Conférence 40 années à l’hôpital public: Témoignages et espoirs partie 1/2

  • il y a 9 mois
Conférence du 23 septembre 2023
40 années à l’hôpital public: Témoignages et espoirs

Par Catherine Allaire, Neurologue, Praticien hospitalier et Hervé Thomazeau, Professeur de chirurgie (PU-PH)
Animation Anne Riffaud

Partie 1/2
Transcription
00:00 [Silence]
00:10 L'ensemble des femmes et des hommes convaincu que chaque être humain est une personne unie et libre,
00:18 et que réalise une s'épanouie dans la reconnaissance et l'acceptation des autres.
00:26 Ainsi, notre mouvement nous invite ces membres à s'engager pour construire avec d'autres une société accueillante
00:36 dans laquelle chacun trouve sa place, s'exprime pleinement et agit en citoyen responsable.
00:45 C'est ainsi que nous avons décidé d'organiser cette conférence présentée maintenant par Oana Miklou.
00:57 Oana Miklou - Bonsoir à toutes et à tous.
01:02 On va passer à peu près deux heures avec Catherine Allais, à ma droite, et Hermé Fomentso, à ma gauche.
01:10 Alors, ce sont des amis de, calculer l'autre jour, 55 ans pour toi Catherine, et toi un petit peu moins,
01:18 parce que je t'ai connue par la terminaire Catherine.
01:21 Et voilà, c'est pour ça qu'on s'est autorisés au moment où ils allaient prendre leur retraite,
01:26 à leur demander de parler un petit peu de ce qu'a été l'hôpital pour eux.
01:32 Et on a intitulé cette conférence Témoignages et Espoirs.
01:38 Témoignages, c'est-à-dire, c'est simplement ce qu'ils ont vécu,
01:43 depuis l'entrée dans les études jusqu'à la retraite.
01:47 Et puis on a mis espoir parce qu'il n'est pas question de dire dans le contexte actuel,
01:52 maintenant il faudrait faire ci, il faudrait faire ça.
01:55 On sait bien que c'est extrêmement complexe, il y a plein d'enjeux, plein de choses.
02:00 Mais espoir, ça veut dire quand même, ce qu'il faudrait pour que notre système de santé
02:06 perdure quand même, que l'hôpital public perdure.
02:10 Alors, ils vont intervenir successivement, d'abord Catherine, puis Hervé,
02:16 et sur quatre temps qui vont être différents en longueur, c'est ce qu'ils vont voir.
02:22 Tout d'abord, comment on décide de devenir médecin.
02:26 Ensuite, les études médicales, il y aura un petit zoom, surtout du côté de Hervé sur l'internat,
02:33 c'est un élément très important à comprendre, ce qui se passe en condition interne en hôpital.
02:39 Ensuite, il y aura leur exercice, leur pratique.
02:43 Et puis, les grandes mutations observées, et encore une fois, les mises en place.
02:49 Ça va nous amener pour du neuf d'écoute.
02:55 Et ensuite, on répondra à vos questions.
02:58 C'est pour ça qu'on vous a demandé de préparer des questions.
03:02 On récupérera, ça nous permettra de faire une petite pause, puis d'aller voir la table du fond,
03:07 qui parle de l'invêt' et puis d'objets et de livres éventuellement à vendre.
03:12 Et ensuite, on répondra aux questions les ayant placées de partie des études.
03:18 Voilà, Catherine, tu as la parole.
03:21 Voilà, merci beaucoup.
03:23 C'était vraiment un témoignage.
03:25 On n'est pas le ministre de la Santé, on n'est pas les directeurs d'hôpital,
03:32 on est juste les praticiens et les étudiants en fonction de la recherche qualité.
03:37 Du coup, c'est pour ça qu'on est là pour en parler.
03:42 Alors, la vocation d'abord, c'est ça que je me demande.
03:47 Plus fort, plus brûle.
03:50 Oui, il faut que je parle plus près du micro.
03:54 Oui, ça va ?
03:57 Alors, en fait, pour moi, c'est une vocation un petit peu littéraire, je l'avoue.
04:02 J'étais beaucoup, il y avait un personnage qui m'a beaucoup impressionnée,
04:09 c'est Antoine, le petit beau, qui dit quelque chose aux jeunes générations,
04:15 sans doute pas à l'époque, on est plus grands dans les années 80 maintenant.
04:18 Mais c'était Antoine, c'était un pédiatre qui était vraiment brillant,
04:21 empathique, toujours disponible, qui faisait des diagnostics extraordinaires,
04:26 un micro-cardiologique.
04:29 J'étais aussi impressionnée par mes voisins pédiatres,
04:32 notamment mon pédiatre, mon soeur, ma soeur, qui est un peu plus grand que moi.
04:37 Mais j'avais une somme qui faisait de la médecine préventive,
04:42 avec beaucoup de talent, mais par contre, je ne l'étais absolument pas personnelle.
04:47 C'était vraiment la médecine de soins, la médecine avec des canisters,
04:52 des médecins chirurgiens.
04:54 Enfin, j'avais vraiment la vocation, puisque mes parents m'avaient inscrit en prépa,
04:58 et moi, je me suis inscrite en médecine.
05:01 Alors, juste une petite parenthèse sur les motivations actuelles,
05:04 puisque je sais que cette préparation ne m'a pas permis de le dire,
05:08 il y a eu une étude de la peine médicale récemment,
05:11 et je voulais savoir pourquoi les étudiants, qui continuent à être très nombreux
05:17 à vouloir faire du pile, et en fait, dans trois quarts des cas,
05:23 ils mettent en premier se sentir utile, et aider et sauver les patients,
05:29 et assez loin dans les motivations à l'argent, pour les piles.
05:34 Donc ça, c'est intéressant.
05:36 Par contre, une chose qui a certainement beaucoup changé,
05:40 c'est que dans trois quarts des cas, ils mettent aussi la qualité de vie.
05:43 Et là, je pense que c'est quand même une grosse mécanique,
05:46 parce que je pense que ce n'était pas du tout dans notre intention de penser à l'état.
05:52 Alors, la première année, pour moi, a été très particulière,
05:56 parce que c'était en 1976.
05:59 Donc d'abord, la première année, c'était dans une fille très chargée,
06:04 avec du chahut, avec, comment dire, quasiment une obligation
06:10 de devoir réserver des places, donc on se mit de tour avec des amis.
06:14 Parce que sinon, quand on était trop loin dans l'empire,
06:16 il y avait à cause de la fumée de cigarettes, on voyait ça.
06:20 Voilà, et puis ça a été aussi une année très perturbée,
06:24 puisque c'est la fameuse grève des étudiants médecine à Rennes,
06:27 donc c'est une grève qui est presque très magnitoire finalement,
06:31 c'était une grève contre le numérosclosus qui venait d'être mis en place.
06:35 Et le numérosclosus, c'était à l'époque,
06:39 ça n'existait pas jusqu'à cette année-là.
06:44 Et donc la grève, c'était parce qu'en Bretagne, on manquait de médecins,
06:49 on manquait de livres de tutos, et donc il y a eu ce mouvement
06:54 qui a déclenché une grève extrêmement dure, extrêmement longue,
06:58 de trois mois, pour exiger une remontée du numérosclosus
07:05 et des ouvertures de lits, et ça a été obtenu avec le soutien
07:10 de certains députés, comme le PEPFEC, le POP.
07:14 Voilà, donc l'année a fini à Trainguet, on a passé le mois de septembre.
07:21 Alors juste aussi un petit soucoup sur la démographie médicale,
07:25 parce qu'à l'époque le numérosclosus était de 1600,
07:30 mais en fait, entre 1987 et 2001, le numérosclosus est descendu
07:41 en dessous de 4000 ans.
07:44 Je ne sais pas si vous voyez, c'est vraiment des générations
07:48 qui sont incroyablement creuses, puisque cette année,
07:52 on a vu passer à numérosclosus, même un concours,
07:56 parce que Hervé en parlera, il y a 9400 là.
08:02 Donc en gros, il y a donc une génération de médecins
08:08 dans la forme de l'âge, entre 40 et 55 ans,
08:11 qui sont très peu nombreuses, et au contraire,
08:14 les générations vieux, comme nous, qui partent,
08:17 et qui étaient beaucoup plus nombreuses.
