• il y a 11 mois

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00:00 Le 6/9, France Bleu, Belfort Montbéliard.
00:02 Le 6/9, France Bleu, Belfort Montbéliard et votre invité Thierry à 8h45, nous recevons
00:07 Maître Julien Robin, avocat au barreau de Belfort.
00:10 Et spécialisé dans les affaires de violence faites aux femmes.
00:12 Bonjour.
00:13 Bonjour.
00:14 Hier soir, une trentaine de personnes ont manifesté place de la République à Belfort
00:18 pour demander un monde sans violence sexiste et sexuelle.
00:21 Et ce matin, on vous pose cette question, comment finir avec les violences sexistes
00:25 et sexuelles ? La réponse de la justice était là, à hauteur.
00:27 Vos commentaires, vos témoignages dès maintenant au 03 84 22 82 82.
00:33 Alors Maître Robin, ce phénomène de violence faite aux femmes est-il en hausse dans le
00:36 territoire de Belfort ? Est-ce que vous avez de plus en plus d'affaires à traiter ?
00:39 Il y a sans doute de plus en plus d'affaires à traiter.
00:42 Je crois que c'est dû essentiellement au fait que depuis certaines années maintenant,
00:47 la justice se mobilise pour libérer la parole.
00:50 Je crois que c'est extrêmement important.
00:52 C'est-à-dire qu'une victime ne doit plus avoir peur de franchir les portes d'un commissariat
00:57 de police pour déposer plainte.
00:58 Aujourd'hui, on se mobilise au niveau de la justice.
01:02 Le dernier exemple en date, tout récent, c'est un décret du mois de novembre 2023
01:07 qui institue dans chaque tribunal judiciaire de France des pôles spécialisés pour notamment
01:12 ce qu'on appelle les VIF, les violences intra-familiales.
01:16 Alors justement Maître Robin, la justice selon vous est-elle à la hauteur de l'enjeu
01:21 ? Les peines sont-elles suffisamment, j'allais dire sévères ou en tout cas dissuasives ?
01:24 Je pense qu'on est en tout cas dans une logique d'apporter une réponse immédiate à ce type
01:31 d'infraction.
01:32 C'est-à-dire que la politique qui tend à se généraliser, c'est qu'au sortir d'une
01:38 garde à vue, l'auteur présumé des faits reçoive une réponse pénale immédiate.
01:43 C'est-à-dire qu'on va choisir du côté du parquet, de manière assez systématique,
01:47 indéfermant, devant le tribunal, de l'auteur de ce type de faits.
01:51 Ce qui n'existait pas il y a encore quelques années en arrière.
01:53 C'est exact, c'était sans doute une autre approche.
01:56 Mais aujourd'hui c'est vrai que les moyens tendent à se généraliser et à se concrétiser
02:01 de ce point de vue-là, puisqu'il y a des dispositifs, on peut les citer, le téléphone
02:05 grave danger, le bracelet anti-rapprochement, ce qu'on appelle les ordonnances de protection.
02:10 C'est-à-dire qu'avant même une décision pénale, lorsque des violences sont vraisemblables
02:15 et qu'il y a effectivement un risque au niveau intrafamilial, on va tout faire pour
02:20 écarter l'auteur présumé de la famille.
02:23 Maître Robin, je vous propose d'écouter le témoignage de l'hélodie.
02:27 Elle était hier soir à la manifestation à Belfort.
02:29 Elle estime que la justice n'en fait pas assez pour lutter contre les violences contre
02:33 les femmes.
02:34 Écoutez ce qu'elle dit.
02:35 Il faut bien se rappeler qu'il y a seulement 1% des agresseurs qui sont condamnés, tout
02:40 simplement.
02:41 Donc pour nous le tribunal c'est un lieu qui est vraiment symbolique.
02:44 Du retard que prend la France.
02:46 Parce qu'on a beau nous dire que la cause des femmes avance.
02:49 On a eu les petits flyers de Darmanin l'année dernière, mais pour l'instant nous on ne
02:54 voit clairement rien avancer.
02:55 Je pense que les moyens ça se trouve et on a bien des moyens pour trouver des uniformes
03:04 pour les établissements scolaires.
03:05 Donc je pense qu'on peut en trouver aussi pour faire avancer la cause des femmes qui
03:08 me semble quand même être quelque chose de très important.
03:10 Alors je précise que ce chiffre de 1% des agresseurs condamnés date de 2016.
03:15 Mais Elodie nous dit également que selon elle la France est en retard dans la cause
03:20 des femmes.
03:21 C'est votre avis ?
03:22 Sur certaines, par rapport à certains pays, on peut le considérer.
03:27 Je pense notamment à l'Espagne qui est déjà effectivement par rapport à cette cause-là
03:32 mobilisée d'un point de vue judiciaire d'une manière sans doute plus avancée qu'au
03:37 niveau national.
03:38 Simplement l'exemple que je citais tout à l'heure, notamment des dépôts spécialisés
03:42 sur les violences intrafamiliales sont effectivement un exemple concret du fait qu'on se mobilise
03:48 d'un point de vue judiciaire.
03:49 Maintenant il en faut sans doute encore plus.
03:51 Alors ce matin on pose la question "comment finir avec les violences sexistes et sexuelles"
03:54 ? La réponse de la justice est-elle à la hauteur ? Et nous avons en ligne Pascal,
03:59 Pascal qui nous appelle de Chenubier.
