Punchline (Émission du 18/01/2024)

  • il y a 8 mois
Les invités de Laurence Ferrari débattent de l'actualité dans #Punchline du lundi au jeudi.

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00:00:00 Bonsoir à tous et bonsoir à toutes, bienvenue dans Punchline ce soir sur CNews.
00:00:04 La grogne des policiers qui manifestent aujourd'hui pour s'inquiéter de la surcharge de travail lors des Jeux Olympiques.
00:00:10 On entendra leur ras-le-bol d'être en permanence la variable d'ajustement du gouvernement, d'être toujours sur tous les fronts,
00:00:15 tout en étant attaqués, agressés et insultés.
00:00:17 N'oublions pas qu'ils ont été la digue républicaine qui a permis de contenir la vague de violence des émeutiers en juillet dernier.
00:00:23 Vous savez, ces jeunes désœuvrés et oisifs qui n'avaient pas accès à la culture ni aux vacances
00:00:28 et qui ont brûlé des écoles et des commissariats, on va en débattre ce soir.
00:00:32 On verra aussi comment Rachida Dati, en rupture de banc avec sa famille politique DLR, fait ses premiers pas
00:00:37 auprès du monde de la culture, auprès des artistes.
00:00:40 Elle est cet après-midi en Seine-Saint-Denis pour assister il y a quelques instants à une démonstration de breakdance,
00:00:47 pour rencontrer aussi des jeunes.
00:00:49 Son credo c'est de rendre la culture accessible à tous.
00:00:53 La culture, vous savez, c'est ce qui a fait de l'homme autre chose qu'un accident de la nature,
00:00:57 comme le disait André Malraux.
00:00:58 Voilà pour les grandes lignes de nos débats ce soir.
00:01:00 Tout de suite, il est 17h01, l'heure du rappel des titres de l'actualité avec Simon Guillain.
00:01:05 À Saint-Denis, la mairie renforce la sécurité après le meurtre d'un adolescent de 14 ans hier soir.
00:01:14 Un arrêté a été pris interdisant tout regroupement et attroupement de personnes jusqu'à lundi prochain.
00:01:19 Le jeune homme est décédé suite à un affrontement entre bandes rivales sur la ligne 13 du métro parisien.
00:01:24 Jusqu'à 15 cm de neige dans le nord de la France, 5 cm en région parisienne.
00:01:30 Soyez aujourd'hui encore très prudents bien sûr sur les routes avec des risques de verglas sur une bonne partie du territoire.
00:01:36 Sept départements sont toujours en vigilance orange et la SNCF annonce cet après-midi des retards importants sur plusieurs lignes.
00:01:43 Après Air France, la compagnie Ryanair va reprendre ses vols vers Tel Aviv le 1er février.
00:01:47 Ils avaient été interrompus depuis l'attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre.
00:01:52 La compagnie low cost assurera dans un premier temps les liaisons entre Tel Aviv et Marseille.
00:01:57 Simon Guillem pour le rappel des idées de l'actualité. Merci beaucoup.
00:02:00 Nous sommes avec Eugénie Bastié, grand reporter au Figaro. Bonsoir Eugénie.
00:02:03 Bonsoir.
00:02:03 Ravie de vous accueillir avec Céline Pina, politologue journaliste à Causor. Bonsoir.
00:02:07 Bonsoir.
00:02:07 Et avec Louis Deragnelle. Bonsoir Louis.
00:02:09 Bonsoir Laurence.
00:02:09 Chef du service politique d'Europe 1 en pleine forme.
00:02:11 Vous allez bien ?
00:02:11 Très très bien et vous donc ?
00:02:13 Je suis content que vous alliez bien.
00:02:14 Bon.
00:02:15 C'est merveilleux.
00:02:16 C'est gentil ça.
00:02:16 C'est vraiment le monde des bisous.
00:02:17 C'est la bienveillance.
00:02:18 On est dans la bienveillance.
00:02:19 Très bien. C'est vrai. On est dans la bienveillance dans cette chaîne.
00:02:23 Non. Pas vraiment.
00:02:25 Alors, on va regarder ce qui se passe du côté de la Seine-Saint-Denis.
00:02:30 Juste un petit coup d'œil en direct avec le…
00:02:33 Alors je suis à l'impression qu'il y a Rachida Dati, dont on aperçoit le sommet du Crade.
00:02:38 Il y a le président Macron, me semble-t-il.
00:02:41 Il rencontre des acteurs du monde de la culture.
00:02:44 Et voilà, ils sont dans la vie.
00:02:47 Ils sont à l'atelier Médicis.
00:02:48 L'atelier Médicis, c'est où ça Louis ? Expliquez-moi.
00:02:50 C'est à Clichy-sous-Bois.
00:02:52 C'est un établissement qui propose des cours de danse, des cours de musique
00:02:57 aux jeunes qui habitent à Clichy-sous-Bois et à Montfermeil.
00:03:01 Parfait. C'est les premiers pas de Madame Dati.
00:03:03 Non, elle a fait déjà plusieurs visites en tant que ministre de la Culture.
00:03:06 Là, c'est le premier déplacement en banlieue.
00:03:09 Ah ben non, mais avec le…
00:03:10 Pas renaqué avec le président.
00:03:11 Avec le président.
00:03:12 Mais elle a fait déjà des déplacements depuis qu'elle a été nommée la semaine dernière.
00:03:15 Rachida Dati en rupture de banque, disait Eugénie Bastier, avec sa famille politique.
00:03:20 Ça ne l'empêche pas d'avancer façon bulldozer, comme d'habitude.
00:03:23 Et oui, je pense qu'elle va nous donner de larges occasions de commenter médiatiquement.
00:03:29 C'est vrai que sa sortie cette semaine restait quand même un peu surprenante
00:03:32 d'avoir dit que son objectif principal restait la mairie de Paris.
00:03:36 Et d'ailleurs, dans Le Monde, il y a eu un article assez fouillé
00:03:38 qui racontait les coulisses de ce débauchage par Emmanuel Macron
00:03:42 et racontait qu'elle voulait plutôt l'intérieur
00:03:45 et que la culture était arrivée par défaut, qu'elle n'avait pas du tout envie d'y aller.
00:03:48 Donc il faudrait qu'elle manifeste peut-être un peu plus d'intérêt pour le ministère.
00:03:52 Ben là, regardez, elle manifeste, elle manifeste.
00:03:54 Que ce ne soit pas juste un marche-pied pour la mairie de Paris et pour l'hôtel de ville
00:03:58 et que ce soit… qu'elle fasse au moins semblant de s'intéresser à son ministère.
00:04:03 On reviendra sur ce qui se passe en semaine samedi si c'est intéressant.
00:04:06 Eric Nolot, bonjour.
00:04:07 Ravie de vous accueillir, journaliste, écrivain.
00:04:10 Ça va ? Il y avait un petit peu d'embouteillage, c'était le moment Hidalgo ?
00:04:13 Oui, on a trop bavardé avec mon camarade Ferjaud, on n'a pas vu passer l'heure.
00:04:17 C'était pas la neige, quoi.
00:04:19 Non, pas du tout la neige.
00:04:21 C'est un truc très personnel, responsabilité totale, pas le temps, pas le métro, une bêtise personnelle.
00:04:26 On vous offre une excuse en or, il faut bondir dessus.
00:04:29 Non, non, on est là. L'instant Hidalgo.
00:04:31 L'honnêteté, c'est l'honnêteté.
00:04:32 Bon, alors, il y a plein de choses à évoquer aujourd'hui.
00:04:37 La colère des policiers, ce qui se passe du côté des émeutiers.
00:04:41 On a eu des belles explications qui font bondir absolument tout le monde sur le pourquoi du comment des émeutes.
00:04:47 Vous étiez très attentif, Louis Dernel.
00:04:50 Mais j'aimerais commencer par toute autre chose, parce que c'est un sujet qui fait énormément polémique.
00:04:55 C'est un sujet qui concerne beaucoup d'entre vous, qui vous fait réagir.
00:04:58 Ce matin, Nathalie Marquet, qui est l'épouse de Jean-Pierre Pernaut, était sur le plateau de Pascal Praud.
00:05:03 Elle lançait l'alerte sur les vaccins du Covid en affirmant que certaines personnes vaccinées pouvaient avoir des effets secondaires.
00:05:11 C'est le cas, selon elle, de son mari, Jean-Pierre Pernaut.
00:05:14 On va écouter ce que disait Nathalie Marquet, puis je vais vous passer la parole là-dessus.
00:05:18 Je n'ai rien contre les vaccins.
00:05:20 Moi-même, j'ai été vaccinée trois fois.
00:05:22 Jean-Pierre a fait ses deux premières doses.
00:05:24 Tout se passait très, très bien.
00:05:25 Sauf que moi, je ne voulais pas qu'il fasse sa troisième dose parce qu'il faisait de la radiothérapie.
00:05:29 Et moi, je suis désolée.
00:05:30 Le vaccin et la radiothérapie, on n'a pas assez de recul.
00:05:32 On n'a pas assez de recul.
00:05:34 Et d'ailleurs, au mois de décembre, il a fait, à mon insu, avec mon père, ils ont été faire cette troisième dose.
00:05:42 Donc, quand il est rentré à la maison, je l'ai engueulé.
00:05:44 Lui, il était content.
00:05:45 Il me dit non, mais je ne vois pas pourquoi.
00:05:47 Ça s'est bien passé avec les deux premières.
00:05:48 Je lui dis, mais chérie, tu fais de la radiothérapie.
00:05:50 C'est un traitement très lourd.
00:05:51 On n'a pas de recul.
00:05:53 Ce n'est pas possible.
00:05:54 Et donc, huit jours après, il a commencé à me faire ses AVC.
00:05:56 Et puis, AVC sur AVC, thrombose, thrombose sur thrombose.
00:06:00 Bien sûr, ça a sauvé énormément de gens.
00:06:03 Ça, heureusement et merci.
00:06:05 Mais malheureusement, sur beaucoup de gens, ça a été néfaste aussi.
00:06:09 Donc, moi, je pense qu'on aurait dû nous laisser le choix, surtout quand on est malade, si on veut faire les vaccins ou pas.
00:06:16 Parce qu'il y a un protocole différent.
00:06:17 C'est tout.
00:06:18 Ce que dit Nathalie Marquez, ce n'est pas une remise en cause du vaccin, on est bien d'accord.
00:06:21 Elle dit, sur certaines personnes dont le système immunitaire est fragilisé, ça peut avoir des effets néfastes.
00:06:27 Et ça rencontre un grand écho auprès de nos téléspectateurs et les auditeurs de repas.
00:06:31 Bien sûr, parce que c'est devenu un sujet extraordinairement sensible.
00:06:34 Il suffit de faire un tour sur les réseaux sociaux, c'est même assez furieux.
00:06:37 Mais alors, pour les gens qui ne sont pas des spécialistes, c'est quand même très déroutant.
00:06:40 Parce qu'on a affaire quand même à une division de gens qu'on s'est unis sur l'essentiel, c'est-à-dire la communauté scientifique.
00:06:46 Alors maintenant, il y a une opposition au sein de la communauté scientifique.
00:06:49 On ne sait plus trop à quel sein se vouer.
00:06:51 Moi, j'écoute ce que dit Nathalie Marquez avec respect.
00:06:53 C'est une histoire douloureuse qu'elle a subie personnellement au plus près.
00:06:58 J'avoue que je n'arrive pas à me faire une opinion.
00:07:00 Et vraiment, je trouve que pour des sujets aussi graves, il devrait y avoir quand même une instance qui se réunisse
00:07:06 et qui établisse quand même la réalité de ces effets secondaires.
00:07:09 Non seulement, si j'ose dire, la qualité, mais la quantité.
00:07:12 Et qu'on sache à quoi s'en tenir.
00:07:13 Parce que sinon, on s'en remet quand même à cette guéguerre entre des scientifiques plus ou moins médiatiques.
00:07:20 Ça baigne.
00:07:22 Des traitres médiatiques.
00:07:23 Très médiatiques et barbus parfois.
00:07:25 Et surtout, on s'immerge non pas dans un débat apaisé, mais dans le chaudron du complotisme et du contre-complotisme.
00:07:32 Et ce n'est pas là du tout ce que dit Nathalie Marquez.
00:07:34 Non, pas du tout.
00:07:35 Mais simplement, je voudrais qu'on sorte par le haut de ce genre de choses qui est très difficile à apprécier.
00:07:40 Est-ce qu'il y a des études de suivi ?
00:07:42 Est-ce que ça doit être...
00:07:44 Il y a des études de suivi.
00:07:45 Eugénie, et après Jean-Sylvain Tchern.
00:07:47 Il y a des études de suivi, notamment par l'ANSM, l'agence de suivi des médicaments,
00:07:52 qui montre d'ailleurs qu'il y a certains effets indésirables.
00:07:55 Et tout ça est suivi.
00:07:56 Il y a des rapports qui existent et qui sont là.
00:08:00 D'ailleurs, sur certains vaccins, ça a été prouvé qu'ils avaient des effets indésirables.
00:08:03 Du coup, on les a arrêtés, certains vaccins, auprès d'une certaine population.
00:08:08 Mais je pense que c'est un vrai sujet qu'il ne faut pas du tout balayer d'un revers de main, qu'il faut prendre en sérieux.
00:08:14 C'est une inquiétude qui est légitime.
00:08:16 C'est évidemment un problème parce que ce vaccin a été rendu obligatoire très rapidement.
00:08:21 Et qu'effectivement, beaucoup de gens se demandent s'il fallait vraiment prendre cette décision d'un vaccin obligatoire dans un délai aussi court.
00:08:29 Alors obligatoire, il n'a jamais été obligatoire.
00:08:32 Il n'est pas obligatoire, le vaccin.
00:08:34 Il était obligatoire.
00:08:35 Non.
00:08:36 Non, mais au moment où les gens se sont fait vacciner, il était obligatoire.
00:08:40 Non, il y avait des incitations, des passes vaccinaux.
00:08:42 Oui.
00:08:43 Si vous n'étiez pas vacciné, votre vie était un cauchemar.
00:08:45 D'accord.
00:08:46 Oui, mais ça ne veut pas dire que le vaccin lui-même n'était pas obligatoire.
00:08:48 Le pass vaccinal était une obligation détournée, nous ne nous cachons pas.
00:08:52 C'était une incitation très forte, je ne le conteste pas.
00:08:54 Mais formellement, le vaccin n'a jamais été obligatoire.
00:08:56 Alors, vous vouliez dire quoi, Jean-Sébastien ?
00:08:57 Non, mais pour répondre au point que soulevait Eric Nolot, oui, effectivement, c'est très suivi.
00:09:01 Je pense qu'aucun vaccin n'a été aussi suivi, et aucun dans ses effets secondaires, que ce vaccin-là.
00:09:07 Parce que déjà, il y a eu toutes les études qui ont été faites en amont.
00:09:10 Et comme ça a été partout dans le monde, oui, partout dans le monde, les effets secondaires sont suivis.
00:09:14 Comme le soulignait Eugénie Bastier, on sait qu'il y a eu des effets secondaires, effectivement, sur certaines catégories de personnes.
00:09:21 Mais c'est le cas pour quasiment n'importe quel traitement.
00:09:23 Même l'aspirine peut produire des effets secondaires chez un certain nombre de gens,
00:09:27 ou selon les affections préalables dont vous pouvez souffrir.
00:09:30 Ce qu'il faut retenir malgré tout, et je comprends évidemment l'inquiétude ou les questions que pose Nathalie Marquet,
00:09:35 et là où je rejoins ce que disait Eric Nolot, c'est que oui, il n'y a pas eu de parole véritablement publique faisant un bilan.
00:09:40 Si ce n'est quand même que l'OMS a publié des chiffres cette semaine montrant que 1,4 million de morts auraient été évitées en Europe grâce au vaccin.
00:09:49 Je constate aussi les données de l'INSEE qui viennent d'être publiées cette semaine,
00:09:52 que nous battons le record historique d'espérance de vie en France,
00:09:55 et notamment le record historique pour les hommes, qui n'avaient jamais été atteints.
00:09:59 Donc vous voyez bien que pour le coup, on ne peut pas exclure qu'il y a eu des effets secondaires.
00:10:03 Peut-être même que ça a pu provoquer des AVC et que c'est tragique pour les personnes qui l'ont subi.
00:10:08 Mais si on raisonne en masse sur l'ensemble de la population par rapport aux discours complotistes qui sont tenus sur les vaccins,
00:10:13 si ce vaccin-là avait tué des millions de personnes, les données de l'INSEE n'auraient pas prouvé, nous n'aurions pas battu le record de vie.
00:10:20 Mais ça continue à avoir un écho.
00:10:23 Bien sûr, je comprends ces questions-là.
00:10:25 Il faut expliquer les choses.
00:10:27 Il y a une différence entre, en effet, pouvoir rassembler les données que vous avez résumées,
00:10:34 et le fait que ça n'imprime pas dans une grande partie de la population, qui reste quand même sur...
00:10:39 Ce n'est pas de l'intérêt marqué, encore une fois, mais qui jette le trouble, qui jette le doute,
00:10:44 parce qu'il n'y a pas une parole publique forte pour dire "voilà ce qui s'est passé".
00:10:47 En effet, il y a des effets secondaires.
00:10:49 Quels sont-ils ? C'est cela.
00:10:51 Mais la balance risque-bénéfice est favorable.
00:10:54 La parole publique s'est abîmée pendant la crise, parce que ce à quoi on pose les références,
00:10:56 on y remet justement le fait qu'il y a eu des incitations très fortes, une espèce de mépris et d'arrogance, d'ailleurs.
00:11:01 On se souvient d'un Emmanuel Macron qui voulait emmerder les Français, qui ne voulait pas se faire vacciner, etc.
00:11:05 Je pense qu'ils ont beaucoup abîmé la crédibilité de la parole publique à ce moment-là.
00:11:09 Oui, je crois qu'il y a une défiance maintenant qui s'exerce dans ce domaine, comme dans tous les autres,
00:11:14 et ce domaine-là est crucial.
00:11:16 Moi, je voudrais qu'on sorte de cette ambiguïté, parce que je fréquente peut-être un peu trop les réseaux sociaux,
00:11:20 c'est peut-être ça mon problème.
00:11:21 Vous devriez vous soigner pour ça, pour cette infection-là.
00:11:24 Absolument.
00:11:25 Emmanuel Macron va restreindre vos accès aux médicaments.
00:11:27 Mais remarquez, c'est assez instructif quand même.
00:11:29 C'est une loupe grossissante, mais c'est assez instructif.
00:11:32 Mais je trouve que cette défiance de la parole publique, alors pas chez les complotistes endurcis,
00:11:36 mais dans la zone grise de la population, il y a des gens qui veulent une information, tout simplement,
00:11:40 qui veulent être rassurés, qui veulent être informés.
00:11:42 C'est bien au gros.
00:11:43 Céline Pina, et après Louis Dragnet.
00:11:44 Il y a un côté risque zéro qui est impossible, à savoir que même quand vous prenez la pilule,
00:11:50 par exemple, la pilule peut causer des thromboses.
00:11:53 Et quand ça arrive, les gens tombent juste de l'arbre en disant,
00:11:57 enfin la pilule, ça ne pose aucun problème.
00:11:59 Si, ça en pose.
00:12:00 Et la question des effets secondaires, c'est très important.
00:12:04 En règle générale, un médicament ne reste sur le marché que si ses bénéfices sont largement supérieurs
00:12:11 aux effets secondaires remarqués.
00:12:13 Mais il y en a toujours.