08:20 C'est important de comprendre l'accruée démographique actuelle,
08:27 et notamment des médecins généralistes,
08:29 puisque c'est en 15 ans, donc moins de 17 %,
08:34 et pour certaines spécialités, une baisse considérable,
08:37 des médias, des médecins, des médecins,
08:41 on va en parler plus tard.
08:45 Et également un autre phénomène, c'est l'abîmé de médecins étrangers,
08:48 il y a 40 % de médecins étrangers,
08:50 ce qui, sur un plan éthique, peut aussi discuter du fait
08:54 que des peuples, certains pays,
08:58 ne marquent pas bien le public de leurs médecins.
09:01 Ensuite, les études, la découverte de la vraie médecine,
09:04 ce n'est pas tout de suite, c'est à partir de la troisième,
09:06 surtout dans les critères narques,
09:08 et là je dirais que c'est l'immersion dans la vraie vie,
09:14 dans la vie des patients, de la souffrance,
09:18 et en fait, pour moi, ce que je retiens,
09:21 c'est l'importance des modèles,
09:23 les modèles dans la relation en patient,
09:25 parce que finalement, on découvre la relation,
09:29 ses difficultés, ses décailles,
09:33 et donc commence à ce moment-là, le campagnonnage,
09:37 qui se fait au départ dans des visites,
09:40 ce qu'on appelle des grandes visites,
09:42 à l'époque, il n'y avait plus à Rennes d'amphi,
09:44 il y en avait encore à Paris,
09:46 quelque chose qui peut paraître inhumain, bien sûr,
09:50 mais il y avait encore des grandes visites,
09:54 qui peut-être sont aussi des choses à discuter,
09:58 à remettre en question,
10:00 mais en fait, le souvenir que j'ai,
10:02 en tout cas, c'est celui d'une grande motivation,
10:06 c'est là qu'on commence à avoir une vie,
10:08 une charité, à se délire pas,
10:11 avec des gardes qui sont très apprenants,
10:13 mais qui sont aussi des nids de boue,
10:17 et en fait, la découverte aussi d'une grande disparité,
10:20 donc on a les modèles dans la relation,
10:22 mais on a aussi les contre-modèles,
10:25 finalement, on voit le meilleur,
10:27 et on voit aussi le pire.
10:29 Donc là, je voudrais aussi faire une parenthèse
10:31 sur ce dont on parle beaucoup actuellement,
10:33 c'est le consentement, le consentement de soins.
10:37 Je crois qu'à l'époque, finalement,
10:39 il y avait un implicite,
10:41 le patient consentait les soins.
10:43 On ne se posait pas la question,
10:45 ni pour les examens cliniques,
10:47 à l'époque, qui étaient très compliqués,
10:50 en particulier en neurologie,
10:51 ni pour les gestes sympathiques,
10:53 qui touchaient beaucoup les yeux.
10:55 En fait, je pensais aussi à une…
10:59 on en a parlé à l'intérieur,
11:01 on est passés tous les deux,
11:03 on a mis un stage,
11:05 au service de médecine inférieure,
11:07 il fallait le faire de façon systématique,
11:09 quelque chose qui n'était pas toujours utile,
11:11 les toucher, les toucher intime,
11:14 on ne demandait pas au patient,
11:16 et donc tous les deux, en fait,
11:18 on s'est rendu compte que tous les deux,
11:20 on avait triché.
11:21 C'est-à-dire que Hervé dit tout ce qu'il nous avait fait,
11:24 alors qu'on ne l'avait pas fait,
11:26 et moi, je mettais un bloc,
11:29 je lui fais toucher le toucher,
11:31 je ne répondais pas,
11:32 je ne m'étais pas toujours attrapée.
11:34 - C'est un peu comme le corps.
11:36 - D'accord, ça marche.
11:38 Après, donc, la fin des études
11:42 était marquée pour une fraction simplement d'étudiants
11:46 par la préparation de l'internat.
11:50 Je l'ai passé deux fois,
11:53 et c'était un bâchage très important,
11:56 pas forcément un grand souvenir,
11:58 parce que c'est à partir de là
12:00 qu'on a fait beaucoup de renoncements
12:02 et de renoncements.
12:04 J'en ai profité dans cette préparation,
12:06 parce que j'étais quand même assez curieuse
12:08 des différentes possibilités de l'exercice,
12:11 par faire un stage chez le praticien,
12:13 un praticien ici présent,
12:15 et là, je pense que j'ai aussi beaucoup appris
12:18 dans la relation avec lui.
12:22 Alors, effectivement, l'internat à l'époque
12:24 était réservé à une petite fraction,
12:26 et maintenant, ça a complètement changé,
12:28 et là encore, c'est quelque chose que Hervé abordera.
12:31 Alors, l'internat et ce qui suit,
12:34 c'était quand même pas rien,
12:36 puisque j'ai été un an à Abranche,
12:38 avant d'être internarène quatre ans,
12:40 puis six mois à l'étranger
12:43 pour la neurologie pédiatrique,
12:45 puis deux ans en clinique.
12:47 C'est vraiment un investissement énorme.
12:49 C'est une immersion,
12:51 c'est vraiment, comment dire,
12:55 c'est quelque chose de très particulier.
12:59 On vit, on vit le maximum,
13:01 on dort le maximum, on mange le maximum.
13:03 Est-ce que c'est bien ou pas bien ?
13:06 Je trouve qu'on ne l'a pas forcément mal vécu,
13:10 c'est ça que je veux dire.
13:11 Vous voyez, à Abranche,
13:12 il y a des gardes un jour sur deux.
13:14 Quelle interne actuellement accepterait ?
13:16 Ce stage justifié des gardes un jour sur deux,
13:20 c'était le stage le plus recherché,
13:23 le stage en pédiatrie le plus recherché.
13:25 Finalement, il y a quand même un rapport
13:28 à la réaction d'interne,
13:30 qui a quand même beaucoup changé
13:32 entre notre époque et maintenant,
13:35 sans jouer les yeux comme la terre.
13:38 C'est l'époque où je me suis donc orientée
13:40 vers la neurologie, très décriée,
13:44 parce que les hétalomènes,
13:46 à l'époque, c'était une spécialité
13:48 qui n'avait pas beaucoup de traitements,
13:50 notamment ce qui était à Tiber-Berthoudin,
13:52 donc vous savez, ça a beaucoup changé.
13:55 Mais j'ai été attirée par le côté extrêmement clinique,
13:59 par effectivement le côté,
14:02 la richesse de la démarche épothéco-débutiste,
14:07 la démarche du médecin,
14:10 qui fait des hypothèses,
14:15 qui les analyse après sur les hétalomènes.
14:18 Mais c'était avant le CNR,
14:19 c'était avant l'IRS,
14:20 ce qui fait que c'était pas très bon,
14:25 on avait eu quand même beaucoup d'erreurs.
14:28 Mais finalement, on disait déjà à l'époque
14:32 que c'était une spécialité qui allait se transformer,
14:35 qu'il fallait être le siècle de la neurologie,
14:40 et de fait, il y a eu énormément de progrès,
14:43 à la fois dans les hétalomènes documentaires,
14:47 avec des imageries extraordinairement incroyables,
14:51 mais aussi dans les traitements.
14:54 Donc voilà, on était deux médecins spécialistes,
14:57 il fallait trouver un double poste,
15:01 et pour moi finalement, après ma passage à 52,
15:06 ça a été un poste à 8 ans,
15:10 à la clinique de la Sagesse,
15:13 et une partie dans le médico-social,
15:18 auprès d'une structure de personnes en situation de handicap.
15:22 Alors juste aussi une petite précision
15:25 sur le système de santé français,
15:27 parce que finalement, on oppose souvent l'hôpital public
15:31 aux cliniques privées à but lucratif,
15:35 mais il y a un troisième système,
15:37 qui est aussi un sujet,
15:40 qu'on appelle les PSPH, et qu'on appelle maintenant ESPIC,
15:44 c'est-à-dire que ce sont des établissements
15:47 à but non lucratif,
15:49 établissements de santé et d'intérêt collectif.
15:52 Ils représentent une faible partie, 14% en France,
15:55 mais il y a des pays où en fait,
15:58 la majorité des moyens sont dans ce type de structures.
16:06 Alors les gestionnaires sont soit des associations,
16:10 soit des fondations,
16:12 soit même des ordres religieux,
16:14 de moins en moins, mais c'est encore le cas.
