Dans son édito du 17/01/2024, Paul Sugy, revient sur la conférence de presse d'Emmanuel Macron.
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00:00 - Eh bien Romain, ce qui frappe, c'est d'abord le ton, le style adopté par le chef de l'État.
00:03 On en discutait hier soir, on s'attendait à des annonces.
00:05 Vraiment, les annonces qui ont été faites sont plutôt mineures,
00:07 elles peuvent être grandes annonces politiques,
00:09 à part peut-être la réforme en profondeur quand même du congé parental,
00:12 sinon du théâtre et des cérémonies de remise de diplôme au collège,
00:15 un plan de lutte contre l'infertilité, un hommage aux victimes du Hamas.
00:18 Mais la plus grande annonce qu'ait faite Emmanuel Macron hier soir,
00:20 au fond, c'est l'enterrement du macronisme.
00:23 Si l'on s'en tient aux mots du président de la République
00:25 et que l'on fait l'effort de les croire déterminés et sincères, alors il faut admettre qu'Emmanuel Macron
00:29 a changé radicalement de logiciel politique.
00:31 La fascination technocratique pour l'appareil d'État et l'arrogance des débuts
00:35 ont laissé place cette fois à un cap autrement plus clair, le réel et le bon sens.
00:38 - Alors pour vous, c'est un tournant politique, Paul ?
00:40 - Ben j'en sais rien. Franchement, c'est un peu tôt pour le dire,
00:42 mais il faut remarquer quand même plusieurs choses.
00:44 D'abord, c'est un peu comme si la clarté, la fraîcheur de Gabriel Attal,
00:47 elle finit par infuser jusqu'au plus haut de l'État,
00:49 en craignant un président qui étouffe son Premier ministre.
00:51 Finalement, c'est un Premier ministre qui inspire son président de la République.
00:53 Et hier, sur le fond comme sur la forme, tout y était.
00:56 C'était un bingo des éditos de CNews et du Figaro.
00:58 Regardez, le mot "bon sens" a été répété tellement de fois que j'ai fini par arrêter de le compter.
01:02 Face à l'extrême gauche et l'extrême droite réunies,
01:04 Emmanuel Macron veut incarner le parti du réel,
01:06 comme un clin d'œil au mot "pays réel", au mot "maurassien".
01:10 "Pays réel" qu'employait Gérard Darmanin il y a quelques jours.
01:13 Et puis Emmanuel Macron emprunte, Gauthier l'a bien souligné,
01:16 des formules d'Éric Zemmour dans le texte pour que la France reste la France.
01:19 Il fait du Sarkozy aussi quand il dit qu'il veut que le travail paye.
01:22 Et il cite aussi à un moment tous les petits pays des Hauts-de-France,
01:25 comme si c'était Philippe de Villiers qui nous racontait un conte.
01:27 Bon, sur le fond, uniforme à l'école,
01:29 services nationaux généralisés, fin des normes inutiles,
01:32 grand plan de relance de la natalité, très important,
01:34 rémunération des fonctionnaires au mérite,
01:36 ça c'est un tabou qui va donner des sueurs froides à la gauche.
01:39 On croirait assister au lancement d'une campagne du RPR.
01:41 Emmanuel Macron a inventé le populisme d'extrême-centre.
01:44 Bon, Paul, est-ce que vous le croyez sincère ?
01:47 C'est une vaste question. Emmanuel Macron, depuis six ans et demi,
01:50 est sincère plusieurs fois par jour en disant une chose et son contraire.
01:53 Il nomme sincèrement Papandjaï, puis très sincèrement aussi Gabriel Attal.
01:56 On a quand même un indice qui peut nous laisser inquiet,
01:58 c'est qu'il a une confiance excessive dans son bilan, qui n'est quand même pas glorieux.
02:02 Le simple fait qu'il considère que la loi immigration votée en décembre
02:05 est une avancée majeure pour lutter contre l'immigration clandestine
02:08 montre qu'il se prend un peu trop au sérieux.
02:11 Cette loi, on le sait bien, ne va rien régler du tout.
02:13 Quand hier soir aussi, il se refuse de manière entêtée
02:15 à faire le lien entre l'immigration et les émeutes qui ont secoué le pays
02:18 à la fin du mois de juin, on se dit que le macronisme n'a pas changé.
02:21 Ça reste un optimisme théâtral corseté dans les lanières du politiquement correct.
02:26 Le président de la République ne peut être fidèle à l'Emmanuel Macron
02:29 du 16 janvier 2024 qu'à une seule condition,
02:32 renoncer au Macron des années qui ont précédé,
02:34 celui qui voulait emmerder une partie des Français.
02:36 Le menu est alléchant, maintenant on va voir ce que le chef va vraiment nous servir.
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