Le député RN du Nord, Sébastien Chenu était l’invité de #LaGrandeInterview de Sonia Mabrouk dans #LaMatinale sur CNEWS, en partenariat avec Europe 1.
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00:00 Et place donc à la grande interview sur CNews et Europe 1.
00:03 Bienvenue et bonjour Sébastien Chenu.
00:05 Bonjour Madame.
00:06 Merci d'être là.
00:07 Vous êtes vice-président de l'Assemblée nationale, député Rassemblement national
00:10 du Nord, le Nord justement, et en particulier le Pas-de-Calais où le nouveau Premier ministre
00:14 a effectué son premier déplacement en promettant Sébastien Chenu que personne ne sera oublié
00:19 et en ajoutant, je cite cette phrase, "Vous êtes l'incarnation de cette France qui travaille,
00:25 laborieuse, qui se lève tôt le matin", a répondu Gabriel Attal à la gérante d'un
00:28 bar tabac et lui confie sa détresse.
00:30 Qu'avez-vous pensé de cette rhétorique, de ces mots que vous-même aurez pu les employer
00:36 Sébastien Chenu ?
00:37 Oui d'ailleurs je salue et moi je pense, j'ai une pensée pour nos compatriotes du Pas-de-Calais
00:41 qui vivent des moments terribles, je salue le fait que le Premier ministre soit venu
00:45 dans le Pas-de-Calais, je trouve que c'est bien de venir dans le Pas-de-Calais mais encore
00:49 une fois derrière le discours, derrière les paroles, il faut des actes.
00:54 Je note que depuis le mois de novembre dernier, les actes de l'État promis aux habitants
00:58 du Pas-de-Calais n'ont pas suivi.
01:00 Je note un désengagement fort de l'État depuis tout le temps, depuis longtemps, en
01:05 tous les cas au moins depuis que Emmanuel Macron est là, sur ces thématiques notamment
01:09 de l'eau et de l'aménagement.
01:10 Vous n'y voyez pas le symbole d'un Premier ministre à l'action avec un premier déplacement
01:15 qui en tous les cas sort le terrain et le vôtre.
01:17 Oui mais j'y vois ce qui marque et va marquer probablement l'action de Gabriel Attal, la
01:22 parlotte, la communication et l'image.
01:25 Il est un jeune homme de cette génération de l'image et je crois qu'au-delà de l'image,
01:30 il ne faut pas attendre grand-chose de l'arrivée de Gabriel Attal.
01:33 Parlons-en de l'image puis on ira sur l'offre.
01:35 Évidemment, premier sondage autour du tout nouveau Premier ministre, sondage CSA pour
01:39 CNews.
01:40 Alors le nouveau Premier ministre qui est crédité de la confiance, on pourrait le
01:43 voir ainsi, de 48% des Français interrogés ou à l'inverse 52% qui sont soit dans la
01:48 méfiance ou dans l'expectative.
01:50 Soyez en objectif Sébastien Chenu, dans de telles circonstances aussi difficiles, est-ce
01:54 que c'est un si mauvais départ à Matignon ?
01:56 C'est un plus mauvais départ qu'Elisabeth Borne.
01:59 Oui mais autre circonstance.
02:00 Oui d'accord mais enfin bon, ce n'est pas non plus glorieux puisque une majorité de
02:03 Français ne sont pas dupes.
02:04 Et je crois que les Français en fait, c'est ça, ne sont pas dupes de l'histoire qu'on
02:08 essaie de leur raconter.
02:09 Rapport à qui ?
02:10 Par rapport à la réalité.
02:12 C'est-à-dire qu'on voit dans un certain nombre de médias, notamment internationaux
02:17 ou même français, survendre l'arrivée et la popularité de Gabriel Attal en disant
02:23 que c'est extraordinaire etc.
02:24 Mais les Français eux voient qu'il n'y aura pas de changement de politique.
02:27 Eux voient que Gabriel Attal n'a pas de bilan ou lorsqu'il en a un, il n'est pas très
02:31 glorieux là où il est passé.
02:33 Je permets de citer ce que vous savez déjà, interdiction de la baïa, défendre l'autorité
02:38 des enseignants, tester l'uniforme à l'école, dénoncer les coups de canif à la laïcité,
02:41 rejeter l'idéologie woke, vraiment rien ne trouve grâce à vos yeux, j'ai du mal
02:45 à y croire.