16:17 L'avantage, c'est que j'ai été très heureuse
16:20 pendant ces 15 ans à la Sagesse,
16:23 je dirais que l'avantage, c'est la souplesse,
16:27 les processus d'entretien sont rapides,
16:30 la gestion est beaucoup plus simple,
16:32 beaucoup moins administrativisée,
16:34 puisque l'Italie, c'est une ville difficile.
16:37 Mais par contre, évidemment,
16:41 il ne faut pas avoir le défi,
16:43 et on a vu que dans les années 2005,
16:46 avec Paris-Légault-Légendre,
16:48 un certain nombre ont été enceintes du PSPH,
16:51 notamment la Sagesse, puisque du coup,
16:53 la spécialité que j'exerçais, la neuro-pédiatrie,
16:57 n'était plus financée,
16:58 donc elle a disparu,
17:00 rebasculée à l'hôpital public avec toute mon équipe.
17:04 C'est là que je voulais parler de ce que j'ai effectivement vécu,
17:09 parce que je n'ai pas reconnu mon hôpital
17:12 en étant 15 ans après,
17:14 c'était en 2006.
17:16 J'avais quitté l'hôpital,
17:18 peut-être pas très bien toujours organisé,
17:21 peut-être, comment dire,
17:24 un peu paternaliste, etc.,
17:26 mais joyeux,
17:29 avec beaucoup de gens passionnés.
17:31 J'ai retrouvé un hôpital,
17:34 comment dire,
17:36 pressant d'inachines,
17:38 oui, un peu déshumanisé,
17:41 avec beaucoup de gens en souffrance,
17:44 pas que des médecins,
17:46 mais aussi des paramédicaux,
17:49 des infirmières,
17:51 des êtres soignants, etc.
17:54 Il faut dire que pour mettre dans l'ambiance,
17:57 ma première rencontre,
17:59 quand je suis rentrée au Juillet,
18:01 c'était un contrôleur de gestion.
18:04 J'en souviens encore de ce qu'on prenait,
18:06 parce que j'ai tout de suite perçu
18:08 qu'on ne pouvait pas se comprendre.
18:10 C'était un jeune, un contrôleur de gestion,
18:12 il n'avait jamais, je pense,
18:14 été un patient de santé.
18:16 Du coup, il me demandait ce que j'allais rapporter.
18:20 Et moi, je savais que je ne rapportais rien,
18:23 parce que j'étais une spécialité d'un crinologue,
18:26 beaucoup d'épileptologie,
18:29 c'est ce que je faisais.
18:31 Et donc, rien n'est valorisé dans cette spécialité.
18:34 La consultation et l'angle,
18:36 elles ne vont rien,
18:38 il y a peu d'hospitalisation,
18:40 un acte technique principal,
18:42 c'est l'électroencéphalogramme,
18:44 qui en fait, à l'époque, était sous-valorisé,
18:47 ils ne rapportaient rien à l'hôpital.
18:51 Ce genre de considération qu'on n'avait absolument pas
18:54 quand on a fait nos études de médecine,
18:56 et que tout d'un coup,
18:58 nous assaillait,
19:01 et nous faisait avoir une drôle de sensation,
19:07 l'impression qu'il y avait une logique économique
19:12 qui ruisselait jusqu'à nuit,
19:16 et qu'on avait beaucoup de mal à faire
19:18 promonter, au contraire, notre logique de soins.
19:21 Donc ça, ça a été vraiment un grand questionnement
19:29 ces années entre 2006 et 2018,
19:32 où je suis de Rennes.
19:35 Pourtant, j'avais un mi-temps
19:38 dans une structure qui s'appelle le Centre référent,
19:41 quelque chose de très intéressant,
19:44 où j'avais une certaine liberté de fonctionnement.
19:47 L'autre partie, j'étais en pédiatrie.
19:51 J'étais dans deux hôpitaux différents,
19:54 14 km, on est par là en CAD,
19:56 avec deux logiques de services différents,
19:59 un service qui n'allait pas bien du tout,
20:04 des problèmes de gestion en permanence.
20:07 Vous voyez, le genre de stress qu'il peut y avoir,
20:11 un jour, le directeur de l'établissement m'appelle
20:14 en me disant "votre budget a disparu".
20:16 On ne peut pas continuer.
20:18 Je veux dire, finalement, on a continué,
20:20 le budget a été retrouvé, mais c'est vrai,
20:22 ce genre de choses, ça fait que je pense
20:26 qu'il y a des gens qui partent.
20:29 Et d'ailleurs, je suis partie.
20:31 En plus, il y avait plusieurs de mes collègues
20:33 avec qui je travaillais, des départements,
20:35 qui étaient partis, des différentes,
20:37 mais souvent, on vient quand même
20:39 avec cette difficulté, cette souffrance
20:42 de ce qui était devenue l'hôpital physique.
20:45 Et pour avoir un temps partiel, d'une part,
20:48 c'est partagé entre deux hôpitaux,
20:51 l'OCHU de Rennes dans l'hyper-expertise,
20:54 où là, je suis vraiment de confort,
20:56 on est un peu plus à l'expertise,
20:58 pas du tout de gestion,
20:59 et puis l'hôpital de Saint-Grieux,
21:01 qui à l'époque n'était pas en déficit,
21:03 et du coup, j'ai pu avoir des projets
21:06 assez porteurs, comme par exemple
21:08 investir dans l'éducation thérapeutique,
21:11 investir dans des organisations
21:16 de plus de jours, avec une possibilité
21:21 pour les patients d'avoir tout leur système
21:23 en même temps, mais je ne sais pas.
21:26 Et puis, je me suis mis dans une position
21:28 de résilience, je me suis dit,
21:30 bon voilà, il me reste longtemps,
21:32 et je ne veux pas que ce soit dans la synchrone,
21:36 et donc, voilà, c'était un temps partiel
21:40 dans chaque hôpital,
21:42 un temps partiel à Rennes, 20%,
21:44 20 % de terminaux, que ce soit ici.
21:47 Bref, donc du coup, je me suis dit,
21:49 je fais comme je pense,
21:51 et je me moque du reste,
21:54 je me moque des contraintes dotées de dosages,
21:57 je me moque des contraintes de gestion, etc.
22:00 J'essaie de me concentrer sur le patient,
22:02 et que sur le patient,
22:04 je switch les réunions médicales et médicales
22:07 et je me suis dit,
22:10 bon, beaucoup de choses sont faites,
22:12 beaucoup de temps perdu,
22:14 et je me place entre donc sur mon métier.
22:17 Voilà, donc, juste pour terminer,
22:20 une petite parenthèse sur le problème
22:22 des maladies chroniques,
22:24 parce que ça concerne quand même beaucoup
22:26 la neurologue que je suis,
22:28 pour dire qu'effectivement,
22:30 l'hôpital public a un petit peu péché
22:33 par rapport aux maladies chroniques
22:35 en étant extrêmement sanitaires,
22:37 et on l'a vu, ça a été vraiment
22:39 très sensible au moment du COVID,
22:41 puisque les consultations ont tout simplement
22:43 été fermées, les maladies chroniques
22:45 ont été étudiées, d'abord elles sont fragiles,
22:48 et donc tout a été consacré au COVID,
22:51 et pendant des mois, finalement,
22:53 les patients, par consigne,
22:55 ont été hospitalisés,
22:57 les problèmes d'adaptation n'ont pas pu
22:59 être aussi.
23:01 Et donc, actuellement,
23:03 il y a tout un effort qui est fait
23:06 pour effectivement créer du lien
23:09 entre l'hôpital public et la ville,
23:11 parce que finalement, c'était deux domaines
23:13 qui restaient beaucoup trop cloisonnés.
23:15 Et donc, ils sont permis
23:17 des tout à fait dispositifs,
23:19 et je peux dire que j'ai eu la chance
23:23 de pouvoir participer à l'émergence
23:26 de plusieurs dispositifs,
23:28 un sur l'approvisionnement des patients
23:32 neurologiques, c'est le bon nom de l'ERA,
23:35 un autre à l'estimation des patients
23:37 neurologiques chroniques, au nom de IREN,
23:40 et je peux dire que ça a été vraiment
23:43 une grande satisfaction,
23:45 de sortir d'un exercice un petit peu
23:47 solitaire, hyper-expert, pour aller
23:49 vers l'accompagnement multimodal,
23:52 multidisciplinaire des patients.
23:55 Voilà, désormais recrutée,
23:57 je garde une activité dans le secteur
23:59 médical et social,
24:01 que je considère comme être étroite
24:03 d'humanité, humanité que je pense
24:06 que l'hôpital retrouve,
24:09 en sachant qu'il va en partie
24:11 retrouver au moment du premier jour.
