautique spatiale.
09:42 Donc voilà, tous les aéronefs, pouvoir les mettre notre pierre à l'édifice pour avoir...
09:49 Aujourd'hui, c'est vraiment avoir des aéronefs qui sont plus verts et qui permettent d'avoir...
09:55 de penser continuellement à l'environnement et ne pas trop penser à l'empreinte carbone.
10:00 Parce que forcément, c'est un domaine qui, aujourd'hui, fait parler parce que voilà...
10:04 C'est très ambigu dans le spatial aujourd'hui.
10:06 C'est le spatial aéronautique. On a la Carbus, on a aussi beaucoup de recherches qui se font en ce moment sur l'environnement,
10:12 comment on peut avoir des avions plus verts.
10:14 Donc je pense que le focus des prochaines générations, ça va vraiment être ça, de vraiment prendre en compte l'écologie.
10:20 Finalement, complètement en accord avec ces nouvelles générations.
10:24 Quel est votre regard à vous, Majdi Kouder ?
10:28 Selon vous, quand on est étudiant en aérospatial, en tout cas vos étudiants, à quoi ils aspirent ?
10:33 Je crois que c'est... On est dans une phase un peu particulière dans ce domaine parce qu'il y a eu l'aventure spatiale
10:39 au début du siècle dernier. Et là, on aborde une nouvelle aventure spatiale qui est, comme l'a dit aussi Alan,
10:45 c'est de continuer l'aventure spatiale avec tous ses aspects développement durable
10:50 et puis en quoi le spatial peut nous aider.
10:53 Parce que si vous regardez les aspects, on va dire surveillance du climat, surveillance des télécommunications,
10:59 eh bien tout ça passe par l'espace.
11:01 Et donc toute la question, c'est de continuer à utiliser ces éléments
11:06 en développement un aspect vert et développement durable.
11:10 Quelles ambitions on peut espérer ?
11:13 Quelles ambitions peuvent espérer en tout cas vos étudiants quand ils sont chez vous ?
11:17 Est-ce que c'est direction la NASA comme Alan ?
11:20 Qu'est-ce qu'on peut attendre aujourd'hui du secteur ?
11:24 Je crois que par essence, ce secteur est un secteur international et mondialisé.
11:30 Alors c'est vrai qu'il y a l'exemple d'Alan, mais il y a aussi l'Agence spatiale européenne qui est très bien aussi.
11:35 Il y a plusieurs possibilités et on voit bien les environnements qui s'intéressent à l'aéronautique et au spatial.
11:42 Il y a les États-Unis bien sûr, il y a l'Europe, il y a d'autres pays.
11:45 Et c'est dans cet environnement mondial qu'on peut aborder cette question-là.
11:49 Est-ce que le secteur spatial français-européen, il est suffisamment productif, prolifique
11:57 pour embarquer cette nouvelle génération que vous représentez ?
12:01 Alors déjà, une chose que beaucoup de personnes ne savent pas forcément,
12:07 c'est que la France est quand même le troisième pays de l'histoire à avoir envoyé un objet dans l'espace.
12:13 Donc ça remonte, c'est très très vieux.
12:17 Le CNES, c'est une des plus vieilles agences spatiales du monde.
12:20 La troisième après la NASA et après Roscosmos, l'agence spatiale russe.
12:23 Donc la France a une histoire déjà spatiale qui est chargée.
12:26 Et donc on a une expertise qui est présente sur le territoire depuis plus de 50 ans.
12:33 Donc c'est vraiment important de le dire.
12:37 On part déjà d'une histoire qui est très chargée avec la création d'Arianespace en 1980,
12:42 la poursuite avec tout ce qui est vraiment l'entité aérospatiale,
12:46 avec Safran, Airbus, Ariane qui étaient un peu une seule entité avant.
12:50 Et donc on a énormément d'acteurs d'un point de vue aéronautique.
12:54 Déjà Airbus qui est un peu le champion mondial avec Boeing de l'aéronautique.
12:59 Donc on a de quoi faire. On a l'expertise en France, déjà d'un point de vue aéronautique et d'un point de vue spatial.
