• il y a 11 mois
Avec Erik Tegner, journaliste, président de Livre Noir.

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##LE_FAIT_DU_JOUR-2024-01-16##

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News
Transcription
00:00 *Musique*
00:14 Sud Radio Bercov dans tous ses états.
00:17 *Musique*
00:18 Et pendant la conférence de presse, et pendant Davos, et pendant les collocs, et pendant les polémiques,
00:24 et bien l'immigration clandestine continue, continue de plus belle.
00:30 Et ça se passe où ? Et bien ça se passe partout.
00:33 Alors on a parlé de l'Italie, on a parlé de l'Espagne, et on a moins parlé du Sénégal.
00:40 On a moins parlé des îles Canaries.
00:43 Bonjour Éric Tegner.
00:45 Bonjour André.
00:47 Alors vous êtes, vous êtes, je rappelle que vous êtes fondateur et directeur de Livres Noirs,
00:53 et vous avez fait beaucoup d'enquêtes, notamment en La Pédouza, sur ce qui se passe actuellement du point de vue des mouvements migratoires,
01:01 et des mouvements migratoires clandestins, et de toute l'organisation effectivement de passage et d'y aller.
01:08 Encore une fois, je rappelle, parce que souvent on fait des polémiques,
01:12 France, terre d'asile, oui, mais France, maison de passe, non.
01:16 Et ce n'est pas du tout la même chose.
01:19 Il se passe quand même quelque chose.
01:20 Racontez-nous, vous êtes depuis quelques jours au Sénégal,
01:24 racontez-nous ce que vous avez vu, vous êtes dans une île d'ailleurs, une des îles Canaries,
01:29 et on en parle très peu, mais apparemment c'est une des bases d'un mouvement non négligeable vers l'Europe.
01:36 Alors déjà merci André, et merci Sud Radio de me recevoir, parce qu'effectivement c'est un sujet aujourd'hui fondamental,
01:44 et c'est étonnant d'ailleurs qu'ici aux îles Canaries il n'y ait absolument pas de journalistes,
01:47 d'ailleurs j'ai vu très peu de journalistes espagnols, et que la presse également française et européenne n'en parle pas.
01:53 Donc en effet, je suis depuis plusieurs jours aux îles Canaries,
01:57 vous savez, c'est cette île espagnole au large, donc vous le disiez tout à l'heure, du Sénégal et de la Mauritanie,
02:02 et je suis plus précisément sur une des petites îles qui s'appelle El Hierro, au niveau du port de la Restinga.
02:09 C'est là en fait qu'arrive la majeure partie des migrants, il y en a encore qui sont arrivés cette nuit.
02:14 Alors qu'est-ce qui se passe ici ?
02:15 - Alors, pardon Eric Tegner, quand vous dites d'abord, une chose, ces îles Canaries, là où vous êtes, cette île-là,
02:23 elle est à combien des côtes sénégalaises ?
02:26 Et seconde question juste, ces migrants qui arrivent ici, ils viennent d'où en majorité ?
02:32 - Alors, les bateaux partent du Sénégal et de la Mauritanie.
02:36 C'est une traversée qui est bien plus difficile que celle de la Méditerranée,
02:39 c'est 1500 kilomètres qu'ils réalisent.
02:41 Ça leur prend entre 4 et 14 jours, donc c'est immense.
02:45 Et la majeure partie des migrants qui arrivent, ils sont sénégalais, ils sont guinéens,
02:50 il y a également des personnes de Gambie et du Mali.
02:52 Donc majoritairement ce sont des francophones.
02:55 C'est pour ça que c'est intéressant aussi pour les Français lorsqu'ils arrivent ici,
02:59 parce que ce qu'ils cherchent d'abord et avant tout, c'est d'arriver en France.
03:02 - Et donc, je rappelle simplement, les pays que vous avez cités ne sont pas à ma connaissance,
03:08 mais corrigez-moi si je me trompe, des pays en guerre.
03:11 - Non, ce n'est absolument pas des pays en guerre.
03:13 Ce sont d'ailleurs majoritairement des hommes qui traversent.
03:16 J'ai pu voir cette nuit arriver un nouveau bateau à 3h du matin avec 70 personnes à son bord.