24:13 Mais est-ce qu'il faut une crise
24:15 pour que ce soit,
24:17 que l'humanité soit recueillie ?
24:21 Je pense qu'il faudrait que l'hôpital
24:23 fasse un peu de décision.
24:25 En conclusion, je pense que c'est un métier
24:27 extrêmement attractif, actuellement,
24:29 les propriétaires ne manquent pas.
24:31 On voit même des jeunes qui sont prêts
24:34 à immigrer,
24:36 qui n'ont pas pu accéder
24:39 dans la voie des concours,
24:41 qui vont à l'étranger,
24:43 ils sont motivés pour ce métier.
24:45 Je pense que les médecins et les infirmières
24:48 sont toujours très bien formés en France,
24:50 mais que l'hôpital va mal,
24:52 parce qu'il est sous-financé, sur-immigré,
24:54 avec beaucoup de professionnels dans le mal.
24:56 Puis dans le libéral,
24:58 dans les départements,
25:00 ça a l'air mieux qu'on garde.
25:02 Donc, il y a de l'espoir.
25:04 Est-ce que l'espoir, c'est Aurélien Rousseau ?
25:06 Est-ce que l'espoir, c'est nous, collectivement ?
25:10 Je pense que c'est un peu la deuxième réponse.
25:12 Merci Catherine.
25:17 Préparez bien vos émotions.
25:20 On se tiendra.
25:22 Merci pour l'invitation.
25:25 Laissez tenir vos ennuis dans le temps,
25:27 et je vous remercie.
25:29 Je pourrais dire que
25:31 ça pourrait paraître simple,
25:33 je suis pédopsychique,
25:35 j'étais à l'internat,
25:37 puis j'étais professeur,
25:39 et maintenant je suis
25:41 président du collège de ma spécialité,
25:43 et maintenant je suis professeur émérite.
25:45 Ça c'est bien ronflant,
25:47 émérite,
25:49 c'est surtout qu'on est volontaire,
25:51 non anonymisé.
25:53 Je travaille encore pour la faculté
25:55 non anonymisée.
25:57 Je pense que ça pourrait paraître
25:59 comme ça, issu d'une vocation,
26:01 mais en fait ce n'est pas du tout l'histoire que je vais vous raconter.
26:03 Je pense que ça peut être intéressant,
26:05 je ne sais pas si ça vous est intéressant ici ou ici,
26:07 il y a des étudiants,
26:09 c'est pour dire que ce n'est pas
26:11 parce qu'on a décidé quelque chose
26:13 que forcément on va faire cette chose-là,
26:15 et pour autant, il faut avoir un an de vie.
26:17 Parce que la vie c'est comme ça,
26:19 il y a des coïncidences, des conséquences,
26:21 je vais vous en reparler.
26:23 La deuxième remarque que je voulais dire,
26:25 c'est que je parle sans notes.
26:27 Et puis là, je me suis rendu compte que parler de moi-même,
26:29 c'est un truc que je ne sais pas faire du tout.
26:31 C'est un exercice extrêmement difficile,
26:33 que j'ai vraiment jamais fait.
26:35 C'est horrible en fait,
26:37 parce que c'est raconter sa vie,
26:39 alors qu'est-ce qu'on doit dire ?
26:41 Alors qu'est-ce qu'il est moi ?
26:43 On a pris des notes pour raconter notre propre vie,
26:45 c'est presque paradoxal.
26:47 Pour bien nous lier,
26:49 c'est de vous dire à quel point
26:51 effectivement on est bien fait dans notre spécialité.
26:53 Catherine est de la discipline médicale,
26:55 spécialiste en neurologie,
26:57 moi je suis de la discipline chirurgicale,
26:59 qui est moins importante,
27:01 je vous en parlais tout à l'heure.
27:03 Ma spécialité c'est la chirurgie orthopédique
27:05 et traumatologique,
27:07 donc c'est les articulations,
27:09 la cure d'un côté,
27:11 et toutes les prothèses et les chirurgies de l'autre.
27:13 Ma trajectoire,
27:15 j'apprends le même temps que Catherine,
27:17 c'est un projet que elle invente,
27:19 c'est pourquoi est-ce que j'ai fait médecine ?
27:21 Catherine vous a parlé,
27:23 je pense qu'elle a vraiment une vocation,
27:25 elle a eu une ou plusieurs étincelles,
27:27 ou contacts,
27:29 on ne lui a pas raconté toute sa vie,
27:31 il y a des choses qui l'ont orienté dans sa vie familiale aussi,
27:33 des événements, des pratiques,
27:35 avec un frère on s'est fait des symposons
27:37 de l'hôpital de Châché,
27:39 ce qui fait que c'est un peu une étancheuse
27:41 qu'on peut vraiment appeler une vocation.
27:43 Pour moi ça n'a pas du tout été ça.
27:45 Est-ce que je vais devoir le porter comme une vente ?
27:47 Je ne sais pas,
27:49 c'est pour l'historier après.
27:51 Moi j'ai une fille,
27:53 hélas ma fille ne marche toujours comme ça,
27:55 puisqu'on n'avait pas à l'époque
27:57 une issue de CSP+,
27:59 mon père était chef d'entreprise,
28:01 c'était le Péli-Bourg, c'était des glordeuses,
28:03 donc il fallait accéder à une certaine aisance,
28:05 et il était logique,
28:07 on fasse des études.
28:09 Je ne posais pas de questions,
28:11 la valeur du travail était au premier plan,
28:13 il fallait trouver à l'école,
28:15 il fallait trouver un travail,
28:17 et il y a eu ça,
28:19 et d'une année après Catherine,
28:21 qui est un petit peu plus jeune,
28:23 j'ai passé un bac scientifique moyen,
28:25 ce qui fait que je pense qu'à la fin de la facesse,
28:27 on parle aux médecins,
28:29 mais je n'aurais pas pu le suivre.
28:31 Aujourd'hui j'aurais pu le suivre,
28:33 parce qu'ils ont fait deux voies,
28:35 et j'aurais pu le suivre en LAS,
28:37 je pense, dans la loi licence.
28:39 Je vous parlerai aussi du premier cycle,
28:41 c'est très intéressant,
28:43 il y aura peut-être des questions sur l'accès à la médecine.
28:45 Moi j'ai été reçu,
28:47 mieux que je ne pensais,
28:49 en réalité je voulais faire dentiste,
28:51 et du coup je me suis fait prendre bien dessus,
28:53 et j'ai considéré que la médecine,
28:55 c'était mieux, j'espère qu'il n'y a pas de dentiste,
28:57 et donc j'ai fait médecine.
28:59 Et puis après je considère
29:01 qu'il y a eu deux tournants,
29:03 bien sûr on est à qui on a parlé d'experiment,
29:05 très bien,
29:07 pour moi le premier grand choc,
29:09 c'est vraiment l'intermède.
29:11 Effectivement à l'époque,
29:13 il y avait une petite partie des internes
29:15 qui passaient l'internat,
29:17 c'était ce qu'on appelait à l'époque la voie royale.
29:19 On avait passé l'internat,
29:21 c'était un contrôle difficile,
29:23 on renonçait
29:25 du jour au lendemain
29:27 une partie de sa vie personnelle,
29:29 de loisirs,
29:31 et puis tout à coup on était reçu interne,
29:33 et on était mis en responsabilité.
29:35 C'est-à-dire que vraiment, à cette époque-là,
29:37 moins que 20 ans avant,
29:41 on était en premier rang,
29:43 mais on était quand même tout à coup,
29:45 les premiers jours de garde, on avait dit.
29:47 C'était à nous d'examiner,
29:49 c'était à nous d'appeler l'aîné
29:51 pour lui expliquer ce qui se passait,
29:53 et ça pour moi c'était un choc,
29:55 parce que si on a une conscience,
29:57 là on est face à sa conscience,
29:59 on ne doit pas se louper.
30:01 Jamais de toute sa vie,
30:03 on ne devine qu'on ne va jamais se louper.
30:05 Et quand même là,
30:07 on rencontrait le patient.
30:09 Et que le patient,
30:11 avant on l'avait vu comme externe,
30:13 mais pas vraiment, alors là tout à coup,
30:15 dans la garde, à 2h du matin,
30:17 lui il arrivait et il nous disait confiance.
