Les acteurs Laurent Laffite et Rachid Hami sont les invités de Julien Sellier

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Regardez L'invité de RTL Soir avec Marion Calais et Julien Sellier du 09 février 2023

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00:00 Vous êtes sur RTL.
00:02 Julien Celié, les invités d'RTL Soir.
00:06 18h et 18 minutes, bonne fin de journée, RTL Soir continue et nos invités maintenant sont Rachid Ami et Laurent Lafitte.
00:13 Alors Rachid Ami, bonsoir.
00:15 Vous êtes le réalisateur de Pour la France, film très fort, très digne, en salle cette semaine.
00:20 Un film inspiré du drame qui a frappé votre famille, le décès de votre petit frère Djalal, mort noyé,
00:25 lors d'un bâhutage, un bisutage en 2012 à l'école des officiers de Saint-Cyr, Coët-Quidant.
00:30 Laurent Lafitte qui va arriver d'ici quelques minutes, il y a visiblement des bouchons en dehors des structures vertébres.
00:35 Il a aussi un petit problème, la défaite du PSG, je pense, a été très dure à vivre.
00:38 C'est vrai, et du coup il se réveille seulement, d'accord.
00:41 Oui, là il assume une certaine mélancolie.
00:44 On le comprend. Bon, il joue un général, Laurent Lafitte, il va arriver, le directeur de cette école de Saint-Cyr.
00:51 Rachid Dami, le film s'ouvre sur une scène qui est une scène éprouvante.
00:56 En quelques images, vous démontrez aux spectateurs la bêtise de ce bâhutage.
01:01 Des élèves de deuxième année qui réveillent les premières années pour les faire courir en treillis,
01:06 nager avec un casque lourd dans une eau glacée.
01:09 Et ça c'est une pratique qui en théorie était interdite.
01:11 Elle est interdite parce que je pense qu'il y a un témoignage d'un colonel qui dit qu'il ne ferait pas faire à ses commandos.
01:19 Donc c'est interdit, c'est juste qu'à un moment donné il y a eu un excès de zèle,
01:25 peut-être un peu aussi de sadisme de la part des élèves de deuxième année envers les nouveaux arrivants.
01:32 Après ça c'est une histoire judiciaire, et c'est vrai que le film il ne va pas là-dessus.
01:35 Le film il s'attarde vraiment sur raconter le parcours de ce jeune homme entre l'Algérie, la France et Taïwan.
01:43 Et c'est vraiment une odyssée familiale qui s'offre aux spectateurs.
01:47 - Effectivement, c'est une vraie odyssée familiale, c'est un vrai destin français aussi.
01:51 Et c'est vrai que ce destin français est percuté par ce terrible fait d'hiver,
01:55 parce que votre frère Saint-Cyr c'était son rêve.
01:58 Et d'ailleurs il y a un vrai questionnement après son décès,
02:02 parce qu'il faudra neuf jours pour que l'armée accepte de rendre des honneurs militaires.
02:06 On suit ce combat dans le film.
02:09 Et vous portez ce combat, mais malgré tout vous livrez un film qui est vraiment sans cliché sur l'institution militaire.
02:15 - Ben, j'essaie juste d'être honnête.
02:17 Et quand on veut être honnête envers les siens, on est honnête aussi envers les autres.
02:21 Et je pense que ce que j'ai essayé de faire c'est d'apporter un témoignage qui soit le plus juste possible,
02:25 le plus vrai possible sur l'expérience que j'ai eue avec l'armée.
02:29 Et c'est vrai que d'avoir choisi Laurent pour interpréter le général Caillard,
02:34 c'était aussi une forme pour moi de justice et de justesse.
02:38 Parce que je voulais quelqu'un de digne, de noble, quelqu'un qui incarnait aussi ça à l'écran.
02:43 Et c'est vrai que Laurent qui a pris ce rôle a donné cette profondeur à ce général qui se battait pour la dignité de ce jeune homme,
02:51 mort dans des conditions absurdes et tragiques.
02:53 - Laurent Laffitte qui nous a rejoints. Bonsoir Laurent Laffitte.
02:56 Vous jouez donc ce général, c'est vrai, cet humaniste qui se bat en vain en quelque sorte face à l'institution,
03:02 pour la mémoire de Haïssa dans le film "Personnage inspiré" de votre frère Djalal.
03:07 C'est un rôle très particulier parce qu'il réclame en vain la radiation des coupables et il lutte contre ses supérieurs.
03:13 Il est prisonnier de l'uniforme en quelque sorte.
03:15 - Oui, oui, complètement. Et puis il va au bout de sa démarche, c'est quelque chose d'un peu sacrificiel aussi.
03:22 Oui, oui, lui il veut que les coupables soient sanctionnés et puis on sent l'armée qui fait corps,
03:30 parce que c'est sa fonction, mais là elle fait corps aussi un peu pour de mauvaises raisons.
03:34 Moi ce que j'aime beaucoup dans le film, c'est qu'on comprend presque tous les points de vue.