03:22 Dedans, il y avait seulement une femme et deux enfants,
03:25 donc c'est important de souligner cet élément.
03:29 Ce qu'il faut vraiment aussi avoir en tête, c'est que ça devient le nouveau Lampedusa espagnol.
03:33 Pour vous donner un chiffre, en 2022, c'était 15 000 migrants qui arrivaient ici.
03:38 En 2023, c'est 39 000, c'est-à-dire qu'on est sur une augmentation de 148 %.
03:44 Moi, personnellement, j'ai pu les voir simplement sur un port.
03:47 J'ai pu compter plus de 750 migrants simplement ce week-end sur un port qui s'appelle le port de la Restinga.
03:54 Sur l'ensemble de l'île des Canaries, on est à plus de 1 200 arrivés de migrants sur les Canaries.
04:00 Donc, c'est 10 000 par mois.
04:01 Ce qui est important de souligner, c'est que, ici, le contexte n'est pas présent.
04:05 C'est-à-dire que notre politique, c'est véritablement une frontière européenne,
04:10 dépend aujourd'hui du gouvernement socialiste espagnol.
04:12 Parce qu'on sait qu'une fois que ces migrants arrivent sur le territoire,
04:15 c'est impossible de les expulser.
04:17 On sait que, on m'a dit qu'il y avait simplement un représentant,
04:20 et ce représentant, il est là pourquoi ?
04:22 Il n'est pas là pour essayer de contrôler les frontières,
04:24 il est là pour contrôler le fait que les autorités espagnoles respectent bien les droits de l'homme
04:30 dans leur prise en charge des différents migrants qui arrivent sur le territoire.
04:34 - Alors, le point qui... - Oui, allez-y, allez-y.
04:38 Le point qui est important de souligner, c'est que, ici, l'île des Canaries est complètement saturée.
04:44 Donc, normalement, il y a 6 300 places au global,
04:47 notamment sur la principale île, c'est-à-dire Ténérife.
04:50 Et étant donné qu'elle est saturée aujourd'hui,
04:53 la majeure partie de ces migrants, en l'espace de 4 à 6 jours,
04:56 finissent par arriver à Malaga.
04:58 C'est une ville au sud de l'Espagne, et donc sur le continent, et sur le territoire.
05:03 Ici, moi, je l'ai vu très directement comment ça se passe.
05:06 Lorsqu'un bateau est repéré au large,
05:08 il y a un appel qui est envoyé sur les deux bateaux du port de la Restinga
05:12 qui sont chargés de faire du sauvetage en mer.
05:16 À la base, ils ne sont pas là pour les migrants.
05:18 Ça devient 90% de leur activité en ce moment.
05:20 Ils vont chercher ces bateaux au large, je peux les voir partir et revenir.
05:24 Ils reviennent une heure après, en ayant remorqué ces bateaux,
05:27 qui sont pris en charge par la Croix-Rouge, ça prend à peu près deux heures,
05:30 qu'ils sont envoyés dans deux différents centres de migrants à moins d'une demi-heure.
05:34 Donc, par exemple, en ce moment, je suis devant un ancien monastère
05:38 qui a été reconfiguré en centre d'accueil pour les mineurs étrangers clandestins.
05:43 Et en l'espace de 48 heures, ils sont envoyés à Tenerife, cette capitale.
05:47 Puis, théoriquement, ils sont censés passer 15 jours
05:49 dans les centres de rétention administrative, comme on a en France.
05:52 Mais dans les faits, étant donné que c'est saturé, ils sont envoyés en Espagne.
05:56 Autant vous dire qu'il n'y a quasiment pas de reconduction aux frontières.
05:59 Ils sont globalement, majoritairement frappés d'une procédure d'expulsion.
06:03 Mais le Sénégal, aujourd'hui, ne les récupère pas.
06:07 Notre stratégie, en fait, aujourd'hui...
06:08 - Ne les récupère pas, pardon Éric Tegner,
06:11 le Sénégal ne les récupère pas parce qu'ils refusent de les récupérer,
06:14 ou bien parce que, voilà, ce n'est plus leur problème ?
06:20 - Alors, aujourd'hui, ils refusent de le récupérer.
06:22 Et en même temps, on n'est pas véritablement dans un rapport de force.