00:12:15 Et quand vous avez des gens qui sont soit en fin de vie, soit très malades, soit traités pour des cancers,
00:12:20 il arrive parfois que même le traitement adapté, et on a tous vu autour de nous des gens,
00:12:25 par exemple, commencer une chimio, l'arrêter au bout d'une ou deux séances
00:12:29 parce que le traitement censé les guérir les tue plus vite que la maladie.
00:12:32 Lorsque vous êtes très malades, les choses peuvent se retourner assez vite.
00:12:36 Je pense que le problème qu'on a, c'est finalement un rapport à la maladie,
00:12:41 un rapport à ces maladies extrêmement graves, qui est aussi marqué par le déni et le refus d'accepter
00:12:48 qu'on ne peut pas sauver tout le monde, que les médicaments ne sont pas des miracles sur pattes.
00:12:54 Et je pense que là-dedans, c'est aussi nous qui sommes confrontés à notre propre finitude,
00:12:59 à nos propres angoisses.
00:13:01 Et quand on dit qu'on ne pourra pas sauver tout le monde, on se sent un petit peu trahi.
00:13:04 Et qu'on le veuille ou non, on en veut un petit peu aux médecins.
00:13:08 On a un rapport compliqué aux médecins aussi.
00:13:10 Oui. Alors, Louis Dragnel, répugne depuis tout à l'heure.
00:13:13 Vous êtes sympa, vous.
00:13:15 Je suis assez d'accord avec ce que vient de dire Céline Pina.
00:13:18 Et je pense qu'en fait, si vous voulez lutter contre le complotisme aujourd'hui,
00:13:22 le meilleur moyen, c'est surtout de parler des effets secondaires.
00:13:25 Parce que si vous n'en parlez pas, évidemment, ça donnera l'impression que vous voulez dissimuler quelque chose.
00:13:30 Et donc, c'est ça qui nourrit la bête.
00:13:32 Et simplement, un mot aussi sur le complotisme, qui parfois aussi,
00:13:37 c'est nourri sur la base quand même d'informations qui étaient données par des sachants.
00:13:42 Moi, ce qui m'a frappé pendant le Covid, puisque j'ai passé quasiment tout le Covid
00:13:46 tous les soirs sur des plateaux de télévision,
00:13:48 ce qui m'avait frappé quand même, c'est que l'un des enseignements...
00:13:50 Nous aussi, des fois.
00:13:51 Je sais, je me souviens très bien.
00:13:52 Il y a un enseignement...
00:13:53 Vous n'étiez pas sur les bons à l'époque.
00:13:54 Non, on était concurrents.
00:13:56 Il y a une chose qui m'a frappé, c'est le nombre de fois où il y avait des grands professeurs de médecine
00:14:03 qui venaient pour parler, ils affirmaient des choses, et en sortie de plateau,
00:14:06 ils disaient, je me disais, mais vous êtes sûre de ce que vous dites ?
00:14:08 Et ils nous disaient, je ne suis pas vraiment sûr.
00:14:10 Je me rappelle, au bon milieu de l'épidémie de Covid,
00:14:14 que par exemple, le virus pouvait vivre 9 heures sur une table.
00:14:17 On était en panique.
00:14:18 Je me rappelle de cette période.
00:14:19 Et vous avez des ponts qui vous affirment ça, en sortie de plateau.
00:14:22 Mais c'était des ponts.
00:14:23 Ils vous disent qu'en fait, ils ne sont pas sûrs.
00:14:25 Et donc, simplement, je ne suis pas là en train de faire la défense des complotistes.
00:14:28 Simplement, ce que j'ai pu observer, c'est que vous mettez parfois en contradiction
00:14:33 des propos qui ont été tenus un jour et 15 jours plus tard.
00:14:36 Vous vous dites, mais ce n'est pas possible, la même personne a dit tout et son contraire.
00:14:39 Et ça, je comprends que ça puisse troubler des gens qui, comme moi par exemple, sont très éloignés.
00:14:44 Moi, je n'ai pas de médecin dans ma famille.
00:14:45 Moi, je crois ce que me disent les médecins.
00:14:47 Et j'ai découvert qu'il n'y avait pas de consensus médical.
00:14:50 Et ça, c'est quelque chose qui est quand même un peu déstabilisant.
00:14:53 Jean-Sébastien, encore un petit mot à prendre en avance.
00:14:55 Comme je vous le disais tout à l'heure, je pense qu'on n'a pas fait le bilan
00:14:57 de la perte de crédibilité de la parole publique pendant cette crise-là.
00:15:00 Parce qu'au-delà de la parole médicale elle-même, il y a eu la parole des autorités.
00:15:04 Il y a eu des discours qui étaient assénés avec beaucoup de certitude.
00:15:07 Là où il y en avait quand même un peu moins dans la réalité.
00:15:10 Déjà, vous faisiez référence justement au fait que le virus pouvait...
00:15:13 Et on a quand même obligé les gens à se laver les mains mille fois par jour,
00:15:19 ce qui est certainement une très bonne idée par ailleurs.
00:15:20 Ça a eu des tas d'autres affluxions.
00:15:22 Sauf qu'on savait très tôt dans la pandémie que c'était un virus à transmission par les voies respiratoires.
00:15:28 On n'a pas pris, par exemple, il y a des pays qui ont distingué les hôpitaux
00:15:32 qui traitaient les malades du Covid d'autres pas.
00:15:34 Nous, on a été un pays où le principal lieu de contamination,
00:15:37 ce n'étaient pas les magasins ou les commerces qu'on a fermés, c'étaient les hôpitaux.
00:15:41 On a été un pays dans lequel ce sont les aides-soignants qui bien souvent
00:15:44 ont contaminé les personnes âgées dans les maisons de retraite.
00:15:47 Ce n'est pas leur culpabilité, simplement parce qu'on ne leur avait pas donné les moyens.
00:15:50 Justement, notamment les masques.
00:15:52 On nous a affirmé que si on était vacciné, souvenez-vous, au tout début de la vaccination,
00:15:56 il n'y aurait plus de contamination.
00:15:58 Alors qu'on savait que le vaccin permet, et ça s'est établi avec le recul,
00:16:02 ça avait été déjà à l'époque et ça l'est encore plus avec le recul,
00:16:04 ça permet d'éviter les formes graves et ça a sauvé, comme je le disais tout à l'heure,
00:16:08 vraiment des centaines de milliers de personnes en France.
00:16:10 - Quand on soulève le couvercle de la pandémie, on s'avoue que tout n'est pas résolu.
00:16:15 - Allez-y, faites comme si je ne parlais pas.
00:16:18 - Ça vous manque le Covid, Jean-Philippe Asselineau.
00:16:20 - Et réciproquement.
00:16:22 - Quand on soulève le couvercle, on s'aperçoit que tout n'est pas résolu.
00:16:26 - Mais il y a eu une arrogance terrible.
00:16:28 - Je renverserais le raisonnement de Jean-Sébastien Ferjou qui dit, ce qui n'est pas faux d'ailleurs,
00:16:32 en effet il y a eu des contradictions, y compris parmi les scientifiques, dont le trouble.
00:16:36 Moi je pense que c'est l'inverse, c'est-à-dire que dans une société qui serait beaucoup plus apaisée
00:16:40 que la nôtre en ce moment, où toute une partie de la population ne serait pas en état de sécession,
00:16:44 ces querelles de scientifiques n'auraient pas eu le même effet de déflagration.
00:16:48 Elles auraient été accueillies avec beaucoup plus de recul, de mesure,
00:16:51 mais là comme nous sommes un pays bouillonnant, ça venait après la crise des gilets jaunes,
00:16:55 et bien la moindre dissension au sein de la communauté scientifique,
00:16:58 le moindre fait qui n'entre pas dans le discours officiel provoquait des éclairs ravageurs.
00:17:03 - Il y a aussi le fait qu'en ayant accès à internet, tout le monde se prend pour un médecin,
00:17:07 et tout le monde trouve les effets secondaires, tout le monde a des gélusas et gélusies,
00:17:11 même dans nos propres familles.
00:17:13 - Moi je pense que, Jany, il est très difficile de juger aujourd'hui, parce que nous avons,
00:17:17 enfin c'est facile en fait de juger, c'est comme juger la seconde guerre mondiale alors qu'on n'y était pas.
00:17:23 - Enfin, écoutez, on ne prenait pas les décisions, c'est pas nous qui avons pris les décisions,
00:17:29 c'est ce que je veux dire, c'est que dans un contexte de crise énorme avec des données qui sont incertaines,
00:17:35 c'est compliqué de prendre les bonnes décisions.
00:17:37 Et chaque pays d'ailleurs a pêché par son défaut principal, l'Angleterre a pêché par une forme de nonchalance,
00:17:42 le Libertaire, Boris Johnson qui a pris justement très peu de décisions a été éjecté du pouvoir pour ça,
00:17:48 en France on a pêché par notre défaut national qui est la surobligation, la surcoercession,
00:17:52 l'administration avec les attestations pour sortir à 3 mètres de chez soi.
00:17:57 - Chacun a pêché par son défaut, son tropisme national, mais j'ai du mal, j'ai plutôt de l'indulgence en fait,
00:18:02 pour cette période parce que je pense que c'était extrêmement compliqué de gouverner.
00:18:06 - Et pour ceux qui nous dirigeaient vous voulez dire ?
00:18:08 - Pour les gens qui avaient les manettes du pouvoir, parce que je pense que c'était très très compliqué,
00:18:11 je pense que c'était n'importe qui d'autre.
00:18:13 Je prends toujours la phrase de Raymond Haron qui dit "quand on critique le pouvoir, il faut s'imaginer ministre
00:18:18 en prenant des décisions" et je pense que franchement je ne sais pas si d'autres partis politiques
00:18:22 qui avaient des pouvoirs en France à ce moment là auraient pris des décisions différentes.
00:18:25 Vous voyez que M. Philippot qui aujourd'hui est en Tivax, au premier jour du confinement,
00:18:28 il disait qu'il fallait confiner tout le monde et qu'il fallait absolument,
00:18:31 il s'indignait que l'ouvernement n'est pas confiné, vous voyez bien qu'il y a aussi des choses qui sont...
00:18:35 - Ce qui aurait été utile dans une démocratie quand même c'est que justement on en tire les conclusions
00:18:39 et qu'on fasse un bilan et ça ça n'a pas été fait, je vous rejoins Eugénie,
00:18:42 évidemment qu'il y avait des décisions qui étaient très difficiles à prendre,
00:18:44 d'autant que quand on regarde les études qui ont été faites après,
00:18:47 vous regardez les pays qui ont été hyper sévères ou les pays qui ont été assez laxes
00:18:51 et on le voit encore plus aux Etats-Unis, la différence entre les Etats qui avaient des restrictions
00:18:55 encore plus sévères parfois qu'en Europe et d'autres pas du tout,
00:18:57 finalement la mortalité sur le long terme a fini par plus ou moins s'aligner,
00:19:01 donc c'est simplement qu'un épidémie ne s'est pas déployée sur le même riz.
00:19:04 Mais ce qui serait utile et ce qui nous manque systématiquement en France,
00:19:07 c'est de faire un bilan, de contrôler l'action des pays.
00:19:10 - Un petit suivi des dossiers.
00:19:11 - Ce qui a aligné la mortalité, quelle que soit la trajectoire des pays, c'est le vaccin.
00:19:17 C'est-à-dire que si on n'avait pas eu de solution,
00:19:20 là on aurait pu voir quelle était la meilleure trajectoire possible.
00:19:23 On ne le saura pas parce que le vaccin a permis de réguler tout ça.
00:19:27 Mais derrière ce que ça dit aussi, c'est qu'il n'y a pas que les politiques aujourd'hui
00:19:31 qui sont devenues des gestionnaires, il y a les citoyens qui ne sont plus des citoyens,
00:19:37 mais qui sont des administrés.
00:19:39 Donc on a deux mondes qui ne supportent pas l'incertitude,
00:19:43 ne supportent pas le doute et veulent que tout soit tranché, que tout soit noir ou blanc.
00:19:48 Les gestionnaires, parce qu'ils estiment qu'ils connaissent le cadre,
00:19:51 donc ils doivent pouvoir fournir des solutions.
00:19:53 Et des citoyens qui ne supportent pas l'idée d'incertitude
00:19:57 et qui veulent qu'on les mène comme on mènerait un troupeau.
00:20:01 Et en fait de ces deux abandons-là, de ce refus de l'incertitude,
00:20:05 la politique est en train de mourir.
00:20:07 Et c'est à ça que nous sommes confrontés dans cette histoire.
00:20:09 C'est intéressant parce que je pensais faire que quelques minutes sur Nathalie Marquet et le vaccin Covid.
00:20:16 Tout le monde a encore beaucoup de choses à dire sur le Covid.
00:20:18 Il y a quelque chose d'inachevé sur ce dossier-là.
00:20:22 La thérapie collective n'est pas terminée.
00:20:24 Elle n'est pas terminée parce qu'on a tous vécu un traumatisme pendant cette période.
00:20:27 Ce qui est tragique, c'est avec les milliards qu'on a gaspillé de mesures inutiles
00:20:30 comme la fermeture des commerces non essentiels,
00:20:32 nous n'avons rien investi dans l'aération des lieux clos.
00:20:35 Les écoles, vous vous rappelez ?
00:20:37 Rien n'investi dans le suivi du traitement des eaux usées,
00:20:40 ce qui permet de repérer cette épidémie-là.
00:20:42 Rien n'investi sur l'aération des trains.
00:20:46 C'est quand même un gros, gros raté,
00:20:49 alors même que ça nous a coûté, comme l'avait rappelé Emmanuel Macron, des milliards.
00:20:53 Parce que l'oubli vient vite après les crises en réalité.
00:20:55 Bien sûr, on a la mémoire.
00:20:56 Et puis c'est un mauvais souvenir surtout.
00:20:58 On a tous très envie d'avancer.
00:21:00 On va parler un tout petit peu avant la pause de la grogne des policiers.
00:21:04 On va les réunir un petit peu partout en France
00:21:06 parce que les Jeux Olympiques les inquiètent.
00:21:08 Ils vont avoir énormément de travail sur un minimum de temps.
00:21:11 Écoutez-les avec ce sujet de Mathilde Ebanez.
00:21:14 C'était un appel à une journée noire lancée par le syndicat Alliance Police.
00:21:20 À six mois des Jeux Olympiques,
00:21:22 les policiers se sont rassemblés en nombre devant l'hôtel de ville à Paris
00:21:25 pour exprimer leur albole.
00:21:27 On demande du respect pour nos forces de l'ordre
00:21:29 par des réponses claires et immédiates sur nos revendications
00:21:32 et l'organisation en général des Jeux Olympiques.
00:21:35 Après les nombreuses mobilisations musclées en 2023,
00:21:38 Fabien Vanhemmelrich, secrétaire général Alliance Police,
00:21:41 ne sait pas comment ses collègues vont tenir le rythme.
00:21:44 Ils sont essorés moralement, physiquement, psychologiquement.
00:21:47 Ils ont vécu les pires mouvements.
00:21:49 Ils n'ont pas pu se reposer.
00:21:50 Ils n'ont quasiment pas eu de congés.
00:21:52 Et aujourd'hui, on va leur dire, les Jeux Olympiques,
00:21:54 il va falloir les faire.
00:21:55 Mes collègues sont professionnels.
00:21:56 Mais on ne leur donne pas l'accompagnement social nécessaire.
00:21:59 Des manifestations de colère comme celle-ci.
00:22:01 Il y en a eu également à Strasbourg, Bordeaux ou encore Lyon.
00:22:04 Ici, personne ne sait encore s'ils seront appelés en renfort à Paris
00:22:07 et surtout dans quelles conditions.
00:22:09 On ne sait pas si mes collègues vont avoir des congés.
00:22:12 Ils ne savent pas comment ils vont faire garder leurs enfants
00:22:14 s'ils ne doivent pas être chez eux.
00:22:16 Ils ne savent pas comment ils vont travailler,
00:22:18 que ce soit en province ou à Paris, s'ils vont aller à Paris.
00:22:20 En fait, ils ne savent rien.
00:22:22 Ils ne savent pas, vu qu'ils vont faire beaucoup d'heures supplémentaires,
00:22:24 si ces heures vont être rémunérées.
00:22:26 Autre réclamation de la reconnaissance
00:22:28 c'est qu'ils se sentent surtout déprimés à la hauteur de leurs investissements.
00:22:31 Je ne sais pas si ça va rencontrer beaucoup d'écho dans la population,
00:22:34 mais c'est vrai que ces policiers ont été mis à toutes les sauces
00:22:37 depuis la crise du Covid, la crise des gilets jaunes, les manifs,
00:22:40 la violence dans les rues.
00:22:42 D'abord, plus généralement, les Jeux Olympiques,
00:22:45 c'est quand même l'emmerdement maximal et général.
00:22:47 Vous parlez à tous les Parisiens, c'est simple.
00:22:49 Qu'est-ce qu'il va faire pour les Jeux Olympiques ?
00:22:51 La réponse, c'est "je me barre".
00:22:52 Tous les Parisiens veulent se barrer de Paris.
00:22:54 Du coup, Paris va être très agréable.
00:22:55 Pas tous !
00:22:56 - David Bougeule veut assister à toutes les épreuves.
00:22:59 - Oui, ça va lui coûter très cher.
00:23:02 Après, pour le reste, nous avons ici même passé des émissions entières
00:23:07 à commenter l'incroyable tension et l'incroyable violence
00:23:10 auxquelles ont été confrontés les policiers du jamais vu,
00:23:13 par l'intensité, par la fréquence des manifestations,
00:23:16 par surtout l'augmentation de la violence.
00:23:18 Moi, je comprends tout à fait leurs revendications.
00:23:20 Il y a quelque chose qui ne va pas.
00:23:21 On leur demande d'être tout le temps sur le pont,
00:23:23 tout le temps en première ligne.
00:23:25 Il faut faire en sorte que ça se passe le mieux possible
00:23:28 et tenir compte de leurs revendications,
00:23:29 qui paraissent d'ailleurs minimales et exprimées sur un ton tout à fait courtois,
00:23:33 je trouve, contrairement à d'autres catégories.
00:23:35 - Un tout petit mot, Eugénie, avant la pause,
00:23:37 puis je vous passerai la parole après.
00:23:38 - Moi, je suis une des rares personnes en France
00:23:41 qui compte les Jeux Olympiques depuis, je pense, 8 ans.
00:23:44 Je pense que c'est une vaste connerie que personne ne veut organiser ces Jeux
00:23:48 parce que ça coûte très cher et que ça demande des moyens logistiques énormes.
00:23:51 Et effectivement, dans un climat d'insécurité en France,
00:23:53 effectivement, nos policiers ne suffisent pas à assurer l'ordre dans le pays en temps normal.
00:23:58 Donc, là, on leur demande cet été d'être mobilisés à 100% sur les Jeux Olympiques,
00:24:01 alors qu'ils sont épuisés.
00:24:02 Tout ça pour une fête qui sera une fête Potemkin,
00:24:06 destinée à masquer provisoirement pendant 15 jours les failles béants de notre nation.
00:24:12 Franchement, je pense que le jeu n'en veut pas la chandelle.
00:24:14 - Sans jeu de mots.
00:24:15 Petite pause dans Punchline.
00:24:17 On revient sur ce sujet dans un instant.
00:24:19 A tout de suite.
00:24:21 - 17h30, on est en direct dans Punchline.
00:24:25 Tout de suite, le rappel des titres de l'actualité avec Simon Guillain.
00:24:29 - Se dirige-t-on vers une escalade du conflit au Proche-Orient ?
00:24:35 Le Pakistan annonce, je cite, avoir frappé des caches terroristes en Iran.