13:03 On a Ariane qui est un groupe franco-allemand
13:07 et qui a fait la fierté de l'Europe pendant très longtemps et qui fait encore aujourd'hui la fierté de l'Europe.
13:13 Mais c'est ça la question. C'est peut-être là que le bas blesse.
13:15 On a les acteurs. Donc vous dites, on a les acteurs pour faire rêver les ingénieurs,
13:20 puisque c'est de ça qu'on parle. Mais est-ce qu'on a les ambitions pour les faire rêver ?
13:25 Alors on a les acteurs et on a aussi les ambitions parce qu'on a des projets qui sont vraiment très ambitieux,
13:30 comme Ariane 6 qui est un lanceur, le futur lanceur européen qui va aussi,
13:35 je suis sûr qu'il y aura aussi un très grand succès et qui va aussi révolutionner le spatial en Europe.
13:39 On a aussi des projets qui sont beaucoup, comme a dit M. Coudert, le directeur,
13:43 on a aussi beaucoup de projets qui sont aujourd'hui internationalisés,
13:46 dans le sens où là on a le programme Artemis de la NASA qui est en partenariat avec la France et l'Europe.
13:52 Lesa participe sur le vaisseau des astronautes qui va être envoyé vers la Lune.
13:58 On a le télescope spatial James Webb qui est en partenariat entre Lesa aussi,
14:02 les Européens, les Canadiens et les Américains. Hubble anciennement.
14:05 Donc on a l'expertise, on a des ambitions qui sont aujourd'hui,
14:10 qui dépassent les frontières de l'Europe, mais on a les ambitions.
14:14 Et on a les projets qui suivent. Donc on a avec Airbus des projets de l'avion vert,
14:18 on a avec Ariane l'Ariane 6, on a des projets qui, aussi le projet très utilisable,
14:22 MySpace et d'autres acteurs qui rentrent en jeu aujourd'hui dans le domaine spatial,
14:25 qui font qu'on a les ambitions, on a aussi les projets.
14:28 Ces nouveaux acteurs, M. Coudert, vous pensez qu'ils vont offrir des opportunités
14:35 à votre vivier de talent qu'on retrouve dans tout le groupe ISAÏ de toute façon.
14:41 Est-ce que vous êtes prêt pour cette transformation qui a déjà commencé à révolutionner le secteur spatial ?
14:47 Alors non seulement ils vont nous offrir des opportunités,
14:51 mais en plus ce qu'il faut voir c'est que la France a aussi des possibilités en recherche,
14:57 donc sur des secteurs qui sont en pleine mutation, comme vous l'avez évoqué,
15:01 qui sont très importantes. Et notamment dans l'école,
15:04 on a des laboratoires qui sont reconnus internationalement
15:07 et à la pointe dans certains domaines sur ces secteurs-là.
15:10 Et donc l'aspect recherche vient renforcer, nous fait un lien très fort avec nos partenaires industriels,
15:17 et les partenariats sont nombreux, et donc ce potentiel de demain dont vous parlez,
15:21 finalement on est en train de le construire ensemble avec nos partenaires,
15:25 que ce soit recherche ou industriel.
15:28 Donc les opportunités sont nombreuses et Alain peut en témoigner.
15:33 Les journées métiers qu'on fait dans l'école avec les différents partenaires sont très nombreuses,
15:37 les entreprises viennent et les opportunités sont vraiment là.
15:41 Est-ce que ça change vos méthodes d'apprentissage ?
15:43 Rejoindre une chaîne de production dans un énorme groupe industriel
15:46 et rejoindre une chaîne dans une start-up, c'est peut-être pas la même chose ?
15:51 Non, mais je crois qu'il y a des troncs communs dans l'apprentissage,
15:55 c'est-à-dire à la fois l'apport de connaissances, de compétences,
15:58 mais aussi un degré d'adaptation, et puis cette notion d'apprendre à apprendre par soi-même
16:03 et de pouvoir innover à tous les niveaux.
16:05 Et c'est dans cet esprit-là qu'on évolue et on fait évoluer nos formations.