06:25 Aujourd'hui, en fait, moi, c'est ce qui m'a marqué quand je suis arrivé dans le sport.
06:29 Vous savez, on parle souvent de contrôle des frontières et de l'immigration clandestine.
06:34 Il y a cette loi immigration qui est faite, qui dit qu'elle va tout résoudre.
06:38 Et en fait, moi, des frontières, je n'en ai pas vu.
06:40 Moi, je n'ai pas vu l'armée, je n'ai pas vu Frontex.
06:42 Je vois simplement des bataillons de sauveteurs
06:44 parce qu'en fait, on fait du sauvetage en mer.
06:46 Et si ces malheureux Africains, parce que c'est très dangereux ce qu'ils font,
06:50 prennent le risque aujourd'hui d'aller sur une voie plus périlleuse que la Méditerranée,
06:54 au péril de leur vie.
06:56 Exactement. Et ils savent qu'une fois qu'ils arrivent ici,
06:58 eh bien, ça suffit. Donc, notre seule stratégie européenne aujourd'hui,
07:02 c'est ce que les garde-côtes me disaient,
07:04 c'est de payer le Sénégal et la Mauritanie
07:07 pour qu'ils puissent empêcher ces bateaux de migrants de passer.
07:11 Mais dans les faits, ils passent.
07:12 Moi, j'ai vu plus d'une quinzaine de bateaux arriver,
07:14 encore une fois, sur un petit port de 500 habitants.
07:16 Éric Tegner, est-ce qu'on sait ces bateaux,
07:20 qui les a frais d'où ils viennent
07:21 et combien ces migrants qui essayent d'arriver,
07:25 effectivement, en Espagne, à un voyage à la fois dangereux et long,
07:29 combien ça coûte à chaque migrant
07:33 avoir un peu le... malheureusement,
07:36 on va prendre cette expression, mais enfin, le business de ça,
07:38 c'est quoi, économiquement,
07:40 en tout cas, pour cette partie de l'Afrique et du continent africain ?
07:45 Alors, aujourd'hui, il y a véritablement des réseaux de passeurs.
07:48 Donc, la majeure partie, en ce moment, ces derniers jours,
07:51 les bateaux qui arrivent, ils viennent de Mauritanie.
07:53 Parce que le Sénégal, en ce moment,
07:56 est plutôt intransigeant vis-à-vis des départs.
07:59 Vous savez, à chaque fois, il y a quand même une logique de négociation
08:02 et de rapport de force avec l'Union européenne.
08:04 Donc, qu'est-ce que font les bateaux ?
08:05 Les bateaux, ils partent du Sénégal
08:07 et ils vont sur une île au nord de la Mauritanie,
08:10 c'est cette ville de Nouadhibou.
08:13 Nouadhibou, c'est vraiment à la frontière du Sahara occidental.
08:16 C'est la ville la plus au nord de la Mauritanie.
08:18 C'est une ville de pêche ici.
08:21 60% des Mauritaniens sont des pêcheurs.
08:23 Ce ne sont pas les Mauritaniens qui viennent chez nous.
08:26 Eux, ils cherchent plutôt à aller aux États-Unis par le Mexique
08:29 parce qu'il y a des dispositifs un peu différents.
08:32 Et donc, ces bateaux partent de Nouadhibou.
08:34 Ce sont des bateaux, en fait,
08:36 qui, les personnes à leur bord vont devoir payer à peu près 700, 750 euros.
08:41 Donc, c'est beaucoup par rapport au pouvoir d'achat du Sénégal.
08:46 Souvent, d'ailleurs, ils doivent travailler sur place
08:48 pour continuer à financer leur trajet.
08:50 Certains viennent, comme je disais, du Mali.
08:52 À chaque fois, c'est des étapes.
08:53 Et ils vont en fait faire quoi ?
08:55 Ils vont faire un premier départ de Nouadhibou
08:58 jusqu'à 30 kilomètres des côtes sous des filets de pêche
09:01 pour ne pas être identifiés par les gardes-côtes, notamment mauritaniens.
09:05 Et ensuite, ils rentrent dans des bateaux plus grands.
09:07 Dans ces bateaux, il peut y avoir, je les ai vus,
09:09 des bateaux qui sont assez très profonds.