00:24:39 Ces explosions, survenues dans le sud-est du pays,
00:24:42 auraient fait 9 morts selon le gouvernement pakistanais.
00:24:44 Des attaques qui interviennent au moment où les houtis du Yémen
00:24:47 multiplient leurs offensives en mer rouge.
00:24:49 En Turquie, un footballeur a été renvoyé en Israël
00:24:52 après avoir réclamé la libération des otages retenus dans la bande de Gaza.
00:24:56 Eden Karsev, qui évoluait dans le club turc de Bazak Seyir,
00:24:59 a été prêté au Maccabi Tel Aviv.
00:25:01 Lundi, un autre joueur israélien a dû quitter la Turquie
00:25:04 pour avoir brandi un message en soutien aux otages.
00:25:07 Et puis, soupçonné d'être à l'origine
00:25:09 de plusieurs centaines de fausses alertes à la bombe,
00:25:11 un adolescent a été interpellé à Laval en Mayenne,
00:25:14 indique aujourd'hui le parquet de Rennes.
00:25:16 Le jeune homme de 13 ans, scolarisé en classe de 4e,
00:25:19 a été arrêté hier à son domicile.
00:25:21 Il a été identifié par la police judiciaire.
00:25:23 Merci Simon.
00:25:25 Guy, on parle de la police qui est en colère.
00:25:27 Ils ont manifesté un petit peu partout aujourd'hui en France.
00:25:30 Céline Pina, colère légitime ou colère, disons, syndicale,
00:25:34 qui vise à obtenir des primes pour des heures supplémentaires,
00:25:38 des congés qui ne seront pas pris cet été ?
00:25:41 L'un n'empêche pas l'autre, mais en tout cas,
00:25:43 la légitimité de la colère, on peut la reconnaître.
00:25:46 Il faut quand même avouer que les policiers
00:25:49 ont encaissé toutes les crises créées ou gérées par Emmanuel Macron.
00:25:55 Et qu'on a quand même le sentiment que finalement,
00:25:58 le premier quinquennat, comme celui qui s'annonce,
00:26:01 soit à peu près la répétition des mêmes choses,
00:26:04 et qu'on va encore aller de crise en crise.
00:26:06 Autrement dit, plus l'impuissance politique grandit,
00:26:09 plus grandissent aussi les attentes des citoyens.
00:26:12 Et ces deux logiques qui ne se rejoignent pas
00:26:14 ne peuvent créer que des frustrations.
00:26:16 Et comme on a une population qui est diversement éduquée,
00:26:20 dira-t-on, ces frustrations déclenchent de l'enchaumagement,
00:26:24 de la violence.
00:26:25 Donc leur quotidien est déjà extrêmement lourd.
00:26:28 Les crises sont répétitives.
00:26:30 Et là, en plus, en fin d'année, ils vont avoir à la fois géré
00:26:34 le 80e anniversaire du débarquement de Normandie,
00:26:38 plus les Jeux olympiques.
00:26:41 Je pense qu'on peut entendre leur fatigue,
00:26:44 on peut comprendre leur inquiétude,
00:26:46 d'autant qu'on a le sentiment qu'il y a une forme
00:26:49 d'incompréhension entre la préfecture de police
00:26:52 et les organisateurs des Jeux olympiques,
00:26:54 parce qu'on entend de plus en plus les inquiétudes
00:26:56 de la préfecture, et on ne peut avoir le sentiment
00:26:59 qu'en face, il y a un petit côté, "débrouillez-vous,
00:27:02 nous on donne des ordres, vous êtes là pour faire en sorte
00:27:04 que les choses se passent bien".
00:27:06 Et on a le sentiment que ces tensions,
00:27:08 on espère qu'elles finiront par se résoudre,
00:27:11 mais qu'en tout cas, elles sont encore palpables,
00:27:13 alors qu'on n'est pas loin de...
00:27:14 Je ne suis pas sûre que la préfecture de police,
00:27:16 parce que là, Gérald Darmanin a fait une grosse réunion
00:27:18 lundi matin en Seine-Saint-Denis, justement,
00:27:20 avec tous les préfets, tous les policiers sur les JO,
00:27:24 ça semblait assez aligné.
00:27:26 Mais bon, il y a peut-être au niveau des exclusions,
00:27:29 peut-être inférieures...
00:27:31 Sur la question notamment des bénévoles
00:27:33 et des accès aux accès sécurisés,
00:27:36 il y a beaucoup de bénévoles,
00:27:38 et il y a beaucoup d'inquiétudes sur comment est-ce qu'on protège
00:27:40 certaines zones, parce qu'on n'est pas sûrs
00:27:42 que tous les bénévoles soient contrôlés.
00:27:45 - Absolument. Louis, un petit mot ?
00:27:47 Jean-Sébastien, ça vous inspire ou pas, en avant ?
00:27:49 - Moi, ça m'inspire beaucoup, parce que je pense
00:27:51 que c'est la goutte d'eau qui fait des bordels vase
00:27:53 pour les policiers.
00:27:55 C'est un peu ce que disait Eric Nolot tout à l'heure.
00:27:57 On leur donne toutes les missions sans prioritaire,
00:27:59 en plus, ils se prennent honnêtement des volets d'insultes
00:28:03 à chaque fois qu'ils font du maintien de l'ordre
00:28:05 à l'occasion de manifestations.
00:28:07 On leur a demandé de renoncer à beaucoup de choses,
00:28:09 à beaucoup de vacances.
00:28:11 Et donc là, ils se disent qu'on ne va pas avoir le droit
00:28:13 de prendre de vacances entre le 24 juillet et le 11 août.
00:28:16 On nous contraint à prendre nos vacances
00:28:18 10 jours maximum entre le 15 juin et le 15 septembre.
00:28:21 Et pendant que tout le monde va vivre des pains et des jeux,
00:28:25 nous, en fait, on est encore de corvée, une fois de plus,
00:28:28 pour un événement qui, et là je rejoins ce que disait Eugénie Bastier,
00:28:32 moi je trouve que tout est excessif,
00:28:35 c'est le gigantisme à son paroxysme.
00:28:38 Et à chaque fois qu'il y a eu des Jeux olympiques,
00:28:41 on expliquait que c'était pour le bien des gens,
00:28:43 que c'était génial et que ça participerait au rayonnement
00:28:45 de ces pays-là.
00:28:46 Mais en fait, à chaque fois, tous les pays sont désabusés.
00:28:49 Je me souviens de l'exemple anglais,
00:28:51 je me souviens de l'exemple grec,
00:28:53 où il y avait le village olympique qui était tombé en ruine,
00:28:55 plus personne ne savait qu'en faire à la fin.
00:28:57 On nous explique que c'est bon pour la présence...
00:28:59 - On a parlé de 92 Albertville, ça s'est très bien passé.
00:29:02 - Les Jeux olympiques d'hiver...
00:29:04 - Oui, les Jeux olympiques d'hiver.
00:29:06 - Je pense qu'en fait...
00:29:08 Aujourd'hui, il n'y a quasiment plus aucun pays
00:29:10 qui ne veut organiser les Jeux olympiques chez eux.
00:29:12 - En fait, ils se battent tous pour les faire.
00:29:14 - Non, il y a beaucoup moins de pays.
00:29:16 Et donc je pense qu'il faudrait réfléchir,
00:29:18 pour tous les amoureux des Jeux olympiques,
00:29:20 on peut créer, il y a peut-être une ville, un pays
00:29:22 qui serait ravi de les accueillir tous les 4 ans dans son pays,
00:29:25 on décide de sanctuariser un endroit.
00:29:27 - C'est beau votre générosité, Louis.
00:29:29 - C'est dictatorial, en fait.
00:29:31 - Mais si il y en a qui en parlent, on prend le, mais pas chez nous.
00:29:33 - Vous êtes un dictateur, en fait, Louis.
00:29:35 - Tous ceux qui vous disent "face camera",
00:29:37 c'est génial, à l'exception des gens des Jeux olympiques.
00:29:39 - Bon courage.
00:29:41 - Laurent, dans les organisateurs,
00:29:43 tous les organisateurs qui...
00:29:45 Quand on ferme le micro, ils vous disent
00:29:47 tout ce que c'est l'enfer, que c'est trop compliqué,
00:29:49 qu'ils n'en veulent pas.
00:29:51 - Qui a eu l'idée des Jeux olympiques en premier ?
00:29:53 Un Français. Voilà.
00:29:55 - C'est la France. Merci, Louis.
00:29:57 Vous nous les collez tous les 4 ans.
00:29:59 - Mais moi, je trouve que c'est que les policiers...
00:30:01 - C'est venu, tout est excessif.
00:30:03 - Que la Grèce se réorganise.
00:30:05 - Bien sûr, on vient au retour aux sources.
00:30:07 - Jean-Sébastien, un petit mot en avant.
00:30:09 - Pour en revenir aux policiers...
00:30:11 - La dimension anthropologique des Jeux.
00:30:13 - C'est un CEPAT très intéressant, effectivement.
00:30:15 Pourquoi pas faire aux Olympies ou à Paris, si on veut.
00:30:17 L'investissement serait fait une fois pour toutes.
00:30:19 Ça aurait sûrement plus de sens d'un point de vue environnemental.
00:30:21 Mais pour en revenir sur les policiers, malgré tout,
00:30:23 les policiers ne sont pas les plus maltraités.
00:30:25 Le ministère de l'Intérieur est un des ministères
00:30:27 les plus cogérés par les syndicats.
00:30:29 - Les plus mal considérés.
00:30:31 - Je suis d'accord.
00:30:33 C'est là où je voulais en venir.
00:30:35 Derrière ces revendications légitimes,
00:30:37 le combat syndical est parfaitement légitime,
00:30:39 il y a une autre demande.
00:30:41 Cette demande-là, le gouvernement peine à y répondre.
00:30:43 Peut-être même la société tout entière peine à y répondre.
00:30:45 Il n'y a pas suffisamment de considération pour les policiers.
00:30:47 Il n'y a pas suffisamment de détermination
00:30:49 pour les policiers.
00:30:51 Il n'y a pas suffisamment de considération pour les policiers.
00:30:53 Il n'y a pas suffisamment de respect pour les policiers.
00:30:55 Et oui, ce pouvoir-là n'a pas toujours été suffisamment
00:30:57 derrière les policiers dans les situations.
00:30:59 - On est d'accord.
00:31:01 - Il les a parfois même exposés plus qu'il n'était besoin.
00:31:03 - On en parlera tout à l'heure.
00:31:05 On aura M.Amelric de S&P Alliance
00:31:07 sur le plateau un peu plus tard dans l'émission.
00:31:09 J'aimerais qu'on parle des émeutes maintenant.
00:31:11 On a entendu les explications du président Macron
00:31:13 à propos des émeutiers.
00:31:15 Vous savez qu'ils étaient de jeunes désœuvrés
00:31:17 guettés par l'oisiveté
00:31:19 qui n'avaient pas accès à la culture,
00:31:21 qui n'avaient pas cours depuis le mois d'avril.
00:31:23 On se demande bien pourquoi ils n'avaient pas cours
00:31:25 depuis le mois d'avril.
00:31:27 Nous, on le sait.
00:31:29 J'aimerais qu'on écoute juste Vincent Jeanbrun
00:31:31 qui est le maire de La Hille-et-Rose.
00:31:33 Vous vous rappelez que sa famille a été attaquée
00:31:35 par des émeutiers au mois de juillet dernier.
00:31:37 Sa femme avait été grièvement blessée.
00:31:39 Il était l'invité ce matin de nos confrères d'RTL.
00:31:41 Lui, il estime que nous sommes collectivement responsables.
00:31:43 Écoutez-le.
00:31:45 - Je crois qu'on est collectivement responsables.
00:31:47 C'est un peu ce que je décris dans le livre.
00:31:49 On est responsable d'avoir
00:31:51 cédé sur l'autorité
00:31:53 depuis des dizaines d'années.
00:31:55 On est responsable d'avoir
00:31:57 des fonctionnaires de police dévoués
00:31:59 et encore une fois, je les admire,
00:32:01 mais trop peu nombreux.
00:32:03 Des fonctionnaires du ministère de la Justice
00:32:05 dévoués mais beaucoup trop peu nombreux.
00:32:07 Et de manière générale, un laissé-aller
00:32:09 qui fait qu'on a aujourd'hui
00:32:11 des enfants de la République française
00:32:13 qui se retournent, qui prennent les armes
00:32:15 de police propre, des haches, des piolets, des mortiers.
00:32:17 - Vous écrivez des commandos dans le livre.
00:32:19 - C'est des commandos.
00:32:21 Et ça, c'est effectivement inacceptable.
00:32:23 - Qui est d'accord avec ça ? On est collectivement responsables ?
00:32:25 Vous vous sentez responsable de ce qui s'est passé
00:32:27 au mois de juillet avec nous ?
00:32:29 - Moi, je veux bien examiner la responsabilité de tous,
00:32:31 la responsabilité collective, mais commençons par
00:32:33 les responsabilités individuelles.
00:32:35 Ce qui est désespérant dans le macronisme,
00:32:37 chez Emmanuel Macron, c'est pas le "en même temps".
00:32:39 Il ne fait pas du "en même temps".
00:32:41 C'est un pas en avant, deux pas en arrière.
00:32:43 Il va y avoir un choc des savoirs,
00:32:45 il va y avoir un choc d'autorité.
00:32:47 Et en effet, décrire ces petits voyous,
00:32:49 ces sales petits délinquants, il faut quand même
00:32:51 les nommer par leur nom, parce qu'ils n'ont rien à faire.
00:32:53 Donc, quand on n'a rien à faire, on va piller des magasins,
00:32:55 on incendie des écoles, on incendie des bibliothèques.
00:32:57 - Des commissariats.
00:32:59 - Non, mais moi, les bras m'en tombent.
00:33:01 Ce serait quelqu'un dans un bistrot,
00:33:03 un café du commerce,
00:33:05 je dirais "bon, le pauvre type", là, c'est le président
00:33:07 de la République. Alors ça, c'est pour les responsabilités
00:33:09 individuelles.
00:33:11 En effet, la responsabilité collective,
00:33:13 moi, j'aurais quand même tendance à la faire porter
00:33:15 essentiellement sur un discours d'extrême-gauche
00:33:17 qui est dans la culture de l'excuse permanente.
00:33:19 C'est-à-dire, ces gens-là ne sont
00:33:21 pas des émeutiers, mais des militants politiques.
00:33:23 Ils ne piquent pas des douze paires
00:33:25 de Nike, mais ils expriment le
00:33:27 malaise des banlieues. Enfin, un pipeau
00:33:29 général, ça n'a aucun sens.
00:33:31 C'est démenti par la réalité
00:33:33 chaque jour et par les images qu'on montre.
00:33:35 Donc, cette responsabilité collective,
00:33:37 c'est celle d'un camp idéologique.
00:33:39 Et malheureusement, quand je vois le président de la République
00:33:41 apporter de l'eau au moulin
00:33:43 de ce mouvement, de cette partie
00:33:45 de notre idéologie qu'il entend combattre,
00:33:47 moi, je trouve que la confusion est à son
00:33:49 comble et qu'il faut nommer les choses. Un délinquant
00:33:51 est un délinquant, un pillard est un pillard.
00:33:53 Ce n'est pas un jeune gamin oisif.
00:33:55 - Fais-oeuvrer oisif, Eugénie.
00:33:57 - Oui, moi, j'essaie de comprendre, Emmanuel Macron.
00:33:59 J'essaie de m'expliquer pourquoi
00:34:01 il dit ça, pourquoi il tient autant
00:34:03 à dissocier la question des émeutes
00:34:05 de la question de l'immigration. Pourquoi il tient
00:34:07 autant à dire que c'est une
00:34:09 question de loisiveté ? Je pense que derrière, il y a
00:34:11 quand même une conviction chez lui, qui est que
00:34:13 le travail est la solution,
00:34:15 l'économie est la solution
00:34:17 à l'intégration et la solution à l'immigration.
00:34:19 Il le dit depuis le début, il l'a dit en Seine-Saint-Denis,
00:34:21 il dit en gros, trouvons à ces gens-là
00:34:23 du travail, occupons-les et tout va
00:34:25 rentrer dans l'ordre. Je pense que c'est là son erreur.
00:34:27 Et quand il dit loisiveté, il pense au contraire du travail.
00:34:29 Il pense que si ces jeunes
00:34:31 travaillaient, s'ils avaient un emploi,
00:34:33 s'ils étaient à l'école, ils ne seraient
00:34:35 pas délinquants. Derrière, je pense que
00:34:37 - Non, parce qu'ils avaient 13, 14, 15 ans.
00:34:39 - D'ailleurs, c'est la philosophie de
00:34:41 Chérie Macon que
00:34:43 l'économie
00:34:45 est première, le travail, et que tout
00:34:47 va suivre si l'intégration
00:34:49 se fera par le travail. Et ça, c'est une conviction.
00:34:51 On peut dire qu'il n'a pas beaucoup de convictions sur ce sujet, mais c'est sa conviction
00:34:53 sur laquelle je pense qu'il a tort, parce qu'il
00:34:55 méconnaît la question culturelle
00:34:57 et anthropologique.
00:34:59 - Moi, je pense qu'il y a
00:35:01 un lien entre ce déni que Emmanuel Macron
00:35:03 fait, et je ne suis pas sûr qu'il soit sincère
00:35:05 là-dessus. Parce qu'il a vu toutes les notes de police.
00:35:07 Non, mais il a...
00:35:09 Vous êtes très cyniques, mais moi, je suis
00:35:11 encore authentique. - Pas du tout. - Encore un peu.
00:35:13 En tout cas, j'essaie de croire,
00:35:15 d'essayer de décrypter ce qu'on me dit.
00:35:17 Mais il sait très bien, en fait, ce qu'il ne veut pas dire.
00:35:19 En fait, il joue sur les mots, et tous les Français
00:35:21 le savent. Quand on voit, nous, on a reçu quasiment
00:35:23 tous les bilans de police, chaque soir, pendant
00:35:25 les émeutes, avec la liste des noms des gens
00:35:27 qui étaient placés en garde à vue, qui étaient mis en cause.
00:35:29 Je suis désolé. - Mathéo. - Comment ?
00:35:31 - Mathéo ? - Et Kévin. - Mais c'était...
00:35:33 Non, c'était pas des Mathéo et des Kévin, et je pense que les Français
00:35:35 l'ont très bien vu, l'ont très bien compris.
00:35:37 Je pense aussi que, si Emmanuel Macron
00:35:39 refuse d'établir le lien entre
00:35:41 l'immigration, la délinquance, et donc qu'il produit
00:35:43 des émeutiers, c'est la même raison pour laquelle
00:35:45 Emmanuel Macron ne s'est pas rendu à la marche
00:35:47 contre l'antisémitisme. C'est qu'il ne veut
00:35:49 surtout pas, il a peur de cette France-là.
00:35:51 Il a peur que ça explose
00:35:53 encore plus. - Louis, alors, un instant,
00:35:55 même si c'est un crime, je le sais,
00:35:57 mais on va juste écouter un tout petit peu Emmanuel Macron,
00:35:59 qui est... était
00:36:01 interpellé par une habitante
00:36:03 qui s'ouvre, écoutez ce qu'il dit.
00:36:05 - C'est au coeur du projet de réforme.
00:36:07 La culture, depuis 6 ans, je le disais,
00:36:09 on a fait des petites révolutions.
00:36:11 On a mis l'éducation artistique et culturelle
00:36:13 à l'école, au collège.
00:36:15 On va mettre le théâtre, maintenant,
00:36:17 obligatoire au collège.
00:36:19 On a développé le pass culture.
