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Le Premier tour du monde _ L'incroyable périple de Magellan (4_4) _ ARTE

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00:37 Fernand de Magellan, le portugais, a trahi son pays.
00:45 Il a vendu aux espagnols les îles aux épices que seuls les portugais connaissaient.
00:50 Il a promis à Charles Quint que ces îles où poussent les clous de girofle, l'archipel des Molucs, étaient dans la partie espagnole du monde.
01:01 Mais Magellan s'est trompé. Son estimation est fausse.
01:06 Les îles des Molucs sont portugaises.
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01:32 Magellan a traversé l'Atlantique. Il a déjoué une mutinerie et a découvert le moyen de contourner l'Amérique.
01:44 Il a traversé l'océan Pacifique pendant 105 jours sans jamais s'arrêter.
01:51 Il a perdu 27 hommes. 57 autres ont déserté.
01:56 Il n'a plus que 3 bateaux sur les 5 au départ et il est le premier à rejoindre les Indes par l'Ouest.
02:01 Le 16 mars 1521, il découvre la côte de l'île de Samar dans l'archipel des Philippines, qu'il baptise archipel de Saint-Lazare.
02:21 Son équipage est épuisé, rongé par la faim, la soif et le scorbute, usé par 18 mois d'exploration dans un monde inconnu.
02:29 Magellan ne sait pas encore qu'il a fait une erreur et que tous ses efforts sont grains.
02:47 Quand Magellan arrive aux Philippines, il y a un pilote, Francisco Albo, qui détermine que les Philippines se situent à 189 degrés à l'occident de la ligne de démarcation.
03:16 Si on lit ce journal, qui n'est réapparu dans les archives qu'au 19ème siècle, qui avait complètement disparu à l'époque,
03:23 il est très clair qu'Albo mesure qu'en arrivant aux Philippines, on est au-delà de l'antiméridien de Tordesillages.
03:32 C'est-à-dire que l'on est dans la zone portugaise.
03:43 Et disons que ça, c'est le coup fatal. Parce que son objectif n'était pas de trouver le passage, ce n'était pas de naviguer dans le Pacifique.
03:51 Le grand objectif du voyage est de démontrer que les Molucs étaient du côté castillan.
03:57 Et quand Magellan arrive aux Philippines, il se rend compte que ce n'est pas le cas.
04:02 Les Molucs n'appartiennent pas au royaume de Castille. Elles appartiennent au Portugal.
04:09 A ce moment, on peut comprendre que la détresse mentale et psychologique de Magellan est absolue.
04:16 Francisco Albo ne pouvait pas se tromper. Il ne pouvait pas mentir. Il avait des données si rigoureuses.
04:35 Il savait déterminer les longitudes grâce aux éclipses de lune, aux observations astronomiques, aux calculs des distances parcourues.
04:42 Il parvenait à les déterminer. Je pense donc que Magellan a assumé l'erreur.
04:49 Et là, il doit se poser la question de savoir qu'est-ce que je fais.
05:01 Le « qu'est-ce que je fais » a pu être de se dire que je n'ai pas envie d'arriver en territoire portugais, au Moluc,
05:08 avec un bateau en mauvais état, un équipage en mauvais état, où là, ça a très très mal se passé.
05:14 Donc, il ne serait peut-être pas bête de continuer vers des îles pas trop connues,
05:19 où je pourrais retaper mon bateau, retaper mon équipage, et ensuite aller au Moluc.
05:27 Ils sont tombés sur l'île de Omonon.
05:30 Pigafetta a clairement décrit que Magellan s'est senti assez à l'abri pour installer une tente sur la côte de cette petite île de Omonon.
05:40 Et l'équipage de Magellan, les plus en forme, était chargé de chercher des traces de ces îles.
05:49 Et l'équipage de Magellan, les plus en forme, était chargé de chercher des provisions, de chercher de la nourriture.
05:59 Selon Pigafetta, les noix de coco étaient une formidable source d'alimentation, grâce à leur jus et à leur très bonne chair.
06:17 Nous sommes restés là pendant huit jours, et le capitaine allait chaque jour voir les malades qu'il avait mis sur cette île pour les rafraîchir.
06:26 Tous les jours, de ses mains, il leur donnait de l'eau du fruit de coco, qui les réconfortait fort.
06:46 Ils étaient protégés sur cette île isolée. Il n'y avait pas d'indigènes hostiles qui auraient pu les attaquer.
06:53 Il a décrit l'île de Omonon comme une île de bonne augure.
06:58 Il est donc probable que c'est là que Magellan célébra sa première messe en hommage au repos qu'ils ont trouvé sur cette île.
07:12 Huit marins meurent d'épuisement dans les premiers jours aux Philippines.
07:16 Mais Magellan, même s'il sait qu'il est en territoire portugais, est attiré par le potentiel de l'archipel qu'il vient de découvrir.
07:23 Il décide donc de quitter l'île de Omonon pour s'enfoncer plus loin dans l'archipel philippin, à la recherche des richesses que ce nouveau territoire peut lui offrir.
07:38 Il s'est rendu compte qu'il y avait beaucoup d'îles là-bas, qu'il pouvait y avoir des richesses, un intérêt.
07:44 Et comme il n'y avait pas de Portugais sur ces îles, il n'y avait pas d'Européens là-bas,
07:49 il pourrait dominer ces îles dont certaines appartiendraient à l'empereur, tandis que d'autres lui reviendraient.
07:54 Et tout ce territoire, s'il était christianisé, pourrait être un atout à faire valoir auprès de l'empereur s'il devait revenir.
08:04 Ce qui est certain, c'est que Magellan prête une attention particulière au fait de signer des traités ou de nouer des ententes politiques et diplomatiques avec les souverains des Philippines.
