• il y a 10 mois
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News
Transcription
00:00 - Sur Europe 1 et Thaumahil, ce matin, vous recevez le réalisateur Xavier Giannoli.
00:04 - Pour une série d'argent et de sang adaptée d'un livre enquête de Fabrice Arfi sur l'escroquerie du siècle,
00:09 la fraude à la taxe carbone, 1,6 milliard d'euros détournés.
00:14 Et après 6 premiers épisodes dévoilés cet automne, la deuxième partie arrive sur Canal+, le 22 janvier. Bande annonce.
00:20 - Ça les a tous rendus d'un clair genre du carbone.
00:24 - Un marché sans régulation.
00:26 - Sans aucun contrôle.
00:27 - Il existe que dans votre tête, Lucas Dussier.
00:30 - La femme de ma vie.
00:31 - Pourquoi tu fais ça ? Pour nous faire du mal ?
00:33 - Vous avez pas joué sans tricher ?
00:35 - Jouer sans tricher ? C'est qui ce que tu penses ?
00:36 - Vous avez pris combien chacun avec le carbone ?
00:38 - Tous les requins ont commencé à tourner autour de nos escrocs.
00:40 - Je vais vous planter !
00:41 - Un mec comme toi finit ça avec une balle dans la tête !
00:43 - Je te gardais avec le féron de l'air ?
00:45 - Désormais, c'était plus seulement une histoire d'argent.
00:48 C'était une histoire de sang aussi.
00:50 - Alors cette série, c'est l'histoire d'une traque.
00:52 Le magistrat à la tête des services des douanes judiciaires, joué par Vincent Indon,
00:56 poursuit sans relâche ce trio d'arnaqueurs.
01:00 Mais alors ce que j'ai appris depuis, c'est que ce personnage de l'enquêteur,
01:02 en fait, il est fictif. C'est ça ?
01:04 C'est comme un guide pour le spectateur, Xavier Giannoui ?
01:07 - Alors, il n'est pas dans le livre de Fabrice Harphy,
01:12 de Mediapart, dont est inspiré librement.
01:18 C'est une fiction inspirée du livre enquête d'Harphy sur la taxe carbone.
01:21 Et dans le livre, c'est un journaliste qui enquête.
01:24 Et là, c'est le patron d'un nouveau service de douane qui s'appelait,
01:29 je crois qu'il a changé de nom, le Service National des Douanes Judiciaires.
01:33 Et ils font des enquêtes très techniques sur tout ce qui concerne la circulation
01:36 de l'argent illicite dans le monde.
01:38 Donc, c'est à la fois des traques sur de papier, de comptes en banque.
01:43 Et en même temps, il faut prendre des avions, aller à l'autre bout du monde,
01:46 obtenir des relevés bancaires d'escrocs qui blanchissent, qui cachent.
01:49 Et ça n'avait pas été tellement filmé, ce genre de service.
01:53 Et ça m'a beaucoup intéressé parce que je trouvais que c'était un enjeu moderne.
01:56 Le consentement à l'impôt, c'est ce qui fait le pacte social.
02:00 Et là, ce sont des gens qui, non seulement ne paient pas d'impôt,
02:03 mais en plus, volent de l'argent, là en plus à l'écologie.
02:07 Et après, ils vont blanchir cet argent dans le monde, le cacher, le faire circuler.
02:11 Et cette circulation-là, c'était un enjeu de récit et de cinéma, pour moi, très intéressant.
02:18 - Et ce personnage, il nous aide à comprendre la complexité de cette arnaque au carbone.
02:23 D'ailleurs, on sent, en regardant la série, que c'était sûrement l'une de vos inquiétudes,
02:27 que l'on comprenne bien cette arnaque complexe, parce que vous appuyez les explications.
02:31 Vous aviez peur parfois de perdre les spectateurs ?
02:33 - C'est ce qui m'excitait aussi, c'était qu'on ne va pas éternellement toujours faire des séries
02:39 avec des entrées psychologiques autour de flics, des choses comme ça.
02:42 Il fallait trouver un enjeu intéressant et inédit.
02:47 La peur, c'est "mais est-ce que le spectateur va comprendre ?"
02:50 Et surtout, il faut que le personnage de Lindon, lui, comprenne comment ça fonctionne.
02:54 Parce qu'en même temps, on est face à quelque chose de tellement génial,
02:57 c'est-à-dire des petits escrocs de Belleville qui vont, au nez et à la barbe des gens de Bercy,
03:03 détourner des milliards.
03:06 Donc, un enjeu de la série, c'était que le spectateur suive et soit initié
03:10 à cette espèce de formule folle qui a permis ça.