16:10 Alors vous rejoignez la NASA, Alain, dans quelques semaines, deux semaines à peu près.
16:15 C'est en janvier ?
16:16 En un mois, plus de trois semaines.
16:18 Vous êtes un peu stressé ?
16:20 Non, j'ai surtout hâte. Je ne suis pas stressé, j'ai surtout hâte.
16:24 Qu'est-ce que vous allez faire là-bas ?
16:26 Je vais intégrer le service propulsion thermique et matériaux au JPL,
16:31 le NASA JPL qui est le centre de la NASA situé en Californie, à Los Angeles.
16:35 C'est un département qui est lié à ce que j'ai fait en DUT auparavant,
16:40 ce que j'ai fait à l'école et la spécialité que j'ai choisie à l'ANSMA,
16:44 spécialité énergétique.
16:46 Il y a un fil conducteur et je suis très content de rejoindre ce département
16:50 et de pouvoir travailler moi aussi.
16:52 C'est un rêve qui se réalise de travailler à la NASA.
16:55 C'est un département qui a des spécialités qui sont liées à ce que j'ai fait à l'ANSMA,
16:59 ce que j'ai fait au CNAM et à l'ANSMA.
17:01 Donc forcément, je pars sans stress, je pars surtout avec l'hésitation
17:05 et le fait de me dire "je réalise mon rêve, je vais, je fonce et je me donne à fond"
17:09 pour aussi donner une belle image de la formation française,
17:14 de la formation que j'ai eue à l'ANSMA, de la formation que j'ai eue au CNAM.
17:17 C'est aussi ça, j'ai envie de laisser une belle trace, une belle image
17:20 pour qu'après, s'ils ont envie de prendre des étudiants des écoles
17:24 par lesquelles je suis passé, qu'ils n'hésitent pas.
17:26 Est-ce que vous en avez marre qu'on vous demande pourquoi vous n'avez pas choisi l'ESA
17:30 et pourquoi vous allez à l'ANSMA ?
17:32 Non, je n'en ai pas marre, c'est pour ça que je vais répondre.
17:35 Non, en fait, c'est vrai que j'ai reçu un commentaire du président Macron
17:40 et aussi du ministre Bruno Le Maire qui m'ont gentiment fait comprendre
17:45 que oui, ce serait quand même bien que je revienne à l'ESA.
17:48 Moi aussi, ils se demandaient pourquoi j'ai choisi la NASA.
17:50 Ils sont un peu prêchés pour leur paroisse.
17:52 C'est ça, je peux comprendre.
17:54 Moi, c'est juste que là, depuis que je suis petit,
17:57 ce qui me faisait rêver en l'occurrence, c'était plus la NASA.
18:00 Parce que la NASA, forcément, c'est une agence au-delà du fait
18:03 que ce n'est pas forcément mon continent,
18:07 c'est surtout le fait que ça m'a fait rêver.
18:09 C'est une culture du spatial qui est complètement différente aujourd'hui
18:12 et qui n'existe pas tout à fait en Europe.
18:15 C'est ça, exactement.
18:16 Et puis, c'est surtout que la NASA, c'est l'agence spatiale
18:19 qui a le plus de budget à travers le monde, je pense.
18:21 Ça va être l'agence spatiale chinoise aujourd'hui.
18:22 Donc forcément, c'est l'agence spatiale qui a eu les missions les plus emblématiques.
18:25 Quand on a le budget qui suit, forcément,
18:28 on peut faire des missions qui sont très, très prometteuses.
18:32 Donc voilà, c'est un reste, une marque.
18:34 En fait, c'est devenu une marque.
18:35 Forcément, quand on est petit, quand on lit des livres,
18:39 quand on regarde des documentaires,
18:40 on a toujours le mot NASA qui revient.
18:41 Et ça devient un rêve, en fait, plus que les autres.
18:43 C'est difficile d'aller contre cette culture américaine,
18:46 même au sein de vos institutions.
18:48 Majd Ikouder, de toute façon, ce n'est pas la peine d'aller contre, peut-être.