03:41 Il y a certains points de vue avec lesquels je ne suis pas d'accord, certaines décisions,
03:44 certains comportements avec lesquels évidemment je ne suis pas d'accord dans le film,
03:46 mais en même temps je comprends le fonctionnement, la pensée qui amène à ces décisions.
03:52 Et ça je trouve que c'est vraiment dans l'injustesse de l'écriture et du regard qui est posé sur cette histoire.
04:01 On comprend tout le monde, on n'est pas d'accord avec tout le monde,
04:06 mais c'est un film qui est bouleversant.
04:09 Moi j'ai accepté le rôle presque plus pour t'aider à raconter l'histoire, sans sens.
04:15 Vous connaissiez avant l'histoire d'Orachi Lamy ?
04:17 Je connaissais l'histoire parce que je l'avais lue dans la presse au moment où c'est arrivé,
04:23 mais je n'avais pas fait le lien avec toi.
04:27 C'était un peu rencontré, je pense que quand on s'est rencontré,
04:30 moi j'avais très envie de travailler avec Laurent,
04:33 et c'est vrai que quand je lui ai envoyé le scénario,
04:37 d'une certaine manière je lui ai dit "écoute le rôle est petit,
04:40 mais il a une symbolique tellement forte que c'est pas un petit rôle".
04:45 Un rôle clé.
04:47 Oui, oui, oui.
04:47 Moi je ne réfléchis pas trop en taille de rôle,
04:49 ce qui est important c'est qu'il y a quelque chose d'important à défendre dans une histoire.
04:54 Il y avait une envie et cinématographique, et un désir aussi humain et intime
05:03 de participer au récit de cette histoire.
05:06 Orachi Lamy dans le film, c'est Karim Leclou qui joue le rôle inspiré de votre vie,
05:10 de votre vie de grand frère.
05:12 Sa performance est bluffante.
05:14 Vous liez des acteurs instinctifs, là c'est le cas.
05:17 Lui il est très instinctif, d'ailleurs quand on parle de Karim,
05:22 je pense qu'il a cette faculté à rentrer dans la peau de ses personnages.
05:27 Il n'y a jamais une question de technique ou d'explication trop intellectualisée.
05:35 Lui ce qui l'intéressait c'est de savoir faire des baguettes.
05:38 Moi j'ai eu des discussions interminables sur comment on fait des baguettes,
05:41 il me faut un stage pour faire des baguettes, je vous assure.
05:44 Il avait besoin de faire des baguettes pour devenir Ismaël,
05:46 donc si vous voulez, ça a été un petit peu...
05:49 Parce que son métier à ce moment là est artisan boulanger.
05:51 Donc il fallait qu'il fasse des baguettes,
05:52 et il est venu me voir, on a eu des discussions sur les trucs, mais hallucinant.
05:55 Parce que le personnage est boulanger, c'est important de le préciser,
05:58 sinon ça va faire vraiment un fou.
05:59 Oui, sinon c'est étonnant comme demande.
06:02 En même temps il est un peu fou.
06:03 Effectivement, oui on le comprend bien avec vous.
06:05 Alors vous disiez lors de la fête qu'on comprend les points de vue
06:09 de tout le monde dans cette histoire.
06:11 Comment ils naissent, d'où ils viennent.
06:13 C'est un film, effectivement on le disait tout à l'heure, sans cliché,
06:16 et aussi sans haine Rachid Dami, parce qu'il y a eu le procès,
06:20 vous n'en parlez pas dans le film de ce procès.
06:22 Après la mort de votre frère, il a fallu attendre des années,
06:25 trois élèves seulement ont été condamnés,
06:26 et a dû sursis, sursis qui ne figurent même pas sur leur casier judiciaire.
06:30 Vous aviez eu des mots qui étaient très durs à la sortie du tribunal,
06:32 et là aujourd'hui vous livrez un film sans haine.
06:35 Et vous dites, je trouve cette phrase très jolie,
06:37 "maintenant le courage, c'est la nuance, c'est la recherche du compromis".
06:41 Oui, parce que c'est ça l'idée de la démocratie.
06:44 Et je pense que dans une société qui se polarise énormément,
06:47 une société qui se radicalise sur plein de sujets,
06:52 aujourd'hui il faut qu'on trouve un moyen de retourner à l'essence mode de la démocratie,
06:56 c'est-à-dire de comprendre les points de vue des uns des autres,
06:59 d'en discuter et trouver une voix.
07:00 Dans le film, il y a une scène entre Laurent Laffitte et la maman, Loubna Azabal,
07:05 quand il y a la Marseillaise qui résonne,
07:08 Elle est très forte cette scène.
07:09 Elle est prise d'une douleur, et lui il lui tend la main, et elle la prend, cette main.
07:14 Parce que là, il y avait quelque chose sur l'idéal français qu'on aimerait tous atteindre, c'est celui-là.
07:20 C'est-à-dire qu'il y a eu des sacrifices, il y a eu des accidents, il y a eu des choses qui se sont passées.
07:24 Mais ce film-là, ce n'était pas un film sur la justice.
07:27 C'était un film sur la vie d'un jeune homme, sur un destin français, comme vous le disiez au début.
