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Dans son édito du 27/08/2024, Paul Sugy examine la décision d'Emmanuel Macron de ne pas nommer Lucie Castet à Matignon, mais de privilégier un gouvernement de coalition.

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Transcription
00:00Clarification en trompe l'œil évidemment, Emmanuel Macron a surtout refait la liste des partis qu'il juge infréquentables et de ceux qui ne le sont pas.
00:06Et il dit donc à tous ceux qu'il met dans le champ républicain, débrouillez-vous, c'est un peu vous les responsables, soyez à la hauteur de la situation.
00:15La tâche vous revient de former la majorité que Emmanuel Macron n'a pas encore réussi à constituer.
00:19Le problème c'est qu'il écarte du pouvoir les seuls au fond qui le réclament parce que tous les autres partis n'en veulent pas.
00:24L'ERN a compris qu'il n'était pas légitime pour gouverner, qu'il n'avait pas remporté les élections.
00:28L'ERN n'en veut surtout pas, Gabriel Attal, et c'est au fond peut-être l'une des informations les plus importantes de ces derniers jours.
00:34Admet qu'il a perdu aussi les élections et que donc le futur Premier ministre ne sera pas issu des rangs de ce qu'était autrefois la majorité présidentielle.
00:41Et puis la gauche refuse vaillamment de se désunir et donc pour l'heure n'accepte pas d'autres propositions de Premier ministre que Lucie Castex, seulement Lucie Castex.
00:49Personne donc n'est tiré d'affaires et le président moins que jamais.
00:52Son refus d'un gouvernement du Nouveau Front Populaire est évidemment salutaire quand on voit les propositions démagogiques et friandes que portait encore Lucie Castex devant les Insoumis ce week-end.
01:01C'est aussi logique, selon les urnes, le Nouveau Front Populaire n'a pas remporté non plus les élections législatives.
01:06Mais enfin, ce refus consacre un peu plus la solitude du président de la République que tous ses adversaires regardent au fond se dépêtrer d'une situation qui est pour l'heure inextricable sans lui offrir la porte de sortie qu'il espère.
01:16On apprend ce matin à l'instant Olivier Faure, qui était sur France 2, qu'il ferme aussi la porte à de nouvelles consultations avec le chef de l'État,
01:23affirmant, je cite, qu'il refuse que les socialistes soient les supplétifs d'un macronisme finissant.
01:28Marine Tondelier claque également la porte.
01:30Tous deux, Olivier Faure pour le Parti socialiste et Marine Tondelier pour les écologistes, parlant donc de parodies de démocratie.
01:36Emmanuel Macron est plus seul que jamais.
01:39Il est de plus en plus seul, le président de la République. Emmanuel Macron est isolé, selon vous ?
01:44Oui, et c'est d'autant plus flagrant, Romain, quand on regarde au sein même de son propre camp.
01:47Evidemment, ses adversaires ne veulent pas lui tendre la main, mais même ses députés, aujourd'hui, sont bien embarrassés.
01:51L'absence de solution de sortie de crise, couplée aussi à la pagaille qu'il a mise dans ses rangs parlementaires par la dissolution,
01:57ont peut-être acté, une fois pour toutes, la fin du règne d'Emmanuel Macron sur ses propres troupes.
02:01Et ça, on le mesure à la désorganisation de ses députés, ses ministres démissionnaires, qui sont tous livrés à eux-mêmes, sans cap, sans orientation claire.
02:08Nul ne pouvant donc discerner les intentions du président de la République, pour la simple et bonne raison que lui-même ne les connaît pas.
02:13Eh bien, chacun est donc libre de fixer les lignes rouges qui lui plaisent.
02:16Alors, vous avez François Bayrou, Gabriel Attal, qui affirme refuser en bloc tout gouvernement avec le Nouveau Front Populaire.
02:21Sacha Houllier lui explique qu'au contraire, le futur Premier ministre devra quand même, logiquement, être issu des rangs du Nouveau Front Populaire.
02:27On y perd son latin.
02:28Edouard Philippe Sautet, ce qui est peut-être encore pire.
02:30Bref, le maître des horloges ne sait même plus faire dire l'heure à ses propres troupes.
02:34Cette solitude va lui coûter encore plus cher, si demain, et c'est l'option la plus probable,
02:38le Nouveau Front Populaire agite la carte de la rue, c'est-à-dire essaye de mettre ses électeurs dans la rue pour mettre la pression sur Emmanuel Macron.
02:45Emmanuel Macron a déjà eu la pression de la rue à plusieurs reprises quand il portait une réforme,
02:49mais il avait un camp derrière lui.
02:50S'il est seul à y faire face, ça va être beaucoup plus compliqué.
02:52Comment expliquez-vous que personne ne vole au secours du chef de l'État ?
02:55D'abord, parce qu'Emmanuel Macron cherche à préserver une stabilité institutionnelle,
02:59l'expression est de lui, qu'il a lui-même fracassé en décidant d'une dissolution narcissique,
03:03dont personne ne voulait, et qu'il fait ensuite une forme de chantage, au fond,
03:06à ceux qui lui ont sauvé la mise électoralement, en leur disant maintenant, débrouillez-vous.
03:10Et puis, au fond, ce front anti-RN avait brouillé depuis le départ toute la situation.
03:14Emmanuel Macron dit notamment aux députés de son propre camp et aussi aux députés de gauche,
03:18souvenez-vous de la façon dont vous avez été élu.
03:21Il oublie peut-être un peu trop rapidement que lui-même, en 2022, ne devait son élection qu'à la même configuration électorale.
03:27C'est sur cette légitimité déjà très fragilisée depuis sa réélection sur la base du Front Républicain
03:32qu'Emmanuel Macron a construit sa propre solitude.

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