18:53 Non, je crois qu'au contraire, il faut faire en sorte
18:56 que ces différences de culture soient un vrai plus.
18:59 Et quand quelqu'un comme Alain va à la NASA,
19:01 il va aussi apporter son regard et sa culture qu'il a acquis au niveau français.
19:06 Et puis, quand nous, on reçoit des élèves aussi étrangers
19:08 ou des étudiants pour nos recherches et en doctorat,
19:11 il nous amène aussi ce regard-là.
19:13 Et je crois que c'est le mixage de tous ces éléments
19:16 qui font qu'on peut innover, on peut avancer,
19:19 avec des regards qui se croisent.
19:21 Est-ce que, alors là, on parle de la NASA et de la culture de la NASA,
19:26 on peut comparer peut-être cette culture du spatial
19:28 avec celle des entreprises comme SpaceX aujourd'hui,
19:30 qui ont créé un véritable engouement ?
19:32 Il y a quand même un espèce de spectre derrière ce mot-là,
19:35 bien davantage que derrière beaucoup de noms d'entreprises françaises
19:38 qui pourtant ont accompli plus, en tout cas,
19:42 qui sont des acteurs historiques.
19:44 Là encore, est-ce qu'en tant qu'étudiant,
19:47 on se rêve d'aller rejoindre SpaceX ?
19:50 Quel est l'attrait ?
19:52 Moi, en l'occurrence, si on me demande de choisir entre Ariane ou SpaceX,
19:56 je choisis d'aller chez Ariane, sans hésiter.
19:58 Pourquoi ?
19:59 Pour plusieurs raisons.
20:01 Ariane, déjà, forcément, c'est l'histoire de mon pays.
20:04 Donc, le fait que j'ai fait trois ans d'alternance chez Ariane,
20:08 déjà, j'étais très content parce que, forcément,
20:10 quand on est français, on a tous vu des lancements des fusées Ariane.
20:13 SpaceX, c'est différent.
20:15 SpaceX, c'est sûr que c'est à la pointe de l'innovation,
20:17 mais un peu comme ce que j'ai dit avec la NASA,
20:19 c'est qu'ils ont aussi énormément de budget, comparé à Ariane
20:23 ou à d'autres acteurs du spatial européen.
20:25 Donc, forcément, ils ont des missions qui peuvent mettre plus d'argent sur leurs missions
20:30 et ils ont forcément plus de moyens pour y arriver.
20:33 Mais ce qui est important, j'aimerais dire aussi,
20:36 c'est que chez Ariane, moi, quand j'étais pendant trois ans chez Ariane,
20:39 j'ai compris et même on m'a dit et on m'a fait comprendre
20:43 que le spatial européen, l'expertise qu'on a en Europe,
20:46 tout ce que fait SpaceX, on peut le faire.
20:48 C'est juste que SpaceX, ils ont forcément les budgets qui suivent
20:51 et nous, en Europe, on n'a pas fait encore ce pas,
20:54 vraiment ce grand pas, le saut vers le RUTHSAB qui est en cours aujourd'hui.
20:58 Mais voilà, c'est un peu au-dessus.
21:01 Ça relève vraiment au-dessus de la Commission européenne, l'ESA.
21:04 Le fonctionnement même de l'agence spatiale européenne,
21:06 la question du retour de budget, morceler l'industrialisation,
21:09 la réussite de SpaceX, c'est d'avoir aussi ramené
21:12 toute la chaîne de production en un seul endroit, réduit les coûts.
21:15 Et ça, on est capable, mais en même temps,
21:18 on est bloqué par notre système européen.
21:20 On ne se rend pas compte, mais le fait que, par exemple, sur Ariane 6,
21:23 il y a, il me semble, 13 ou 14 pays qui partent pour le programme.
21:26 Donc forcément, ça prend plus de temps à chaque fois pour communiquer entre eux,
21:30 aller chercher une pièce dans tel pays, aller chercher une autre pièce dans tel pays,
21:33 aller pour tout assembler. En plus, le pire, c'est qu'on lance loin.
21:36 On lance à Kourou, on vient. Donc, il faut que tout arrive à Kourou,
21:39 que tout soit acheminé, que tout soit assemblé là-bas.