07:31 Et pour l'instant, la question de la justice,
07:34 c'est vrai que ma colère est toujours un peu là par rapport à la justice,
07:37 mais ce n'était pas un film sur ça.
07:39 "Le courage, c'est la nuance", vous êtes d'accord avec ça, Laurent Laffitte ?
07:41 Oui, c'est même un défi, je pense que c'est le défi de notre époque, la nuance.
07:47 Je parlais de destin français, c'est vrai que vous racontez aussi vos souvenirs d'enfance dans l'Algérie,
07:52 des attentats, votre maman qui vous a emmenés dans l'Hexagone, votre père qui a refusé, qui est resté là-bas.
07:57 Et c'est vrai que quand vous étiez gamin, Rachid Dami, vous avez effectivement grandi dans ce contexte-là.
08:01 Votre maison a été mitraillée parce que votre maman, directrice d'école,
08:05 s'opposait au conservatisme. Ce destin français, il naît là-bas, en Algérie.
08:09 Parce que l'Algérie, c'est plein de Français qu'on a laissés derrière.
08:13 Parce que ma mère, par exemple, qui est née en 1949, elle est née française,
08:17 elle a été éduquée par la France, elle a une relation particulière avec la France.
08:21 Et c'est vrai que les destins français en Algérie, il y en a beaucoup.
08:25 Et c'est là où le poids de l'histoire, il a une importance.
08:29 Et c'est vrai que quand nous, on choisit de venir en Algérie,
08:31 quand ma mère vient en France, elle n'a pas l'impression de venir dans un pays étranger.
08:38 Elle a l'impression de rentrer dans son deuxième pays, dans sa deuxième maison.
08:43 - Pour terminer, il y a de très jolies scènes aussi à Taïwan,
08:45 où votre petit frère a étudié, où vous l'avez retrouvé.
08:47 On voit ces retrouvailles dans le film. Vous avez noué, renoué des liens très fort là-bas.
08:51 Vous dites d'ailleurs, c'est le moment où on est devenus frères.
08:54 Je crois d'ailleurs que vous partagez votre vie entre la France et Taïwan, maintenant.
08:57 - Exactement. Je partage ma vie entre la France et Taïwan.
09:00 Et j'ai un rapport particulier avec cet endroit.
09:04 C'est mon frère qui m'a lié à cette ville de Taipé.
09:08 Et quand je raconte ce film, on passe beaucoup de temps là-bas.
09:12 Et on essaye de filmer cet endroit de manière très honnête aussi,
09:17 de ne pas rentrer dans un exotisme artificiel.
09:19 Et de donner vraiment une chance à ces deux frères d'exister, peu importe le lieu.
09:23 Mais pour dire que dans un ailleurs, à l'étranger, c'est là qu'on se retrouve.
09:27 Et c'est aussi l'endroit où ils sont le plus français.
09:30 Moi, je suis dix fois plus français à Taïwan.
09:33 - Bah oui, quand on me dit "tu es le français", je dis "oui".
09:35 Ici, quand quelqu'un me dit "tu viens d'où?",
09:38 je lui dis "je viens de Paris, de Saint-Ouen".
09:40 Il me dit "non mais d'où, je veux dire d'où ?"
09:42 (rires)
09:44 Donc c'est vrai qu'il y a quelque chose dans ce partage entre la France et Taïwan
09:49 qui me permet de trouver un équilibre dans ma vie.
09:51 - Merci Rachid Ami, merci Laurent Lafitte.
09:53 Laurent Lafitte, pour terminer, Rachid Ami nous disait que vous étiez en retard
09:56 parce que vous ne vous remettiez pas de la défaite du PSG. C'est vrai ça ?
09:58 (rires)
10:00 - Bah oui, je me lamentais dans mon flunch.
10:02 (rires)
10:04 - Oui, le flunch, de la place de Tichy.
10:06 - Oui, à côté du Castorama.
10:08 - Oui, à côté du PTV, plein d'escalade.
10:10 - Oui, je vois bien, on y mange bien.
10:12 (rires)
10:14 - Je vois ça, oui. Merci Laurent Lafitte, merci Rachid Ami,
10:17 merci à tous les deux d'avoir été nos invités dans RTL Soir.
10:19 Pour la France est sorti hier au cinéma,
10:21 et c'est un film très fort, nécessaire. Merci à tous les deux.
10:24 Petite pause, et puis la suite dans RTL Soir,
10:26 il y aura vos dessous de l'actu, on va vous expliquer pourquoi
10:28 l'aide n'arrive pas pour l'instant en série après le tremblement de terre.
10:31 Et puis laissez-vous tenter dernière, Bird Bakara nous a quitté,
10:35 compositeur de génie pour Aretha Franklin, Tom Jones, Les Beatles,
10:38 c'était l'homme derrière une partie de la BO de nos vies,
10:41 même si on ne connaissait pas forcément son nom.
10:43 A tout de suite sur RTL.
10:45 - RTL Soir avec Julia Cellier.
10:47 avec Julia Cellier.
10:49 [SILENCE]

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