08:18 À Limassava, le Rajah Colombo était probablement très puissant, très riche, car c'était des pirates très habiles qui contrôlaient les îles.
08:28 Et il avait une grande capacité à faire des traités avec les Philippines.
08:32 Il avait une grande capacité à faire des traités avec les Philippines.
08:35 Il avait une grande capacité à faire des traités avec les Philippines.
08:38 À Limassava, le Rajah Colombo était probablement très puissant, très riche, car c'était des pirates très habiles qui contrôlaient les mers des Visayas.
08:49 D'après Pigafetta, Colombo était un très bel homme.
08:56 Il raconte qu'il avait le corps bien huilé, qu'il portait beaucoup de bijoux.
09:03 Il raconte qu'il avait le corps bien huilé, qu'il portait beaucoup de bijoux.
09:08 Apparemment, Colombo pensait que Magellan voulait engager des échanges commerciaux.
09:15 Et le meilleur endroit pour commercer dans ce groupe d'îles des Philippines était Cebu.
09:21 Il n'a pas trouvé de terre dans le Pacifique.
09:29 C'est très important pour sa fortune personnelle de faire des alliances avec des rois si possible puissants.
09:35 Il arrive dans une petite île, Limassava, il est un petit roi, mais il lui dit qu'il y a un roi encore plus puissant à Cebu.
09:42 Il y va, car il est indispensable pour lui de faire des traités d'alliance et de toucher des rentes sur ses découvertes.
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10:18 Quand ils sont arrivés là-bas, ils ont trouvé des bateaux qui venaient de Thaïlande, de Chine,
10:23 et Colombo allait introduire Magellan auprès d'autres amis.
10:28 Le Raja Umabon.
10:31 Quand il arrive à Cebu, il propose au roi de se convertir au catholicisme, qui est une attitude un petit peu nouvelle,
10:42 mais on sait très bien que pour créer des alliances, la religion est un des éléments essentiels.
10:49 Ni Magellan ni aucun n'a proprement parlé des membres de ses équipages, en particulier parmi le personnel religieux.
11:00 Aucun d'entre eux n'a véritablement reçu de mandat d'évangélisation.
11:04 Le temps de la mission n'est pas encore venu.
11:07 Et Pigafetta raconte cette scène du baptême, de la conversion de masse des habitants de l'île de Cebu, 800 en un jour.
11:15 Le capitaine commença à parler au roi grâce à notre interprète pour l'inciter à la foi de Jésus-Christ,
11:23 lui expliquant qu'ainsi, il vaincrait plus facilement ses ennemis qu'auparavant,
11:29 et que bientôt, il ferait de lui le plus grand roi de ses îles.
11:34 Le roi répondit qu'il voulait être chrétien.
11:37 Nous baptisâmes 800 personnes, tant hommes que femmes et enfants.
11:45 Durant ces jours, le capitaine général allait chaque jour à terre pour écouter la messe,
11:52 et disait au roi beaucoup de choses pour mieux l'instruire et confirmer sa foi.
12:01 Le simple acte du baptême a fait d'eux des frères, non seulement physiquement, mais spirituellement.
12:07 En fait, le christianisme pouvait aussi être utilisé afin de lier les peuples de différentes îles.
12:14 Un jour, la reine vint en grande pompe pour écouter la messe.
12:21 Elle était jeune et belle, avec la bouche et les ongles très rouges.
12:28 Elle portait sur la tête un grand chapeau fait de feuilles de palmier en manière de pare-soleil.
12:33 Plusieurs femmes la suivaient, qui étaient toutes nues et déchaussées.
12:40 Le prêtre montra à la reine un bel enfant en bois et une croix, ce qui l'émut beaucoup.
12:47 Elle demanda le baptême, et le nom de Jeanne lui fut imposé, comme la mère de notre empereur.
12:56 Le capitaine, sachant qu'elle aimait beaucoup l'enfant Jésus de bois, le lui offrit,
13:00 et lui dit de le placer à la place de ses idoles, car c'était en mémoire du fils de Dieu.
13:06 En le remerciant fort, elle l'accepta.
13:22 Emporté par sa foi, Magellan parie sa tête qu'il peut accomplir un miracle,
13:27 que le baptême peut guérir le frère d'un prince malade.
13:31 Et comme par miracle, le frère du prince guérit et retrouve l'usage de la parole.
13:40 Il accomplit le miracle de guérir un malade aux Philippines,
13:46 presque comme s'il était le Christ qui accomplit des miracles et a des pouvoirs de guérison.
13:51 Il se dit "j'y vais parce que je suis illuminé, protégé, je suis invincible".
13:56 C'est ce qui pourrait expliquer le basculement de Magellan dans quelque chose qui ne lui ressemble pas,
14:03 c'est-à-dire une espèce de frénésie, de mouvement, de discussion avec les souverains locaux.
14:08 Magellan dit au roi Umabon de faire venir tous ses principaux,
14:14 et que s'il n'obéissait pas au roi pour se faire convertir, il les ferait tous tuer et brûlerait leur village.
14:21 Umabon voulait que tous les autres chefs acceptent le baptême comme Lapu-Lapu, mais Lapu-Lapu a refusé.
14:28 Sur la petite île de Mactan, il y a la salle du roi Tsebu,
14:35 Lapu-Lapu qui ne veut pas se convertir et qui est hostile à son souverain.
14:40 Et à ce moment-là se passe cet épisode tout à fait curieux,
14:43 où Magellan décide d'aller combattre ce rebelle.
14:47 Pourquoi ?
14:50 Normalement, les principaux responsables des batailles et des expéditions ne participent pas au combat.
15:00 Ils ne pouvaient pas mettre leur vie en jeu, car ça mettait le projet en péril.