00:36:21 Un jeune sur deux y a accès, ce qui permet à des familles
00:36:23 qui étaient démunies d'avoir accès aux livres,
00:36:25 au théâtre, à l'opéra.
00:36:27 On va, maintenant,
00:36:29 on l'expérimente dès la 6ème, 5ème.
00:36:31 On a ouvert 400 microfolies à travers
00:36:33 le pays.
00:36:35 On a aidé les communes qui le souhaitaient
00:36:37 à ouvrir plus longtemps leurs bibliothèques.
00:36:39 Et bien, on va continuer ce boulot, je le disais,
00:36:41 et la ministre, au coeur de son mandat,
00:36:43 elle aura ça. Que plus personne ne dise, c'est pas fait pour moi.
00:36:45 - Monsieur le président, merci.
00:36:47 - Je m'empêche de parler.
00:36:49 - Voilà pour cette incise
00:36:51 qui a brisé
00:36:53 l'élan que vous aviez pris, Louis de Ragnel.
00:36:55 - Je crois pas que ce sera là.
00:36:57 - Continuez votre terrasse. Terminé.
00:36:59 - Non, par rapport à ce que disait Vincent Jambrin,
00:37:01 il pointe du doigt le fait qu'il n'y a pas assez de policiers,
00:37:03 il n'y a pas assez de magistrats.
00:37:05 Moi, je pense que ce raisonnement aussi a des limites.
00:37:07 Parce que la solution
00:37:09 qui consiste à dire "on va tout régler
00:37:11 en mettant plus de policiers, plus de magistrats",
00:37:13 en fait, à la fin, c'est le chaos. On ne va pas mettre
00:37:15 un policier derrière chaque Français.
00:37:17 En fait, il faut traiter le problème... - Il y a assez de policiers ?
00:37:19 - Moi, je pense qu'il y a
00:37:21 assez de policiers. C'est simplement
00:37:23 parce que, là maintenant, la question, c'est celle de l'autorité.
00:37:25 - OK. - Non mais,
00:37:27 pas seulement des réponses pénales, il faut en fait éduquer,
00:37:29 c'est terrible, mais il faut en venir à éduquer
00:37:31 des parents qui sont mal éduqués et qui savent
00:37:33 pas élever leurs enfants, mais on en est rendu là,
00:37:35 on n'a pas le choix. - Et comment on éduque des parents, Louis ?
00:37:37 Qu'est-ce que vous me racontez ? - Et, Laurence, dans ce cas-là, la solution...
00:37:39 - Comme l'opéra et le théâtre. - Non mais moi, je ne me résous pas
00:37:41 à me dire que la seule solution, c'est de vivre
00:37:43 avec des portes blindées devant les écoles,
00:37:45 ça va être des vitres blindées
00:37:47 devant les crèches et des policiers partout.
00:37:49 C'est pas ça, la solution. - Ce qui est sûr, c'est qu'avec
00:37:51 les cours d'empathie, les cours de théâtre obligatoires,
00:37:53 le sport et les cours d'éducation civique qui ont été doublés,
00:37:55 il n'y aura pas d'oisiveté à l'école, parce que là,
00:37:57 je ne sais même pas comment va caser, en plus,
00:37:59 les cours. - Céline.
00:38:01 - Et, j'en sais, vous aurez la parole.
00:38:03 - Enfin, moi, je pense comprendre ce qu'il essaie de poursuivre.
00:38:05 C'est-à-dire, il se dit,
00:38:07 nous sommes une société, normalement,
00:38:09 où nous intégrons les limites.
00:38:11 Les limites sont pas censées
00:38:13 venir de l'extérieur. En gros, on n'est pas censé
00:38:15 être une société de la matraque
00:38:17 où, comme les gens sont absolument
00:38:19 pas éduqués, se comportent comme des animaux,
00:38:21 il faut régulièrement leur taper dessus pour leur montrer
00:38:23 les limites. Non. Nous, on est une société,
00:38:25 normalement éduquée,
00:38:27 donc on intègre quelles sont les limites,
00:38:29 quels sont nos devoirs, etc.
00:38:31 Et c'est dans ce sens où il va nous parler,
00:38:33 culture. Le seul problème,
00:38:35 c'est que qu'est-ce qui crame en premier
00:38:37 dans une banlieue ? Les bibliothèques.
00:38:39 - Les bibliothèques. - Qu'est-ce que c'est inflammable,
00:38:41 la bibliothèque ? - C'est dingue. - Ensuite, on a envie
00:38:43 de lui dire... - Les écoles aussi, ça brûle bien.
00:38:45 - On a envie de lui dire, écoute, à défaut,
00:38:47 il paraît que t'as des neveux, intéresse-toi un peu à eux,
00:38:49 et tu vas voir à quel point... - Ne tutoyez pas
00:38:51 le président, Céline Pinard. - Je dis que vous
00:38:53 avez des neveux, intéressez-vous un peu à eux.
00:38:55 - Non, vous avez dit "tu". Vous avez dit "tu".
00:38:57 Il y a une familiarité. - C'était très déplacé
00:38:59 et je m'en excuse. - Non, peut-être que c'est dans la vie,
00:39:01 vous êtes... - Ou non, en fait. Malheureusement,
00:39:03 je ne tape pas sur les mots.
00:39:05 - C'est une enquête journaliste, je vérifie. - Allez-y, Céline,
00:39:07 terminez votre... - Bref, du coup, j'ai
00:39:09 complètement pas... - Mais oui, c'est ça.
00:39:11 - Vous avez d'autres questions, Eric ?
00:39:13 - C'est que nos enfants, aujourd'hui, la chose
00:39:15 la plus compliquée qu'on en a à faire,
00:39:17 c'est d'arriver à les faire lire,
00:39:19 c'est de les amener à un spectacle.
00:39:21 Ils sont accrochés à leur téléphone
00:39:23 portable. Donc, on a l'impression
00:39:25 qu'ils nous parlent d'enfants
00:39:27 qui n'existent pas, d'une France qui n'existe
00:39:29 plus, et de vœux pieux
00:39:31 dont on se demande bien comment
00:39:33 elles arriveront à réalisation.
00:39:35 Donc, on a l'impression qu'ils se moquent
00:39:37 de nous. - Alors, Jean-Sébastien Ferjour.
00:39:39 - Je vais vous dire, paradoxalement, je crois
00:39:41 que je comprends ce qu'il veut dire sur loisiveté.
00:39:43 Non, mais je rejoins
00:39:45 ce que vous disiez aussi. C'est-à-dire
00:39:47 le problème, c'est qu'il ne dit que ça, et qu'il ne
00:39:49 dit pas tout le reste de ce que les uns et les autres
00:39:51 viennent d'exprimer. Mais ce n'est pas loisiveté
00:39:53 au sens de désœuvrement, de rien avoir dans son
00:39:55 emploi du temps à un instant T. C'est loisiveté au sens
00:39:57 de n'avoir pas de ligne d'horizon, de point de fuite,
00:39:59 de projet, dit autrement. Et c'est valable
00:40:01 pour l'immigration comme c'est valable pour les individus.
00:40:03 C'est parce qu'il n'y a pas de projet.
00:40:05 C'est quoi le projet dans la vie de gamins qui vivent
00:40:07 dans ces quartiers-là ? C'est aussi parce que
00:40:09 il y a leur responsabilité, il y a la responsabilité
00:40:11 de leurs parents. Il ne s'agit pas de dire que ce ne serait
00:40:13 que de pauvres victimes d'un système économique
00:40:15 et social très injuste. Enfin, collectivement,
00:40:17 oui, nous avons aussi un problème à définir
00:40:19 un projet. Ça, c'est une réalité.
00:40:21 Et donc, je pense qu'il doit viser
00:40:23 ce point-là, sauf qu'il ne l'accorde avec
00:40:25 ou il ne le conjugue avec aucun des autres, et qu'il propose
00:40:27 des solutions. Ça n'est pas mauvais
00:40:29 en soi, les cours d'empathie. On sait que ça a pu
00:40:31 marcher dans d'autres pays, comme au Danemark,
00:40:33 contre le harcèlement, le théâtre.
00:40:35 Pourquoi pas ? Non, mais parce que savoir s'exprimer,
00:40:37 mine de rien, parce qu'on voit que c'est des gens qui ont très
00:40:39 peu de vocabulaire. C'est un constat aussi.
00:40:41 Ce sont des gens qui ont très peu de vocabulaire. Avoir très
00:40:43 peu de vocabulaire, ça mène à la violence aussi.
00:40:45 Donc, chacune des choses qu'il dit, en soi,
00:40:47 a du sens. Ce qu'il n'en a pas, c'est que,
00:40:49 pour le coup, lui, il n'a pas de projet global. Il n'a pas
00:40:51 de vision globale. Donc, on se heurte toujours
00:40:53 à la même difficulté. - J'admire beaucoup
00:40:55 les précautions oratoires de mes collègues. Je vais essayer
00:40:57 de m'exprimer plus directement.
00:40:59 À mon avis, Emmanuel Macron
00:41:01 fait un calcul très simple. C'est qu'il sait
00:41:03 que, pour changer la situation,
00:41:05 il faudrait prendre des mesures extrêmement
00:41:07 dures, extrêmement contraignantes,
00:41:09 extrêmement difficiles à mettre en œuvre. Donc,
00:41:11 il choisit de ne pas le faire, et de s'en
00:41:13 tenir à des réformes. Elles ne sont pas
00:41:15 toutes nulles. Par exemple, il y a une commission qui se réunit
00:41:17 sur le contrôle des écrans. On peut peut-être
00:41:19 en attendre quelque chose.
00:41:21 - Quoi, précisément ?
00:41:23 - Qu'est-ce qu'on peut en attendre ?
00:41:25 - Il y a des moyens.
00:41:27 - Chassez
00:41:29 les écrans de l'école
00:41:31 de la maternelle jusqu'en
00:41:33 terminale. - Allez-y.
00:41:35 - Mettez un portique
00:41:37 à l'entrée. - C'est déjà le cas
00:41:39 dans énormément de collèges.
00:41:41 - C'est déjà le cas dans énormément de collèges. Et au privé,
00:41:43 c'est déjà le cas. - Je ne peux plus
00:41:45 induquer les parents. Les parents se sont paumés, en vrai.
00:41:47 - Je ne dis pas que c'est facile.
00:41:49 - Je vous dis simplement que dans ce domaine,
00:41:51 comme dans beaucoup d'autres,
00:41:53 on a passé le stade de la réformette
00:41:55 et qu'il faut une sorte de révolution.
00:41:57 C'était le mot d'ordre de Macron
00:41:59 par écrit. C'est le mot d'ordre de Macron,
00:42:01 du président Macron, pardon, par oral.
00:42:03 J'aimerais bien que ce soit le mot d'ordre d'Emmanuel
00:42:05 Macron dans les actes.
00:42:07 Quant à cette commission
00:42:09 sur les écrans,
00:42:11 en effet, il y a le chantier de l'école.
00:42:13 Il y a quand même des solutions
00:42:15 techniques sur le contrôle parental
00:42:17 qui est très difficile actuellement,
00:42:19 qu'on peut améliorer. Je ne vous dis pas que ça va être facile.
00:42:21 Je ne sais pas si ce sera décisif. Mais au moins, ça, ça va
00:42:23 dans le bon sens. Maintenant,
00:42:25 vraiment, l'heure est à des mesures
00:42:27 extrêmement violentes. Je pense que... - Violentes ?
00:42:29 - Non. - Ça va dans le bon sens. - Contraignantes.
00:42:31 - On peut faire des campagnes de convention
00:42:33 extrêmement ciblées sur les femmes enceintes pour pas
00:42:35 qu'elles boivent d'alcool. On peut très bien faire des campagnes
00:42:37 aussi ciblées sur la nocivité
00:42:39 des écrans. Aujourd'hui, ça n'existe pas.
00:42:41 - Non, mais ça, on peut le dire aussi. - On pourra informer les gens.
00:42:43 - Non, mais moi, je trouve ça bien... - Sans forcément aller vers la coercition.
00:42:45 - Je trouve ça bien que le président de la République se pose la question des écrans.
00:42:47 Enfin, il y avait à peu près les mêmes paniques morales
00:42:49 face à la télévision. On a tous grandi avec la télévision.
00:42:51 On n'est pas devenus
00:42:53 totalement desserrés. - Je ne suis pas d'accord avec vous.
00:42:55 - Laissez-moi aller jusqu'au bout.
00:42:57 Je vous dis qu'il se trompe.
00:42:59 - Attention, il fait la grosse voix, là.
00:43:01 - Il se trompe à mon sens de sujet.
00:43:03 Le sujet, ce sont les algorithmes. Le sujet, ce ne sont pas
00:43:05 les écrans. En soi, c'est ce qui se passe
00:43:07 sur un écran. Il peut y avoir des activités
00:43:09 éducatives sur les écrans.
00:43:11 Mais si, ça a été prouvé. Il peut y avoir
00:43:13 un usage bénéfique des écrans. Ce qui n'est pas bénéfique,
00:43:15 c'est quand vous perdez le contrôle. - À Nibout, à l'époque.
00:43:17 - C'est l'addiction. Et ce sont les algorithmes.
00:43:19 Les algorithmes. L'algorithme de TikTok. Céline,
00:43:21 moi, je suis d'accord. Oui, on pourrait se poser la question d'interdire
00:43:23 TikTok. Pas en soi, parce que c'est
00:43:25 une activité que peuvent avoir les enfants ou les
00:43:27 adolescents, mais parce que c'est une activité
00:43:29 destructive. - Vous êtes une activité en soi pour les
00:43:31 adolescents. - Oui, mais ce que je veux vous dire,
00:43:33 c'est que ça n'est pas parce que c'est une activité
00:43:35 ce qui pose problème. Ce sont
00:43:37 les algorithmes qui font que les contenus négatifs
00:43:39 prennent le pas sur
00:43:41 le reste, parce qu'on sait que les contenus négatifs
00:43:43 attirent plus l'attention et que c'est ça qui génère l'addiction.
00:43:45 - C'est pas le sujet. - Mais si, le sujet, ce sont les algorithmes.
00:43:47 - Non. - Sinon, pas du tout.
00:43:49 - La question, c'est le temps que vous passez. - Mais il y a déjà
00:43:51 des gens qui en travaillent. Emmanuel Macron n'est peut-être pas au courant.
00:43:53 Il y a quand même des sociologues. Il y a un certain nombre de gens
00:43:55 qui travaillent dessus, qui travaillent dessus aux Etats-Unis.
00:43:57 Il y a eu des enquêtes au Congrès. Je veux bien qu'on balaye tout ça d'un revers
00:43:59 de la main, mais moi je ne sais pas si c'est possible. - Je ne vous dis pas d'ailleurs rien.
00:44:01 Je dis simplement que le temps... - Eric, le 18 juin a dit l'inverse.
00:44:03 - Le temps que les gamins passent devant les écrans
00:44:05 est infiniment... - Et vous, vous avez fait tant d'écrans
00:44:07 sur votre téléphone ? - Bien sûr, je préfère pas vérifier.
00:44:09 ... est infiniment supérieur à celui que nous passions
00:44:11 devant la télévision et ensuite, ça crée
00:44:13 les conditions d'une impossibilité
00:44:15 de concentration. C'est surtout ça.
00:44:17 - Bien sûr. - C'est que tous les gamins
00:44:19 maintenant, quoi qu'ils fassent, ils ont
00:44:21 trois ou quatre écrans. Donc en fait,
00:44:23 nous, voilà, comme on est nés
00:44:25 dans un monde un peu plus ancien, on est moins atteints.
00:44:27 - C'est un impact cognitif majeur.
00:44:29 - Non, non, non, c'est pas vrai. Les jeunes
00:44:31 arrivent plus facilement à se déconnecter que les personnes adultes
00:44:33 qui sont devenues accro. - C'est un impact
00:44:35 cognitif majeur.
00:44:37 - C'est vrai, ça a été prouvé.
00:44:39 Les jeunes ont un rapport beaucoup plus souple
00:44:41 parfois, en tout cas dans... - Vous voulez rire ?
00:44:43 Ils ont greffé le téléphone dans la main.
00:44:45 On a l'impression qu'ils sont nés avec. - Je suis aussi.
00:44:47 - La société de consommation
00:44:49 de l'écran envoie
00:44:51 toute la journée des mesures,
00:44:53 des comportements, promeut
00:44:55 des comportements inverses à celui qu'on voudrait avoir
00:44:57 à l'école. La concentration. Les gamins,
00:44:59 si vous pouvez pas vous concentrer plus de deux minutes,
00:45:01 vous allez à l'école, une heure, ça vous paraît
00:45:03 un temps dingue. Vous cherchez votre écran,
00:45:05 vous êtes en banque. Il y a quelque chose qui va pas.
00:45:07 Donc je pense que l'écran est un problème.
00:45:09 - Mais c'est la nature de ce qu'on regarde. Regardez
00:45:11 les choses qui sont construites sur une durée d'attention de 30 secondes.
00:45:13 Oui, c'est un impact cognitif
00:45:15 majeur. Mais ça n'est pas
00:45:17 en soi, un écran n'est jamais qu'un
00:45:19 outil. - Je suis pas d'accord avec vous. - Oui, ça a été aussi
00:45:21 conçu par la Silicon Valley pour générer
00:45:23 une forme de dépendance physique. On le sait,
00:45:25 il y a tous ces éléments-là. - Et commerciales.
00:45:27 - Je vous assure que c'est sûr. - Allez, dernier mot, Louis.
00:45:29 - 30 secondes, Louis. - Je vous assure que ça vous a
00:45:31 jamais frappé. Moi, ça me frappe de voir... - Vous n'arrivez pas à faire.
00:45:33 - Non, mais un enfant, parfois, peut regarder un écran
00:45:35 de veille où il se passe rien pendant une heure et demie
00:45:37 et complètement absorbé. - Non. - Mais bien sûr que
00:45:39 si. Et il y a des études qui sont... Comment ?
00:45:41 - J'ai jamais vu ça, moi. - Mais bien sûr que si.
00:45:43 - Mais vous enreguez vos enfants, Louis. - Mais moi,
00:45:45 non, ils regardent pas la télévision.
00:45:47 - Non, mais... - Non, non.
00:45:49 - Allez. - Je vous assure. Et moi, je crois pas
00:45:51 que ce soit la question des ados. C'est tous les écrans
00:45:53 par nature. - S'arrêter. - Les enfants
00:45:55 rentrent dedans. - Couper l'écran, le temps de la pause.
00:45:57 - Bien sûr. - Mais très peu de temps. Parce que nous allons
00:45:59 nous retrouver dans quelques instants dans Punchline
00:46:01 sur CNews et sur Europe. On reviendra
00:46:03 sur cette actualité, sur la grogne
00:46:05 des policiers, sur les émeutes.
00:46:07 On recevra aussi Jean-Luc Barré
00:46:09 qui a fait une magnifique biographie
00:46:11 du général de Gaulle. Je sais que vous l'aimez beaucoup.
00:46:13 Et Jenny Bastien, on recevra tout à l'heure.
00:46:15 On vous retrouve sur Punchline.
00:46:17 Bonsoir à tous et bonsoir à toutes. Bienvenue dans
00:46:21 Punchline, ce soir sur CNews et sur Europe.
00:46:23 Avoir un an et avoir déjà
00:46:25 passé la moitié de sa vie aux mains du
00:46:27 Hamas. Avoir un an et ne pas pouvoir
00:46:29 apprendre à marcher sinon dans l'obscurité
00:46:31 des tunnels sans jamais voir le jour.
