Webinaire : Combats personnalistes pour la dignité Partie 1

  • il y a 5 mois
Webinaire : Combats personnalistes pour la dignité

Intervenant : Hubert Hausemer

La dignité de l’homme est de nos jours bafouée de multiples manières et cette situation est inacceptable.

Pour agir de façon efficace, il est indispensable de concrétiser la notion de dignité puis de montrer quelles sont de nos jours les urgences concernant la mise en œuvre de la dignité et la lutte contre les atteintes à la dignité.

Date : 3 avril 2024

Ce webinaire a été proposé par l'atelier Philosophies de la personne de LVN.

LVN est un mouvement d'éducation populaire qui existe depuis 75 ans. Nous proposons des formations, des ateliers, des conférences et des rencontres qui favorisent le développement personnel et l'implication citoyenne.
Pour en savoir plus, rendez-vous sur www.lvn.asso.fr

Transcript
00:00Nous allons commencer ce webinaire, et puis Jacques va servir de maître du temps.
00:20C'est un webinaire sur la dignité. La dignité est directement liée à la notion de personne.
00:29C'est pourquoi l'atelier de philosophie de la personne a décidé de s'y attacher.
00:34La dignité, on la retrouve dans énormément de débats actuellement.
00:40Moi, j'ai relevé dans Le Monde dernièrement, on parlait de la dignité du peuple palestinien,
00:47la dignité de la veuve de Nabhanie, la révolution de la dignité de Meïden,
00:53et puis le droit de mourir dans la dignité.
00:56Or, le mot « dignité » n'est pas aussi simple qu'on pourrait le croire.
01:02Les dictionnaires, déjà, présentent plusieurs définitions du mot.
01:08Alors, on va essayer d'approfondir ensemble cette question-là.
01:13Et on commencera par un exposé de Hubert Haussmer, qui va essayer d'analyser le mot,
01:21de parler de son origine et de son évolution.
01:26On abordera ensuite quelques exemples et témoignages, quelques combats ou interrogations
01:32pour voir où et comment se situe la notion de dignité,
01:38sans développer chacun de ces secteurs,
01:41mais en montrant où se situe la dignité dans chacun de ces témoignages.
01:50Alors, les trois témoignages, je les ai indiqués.
01:55Le premier, c'est la question de l'immigration,
02:00quelle dignité pour les personnes migrantes en France.
02:06Le deuxième, c'est le degré d'autonomie des personnes handicapées.
02:14Et le troisième, la question de la fin de vie,
02:19comment est-ce que la dignité est impliquée dans cette question.
02:24Après chacune de ces questions, vous pourrez donner votre avis.
02:31Il y aura un temps de débat de 5 à 10 minutes après chacune de ces questions.
02:41Vous avez vu que vous pouvez lever la main en cliquant sur « Réaction »
02:51et vous pouvez donner des informations, si vous voulez,
02:57en cliquant sur « Discussions » qui vous ouvre sur « Messages ».
03:03Ou sur « Chat ».
03:05Ou sur « Chat ».
03:07Je marque les « Chat » chez vous.
03:09Ah oui, pour ceux qui parlent anglais. D'accord.
03:15Donc, maintenant, je ne sais pas si j'ai oublié quelque chose,
03:21Jacques, Élisabeth, André et Georges qui participent à l'atelier philosophique de la personne avec Hubert
03:31peuvent me dire si j'ai oublié quelque chose ou sinon on va donner la parole à Hubert.
03:38Tu as interverti deux...
03:40Oui, j'ai interverti deux questions.
03:44Oui.
03:50Alors, Hubert ?
03:52Oui.
03:56Alors, bonsoir tout le monde.
03:59Ce que je me propose de faire, c'est de montrer, à partir d'une clarification des concepts en jeu,
04:07de nous mettre en état de savoir quelles sont les atteintes majeures à la dignité qui ont lieu actuellement
04:17et surtout comment les identifier en tant qu'atteintes à la dignité.
04:23La dignité pose, en effet, au moins deux problèmes de fond.
04:29D'un côté, nulle part, dans aucun texte officiel, ni universel, ni national,
04:36la dignité n'est définie en quoi elle consiste, comme si sa signification était évidente.
04:48Mais en l'absence d'une telle définition, il est impossible de savoir à quoi nous engage la dignité d'un côté
04:57et d'un autre côté, il est impossible de savoir ce qui est une atteinte éventuelle à cette dignité.
