• il y a 11 mois
C'est l'été, et rien de mieux en cette période qu'un peu de soleil, d'eau et de sang. Vous l'aurez compris, je vous parle ici de Jaws aka Les Dents de la Mer.

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#Jaws #LesDentsDeLaMer #Spielberg
Transcription
00:00 *musique*
00:04 Ah, Jaws.
00:05 Que j'appellerais dans cette vidéo les Dents de la Mer, ben, pour cause d'accent anglais pourri.
00:10 *musique*
00:13 Difficile d'aborder un film aussi connu et reconnu, aussi important dans l'industrie du cinéma américain,
00:18 aussi iconique.
00:19 Et pourtant ce sera bien le sujet de cette vidéo.
00:22 Les Dents de la Mer, adapté d'un roman du même nom écrit par Peter Benchley,
00:25 est un film réalisé à une période charnière d'Hollywood,
00:27 par un jeune réalisateur de 28 ans, dans des conditions déplorables,
00:31 à coup de grève, de dépassement de budget, de problèmes de décor.
00:34 Bref, un film qui sur le papier n'avait rien pour réussir.
00:38 Et pourtant, 45 ans plus tard, l'oeuvre continue de faire parler d'elle,
00:41 en se plaçant comme le précurseur d'un genre, ayant battu tous les records à l'époque,
00:45 et surtout offrant un film jouissant d'une maîtrise quasi parfaite et d'une efficacité redoutable.
00:50 Donc, comment on en est arrivé là ?
00:52 Comment une production aussi chaotique a-t-elle pu accoucher d'un film aussi maîtrisé ?
00:56 Pourquoi ce dernier a-t-il connu un tel succès et est devenu un phénomène à l'époque de sa sortie ?
01:01 Et que reste-t-il des Dents de la Mer aujourd'hui ?
01:03 Je vais tenter de répondre à toutes ces questions dans cette vidéo, du coup, c'est parti.
01:07 Au début des années 70, le visage du cinéma américain est en train de changer.
01:11 Le nouvel Hollywood est en plein essor, avec à sa tête une pléiade de jeunes réalisateurs innovants et talentueux,
01:16 tels que Martin Scorsese, Francis Ford Coppola, Brian De Palma, George Lucas, et bien sûr, Steven Spielberg.
01:23 A cette époque, il compte déjà deux longs métrages, le téléfilm "Duel" et la comédie "The Sugarland Express".
01:28 Ce film, produit par Universal, fut un échec au box-office.
01:31 Mais les producteurs Richard Jeynuck et David Brown ne n'auront que faire,
01:35 et feront appel à la fougue du jeune cinéaste pour réaliser un film d'un tout nouveau genre,
01:39 avec un scénario somme toute banal, mais qui peut s'avérer très efficace,
01:42 en racontant comment un requin mangeur d'hommes terrifie une petite ville côtière américaine pendant les vacances d'été.
01:47 Bref, vous l'aurez compris, je parle des Dents de la Mer.
01:50 Voyant que le film ressemble grandement à sa première réalisation "Duel", Spielberg y verra un signe et acceptera le projet.
01:56 Le problème, c'est qu'à cette époque-là, jeune et insouciant, Spielberg ne se rend pas compte dans quelle mouise il s'effourait.
02:02 Je vais pas m'attarder dessus, car tout le monde le sait déjà, mais le tournage des Dents de la Mer fut chaotique.
02:06 Des mois de retard sur le planning initial, dû notamment au tournage en mer qui ne s'avéra pas du tout efficace,
02:12 allant jusqu'à parfois utiliser toute une journée pour quelques secondes de prise de vue,
02:15 le requin qui marche une fois sur deux, sans compter les menaces de grève par la production,
02:19 le budget qui explose le plafond, augmentant de plusieurs millions de dollars...
02:23 Bref, un calvaire.
02:25 Spielberg le dit encore aujourd'hui, le tournage fut chaotique et il n'en garde pas du tout un bon souvenir.
02:30 Mais malgré tout, de ce calvaire, en est ressorti quelque chose d'inattendu, quelque chose de brillant.
02:36 Certaines personnes ne sont jamais aussi performantes que quand elles sont dos au mur.