21:41 Ça ne marche pas toujours très bien, la preuve avec l'avio
21:44 qui a perdu des pièces de son lanceur Vega.
21:47 Donc, on voit que ça crée des tensions. Et ces tensions-là, les étudiants,
21:50 vous le voyez, vous voyez que parfois, ça freine.
21:53 Alors, je ne sais pas de vous faire aller dans cette direction,
21:55 mais j'ai besoin de comprendre s'il y a une inquiétude, peut-être,
21:58 dans cette génération-là, à ce que va arriver
22:01 à devenir le spatial européen.
22:04 Non, il n'y a pas vraiment d'inquiétude, parce qu'on sait que
22:07 on est une terre d'aérospatial, la France.
22:10 On sait qu'on a l'expertise. Dans tous les cas, quoi qu'il arrive,
22:13 on pourra s'en sortir, on pourra avoir notre accès à l'espace autonome.
22:18 Mais c'est sûr que quand on voit un peu ce qui se passe aujourd'hui en Europe
22:22 avec Avio qui s'éloigne d'Ariane-Espace,
22:25 le nouveau lanceur de MySpace qui va, en l'occurrence,
22:28 concurrencer la fusée Vega d'Avio,
22:31 on sent qu'il y a un climat un peu différent, en fait.
22:36 Différent de ce qu'on a connu, qui était un peu plus compacté
22:39 entre les pays européens. Là, on a plus de séparation,
22:42 mais peut-être que c'est aussi la clé pour, après, faire évoluer les choses.
22:45 Alors, ce climat, justement, on en parle aussi beaucoup dans cette émission,
22:48 c'est cette question de renationaliser un petit peu les ambitions spatiales.
22:52 Vous avez cité l'Italie avec Avio qui se détache un petit peu,
22:55 l'Allemagne aussi, la France aussi.
22:58 Dernièrement, le président de la République parlait de la nécessité
23:02 d'avoir un champion européen, tout en rappelant que s'il faut aller plus loin,
23:06 on ira plus loin. Est-ce que, de votre côté, Majdi Kouder,
23:10 vous avez un regard, d'un point de vue de l'enseignement supérieur,
23:17 vous avez un regard sur cette renationalisation,
23:20 sur ces nouvelles ambitions et sur cette distribution qui prend forme en Europe
23:24 où on a tendance un petit peu à jouer perso ?
23:28 Je crois que la question qui se pose, c'est que c'est un domaine qui est en pleine mutation,
23:33 où tout le monde est convaincu que les enjeux sont très importants,
23:36 donc il y a forcément des questions aussi qui sont reliées à des souverainetés d'État
23:40 et donc des stratégies développées par les États.
23:43 Alors, l'espace européen est un espace de collaboration et de partenariat
23:47 et je vais dire quelque part aussi un espace de concurrence cordiale.
23:51 Et donc, il faut travailler avec tout ça parce que c'est notre histoire
23:54 et puis c'est notre structuration, mais je crois qu'il faut rester optimiste dans cette démarche
23:58 parce que je crois que tout le monde est convaincu de l'objectif à atteindre
24:02 et de la nécessité de se positionner sur ce domaine.
24:05 Alors, on voit Sophie Hanno à l'image, ça me fait une transition toute faite.
24:10 Sophie Hanno, qui est passée par l'ISAE Super Hero,
24:13 Thomas Pesquet aussi est passé par l'ISAE Super Hero,
24:16 et tout à l'heure, on a vu une image de vous en astronaute américain.
24:19 J'ai l'impression qu'il y a un gros flou dans les médias sur le sujet.
24:22 Est-ce que vous pouvez peut-être nous éclaircir d'abord ?
24:25 Oui, bien sûr. En plus, je le dis après tous les médias,
24:29 mais en fait, la photo d'astronaute, c'est un montage qui a été fait par un ami à moi,
24:34 Dariane, quand j'étais en alternance chez Ariano Muro,
24:37 parce que je voulais créer un compte sur Instagram, un compte où je parle d'espace.