02:46 Oui mais Sonia Mabrouk, Gabriel Attal n'a pas été simplement ministre de l'éducation
02:50 nationale pendant six mois.
02:51 Il a fait d'autres choses.
02:53 Il a d'abord été secrétaire d'État à la jeunesse où il n'a pas réussi à lancer
02:56 le service national universel qui patauge toujours.
02:58 Il a été pendant plus d'un an ministre du budget.
03:01 Où on en est de ces grandes déclarations sur les fraudes ? La carte vitale biométrique.
03:07 Vous avez une carte vitale biométrique Sonia Mabrouk ?
03:09 Je sais que vous verrez le verre à moitié vide.
03:11 Ce que je veux dire c'est qu'à un moment Gabriel Attal est un garçon qui annonce,
03:15 qui ouvre des dossiers et qui ne les termine pas un peu comme un mauvais élève.
03:18 Il n'y a pas vraiment une forme de cohérence des décisions, une efficacité dans l'exécution
03:22 pour les quelques exemples cités.
03:23 Alors là justement aucune efficacité dans l'exécution.
03:25 Par exemple sur l'éducation nationale, il n'y a pas eu de revalorisation indiciaire
03:31 des enseignants.
03:32 Il n'y a pas eu de remise en cause des programmes de l'éducation nationale, d'amélioration
03:38 de ceci.
03:39 Sur les programmes non.
03:40 Il n'y a pas eu, il ne s'est pas tranquille, moi j'avais fait la liste, au recrutement
03:44 des professeurs.
03:45 Donc si vous voulez, il a fait des annonces avec lesquelles on peut être d'accord sur
03:48 la baïa ou sur le harcèlement scolaire.
03:50 On dit d'ailleurs que ce sont des éléments qui auraient été piqués à votre programme.
03:53 On pourrait dire que ce sont des éléments attendus par une grande majorité des Français.
03:56 Oui, d'ailleurs, vous savez ce qu'a fait Gabriel Attal ? Il a regardé les sondages,
04:00 il a regardé les dossiers qui étaient populaires, attendus par les Français et il s'est dit
04:05 je vais dire comme les Français.
04:07 A tout le monde c'est pas mal qu'un responsable politique s'intéresse à ce que souhaitent
04:10 les Français.
04:11 Oui, mais on lui aurait dit la baïa est populaire, il aurait défendu avec la même
04:15 force de caractère la baïa.
04:17 Il n'est qu'une colonne vertébrale selon vous ?
04:20 C'est en cela qu'il est un parfait macroniste, c'est-à-dire une espèce de fluidité, d'incapacité
04:27 à voir une ligne.
04:28 Et les Français ne sont pas dupes, les Français le savent.
04:30 Et parce qu'à la fin tout ça amène à peu de résultats ou à de très mauvais résultats.
04:34 Parlons-en les résultats, parce qu'il est aussi présenté, Gabriel Attal, comme étant
04:37 en tous les cas présenté ou pensé comme étant l'arme anti-Jordan Bardella.
04:42 Quand on voit les deux hommes côte à côte, je le dis aux auditeurs qui nous écoutent,
04:47 l'image à la fois de Gabriel Attal et de Jordan Bardella, on a vraiment l'impression
04:51 d'une gémédité, évidemment pas au niveau des idées, mais Gabriel Attal on pourrait
04:55 dire que c'est Jordan Bardella sans l'ERN.
04:57 Non, mais vous savez, moi je me méfie de tout ça.
05:00 Oui, parce que je me souviens de l'arme anti-Rassemblement National qui était Gérald Darmanin.
05:05 Le moins qu'on puisse dire, c'est une arme qui s'est un peu enrayée, ça n'a pas produit
05:09 les effets escomptés.
05:10 Mais ce n'est pas le même rapport, Gabriel Attal, vous le reconnaissez vous-même.
05:13 Est-ce que vous d'ailleurs, pardonnez-moi, ces propos sont vraiment les vôtres dans
05:17 Le Parisien, il est écrit à propos de Gabriel Attal que vous trouvez qu'il est correct,
05:21 sympa, qu'il a du recul sur les choses.