05:04Une deuxième difficulté consiste dans le fait qu'on parle couramment de la dignité,
05:10or l'absence de définition nous empêche de voir qu'il y a en fait non pas la dignité, mais il y en a trois,
05:19très différentes, mais qui, sans qu'on s'en rende peut-être toujours compte, sont de fait utilisées,
05:26et souvent d'ailleurs aussi mélangées.
05:30Je commencerai par cette deuxième difficulté.
05:33Je prétends qu'il y a trois sortes de dignité, et pour y voir clair, je ferai un bref retour en arrière historique,
05:42qui se révèle, à mon avis, éclairant.
05:45En effet, le concept de dignité a été introduit au premier siècle avant Jésus-Christ par le philosophe romain Cicéron,
05:53et déjà chez lui, il y a deux significations très différentes de la dignité.
06:00Sa première définition peut s'éclairer, et nous verrons que cela vaut jusqu'à nos jours, par l'étymologie du mot.
06:08La racine du mot latin dignitas, en effet, est DEC, racine qu'on retrouve dans des mots français actuels,
06:21comme par exemple décence ou décor.
06:26Or, décence désigne une attitude ou un comportement social,
06:32et en ce sens, cette dignité est un attribut de personnes faisant partie d'un certain rang social.
06:39Et de nos jours encore, on parle ainsi par exemple des dignitaires.
06:45Dignité en conscience sociale peut se rendre aujourd'hui par des mots comme prestige, considération, estime, réputation,
06:56ou encore, pour reprendre un mot qui nous vient de l'anglais, image, l'image de marque.
07:03On dit soigner son image.
07:06Mais Cicero entrevoyait déjà une autre signification de la dignité, très différente de la première.
07:15Cette deuxième dignité consiste dans le fait d'être doué de raison.
07:21Si ainsi la dignité sociale établit une distinction à l'intérieur de la société,
07:27entre ceux qui détiennent cette dignité, cette essence, et les autres qui ne l'ont pas,
07:35par contre la dignité, la deuxième dignité, disons rationnelle,
07:40opère une distinction selon Cicero entre les êtres humains et les animaux,
07:45donc avec les êtres vivants non humains.
07:49Et c'est cette deuxième signification de la notion des dignités qui a été reprise par la suite,
07:56d'abord par la pensée philosophique, et depuis le siècle des Lumières,
08:00et davantage encore depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale, par la pensée juridique.
08:06Au plan philosophique, il y a eu une évolution, ou disons un enrichissement du concept de dignité.
08:12Par exemple, à la Renaissance, Pic de la Mirandole définit la dignité comme liberté.
08:20Et puis, par Kant, au XVIIIe siècle, pour qui la dignité réside dans ce qu'il appelle l'autonomie.
08:28J'y reviendrai.
08:30Plus récemment, depuis quelques dizaines d'années, est apparue une troisième signification de la dignité
08:37dans le domaine médical et le domaine des soins, et cela à travers une redéfinition de l'autonomie.
08:45En effet, dans le domaine des soins, on parle d'autonomie d'un patient
08:50quand celui-ci est en mesure d'exercer tout seul certaines capacités,
08:56comme par exemple s'habiller, faire sa toilette, s'alimenter,
09:01mais aussi s'il est capable de certaines compétences, comme par exemple gérer ses relations avec autrui,
09:08maîtriser son affectivité, gérer son budget, comprendre sa situation de patient, etc.
09:19On pourrait parler de cette troisième dignité en termes de dignité fonctionnelle.
09:25On voit déjà dès maintenant que cette dignité fonctionnelle peut s'allier facilement avec la dignité sociale,
09:33en ce sens que des déficits en matière de capacités et de compétences
09:38peuvent être vécus comme de l'indécence, au sens originaire du terme,
09:44c'est-à-dire comme une dévalorisation sociale.
09:48Ces trois dignités ont chacune leur raison d'être,
09:53mais il faut absolument veiller à ce qu'elles ne se contaminent pas,
09:58ce qui arrive comme je vais le montrer peut-être plus tard.
10:03Mais parlons d'abord de la dignité qui nous occupe principalement.
10:08La dignité humaine, la dignité qu'on retrouve dans le contexte de l'homme, des droits humains,