09:12 En fait, ce sont des grandes pirogues.
09:13 Ils peuvent être 70 personnes dedans.
09:16 Par pirogue, ils ont un petit moteur.
09:18 Par pirogue.
09:19 C'est arrivé qu'il y en ait 120 ou 130.
09:21 C'est-à-dire qu'il y a beaucoup de morts sur cette traversée.
09:24 On parle de 6000 morts sur l'année 2023.
09:27 C'est terrifiant.
09:28 Mais également, parfois, ils n'ont plus d'essence
09:30 ou alors ils se perdent.
09:32 Donc, il y a vraiment un réseau organisé de passeurs.
09:35 Comme vous le disiez, moi, je l'avais vu en étant en Tunisie,
09:37 à Lesbos, à Lampedusa, etc.
09:39 Il y a un véritable business.
09:41 Mais ils le font parce qu'ils savent qu'une fois arrivé,
09:44 ces migrants vont pouvoir de toute façon être acceptés
09:47 et intégrés au sein de l'Union européenne.
09:48 Alors, à chaque fois, en petite précision
09:50 pour terminer sur ce passage des passeurs,
09:52 il y a toujours un guide dans ce bateau.
09:55 Parce qu'évidemment, on ne va pas laisser les migrants
09:58 faire 1500 km sans savoir où ils vont.
10:00 Et donc, en règle générale, la police,
10:02 quand même la guardia civile espagnole,
10:04 arrive à identifier qui est le chef du bateau.
10:07 Et donc, ils le mettent en prison une fois qu'il arrive.
10:10 Mais ce n'est pas la tête de pompe du réseau.
10:12 Mais le reste des migrants, donc, sont après, sont là,
10:15 et puis Schengen, et voilà, ils vont où ils peuvent aller.
10:19 Et oui, on peut les accueillir. C'est ça ?
10:22 Oui, exactement.
10:23 Donc, ils visent vraiment la ville de Malaga,
10:26 dans le sud de l'Espagne.
10:27 On a pu voir déjà beaucoup de vidéos,
10:29 on les voit à bord des avions,
10:31 ils sont logés dans des hôtels 4 étoiles
10:33 qui sont réquisitionnés pour s'occuper d'eux.
10:36 Et au mois d'octobre dernier, en fait,
10:38 le gouvernement espagnol a annoncé la création d'11 000 places
10:41 pour les centres de rétention
10:43 sur l'ensemble des régions du continent espagnol.
10:47 Mais on sait vraiment aujourd'hui,
10:48 qu'une fois qu'on est en Europe,
10:50 c'est impossible, en fait, d'être expulsé
10:53 en raison du droit européen.
10:55 Oui, Schengen et compagnie, enfin tout.
10:57 Exactement. Et ce qui est intéressant,
10:59 c'est que, vous savez, au mois de décembre,
11:01 il y a eu un accord sur le pacte asile et migration
11:04 qui a été accordé au niveau européen
11:06 et qui va être signé par le Parlement,
11:08 donc définitivement en Tériné,
11:10 au mois de mars 2024.
11:12 Et donc, que stipule cet accord ?
11:14 Il stipule une répartition des migrants
11:16 qui arrivent sur les frontières européennes
11:18 dans l'ensemble du territoire européen
11:20 parce que des pays comme l'Italie,
11:22 comme la Grèce ou comme l'Espagne
11:24 sont saturés aujourd'hui d'immigration.
11:26 Et donc, ils ont dit,
11:27 on veut bien mettre plus de moyens en place,
11:30 mais derrière, vous allez devoir prendre votre part.
11:32 Donc, une grande partie de ces migrants
11:34 que j'ai pu voir arriver,
11:36 des 40 000 migrants arrivés en 2023,
11:38 si on continue, parce qu'on est en augmentation,
11:40 on peut arriver jusqu'à 100 000 migrants en 2024
11:42 parce qu'en ce moment, c'est 10 000 par mois
11:44 depuis le mois d'octobre.
11:46 C'est énorme. En trois mois, on a quasiment fait
11:48 40 % des résultats de l'année.
11:50 De plus.