05:23 Oui, c'est vrai.
05:24 Non, mais moi je ne combat pas un homme, je combat ses idées et je note deux choses.
05:29 Par exemple, lorsque le gouvernement cherche à nous combattre, il essaye d'aller sur
05:34 des thématiques que nous connaissons et sur lesquelles nous travaillons depuis longtemps.
05:37 Je pense à l'immigration.
05:38 Le moins qu'on puisse dire, c'est que ça n'a pas été couronné particulièrement
05:42 de succès.
05:43 Ça valide le fait.
05:44 Et moi ce que j'aime, c'est qu'en fait ce gouvernement, il s'ajuste à nous.
05:46 Il essaye d'aller sur des thématiques que nous déployons depuis longtemps, mais il
05:50 ne va pas jusqu'au bout.
05:51 Donc bien sûr, ce n'est pas le succès.
05:53 Et maintenant, il s'est dit, le Rassemblement national a un jeune président, Jordan Bardella,
05:58 il est populaire.
05:59 Regardons ce que nous avons en magasin.
06:00 On a un jeune homme populaire qui s'appelle Gabriel Attal et on va essayer d'en faire
06:04 quelque chose.
06:05 On a deux jeunes hommes habiles, communicants, stratèges politiques, bien sous tous rapports,
06:09 si je peux dire.
06:10 Je peux me permettre d'ajouter, grignotant un peu la statue de celui ou celle qui les
06:14 a adoubés, Emmanuel Macron pour Gabriel Attal et Marine Le Pen pour Jordan Bardella.
06:18 Le problème, c'est qu'il ne propose pas du tout la même chose.
06:21 Et moi, je crois que Gabriel Attal subira exactement ce que la loi immigration a subi.
06:27 C'est-à-dire qu'en réalité, il est condamné à décevoir parce qu'il est condamné à
06:32 appliquer la politique d'Emmanuel Macron.
06:33 Il ne va pas en sortir.
06:34 Il a d'ailleurs été choisi pour ça.
06:36 C'est un narcisse Emmanuel Macron.
06:37 Il se regarde dans un miroir à travers Gabriel Attal.
06:40 Donc, Gabriel Attal, condamné à appliquer la politique d'Emmanuel Macron, condamné
06:44 à décevoir parce que cette politique, elle a les résultats qu'on connaît.
06:47 On peut regarder, par exemple, sur l'inflation.
06:49 On est supérieur, aujourd'hui dans notre pays, les prix sont supérieurs.
06:53 L'inflation des prix est supérieure à celle de la zone euro.
06:57 Bruno Le Maire nous avait dit totalement l'inverse.
06:59 On est derrière l'Espagne, derrière le Portugal.
07:01 L'insécurité, les chiffres de l'insécurité qui sont sortis sont dramatiques.
07:06 On va tout lui porter à son gueul, on va voir.
07:08 Ça veut dire que la politique dont il a été solidaire, il en a même été le porte-parole.
07:11 Vous y voyez une continuité.
07:13 Mais si, pourquoi vous avez l'air inquiet ?
07:15 Ah non, je n'ai pas du tout l'air inquiet.
07:16 J'ai l'air inquiet pour mon pays.
07:17 Aucune crainte ?
07:18 Non, mais j'ai l'air inquiet pour mon pays.
07:19 Ah bon ? Donc Gabriel Attal serait une menace supplémentaire par rapport à Elisabeth Woll ?
07:22 C'est-à-dire qu'il va continuer à porter la politique dramatique d'Emmanuel Macron.
07:27 Il en a été solidaire jusqu'à présent.
07:29 Et je pense qu'effectivement, c'est dramatique pour les Français.
07:32 Incapacité à les protéger, leur pouvoir d'achat ou leur sécurité.
07:36 Je viens de donner deux exemples.
07:37 Je pense que oui, ça c'est dramatique pour les Français.
07:39 Sébastien, il n'y a aucune, quand je demandais ce que vous avez peur,
07:42 c'est-à-dire qu'il n'y a aucune crainte, aucune appréhension à qu'un profil comme celui de Gabriel Attal
07:46 dans cette campagne des européennes reconnaissait,
07:48 et je pense que vous pourriez être d'accord avec ce que je dis,
07:50 que c'est un "chef de guerre" peut-être plus habile que ne l'aurait été Elisabeth Borne dans une campagne.