00:46:33 Avoir un an et ne savoir
00:46:35 que chuchoter tout doucement
00:46:37 sans faire de bruit. Car parler,
00:46:39 rire, crier comme un enfant de cet âge-là,
00:46:41 c'est risquer la colère des geôliers,
00:46:43 des terroristes du Hamas. Avoir un an
00:46:45 et penser qu'il est normal d'être
00:46:47 traité comme un animal, d'être
00:46:49 surveillé 24h/24, d'être
00:46:51 déplacé sans ménagement, d'être
00:46:53 brutalisé. Avoir un an
00:46:55 et être le plus jeune otage israélien
00:46:57 kidnappé avec son petit frère de
00:46:59 4 ans, Ariel, et sa mère,
00:47:01 Chiri. Ce soir, je dédie
00:47:03 cette émission à Kfir Bibas
00:47:05 dont vous voyez le visage
00:47:07 et dont vous entendez
00:47:09 les rires, chers amis auditeurs.
00:47:11 Des rires qui remontent à l'avant
00:47:13 cet octobre, bien en sûr.
00:47:15 Un seul message pour ceux qui le détiennent
00:47:17 comme tous les autres otages, libérez-les,
00:47:19 laissez-les enfin revenir
00:47:21 à la maison.
00:47:23 Il est 18h, d'abord le rappel des titres de l'actualité
00:47:37 dans notre émission Punchline sur CNews
00:47:39 et sur Europe 1. Un élève et une enseignante
00:47:41 ont été blessés ce matin lors d'une intrusion
00:47:43 dans un lycée d'Angoulême.
00:47:45 Deux individus masqués ont pénétré
00:47:47 dans l'établissement avant de prendre la fuite.
00:47:49 Les élèves et le personnel ont été confinés
00:47:51 jusqu'à midi. Le motif de l'agression n'est pas
00:47:53 encore déterminé.
00:47:55 A Saint-Denis, la mairie renforce la sécurité
00:47:57 après le meurtre d'un adolescent de 14 ans hier soir.
00:47:59 Un arrêté a été pris interdisant
00:48:01 tout regroupement et attroupement de personnes
00:48:03 jusqu'à lundi prochain. Le jeune homme
00:48:05 est décédé suite à un affrontement entre bandes
00:48:07 de gaz à l'hôtel de Val sur la ligne 13 du métro
00:48:09 parisien. Des peines allant
00:48:11 de trois mois à trois ans de prison,
00:48:13 avec sursis, requises contre trois policiers
00:48:15 jugés pour l'interpellation
00:48:17 de Théo Louacat. La peine la plus lourde
00:48:19 a été requise allant contre de l'auteur du coup
00:48:21 de matraque qui a grièvement blessé la victime.
00:48:23 Pour les deux autres accusés,
00:48:25 l'avocat général a demandé six et trois mois
00:48:27 de prison avec sursis.
00:48:29 Enfin, une pensée pour les otages du Hamas.
00:48:31 104e jour de détention.
00:48:33 Pour eux, dans la bande de Gaza, trois de ces
00:48:35 otages sont français. Ils se nomment Ofer,
00:48:37 Orion et Oad. Nous pensons à ces
00:48:39 otages et bien sûr nous demandons une fois
00:48:41 de plus leur libération immédiate
00:48:43 et sans condition. Voilà pour les
00:48:45 grandes lignes de l'actualité ce soir. Il est 18h01
00:48:47 et une poignée de secondes.
00:48:49 Nous sommes avec Éric Nolot sur ce plateau,
00:48:51 journaliste et écrivain. Bonsoir Éric. - Bonsoir Laurence,
00:48:53 bonsoir à tous. - Eugénie Bastier, grand reporter au Figaro.
00:48:55 Bonsoir Eugénie. Un policier
00:48:57 est avec nous et pas n'importe lequel, secrétaire
00:48:59 générale du syndicat Alliance, Fabien
00:49:01 Van Emelric. Bonsoir à vous. Merci d'être avec nous.
00:49:03 On va évoquer la colère des
00:49:05 policiers dans un instant. Jean-Sébastien
00:49:07 Ferjou, directeur du site Atlantico et L'A. Bonsoir
00:49:09 Jean-Sébastien. Céline Pina qui est
00:49:11 journaliste à Causer.
00:49:13 Bonsoir Céline. Et Louis Doreignel, chef du service
00:49:15 politique d'Europe 1. - Bonsoir Laurence. - On a
00:49:17 commencé avec le sourire et les rires du
00:49:19 jeune Kvir Bibas qui a un an
00:49:21 aujourd'hui. On va
00:49:23 tenter de rejoindre dans un instant nos envoyés spéciaux
00:49:25 en Israël. Jérôme Brampnou et Olivier
00:49:27 Gangloff, ils sont là. Tant mieux. Bonsoir
00:49:29 à tous les deux. Il y a eu beaucoup de cérémonies
00:49:31 aujourd'hui, beaucoup de ballons,
00:49:33 beaucoup de choses qui ont évoqué
00:49:35 ce petit bébé de
00:49:37 un an. Jérôme, c'est bien cela.
00:49:39 Oui, effectivement, beaucoup de cérémonies, beaucoup d'émotions.
00:49:43 Vous le disiez. Il y a toujours
00:49:45 beaucoup de monde sur la place des otages ici à Tel Aviv.
00:49:47 Mais aujourd'hui, c'était un peu particulier.
00:49:49 Vous le disiez, les un an de ce jeune
00:49:51 Kvir Bibas. Alors il y a aussi
00:49:53 une petite chaise-route qui a été installée
00:49:55 avec un gâteau d'anniversaire
00:49:57 symboliquement avec marqué "un an" dessus
00:49:59 pour ce petit
00:50:01 otage enlevé. Alors beaucoup de gens
00:50:03 sont venus. On a vu des anonymes, on a vu des familles
00:50:05 qui étaient là, des familles aussi
00:50:07 d'anciens otages qui ont été libérés, qui sont quand même
00:50:09 venus ce soir, qui voulaient lui rendre
00:50:11 hommage en étant là. Alors vous le disiez, il a été
00:50:13 kidnappé avec son petit frère de
00:50:15 4 ans et ses parents le 7 octobre
00:50:17 dernier. Il n'avait que 8 mois.
00:50:19 Ici, beaucoup s'interrogent parce que vous savez, le Hamas
00:50:21 avait annoncé la mort des deux enfants
00:50:23 ainsi de la mère sur des frappes
00:50:25 d'Israël, ce qui n'a pas été confirmé
00:50:27 ici par Tsaïl. Il n'y a aucune
00:50:29 preuve de leur décès. Habituellement, le Hamas
00:50:31 montre les corps, malheureusement,
00:50:33 d'otages décédés, ce qui n'a pas été
00:50:35 le cas. Donc ici, tout le monde espère
00:50:37 encore qu'ils soient vivants. Il reste
00:50:39 encore 136 otages à
00:50:41 ramener alors que les actions
00:50:43 militaires sont encore très nombreuses
00:50:45 dans la bande de Gaza. Aujourd'hui,
00:50:47 un Tsaïl a attaqué le sud
00:50:49 de Ranounès, par exemple. - Merci beaucoup
00:50:51 Jérôme Panteneau, Olivier Gorgloff, en direct d'Israël.
00:50:53 Éric Nolot,
00:50:55 il y a à la fois la bouille de ce petit garçon,
00:50:57 il y a les rires que l'on entend
00:50:59 pour nos auditeurs.
00:51:01 Avoir un an dans les tunnels du Hamas,
00:51:03 c'est être désolé. - Vous avez
00:51:05 tout dit dans votre éditorial, je pense que tous les cœurs
00:51:07 se serraient en vous écoutant.
00:51:09 Je vois des millions
00:51:11 de gens qui se réunissent à travers le monde en
00:51:13 espérant que ces enfants soient encore vivants. Ils sont
00:51:15 du côté de la vie et on est opposé à des gens
00:51:17 qui sont du côté de la mort, qui ne respectent
00:51:19 rien, même pas l'innocence absolue
00:51:21 d'un enfant d'un an. Je crois que voilà,
00:51:23 il n'y a plus qu'une guerre entre
00:51:25 Israël et le Hamas. Il y a une guerre entre
00:51:27 une forme de civilisation et une forme de
00:51:29 barbarie. Je crois que cette
00:51:31 forme de barbarie étant celle du terrorisme
00:51:33 sans limite, sans principe
00:51:35 et j'espère pas sans punition.
00:51:37 Il faut le rappeler à chaque fois.
00:51:39 Eugénie Bastier, du Figaro.
00:51:41 Je n'ai rien à ajouter. Ces images sont
00:51:43 bouleversantes.
00:51:45 Je crois que
00:51:47 tous ceux qui condamnent la violence de la
00:51:49 riposte israélienne, qui évidemment
00:51:51 est épouvantable à certains égards
00:51:53 et peut être critiqué,
00:51:55 devraient d'abord, en préalable,
00:51:57 demander au Hamas de libérer cet enfant.
00:51:59 Si le Hamas
00:52:01 libérait cet enfant, peut-être qu'Israël
00:52:03 aurait moins de cruauté
00:52:05 dans sa riposte. - Et Louis Dragonal ?
00:52:07 - Je rejoins globalement ce qui a été dit.
00:52:09 Enfin, je n'ai rien à ajouter par rapport à ce qui a été dit.
00:52:11 Enfin, moi je trouve...
00:52:13 Je ne sais pas quoi dire tellement
00:52:15 c'est abominable.
00:52:17 - Céline Pina ?
00:52:19 - En fait, le problème, c'est que quand on entend
00:52:21 cet enfant rire, on entend
00:52:23 les enfants qu'on a eus, on entend...
00:52:25 Il n'y a rien de plus
00:52:27 similaire que les rires d'enfants.
00:52:29 Donc ça fait remonter tellement de choses.
00:52:31 Et ça fait remonter surtout
00:52:33 la perte de notre innocence,
00:52:35 parce qu'on a été d'une telle naïveté.
00:52:37 Plus jamais ça,
00:52:39 on y a cru. On y a même cru après
00:52:41 le 7 octobre, en se disant "Bon, ben,
00:52:43 c'est tellement atroce tout ce qui s'est passé,
00:52:45 qu'il va y avoir un élan de solidarité."
00:52:47 Et ce qu'on a vu exploser, c'est l'antisémitisme.
00:52:49 Donc en fait, aujourd'hui,
00:52:51 on est face à...
00:52:53 au retour de l'inhumanité,
00:52:55 au retour de...
00:52:57 Ben, finalement, on a
00:52:59 mythifié notre combat contre le nazisme,
00:53:01 on en a fait un combat pour la liberté.
00:53:03 Au nom de ça, on a mis ce "Plus jamais ça"
00:53:05 en disant "On a franchi un palier
00:53:07 dans l'humanité, il y a des choses que l'être humain
00:53:09 ne refera plus." C'est pas vrai.
00:53:11 On n'a franchi aucun palier.
00:53:13 Et en fait, quand je vois cet enfant,
00:53:15 je me dis, est-ce qu'on est
00:53:17 du côté de l'innocence, est-ce qu'on
00:53:19 est vraiment en train de le protéger ?
00:53:21 Ou est-ce qu'en fait,
00:53:23 en refusant de se battre contre la bête,
00:53:25 en refusant de se tenir
00:53:27 à côté d'Israël, est-ce qu'on n'est pas
00:53:29 en train de montrer que finalement, "Plus jamais ça"
00:53:31 ensemble, est perdu ?
00:53:33 Moi, j'arrive pas à m'en remettre.
00:53:35 Le 7 octobre, ça a brisé
00:53:37 quelque chose, et
00:53:39 je sais pas comment on peut se remettre de ça.
00:53:41 Quand on a cru profondément
00:53:43 qu'on avait gagné la Deuxième Guerre mondiale,
00:53:45 en fait, on l'a pas gagné. - Jean-Sébastien Ferjot.
00:53:47 - Comme nous disait
00:53:49 Céline Pinard, je pense qu'en tant que parent,
00:53:51 on ne peut être que...
00:53:53 rester sans voix
00:53:55 face à ces images-là,
00:53:57 face à tous les enfants, parce qu'il y a
00:53:59 effectivement ces deux enfants
00:54:01 qui sont encore otages, mais tous ceux aussi
00:54:03 dont la vie est perturbée en Israël, parce qu'ils sont déplacés.
00:54:05 Tous les enfants, évidemment, palestiniens,
00:54:07 qui sont victimes aussi de ce conflit
00:54:09 qu'a initié le Hamas. Et moi, ce qui me frappe,
00:54:11 c'est l'inversion de valeur à laquelle
00:54:13 on assiste sur la scène internationale, en termes de droit international,
00:54:15 d'ordre public international,
00:54:17 avec ce procès qui se mène à l'heure actuelle
00:54:19 contre Israël à la Cour internationale
00:54:21 de justice de l'AE, avec
00:54:23 l'Afrique du Sud qui a engagé une procédure
00:54:25 pour faire condamner Israël pour génocide.
00:54:27 Alors Stéphane Séjourné, aujourd'hui,
00:54:29 ministre français de l'Affaires étrangères,
00:54:31 a dit que le cas échéant,
00:54:33 la France ne respecterait pas
00:54:35 les conséquences d'une éventuelle décision
00:54:37 de condamnation d'Israël, mais je crois que c'est le piège aussi.
00:54:39 Parce que quand on...
00:54:41 Derrière ce conflit-là, je ne parle pas du Hamas
00:54:43 qui joue sa propre partition,
00:54:45 mais quand on voit la manière dont les Etats autoritaires
00:54:47 en quelque sorte se sont rangés
00:54:49 derrière aussi le Hamas,
00:54:51 c'est un piège pour l'Occident et qui renvoie
00:54:53 à l'ordre international de 1945.
00:54:55 Parce que que veulent-ils nous dire ? Ils veulent nous dire
00:54:57 "Regardez, pourquoi nous devrions-nous,
00:54:59 pourquoi exigez-vous de nous que nous respections
00:55:01 le droit international, puisque de vous-mêmes,
00:55:03 vous dites que vous ne le respecterez pas si Israël a été condamné."
00:55:05 Et c'est le piège absolu.
00:55:07 Et il faudra bien trouver une réponse,
00:55:09 parce que nous ne sommes plus dans le monde d'après 1945,
00:55:11 nous ne sommes plus non plus dans le monde d'après 2001,
00:55:13 où il y avait une espèce de domination occidentale,
00:55:15 de Pax Americana,
00:55:17 et il faut que nos cadres intellectuels nous les adaptions,
00:55:19 parce que sinon, nous allons subir
00:55:21 ces inversions de valeurs dont témoignent
00:55:23 nos fameux procès à la haine.
00:55:25 - Louis Dragnet. - Je suis d'accord avec ce qui vient d'être dit,
00:55:27 parce qu'en fait, on pensait être fort avec les critères
00:55:29 d'autrefois, en réalité, on est extrêmement faible.
00:55:31 Emmanuel Macron parle de réarmement,
00:55:33 maintenant c'est un peu le mot-clé
00:55:35 qui est sorti un peu à toutes les sauces,
00:55:37 mais je pense réellement qu'il faut se réarmer moralement,
00:55:39 peut-être pas avec le réarmement
00:55:41 dont parle le président, mais un véritable réarmement,
00:55:43 c'est-à-dire qu'il faut changer tout le logiciel.
00:55:45 On ne peut plus fonctionner
00:55:47 et vivre en se disant,
00:55:49 on est fort en disant "vous n'aurez pas ma haine",
00:55:51 c'est plus possible, on ne pourra plus pleurer
00:55:53 avec des crayons et des trombones.
00:55:55 Tout ça est devenu absolument
00:55:57 pathétique, anachronique
00:55:59 par rapport aux enjeux du moment,
00:56:01 parce qu'en fait, en face, c'est des vrais méchants,
00:56:03 ce ne sont pas des gens qui se disent
00:56:05 "ah zut, il y a une manifestation avec
00:56:07 un million de personnes à Paris, donc on tremble".
00:56:09 Non, non, non, maintenant c'est du concret,
00:56:11 c'est du tangible, et je pense que le pays
00:56:13 n'est absolument pas préparé,
00:56:15 ni matériellement, ni moralement,
00:56:17 parce qu'on voit encore plein de gens qui ont des états d'âme,
00:56:19 on voit que les gens hésitent.
00:56:21 On en voit qui nient, qui font du négationnement.
00:56:23 Oui, mais le pire, à la limite,
00:56:25 je ne vous dis pas que c'est bien,
00:56:27 mais c'est l'espèce de, pardon de parler comme ça,
00:56:29 mais de ventre mou,
00:56:31 avec plein de gens qui ne savent pas trop quoi penser,
00:56:33 alors qu'en réalité,
00:56:35 on est vraiment en guerre face à ces gens-là,
00:56:37 avec une nouvelle guerre, ce ne sera pas la guerre
00:56:39 qu'on a connue par le passé, ça va être des guerres
00:56:41 hybrides où on est sans cesse harcelés,
00:56:43 menacés, où il y a des coups de boutoir en permanence,
00:56:45 et face à cela,
00:56:47 objectivement, nous ne sommes absolument pas prêts,
00:56:49 et on est extrêmement faibles.
00:56:51 Entièrement d'accord.
00:56:53 Je pense que ce qui se passe à la Cour pénale
00:56:55 de justice est extrêmement intéressant,
00:56:57 parce que je trouve que l'accusation de génocide
00:56:59 est absolument absurde, évidemment,
00:57:01 parce qu'Israël ne cherche pas délibérément l'élimination
00:57:03 du peuple palestinien, ça a été répété
00:57:05 par de nombreux gouvernants israéliens
00:57:07 à longueur d'antenne, et on ne pense pas
00:57:09 en prenant les déclarations de quelques
00:57:11 treblions qu'on peut monter une telle accusation.
00:57:13 Mais ce qui se joue est quand même intéressant,
00:57:15 parce que vous parliez de la Shoah,
00:57:17 c'est intéressant parce que ce qui se joue, c'est un clivage
00:57:19 entre Nord-Sud, en réalité, et une inversion,
00:57:21 non pas des valeurs, mais des visions
00:57:23 de la façon de voir le monde, et c'est vrai que
00:57:25 pour l'Occident, le crime absolu,
00:57:27 parce que c'est notre crime, c'est la question
00:57:29 de la Shoah et de la Seconde Guerre mondiale,
00:57:31 pour le Sud global, le crime absolu, c'est la colonisation.
00:57:33 Et ce procès qui est fait
00:57:35 à la Compagnie internationale, c'est le procès
00:57:37 de la colonisation. Pour eux, le crime absolu, c'est ça.
00:57:39 Et effectivement,
00:57:41 chacun a ses victimes, chacun a ses enfants,
00:57:43 nous, on compatit,
00:57:45 on a le cœur serré en voyant cet enfant israélien,
00:57:47 mais sur toutes les télés
00:57:49 du Sud global, ce sont des cadavres
00:57:51 d'enfants palestiniens qui sont montrés.
00:57:53 - C'est ça qui est troublant aujourd'hui,
00:57:55 c'est qu'il y a une dissociation
00:57:57 totale des
00:57:59 empathies, des visions du monde, et en fait,
00:58:01 elles sont irréconciliables.
00:58:03 - Le discours serait selon nous. - Elles sont irréconciliables.
00:58:05 - Mais elles vont vraiment le prendre en compte
00:58:07 et le réaliser, elles sont irréconciliables.
00:58:09 - C'est vrai, mais sauf qu'au Soudan, il y a un génocide,
00:58:11 et la seule chose qui excite
00:58:13 tout le monde, c'est
00:58:15 de taper sur Israël, parce qu'en
00:58:17 revanche, au Soudan, ou ce qui se passe au Yémen,
00:58:19 les mêmes n'en ont rien à faire.