15:05 Si je devais mettre une hypothèse, je dirais sans doute que cette décision si maladroite et si erronée que Magellan prend à ce moment-là,
15:13 vient du fait que son esprit, sa psychologie est complètement décalée.
15:19 Magellan a attendu jusqu'au petit matin qu'il y ait de la lumière.
15:32 Mais le problème est le suivant.
15:34 Les bateaux, les navires de Magellan ne pouvaient pas aller directement sur la côte de Mactan.
15:39 Ça aurait été un grand avantage tactique pour Magellan, car il aurait pu tirer avec ses canons.
15:46 Mais ils étaient si loin que les canons des bateaux ne pouvaient pas les atteindre.
15:52 Je ne pense pas que ça signifie qu'il était fou. Magellan y a réfléchi.
15:56 Mais malheureusement, il n'était pas familier avec les marées dans la baie de Mactan.
16:04 Le jour venu, nous avons sauté dans l'eau qui nous arrivait jusqu'aux cuisses.
16:10 Avec 49 hommes, nous avons marché sur plus de trois traits d'arbalète avant de pouvoir arriver au bord.
16:17 Ils étaient plus de 1500 personnes.
16:22 Et dès qu'ils nous ont aperçus, ils sont venus tout autour de nous en hurlant.
16:30 Magellan a probablement sous-estimé le nombre de guerriers que la Poulapou aurait.
16:35 Les arquebuses et les arbalètes tiraient de loin, en vain.
16:45 La peur ne les arrêtait pas, protégés par leurs boucliers en bois.
16:49 Ils nous ont tiré tant de flèches, de lances, de cannes ferrées, de pales brûlées et de cailloux,
16:55 que l'on pouvait à peine se défendre.
16:59 Alors il nous a commandé de nous retirer peu à peu.
17:02 Voyant cela, le capitaine général a envoyé ses hommes brûler les maisons de ces gens pour les écouvanter.
17:13 Nous avons brûlé au moins 30 de leurs maisons.
17:21 Mais ils sont devenus au contraire plus courageux, et plus âpres encore.
17:27 Ils étaient devenus si furieux contre nous, qu'ils ont réussi à planter une flèche envenimée à travers la jambe du capitaine.
17:34 Alors il nous a commandé de nous retirer peu à peu.
17:48 Et eux, nous suivaient.
17:51 Comme ils connaissaient le capitaine, ils se sont tournés vers lui, si bien qu'à deux reprises, ils lui ont planté deux flèches tout près de la tête.
17:59 Mais lui, comme bon capitaine et chevalier, se tenait toujours aussi fort avec tous les autres,
18:07 combattant ainsi pendant plus d'une heure, de l'eau jusqu'aux genoux.
18:16 De l'eau jusqu'aux genoux.
18:21 Alors tous se sont jetés sur lui, avec des lances et des javelots.
18:31 Tellement qu'ils tuèrent le miroir, la lumière, le confort, et notre vrai guide.
18:40 Le voyage de la flèche
18:44 Quand les gens le poignardaient, plusieurs fois il se tourna vers nous, pour voir que nous étions tous au navire.
18:58 Puis le voyant mort, ce que nous avions de mieux à faire, était de nous sauver en embarquant les blessés.
19:08 Le voyage de la flèche
19:13 Le voyage de la flèche
19:40 Il est difficile d'expliquer la fin dramatique de ce marin extraordinaire,
19:45 qui avait démontré son expérience, sa capacité stratégique, par cette décision aussi maladroite, aussi erronée.
19:53 Il s'est dit "soit je gagne, soit je meurs au combat, et donc je suis anobli".
20:03 Il a donc risqué sa vie parce qu'il ne croyait plus, je pense, à sa mission.
20:08 C'est malheureusement la tragédie de la fin du plus grand navigateur de tous les temps.
20:14 On a l'impression que c'est un acte manqué, au fond.
20:21 Il cherche à en finir d'une manière glorieuse, au combat. Pourquoi ?
20:25 Alors là, c'est là où l'hypothèse du journal d'Albault est très intéressante.
20:29 Si vraiment il sait qu'il a échoué dans son expédition,
20:33 il sait aussi que quand il retournera en Espagne, il aura échoué dans la mission que lui a confiée le roi d'Espagne.
20:40 Et donc il sera vilipendé, mis au fer, etc.
20:43 D'autre part, il sait que s'il retourne dans sa patrie, il sera un traître, qui sera sans doute exécuté.
20:48 On dirait que ce combat contre des indigènes, c'est une manière d'en finir de manière glorieuse, et puis de tourner la page.
20:54 Mais quand on regarde le détail de l'expédition, son débarquement, avec très peu de bateaux,
21:00 les canons des gros navires à distance, impossible d'intervenir,
21:06 on a l'impression vraiment qu'il se suicide, d'une certaine manière.
21:11 Jusqu'à aujourd'hui, Magellan n'a pas été considéré comme un héros,
21:18 mais comme un vilain par de nombreux nationalistes philippins.
21:23 Mais ce n'est pas la meilleure façon de comprendre Magellan.
21:28 Voilà un homme qui était prêt à tout miser, et à laisser derrière lui sa précieuse famille,
21:33 pour poursuivre son ambition, que nous l'appelions ambition ou mission,
21:38 juste pour réaliser ce dont il avait toujours rêvé, trouver le chemin.
21:45 On pourrait dire que c'est un perdant magnifique.
21:53 Il a réalisé quelque chose de grandiose dont il ne touchera jamais les fruits.
21:57 Même son corps disparaîtra, puisque après sa mort,
22:00 le chef, Lapou-Lapou, refuse de rendre le corps de Magellan,
22:04 donc il est enterré nulle part.