07:57 Et ce n'est pas lui faire...
07:58 Oui, enfin si vous prenez comme référentiel Elisabeth Borne,
08:01 qui c'est un mélange entre...
08:02 C'était sa prédécesseur.
08:03 ...entre Jean-Marc Ayrault et Tchad Gpt, c'est sûr que, évidemment, ce n'est pas glorieux.
08:07 Ce n'est pas un chef de guerre que vous craignez.
08:08 Gabriel Attal ne va pas aller lui-même aux élections européennes d'ailleurs.
08:11 Vous savez comment c'est, il fait ça, c'est mieux que moi.
08:12 Il est là probablement pour masquer la difficulté qu'a la Macronie à trouver un chef de file.
08:16 Non, moi je pense qu'à la fin, tout ça valide beaucoup ce que nous proposons.
08:21 À vouloir essayer quelque part de copier ou d'aller sur notre territoire,
08:25 eh bien il valide le fait que, effectivement, nous avons les bonnes analyses et les bonnes solutions.
08:29 Je pense que celui qui a, au contraire, intérêt à s'inquiéter, c'est Raphaël Glucksmann,
08:33 car la Macronie a besoin de rattacher une espèce de gauche, de centre-gauche.
08:37 Et Gabriel Attal est là pour ramener les électeurs de centre-gauche.
08:40 Je pense que c'est beaucoup plus ça.
08:42 Je ne suis pas sûr que Gabriel Attal aille piquer une seule voix à Jordan Bardella demain.
08:45 D'ailleurs, est-ce que c'est un homme de droite ou un homme de gauche ?
08:46 Il est adoubé comme étant un homme de droite venant de la gauche
08:49 et il séduit une sorte de gauche que j'appellerais néo-chevenmentiste qui se retrouve en lui.
08:54 Raison pour laquelle c'est plutôt, effectivement, cette gauche de Raphaël Glucksmann
08:58 qui a intérêt à s'inquiéter.
08:59 Pour être tête de liste PS, aux européennes.
09:02 Ce sont les idées que nous portons qui font la différence.
09:04 Il y a les idées et les réformes et l'action.
09:06 Vous êtes Sébastien Chenu, vice-président de l'Assemblée nationale, vous êtes député.
09:11 Est-ce que la méthode Attal, on va la voir à l'œuvre là, évidemment, à Matignon,
09:15 pourrait être différente de celle d'Elisabeth Borne qui cumule les 49.3
09:17 en matière d'élargissement de la majorité ?
09:21 C'est quand même ça l'essentiel pour porter des réformes.
09:23 D'abord, je pense qu'avant d'élargir la majorité, son boulot, c'est de la consolider.
09:26 On a vu que l'aile gauche était partie, ou en tous les cas avait très envie de partir,
09:30 au moment de la loi immigration.
09:32 Donc son boulot, ça va être de consolider.
09:34 Et ensuite, effectivement, d'élargir.
09:36 Mais où peut-il élargir ?
09:37 Comment ? Avec la politique qu'il compte mener.
09:40 Alors, à moins qu'il y ait des grandes ruptures.
09:41 Il n'est pas sectaire du tout avec les oppositions, capable de parler à tous.
09:44 Vous-même, vous l'avez reconnu.
09:46 Ça ne suffit pas.
09:48 Il est capable de parler à tout le monde.
09:50 C'est très agréable dans une relation,
09:52 mais ce n'est pas pour ça qu'on va valider les mauvaises directions
09:55 dans lesquelles il peut emmener la France,
09:57 si en tous les cas, il est soumis au souhait d'Emmanuel Macron.
09:59 Et je ne vois pas Gabriel Attal être en rupture avec la politique d'Emmanuel Macron.
10:03 Donc tout ça amènera à quelque chose de déceptif.
10:06 Vous prophétisez déjà son échec ?
10:08 Aujourd'hui, c'est l'archange Gabriel.
10:12 Tout le monde le regarde avec bienveillance.