11:52 Voilà, exactement. Et donc, ils vont être répartis en France
11:54 parce que, c'est ce que nous disait la Croix-Rouge,
11:56 on va voir qu'ils sont français,
11:58 francophones, pardon,
12:00 qu'ils ont une famille aussi
12:02 présente en France.
12:04 Et donc, c'est chez nous que ça va être envoyé,
12:06 sinon, on va devoir payer 20 000 euros
12:08 par migrant. Donc, c'est important de le souligner.
12:10 Et le point qui est intéressant,
12:12 c'est que l'objectif n'est pas
12:14 de développer des moyens pour empêcher
12:16 l'entrée. C'est pour les enregistrer.
12:18 C'est une chambre d'enregistrement aujourd'hui.
12:20 Alors, Eric Tegner, justement,
12:22 on parlait de ça.
12:24 Avec ce pacte d'immigration
12:26 dont vous parlez, est-ce que l'Union Européenne
12:28 véritablement va imposer
12:30 à chacun de ses membres l'accueil
12:32 d'au moins 30 000 migrants ?
12:34 Quand je dis chacun de ses membres, c'est-à-dire les 27 pays ?
12:36 Et chaque refus d'asile
12:38 coûterait 20 000 euros contribuables ?
12:40 Ce sont des chiffres exacts ?
12:42 - Exactement, c'est exact
12:44 et c'est complètement transparent.
12:46 Vous en avez déjà parlé sur votre plateau.
12:48 Ça fait deux à trois ans
12:50 que c'est en négociation. Quand on parlait
12:52 les premières fois du pacte d'immigration,
12:54 les gens disaient "Ah, vous êtes complotistes,
12:56 vous imaginez qu'ils sont autour d'une table
12:58 à vouloir répartir les migrants, etc."
13:00 En plus, par exemple, les Républicains
13:02 le soutenaient, ce pacte d'immigration,
13:04 et on voit qu'aujourd'hui,
13:06 c'est définitif. Il faut se rappeler qu'il a été
13:08 accordé et déclaré
13:10 par Emmanuel Macron le soir même
13:12 de la loi immigration de Darmanin
13:14 en mois de décembre. C'est-à-dire qu'on a mis en place
13:16 une loi qui disait qu'on allait empêcher
13:18 l'arrivée de migrants et dans le même temps,
13:20 on a un accord européen qui va nous forcer
13:22 à en recevoir. Donc ça, c'est crucial.
13:24 Et vraiment, ce qu'il faut que nos auditeurs
13:26 aient en tête, c'est qu'ils imaginent
13:28 et même moi, je vais vous dire, en étant allé
13:30 dans tous ces pays, la Tunisie, les Balkans,
13:32 etc., je suis le plus surpris
13:34 ici. Parce que
13:36 quand on arrive, on s'imagine voir des frontières,
13:38 voir un dispositif de contrôle.
13:40 Ce n'est pas le cas.
13:42 - C'est ça, ce que vous avez dit. Absence totale
13:44 de contrôle, de quel contrôle
13:46 que ce soit.
13:48 - Alors, c'est pas du contrôle,
13:50 c'est pour les empêcher de venir, c'est-à-dire
13:52 que ça, ça n'arrive pas. Ça nous fait penser
13:54 au procès que subit aujourd'hui
13:56 Matteo Salvini parce qu'il avait
13:58 voulu, il avait refusé l'arrivée
14:00 de l'Océane Viking, vous savez, des bateaux
14:02 de Nantes, lorsqu'il était
14:04 Premier ministre. Ici, en fait,
14:06 c'est devenu une chambre d'enregistrement. Donc la
14:08 promesse du pacte immigration, c'est quoi ? C'est
14:10 simplement de dire, on met plus de moyens
14:12 pour savoir qui sont ceux qui
14:14 arrivent et où est-ce qu'ils vont.
14:16 - En fait, ce n'est pas de les arrêter
14:18 ou de les empêcher de venir, c'est de les
14:20 enregistrer. - Voilà, tout à fait.
14:22 Et moi, j'ai été, pour comparer
14:24 à l'Ampédoussa au mois de septembre,
14:26 vous m'aviez très gentiment
14:28 reçu à l'époque et je vous disais merci pour
14:30 en parler lorsque je revenais de
14:32 l'Ampédoussa. Il y a une différence majeure
14:34 qu'il faut comprendre. L'Ampédoussa, d'un
14:36 coup, il y a eu 7000 arrivées de migrants
14:38 sur l'île.