03:13 Et on comprend.
03:15 Après, c'est amusant, il y a des gens qui disent "oui, mais quand même, vous expliquez beaucoup".
03:18 Oui, si je n'avais pas assez expliqué, on n'aurait pas compris.
03:21 Et à un moment donné, il débarque à Bercy, Lindon,
03:24 et il montre une toute petite équation mathématique en disant à la ministre,
03:27 je crois que vous étiez polytechnicienne, ce qu'ils ont fait,
03:30 ça se résume à cette équation-là, avec un euro, on peut sortir 10 millions d'euros à chaque fois.
03:36 Et quand elle regarde ça, en terminale, moi, mon fils, quand il a vu cette équation,
03:40 il a dit "oui, c'est une suite exponentielle".
03:43 Et moi, en terminale, on m'aurait montré ce truc-là, je n'aurais rien compris.
03:46 Parce que j'étais littéraire.
03:48 Après, l'important, c'est qu'on comprenne.
03:52 Les joueurs à chion, on comprend très bien.
03:54 Pourtant, il y a eu des documentaires, il y a eu des films, des longs-métrages
03:57 sur cette arnaque à la taxe carbone, et souvent, on ne comprenait pas justement ce qu'on racontait.
04:01 Là, c'est très clair.
04:02 Et ce qu'on comprend aussi, c'est que l'argent est absolument partout, évidemment, dans cette série.
04:07 Et d'ailleurs, il paraît que Niels Schneider, qui joue l'un des arnaqueurs de cette série,
04:12 il était un peu horrifié par certaines séquences de tournage,
04:16 comme lorsqu'il fait une bataille de liasses de billets,
04:19 qu'il ramasse du pied comme on balaie de la poussière, il était un peu réticent à tout ça.
04:23 C'est vrai qu'il y a un côté un peu choquant, presque, à jouer.
04:25 Ce n'est pas de l'argent, c'est du fric, pour eux.
04:28 Et il y a une nuance importante.
04:29 Et en plus, ce qui m'intéressait, c'est des gens qui sont incapables
04:36 de se retenir de quoi que ce soit, de s'empêcher de quoi que ce soit.
04:39 On voit l'argent, le fric, comme une force corruptrice qui rend immoral,
04:43 qui donne l'impression que vous avez tout pouvoir
04:45 et qui libère tous vos instincts les plus consuméristes et les plus matérialistes,
04:49 et toutes ces choses-là.
04:50 Donc, évidemment, j'ai organisé un bal masqué dans un Airbus privé.
04:54 - Il y a zéro limite, en fait.
04:57 - C'est ça qui m'intéressait.
04:58 C'est qu'on a des personnages que j'ai voulu filmer sans complaisance,
05:01 qui n'ont aucune limite.
05:02 Et on a un personnage d'enquêteur, qui est Vincent Lindon,
05:04 qui lui, va justement être une figure qui va leur tracer une limite.
05:08 Et à mon avis, c'est ce qu'il cherche, d'ailleurs.
05:10 C'est pour ça qu'il finit par avoir un rapport de fascination réciproque
05:12 entre le personnage de Neil Schneider et de Vincent Lindon,
05:15 une traque, finalement, entre les deux.
05:18 Et celui qui veut fixer une limite,
05:20 et à mon avis, celui qui attend désespérément qu'on lui fixe une limite,
05:23 parce qu'il va toujours plus loin dans le mensonge, dans la flambe, dans la folie.
05:26 Ça devient une figure du mal, un gouffre dans lequel Lindon tombe.
05:32 Et ça devient une traque obsessionnelle, à la fois technologique et presque...
05:37 je ne sais pas...
05:39 - Psychologique ? - Spirituelle aussi.
05:40 - Oui, spirituelle, quelque chose qui a à voir avec le mal, avec une idée du mal.
05:43 Mais pourquoi une société aussi riche continue à produire des gens aussi moralement pauvres ?
05:49 - Et c'est vraiment une série, alors une histoire d'arnaque passionnante,
05:52 mais c'est aussi une chronique de notre monde, de notre société,
05:55 de la fascination qu'on peut avoir pour l'argent, pour le luxe.
05:59 Ça s'appelle "D'argent et de sang" avec Vincent Lindon,
06:01 avec Neil Schneider, avec Ramzi Bedia aussi, qui est formidable.
06:04 Judith Schemla, enfin voilà, le casting est excellent.
06:08 Et la partie 2, c'est à partir du 22 janvier sur Canal.
06:11 On va continuer à en parler.