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Dans son édito du 22/05/2024, Paul Sugy revient sur la venue d'Emmanuel Macron en Nouvelle-Calédonie.

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Transcription
00:00 La politique avec vous, Paul Sujit. Bonjour Paul.
00:02 Bonjour Romain.
00:02 Emmanuel Macron a annoncé hier un déplacement surprise en Nouvelle-Calédonie.
00:05 Est-ce que la présence du président de la République sur place peut changer quelque chose à la crise ?
00:10 Au vu de la situation, déjà quand on n'a plus rien à perdre, on a tout à gagner.
00:13 Il y a un geste mitterrandien, vous l'avez dit, vous avez remontré la séquence,
00:16 qui rappelle effectivement aussi l'improvisation, la précipitation dans laquelle ce déplacement,
00:21 qui a surpris tout le monde, y compris au Conseil des ministres, se fait.
00:24 Pour les loyalistes, c'est une façon de redire l'importance de la Nouvelle-Calédonie,
00:29 ce territoire d'outre-mer, pour la France.
00:31 Pour les indépendantistes, la visite du président est supposée rouvrir un dialogue
00:34 et sans doute acter un délai dans la mise en œuvre des réformes institutionnelles.
00:38 De toute façon, vu l'état du dialogue actuellement entre les deux camps,
00:41 à moins d'une énorme gaffe présidentielle,
00:43 la venue du président pourra difficilement aggraver encore la situation.
00:46 Et puis surtout, pour Emmanuel Macron, c'est une nouvelle façon de prendre à bras le corps la crise,
00:50 d'exercer un peu une forme de droit de cuissage présidentiel sur les dossiers,
00:53 géré jusqu'ici plutôt par ses ministres, et de se précipiter dans la bagarre.
00:56 C'est le président de mine mêlée.
00:58 Alors, vous trouvez qu'Emmanuel Macron gère les crises comme un joueur de rugby ?
01:01 Bah oui, non seulement c'est le cas, puis il aime le mettre en scène.
01:04 Après le "Qui viennent me chercher" qu'il lançait en 2018 à l'intention des députés,
01:07 c'est finalement le président lui-même qui vient chercher tous ceux qui l'en quiquinent.
01:10 Il n'aime rien tant que ça, se précipiter dans l'arène,
01:12 il le fait lors du grand débat face à la France des Gilets jaunes,
01:15 il réitère face au président des partis d'opposition dans les rencontres de Saint-Denis,
01:19 c'est encore le débat improvisé au Salon de l'Agriculture face à la paysannerie mécontente
01:24 au terme d'une matinée de grabuge dans le parc des expositions de la Porte de Versailles.
01:27 Mais précisément, ce président de mine mêlée qui n'aime rien tant que se jeter au cœur de la bagarre,
01:32 eh bien, montre aussi les failles de cette stratégie avec ce face à face des agriculteurs.
01:37 On a bien vu que finalement, c'est à l'image d'une politique
01:40 où la confrontation est théâtralisée par l'Élysée,
01:42 mais elle semble tenir lieu de solution à elle toute seule.
01:45 Peu importe que les crises aient été mal anticipées en amont,
01:48 peu importe que le dialogue ne se poursuive pas en aval,
01:51 que finalement même le job ne soit pas fait sur le suivi des réformes,
01:55 le président a mouillé la chemise, on a vu les images et ça semble suffire.
01:58 Allez donc demander aux agriculteurs s'ils ont le sentiment que quelques mois plus tard,
02:01 ils ont véritablement été écoutés.
02:03 Alors, comment doit s'y prendre le président de la République pour résoudre cette crise à Nouméa ?
02:07 C'est vrai qu'il n'y a que des coups à prendre et c'est ce qui rend d'ailleurs le geste courageux,
02:11 mais Médor Philippe qui assiste à ses goguenars aux événements
02:13 se garde bien de formuler des conseils définitifs.
02:15 L'ennui, c'est que la seule chose qu'Emmanuel Macron puisse véritablement obtenir pour le moment,
02:19 c'est de rétablir le CAM.
02:20 Ça ne peut se faire qu'au prix de nouvelles concessions et de nouveaux délais.
02:23 Pour le président qui a dit "En marche, repartir à Nouméa"
02:26 en ayant de nouveau figé une situation qu'il est depuis trop longtemps,
02:28 c'est tout de même un peu contre-productif.
02:30 [Générique]
02:34 [SILENCE]

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