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Dans son édito du 11/12/2024, Paul Sugy revient sur le choix d'Emmanuel Macron de choisir un nouveau Premier ministre. 

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00:007h52, Paul Sujet est avec nous, bonjour Paul.
00:03Bonjour Romain.
00:04Emmanuel Macron a réuni hier à l'Elysée les chefs de partis politiques à l'exclusion du RN et de la France Insoumise.
00:10Est-ce qu'au lendemain de cette rencontre, on est un petit peu plus avancé, selon vous ?
00:14Bon, on n'a pas de Premier ministre, ça n'a échappé à personne.
00:16Et selon les participants à qui vous posez la question après cette réunion, les résultats sont mitigés.
00:21Les partis de gauche, bien sûr, continuent d'avoir des mots durs à l'égard du chef de l'État.
00:25Mais enfin, le fait même que cette réunion ait pu avoir lieu,
00:28c'est-à-dire que la droite est acceptée de s'asseoir avec la gauche,
00:30et qu'au sein de la gauche, les écologistes, les socialistes et les communistes
00:33aient accepté de se rendre à l'Élysée sans les Insoumis,
00:35actant donc une première fissure dans l'unité du nouveau front populaire,
00:39c'est en soi une réussite pour le Président de la République.
00:42On a bien compris quelle était la stratégie d'Emmanuel Macron,
00:45non pas pour gouverner réellement, chacun sait qu'il ne peut que survivre politiquement,
00:49mais c'est une méthode en deux temps qui suppose en premier lieu de fissurer le front hétéroclite de ses opposants,
00:54et donc maintenant de ses censeurs.
00:56C'est vieux comme le monde, ou au moins comme Philippe II de Macédoine,
00:58vous savez, l'auteur de cette maxime politique devenue célèbre,
01:01« Divide et impéra », diviser pour mieux régner.
01:04Emmanuel Macron lutte avec acharnement pour détacher de la France insoumise,
01:08une gauche, si ce n'est de gouvernement, du moins maintenant de non-censure,
01:12comme on lutte pour décrocher une bernique de son rocher.
01:15On ne peut pas dire qu'il y soit parvenu, mais ça en prend petit à petit le chemin,
01:19et cela grâce à la seconde ruse d'Emmanuel Macron, celle de l'ultimatum.
01:23De quel ultimatum voulait parler Paul ?
01:25Mais du plus ancien des gadgets d'Emmanuel Macron, son totem d'immunité,
01:29son assurance vie politique, celle qu'il a fait élire déjà deux fois à l'Élysée,
01:33celle qui consiste à dire « j'entends que vous ne soyez pas d'accord avec moi,
01:36et même je le respecte, mais c'est ça ou c'est le RN ».
01:39Bon, de fait, le seul ciment commun qu'il y ait entre les participants à la réunion d'hier,
01:43c'était une commune hostilité à l'influence politique nouvelle de Marine Le Pen,
01:47devenue la tombeuse du gouvernement Barnier,
01:49et c'est ce sur quoi les chefs de parti conviés hier se sont donc accordés.
01:53Ils ne veulent plus, disent-ils, dépendre de Marine Le Pen et du RN.
01:57Ce qui, dans le chantage que leur propose Emmanuel Macron, car c'en est bien un,
02:00consiste à ne plus voter la censure du RN, en échange de la promesse un peu vague
02:06d'un gouvernement qui serait plus respectueux des équilibres politiques
02:09ou de la fracturation du paysage politique,
02:12ce qu'enfin Emmanuel Macron propose depuis maintenant plusieurs années,
02:15sans qu'on ait vu vraiment comment est-ce qu'il se débrouille pour cela.
02:17Est-ce que ce nouvel isolement va rétrécir le poids politique du RN selon vous ?
02:23En jugé par le sondage époustouflant que publie l'IFOP avec le Figaro Magazine ce week-end,
02:28Marine Le Pen a plutôt renforcé sa stature présidentielle avec la censure.
02:33Elle gagne plusieurs points, en fonction des candidats avec lesquels elle est testée,
02:37mais elle gagnerait plusieurs points au premier tour.
02:40On en conclut donc que Marine Le Pen, au moins dans une stratégie de premier tour
02:44qui consiste à se démarquer le plus possible de ses adversaires politiques,
02:48profite au fond de ce nouvel isolement qui la place de nouveau
02:52dans une position extrinsèque, finalement de nouveau anti-système,
02:55retour aux sources ou au bon vieux temps où le FN de l'époque dénonçait l'UMPS,
03:01c'est-à-dire en unissant d'un trait de plume tous les partis au fond auxquels il faisait face.
03:06C'est un pari qui consiste à miser sur l'échec de tout ce qui va être entrepris
03:10par les forces politiques coalisées contre Marine Le Pen d'ici à la prochaine élection.
03:14Mais c'est vrai que les temps sont incertains, que l'avenir politique est brumeux
03:16et que dans l'état actuel des choses, parier sur la déroute et l'échec de ceux qui sont aux manettes,
03:21ce n'est pas le pari le plus risqué.

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