10:20appelons-la donc dignité humaine.
10:23C'est celle qui figure en première place dans la Déclaration universelle des droits de l'homme
10:28et à partir de là dans beaucoup de constitutions nationales.
10:33En quoi consiste-t-elle ?
10:36J'ai déjà mentionné l'absence de définition, et cette absence a une explication,
10:44ou du moins deux, et je montrerai d'abord la première.
10:48En effet, elle s'explique par le souci quasiment diplomatique
10:53des rédacteurs de la Déclaration des droits de l'homme.
10:58En effet, à la fin de la Deuxième Guerre mondiale,
11:02il s'agissait d'arriver à une Déclaration universelle,
11:06englobant donc la partie communiste du monde d'alors.
11:12Finalement, on s'est résolu à plutôt ne pas avoir de définition
11:18qu'une définition inacceptable par les communistes.
11:22Il y a une autre raison dont je parlerai plus tard.
11:26Mais il y a des pistes qui peuvent nous amener à caractériser davantage cette dignité.
11:37Une première piste se trouve dans le préambule de la Déclaration des droits de l'homme.
11:43En effet, dans ce préambule, la dignité est déclarée inhérente
11:47à tous les membres de la famille humaine.
11:51Et la reconnaissance de cette dignité inhérente est considérée
11:56comme le fondement de la liberté, de la justice et de la paix.
12:01Et dans l'article premier de cette Déclaration,
12:04nous lisons que tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droit.
12:12Et pour donner encore un autre exemple,
12:15dans la charte africaine des droits de l'homme et des peuples,
12:19nous lisons dans le préambule que les droits fondamentaux de l'être humain
12:24sont fondés sur les attributs de la personne humaine.
12:27Et attribut est pris ici au sens de ce qu'on pourrait appeler l'essence,
12:32la nature profonde de la personne humaine.
12:35Et dans l'article 5 de cette charte,
12:38on retrouve le mot « dignité inhérente à la personne humaine ».
12:44Donc, si nous considérons que la dignité humaine est un attribut de la personne humaine,
12:52c'est-à-dire quelque chose d'essentiel,
12:55se pose évidemment la question,
12:57mais qu'est-ce qui, dans la personne humaine, peut correspondre à la dignité ?
13:04Alors, il y a plusieurs candidats qui se présentent,
13:08mais qui, à mon avis, constituent en fait un tout unifié.
13:17Je commenterai rapidement ces quatre candidats.
13:21Quels sont-ils ?
13:22Eh bien, il y a en premier lieu l'autonomie,
13:26mais nous verrons que cette autonomie se distingue ou se sépare en deux.
13:35Il y a d'un côté l'autonomie que j'appellerai humaine,
13:39qui concerne l'homme en tant que tel,
13:43mais deuxièmement aussi ce que j'appellerai l'autonomie personnelle,
13:47celle qui concerne chaque individu.
13:50Troisièmement, il y a la notion de responsabilité,
13:55et quatrièmement, comme chez Cicero, la raison.
13:59Alors, je commenterai donc rapidement ces quatre candidats,
14:04si vous voulez, les quatre constituants de la dignité humaine.
14:08Et d'abord l'autonomie que j'appelle humaine,
14:11qui est le concept clé du siècle des Lumières,
14:15qui est considéré comme l'attribut fondamental de la personne humaine.
14:20Mais c'est un concept dangereux.
14:23Pourquoi ?
14:24Mais parce qu'au fil du temps, il a changé de sens,
14:29et le mot autonomie n'a aujourd'hui plus du tout le même sens
14:33que lors du siècle des Lumières.
14:37En effet, pour bien saisir ce que veut dire l'autonomie
14:43dans cette période qui a mis en avant ce terme,
14:49il faut signaler que l'autonomie au départ, en fait,
14:53est un concept du domaine politique.
14:57Il désigne la liberté restreinte d'une région
15:01à l'intérieur d'une entité politique englobante.
15:05Et c'est en ce sens que ce terme est encore d'ailleurs utilisé de nos jours.
15:10Je vous donne un exemple.
15:11La Catalogne est appelée province autonome de l'Espagne.
15:17Donc, dans ce terme d'autonomie à l'origine,
15:21il y a l'idée d'une liberté authentique,
15:24mais limitée parce que placée dans un cadre englobant.
15:29Et c'est le philosophe allemand Kant qui a transposé le terme
15:33du domaine politique au domaine humain, au domaine moral,