02:40 Et tous ces problèmes de tournage vont permettre au film de bénéficier d'une mise en scène imprévue, mais bouvrement efficace.
02:46 L'introduction du film en est l'exemple parfait.
02:48 La première victime succombera à l'attaque du requin sans que jamais il ne soit montré à l'écran.
02:53 Et c'est ce qui offre à la scène toute sa puissance.
02:55 Aujourd'hui c'est un procédé très répandu, mais imaginez-vous à l'époque être témoin d'une telle violence, d'une telle force,
03:01 sans avoir l'occasion de voir d'où elle provient.
03:04 Non seulement Spielberg fait travailler notre subconscient afin que nous projettions nos plus grandes peurs sur cette entité invisible,
03:09 mais en plus, avec ses plans en caméra subjective, il nous met en position du prédateur.
03:14 Le monstre c'est nous. Et c'est compliqué à interpréter.
03:17 Est-ce un simple procédé afin de ne pas montrer un requin défectu à l'écran ?
03:20 Ou est-ce que Spielberg essaie de nous faire comprendre que nous sommes l'ultime prédateur ?
03:24 Le monstre que nous redoutons tant ?
03:26 Dans le film, c'est l'homme qui refuse de fermer les plages et qui met en danger les siens.
03:30 C'est l'homme qui se marche dessus pour sa survie.
03:32 C'est l'homme qui chasse le requin.
03:34 Alors à ce moment-là, on est en droit de se demander si le plus grand danger du film, ça n'est pas la peur finalement.
03:39 La peur de perdre du profit, la peur de mourir, la peur de l'inconnu.
03:43 En tout cas, personnellement, j'aime l'interpréter de cette façon.
03:46 On peut aussi aisément ranger les dents de la mer dans la catégorie slasher.
03:50 De part sa première victime tout d'abord,
03:52 une jeune adolescente américaine dévergondée, sexualisée,
03:55 et qui se fait tuer par une entité démoniaque, quasi surnaturelle.
03:58 Exactement comme dans la plupart des slasher américains qui vont très souvent lier les péchés humains à la mort.
04:03 L'exemple le plus probant se trouve dans le film Halloween de John Carpenter qui sortira 3 ans plus tard.
04:08 Le requin est un animal qu'on connaît tous, mais dans le film, il est présenté comme un véritable croque-mitaine.
04:13 Il est physiquement au-dessus de la moyenne et surtout bien plus démoniaque et avide de sang qu'un requin lambda.
04:19 Et tout ce propos horrifique vient appuyer une mise en scène où le suspense et la tension s'installent d'emblée et montent crescendo.
04:24 En effet, la construction du film en trois actes va lui permettre de garder un rythme effréné.
04:28 Premièrement, on assiste à l'horreur, ensuite on essaye de comprendre l'horreur, et enfin, on combat l'horreur.
04:34 Aujourd'hui, ce schéma en trois actes et tous les procédés de mise en scène des dents de la mer ont été maintes fois réutilisés.
04:40 Mais à l'époque de sa sortie, c'était frais, c'était novateur, et ça a permis au film de devenir un phénomène culturel global.
04:46 Mais ça, on en reparlera un peu plus tard.
04:48 J'aimerais maintenant relever certains plans mis en place par Spielberg et qui servent totalement le propos du film.
04:58 Je pense notamment à tous ces plans demi-bonnettes qui consistent à garder l'arrière-plan tout aussi net que le premier.
05:03 Ce qui permettra à Spielberg de mettre le point sur les multiples pensées du personnage de Brody,
05:07 qui doit faire face à ses responsabilités, tout en gérant sa plus grande peur.
05:11 On peut aussi relever le fameux "traveling compensé", qui permet à la scène d'accentuer la peur de manière viscérale, voire même surnaturelle,
05:29 et qui illustre à merveille toute l'effroi et la stupeur de Brody, qui fait face à ce qu'il redoutait tant, mais dont il n'avait pas encore été témoin.
05:35 Voilà d'ailleurs comment ce plan constitue une belle transition entre le premier et le deuxième acte.
05:40 Le deuxième acte qui va introduire le personnage de Hooper, joué par Richard Dreyfus,
05:44 spécialiste des squales, qui permettra aux différents personnages, ainsi qu'à nous spectateurs, de comprendre l'ampleur et la force de la menace.