04:01 Bonjour Pascal.
04:02 Bonjour à toute l'équipe.
04:04 Quel est votre sentiment ? Est-ce qu'on en fait assez ?
04:08 Je voudrais surtout réagir par rapport à l'affaire de...
04:10 Bon d'habitude je fais des blagues mais là c'est pas rigolo.
04:13 Par rapport à Depardieu, écoutez moi j'ai été touché parce que quand j'ai vu l'émission
04:17 que tout le monde a vue sur... je sais plus quelle chaîne, quand il parlait d'une petite
04:22 fille qui était assise sur un cheval avec des propos vraiment, vraiment, comment je
04:27 vais dire, très graves.
04:28 Et bon j'ai une petite fille de 13 ans, donc je me mets à...
04:32 Je veux dire ça m'a touché quoi.
04:35 C'est pas normal qu'on dise ça.
04:37 Et quand j'entends le président qui dit que c'est un honneur pour la France, ben non,
04:42 c'est pas vrai.
04:43 C'est pas un honneur pour la France.
04:45 C'est...
04:46 Je veux dire, tout le monde a entendu cette émission.
04:49 C'est scandaleux.
04:51 Même si c'est pas, je veux dire, physiquement, il a pas touché physiquement la petite fille
04:57 sur le cheval, mais on ne doit pas dire des choses comme ça.
05:00 C'est pas possible.
05:01 Merci beaucoup Pascal de nous appeler de Chenubier.
05:04 On sent votre émotion dans votre voix.
05:07 Maître Robin, l'affaire Depardieu a encore mis le doigt, justement, sur ce problème
05:14 de violence pétophane et cette espèce d'impunité, en tout cas de la part d'une certaine génération.
05:18 Oui, alors les propos, sans doute, effectivement, sont-ils scandaleux, bien évidemment.
05:24 Après, ce qu'il faut bien, effectivement, distinguer dans le cadre de cette affaire,
05:27 c'est qu'il y a une traduction judiciaire à tout cela, puisque je crois savoir que
05:31 M. Depardieu est mis en examen, justement, pour défier de viol et d'agression sexuelle.
05:35 Depuis 2020.
05:36 Depuis 2020, c'est exact.
05:37 Donc, sur ce point-là, laissons la justice faire son travail, parce qu'il ne faut pas
05:42 non plus que le tribunal médiatique condamne M. Depardieu avant qu'il ne le soit par la
05:48 justice, éventuellement.
05:49 Certes, les délais sont longs, mais ce sont les délais d'une instruction judiciaire.
05:54 On doit aussi, effectivement, rappeler, par rapport à ça, le principe qui est intangible,
06:01 qui est celui de la présomption d'innocence.
06:02 Donc, on a, effectivement, quand même une traduction judiciaire, puisque les mises en
06:05 examen existent dans cette affaire.
06:07 Ici, Matin, c'est sur France Bleu, Belfort Montbéliard, 8h moins 10.
06:09 Nous parlons ce matin des violences sexistes et sexuelles contre les femmes avec M. Julien
06:13 Robin, avocat à Belfort.
06:15 On en a parlé à l'instant, M. Robin.
06:17 Il y a la question des délais, justement, entre le dépôt de plainte et la réponse judiciaire.
06:22 Dans le cas de l'affaire de Pardion, elle a été mise en examen depuis 2020.
06:26 Nous sommes en 2024 et toujours pas de procès.
06:29 Le temps de la justice semble long pour les victimes et l'opinion publique.
06:32 C'est, effectivement, le sentiment qu'on peut avoir.
06:36 Maintenant, je crois qu'il faut distinguer les différentes affaires qui peuvent être
06:40 soumises à l'appréciation médiatique, puisque là, nous sommes dans une affaire
06:45 où une instruction judiciaire est menée, où, manifestement, il y a plusieurs victimes
06:50 qui, effectivement, se sont manifestées.
06:52 Tout ceci prend du temps.
06:53 Et, effectivement, de ce point de vue-là, la justice n'est pas réputée pour sa célérité.
06:58 Maintenant, sur l'appréciation générale qu'on peut avoir des violences faites aux femmes sexistes,
07:04 dans le quotidien, la réponse pénale se veut rapide.
07:07 Je parlais tout à l'heure des déferments de manière assez systématique et immédiate
07:11 dans ce type d'affaires et je peux vous dire qu'effectivement, c'est le cas en pratique.
07:14 Un dernier mot, M. Robin, sur le parc à Belfort, qui expérimente un nouveau stage
07:18 pour les auteurs de violences conjugales.
07:20 L'objectif est d'apporter une réponse pénale plus précise et surtout plus personnalisée.
07:24 Ça va dans le bon sens ?
07:25 Je pense que ça va dans le bon sens, en termes de prise de conscience,
07:28 en termes de réflexion, en termes de remise en cause.
07:30 Je pense que, effectivement, ce sont des peines alternatives qui trouvent tout leur sens
07:35 dans le cadre de ce contexte actuel.
07:37 Merci beaucoup, M. Julien Robin, avocat au barreau de Belfort
07:40 et spécialisé dans les affaires de violences faites aux femmes.
07:43 Merci d'être venu ce matin. Bonne journée.
07:45 Merci, bonne journée.
07:46 Vous pouvez retrouver cet entretien sur l'application ici, par France Bleu et France 3.

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