15:38en retenant le fait quand même que cette autonomie humaine,
15:42cette autonomie morale, n'est pas une liberté absolue,
15:45comme on le pense nos jours, n'est pas synonyme d'indépendance,
15:50mais désigne chez la personne humaine une liberté authentique,
15:55mais limitée par quelque chose d'englobant.
16:00Et ce quelque chose d'englobant, en tout cas pour Kant,
16:03c'est la raison, la raison humaine qui pour lui est une raison universelle,
16:09c'est-à-dire qui est la même pour toutes les personnes humaines,
16:12pour tous les êtres humains.
16:15D'ailleurs, cette signification-là du mot autonomie est suggérée par le mot même.
16:22Le mot autonomie, c'est un mot composé.
16:25Vous avez d'abord auto, auto en grec signifie soi-même,
16:29mais il y a nomi du grec nomos, c'est-à-dire loi, règle, norme.
16:35Donc l'autonomie, c'est une liberté de décision,
16:39mais selon des lois, selon des règles qu'on se choisit.
16:46Ce n'est donc pas une liberté arbitraire au sens de je fais ce que je veux,
16:53je fais ce qui me passe par la tête,
16:56mais c'est une liberté qui s'oriente d'après la raison,
17:02c'est-à-dire d'après des lois, des règles ou des normes.
17:06Maintenant, en quoi cette autonomie est-elle l'attribut fondamental de la personne humaine ?
17:13En quoi ? Eh bien, on nous dit qu'elle est innée, elle est inhérente.
17:20Elle est donc une spécificité humaine.
17:24Et quelle est cette spécificité ? Eh bien, l'homme est toujours placé devant des décisions,
17:31et en particulier devant la décision concernant des valeurs ou des contre-valeurs,
17:37concernant le bien et le mal, et il doit se décider.
17:44Il ne peut pas ne pas se décider, ne pas se décider, c'est encore se décider.
17:48Alors, comment trouver les lois, les règles, les normes susceptibles de guider le choix,
17:54de guider ses décisions ?
17:56Eh bien, selon Zégué-Lumière et selon Kant, c'est la raison.
18:01En effet, il n'y a pas seulement ce qu'en philosophie on appelle la raison théorique,
18:07c'est-à-dire la raison qui dirige la connaissance, et en particulier la connaissance scientifique.
18:13Il y a aussi ce qu'en ce temps-là on appelait la raison pratique,
18:18c'est-à-dire la raison qui nous aide à prendre des décisions rationnelles,
18:24des décisions rationnelles dans le domaine des valeurs, dans le domaine de la morale, dans le domaine de l'action.
18:32La raison est en ce sens le soutien de l'autonomie,
18:36en ce sens que les décisions normatives que la personne doit prendre,
18:42ces décisions ne sont pas soumises à des commandements qui viennent de l'extérieur
18:48ou ne sont pas soumises à des autorités politiques ou religieuses ou autres,
18:55ne sont pas non plus soumises à des traditions, mais proviennent de la personne elle-même.
19:03Ce sont ses décisions, toujours bien sûr inspirées par la raison pratique.
19:11Voilà pour la raison humaine, la raison telle qu'on la trouve,
19:16pardon, l'autonomie humaine telle qu'on la trouve dans les droits de l'homme.
19:21Passons à l'autre volet de l'autonomie, ce que j'appelle l'autonomie personnelle.
19:27La personne est à même de se gérer elle-même, de gérer sa vie, ses relations, ses aspirations.
19:36C'est ce qu'on peut appeler encore autodétermination,
19:41où à la limite le terme est peut-être un peu dangereux,
19:45chaque personne possède une certaine souveraineté sur elle-même.
19:52De là vient tout de suite le troisième constituant de la dignité, à savoir la responsabilité.
20:03Comme toutes les décisions sont ou peuvent être autonomes, décisions de la personne,
20:10elles sont les décisions propres de chaque personne.
20:15Ça veut dire automatiquement que la personne en est responsable.
20:21Elle a à répondre de ses décisions, de ses actions.
20:26C'est l'envers de l'autonomie, l'envers si vous voulez aussi de la liberté.
20:32Avec cette double autonomie, avec la rationalité, avec la responsabilité,
20:43ce que j'appellerais l'idée personnaliste de la dignité humaine.
20:48J'irais jusqu'à dire que c'est à mon avis la seule signification qu'on peut donner au terme de dignité,