24:40 Donc, j'ai créé ce compte-là et je lui ai dit, je vais enlire avoir une photo sympa
24:43 de moi en astronaute, voilà, un mois plus tard.
24:46 Et il m'a fait ce fameux montage qui est resté.
24:49 Du coup, je me dis, c'est en 2021, ça remonte, mais je vais l'essayer.
24:53 Je me dis, c'est sympa.
24:55 Mais ça fait partie de vos ambitions ou pas ?
24:57 Oui, c'est une ambition claire que je vise dans les prochaines années.
25:03 Après, un appel de l'ESA, il y en a un à peu près tous les 10 ans.
25:07 Thomas Pesquet, c'était 2009, Sophie Anneault, 2020, 2021.
25:10 Donc là, le prochain, ça risque d'être vers 2030, il faut avoir 27 ans minimum.
25:13 Donc 2030, j'aurai 30 ans. Je pourrais, en l'occurrence, s'il y a un appel, tenter ma chance.
25:18 Après, dans tous les cas, je me dis, je ne mets pas trop de pression.
25:22 Je tenterai ma chance. Si je réussis, tant mieux.
25:25 Si je n'y arrive pas, il n'y a pas de souci.
25:28 Ça ne me dérange pas du tout de rester en tant qu'ingénieur dans ma vie
25:31 ou d'évoluer dans le métier d'ingénieur.
25:33 Donc, je ne mets pas trop de pression, mais je tenterai, oui.
25:36 Donc, dream job, astronaute.
25:37 C'est ça.
25:38 Est-ce que c'est le dream job de tous vos étudiants, Alizé et Antma ?
25:43 Non, je ne crois pas.
25:45 Mais je crois que pour l'image qu'on a vue, ce n'est pas une fake news,
25:48 c'est juste une image prémonitoire.
25:50 C'est ce qu'on peut souhaiter à l'âme.
25:53 Non, je crois que le domaine du spatial et de l'aéronautique est tellement diversifié
25:58 et on peut s'épanouir et trouver à réaliser ses ambitions dans tellement de différents domaines.
26:05 Être astronaute, ça fait partie du jeu, ça peut faire rêver,
26:08 mais je ne pense pas que ça soit le rêve de tous nos étudiants.
26:13 Certains ont peur d'aller dans l'espace, en fait.
26:15 Oui, même certains sont plus intéressés par l'aéronautique que par le spatial.
26:20 Donc, ils sont plus à même de devenir pilote d'avion plutôt qu'astronaute.
26:26 Donc, ça dépend des personnes, ça dépend des profils.
26:29 À l'ANSMA aussi, c'est très large parce qu'on a aussi des métiers.
26:32 Quand on sort, on peut aussi travailler dans l'automobile,
26:35 pas que forcément l'aéronautique ou le spatial.
26:37 C'est vrai que c'est plus axé à l'aéronautique spatiale,
26:39 mais on peut aussi aller dans l'automobile, même parfois le ferroviaire.
26:42 Il y a différents types de métiers.
26:44 Même en tant qu'ingénieur dans le spatial, ce n'est pas forcément une finalité.
26:47 On peut vouloir être ingénieur spatial sans forcément devenir astronaute.
26:50 Très bien. Merci à tous les deux d'avoir pris le temps de venir sur le plateau de Smart Space
26:55 pour nous parler de l'avenir des futures générations,
26:58 déjà concernées par leurs propres enjeux,
27:00 notamment l'écologie, on l'a dit ici,
27:03 et qui devraient dessiner le futur du secteur spatial.
27:06 Alain Pett, je rappelle, vous êtes ingénieur en aéronautique et en spatiale,
27:10 Knam Isaé-ANSMA, et vous, Mahdi Kouder, directeur de l'ISAE-ANSMA.
27:15 Merci à tous de nous avoir suivis pour cette émission de Smart Space.
27:19 À la production, Lily Zalkin, comme toutes les semaines.
27:22 Je vous dis à l'année prochaine.
27:23 En attendant, je vous souhaite de passer de très belles fêtes de Noël.
27:26 [Musique]

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