Retrouvez la question de David Castello-Lopes dans le 7/10 (8h55 - date) Retrouvez toutes les questions de David Castello-Lopes sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/le-billet-de-david-castello-lopes
Category
😹
AmusantTranscription
00:00 David Castello-Lopez, bonjour ! Bonjour Nicolas !
00:03 Question importante ce matin, le monde est-il de plus en plus inégalitaire ?
00:08 Nicolas, Léa, Mathilde, Claude, chers auditeurs, j'imagine que vous vous souvenez tous du Ginny !
00:14 Ginny, cette boisson érotique des années 80 dont les publicités montraient des filles
00:22 qui se tordaient dans des accès de désirs ingérables et des gouttes de condensation
00:27 qui dévalaient des canettes comme la sueur sur les pentes de l'être aimé, avec toujours
00:32 ce slogan "Ginny, la plus chaude des boissons froides"
00:38 J'ai raté un truc parce que moi j'en buvais simplement !
00:41 Rétrospectivement, ça n'a pas beaucoup de sens cette histoire parce que le Ginny,
00:44 en gros, c'est du jus de citron.
00:46 Et il n'y a rien dans la nature profonde du jus de citron qui le prédispose à être
00:51 porno, pas plus que la suze ou l'osso bucco.
00:54 Mais dans les années 80, c'était comme ça, les publicitaires disaient "à partir
00:58 de maintenant, le jus de citron est porno" et tout le monde faisait "hmmmm"
01:02 Mais Ginny, c'est aussi, et sans qu'il y ait le moindre lien entre les deux, le nom
01:08 d'un monsieur italien de l'entre-deux-guerres qui s'appelait Corrado Ginny.
01:13 Corrado, c'était quelqu'un d'austère, et par austère, j'entends fasciste.
01:18 Fasciste au sens premier du terme puisque Corrado, dans les années 20, il était très
01:23 proche de Mussolini.
01:25 Alors, c'est dur de lui en vouloir complètement parce que l'Italie de l'entre-deux-guerres,
01:30 c'était le seul lieu et le seul moment où être fasciste, c'était sexy.
01:35 Je vous jure, à Rome, dans les années 20, à tous les coins de rue, on entendait "J'ai
01:39 rencontré un garçon fasciste, fascistissimo, me plairait-il de faire l'amour avec lui"
01:45 J'ai rencontré un garçon fasciste, j'aimerais tellement faire l'amour avec lui.
01:49 Enfin, en tout cas, c'est comme ça que je l'imagine.
01:51 Alors, il y a des fascistes qui sont forts en maths, c'est comme ça, on n'y peut
01:55 rien et Corrado, c'était un de ceux-là.
01:58 Il est devenu statisticien et il a inventé l'indice célèbre qui porte son nom, l'indice
02:05 le plus chaud des indices statistiques.
02:07 L'indice Ginny, il permet de mesurer les inégalités de richesse au sein d'un groupe
02:13 de gens.
02:14 Et il est compris entre 0 et 1.
02:15 S'il est de 0, tout le monde gagne exactement la même chose, un peu en mode Colcose.
02:20 S'il est de 1, une seule personne gagne la totalité de l'argent, en mode Zimbabwe.
02:26 Alors, depuis 1980, les inégalités ont augmenté à l'intérieur de la plupart des pays du
02:31 monde.
02:32 En France, l'écart entre les plus pauvres et les plus riches, il est plus élevé qu'il
02:34 y a une vingtaine d'années.
02:35 Mais il y a une autre façon de réfléchir à l'indice Ginny.
02:40 Nicolas, vous me disiez l'autre jour que vous vous considériez avant tout comme un
02:43 citoyen du monde, j'ai trouvé ça très beau, vraiment.
02:46 Mais surtout, il y a des statisticiens qui font exactement la même chose que vous.
02:51 Ils font comme si le monde n'était qu'un seul grand pays sans frontières, peuplé
02:55 de Chinois, d'Africains, d'Américains.
02:57 Et ils peuvent calculer comme ça l'évolution de l'indice Ginny, non pas sur un pays, mais
03:02 sur la planète entière.
03:04 Avec une conclusion qui m'a paru contre-intuitive, ça rasse, c'est que, entre la fin du XXe
03:10 siècle et aujourd'hui, l'indice Ginny de la planète, il a baissé.
03:14 Ce qui veut dire que prise dans son ensemble, la planète est légèrement moins inégalitaire
03:18 aujourd'hui qu'elle ne l'était il y a 20 ans.
03:21 Ce serait une bonne raison de trinquer avec Cora d'Ogini.
03:24 Malheureusement, il est indisponible en raison de son décès en 1965.
03:28 Donc, c'est avec vous que je trinque.
03:30 Merci David Castello-Lopez.