00:58:21 - Il n'y a pas de "colonisation" comme de la colonisation.
00:58:23 - Non, mais justement, je crois,
00:58:25 Dajeunie, que vous tombez dans un des pièges, justement,
00:58:27 d'une rhétorique anti-occidentale.
00:58:29 - Non, mais parce que...
00:58:31 - C'est vrai, le constat est juste.
00:58:33 - Non, ça, c'est
00:58:35 un discours qui s'adresse à nous,
00:58:37 des colonisations, et il y en a d'autres, des colons
00:58:39 javanais que l'Indonésie installe en Papouasie occidentale,
00:58:41 il y en a des colons marocains
00:58:43 qui s'installent au Sahara occidental,
00:58:45 il y en a des colons singalais qui s'installent dans les
00:58:47 zones détenues par les Tamoules au nord
00:58:49 du Sri Lanka, il y en a, et je pourrais vous faire
00:58:51 encore une liste comme ça dans beaucoup de pays du monde.
00:58:53 - Le ressentiment, il est avis de l'Occident.
00:58:55 - Quand l'Irak installe des Arabes dans les zones kurdes,
00:58:57 quand la Turquie, même chose,
00:58:59 installe des Turcs dans les zones kurdes, je vous assure
00:59:01 que la colonisation est loin, loin, loin,
00:59:03 loin, loin d'être un phénomène uniquement occidental.
00:59:05 C'est le discours qui tienne contre nous,
00:59:07 parce que pour le coup, ils ont compris que là aussi,
00:59:09 il y avait une culpabilité de la même manière.
00:59:11 Et vous avez d'ailleurs commencé par là.
00:59:13 Vous disiez que nous avons une culpabilité vis-à-vis de la Shoah,
00:59:15 ça parle certainement, effectivement, l'Occident.
00:59:17 - Eux, ils n'ont pas. - Non seulement.
00:59:19 - Mais ils ne l'ont pas pour la simple et bonne raison
00:59:21 que justement, ils ont assez peu de culpabilité
00:59:23 et de mise en perspective de leur propre histoire.
00:59:25 Parce qu'ils jouent sur les deux cordes.
00:59:27 Probablement, d'ailleurs, que la culpabilité
00:59:29 de la Shoah, elle parle plus à la droite
00:59:31 et que la culpabilité de la colonisation,
00:59:33 c'est ce qui mobilise plus les milieux intellectuels
00:59:35 de gauche en Occident. Mais ça reste
00:59:37 des manières de jouer sur le clavier
00:59:39 de nos sentiments de culpabilité.
00:59:41 - Eric, le dernier mot. - Justement, il ne faut pas oublier
00:59:43 une dernière pièce du puzzle, c'est l'extrême-gauche
00:59:45 européenne et l'extrême-gauche française,
00:59:47 qui est le droit du Sud, mais qui instrumentalise...
00:59:49 - Mais c'est exactement ce que je vous dis.
00:59:51 - Il manquait cette pièce. Donc, ça choue beaucoup
00:59:53 dans la perception, parce que ça fait des années,
00:59:55 même des dizaines d'années, que l'extrême-gauche
00:59:57 tient ce discours, en effet, de colonisation,
00:59:59 de dénonciation de la colonisation israélienne.
01:00:01 Je reprends leurs termes.
01:00:03 Et il y a un travail comme ça, intellectuel,
01:00:05 qui est fait et qui a fini par infecter
01:00:07 beaucoup de cervelles en France. - Allez, petite pause.
01:00:09 On se retrouve dans un instant sur CNews et sur Europe 1.
01:00:11 On évoquera la colère des policiers
01:00:13 avec M. Emmerich, qui est là, du syndicat de Police Alliance.
01:00:15 Et on verra, encore une fois,
01:00:17 où en sont les policiers,
01:00:19 dans quel état d'esprit ils sont.
01:00:21 A tout de suite.
01:00:23 18h17 en direct dans Punchline, CNews et Europe 1.
01:00:27 On parle avec Fabien Van Emmerich,
01:00:29 secrétaire général du syndicat Alliance
01:00:31 de la Colère des Policiers. Ils ont manifesté
01:00:33 un peu partout aujourd'hui en France. Écoutez
01:00:35 quelques réactions recueillies dans la manifestation
01:00:37 à Paris.
01:00:39 - La période du 24 juillet au 8 août, c'est 100%
01:00:41 de présence pour tout le monde. C'est-à-dire que
01:00:43 on a des collègues qui sont
01:00:45 parisolés ou alors des couples de fonctionnaires.
01:00:47 Du 24 juillet au 8 août, qu'est-ce qu'ils font ?
01:00:49 Qu'est-ce qu'ils font ?
01:00:51 - Les gis ont été décidés depuis 2017.
01:00:53 Jusqu'à aujourd'hui, on n'a jamais eu de réponse.
01:00:55 Travailler dans des conditions
01:00:57 pareilles avec un cycle
01:00:59 de 12h sur 5 jours et un jour de repos,
01:01:01 c'est pas possible.
01:01:03 Aucune prime.
01:01:05 - On entend vos collègues, Fabien Van Emmerich,
01:01:07 c'est uniquement des revendications
01:01:09 financières
01:01:11 sur les congés ou cette grogne
01:01:13 elle est quand même plus vaste ?
01:01:15 - Elle est bien plus vaste, cette grogne. C'est l'accumulation
01:01:17 déjà de plusieurs années de difficultés
01:01:19 du métier, de dangerosités du métier
01:01:21 et de tout ce qu'on connaît et tous les événements qu'on a pu connaître.
01:01:23 Aujourd'hui, on est déjà,
01:01:25 avant de parler de rémunération, c'est plutôt l'accompagnement
01:01:27 social. C'est-à-dire que tout le monde sait que ça faisait
01:01:29 7 ans que les Jeux olympiques
01:01:31 étaient "offerts" à la France
01:01:33 et on est à 3 mois et demi de l'arrivée
01:01:35 de la flamme, on a 6 mois du début de la cérémonie
01:01:37 et on n'est pas capable de dire à un policier ce qu'il va
01:01:39 faire, comment il va le faire et avec quoi
01:01:41 il va le faire. Le pire, c'est qu'on est en train
01:01:43 de lui dire qu'il va faire des vacations de 12 heures
01:01:45 pendant 5 jours d'affilée minimum, donc il va
01:01:47 tourner à 60-70 heures
01:01:49 tous les 6 jours avec 20-30-40
01:01:51 heures d'heures supplémentaires et
01:01:53 on ne va pas lui dire qu'elles sont payées
01:01:55 et on ne sait même pas comment il va pouvoir faire garder
01:01:57 notamment ses enfants parce que les crèches sont
01:01:59 fermées au mois d'août en plus. - Absolument. Donc,
01:02:01 il n'y a pas que la revendication salariale,
01:02:03 il y a une revendication un peu plus importante.
01:02:05 Vous êtes un syndicaliste
01:02:07 et vous avez engagé, vous trouvez que le gouvernement ne donne pas
01:02:09 les bonnes réponses ou pas ?
01:02:11 - On a, pour être
01:02:13 complètement objectif, on a un
01:02:15 gouvernement un peu ambigu. - En même temps ?
01:02:17 - Ouais, à force de
01:02:19 essayer de plaire à tout le monde,
01:02:21 on ne plaît à plus personne, mais ça je crois que c'est valable
01:02:23 pour le citoyen aussi. Non, pour
01:02:25 le policier, on a un ministre, un ministre de l'Intérieur,
01:02:27 où il faut reconnaître qu'il a toujours été derrière les policiers, enfin depuis
01:02:29 qu'il est arrivé, il essaie de les défendre, il fait
01:02:31 au mieux. J'ai vu moi-même
01:02:33 lundi, en tête à tête,
01:02:35 il m'a dit qu'il nous soutenait, il m'a dit qu'il comprenait
01:02:37 nos réactions,
01:02:39 bon, voilà, mais une fois qu'il a compris,
01:02:41 maintenant il va nous falloir des arrêts.
01:02:43 Mais je pense, et j'ai malheureusement
01:02:45 l'opinion de pensée qu'il est tout seul
01:02:47 dans le paquebot, et c'est dans le gouvernement,
01:02:49 il y a lui qui nous défend, et puis les autres, on a du mal
01:02:51 à savoir ce qu'ils pensent, ce qu'ils entendent,
01:02:53 et puis le président Macron, comme lui, il dit tout
01:02:55 et son contraire. - On va
01:02:57 parler de son diagnostic sur les émeutes dans un instant,
01:02:59 parce que ça c'est friskival. J'aimerais
01:03:01 juste qu'on écoute ce que vous aviez dit à l'époque,
01:03:03 c'était lors de la grande manifestation
01:03:05 des policiers devant l'Assemblée nationale.
01:03:07 Vous avez dit "le problème de la police",
01:03:09 et on va écouter votre réponse.
01:03:11 Le problème de la police,
01:03:13 c'est la justice !
01:03:15 La justice !
01:03:19 La justice doit rendre des comptes,
01:03:23 elle doit rendre des comptes sur des décisions,
01:03:25 et sur ses actes.
01:03:27 Le citoyen,
01:03:29 le citoyen est en droit de savoir comment
01:03:31 fonctionne sa justice.
01:03:33 Le citoyen est en droit de savoir
01:03:35 comment elle punit les criminels
01:03:37 et les délinquants dans son pays.
01:03:39 Le citoyen est en droit
01:03:41 de savoir pourquoi toutes ces crapules
01:03:43 n'ont plus peur des forces de l'ordre.
01:03:45 - 19 mai 2021,
01:03:47 c'était vous. Est-ce que les choses ont changé
01:03:49 depuis ? Est-ce que
01:03:51 les crapules ont peur, ou pas ?
01:03:53 - Il suffit de regarder les dernières émeutes,
01:03:55 et moi j'appelle ça plutôt des guérillas urbaines,
01:03:57 ça s'est même plutôt aggravé,
01:03:59 à force qu'on arrive à un certain
01:04:01 laxisme, comme nous dénonçons nous, policiers,
01:04:03 parce que quand vous interpellez une fois, dix fois,
01:04:05 vingt fois le même individu, ça ne peut être
01:04:07 que de la clémence, voire du laxisme.
01:04:09 On est surtout dans des situations chaotiques,
01:04:11 proches de l'insurrection, et avec des
01:04:13 déclarations en plus, qui vont toujours
01:04:15 dans le sens des voyous, des individus, et jamais
01:04:17 dans le sens des policiers. - D'accord. Donc ça veut dire
01:04:19 qu'il y en a changé depuis ? Vous n'avez pas été entendu ?
01:04:21 - Là-dessus, on n'a pas été entendu
01:04:23 du tout ! On nous parle de
01:04:25 fermeté, ça fait pchit,
01:04:27 on nous parle d'état généraux de la justice,
01:04:29 il n'y en a toujours pas à notre niveau,
01:04:31 et on s'aperçoit que quand on nous parle de
01:04:33 peine de prison ferme, personne ne va en prison,
01:04:35 parce que derrière il y a les aménagements de peine, et comme
01:04:37 les prisons sont pleines, on continue l'impunité.
01:04:39 - Louis Drignel, repars. - On a quand même
01:04:41 l'impression qu'il y a un énorme problème de planification
01:04:43 au ministère de l'Intérieur. Il y a eu les émeutes,
01:04:45 il n'y a pas de retour,
01:04:47 il n'y a pas d'analyse qui a été faite,
01:04:49 produite réellement sur les émeutes,
01:04:51 et les Jeux Olympiques, ce qui sidère
01:04:53 beaucoup de gens, c'est que vous soyez obligés de faire
01:04:55 ces manifestations seulement quelques mois
01:04:57 avant le début des Jeux Olympiques,
01:04:59 et puis on est comme ça à la veille des Jeux Olympiques,
01:05:01 et vous essayez de demander
01:05:03 qu'il y ait des primes qui soient versées
01:05:05 à la hauteur de votre engagement.
01:05:07 Et il y a beaucoup de gens qui se disent "mais pourquoi tout ça n'a pas été
01:05:09 anticipé beaucoup plus, pourquoi ça n'a pas été planifié ?"
01:05:11 Pourquoi c'est...
01:05:13 Du coup c'est la question que je vous pose, quoi.
01:05:15 Est-ce que c'est culturel ? Est-ce que c'est
01:05:17 comme ça au ministère de l'Intérieur ?
01:05:19 - Déjà c'est pas faux d'avoir été patient,
01:05:21 parce qu'on a attendu vraiment le dernier moment pour
01:05:23 se révolter et se rebeller.
01:05:25 Non, je pense que le ministre de l'Intérieur,
01:05:27 il y a des événements successifs,
01:05:29 je crois qu'il patauge
01:05:31 un petit peu, pas lui, mais son ministère et son
01:05:33 administration surtout. - On a l'impression que c'est le prioritage
01:05:35 politique au-dessus. C'est-à-dire qu'il y a un ministre
01:05:37 effectivement qui va dans le bon sens,
01:05:39 mais au-dessus, vous attendez
01:05:41 toujours l'aval... - Au-dessus,
01:05:43 on a soit des problèmes avec Bercy,
01:05:45 soit des problèmes avec
01:05:47 anciennement Matignon, soit des problèmes avec le président Macron.
01:05:49 On a l'impression qu'à chaque fois,
01:05:51 il essaie de freiner les choses pour pas les faire avancer
01:05:53 comme elles devraient avancer.
01:05:55 Donc en effet, oui, c'est pour ça que je disais que
01:05:57 M. Darmanin, il faut rester
01:05:59 objectif. On ne peut que le défendre,
01:06:01 parce qu'il nous soutient, il essaie de nous protéger,
01:06:03 mais il est bien seul.
01:06:05 Et derrière tout ça, la Première Ministre, elle n'a jamais
01:06:07 été pro-policière, parce que ça se saurait,
01:06:09 et le président Macron,
01:06:11 malheureusement, un jour on parle de fermeté,
01:06:13 on parle d'autorité, le lendemain,
01:06:15 les voyous, les émeutiers
01:06:17 s'ennuyaient, et c'est pas de leur faute,
01:06:19 les pauvres, ils n'allaient pas à l'école
01:06:21 ou ils n'avaient pas la chance de partir en vacances à la mer
01:06:23 ou à la montagne.
01:06:25 - Justement, parce que ça je crois que ça a assez mal passé
01:06:27 chez les policiers, le fait que le président
01:06:29 estime qu'ils étaient désœuvrés,
01:06:31 qu'ils étaient guettés par loisiveté, qu'ils avaient plus
01:06:33 école, qu'ils n'avaient pas accès à la culture.
01:06:35 On sait qu'ils ont brûlé les médiathèques,
01:06:37 les bibliothèques et les écoles.
01:06:39 Donc ce diagnostic-là du président,
01:06:41 il vous dit quoi en fait ?
01:06:43 - Il nous dit que je crois
01:06:47 qu'il n'a rien compris,
01:06:49 ou il essaie de vouloir faire plaisir à tout le monde,
01:06:51 et au final, comme je dis toujours, il fera plaisir à personne.
01:06:53 Et puis c'est une insulte, c'est une insulte
01:06:55 vis-à-vis des policiers bien entendu,
01:06:57 qui eux, étaient forcément
01:06:59 face au chaos et à l'insurrection.
01:07:01 Mais c'est une insulte aussi vis-à-vis de tous ces gens
01:07:03 dans des quartiers difficiles,
01:07:05 où les parents mènent une éducation
01:07:07 plus que bonne, et les jeunes
01:07:09 sont des très bons jeunes, même s'ils ne peuvent pas partir
01:07:11 à la mer ou à la montagne.
01:07:13 Et je crois que c'est un moment
01:07:15 où ils préfèrent être aveugles que de dire la vérité,
01:07:17 en achetant une pseudo-paix sociale
01:07:19 qu'ils n'achètent pas.
01:07:21 Il ne fait qu'amplifler la situation,
01:07:23 l'augmenter, et on va se retrouver
01:07:25 derrière un fossé, que malheureusement
01:07:27 il sera très difficile après de revenir en arrière.
01:07:29 - Éric Nolot, vous écoutez ce policier ?
01:07:31 - Oui j'écoute.
01:07:33 - Secrétaire général Allianz ?
01:07:35 - La consternation ne se limite pas aux policiers,
01:07:37 c'est la consternation de beaucoup de citoyens français,
01:07:39 de voir que nous avons un président de la République
01:07:41 qui vit dans un monde parallèle, qui vit totalement hors-sol.
01:07:43 Parce que si les émeutiers sont des gens
01:07:45 qui s'ennuient, ça veut dire que
01:07:47 dans la vie quand vous vous ennuyez, il y en a qui préfèrent faire des mots croisés,
01:07:49 les autres préfèrent incendier une bibliothèque,
01:07:51 c'est un peu comme on veut, selon ses préférences.
01:07:53 Non, il faut appeler les choses par leur nom,
01:07:55 il faut appeler les délinquants des délinquants,
01:07:57 des pillards des pillards, ne pas en faire
01:07:59 des gens qui s'ennuient, ne pas en faire des militants politiques
01:08:01 dont ils n'ont que faire, ce sont des pillards,
01:08:03 ce sont des délinquants.
01:08:05 Et je comprends un peu, même je suis admiratif
01:08:07 de la force de caractère des policiers,
01:08:09 parce que je me demande ce qui se passe dans la tête d'un policier
01:08:11 quand un type est arrêté pour la 20ème fois
01:08:13 et qu'il le retrouve une 21ème fois devant lui.
01:08:15 Moi je ne sais pas, ce qui se passe dans la tête,
01:08:17 ça doit être quelque chose de terrible à vivre.
01:08:19 Eugénie Bastia, en fait c'est la bonne vieille culture de l'excuse
01:08:21 qui a fait son retour.
01:08:23 C'est "excusez-les" parce qu'ils n'ont pas accès à la culture.
01:08:25 Oui, c'est une forme de culture de l'excuse
01:08:27 sous les traits de l'osiveté,
01:08:29 mais comme je le disais tout à l'heure,
01:08:31 je pense qu'il y a derrière aussi
01:08:33 l'idée fondamentale chez Emmanuel Macron
01:08:35 qu'il ne comprend pas qu'il y ait une forme de sécession
01:08:37 culturelle ou de séparatisme
01:08:39 dans la société,
01:08:41 une scission d'une partie de la jeunesse
01:08:43 notamment issue de l'immigration
01:08:45 de la société française.
01:08:47 Pour lui c'est juste un problème d'intégration économique
01:08:49 soit par l'école, soit par le marché du travail.
01:08:51 Il l'a dit à plusieurs reprises en Seine-Saint-Denis.
01:08:53 Il avait dit "la Seine-Saint-Denis, c'est la Californie, c'est le soleil"
01:08:55 avec l'idée que finalement
01:08:57 grâce à l'économie
01:08:59 on allait pouvoir intégrer
01:09:01 et que les chauffeurs Uber, parce qu'ils pouvaient
01:09:03 monter leurs petites entreprises,
01:09:05 seraient parfaitement intégrés
01:09:07 à la société française. Je pense que c'est une erreur de calcul.
01:09:09 On peut très bien aller à l'école,
01:09:11 on peut très bien travailler et ne pas être intégré,
01:09:13 être en dissociation complète
01:09:15 avec la société française, ses mœurs.
01:09:17 Et c'est ça le vrai sujet.
01:09:19 Le sujet il est culturel et il n'est pas économique.
01:09:21 - Fabien Vanhoenacker, vous voulez réagir ?
01:09:23 - Oui, juste ce qui est intéressant dans l'intervention du Président de la République
01:09:25 c'est de voir les têtes qui sont derrière
01:09:27 et notamment les têtes de ses ministres
01:09:29 parce que ce qui fait peur c'est aussi ça.