05:51 Durant ce deuxième acte, on laisse place aux interrogations.
05:54 D'où vient le monstre ? Et que veut-il ? Est-il un simple animal égaré et affamé ? Ou est-il plus que ça ?
06:00 Et ce deuxième acte se conclut également avec une attaque de requin, qui va de ce fait répondre à toutes ces interrogations,
06:05 et qui nous amènera logiquement au troisième acte, représenté par le personnage de Quint, interprété par le charismatique Robert Shaw.
06:10 Ce troisième acte, qui se concentre uniquement sur l'élimination du monstre, est pour beaucoup le moment le plus galvanisant du film.
06:16 Il met en place différents points qui vont réussir à s'imbriquer, et qui constitueront un tout totalement cohérent, et porté par une mise en scène ultra efficace.
06:24 L'immensité océanique, montrée comme la menace ultime, la réunion de ces trois personnages que tout oppose,
06:29 mais qui vont devoir s'allier pour combattre leur ennemi commun,
06:32 et l'apparition des thématiques chères à Spielberg, comme la seconde guerre mondiale,
06:35 mis en avant à travers le fameux monologue de Quint concernant l'USS Indianapolis,
06:39 mais aussi le dépassement de soi, combattre l'adversité afin d'évoluer et de vaincre ses peurs.
06:44 Rappelez-vous, Peter Pan et son rapport à l'enfance, Grant et son rapport à la paternité, Wade Watt et son rapport à la réalité,
06:51 Brody dans ce film, et sa peur de l'eau.
06:53 Tous ces personnages, en affrontant les obstacles qui leur barreront la route, finiront par évoluer et par ne plus craindre leurs peurs les plus profondes.
07:00 "J'ai toujours haït à l'eau."
07:02 "Je ne peux pas imaginer pourquoi."
07:07 Côté mise en scène, ce troisième acte nous cloisonne sur le bateau.
07:10 On aura à ce moment-là plus aucun plan sur la ville d'Amity, et plus de plan subjectif sur le requin.
07:15 Cette fois-ci, on voit le requin.
07:17 Nous, spectateurs, comme ces trois personnages, nous sommes bloqués sur ce bateau,
07:21 et nous devons également nous battre contre cette effrayante créature.
07:24 D'ailleurs, le principe des bouées pour repérer le requin dans l'océan, c'est du génie en termes de compréhension de l'espace.
07:30 Un requin, ça flotte pas, et un requin sous l'eau, ça ne se voit pas.
07:33 Donc, faites simplement enfoncer des bouées jaunes sur un bateau avec la musique de John Williams en fond,
07:38 et vous obtenez un moment de tension et d'effroi comme seul Spielberg en a secret.
07:42 Encore une fois, ce principe de mise en scène est sans aucun doute dû aux différents problèmes techniques du requin.
07:47 Mais c'est ce que je disais en début de vidéo.
07:49 Tout ce qui entoure le tournage chaotique du film en a, paradoxalement, fait ce qu'il est aujourd'hui.
07:53 Spielberg lui-même le dit.
07:55 S'il avait fait ce film aujourd'hui, il aurait montré le requin, tout le temps, et ça aurait gâché le film.
08:00 C'est l'entêtement du désormais célèbre Bruce à ne pas vouloir fonctionner qui est à l'origine de l'efficacité du film.
08:06 C'est ce qui a permis à Spielberg et à son équipe de trouver des idées novatrices, de se surpasser,
08:11 et de nous offrir un véritable chef-d'œuvre.
08:14 Dès sa sortie en salle le 20 juin 1975, le film connaît un énorme succès,
08:19 écrasant tout sur son passage et devenant à l'époque le plus gros succès au box-office de l'histoire du cinéma,
08:24 avec près de 470 millions de dollars de recettes à travers le monde.
08:28 Le succès critique du film s'englobe à merveille avec son succès public,
08:31 dû à une communication inédite qui comprend pour la première fois de l'histoire du cinéma des spots publicitaires à la télévision,
08:37 des annonces dans les journaux, à la radio,
08:40 mais également une technique plus ou moins risquée qui consistait à réduire le nombre de salles de projection,
08:44 malgré le succès du film, afin de créer un engouement, un phénomène.