22:06 Évidemment, une fois Magellan mort, l'entreprise se poursuit,
22:13 et tous ces gens-là produisent leur propre récit, leur propre version du voyage.
22:17 Et tous ont un intérêt, un intérêt objectif,
22:21 à minimiser les talents et les accomplissements de Magellan.
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22:30 Trois jours après la mort de Magellan,
22:40 le San Antonio, le plus gros navire de la flotte qui avait déserté dans le détroit,
22:45 arrive à Séville après sept mois de navigation.
22:53 Les marins, à bord, sont des déserteurs.
22:56 Et chacun a préparé son discours pour éviter la peine de mort qui peut les attendre.
23:01 Magellan est décrit comme un tyran,
23:09 un maniaque égocentrique qui n'avait aucune chance de réussir.
23:13 Il faudra six mois d'audience et d'interrogatoire
23:18 pour que la Cour d'Espagne décide de libérer les mutins.
23:23 Seul le Portugais Mesquita ne sera pas libéré tout de suite.
23:27 Sa parole est mise en doute.
23:30 Ce fidèle de Magellan qui tenait le navire jusqu'au soulèvement des mutins
23:34 sera assigné à résidence jusqu'au retour du capitaine général.
23:38 Personne ne sait que Magellan est mort,
23:43 et qu'il laisse derrière lui trois navires et 139 hommes dans les îles philippines.
23:51 C'était une catastrophe.
23:54 Tout est bouleversé, car non seulement Magellan est mort,
23:57 mais il se retrouve sans capitaine.
24:00 Et Magellan, comme le dit Pigafetta, était le guide et il disciplinait l'équipage.
24:05 Après la mort de Magellan, bien sûr, les membres de l'équipage étaient en deuil,
24:16 tendus et avaient peur de ce qui allait arriver, car ils avaient perdu leur guide.
24:21 Duarte Barbosa est devenu leur chef, et c'est la cause de leurs ennuis à ses bouts.
24:27 Parce que Duarte Barbosa a commencé à s'en prendre à Enrique,
24:32 esclave de Magellan.
24:44 Notre interprète Enrique était légèrement blessé d'une flèche empoisonnée reçue à la bataille de Mactan,
24:50 et il restait toujours enveloppé d'une couverture de laine, sans vouloir aller à terre.
24:55 Duarte Barbosa, le gouverneur du principal navire,
25:00 lui dit tout haut que si son maître le capitaine était mort,
25:03 lui n'était ni affranchi, ni libéré.
25:07 Duarte Barbosa était très en colère, et lui a dit "tu es un chien".
25:13 "Eres un perro".
25:17 On sait que dans le testament de Magellan, rédigé le 26 août 1519,
25:22 avant le départ des Nefs, Magellan accordait la liberté à Enrique.
25:26 Enrique, passé la mort de Magellan, se considère libéré de toute servitude,
25:31 alors qu'un certain nombre des membres d'équipage vont très violemment,
25:35 et même de manière parfois injurieuse, lui rappeler que tel n'est pas le cas,
25:39 et qu'il continuera à servir, et qu'on le ramènera en Espagne,
25:43 et que revenu en Espagne, il continuera à être esclave,
25:47 au profit de la veuve de Magellan.
25:50 En le menaçant s'il n'obéissait pas, l'esclave se leva,
25:57 et feignant de ne pas tenir compte de ses paroles,
26:00 il alla à terre dire au roi chrétien Houmabon que nous voulions partir soudainement.
26:09 Mais que s'il voulait faire selon son conseil, il gagnerait tous nos navires et nos marchandises.
26:15 C'est ainsi qu'ils ont organisé une trahison.
26:20 Houmabon leur a dit "Vous allez partir, alors je vais vous inviter à dîner avec nous".
26:28 Et il a dit "J'ai déjà préparé une couronne, je la donnerai en hommage au roi Charles,
26:33 donc quand vous retournerez en Espagne, vous pourrez la donner à Charles,
26:37 mais vous devez venir la récupérer pendant le banquet".
26:40 Le roi Houmabon a invité tous les meilleurs hommes de l'armada à son banquet.
26:52 Les officiers, les pilotes, les maîtres, les capitaines, le prêtre.
26:57 Ils sont 26 à avoir accepté sans hésitation.
27:06 Antonio Pigafetta, le chroniqueur, reste à bord pour se soigner.
27:10 Il a été touché au front par une flèche empoisonnée pendant la bataille de Mactan.
27:33 On peut difficilement comprendre, croire, que le banquet perfide du Raja Houmabon
27:40 aurait réussi du vivant de Magellan.
27:43 Le capitaine Ranserano est amené prisonnier devant les bateaux
27:48 et les Cebuans leur demandent d'échanger Serrano contre des pièces d'artillerie.
27:52 Serrano leur crie que c'est un piège, ils ne venaient pas à partir.
27:59 Nous savons qu'en vérité, tous les Espagnols qui ont participé au banquet de Cebu
28:04 n'ont pas été mis à mort ce jour-là.
28:06 8 au moins des 26 Espagnols descendus à terre n'ont pas été tués mais ont été revendus
28:13 quelques années plus tard comme esclaves à des marchands chinois de passage.
28:18 C'est ensuite Joao Lopes Carvalho, le pilote en chef de la flotte, qui prend la tête de l'expédition.
28:24 Il était portugais, originaire de Lisbonne, et il va commander l'expédition d'une manière complètement déconcertante.
28:30 Lopes de Carvalho est ce que nous appellerions aujourd'hui un personnage dégénéré, totalement dégénéré.
28:36 Il est un homme de la guerre, un homme de la guerre, un homme de la guerre.
28:41 Lopes de Carvalho est ce que nous appellerions aujourd'hui un personnage dégénéré, totalement dégénéré.