30:19 C'est la fameuse conscience qui rencontre la confiance.
30:21 C'est une machine, ça marche toujours,
30:23 ça n'a pas changé aujourd'hui,
30:25 ça c'est un porteur d'espoir,
30:27 et ça fait qu'on rentre dans ce qu'a décrit Catherine,
30:29 ensuite l'internat,
30:31 5 années d'internat, c'est un tour union.
30:33 C'est vrai que là on est énormément
30:35 aidés par le corps de garde,
30:37 c'est à dire l'internat,
30:39 les collègues qui viennent à l'aide,
30:41 et puis les aînés qui ne nous refusent jamais,
30:43 quand on les appelait, je crois que je n'ai jamais eu
30:45 un aîné qui m'a dit "je vais t'aider, je viens".
30:47 Voilà, c'est comme ça.
30:49 Et Catherine a utilisé le mot,
30:51 et c'est très important,
30:53 parce qu'aujourd'hui,
30:55 se pointe l'ombre planante noire
30:57 de l'intelligence artificielle,
30:59 vous avez tous vu dans le monde,
31:01 que le métallurgiste,
31:03 il s'est formé par un ordinateur,
31:05 il s'est formé par un ordinateur,
31:07 etc.
31:09 L'intelligence artificielle peut t'aider,
31:11 mais le compagnonnage,
31:13 le bouclier, c'est le compagnonnage.
31:15 Et en médecine,
31:17 peut-être plus d'ailleurs,
31:19 parce qu'on joue avec la santé des gens,
31:21 on doit les réparer, on doit les traiter,
31:23 et on doit être des compagnons,
31:25 avec un compagnon qui nous aide,
31:27 qui va nous compagner,
31:29 qui va aussi manger avec nous,
31:31 c'est ce que veut ce mot-là,
31:33 c'est ce qu'on a en soi dans ce cas-là.
31:35 Donc le premier choc,
31:37 ça a été la mise en responsabilité,
31:39 parce que là, tout à coup,
31:41 on est face à un immense défi,
31:43 tout ce qu'on a appris,
31:45 il faut le mettre en application,
31:47 c'est ce qu'a dit Catherine,
31:49 c'est la démarche du protocole,
31:51 c'est la contextualisation,
31:53 ce qui se passe là-dedans,
31:55 et c'est la rencontre avec le patient,
31:57 jusqu'à la fin de ma carrière,
31:59 et encore aujourd'hui,
32:01 rencontrer un patient,
32:03 c'est la chose principale,
32:05 c'est-à-dire que lui,
32:07 il est arrivé avec son angoisse,
32:09 on a dit récemment,
32:11 la première question qu'il a posée,
32:13 c'est qu'est-ce qu'il y a contre un patient,
32:15 c'est qu'on soulage son angoisse,
32:17 avant de lui dire quelle protège il lui met,
32:19 ou quelle plaque il lui met,
32:21 pour m'assurer de sa santé,
32:23 c'est d'abord, je vais m'occuper de lui,
32:25 quand on a compris ça,
32:27 on le fait jusqu'à la fin de sa vie,
32:29 pourquoi la chirurgie,
32:31 parce qu'on n'a pas vraiment de neurologie,
32:33 moi je voulais faire de la neurologie,
32:35 j'avais commencé à l'étudier,
32:37 je fais toujours de la neurologie,
32:39 et puis il n'y avait rien d'autre
32:41 qui m'intéressait vraiment en médecine,
32:43 donc j'ai fait de la chirurgie,
32:45 et pourquoi l'orthopédie et la chromatologie,
32:47 parce que c'est vrai que vous en avez peut-être
32:49 une vision un peu caractéristique,
32:51 les plaques, les vis, les boulons,
32:53 en réalité ce n'est pas ça du tout,
32:55 quand vous soignez, surtout en orthopédie,
32:57 mais en orthopédie c'est la douleur,
32:59 de soigner la douleur des gens,
33:01 les gens ont mal, ils viennent nous voir parce qu'ils ont mal,
33:03 les gens qui sont aussi
33:05 du groupe bali,
33:07 on a appris ce que c'était que la douleur,
33:09 ce que ça pouvait masquer,
33:11 et ensuite j'ai beaucoup,
33:13 dans les enseignants, un enseignement
33:15 qu'il a dû faire, c'était de venir des gens
33:17 qui parlaient aussi de leur partie fonctionnelle,
33:19 de leur ressenti, qui n'étaient pas forcément
33:21 organiques, et puis le progrès,
33:23 ce n'était pas toujours la bonne solution,
33:25 on a dû faire du travail d'accompagnement.
33:27 Donc j'ai fait un peu de chromatologie pour ça,
33:29 et j'ai fait,
33:31 dans ce cas-là, c'est un cycle long,
33:33 c'est-à-dire que les chirurgiens,
33:35 les chirurgicales, sont ceux qui
33:37 encore aujourd'hui ont les parcours
33:39 de DES les plus longs,
33:41 c'est-à-dire qu'ils ont six années d'enseignement,
33:43 et ils vont tous pratiquement faire
33:45 un post-internat,
33:47 qui normalement aurait pu disparaître,
33:49 qui aurait pu prendre une troisième cycle,
33:51 et qui vont quand même peut-être étudier en médecine.
33:53 Donc ils vont quand même tous,
33:55 là on est à la première génération
33:57 d'internes qui ont fini
33:59 leur internat après la réforme,
34:01 et tous en chirurgie demandent
34:03 des post-internats, parce qu'ils considèrent
34:05 que six ou cinq, onze,
34:07 ils ont encore besoin d'un petit peu
34:09 de mise en responsabilité,
34:11 vraiment comme vrais seniors,
34:13 cette fois-ci, avant de se relâcher,
34:15 parce qu'ils sont aussi
34:17 chirurgiens, mais d'abord médecins,
34:19 mais ensuite un deuxième métier
34:21 manuel à apprendre,
34:23 et que ça prend beaucoup de temps.
34:25 Et donc ensuite, mon exercice,
34:27 il a été un petit peu curieux,
34:29 parce qu'en réalité, je suis parti,
34:31 je devais m'installer dans le privé
34:33 à l'université, parce que j'étais bien parti
34:35 pour ça, et vous ne voyez pas d'extra,
34:37 je ne sais pas pourquoi après,
34:39 et puis en fait, effectivement,
34:41 un établissement qu'on a fait à l'époque, PSPH,
34:43 Participants Services Publics Hospitaliers,
34:45 qu'on appelle maintenant ASIF,
34:47 Catherine nous a donné la chronique,
34:49 un clin d'oeil, elle m'a dit "Viens,
34:51 venez", et ça m'attirait
34:53 pour des raisons qualitatives.
34:55 On a eu une explicité après,
34:57 qui est essentiellement le fait de pouvoir soigner
34:59 dans les bonnes conditions,
35:01 avec une manœuvrabilité administrative
35:03 indiscutable, et une préconnexion
35:05 de la relation directe avec l'argent,
35:07 de la relation patient,
35:09 une partition d'argent,
35:11 en fait, des salariés,
35:13 simplement, des salariats.
35:15 Donc c'est ça qui m'attirait,
35:17 et je suis donc allé, moi aussi,
35:19 avec une vue de la sagesse pendant 4 ans,
35:21 et bien je ne l'avais pas décidé.
35:23 Vous voyez, je n'avais pas décidé
35:25 vraiment d'être médecin, je voulais être dentiste,
35:27 je n'avais pas décidé d'être chirurgien,
35:29 et je m'en souviens, chirurgien, je devais partir
35:31 dans le pédagogie pratique,
35:33 à la sagesse, et très content d'ailleurs,
35:35 parce que le système répond bien,
35:37 mais il attend, mais pas tout à fait.
35:39 C'est pour ça qu'il y a un acte droit,
35:41 c'est que, à ce moment-là,
35:43 le CHI m'a dit,
35:45 m'a rappelé en disant
35:47 "ça ne vous intéresse pas, professeur,
35:49 parce qu'il va y avoir un trou
35:51 après le fondement de l'époque,
35:53 et donc,
35:55 il est vrai que ça m'a tenté,
35:57 parce que l'enseignement,
35:59 le contact avec les jeunes,
36:01 c'est quelque chose que j'ai toujours adoré,
36:03 et que j'adore toujours,
36:05 pas forcément pour leur apprendre des techniques chirurgicales,
36:07 mais surtout parce qu'ils disent
36:09 qu'ils doivent être comme médecin, comme chirurgien.