01:09:31 C'est pas que ses déclarations. Il suffit de voir la tête de M.Dupond-Moretti
01:09:33 qui sourit parce que
01:09:35 M.Macron vient de dire ça et qui hoche la tête
01:09:37 tout satisfait en disant "oui, oui, c'est vrai, il a raison,
01:09:39 les pauvres ils n'ont pas pu partir en vacances, alors ils ont brûlé".
01:09:41 - C'est pas paternaliste.
01:09:43 - Exactement. Et puis il suffit de voir, je crois de mémoire,
01:09:45 c'était M.Attal, donc ça commençait bien pour lui,
01:09:47 qui hoche la tête aussi et qui a l'air très satisfait
01:09:49 des déclarations de M.Macron. - Je n'avais pas vu les hochements de tête.
01:09:51 Ça m'avait échappé.
01:09:53 - Nous malheureusement, on ne peut que s'inquiéter
01:09:55 par rapport à une situation pareille parce qu'on s'aperçoit
01:09:57 que ce n'est même pas une erreur.
01:09:59 C'est vraiment une volonté idéologique et très inquiétante pour nous.
01:10:01 - J'ai mangé ce qu'on écoute d'une élue de terrain,
01:10:03 Marie-Hélène Thoraval, la mère de Romand Surizer,
01:10:05 évidemment,
01:10:07 elle était sur le drame de Crépol,
01:10:09 de la mort de Jean Thomas.
01:10:11 Là, pareil, elle réagit beaucoup à ce qu'a dit
01:10:13 Emmanuel Macron. Écoutez-la.
01:10:15 - Réduire l'origine de ces émeutes
01:10:17 au simple fait
01:10:19 de loisiveté
01:10:21 et des écrans,
01:10:23 franchement, j'ai vraiment
01:10:25 constaté le décalage
01:10:27 entre la réalité, celui de notre gouvernement
01:10:29 et la réalité qui est la nôtre
01:10:31 sur le terrain.
01:10:33 Ce ne sont pas que des jeunes,
01:10:35 comme ils veulent bien le dire, des adolescents,
01:10:37 mais il y avait aussi de jeunes adultes qui ont participé
01:10:39 à ces émeutes et qui ont fait des dégâts conséquents
01:10:41 avec un niveau
01:10:43 d'ensauvagement hors normes.
01:10:45 - Louis Dragnet, vous voulez rajouter quelque chose ?
01:10:47 - C'est aussi particulièrement insultant
01:10:49 pour tous les Français très modestes
01:10:51 qui vivent dans des quartiers populaires
01:10:53 ou même qui vivent à la campagne, qui n'ont pas du tout
01:10:55 accès à des bibliothèques, des cinémas,
01:10:57 des centres culturels, qui ne partent pas en vacances,
01:10:59 qui aident leurs parents à la traite des vaches
01:11:01 matin, midi et soir,
01:11:03 tous les jours.
01:11:05 - Martine Alaf.
01:11:07 - Il en reste et il y a des gens
01:11:09 qui, pour autant,
01:11:11 ne deviennent pas des délinquants, ne s'en prennent pas à la police.
01:11:13 Je trouve que c'est très insultant aussi.
01:11:15 - Céline Pina. - L'aveuglement
01:11:17 sur le fait qu'il a en face de lui des forces
01:11:19 constituées. Parce qu'en fait,
01:11:21 avoir des individus,
01:11:23 même délinquants,
01:11:25 c'est embêtant. Mais là,
01:11:27 la dimension qu'il n'a pas, c'est la dimension
01:11:29 identitaire. C'est-à-dire, lui,
01:11:31 pense qu'il n'y a pas d'identité française.
01:11:33 En face, il y a une identité
01:11:35 qui est construite. Elle est peut-être construite
01:11:37 en contre. C'est les Blancs
01:11:39 sont d'horribles massacreurs,
01:11:41 sont des colonialistes,
01:11:43 les Juifs sont si... Mais en tout cas,
01:11:45 pour des raisons de couleur de peau
01:11:47 et de religion, il y a des séparations
01:11:49 et des différences civilisationnelles
01:11:51 et des différences de vision de l'homme
01:11:53 qui sont en train de s'affronter sur notre
01:11:55 territoire et qu'il nie parce que ça,
01:11:57 ça le terrorise et parce que ça,
01:11:59 ça l'oblige à avouer que la rencontre
01:12:01 interculturelle n'est pas toujours heureuse.
01:12:03 - Et pas toujours en rendez-vous. Jean-Sébastien Ferjou,
01:12:05 et après, monsieur. - Oui, un point qui frappe,
01:12:07 et ça renvoie à la phrase que vous aviez prononcée
01:12:09 quand vous voyiez tout à l'heure, "le problème de la police, c'est la justice".
01:12:11 Alors, on peut... Elle a été très contestée,
01:12:13 mais à minima, je trouve que c'est une phrase
01:12:15 qui mériterait d'être plus examinée, mais
01:12:17 d'être examinée institutionnellement.
01:12:19 Pourquoi n'y a-t-il pas d'observatoire de la réponse pénale ?
01:12:21 Ça avait été promis dans le Beauvau de la sécurité.
01:12:23 Pourquoi est-ce que... Parce que
01:12:25 cette phrase-là, à mon sens, la réalité
01:12:27 est probablement plus complexe, même si je comprends
01:12:29 évidemment les sentiments que les policiers peuvent avoir.
01:12:31 Éric Nolot, il faisait référence en voyant
01:12:33 toujours les mêmes arrêtés
01:12:35 et la sanction n'arrivant que très tard.
01:12:37 On sait quand même qu'il y a des sanctions.
01:12:39 Il n'y a pas un laxisme absolu en France,
01:12:41 et du reste, les procédures après les émeutes
01:12:43 ont abouti à des condamnations plutôt sévères.
01:12:45 Mais il faudrait une transparence démocratique. Pourquoi
01:12:47 le Parlement ne se saisit pas de ces sujets ?
01:12:49 Pourquoi n'y a-t-il pas plus de demandes de comptes
01:12:51 institutionnels à la justice ?
01:12:53 Pas pour la mettre en accusation, mais tout simplement
01:12:55 pour que nous y voyons clair
01:12:57 sur la réalité de la politique
01:12:59 pénale déployée en France,
01:13:01 parce que c'est une nécessité démocratique
01:13:03 absolue, et malheureusement,
01:13:05 comme bien souvent, il n'y a pas de responsabilité
01:13:07 et il n'y a pas de transparence en la matière
01:13:09 comme dans beaucoup d'autres ailleurs.
01:13:11 - Monsieur Van Emelre, qu'est-ce que vous dîtes ce soir au gouvernement,
01:13:13 au président Macron ?
01:13:15 - Ce qu'on lui demande, c'est un minimum de respect
01:13:17 et de considération. C'est-à-dire que les collègues,
01:13:19 comme on dit si bien, ce ne sont pas des robots, ce ne sont pas des pions,
01:13:21 ce sont des êtres humains. Ils ont besoin de s'organiser,
01:13:23 ils ont une vraie vie de famille, une vie personnelle,
01:13:25 il faut au minimum la respecter,
01:13:27 surtout au vu de ce qu'ils en durent à longueur de temps.
01:13:29 Donc bien entendu, il va falloir qu'il nous donne des réponses,
01:13:31 il va falloir que les collègues
01:13:33 puissent anticiper, on arrive bientôt à cet été,
01:13:35 il va falloir qu'ils puissent s'organiser,
01:13:37 ils vont encore répondre présents comme à chaque fois,
01:13:39 ils vont travailler 12, 13, 14 heures par jour,
01:13:41 pendant que tout se passe bien. Encore faut-il
01:13:43 qu'ils puissent le faire. Un minimum
01:13:45 de sérénité serait déjà
01:13:47 très très bien. Et puis le reste,
01:13:49 quand vous faites des heures supplémentaires, qu'elles soient payées,
01:13:51 je ne vois pas où est l'exception là-dessus,
01:13:53 sur un site, un événement dédié,
01:13:55 qu'on ait des heures supplémentaires payées, c'est pas la fin du monde.
01:13:57 Une prime pour les Jeux Olympiques,
01:13:59 quand on fait 60 à 70 heures
01:14:01 tous les six jours, je crois que c'est
01:14:03 la moindre des choses. Et puis enfin,
01:14:05 que les collègues puissent être vraiment
01:14:07 armés psychologiquement avec un gouvernement
01:14:09 qui les soutient et qui
01:14:11 fassent en sorte, notamment,
01:14:13 de toujours les soutenir et pas être
01:14:15 à contre-courant, comme il y a longueur de temps.
01:14:17 - Accessoirement, si tout est concentré sur la capitale
01:14:19 cet été, il peut se passer n'importe quoi d'autre
01:14:21 sur le territoire national ? - Oui, parce que
01:14:23 ce qui est valable sur les Jeux Olympiques, où tous les collègues
01:14:25 seront évidemment sur ces services d'ordre,
01:14:27 ce qui est valable à Paris sera valable aussi par exemple
01:14:29 à Lyon, mais il y a aussi toutes les circonscriptions
01:14:31 avec les renforts belnéaires qu'il n'y aura pas,
01:14:33 et donc les renforts saisonniers, vous aurez des collègues
01:14:35 qui vont avoir trois fois plus de missions
01:14:37 qu'à l'accoutumée, donc tout le monde sera concerné
01:14:39 directement ou indirectement par les Jeux Olympiques.
01:14:41 Donc vous allez avoir des collègues qui sont sursollicités
01:14:43 où il y aura 100% de présents sur trois semaines
01:14:45 minimum, avec peut-être zéro
01:14:47 jour de repos sur les trois semaines.
01:14:49 On risque, à mon avis,
01:14:51 quelques soucis, et la fatigue physique,
01:14:53 morale et psychologique est très grande
01:14:55 depuis tout ce qui se passe depuis tant d'années.
01:14:57 - Rapidement, Eugénie ? - Oui, non, ce qui
01:14:59 est terrible, c'est
01:15:01 les moyens qu'on doit mettre pour assurer
01:15:03 ces Jeux en paix, ça rendit long quand même sur le degré
01:15:05 d'insécurité de notre pays, je ne suis pas sûre qu'à 20
01:15:07 ou 30 ans, on aurait eu
01:15:09 besoin de mettre autant de moyens,
01:15:11 et ça pose vraiment la question d'organisation
01:15:13 des Jeux Olympiques. Avons-nous les moyens,
01:15:15 non seulement économiques et financiers, mais les moyens
01:15:17 sécuritaires et de paix
01:15:19 civile de faire des Jeux Olympiques ?
01:15:21 - Vraie question, je crois que vous posez à nouveau Eugénie Bastié.
01:15:23 Allez, 18h32
01:15:25 sur CNews et Europe 1, le rappel des titres
01:15:27 de l'actualité avec Simon Guillain. Simon.
01:15:29 [Musique]
01:15:31 - On apprend à l'instant
01:15:33 qu'un jeune homme a été placé en garde à vue
01:15:35 après le meurtre d'un adolescent de 14 ans
01:15:37 hier soir à Saint-Denis.
01:15:39 L'Amérique a d'ailleurs renforcé la sécurité sur place.
01:15:41 Un arrêté a été pris interdisant
01:15:43 tout regroupement et attroupement de personnes
01:15:45 jusqu'à lundi prochain. Le jeune homme
01:15:47 est décédé sur la ligne 13 du métro parisien.
01:15:49 Emmanuel Macron se rendra
01:15:51 en Ukraine le mois prochain. Le chef
01:15:53 de l'État qui s'est entretenu aujourd'hui au téléphone
01:15:55 avec le président ukrainien Volodymyr Zelenskyy.
01:15:57 Emmanuel Macron
01:15:59 qui a redit le soutien indéfectible
01:16:01 de la France à l'Ukraine.
01:16:03 Il a également condamné l'intensification
01:16:05 des bombardements russes.
01:16:07 Et puis après Air France, la compagnie Ryanair
01:16:09 va reprendre ses vols vers Tel Aviv
01:16:11 le 1er février prochain. Ils avaient été
01:16:13 interrompus depuis l'attaque du Hamas
01:16:15 contre Israël le 7 octobre dernier.
01:16:17 La compagnie Low Cost assurera dans un
01:16:19 premier temps les liaisons entre Tel Aviv
01:16:21 et Marseille. - Merci Simon Guillain
01:16:23 pour le rappel des titres de l'actualité.
01:16:25 Merci Fabien Van Emelrich, secrétaire générale
01:16:27 du syndicat de police alliance d'être venu ce soir
01:16:29 en punchline. Dans un instant, on va
01:16:31 parler avec Jean-Luc Barré de De Gaulle.
01:16:33 De Gaulle, à la lumière
01:16:35 de ce que l'on a entendu, la vision de la France
01:16:37 ou pas, que l'on a entendu dans la bouche
01:16:39 du président Macron. Qu'en pense-t-il ? Il nous répond dans un instant.
01:16:41 A tout de suite.
01:16:43 18h38 en direct
01:16:47 dans Punchline sur CNews et sur Europe 1.
01:16:49 Jean-Luc Barré nous a rejoint. Bonsoir Monsieur Barré. - Bonsoir.
01:16:51 - Je suis toujours aussi fan de votre livre
01:16:53 "Une vie de Gaulle, l'homme de personne"
01:16:55 1890-1944 aux éditions
01:16:57 Grasset. Un monument,
01:16:59 je voulais déjà dire, ravi de vous accueillir à nouveau
01:17:01 dans cette semaine où on a entendu le président de la République
01:17:03 prendre longuement la parole.
01:17:05 Le général le faisait aussi.
01:17:07 Il l'a fait peut-être même plus souvent
01:17:09 qu'Emmanuel Macron, avec un système
01:17:11 qui était un peu différent parce que les questions étaient connues
01:17:13 à l'avance. C'est ce que vous nous avez rappelé. - Oui, les questions
01:17:15 étaient connues à l'avance, mais
01:17:17 il n'y avait pas d'interdit sur les questions.
01:17:19 Il m'a mis des questions sur "comment
01:17:21 allez-vous mon général ?" Enfin des questions
01:17:23 qui l'amenaient à parler y compris de la mort
01:17:25 éventuellement. Donc il n'y avait pas d'interdit
01:17:27 mais il y avait une organisation bien
01:17:29 particulière qui faisait que
01:17:31 d'abord il y avait... On venait
01:17:33 en fait, les conférences de presse, on venait pour entendre cet exposé
01:17:35 magistral que de Gaulle faisait
01:17:37 non pas sur l'infertilité,
01:17:39 non pas sur le port
01:17:41 d'un costume à l'école, mais sur les...
01:17:43 - Ou du nombre de patients par médecin par consultation.
01:17:45 - Voilà, non pas du tout. C'était les grandes orientations
01:17:47 économiques, sociales,
01:17:49 étrangères, etc. Et c'était d'ailleurs...
01:17:51 Et on voyait... D'abord ces conférences de presse
01:17:53 étaient apprises par cœur, enfin les réponses
01:17:55 étaient apprises par cœur. Il avait cette
01:17:57 habitude depuis longtemps, ses cours à l'école de guerre
01:17:59 il n'y avait pas de papier,
01:18:01 il y avait quelques notes. Et donc
01:18:03 c'était... C'est d'où l'origine de ces exposés magistraux
01:18:05 parce qu'on peut les... Aujourd'hui quand on les relit
01:18:07 ce sont des véritables textes
01:18:09 mais où il posait les problèmes fondamentaux.
01:18:11 - Alors et aussi où il exposait sa vision de la France.
01:18:13 On va l'écouter, c'était en 1965,
01:18:15 c'était pas une conférence de presse, c'était
01:18:17 une interview. Voilà l'idée
01:18:19 que se faisait le général Gaulle de notre
01:18:21 pays, une vision qu'on n'a peut-être pas très bien
01:18:23 entendue, mardi soir à l'Elysée.
01:18:25 - Vous me parlez
01:18:27 de l'idée que je me fais de la France,
01:18:29 ce n'est pas un sujet
01:18:31 nouveau. Il est tout à fait
01:18:33 vrai, je dirais que c'est ma
01:18:35 raison d'être. Il est tout à
01:18:37 fait vrai que depuis
01:18:39 toujours et aujourd'hui
01:18:41 je me fais en effet de la France
01:18:43 une certaine idée.
01:18:45 Je veux dire par là qu'à mon sens
01:18:47 elle est quelque chose
01:18:49 de très grand,
01:18:51 de très particulier.
01:18:53 C'est du reste, je le pense
01:18:55 ressenti par le monde entier.
01:18:57 Il y a même là
01:18:59 quelque chose d'extraordinaire.
01:19:01 Dans nos malheurs,
01:19:03 on s'en aperçoit tout de suite.
01:19:05 Et quand nous sommes
01:19:07 heureux, prospères,
01:19:09 glorieux et forts,
01:19:11 on s'en aperçoit aussi
01:19:13 dans la mesure où les gens nous regardent
01:19:15 avec envie.
01:19:17 C'est vrai,
01:19:19 la France est une
01:19:21 chose à mes yeux
01:19:23 très considérable,
01:19:25 très valable.
01:19:27 Et
01:19:29 elle doit avoir
01:19:31 dans le monde, quel qu'il soit,
01:19:33 à toute époque, naturellement
01:19:35 d'après les circonstances,
01:19:37 elle doit avoir un rôle à elle.
01:19:39 Il faut que la France
01:19:41 joue son rôle, c'est exact.
01:19:43 Et pour qu'elle joue son rôle,
01:19:45 il faut qu'elle soit la France.
01:19:47 Il faut qu'elle soit la France.
01:19:49 C'est pas "il faut qu'elle reste la France".
01:19:51 C'est ça, c'est tout le changement est là.
01:19:53 C'est quelque chose d'essentiel,
01:19:55 l'essence d'un pays, l'âme d'une nation.
01:19:57 Et c'est pas
01:19:59 "qu'elle reste la France", ça veut dire quoi ?
01:20:01 Ça veut dire qu'elle a une espèce d'obligation
01:20:03 de rester pour qu'elle soit...
01:20:05 Qu'elle décline, surtout.
01:20:07 Il y a une vision à la fois
01:20:09 politique, philosophique,
01:20:11 sentimentale, presque littéraire,
01:20:13 mais la France est en tout cas très personnelle.
01:20:15 C'est ce qui manque manifestement
01:20:17 au président de la République actuelle
01:20:19 et à un certain nombre de ses prédécesseurs,
01:20:21 c'est d'être habité par l'idée de la France.
01:20:23 Et ce qui est très intéressant dans cet extrait,
01:20:25 c'est que c'est pas une idée
01:20:27 de la France hexagonale,
01:20:29 comme on essaie souvent de nous la vendre,
01:20:31 ou une France frontalière,
01:20:33 ou une France protectionniste.
01:20:35 C'est le rayonnement de la France,
01:20:37 la culture de la France dans le monde.
01:20:39 Il avait compris une chose essentielle,
01:20:41 que quand au Liban,
01:20:43 en Amérique du Sud, au Vietnam,
01:20:45 elle faisait un son de sa voix.
01:20:47 C'est tout ça qui a été d'ailleurs au passage perdu.
01:20:49 - Eugénie Bassié, Le Figaro.
01:20:51 - On vit depuis la seconde élection d'Emmanuel Macron
01:20:53 une forme de crise politique permanente.
01:20:55 Et je m'interroge sur la responsabilité
01:20:57 des institutions créées par le général De Gaulle
01:20:59 de la Ve République dans cette espèce
01:21:01 d'effet de crise démocratique que nous vivons.