28:47 Les 113 survivants privés des meilleurs navigateurs ne sont plus assez nombreux pour manœuvrer trois navires.
28:55 Après leur fuite précipitée de Cebu, le tout nouveau capitaine Carvalho ordonne de brûler la Concepción.
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29:27 Le nouveau commandement de Joao Lopes Carvalho est vraiment chaotique.
29:32 Il passe plus de sept mois à naviguer au hasard entre les îles, dans l'espoir de voler des navires dans une confusion indescriptible.
29:40 Ils se transforment en pirates, véritablement.
29:51 Perdus, ils sont perdus. Ils cherchent non seulement des vivres, mais ils cherchent aussi des otages pour qu'ils puissent les emmener aux Molucs.
29:58 La manque de leadership ne s'est pas seulement traduit dans le manque d'expertise nautique de ceux qui ont remplacé Magellan.
30:10 Aucun d'entre eux n'était au même niveau logiquement de connaissances, d'expérience en cartographie, d'astronomie, de navigation océanique que celui de Magellan.
30:20 C'était donc une pure improvisation. Mais les valeurs morales faisaient également défaut.
30:25 Nous avons trouvé une grande île où poussent le riz et le gingembre.
30:36 On y trouve du cochon, des chevraux et des poules.
30:40 Il y a aussi des fruits de coco, de la patate douce, des cannes douces et des racines semblables à des navets.
30:48 Nous pouvions vraiment appeler cette terre la terre de Promission.
30:52 Car avant de la voir trouvée, nous avons tellement souffert de la famine que nous étions prêts à abandonner nos navires pour débarquer et ne pas mourir de faim.
31:13 Ils arraisonnent des joncs chargés de noix de coco, ils font prisonniers des Philippines, ils s'emparent de l'achargement où il y avait des richesses.
31:24 Et puis ils vont gagner la baie de Brunei. Et là il va y avoir tout un épisode qui n'est pas très connu mais qui est très riche en couleurs.
31:33 Parce que le roi de Brunei est extrêmement riche.
31:39 Les Espagnols se rapprochent du cœur historique du monde malais, qui est aussi un monde musulman.
31:44 Ils progressent de société en société de plus en plus sophistiqués.
31:48 Lorsqu'on arrive à Brunei, on a le souverain, on a une classe noble, on a une classe de guerriers, on a des paysans libres, on a des serfs.
31:56 Et donc évidemment on se trouve là dans un univers qui est d'une complexité sociale en particulier considérable.
32:05 Nous avons débarqué avec des cadeaux pour le roi.
32:08 Arrivé à la cité, on nous a présenté deux éléphants couverts de soie et douze hommes chacun avec un plat de porcelaine pour porter nos cadeaux.
32:18 Ainsi nous avons marché de la maison du gouverneur jusqu'au palais du roi.
32:27 Toutes les rues étaient pleines d'hommes avec épées, lances et targues comme l'avait voulu le roi.
32:32 Nous sommes entrés sur les éléphants dans la cour, avant d'entrer dans une grande salle pleine de plusieurs barons et seigneurs,
32:40 où nous avons été assis sur un tapis avec les plats remplis de nos présents à côté de nous.
32:45 C'est un choc que l'on aime à dire culturel, entre autres, parce que c'est un choc qui est très très très important.
32:53 C'est un choc que l'on aime à dire culturel, entre l'Asie et l'Europe, mais qui en vérité a d'abord été un choc social,
33:00 entre des marins et des marchands européens d'un côté, et des aristocrates et des princes et des érudits asiatiques de l'autre.
33:10 Au bout de cette salle, il y en avait une autre, plus petite.
33:16 Là, il y avait trois cents hommes debout et nus avec des épées et des lances aiguisées posées sur la cuisse.
33:23 Au bout de cette salle, nous avons vu le roi s'asseoir à table avec un de ses petits-fils et manger des noix de bétel.
33:29 Derrière lui, il n'y avait que des femmes.
33:34 Alors, l'un des principaux nous dit que nous ne pouvions parler au roi,
33:47 mais que si nous voulions quelque chose, il fallait le lui dire.
33:50 Il le dirait à un principal au-dessus de lui, et celui-là à un des frères du gouverneur,
33:56 qui le dirait à travers une sarbacane, par un trou dans le mur, à l'un de ceux qui étaient avec le roi.
34:02 Et nous devions faire trois révérences au roi, avec les mains jointes sur la tête, en haussant les pieds l'un après l'autre.
34:14 Les Européens, de façon générale, ont été perçus comme des gens sans manière.
34:20 Autrement dit, des gens qui ne savaient pas comment se comporter,
34:25 des gens qui étaient sans convenance, des gens qui multipliaient les gaffes et les impairs protocolaires.
34:33 Ils nous ont donné une collation de girofles et de cannelles,
34:36 puis nous repartîmes sur les éléphants jusqu'à l'arrive de notre premier déjeuner.
34:41 Puis nous repartîmes sur les éléphants jusqu'à l'arrive de la mer.
34:44 Et là, deux grandes pirogues nous ramenaient à nos navires.
34:48 Et là survient l'un des épisodes les plus sordides de l'expédition,
34:56 alors même que le sultan de Brunei a fait excellent accueil aux Espagnols.
35:01 Car Vallo, qui est devenu l'un des hommes forts de l'expédition, passé la mort de Magellan,
35:07 fait arraisonner une jonque et enlève les jeunes filles qui se trouvaient à bord de cette jonque.
35:13 Non seulement il les fait prisonnières, mais nous dit à demi-mot pigafetta,
35:19 Car Vallo capture ces jeunes filles pour les offrir plus tard à l'empereur charlequin,
35:24 mais en vérité les garde pour lui, c'est-à-dire les viole.