36:11 Un chirurgien, un chirurgien,
36:13 il doit être d'abord un médecin, ça me plaisait bien.
36:15 Et puis, déjà à l'époque,
36:17 se dessiner quelque chose
36:19 qui aujourd'hui est généralisé,
36:21 c'est-à-dire que, c'est ce qu'on appelle
36:23 la sur-spécialisation,
36:25 c'est-à-dire que vous êtes dans une discipline,
36:27 une spécialité, et vous vous sur-spécialisez.
36:29 C'est-à-dire que, aujourd'hui,
36:31 un orthopédiste-combatteur qui s'installe en privé,
36:33 ne fait plus que de l'âge,
36:35 ou que de l'aile,
36:37 ou que du poignet et des doigts,
36:39 il ne fait plus rien d'autre.
36:41 Ça, c'est fait pendant 4 ans à la sagesse.
36:43 Et c'est vrai qu'au bout de 4 ans, je me disais,
36:45 je vais encore faire 27 ans comme ça,
36:47 faire que de l'épaule,
36:49 ça ne me plaisait pas.
36:51 Parce que j'avais appris tellement d'autres choses.
36:53 Et puis, que ça, j'ai aussi fait de la cancérologie,
36:55 ce qu'on faisait dans le service, c'était de savoir faire,
36:57 de savoir faire la microchirurgie,
36:59 parce qu'on a un service,
37:01 on a pu un service qui forme très bien et beaucoup,
37:03 et j'avais envie de continuer à le faire
37:05 et à le transmettre, même si avec le temps, ça s'éloignait.
37:07 Et donc, je suis retourné à l'hôpital,
37:09 c'est l'acte 3,
37:11 et là, vous basculez dans un autre monde,
37:13 qui est le monde universitaire,
37:15 et puis tout à coup, vous devenez
37:17 professeur,
37:19 en 1998, et en fait, vous changez d'employeur.
37:21 Mon employeur principal est devenu
37:23 l'université, vous changez de ministère,
37:25 parce que du coup, c'est le ministère
37:27 de l'enseignement, de la recherche,
37:29 et en fait, vous êtes assis sur deux chaises
37:31 à la fois, c'est-à-dire à la fois, vous êtes salarié
37:33 principal du ministère
37:35 de l'enseignement, mais qui est aussi
37:37 la principale rémunération
37:39 des professeurs des universités
37:41 pour les pratiquants hospitaliers,
37:43 parce qu'on s'appelle comme ça, nos rémunérations
37:45 de pratiquants hospitaliers n'étant qu'indéliminaires
37:47 et ne donnant pas droit à la retraite.
37:49 Aujourd'hui, je suis en finulement de ma retraite,
37:51 je vais retraiter le ministère
37:53 de l'enseignement supérieur,
37:55 et j'ai un petit salaire
37:57 de l'hôpital parce que je m'occupe encore
37:59 des groupements hospitaliers de territoire,
38:01 on en parlera plus tard.
38:03 Voilà donc, la leçon
38:05 que j'ai envie de dire pour les jeunes, c'est que
38:07 la vocation existe, parce que Catherine
38:09 en est vraiment un exemple, je crois qu'elle a eu
38:11 des étincelles successives, alors que moi,
38:13 mon parcours, il était en fait
38:15 de choix successifs
38:17 à l'occasion de coïncidences
38:19 et de contingences, c'est-à-dire
38:21 les conditions au fait que,
38:23 finalement, j'ai préféré faire médecine plutôt que dentiste,
38:25 je peux faire les deux.
38:27 J'ai fait chirurgie parce que je ne pouvais pas faire
38:29 neuro, on m'a dit qu'il n'y aura pas de place.
38:31 J'ai fait chirurgie, mais
38:33 ce dont je me suis rendu compte, c'est que
38:35 plus fort que ça,
38:37 ce qui importait,
38:39 ça me rappelle ce qu'a dit
38:41 Jean-François dans l'introduction,
38:43 c'est la notion de service rendu
38:45 à l'autre. Et ça, c'est fondamental.
38:47 Et c'est encore vrai aujourd'hui.
38:49 L'autre,
38:51 on peut l'être comme on veut, c'est le père, c'est le citoyen,
38:53 c'est une façon de rendre
38:55 service à l'autre et d'être équitable dans l'association.
38:57 Je pense que ça,
38:59 ça reste aussi bien pour Catherine que pour moi
39:01 un maître mot et d'être
39:03 utile en plus à deux niveaux, parce que c'est dans le choix
39:05 et c'est dans l'enseignement. Donc, c'est
39:07 double répondance. Et d'ailleurs,
39:09 en tant qu'intérieur, en tant que professeur
39:11 américain, c'est une forte répondance aussi.
39:13 On dit que vous avez la tête
39:15 pour vous garder encore un peu à 68 ans
39:17 et on a le droit de rester encore plus longtemps
39:19 si on veut, parce que le doyen
39:21 décide, c'est lui qui décide de vous garder
39:23 ou pas parce que vous êtes encore utile
39:25 aux jeunes, il l'estime en tout cas.
39:27 Et que deuxièmement,
39:29 dans ces choix, ce qui a
39:31 prévalu aussi, c'est la déconnexion.
39:33 Ça, c'est fondamental.
39:35 J'ai fait quatre années
39:37 de chirurgie
39:39 privée, enfin, je veux dire, j'ai fait une privée
39:41 à l'hôpital, sept heures d'un conventionné
39:43 sans dépassement de l'honneur lié.
39:45 C'est Catherine qui en a été la principale victime
39:47 parce qu'elle faisait ma comptabilité
39:49 et je trouve que ça a
39:51 un peu amélioré mon salaire, mais en réalité,
39:53 ça nous a mis tellement dans l'humus,
39:55 on a découvert qu'il y avait plus de 80 individuels
39:57 qui ont passé une heure là,
39:59 et puis j'ai arrêté parce que vraiment, c'était
40:01 trop compliqué, et puis que je n'aimais pas
40:03 que l'acte
40:05 de consultation et de décision,
40:07 de diagnostic et de soin
40:09 soient corrélés au gain
40:11 financier. C'est-à-dire,
40:13 en gros, plus je perds, plus je gagne d'argent,
40:15 ça ne m'allait pas. C'est un truc
40:17 qui ne m'a jamais été et je pense
40:19 qu'aujourd'hui, c'est un problème
40:21 dans le fonctionnement
40:23 des hôpitaux privés, on en parlera tout à l'heure,
40:25 et loin de moi l'idée de stigmatiser
40:27 les hôpitaux privés parce que leur place
40:29 est trop importante, et s'ils n'étaient pas là,
40:31 une grande partie de la chambre du courant ne pourrait pas être faite,
40:33 et 75% de l'orthopédie
40:35 traumato de nos élèves, ils partent.
40:37 Mais il y a quand même là
40:39 quelque chose qui a fait
40:41 que moi, j'ai préféré, et c'est ce qu'on en parle aujourd'hui,
40:43 rester à l'hôpital public
40:45 sans avoir la vie équilibérale
40:47 pour une immense majorité de ma carrière,
40:49 c'est cette déconnexion
40:51 avec la rentabilité financière
40:53 de mon exercice.
40:55 Mes constats de mon côté,
40:57 parce que là, moi je suis dans la discipline
40:59 chirurgicale, c'est très particulier,
41:01 beaucoup plus que pour Catherine,
41:03 parce que c'est beaucoup moins net en médecine,
41:05 c'est vrai que toutes nos études
41:07 et les premières années de notre exercice
41:09 au CHU, on était dans la
41:11 fin finalement de la période glorieuse
41:13 depuis 1958,
41:15 le CHU avait été présenté, construit
41:17 comme le fleuron, là on allait faire
41:19 l'excellence de la
41:21 santé, de la chirurgie, de la médecine
41:23 et puis la formation.
41:25 Et puis on a vécu les dernières années de ça
41:27 où c'est vrai qu'il y avait
41:29 encore le nom d'ARINA,
41:31 un mot qui n'a plus de sens depuis une
41:33 vingtaine, trente ans de l'année maintenant, mais qui était
41:35 encore positif, le nom d'ARINA, on a eu des
41:37 super papiers.
41:39 Voilà, ils nous ont travaillé
41:41 le samedi après-midi jusqu'à 16h
41:43 dans un incitement par exemple,
41:45 mais qui regrette d'avoir été
41:47 l'étudiant de l'incitement ? Personne.
