Dans son édito du 19/11/2024, Paul Sugy revient sur la position d'Emmanuel Macron vis-à-vis des pays du Mercosur.
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00:00Le chef de l'État l'a répété, il ne signera pas le traité de libre-échange avec les pays du Mercosur, il ne le signera pas en l'État.
00:07Est-ce qu'il faut s'en étonner venant de quelqu'un d'européen et de favorable à l'ouverture de la France sur le commerce international comme l'est Emmanuel Macron ?
00:15Clairement, est-ce qu'il est devenu protectionniste ?
00:17Une telle résolution Romain, une telle volonté politique pour effectivement refuser de signer un traité de libre-échange,
00:22c'est tout de même étonnant pour le libéral, pour l'européen Emmanuel Macron, l'auteur des deux discours de la Sorbonne.
00:28Ça ressemble presque à la conversion de Saint-Paul sur le chemin de Damas.
00:32Emmanuel Macron serait tombé de son cheval libéral, libre-échangiste pour retomber sur le sol protectionniste que lui réclament ses agriculteurs ou son opinion.
00:41C'est une conversion politique assurément, elle a été entamée depuis 2019, qui peut faire penser à d'autres.
00:47Toute proportion gardée évidemment, le tournant de la rigueur sous François Mitterrand ou même Charles de Gaulle qui change d'un coup son braquet sur l'Algérie.
00:54En tout cas, en politique, on le voit bien, la réalité l'emporte toujours sur les idées.
00:59D'ailleurs, certains des anciens amis d'Emmanuel Macron s'en étranglent et en particulier les libéraux,
01:03qui ne sont pas très nombreux en France mais qui sont un peu bruyants et qui se disent,
01:07tiens donc, le président de l'audace et de l'ouverture deviendrait d'un coup celui du repli et de la protection.
01:13Concrètement, est-ce qu'Emmanuel Macron a une chance, a une véritable possibilité de stopper ce Mercosur ?
01:19On le sait bien et on le répète maintenant sur toutes les antennes, ce n'est pas Paris qui décide, c'est Bruxelles.
01:25Et la présidente de la Commission européenne a trouvé un stratagème pour éviter que les Etats récalcitrant aient le dernier mot.
01:33C'est de séparer l'accord en deux parties, un volet politique et un volet économique.
01:38Et ainsi, le volet économique devra donc être voté à la majorité des Etats.
01:42Il faut donc qu'Emmanuel Macron réunisse une minorité de blocage, c'est-à-dire concrètement 15 Etats européens
01:47dont la population pèse au moins pour 35% de l'ensemble de la démographie de l'Union européenne.
01:52Il y travaille et alors il annonce en fanfare le ralliement du ministre italien du gouvernement de Giorgia Meloni,
02:00Francesco Lollobrigia, ministre italien de l'Agriculture.
02:03C'est quand même fascinant de voir Emmanuel Macron, qui était encore une fois le chantre de l'Europe de l'ouverture,
02:08annoncer avec fierté que l'Italie de Giorgia Meloni, protectionniste par bien des égards très hostiles à la construction européenne
02:16telle qu'on la connaît, se rallie à sa cause.
02:19On imagine peut-être Emmanuel Macron en futur Orban, chef du camp de l'Europe illibérale.
02:25En tout cas, le paradoxe est savoureux de voir ainsi Emmanuel Macron opérer pour construire cette minorité de blocage.
02:31Ce n'est pas encore gagné pour Emmanuel Macron.
02:34Non, malgré le ralliement de l'Italie, ça n'est pas gagné.
02:36Et c'est là qu'on peut s'interroger sur le caractère tardif de cette conversion politique à une forme de protectionniste.
02:41En fait, Emmanuel Macron disposait d'autres moyens, et depuis bien plus tôt, pour essayer de bloquer ces négociations.
02:47D'abord, la Commission est seule à pouvoir négocier les termes de cet accord parce qu'elle a reçu un mandat des États membres depuis 1999.
02:54Emmanuel Macron n'a jamais remis en cause les termes de ce mandat, y compris par exemple en allant trouver des subtilités
03:00sur le fait qu'en contrepartie de cet accord de libre-échange, pour obtenir des garanties sur le fait d'arrêter la déforestation dans la forêt amazonienne.
03:08Et donc Emmanuel Macron n'a pas non plus voulu modifier le contenu de l'accord qui avait été négocié jusqu'ici.
03:14Il est simplement en train d'essayer de le faire capoter au terme final de son processus de ratification.
03:19S'il avait vraiment été de bonne volonté, il aurait pu s'y prendre un peu plus tôt.