35:28 On peut imaginer le changement que ça a créé.
35:30 Magellan disait que celui qui fait monter une femme sur le bateau sera pendu.
35:34 Il l'avait absolument interdit.
35:36 Et Car Vallo, la première chose qu'il fait, c'est de s'enfermer avec trois femmes.
35:40 Ça a sûrement causé une grande incertitude au sein de l'équipage.
35:44 Les deux navires quittent Brunei et pillent 30 000 noix de coco sur une jonque,
35:48 avant de se cacher pendant 42 jours dans une baie inhabitée pour réparer leur bateau.
35:53 Fernand de Magellan est mort le 22 mars 1944.
35:59 Il est mort de la maladie de la jonque.
36:02 Il est mort de la maladie de la jonque.
36:05 Il est mort de la maladie de la jonque.
36:09 Il est mort de la maladie de la jonque.
36:11 Il est mort de la maladie de la jonque.
36:14 Il est mort de la maladie de la jonque.
36:17 Il est mort de la maladie de la jonque.
36:20 Il est mort de la maladie de la jonque.
36:23 Il est mort de la maladie de la jonque.
36:26 Il est mort de la maladie de la jonque.
36:29 Il est mort de la maladie de la jonque.
36:32 Il est mort de la maladie de la jonque.
36:36 Le premier navire à être capturé par le grand personnage de cette histoire,
36:39 c'est Gonzalo Gómez de Spinoza, qui va être le dernier capitaine général de la flotte.
36:44 Il va commander la Trinidad.
36:47 Gonzalo Gómez de Spinoza apporte ses qualités pour reprendre le contrôle.
36:52 Car c'est une personne de fer et c'est un bon guerrier.
36:56 Et l'autre navire, la Victoria, va être confié à Elcano,
37:03 après des mois et des mois où il a dû faire profil.
37:06 C'est un ancien mutin, mais à ce moment-là, Elcano prend du grade.
37:10 D'un autre côté, nous avons Juan Sebastián Elcano,
37:15 qui bien que manquant peut-être de connaissances en navigation de haut vol,
37:19 est un marin expérimenté.
37:22 Et disons que les deux forment un bon tandem,
37:25 une bonne équipe pour mener à bien le projet jusqu'à la fin.
37:30 Ils vont reprendre la mission,
37:32 celle d'hommes chrétiens qui partent chercher le chemin des épices.
37:36 Là, ils reprennent le droit chemin.
37:41 Ils ont des problèmes pour trouver leur route vers les Molus,
37:46 qui savent en gros où c'est, mais ils ne savent pas le chemin,
37:49 il y a des dalles d'île, il y a des récifs, il y a des hauts fonds.
37:52 Ils vont capturer dès que l'occasion s'emprunte.
37:56 Des pêcheurs, des pilotes, pour essayer de les conduire vers les Molus.
38:00 Il faut penser que l'esclave malais, celui qui parlait parfaitement,
38:07 la langue a disparu.
38:10 Les conversations devaient être très, très difficiles avec les pilotes capturés.
38:15 Nous arrivâmes vers une île qui était très belle à voir.
38:21 La mer de la mer, la mer de la mer,
38:25 l'un de ceux que nous avions pris de force avec son petit-fils,
38:28 s'enfuir de nuit en nageant vers cette île.
38:31 Et le fils, pour ne pas pouvoir se tenir fermement sur les épaules de son père,
38:37 se noya.
38:39 Enfin, le 6 novembre 1521,
38:49 un mois et demi après avoir quitté leur chantier de réparation,
38:54 7 mois après la mort de Magellan,
38:56 deux cônes volcaniques identiques pointaient au-dessus de l'horizon.
39:00 Les deux îles jumelles de Ternate et Tidore.
39:04 Le but de Magellan est là,
39:06 sous les yeux de 103 marins et de quelques prisonniers.
39:10 Le pilote qui nous accompagnait,
39:17 nous a déclaré que c'était les îles des Molucs.
39:21 Nous avons tous remercié Dieu,
39:23 et pour manifester notre joie,
39:25 nous avons tiré plusieurs salves d'artillerie.
39:28 Car nous venions de passer 27 mois,
39:31 moins deux jours,
39:33 à la recherche de ces îles.
39:36 Car nous venions de passer 27 mois,
39:37 moins deux jours,
39:39 à la recherche de ces îles.
39:41 [Musique]
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40:24 Les souverains molucquois ont conscience de l'importance
40:27 de ces épices pour les Européens,
40:29 parce que les Portugais ont précédé les Espagnols de quelques années.
40:32 [Musique]
40:38 Les souverains des Molucs connaissaient parfaitement
40:41 le prix ou la valeur, ce trésor des épices,
40:43 qui leur a permis dans la durée,
40:46 et bien de bâtir tout un réseau de comptoirs et de colonies
40:49 dans l'ensemble des mers d'Indonésie orientale.
40:52 [Musique]
40:54 Ils vident les bateaux, tout ce qu'ils transportent.
40:57 Maintenant tout l'espace est pour mettre des clous de girofle.
41:00 [Musique]
41:02 Ils restent là quelques semaines à échanger et charger les clous de girofle.
41:06 [Musique]
41:08 Ils sont donc très bien reçus.
41:10 Une très bonne relation s'établit.
41:13 [Musique]
41:24 En ce jour de dimanche, je m'en allais en terre
41:27 pour voir comment naissent les clous de girofle.
41:29 [Musique]
41:32 L'arbre est haut et large comme un homme.
41:35 Ses branches s'étendent au milieu,
41:37 mais forment une cime vers le haut.
41:42 La feuille est comme celle d'un laurier,
41:45 et l'écorce est de couleur brune, tannée.