41:49 Donc selon l'ARINA, c'était positif,
41:51 on avait d'autres lois, mais la majorité
41:53 était positive, et donc ça générait
41:55 une joie. Et c'est vrai que ce que
41:57 dit Catherine, elle l'a vu aussi,
41:59 c'était dur, on a dit c'était dur,
42:01 mais c'était joyeux parce qu'on arrivait
42:03 à résoudre les problèmes.
42:05 Et que ça, on a vu un virage,
42:07 ce virage était
42:09 particulièrement vrai en chirurgie
42:11 à partir de la période 2001,
42:13 et donc regardez-le
42:15 parce qu'on me souvient bien des dates,
42:17 la coupable, c'est la
42:19 tarification de l'actualité, c'est
42:21 de l'héritage.
42:23 On ne s'en est pas vraiment tout de suite rendu compte,
42:25 quoi que tout à coup à l'hôpital,
42:27 on s'est mis à compter en nous disant
42:29 "vous piquez tant et vous rapportez tant,
42:31 vous rapportez tout ça".
42:33 On va par chance par rapport à
42:35 Catherine, dans le comité, ça rapporte
42:37 beaucoup d'importance. Et c'est très
42:39 facile de surposer un incident de l'heure,
42:41 on l'a fait, on peut le faire.
42:43 On pourra lui dire qu'il n'y a pas de
42:45 problème, il peut se faire la, et hop,
42:47 il montait de 200 ou 300 euros par an.
42:49 C'est quelque chose que Catherine ne comprenait pas.
42:51 Mais vraiment, ça a été une fracture
42:53 dans notre éthique
42:55 de décommission l'argent, c'est vrai que ça a été...
42:57 Il y a eu un côté positif,
42:59 c'est qu'on a pris conscience quand même
43:01 de tous les choses. Et ça c'était important,
43:03 il fallait que cette résolution financière,
43:05 on l'ait fait à l'hôpital critique,
43:07 parce qu'on était dans notre petit nuage.
43:09 On était les meilleurs, on était les fruits
43:11 de nos mails.
43:13 On s'était peut-être mis trop,
43:15 et d'ailleurs on a des collègues de certaines spécialités
43:17 qui ne sont pas encore redescendus par terre.
43:19 Parce que comme ils ont un éclusif purement
43:21 hospitalo-universitaire, ils pensent que
43:23 le bon c'est eux. Nous, l'orthopromate,
43:25 on est censés en privé.
43:27 Donc, on sait,
43:29 et puis il y a énormément d'activités
43:31 dans les centres hospitaliers, pubs,
43:33 non-universitaires, donc on sait ce que c'est
43:35 que la vraie vie à côté des CHU,
43:37 mais ça nous a dégrisé quelque part.
43:39 C'est le côté positif. Le côté négatif,
43:41 parce qu'effectivement, on a commencé
43:43 à dire que
43:45 à l'hôpital public, il y a des activités
43:47 qui ne seraient pas rentables,
43:49 identifiées comme non rentables, alors on va réfléchir
43:51 à ce qu'il faut nous équiper, etc.
43:53 Et qu'à l'inverse,
43:55 on a vu les cliniques,
43:57 le virage s'est fait là,
43:59 et encore une fois, mon propos
44:01 n'est pas de dire du mal aux centres hospitaliers privés.
44:03 Les cliniques privées
44:05 qui appartenaient aux médecins
44:07 sont devenues des
44:09 cliniques ablues lucratives,
44:11 puis des centres hospitaliers ablues lucratifs,
44:13 puis des hôpitaux privés,
44:15 et aujourd'hui,
44:17 des hôpitaux privés à missions.
44:19 C'est-à-dire qu'on veut coller
44:21 une espèce de fait, alors qu'en réalité,
44:23 ils appartiennent à des banques et à des fonds pensibles.
44:25 C'est tout.
44:27 La gestion ultime
44:29 de ces hôpitaux-là,
44:31 c'est de faire de l'argent.
44:33 Heureusement,
44:35 les médecins sont là avec leur aide.
44:37 Heureusement, les chirurgiens,
44:39 c'est majoritairement chirurgien,
44:41 mais il y a toujours une dérive.
44:43 Tant ce que vous gagnez,
44:45 tant la quantité de ce que vous faites,
44:47 il y a forcément une dérive.
44:49 Elle est naturelle.
44:51 Je ne condamne personne,
44:53 et on sait qu'elle est là,
44:55 et ce n'est pas ça qui provoque la crise de la santé en France,
44:57 mais il faut avoir une vigilance très, très forte là-dessus,
44:59 surtout qu'il n'y a pas de contrôle.
45:01 Il n'y a pas de contrôle.
45:03 Les organismes payeurs,
45:05 les organismes de santé sociale et virtuelle
45:07 ne contrôlent pas la justesse
45:09 des indications du rapport.
45:11 Il y a une méfiance à avoir là-dessus.
45:13 J'arrête parce que majoritairement,
45:15 les chirurgiens, ils sont parfaits.
45:17 Il ne faut pas qu'ils perdent l'intérêt.
45:19 La DGOS,
45:21 qui gérait l'organisation des soins en France
45:23 à travers les ARS,
45:25 à l'époque a planté des arbres de la paix,
45:27 des arbres de futur dans l'équilibre privé,
45:29 et a favorisé tout cela
45:31 en pensant à juste prix
45:33 et ça permettait de se fournir pour moins cher,
45:35 ce qui est vrai, c'est-à-dire qu'une protéine blanche
45:37 allait pas la tenir pour tout moins cher qu'à l'hôpital,
45:39 en oubliant au passage que l'hôpital informait
45:41 qu'on opérait aussi des complications,
45:43 des protéines blanches,
45:45 mais l'infection, donc personne ne l'aimait,
45:47 et qu'elle revienne à l'hôpital à son prix,
45:49 et que forcément, tout est plus cher.
45:51 Cette compréhension du problème
45:53 est en train de se faire en sens inverse maintenant,
45:55 et ça, c'est un vrai espoir.
45:57 Mais cette période-là,
45:59 pour moi, c'est clairement
46:01 l'époque de la marchandisation du soin chirurgical,
46:03 c'est-à-dire que le soin chirurgical
46:05 est devenu un produit.
46:07 Les prothèses, on voit
46:09 combien on leur paye,
46:11 ça rapporte à l'établissement,
46:13 et ça, ça ne correspond pas à mon outil,
46:15 et c'est pour ça que je suis content
46:17 d'être dans le système et de le rester dans le système clinique.
46:19 Les esprits, aussi,
46:21 ont le même esprit que CHU,
46:23 quoique les hôpitaux d'aujourd'hui
46:25 ont un besoin un peu différent.
46:27 Ce qui est bien aussi
46:29 comme effet positif,
46:31 c'est qu'il fallait organiser
46:33 la fonctionnalité des établissements
46:35 et ça aboutit à des regroupements.
46:37 Là, les cliniques privées
46:39 ont vite fait le ménage,
46:41 elles se sont regroupées toutes les cliniques
46:43 qui portaient des noms de "saintes",
46:45 généralement, "saintes"
46:47 sont devenues des hôpitaux privés,
46:49 mais c'est bien parce que ça a regroupé
46:51 des moyens sur des plateaux techniques importants,
46:53 très fonctionnels, très sécurisés.
46:55 Les hôpitaux,
46:57 aujourd'hui, dans les regroupements hospitaliers,
46:59 de quelque part, les hôpitaux cliniques vont probablement
47:01 avoir à faire la démarche identique,
47:03 à se regrouper, mais c'est compliqué
47:05 parce que les politiques s'en mêlent,
47:07 les maires s'en mêlent, et on voit bien,
47:09 par exemple, le regroupement du Nant-Saint-Malo
47:11 qui est extrêmement compliqué pour la chirurgie.
47:13 En plus,
47:15 à choix sur deux départements,
47:17 les politiques sont d'en-debout pour que les regroupements
47:19 ne se fassent pas, alors que l'intérêt
47:21 de tous est en tant que milieu des médecins
47:23 et des patients est que ça se regroupe.
47:25 Le public a un temps de décalage
47:27 et c'est compliqué pour tout le pays.