14:40 Donc ça a fait beaucoup parler, ça a choqué.
14:42 - En deux jours, oui, tout à fait.
14:44 - Exactement. Et c'était le bazar,
14:46 c'était mal organisé. On a
14:48 pu d'ailleurs parler, moi j'ai pu parler à tous
14:50 les migrants qui étaient sur place. - Oui, oui, racontez.
14:52 - Il y avait la population l'Ampédoussa qui se
14:54 claignait, etc. La différence qui se passe
14:56 ici sur la petite île d'El Hierro,
14:58 il y en a plusieurs. D'abord, c'est
15:00 extrêmement bien organisé. C'est-à-dire
15:02 que lorsque le migrant arrive
15:04 tout de suite, il est pris en charge par la Croix-Rouge,
15:06 il est mis dans un bus. Nous, on a
15:08 suivi de nuit le bus pour savoir
15:10 où est-ce qu'on l'emmenait, parce que
15:12 identifier où sont exactement les centres, c'est compliqué.
15:14 - Alors où on l'a emmené ?
15:16 - On l'a emmené à Sant'Andrés. Sant'Andrés, c'est
15:18 un nouveau centre qui a été fait. Avant, c'était
15:20 un gymnase. Et depuis deux mois,
15:22 il y a un centre beaucoup plus grand, ce qui montre
15:24 qu'il y a une augmentation. Quand les gens disent,
15:26 Fabienne Keller dit qu'il n'y a pas de submersion
15:28 migratoire, on voit quand même que dans le même temps,
15:30 ils choisissent de multiplier par 4 le nombre
15:32 de places. Et encore, avec
15:34 500 places, ces migrants restent
15:36 ici seulement 48 heures.
15:38 Puis, ils partent. Donc, c'est-à-dire que la population
15:40 n'est pas au contact de ces migrants.
15:42 - C'est ça, contrairement à l'Ampédoussa.
15:44 - Contrairement à l'Ampédoussa, où ils pouvaient
15:46 rester 5 ou 6 jours. Donc, on en a
15:48 vu 7000 d'un coup. Là, ça passe crème.
15:50 - Donc, ici, c'est beaucoup plus... Donc,
15:52 Eric Tegner au Canary, c'est
15:54 beaucoup plus fluidifié, disons.
15:56 - Ce qui fait qu'on le voit
15:58 moins. Mais ça n'empêche pas qu'on est
16:00 sur 10 000 migrants
16:02 par mois. Donc, c'est immense.
16:04 Il n'y a pas de presse ici. Vous savez,
16:06 on s'est fait globalement intimider tout le long
16:08 par quelqu'un de la sécurité
16:10 qui nous disait à chaque fois "Vous n'avez pas le droit de filmer,
16:12 éloignez-vous, etc."
16:14 On n'avait évidemment pas le droit de parler aux migrants.
16:16 C'est la Croix-Rouge qui nous l'interdisait.
16:18 Et qu'est-ce qu'ils nous disaient ? Ils nous disaient "Mais attendez,
16:20 vous voyez des journalistes ici ou pas ?"
16:22 Ben non, il n'y en a pas. Donc, vous n'avez rien à faire ici.
16:24 Vous voyez, vraiment, l'argument, on est sur une
16:26 transparence supposée.
16:28 - Eric Tegner, vous étiez là et
16:30 vous aviez tout à fait...
16:32 C'est le métier aussi de journaliste,
16:34 d'être où ça se passe.
16:36 Ça me paraît quand même la base. Après, chacun
16:38 a ses opinions, ses interprétations et son
16:40 jugement. En tout cas, merci de votre témoignage
16:42 et nous suivrons cela.
16:44 - Merci Eric Tegner, madame la députée.
16:46 Je rappelle que vous êtes le président
16:48 de Livre Noir. On marque une courte
16:50 pause et on se retrouve dans un instant.
16:52 Direction Kiev avec André Bercoff et Eric
16:54 Dénessé. A tout de suite sur Sud Radio.
16:56 Sud Radio Bercoff, dans tous ses états,
16:59 midi 14h. André Bercoff.
17:01 André Bercoff

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