20:58dignité humaine.
21:00Il faut ajouter que cette dignité est la base de droits fondamentaux,
21:07de droits humains ou comme on dit encore de nos jours,
21:11déclaration universelle des droits de l'homme.
21:15Ce n'est pas par hasard que justement plus tard après la deuxième guerre mondiale,
21:21le terme de dignité est associé à celui de droit,
21:25mais de droit de l'homme, c'est-à-dire de droits fondamentaux.
21:29Ces droits fondamentaux, ces droits humains servent à ce que la dignité,
21:34respectivement les quatre constituants de la dignité, sont respectés
21:39et peuvent être exercés concrètement par la personne.
21:44La dignité est ainsi la base de revendications concernant ces droits humains.
21:52Sur la base de la déclaration des droits de l'homme, sur la base de la dignité,
21:57toute personne peut revendiquer ses droits et que ces droits soient appliqués à elle.
22:06Et par la suite aussi, la revendication des autres droits,
22:12c'est-à-dire des droits qui ne sont pas fondamentaux et des lois.
22:17En effet, toutes les lois dans les pays qui ont signé la Déclaration universelle des droits de l'homme,
22:25toutes ces lois doivent être en accord avec les droits humains.
22:30Et il y a la Cour européenne des droits de l'homme, par exemple, pour nous ici en Europe,
22:36où l'on peut déposer une plainte si l'on est d'avis qu'une certaine loi ne correspond pas aux droits humains.
22:45Et à la dignité humaine.
22:51Mais qu'en est-il si ces droits ne sont pas respectés, si ces droits sont bafoués ?
23:00Est-ce que ça veut dire que la dignité elle-même disparaît ?
23:07Eh bien non. On peut dire que la dignité est atteinte, elle est blessée,
23:11mais comme elle est inhérente à la personne humaine, elle est, c'est un autre terme important, inaliénable.
23:19C'est-à-dire qu'on ne peut pas l'enlever ou la détruire.
23:23Tout comme on ne peut pas la donner à quelqu'un.
23:28Nous ne recevons pas la dignité humaine, par exemple, de la part de l'État.
23:33Et on ne peut pas non plus la refuser à quelqu'un, quel qu'il soit.
23:39En effet, s'il était possible de perdre sa dignité, ce serait extrêmement grave,
23:47car on n'aurait plus alors de levier pour revendiquer de bénéficier de ses droits.
23:54On serait hors du droit, sans droit.
23:58Bon, ceci étant dit, il reste quand même, je l'avais indiqué tout à fait au début,
24:07une deuxième raison pour laquelle, pour relativement beaucoup de penseurs en tout cas,
24:15la dignité ne peut pas être définie.
24:20En effet, si la dignité consiste dans ce que j'ai appelé les attributs humains fondamentaux,
24:29qu'en est-il alors des hommes, des êtres humains, qui ne disposent pas encore,
24:36ou peu, ou pas du tout, ou ne plus, de cette autonomie humaine et personnelle,
24:45s'ils ne sont plus capables d'exercer leurs responsabilités.
24:51Pas encore, je pense, aux nouveau-nés.
24:56Peu ou pas du tout, je pense à des gens, par exemple, handicapés.
25:02Ou ne plus, je pense à ceux qui sont dans un coma terminal, par exemple.
25:07C'est-à-dire qu'ils n'ont plus de dignité.
25:12Ne sont-ils plus des sujets humains ? Ne sont-ils plus des sujets de droit ?
25:19Je pense que dans le cas de ces personnes-là, cette difficulté peut être levée.
25:26Peut-être qu'on pourra en parler dans la suite de cette soirée.
25:31Je pense qu'elle peut être levée.
25:34En tout cas, je pense qu'il faut se défendre contre l'opinion assez courante
25:39que dû, par exemple, à des maladies, à des accidents, à la vieillesse,
25:45on puisse perdre sa dignité.
25:48Il faut vraiment se défendre contre cette opinion
25:53et croire que peut-être par euthanasie ou suicide,
25:58on puisse en quelque sorte récupérer cette dignité.
26:02Ce qu'on peut perdre, c'est l'autonomie fonctionnelle
26:06ou c'est la dignité sociale, mais pas la dignité humaine.
26:12C'est ce qui va être présenté et débattu aujourd'hui.
26:17Il peut y avoir, comme je l'ai dit, des atteintes à la dignité humaine
26:21par des actes ou des situations indignes,
26:25mais cela ne veut pas dire qu'il y a perte de la dignité.
26:33Voilà ce qui me concerne.

Recommandée