10:15 Il faut qu'il profite de ses heures,
10:16 parce que moi, je crois qu'une fois qu'il va entrer dans le dur...
10:19 Et Gabriel Attal nous a montré qu'il n'était pas un homme de résultats.
10:22 J'en ai parlé il y a quelques secondes.
10:24 Il ouvre des dossiers, il ne les ferme pas, il ne les fait pas aboutir.
10:27 Vous y voyez une étoile filante dans certains ministères.
10:29 Et puis avant le jugement dans le dur, il n'y est pas.
10:31 Et là, il va arriver effectivement dans le dur.
10:33 Les problématiques de pouvoir d'achat, les problématiques de sécurité,
10:36 les problématiques d'immigration ne pourront pas être masquées
10:39 par une loi sur la fin de vie.
10:40 Même si... Ah ben j'allais vous poser l'action,
10:42 parce que quels sont les grands textes à venir ?
10:44 Effectivement, une loi sur la fin de vie dont on imagine
10:47 qu'elle ne va pas entraîner des déchirements politiques.
10:49 Que reste-t-il ? La réforme de l'AME, l'aide médicale d'État,
10:52 qui a été promise par Élisabeth Borne.
10:53 On va voir si Gabriel Attal aussi est le continuateur de cette promesse.
10:57 Mais quel grand texte pourrait signer son échec ?
11:00 Nous, nous demandons à aller plus loin sur l'immigration.
11:02 Nous avons dit qu'il y avait eu un acte 1,
11:04 qui était cette toute petite loi administrative
11:06 que nous avons votée sur l'immigration.
11:08 Mais maintenant, il va falloir aller plus loin.
11:10 Est-ce que Gabriel Attal va être capable d'aller plus loin ?
11:12 L'AME, Élisabeth Borne nous a dit qu'elle ouvrirait le débat.
11:15 Nous demandons la suppression de l'AME pour la remplacer
11:18 par une aide d'urgence, une aide médicale d'urgence.
11:21 Est-ce que Gabriel Attal va aller là-dessus ?
11:23 On verra. Mais pour le reste, Sabezas semble bien vide.
11:27 En tous les cas, Sabezas va être, en tous les cas,
11:29 remplie, si je puis dire, par les nominations de son équipe,
11:33 dont on dit qu'elle est resserrée.
11:35 Gérald Darmanin, selon les informations d'Europe 1,
11:37 resterait à sa place à Beauvau.
11:39 Est-ce que pour vous, Sébastien Chenu, l'ensemble des musiciens,
11:42 des instrumentistes de l'orchestre gouvernemental est important ?
11:45 Ou alors vous dites, la partition, au final, ne changera pas.
11:49 Tout est important, mais le casting est secondaire, en réalité.
11:53 Ce qui est important, c'est la ligne politique
11:55 que veut mener aujourd'hui le Premier ministre.
11:57 Récompenser Gérald Darmanin, dont l'échec place Beauvau
12:01 au ministère de l'Intérieur, est pas tant,
12:04 et donne, enfin, est une interrogation, à mes yeux.
12:08 Ça reste un mystère.
12:09 Comment peut-on récompenser l'échec sur les OQTF,
12:11 sur la loi immigration si mal menée,
12:15 sur les expulsions qui n'aboutissent pas,
12:17 sur l'incapacité à réformer les accords de 68 avec l'Algérie ?
12:20 Là aussi, on va voir si Gabriel Attal est capable
12:23 d'aller sur ce terrain-là.
12:24 Donc récompenser ceux qui ratent le maintien de Bruno Le Maire
12:29 serait évidemment un drôle de signal aussi envoyé,
12:31 ce ministre de l'Économie et des Finances qui nous dit
12:34 on va avoir une cure d'austérité de 12 milliards d'euros.
12:36 Là, vous dites qu'il faut enlever les deux poids lourds du gouvernement.
12:38 Ça semble quand même difficile, de votre point de vue.
12:41 Ils sont en échec.
12:42 Et quand Bruno Le Maire, sept ans après son arrivée,
12:45 finit par dire écoutez c'est une cure d'austérité
12:48 de 12 milliards d'euros qui attend les Français,
12:50 le moins qu'on puisse dire, c'est que ce n'est pas glorieux,
12:52 c'est que ça ne marche pas très bien cette affaire-là.