41:48 [Musique]
41:50 Les girofles sont par dix ou vingt à la cime des branches,
41:54 et il y en a toujours plus d'un côté que de l'autre,
41:57 selon la disposition du climat.
41:59 [Musique]
42:02 Quand les girofles naissent, ils sont blancs.
42:05 Les murs sont rouges, et ils deviennent noirs en séchant.
42:10 [Musique]
42:11 Ils se cueillent deux fois par an, à Noël et à la Saint-Jean-Baptiste.
42:15 [Musique]
42:17 Il n'y a pas au monde d'autres bons girofles.
42:20 [Musique]
42:25 Mais au bout d'un mois, apparaît la question,
42:28 comment rentrer ?
42:30 Le capitaine général de la flotte, Gonzalo Gomez de Espinoza,
42:33 décide, en accord avec Elcano, de diviser les risques.
42:38 Il y a deux navires vers l'ouest, l'autre vers l'est,
42:40 et il y a bien un des deux navires qui va arriver.
42:43 La Victoria, menée par Elcano, va prendre une route très étonnante,
42:47 parce que c'est la voie portugaise, c'est la route vers l'ouest,
42:50 qui va permettre de contourner le Cap de Bonne-Espérance.
42:52 Mais Elcano, sur instruction certainement d'Espinoza,
42:57 prend la décision d'aller très au sud.
43:00 Pourquoi ils le font ? C'est parce qu'ils veulent prendre une route
43:03 où ils ne trouveront pas de navire portugais.
43:07 Piga Feta part sur la Victoria avec Elcano vers l'ouest,
43:13 et les cales pleines de tonnes de girofles,
43:16 ils se lancent dans un retour à haut risque.
43:19 Les hommes doivent traverser les eaux portugaises sans se faire repérer.
43:23 Ils ne pourront donc faire aucune escale sur le trajet.
43:26 Après trois mois de mer sur l'océan indien,
43:32 la Victoria doit faire face au Cap de Bonne-Espérance.
43:36 Et là, on arrive au sud de l'Afrique, dans ce qu'on appelait le Cap des Tempêtes.
43:40 Ca s'appelait comme ça au début, il s'appelait Cap de Bonne-Espérance un peu plus tard.
43:43 C'est un coin pourri qui reste maintenant encore un coin considéré comme dangereux.
43:47 La route logique voudrait qu'ils partent vers la côte Afrique,
43:52 sauf que toute la côte Mozambique et compagnie est tenue par les Portugais.
43:55 Donc en fait, ils restent un peu au large.
43:59 La Victoria subit onze jours de tempête pour passer le Cap de Bonne-Espérance,
44:03 et perd son mât de Byzènes.
44:05 Au même moment, aux îles Moluc, la Trinidad, elle, s'apprête à partir vers l'est.
44:14 Les deux navires ne reviennent pas par la même route.
44:19 La Trinidad est en route vers l'est.
44:22 La Trinidad est en route vers l'ouest.
44:26 Les deux navires ne reviennent pas par la même route.
44:28 La Trinidad essaye de revenir par le Pacifique.
44:31 Elle tente de retrouver le même chemin.
44:34 Alors revenir par la même route, ça voulait dire quoi ?
44:39 Ça voulait dire repartir vers le nord.
44:41 Le problème, c'est qu'à cette époque-là de l'année,
44:45 quand on remonte comme ça, donc on monte plein nord,
44:48 on fait le tour d'anticyclone, on arrive dans les zones tempérées,
44:51 et entre-temps, on rencontre la saison des typhons.
44:55 Il est possible, d'ailleurs, il y a des rapports de la Trinidad
44:57 disant qu'il y a des tempêtes extraordinaires,
45:00 c'est probablement des typhons ou des queues de typhons,
45:02 et là, qui sont au-delà des possibilités d'une caramelle.
45:05 Et ça paraît d'ailleurs incroyable que les gars,
45:08 ils ont tenu assez longtemps avant de dire qu'on n'y arrivera pas en fin de mi-tour.
45:13 Les compétences nautiques de Spinoza ne sont pas à mettre en cause
45:17 puisqu'il n'en avait aucune dans une mer complètement inconnue,
45:22 on ne connaissait rien du régime des vents.
45:24 Cet échec de la Trinidad les oblige à revenir au Moluc.
45:29 Il n'y a que 20 survivants sur ce bateau,
45:32 épuisés, qui ont fait prisonniers par les Portugais,
45:35 et qui les mettent aux travaux forcés.
45:38 Ils les mettent à la construction de la forteresse portugaise
45:41 sur l'île de Ternate, au Moluc.
45:44 Ironie du sort, le navire amiral de Magellan,
45:48 capturé au Moluc, est déjà en route.
45:51 Il est démantelé pour construire la forteresse portugaise.
45:54 24 hommes de la Trinidad sont déjà morts du scorbut et d'épuisement en mer.
46:00 15 autres meurent au Moluc sous les ordres des Portugais.
46:04 5 hommes seulement réussiront à survivre pour rejoindre l'Europe.
46:11 Le destin tragique de la Trinidad
46:14 termine sa course folle au fond de la baie de Ternate.
46:19 Dernier navire de cette expédition,
46:21 la Victoria se traîne dans l'Atlantique.
46:24 Les cales prennent l'eau, et les hommes sont touchés par le scorbut.
46:29 Ils doivent pourtant pomper jour et nuit pour maintenir le bateau à flot.
46:34 La litanie de tous ces voyages océaniques au long cours,
46:38 quand on les relit, c'était les bateaux pourris, la flotte,
46:41 et les bateaux qui ne sont pas encore en route.
46:45 La litanie de tous ces voyages océaniques au long cours,
46:48 quand on les relit, c'était les bateaux pourris, la flotte,
46:51 la faim, le scorbut, le matériel qui part en n'importe quoi.