08:48 Les Dents de la mer, en 1975, a créé le buzz.
08:52 Un buzz qui a perduré toute une saison et qui a lancé la mode des blockbusters de l'été aux Etats-Unis.
08:57 Voilà entre autres pourquoi il est considéré aujourd'hui comme le premier blockbuster de l'histoire.
09:01 C'est également ce film, des années avant Star Wars, qui a popularisé le merchandising,
09:06 proposant un nombre incalculable de produits dérivés autour du film.
09:09 Quasiment tous à l'effigie de cette incroyable affiche,
09:12 une des plus belles qui m'était donnée de voir,
09:14 et que l'on doit à Roger Castell, à qui on doit également l'affiche de l'Empire Contre-Attaque.
09:19 Maintenant, je ne peux pas ne pas vous parler de la musique de John Williams,
09:22 qui est simpliste à souhait, mais redoutablement efficace.
09:25 Qui accompagnera chaque apparition du requin,
09:28 et qui permettra au film d'atteindre un autre niveau en termes d'angoisse,
09:31 mais surtout de reconnaissance.
09:33 Car cette musique a clairement dépassé le cadre du film, et du cinéma en général.
09:38 Que vous ayez vu ou non les Dents de la mer,
09:40 vous connaissez cette musique, et vous avez au moins une fois entendu quelqu'un la fredonner.
09:44 Ça fait partie de ces choses tellement puissantes, qu'elles sont ancrées dans l'inconscient collectif.
09:49 Et le film doit aussi son succès en grande partie à cette fameuse musique de John Williams.
09:54 Si les retombées du phénomène ont été bénéfiques pour Universal, pour Spielberg, et pour le cinéma,
10:04 ça ne sera malheureusement pas le cas pour les requins.
10:06 Les Dents de la mer a grandement contribué à diaboliser l'animal,
10:10 à en faire ce mangeur d'hommes impitoyable.
10:12 Ce qui a de ce fait provoqué en partie son extinction de masse depuis près de 50 ans.
10:17 Quelques années avant sa mort, Peter Benchley, l'auteur du roman duquel est tiré le film,
10:21 avouera que s'il avait su les retombées dramatiques qu'aurait eu son histoire sur l'écosystème maritime,
10:26 jamais il ne l'aurait écrite.
10:28 Mais évidemment, une fiction reste une fiction.
10:31 Et la faute est surtout due à l'homme, et au profit qu'il dégage de ce véritable génocide.
10:36 Maintenant, je me devais d'en parler, car il faut bien prendre conscience de l'importance des requins
10:40 dans la préservation de l'environnement,
10:42 et surtout qu'un requin en temps normal ne se comporte pas du tout comme le requin des Dents de la mer.
10:46 Enfin bref, si vous voulez en savoir plus sur l'importance qu'ont les requins,
10:50 je vous ai mis quelques liens en description.
10:51 Quoi qu'il en soit, ce film aurait eu un impact sur absolument tout ce qui englobe notre société.
10:56 Le cinéma, l'environnement, l'économie, et même le comportement humain.
11:00 Car oui, les Dents de la mer a créé des millions de phobiques.
11:03 Beaucoup n'osent plus mettre un pied dans l'océan depuis sa sortie.
11:06 Il est un des mastodontes de la culture populaire.
11:09 Il a inspiré bon nombre de réalisateurs, a créé un genre pas toujours...
11:13 mis en valeur, on va dire,
11:15 et a surtout offert à Steven Spielberg la reconnaissance qu'il mérite,
11:18 et qui lui a permis de nous offrir tous ces fabuleux longs métrages pendant plus de 40 ans.
11:23 Merci à toutes et à tous d'avoir suivi cette vidéo jusqu'au bout,
11:28 j'espère qu'elle aura fait honneur au film,
11:30 et j'espère qu'elle ne vous empêchera pas de vous baigner cet été.
11:33 Les Dents de la mer est disponible aujourd'hui dans une remasterisation 4K qui est totalement bluffante,
11:38 donc jetez-vous sur cette édition, parce que ben...
11:41 ça vaut le coup, et parce que ben...
11:43 le support physique c'est la vie.
11:45 Bref, soyez prudents, prenez soin de vous,
11:47 et moi je vous dis à la prochaine.
11:49 [Musique]