12:53 Donc pour le reste, on verra quels sont les hommes et les femmes
12:56 qui seront aux commandes.
12:57 C'est assez secondaire ces histoires de casting.
12:59 Moi, je crois que ce qui est prioritaire,
13:00 c'est ce que veut faire ce Premier ministre
13:02 qui a grosso modo les pieds et poings liés
13:04 parce que la physionomie de l'Assemblée nationale,
13:07 elle, elle n'a pas changé.
13:08 En tout cas, ce sera Sébastien Chenu, un Premier ministre,
13:10 qui va devoir surveiller de près le chaudron social aussi.
13:13 Et je voudrais évoquer ce sujet.
13:14 Je l'ai évoqué hier ici même avec François-Xavier Bellamy.
13:18 La colère des agriculteurs monte partout en Europe
13:21 et aussi en France.
13:22 On voit vraiment des images impressionnantes en Allemagne.
13:24 Quand il y a une colère des agriculteurs,
13:25 elle est liée à des éléments intrinsèques,
13:27 mais pas seulement.
13:29 Fiscalité, normes, concurrence.
13:31 Nos agriculteurs sont souvent méprisés, délaissés.
13:34 Sur ce sujet, est-ce que vous attendez quelque chose
13:36 de particulier de ce gouvernement ?
13:37 Est-ce qu'il faut se saisir déjà, tout de suite,
13:39 et vous envoyer un signal d'alerte ?
13:40 Bien entendu, il y a quelque chose sur lequel
13:42 les gouvernants vont très peu.
13:44 C'est sûr, la capacité notamment à regarder l'avenir
13:46 pour les agriculteurs et les transmissions d'entreprises,
13:49 de GAEC, aider, simplifier, épauler les agriculteurs
13:53 à transmettre.
13:54 Je pense que là, il y a quelque chose à anticiper également.
13:57 Au-delà même de la fiscalité dans laquelle se noient
13:59 les agriculteurs, des concurrences déloyales
14:01 que nous impose souvent l'Union européenne.
14:04 Je pense qu'effectivement, c'est un dossier important,
14:06 prioritaire auquel il faut prêter attention.
14:08 Sinon, demain, on ne pourra plus nourrir les Français.
14:10 Très rapidement, est-ce que depuis hier,
14:12 la nomination de Gabriel Tal, c'est le premier jour
14:14 de l'après-Macron ?
14:15 C'est, non, le premier jour de la continuité
14:18 du mandat catastrophique d'Emmanuel Macron.
14:20 Peut-être un conseil pour Gabriel Tal,
14:21 comment peut-on passer par l'enfer de Matignon
14:24 sans être, entre guillemets, "cramé" ?
14:26 En changeant de politique.
14:28 La réalité, c'est en écoutant les Français
14:29 et en faisant une politique qui soit de bon sens
14:31 et qui ne soit pas déconnectée des réalités du terrain.
14:35 Mais je crois que malheureusement, quand on a les pieds
14:36 et les poings liés, comme il va les avoir,
14:38 ce sera compliqué.
14:39 Quelle est la dernière discussion que vous avez eue
14:40 avec Gabriel Tal ?
14:41 Je sais que vous le tutoyez, que vous avez du respect pour lui.
14:44 De quoi avez-vous parlé sans vouloir inventer des secrets ?
14:46 J'imagine que cela vous plaît.
14:47 Non, non, mais on a parlé de la difficulté,
14:50 je crois, à gouverner.
14:51 Moi, je ne sous-estime pas le fait que ce soit difficile
14:55 de gouverner.
14:56 Malheureusement, nous voyons, je crois, chacun,
14:58 la société différemment.
15:01 Nous voyons le monde probablement différemment
15:03 et les solutions importées que nous voyons,
15:04 elles sont très différentes, très opposées même.
15:08 Mais je peux souhaiter bon courage
15:11 pour mon pays à ce nouveau Premier ministre.
15:13 Malheureusement, comme 52% des Français,
15:15 je ne me fais pas beaucoup d'illusions.
15:16 Merci Sébastien Cheniot.
15:17 C'était votre grande interview ce matin.
15:19 À bientôt.
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