Pourquoi Emmanuel Macron a-t-il choisi Gabriel Attal ?

  • il y a 8 mois
Avec Jean Garrigues, Président du Comité d'histoire parlementaire et politique, Auteur de “les Jours Heureux, Quand les Français rêvaient ensemble” (Payot, 2023)

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Transcript
00:00 - Sud Radio vous explique pourquoi Emmanuel Macron justement a choisi quelqu'un d'aussi jeune.
00:06 On va voir ça aussi avec quelqu'un qui connaît toute l'histoire politique,
00:09 Jean Garrigue, qui est président du comité d'histoire parlementaire et politique. Bonjour !
00:13 - Bonjour.
00:14 - Bon, tout d'abord, vous nous confirmez, c'est bien le plus jeune Premier ministre qu'ait connu la France.
00:21 - Pas si on inclut le Duc de Cazes sous la monarchie de Juillet, mais enfin,
00:28 sous la Vème République, c'est quand même le...
00:30 Et d'ailleurs, ça s'appelait pas à l'époque "Premier ministre",
00:34 ni même "président du conseil", il n'y avait pas de titre.
00:36 Mais bon, c'est quand même sous la Vème République, c'est lui devant Laurent Fabius.
00:42 - Oui, Laurent Fabius à 37 ans, je crois, qui avait été...
00:45 - Exactement.
00:46 - Qui avait été...
00:47 Alors, est-ce qu'il y a quelque chose justement d'historique dans ce choix
00:52 entre plus jeune président et plus jeune Premier ministre ?
00:57 - Historique, ce serait un bien grand mot, mais c'est vrai que c'est le signe d'un rajeunissement
01:03 ou d'une transformation générationnelle de nos élites politiques.
01:08 D'ailleurs, on dit assez qu'il y a une sorte de symétrique de Jordan Bardella au Rassemblement national,
01:15 et que c'est une des raisons pour lesquelles il a été choisi pour mener la campagne aux élections européennes.
01:21 Donc, il y a quelque chose d'historique dans le fait qu'on a là un couple exécutif
01:27 qui est le plus jeune de l'histoire, mais il faut se souvenir quand même
01:30 que quand Valéry Giscard d'Estaing avait été élu président avec Jacques Chirac,
01:36 bon, c'était des cadras, mais c'était déjà un moment de rajeunissement.
01:41 - Oui, c'est ça. Est-ce que c'est, pour vous, vu son passé, qui est évidemment assez court en politique,
01:50 mais c'est un pur politique, Gabriel Attal ?
01:53 - Oui, on peut dire que c'est un pur politique, puisqu'il a commencé à militer très très jeune.
01:58 On le trouvait dans des manifestations en 2002 contre Jean-Marie Le Pen au second tour,
02:05 et il a été ensuite au cabinet de Marisol Touraine, etc.
02:10 Donc, c'est quelqu'un qui a toujours fait de la politique, qui a un engagement politique au Parti socialiste,
02:15 d'ailleurs, très très très très jeune, et qui a fait une carrière...
02:20 dont on peut dire finalement, malgré son jeune âge, qu'il a une vraie expérience politique en réalité.
02:25 - Oui, c'est ça. Et est-ce qu'il a une pensée politique, une vraie pensée ?
02:29 Et est-il vraiment de gauche ? Il vient des rangs du Parti socialiste.
02:33 Ou est-ce qu'il est un petit peu de droite, quand on a vu ses premières mesures au ministère de l'Éducation nationale ?
02:38 - Ben, c'est le principe du macronisme, c'est d'être à droite.
02:43 Et à gauche, il y sont nombreux ceux qui viennent de la gauche et qui se sont infléchis vers la droite,
02:50 au contact de ce que j'appellerais une plasticité idéologique, en fait.
02:57 On voit très bien que c'est à la fois ce qui a fait peut-être la force du macronisme au départ,
03:04 aujourd'hui qui en incarne un peu les fragilités ou les faiblesses,
03:10 parce qu'évidemment, le problème de Gabriel Attal, c'est que s'il va un petit peu trop à gauche,
03:19 comment constituer une majorité à l'Assemblée nationale,
03:23 qui ne peut se faire dans l'état actuel des choses qu'avec les Républicains ?
03:27 Et s'il va trop à droite, il y a une gauche du macronisme qui risque de rouer dans les brancards,
03:33 comme elle l'a fait au moment de la loi Immigration.
03:35 - Oui. Jean Garrigue, SOS Homophobie salue la nomination d'un Premier ministre ouvertement homosexuel.
03:43 Est-ce que ça, c'est une carte qui est importante également
03:46 pour une forme de modernisation de la vie politique, c'est-à-dire qu'il n'y a pas de tabou ?
03:51 - Alors c'est en tout cas un aspect qu'il faut, d'un point de vue historique, retenir.
03:58 C'est important, on se souvient des débats autour de la loi sur le Pax,
04:03 sur la marge pour tous, etc.
04:07 On a le mariage pour tous, on a là quand même la marque d'une évolution de la société française,
04:14 qui reconnaît, qui admet, et qui finalement, autour de cette homosexualité du Premier ministre,
04:24 on ne voit pas de réaction majeure, ce qui veut dire que la société a évolué.
04:30 Il y a là un signal historique qui est intéressant,
04:35 mais je répète, je ne suis pas sûr que sur le plan politique, ça soit un marqueur très important.
04:42 - Merci beaucoup Jean Garrigue, président du comité d'histoire parlementaire et politique,
04:46 auteur aussi, je le signale, et je vous invite à lire ce livre, "Les jours heureux, quand les français rêvaient ensemble",
04:52 aux éditions Payot en 2023, l'année dernière, essayons de rêver ensemble en tout cas.
04:58 Merci Jean Garrigue, il y en a besoin.
05:01 Et puis c'est vrai, on le dit, plus jeunes premiers ministres,
05:04 même si comme vous l'avez rappelé, il y avait eu, mais avant la Ve République, d'autres plus jeunes.
05:08 Dans le monde, il y en a eu aussi des plus jeunes.
05:11 Sebastien Kurz, par exemple, ça a été l'étoile filante autrichienne, 31 ans,
05:16 et puis il est reparti très vite, très très vite, il n'a pas réussi à s'imposer.
05:22 Ou encore l'ascension fulgurante aussi en Finlande, d'une jeune femme de 34 ans,
05:26 qui a été rattrapée par quelques petites histoires, sa jeunesse, etc.
05:30 Et puis quelques autres.
05:32 Il est 7h51 sur Sud Radio.

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