Dans son édito du 23/12/2024, Paul Sugy revient sur le deuxième mandat d'Emmanuel Macron.
Category
🗞
NewsTranscription
00:00D'abord, Chanak, François Bayrou a d'ores et déjà échoué, là où Michel Barnier,
00:03Gabriel Attal et Elisabeth Borne avaient paraîment échoué avant lui, c'est-à-dire
00:07à offrir au président de la République une forme de majorité d'union nationale
00:10en élargissant suffisamment le périmètre des soutiens de la politique d'Emmanuel Macron
00:14pour les garantir d'être soutenus et votés par l'Assemblée nationale.
00:18Certes, en principe, sauf mauvaise surprise, François Bayrou devrait sécuriser la participation
00:23de la droite LR à son gouvernement, avec le maintien symbolique mais très important
00:27de Bruno Retailleau dans ses fonctions au ministère de l'Intérieur, mais ça n'est
00:31plus suffisant pour garantir au futur gouvernement d'échapper à la censure, et le PS continue
00:36de refuser d'entrer lui aussi dans la danse.
00:38C'est donc l'échec de l'appel au chef de parti la semaine dernière, et du reste
00:43le refus aussi ce week-end par Laurent Wauquiez de rentrer au gouvernement, fragilise un peu
00:48plus François Bayrou et Emmanuel Macron.
00:50Celui qui se voit comme le candidat de la relève à droite se tient à bonne distance
00:54du pouvoir.
00:55Pour François Bayrou, ça compromet l'étendue de ses moyens pour conduire une politique,
00:59mais pour Emmanuel Macron surtout, c'est un clou de plus dans le cercueil de ses ambitions.
01:03En temps ordinaire, on se presse dans la classe politique pour être au gouvernement, pour
01:07un peu plus de pouvoir.
01:08Eh bien ici, le pouvoir exercé par Emmanuel Macron est radioactif, sa toxicité semble
01:13contaminer ceux qui craignent d'y toucher, et donc tous ceux dans le pays qui nourrissent
01:17des ambitions pour la suite, à quelques notables exceptions, semblent vouloir se garder d'aller
01:21au gouvernement.
01:22La difficulté politique d'Emmanuel Macron ne s'arrange donc pas ?
01:25Ben non, et on voit difficilement comment il pourrait en être autrement.
01:28Et ce n'est d'ailleurs pas la hauteur méprisante du chef de l'État en visite à Mayotte qui
01:31va échanger quoi que ce soit, on songe au contraste qu'il y avait entre ces quelques
01:35jours de visite d'Emmanuel Macron et à la hauteur et à la retenue avec laquelle le
01:39roi et la reine d'Espagne par exemple avaient visité les sinistrés de la région de Valence.
01:44On se demande pourquoi diable le chef de l'État en France se sent toujours obligé de parler
01:48autant.
01:50Il y a un autre phénomène qu'il faut observer à la cour du roi Macron et qui en dit long
01:53sur cette atmosphère de fin de règne qui semble s'être installée.
01:57Vous savez, ce sont ces propos, souvent courageusement anonymes, tenus dans une série d'articles
02:01parus dans Le Monde et qui prêtent au chef de l'État des propos supposément homophobes
02:05ou racistes.
02:06On voit dans ces articles le déchaînement d'un certain nombre de conseillers, proches
02:10à un moment du pouvoir, qui ne se sentent plus aucune retenue dans le fait maintenant
02:13de se précipiter à bras raccourcis sur le chef de l'État, cela en dit long sur sa
02:17solitude et le fait qu'il n'intimide plus grand monde dans ses anciens entourages.
02:21Vous parlez d'une fin de règne, trois ans avant la fin de son mandat.
02:24Oui, trois ans avant, c'est cruel.
02:26Même François Hollande avait su tenir en respect ses troupes un peu plus longtemps avant
02:29que de méchancetés similaires finissent par sortir dans la presse.
02:32Ceux qui ont donc fait élire Emmanuel Macron hier ont définitivement cessé de l'aimer,
02:37peut-être qu'ils ne lui trouvent plus la moindre utilité.
02:38Ainsi va la vie médiatique, disait déjà Alain Juppé.
02:41Les médias lèchent, puis ils lâchent et enfin ils lynchent.
02:45C'est vieux comme du la bruyère, qui disait déjà dans Les Caractères à peu près la même chose.
02:49Je vous le cite.
02:50« Vient-on de placer quelqu'un dans un nouveau poste ?
02:52C'est un débordement de louanges en sa faveur qui inonde les cours et les chapelles,
02:57qui gagne l'escalier, les salles, la galerie, tout l'appartement.
03:00Mais comment se tient la chancelée dans ce poste où on l'avait mis ?
03:04Tout le monde passe facilement à un autre avis.
03:06Il en est entièrement déchu.
03:08Les machines qu'il avait gaindées si haut par l'applaudissement et les éloges sont
03:11encore toutes dressées pour le faire tomber dans le dernier mépris.
03:15Je veux dire qu'il n'y en a point qui le dédaigne mieux, qui le blâme plus aigrement,
03:19qui en dise plus de mal que ceux qui s'étaient comme dévoués à la fureur d'en dire d'autres. »