47:29 Aujourd'hui, la conséquence de cette période,
47:34 de 2004 jusqu'à l'adaptation
47:36 de la loi 8/2017,
47:38 je ne vais pas se le dire, assurez-vous,
47:40 c'est que ça a généré
47:42 la souffrance,
47:44 que l'on vit encore aujourd'hui,
47:46 et que les gens considèrent
47:48 qu'ils ne sont plus aujourd'hui que des
47:50 officiers de production, des outils personnels
47:52 de production de soins, alors qu'avant
47:54 ils étaient vraiment au cœur,
47:56 ils étaient des soignants. Et c'est cette souffrance-là
47:58 qu'on entend aujourd'hui,
48:00 cette augmentation-là de la part des paramédicaux,
48:02 des médicaux,
48:04 contre lesquels il va bien falloir traiter.
48:06 Alors, mes espoirs,
48:08 j'ai énormément d'espoir,
48:10 parce que je pense que
48:12 ça va rebasculer, c'est le phénomène du fléau.
48:14 C'est comme ça. Et ça va repartir,
48:16 mais comme d'habitude,
48:18 la politique, et en ce moment
48:20 les gens qui sont au gouvernement,
48:22 qui sont au sommet,
48:24 on sait bien qu'il est issu d'un monde de la banque,
48:26 qu'il est d'un monde des finances,
48:28 on ne peut pas récréer, mais ça va quand même se faire.
48:30 Le premier espoir,
48:32 c'est vraiment tous à l'hôpital,
48:34 on a été époustouflés
48:36 pendant la crise de la COVID,
48:38 de voir à quel point le public était intéressé.
48:40 Moi j'ai fait partie de la séduceuse
48:42 de crise pendant toutes les crises,
48:44 sauf la dernière je crois,
48:46 et j'ai trouvé ça extraordinaire,
48:48 parce que tous les médecins étaient là,
48:50 tous les représentants, les cadres étaient là,
48:52 jusqu'à les 3h le lundi soir,
48:54 parce qu'on était le point le lundi soir,
48:56 on a énormément travaillé
48:58 avec les cadres,
49:00 avec l'administration, moi j'ai jamais eu
49:02 de problème avec l'administration,
49:04 les directeurs, j'ai toujours trouvé que c'était des gens
49:06 issus de l'école nationale, de la santé publique,
49:08 on ne voyait jamais de patients,
49:10 ils ne comprenaient pas grand chose,
49:12 mais sur le terrain, ils finissaient quand même par comprendre assez vite.
49:14 Et on discutait avec eux,
49:16 et simplement ils impliquaient les vaccins.
49:18 Là ils n'ont pas ouverté le lycée à pris des vaccins,
49:20 et ils ont des budgets à venir,
49:22 et donc dans la COVID,
49:24 la discussion avec eux a toujours été passionnante,
49:26 et j'ai vu tellement d'énergie,
49:28 et le hôpital biologique n'a pas craqué,
49:30 c'est extraordinaire.
49:32 On a vu tout ça,
49:34 on a vu les patients retourner en réa,
49:36 nos internes de chirurgie
49:38 n'opéraient plus,
49:40 ils allaient retourner des patients en réa,
49:42 on aime trop venir du but pour un lapin,
49:44 et ils le faisaient,
49:46 ils ont accepté,
49:48 il y avait un tour de garde pour les internes de chirurgie,
49:50 donc il ne faut pas dire du mal des jeunes,
49:52 ils ont cette volonté de rendre au service aux autres,
49:54 Catherine l'a rappelé,
49:56 c'est ce qu'ils mettent en premier dans leur motivation.
49:58 Simplement, ils ne veulent pas trop
50:00 que ça érode leur qualité de vie,
50:02 et je crois qu'ils ont raison,
50:04 parce que l'équipe de vie des médecins,
50:06 c'est très important pour la qualité du choix.
50:08 Donc la COVID, en ce sens,
50:10 pour moi, elle a été vraiment très régulière,
50:12 c'est d'ailleurs la main sur le cœur,
50:14 et là, bien, Macron a dit,
50:16 effectivement, le système public a tenu à résister,
50:18 c'est la démonstration de son efficacité,
50:20 on va faire ce qu'il faut faire.
50:22 La lutte de Ségur,
50:24 elle n'a pas répondu aux attentes des médecins,
50:26 et on en reparlera peut-être plus tard.
50:28 Donc je pense que
50:30 l'hôpital public est perfectible,
50:32 clairement,
50:34 on a encore des choses à faire,
50:36 mon espoir, il est aussi basé
50:38 sur les jeunes,
50:40 parce que je les perçois encore,
50:42 la réforme de l'intermètre,
50:44 pour le troisième cycle,
50:46 on voit beaucoup plus ces étudiants,
50:48 mais on les voit aussi plus en deuxième cycle,
50:50 mais en troisième cycle, on a une obligation
50:52 d'entretien avec eux,
50:54 est-ce que ça va, est-ce que tu vas bien,
50:56 est-ce que tu es content, est-ce que tu veux continuer,
50:58 ils ont des droits de remords,
51:00 et moi, je ne vois pas quel monde est différent
51:02 avec l'interm que j'étais,
51:04 évidemment, ils ne doivent que 48 heures de travail,
51:06 ça prend quand même plus de 60, 65,
51:08 c'est pas bien,
51:10 mais il ne se pose pas trop de questions,
51:12 il faut le faire,
51:14 jusqu'à ce qu'ils soient suffisamment nombreux
51:16 pour qu'en plus,
51:18 ils soient soulagés de cela,
51:20 ça, ça vaut pour les internes,
51:22 il ne faut pas que ça soit comme ça pour les gens qui sont hospitalisés,
51:24 ils ont une énergie qui est plus pour moi,
51:26 et puis aussi,
51:28 parce que c'est le dernier mot,
51:30 c'est les réformes qui sont en cours,
51:32 il y a eu consécutivement la réforme du second cycle,
51:34 puis la réforme du troisième cycle,
51:36 le second cycle, ça va être 2011,
51:38 le troisième cycle, c'est 2017,
51:40 et le premier cycle,
51:42 la fameuse réforme du premier cycle,
51:44 c'est comment on rentre en médecine,
51:46 c'est 2020,
51:48 donc on est à la troisième année,
51:50 le troisième cycle, c'est une très bonne réforme,
51:52 par exemple, la réforme de l'incubateur,
51:54 je vous en parlerai plus tard,
51:56 bien sûr, elle s'est faite
51:58 au même temps qu'on l'appliquait,
52:00 au final, les effets sont très positifs,
52:02 et pour lui, les internes,
52:04 en médecine, je pense qu'à continuité,
52:06 il est en médecine, il est en chirurgie,
52:08 ils sortent mieux formés, ils vont sortir mieux formés,
52:10 et c'est bien pour nous,
52:12 parce qu'ils seraient mieux opérés encore,
52:14 et mieux pris en charge.
52:16 La réforme du deuxième cycle, elle a des petits travers,
52:18 mais rien de grave,
52:20 la réforme du premier cycle, vous lirez dans la presse,
52:22 c'est compliqué en ce moment,
52:24 parce que tous les doyens, il faut savoir que
52:26 les réformes ne sont pas appliquées de la même façon
52:28 dans les différents UFR, il y en a 27 en France,
52:30 et que certains doyens
52:32 restent un peu dans le passé,
52:34 alors qu'il faut avancer,
52:36 et que la réforme passe,
52:38 hélas, aujourd'hui,
52:40 ça ne fonctionne pas bien,
52:42 j'ai envie de profiter de tout ce que vous dites,
52:44 je le connais, je ne suis pas spécialiste du premier cycle,
52:48 donc j'ai appelé mon voilain ce matin,
52:50 et il faisait plaisir que je communique là-dessus aussi,
52:54 pour faire passer les messages,
52:56 on a discuté une heure, il m'a bien expliqué le pour et le contre,
52:58 je vous en parlais tout à l'heure,
53:00 mais globalement, ce qui est venu,
53:02 c'est d'abord un virus qui est plus
53:04 closus, il est à vertus,
53:06 c'est-à-dire qu'il remonte,
53:08 il y a plus de jeunes à rentrer en médecine,
53:12 qui vont peut-être être un tout petit peu moins homogènes,
53:16 un petit peu moins issus du CSG+,
53:18 peut-être des packs synthétiques,
53:20 mais un gros doute là-dessus,
53:22 et ils sont incontestablement mieux formés,
53:26 et ça c'est vraiment une belle nouvelle,
53:28 j'espère que c'est pas à qui parler.
53:30 Merci.
53:32 Merci.
53:34 Merci à tous !
53:36 [SILENCE]

Recommandations