46:55 Après 6 mois en mer sans jamais toucher terre,
47:02 13 marins sont morts.
47:05 Et le 9 juillet 1522, une poignée d'hommes à bout de force
47:09 décident de débarquer au Cap Vert, en territoire portugais,
47:13 pour mendier quelques vivres.
47:15 Donc ils sont obligés de s'arrêter,
47:32 et de tenter de négocier quelques vivres.
47:35 Alors qu'est-ce qu'ils ont ? Des girofles à échanger,
47:38 ils n'ont plus grand-chose.
47:41 Ils font croire aux Portugais qu'ils viennent des Antilles,
47:44 mais ça ne prend pas, parce que les Portugais au Cap Vert
47:47 voient les girofles, comprennent qu'ils viennent
47:50 de leur zone à eux, qui est interdite,
47:53 et donc les hommes qui sont chargés de rapporter des vivres et de l'eau douce
47:56 sont faits prisonniers au Cap Vert.
47:58 Il y a 12 hommes qui sont faits prisonniers au Cap Vert.
48:00 Et donc, encore une fois, le navire de l'expédition,
48:05 celui d'Elcano, est obligé de repartir à la hâte,
48:09 et va regagner Séville, sans avoir pris beaucoup de vivres.
48:12 Et ce sont 18 Européens qui vont arriver à San Luca,
48:17 le port de Séville, quasiment trois ans après leur départ.
48:21 [Musique]
48:39 Samedi 6 septembre 1522.
48:42 Nous entrâmes en la baie de San Luca,
48:44 et n'étions que 18 hommes, la plupart malades,
48:48 sur les 60 qui étaient partis des Molucs.
48:50 [Musique]
48:53 Depuis le jour où nous sommes partis de cette baie,
48:55 jusqu'à aujourd'hui, nous avons fait 14 460 lieux,
49:00 et accompli le cercle du monde, du Levant au Pôneau.
49:04 [Musique]
49:10 Lundi 8 septembre, nous jetâmes l'ancre près du Môle de Séville,
49:15 et tous, en chemise et pieds nus,
49:17 à l'âme chacun une torche à la main,
49:19 visitaient le lieu de Santa Maria dell'Antico.
49:24 [Musique]
49:44 On dit que quand ils sont arrivés à Séville,
49:47 une fois la stupeur passée, parce qu'ils ont dû arriver comme des morillons,
49:50 ce bateau en état de déliquescence, les gens gruvant,
49:53 et après tout le monde s'est rendu compte
49:55 que ça avait fait quelque chose d'extraordinaire.
49:57 Une image vraiment tragique, de retour de survivants,
50:02 où les gens devaient être partagés,
50:05 entre l'horreur de voir ces gens,
50:07 l'horreur de constater qu'ils sont si peu,
50:09 l'effroi, puis en même temps l'émerveillement
50:12 de voir ce navire apparaître, qu'on n'attendait plus.
50:15 On n'attendait plus du tout, on n'avait plus de nouvelles
50:17 de l'expédition de la géante depuis trois ans.
50:19 [Musique]
50:25 En arrivant, bien sûr, Elcano, l'ancien mutin, le traître,
50:30 reçoit tous les honneurs du voyage, à juste titre.
50:33 C'est vraiment lui qui a fait le premier tour du monde.
50:35 Le tour du monde n'a jamais été projeté.
50:39 Mais une fois qu'il a été fait, évidemment,
50:41 tout le monde s'est dit que c'était extraordinaire.
50:43 C'est la première fois qu'un navire circuit le monde,
50:48 la Terre est circumnavigable.
50:49 C'est ce qu'a prouvé le voyage de Magellan.
50:53 [Musique]
50:57 La création d'une route qui fut à partir de ce moment inscrite
51:01 en lettres d'or dans l'histoire de l'humanité,
51:03 pour avoir découvert le détroit de Magellan,
51:05 pour avoir navigué et traversé le plus grand océan de la planète,
51:09 pour avoir démontré non pas la sphéricité de la Terre,
51:12 connue depuis plus de 2000 ans,
51:14 mais le fait que le monde était un élément,
51:17 un espace délimité qui se perdait dans l'espace,
51:19 fait apparaître pour la première fois
51:23 la naissance de la vision de la première mondialisation.
51:27 Et c'est ce que l'héritage du voyage de Magellan
51:31 nous laisse avec tout ce que cela englobe,
51:33 de positif comme de négatif.
51:36 Ce qui est extraordinaire,
51:38 c'est que le chroniqueur du voyage
51:40 fait partie des 18 marins arrivés à Séville.
51:43 Et son récit à la gloire de Magellan
51:46 a survécu.
51:47 Mais Antonio Pigafetta
51:50 n'a jamais connu la notoriété qu'il cherchait.
51:53 Car ni les Espagnols,
51:55 ni les Portugais,
51:57 ne pouvaient faire de Magellan un héros.
52:00 En réalité, ce voyage a été un désastre.
52:07 Le détroit de Magellan n'a jamais été emprunté,
52:10 ce n'est que plus tard qu'il a été utilisé.
52:14 Le détroit de Magellan n'était pas un cap de bonne espérance comme il le voulait.
52:17 Et si nous honorons son nom aujourd'hui,
52:19 c'est pour la connaissance du monde qu'il nous a apporté.
52:22 Voilà toute sa gloire.
52:24 Il n'est pas arrivé aux Molucs parce qu'il est mort avant.
52:27 Il n'a pas prouvé que les Molucs et les Philippines étaient espagnols.
52:31 On peut donc dire que sa mission a échoué,
52:33 mais lui, il nous a aidé à connaître la Terre.
52:35 Donc il n'a pas échoué.
52:37 Il n'a pas failli.
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