01:21:03 Est-ce qu'il n'a pas créé
01:21:05 des institutions qui certes étaient taillées
01:21:07 à sa mesure, qui étaient faites pour lui,
01:21:09 mais qui dans les mains
01:21:11 de ses successeurs
01:21:13 ont été gâchées.
01:21:15 Et on dit souvent qu'il faut revenir à l'esprit de la cinquième.
01:21:17 Mais qu'est-ce que des institutions qui survivraient
01:21:19 par leur esprit, puisque le propre des institutions
01:21:21 c'est justement de faire un cadre qui survive
01:21:23 au-delà des personnes qui l'utilisent.
01:21:25 Et je m'interroge sur la faiblesse
01:21:27 de ces institutions aujourd'hui
01:21:29 quand on voit effectivement
01:21:31 l'hyper-présidentialisation
01:21:33 qu'elles provoquent. - Jean-Luc Barré.
01:21:35 - Moi je pense une chose, c'est que les institutions,
01:21:37 on ne va pas les bricoler en fonction
01:21:39 de la médiocrité des gouvernants.
01:21:41 S'il y a des gouvernements médiocres,
01:21:43 vous allez faire des institutions médiocres.
01:21:45 On va dire "alors au moins là c'est adapté".
01:21:47 Non, c'est des institutions qui sont
01:21:49 le fruit d'une longue histoire. Au fond,
01:21:51 on a des institutions qui sont à la fois
01:21:53 une sorte de république monarchique.
01:21:55 Parce que c'est une sorte de synthèse de deux histoires.
01:21:57 On a connu d'autres institutions,
01:21:59 mais qu'est-ce qu'il y a comme substitut ?
01:22:01 C'est ou la cinquième, ou c'est le retour à une sorte de quatrième
01:22:03 d'ailleurs, vers lequel on est en train de revenir.
01:22:05 Regardez les dégâts déjà que provoque
01:22:07 le fait de ne pas avoir de majorité
01:22:09 stable à l'Assemblée. Ça c'est la quatrième république.
01:22:11 Heureusement que les institutions
01:22:13 empêchent une sorte d'instabilité
01:22:15 supplémentaire. Moi je pense que
01:22:17 le problème ce n'est pas les institutions, c'est les hommes
01:22:19 qui dirigent. Si on appliquait aujourd'hui
01:22:21 les institutions, telles que les
01:22:23 Générales de Gaulle les a définies, et on les a
01:22:25 beaucoup bricolé à travers le temps, là aussi,
01:22:27 quinquennat, etc. Bon bref, si
01:22:29 on respecte ça, c'est-à-dire un président qui
01:22:31 préside, qui a un domaine
01:22:33 régalien. - C'est l'esprit réservé.
01:22:35 - C'est la réalité
01:22:37 des institutions. Oui,
01:22:39 c'est l'esprit, voilà. - Oui, parce que
01:22:41 il a tendance à prendre le plus de place. - Il y a le chef du gouvernement
01:22:43 qui gouverne, voilà. Déjà, s'il y avait
01:22:45 ça, mais on a assisté quand même l'autre
01:22:47 jour, il y a quelques jours, avant-hier,
01:22:49 à la mort, pour moi, la mort
01:22:51 en direct du chef du gouvernement.
01:22:53 - Du poste de gouvernement. - Non, non, non.
01:22:55 Non, ça n'existe plus. Alors, au moins, disons-le,
01:22:57 mais c'est une réforme institutionnelle très dangereuse
01:22:59 parce qu'au fond, ce qui a agacé
01:23:01 tous les adversaires du général de Gaulle,
01:23:03 c'est qu'il s'est venu à une phrase de Malraux qui est très juste,
01:23:05 au fond, de Gaulle les a empêchés de jouer.
01:23:07 Avant, de Gaulle, on jouait
01:23:09 avec tout cela, et évidemment, ça a donné des situations
01:23:11 de crise permanente. C'est contraignant,
01:23:13 c'est rigoureux, les institutions de la 5e,
01:23:15 mais je ne vois pas quel est le substitut, sinon
01:23:17 un bricolage supplémentaire. - Jean-Sébastien
01:23:19 Présidentiel, et après, il règle. - Un vrai régime
01:23:21 présidentiel. - Jean-Sébastien, allez-y. - Oui, je ne pense
01:23:23 pas entrer dans une réflexion, mais je rejoins ce que dit
01:23:25 Eugénie Bastien, malgré tout, c'est
01:23:27 très taillé sur la légitimité personnelle et historique
01:23:29 qu'avait le général de Gaulle. Il y a peu de gens qui
01:23:31 peuvent se prévaloir d'une telle légitimité aujourd'hui.
01:23:33 Je voulais vous poser une autre question.
01:23:35 Est-ce qu'il n'y a pas, finalement, un point commun, certainement,
01:23:37 de vision assez différente de la France, entre
01:23:39 Emmanuel Macron et le général de Gaulle, mais
01:23:41 quand même, un point commun, à savoir
01:23:43 qu'il préfère peut-être la France aux Français,
01:23:45 alors, sur des modalités différentes,
01:23:47 mais on se souvient de la phrase du général de Gaulle
01:23:49 sur les Français sans défaut, et on voit
01:23:51 aussi qu'Emmanuel Macron, dans sa manière de s'adresser aux Français,
01:23:53 bien souvent, considère que les
01:23:55 élites font tout ce qu'elles peuvent et que
01:23:57 malheureusement, les Gaullois réfractaires empêchent
01:23:59 la France d'avancer.
01:24:01 Écoutez, il y a une différence majeure, je pense que
01:24:03 de Gaulle avait constaté avant-guerre, et il l'a constaté
01:24:05 après, la faillite des élites en France,
01:24:07 face aux grands événements. Donc, il n'y avait
01:24:09 pas, chez de Gaulle, la
01:24:11 moindre complaisance à l'égard des élites.
01:24:13 Et il y avait une sorte d'ironie
01:24:15 à l'égard des Français, parce qu'il les connaissait,
01:24:17 qu'il disait toujours, ils sont très pronds à se diviser,
01:24:19 etc. Bon, et il les avait vus
01:24:21 sous Vichy, notamment. Mais,
01:24:23 fondamentalement, il a un respect du peuple.
01:24:25 Et d'ailleurs, un des génies,
01:24:27 pour moi, des institutions à la 5e,
01:24:29 c'est de préserver ce lien direct
01:24:31 entre le président de la République et le peuple
01:24:33 qui est lié, le président. Donc,
01:24:35 après, c'est l'art de savoir parler au peuple
01:24:37 et d'avoir cet espèce de rapport au peuple
01:24:39 qu'on ne l'a pas. Et quelles que soient
01:24:41 les institutions, d'ailleurs, ça ne changerait pas.
01:24:43 Moi, je pense qu'il y a une différence fondamentale.
01:24:45 C'est de Gaulle, c'est un homme,
01:24:47 regardez les déplacements en province qu'il faisait,
01:24:49 la façon dont il parle au français.
01:24:51 Vous avez vu cette conférence de presse ?
01:24:53 La simplicité du vocabulaire. Tout le monde peut
01:24:55 comprendre exactement ce qu'il dit. Il y a quelque chose de charnel dans ce qu'il
01:24:57 dit et très accessible à tout le monde.
01:24:59 - Vous parlez du général, là ? - Oui, du général, pardon.
01:25:01 Pas d'Emmanuel Macron. La conférence de presse...
01:25:03 - Malheureusement. - Non, non, mais on a...
01:25:05 - Malheureusement. - On a vu une conférence de presse
01:25:07 tout à l'heure. Et ça, ça me frappe beaucoup,
01:25:09 cette façon de parler, de s'adresser aux français,
01:25:11 leur dire "voilà ce qu'est la France".
01:25:13 Que l'idée de la France,
01:25:15 qu'il s'est faite, parfois,
01:25:17 ça a été le cas en 69, ça a été le cas
01:25:19 en 68, et était blessé,
01:25:21 au fond, par l'attitude des français,
01:25:23 le vote des français.
01:25:25 Bon, d'une certaine manière, je pense qu'il le savait.
01:25:27 La France, pour lui, ne pouvait être réelle que quand elle était grande.
01:25:29 Alors, parfois, la hantise de De Gaulle, c'était la médiocrité.
01:25:31 Et il craignait
01:25:33 la médiocrité après lui.
01:25:35 - Alors, Éric Nelot, je veux vous voir réfléchir.
01:25:37 - Moi, j'ai lu que le siège d'Emmanuel
01:25:39 Macron avait été surélevé de 20 cm,
01:25:41 de manière à ce que la proportion entre
01:25:43 le buste et le bureau
01:25:45 soit la même que De Gaulle. Alors, je vous pose cette question.
01:25:47 Est-ce que De Gaulle, le gaullisme,
01:25:49 est condamné à être ce genre de totem ?
01:25:51 Je rappelle cette anecdote, c'est un peu
01:25:53 ridicule. Ou alors, le gaullisme,
01:25:55 en tant que tel, pas seulement le symbole et la
01:25:57 proportion entre un buste et un bureau, peut
01:25:59 revenir aux affaires ? Est-ce que, voilà, c'est
01:26:01 une référence obligée, mais au fond, une référence
01:26:03 un peu légère, qui reste
01:26:05 au niveau des symboles ? - Attendez, vous avez entendu
01:26:07 la phrase hallucinante
01:26:09 qui consiste à dire "on va faire gaullien".
01:26:11 "On va faire gaullien", mais ça veut dire quoi,
01:26:13 exactement ? - Mais c'est ma question, figurez-vous.
01:26:15 - Non, mais oui, bien sûr, mais vous avez la réponse presque à votre
01:26:17 question, c'est-à-dire qu'on va faire gaullien dans
01:26:19 des bricoles, dans des objets,
01:26:21 dans la com', en fait, dans la com',
01:26:23 c'est uniquement ça. Là où je
01:26:25 précise d'ailleurs que le général De Gaulle
01:26:27 était un maître de la communication, mais pas
01:26:29 la communication qu'on apprend ou qu'on vous apprend.
01:26:31 - C'est travaillé ? - Oui,
01:26:33 oui, enfin, vous savez, quand vous arrivez,
01:26:35 quand on arrive à Londres en 1940,
01:26:37 on est confronté à une radio, et il faut
01:26:39 apprendre déjà la communication. Et après, c'est un
01:26:41 homme de théâtre, donc c'est impressionnant
01:26:43 la manière dont il maîtrisait la télévision en homme de théâtre.
01:26:45 - Mais en occupant l'écran.
01:26:47 - Oui, en occupant l'écran. - Et avec sa voix.
01:26:49 - Une espèce de présence physique, de voix, qu'il avait
01:26:51 déjà exercée dans des conférences qu'il faisait.
01:26:53 Travaillé, oui,
01:26:55 incontestablement, comme un
01:26:57 grand acteur travaille son texte.
01:26:59 Mais je veux dire, vous avez parfaitement raison, en fait,
01:27:01 le fond des choses,
01:27:03 si on veut revenir au gaullisme, un mot
01:27:05 d'ailleurs que le général De Gaulle n'aimait pas, je précise,
01:27:07 donc c'est pas non plus une école de pensée, c'est plus
01:27:09 des réactions à des événements, et surtout
01:27:11 une vision des choses.
01:27:13 Mais si on veut faire cela, revenons aux fondamentaux et non
01:27:15 pas uniquement aux gadgets.
01:27:17 - La constitution, on parle
01:27:19 beaucoup de réviser la constitution,
01:27:21 de revenir au peuple,
01:27:23 de donner la parole au peuple par le
01:27:25 biais du référendum, c'était un usage
01:27:27 tout à fait accepté
01:27:29 par le général De Gaulle, ô combien ?
01:27:31 - C'était un exercice naturel,
01:27:33 ça participait de cette relation au peuple,
01:27:35 mais elle avait une condition,
01:27:37 c'est que le président de la République
01:27:39 tenait compte du résultat du référendum
01:27:41 et en tenir compte, ça voulait dire
01:27:43 remettre en cause son pouvoir.
01:27:45 C'est vous dire qu'on est loin de ça.
01:27:47 S'il s'agit de faire des institutions, on l'a déjà vu ça,
01:27:49 à travers divers...
01:27:51 - C'est un plébiscite en fait.
01:27:53 - Voilà, oui. Non, c'est pas un plébiscite,
01:27:55 c'est dire est-ce que vous avez toujours confiance en moi ?
01:27:57 Est-ce que je peux aller plus loin dans les réformes ?
01:27:59 Est-ce que nous sommes d'accord ? Quand il crée
01:28:01 les conditions d'une élection présidentielle
01:28:03 au suffrage universel, il demande son accord. Sur l'Algérie,
01:28:05 ça a été très utile d'avoir l'accord
01:28:07 parce qu'il y avait chez de Gaulle,
01:28:09 on peut dire les choses telles qu'elles sont,
01:28:11 une défiance assez spontanée
01:28:13 et naturelle à l'égard du Parlement.
01:28:15 - Et des partis. - Parce qu'il a respecté le Parlement.
01:28:17 - Et des partis, Jean-Luc Barré. - Et des partis,
01:28:19 tout en... Et ça c'est aussi une différence
01:28:21 avec Emmanuel Macron et d'autres,
01:28:23 en faisant en sorte que les partis... Il avait conscience d'une chose,
01:28:25 lui qui n'était pas un républicain né,
01:28:27 si je puis dire, que la démocratie
01:28:29 fonctionnait à travers
01:28:31 un système qui se lui... Non pas des partis,
01:28:33 mais une règle qui voulait qu'il y ait des familles
01:28:35 politiques. Sans ça, il n'y avait rien
01:28:37 et c'est pour ça que sous la Résistance,
01:28:39 en accord avec Jean Moulin,
01:28:41 il a rendu aux partis politiques
01:28:43 leur place au sein du Conseil national de la Résistance.
01:28:45 Mais il s'est toujours opposé au régime
01:28:47 des partis, mais sous la Ve,
01:28:49 sous de Gaulle, tous les grands partis sont présents,
01:28:51 le parti socialiste, le parti communiste,
01:28:53 le mouvement gaulliste, etc.
01:28:55 Et tous ces grands partis ont disparu
01:28:57 et les extrêmes n'occupaient pas la place qu'ils occupent aujourd'hui.
01:28:59 Donc le danger de faire disparaître les partis,
01:29:01 c'est de faire monter les extrêmes.
01:29:03 – Alors votre livre est paru il y a quelques semaines,
01:29:05 il connaît un succès tout à fait mérité,
01:29:07 selon moi en tout cas.
01:29:09 Est-ce que parmi vos lecteurs,
01:29:11 il y en a qui découvrent quelque chose de nouveau,
01:29:13 d'inattendu sur de Gaulle ?
01:29:15 C'est une figure historique évidemment très connue
01:29:17 qui a été examinée sous toutes les coutures,
01:29:19 mais est-ce que vous avez des retours de vos lecteurs
01:29:21 qui vous montrent que vous avez éclairé peut-être
01:29:23 quelque chose de moins connu chez de Gaulle ?
01:29:25 – Oui, je ne vais pas vous répondre non, naturellement,
01:29:27 mais je vous dis oui parce que
01:29:29 ce que l'on me dit qui me fait le plus plaisir,
01:29:31 c'est qu'on découvre l'homme de Gaulle,
01:29:33 on découvre derrière l'espèce de totem
01:29:35 comme vous disiez, ou de monstre sacré,
01:29:37 de personnage quasi intouchable.
01:29:39 Hier, quelqu'un me disait "mais on voit aussi ses faiblesses,
01:29:41 on voit aussi sa mélancolie, ses hésitations,
01:29:43 dont je crois lui avoir rendu une part d'humanité".
01:29:45 – Sa dépression même ?
01:29:47 – Oui, sa dépression,
01:29:49 et puis je parlais aussi de sa vie sentimentale,
01:29:51 donc ce n'est pas non plus un homme qui était indifférent à ces choses-là.
01:29:53 Et tout ça a nourri le personnage de de Gaulle.
01:29:55 Il n'y a pas de de Gaulle sans la mélancolie,
01:29:57 il n'y a pas de de Gaulle sans les hésitations,
01:29:59 il n'y a pas de de Gaulle sans l'intransigeance,
01:30:01 il n'y a pas de de Gaulle sans la vision.
01:30:03 Mais tout ça fait un tout, et ce qu'on me dit, c'est cela en général,
01:30:05 c'est qu'on a dépassé au fond la légende
01:30:07 pour aller vers peut-être plus de vérités humaines et historiques.
01:30:09 – Il n'y a pas Jean-Luc Barré de de Gaulle sans autorité non plus ?
01:30:13 – Non.
01:30:14 – A la voix, rien qu'à la voix, l'autorité est là ?
01:30:16 – Bien sûr.
01:30:17 – Et ce n'est pas celle d'un acteur ?
01:30:19 – Non, non, non, je ne dis pas que tout est joué.
01:30:21 Je dis simplement, l'autorité d'abord, il était un militaire,
01:30:24 mais il avait surtout le sens de l'autorité de l'État.
01:30:26 Vous savez, chez de Gaulle, ce n'est jamais l'homme qui s'exprime,
01:30:28 ce n'est jamais l'homme de Gaulle, c'est le personnage qu'il a créé de Gaulle
01:30:31 et qui incarne quelque chose.
01:30:33 Il y a une incarnation, et c'est vrai qu'il a créé les institutions
01:30:36 pour qu'elles soient incarnées.
01:30:38 Si elles ne le sont pas, ou si elles sont mal incarnées,
01:30:40 à ce moment-là, effectivement, il y a un problème.
01:30:42 – Justement, sur l'incarnation, et on parlait de la conférence de presse,
01:30:46 est-ce qu'il vous revient en mémoire une réplique
01:30:48 que le général de Gaulle aurait utilisée vis-à-vis d'opposants de l'époque
01:30:52 qui qualifierait Emmanuel Macron aujourd'hui ?
01:30:54 Qu'est-ce qu'il aurait eu, lui, envie d'en dire ?
01:30:56 – Oh, sautez-nous, ça je ne veux pas le faire parler.
01:30:59 – Non, non, mais pas le faire parler sur Emmanuel Macron en soi.
01:31:02 – Non, mais je pense…
01:31:03 – Il a eu des répliques, il savait aussi avoir des répliques
01:31:06 extrêmement cinglantes sur ses opposants de l'époque.
01:31:08 – Oui, il avait dit de François Mitterrand, il l'appelait "l'arsouille",
01:31:11 enfin, c'est pas… il n'était pas tendre à l'égard de ses…
01:31:14 Et l'arsouille, ce n'était pas forcément une injure d'ailleurs.
01:31:16 – Ce n'est pas un compliment.
01:31:18 – Non, non, c'est vrai, mais il avait des mots très durs.
01:31:20 Mais il avait aussi un respect de ses opposants,
01:31:22 le même à l'égard de François Mitterrand par exemple,
01:31:24 quand il a su un certain nombre d'affaires,
01:31:26 il a interdit qu'on s'en serve contre lui,
01:31:28 parce qu'il pensait qu'il avait un destin national.
01:31:30 Donc, moi je pense, je vais peut-être vous surprendre,
01:31:32 je pense que face à un type comme Emmanuel Macron,
01:31:34 pardon, face à un homme comme Emmanuel Macron,
01:31:36 pas un président, un homme comme Emmanuel Macron,
01:31:38 il aurait sans doute apprécié aussi ses qualités.
01:31:40 Moi, je suis de ceux qui pensent qu'on est en train de rater
01:31:43 peut-être une des dernières chances, en tout cas pour les années qui viennent,
01:31:46 d'avoir un homme qui avait beaucoup de qualités pour être un très bon président.
01:31:50 Et qu'est-ce qui lui a manqué au fond ?
01:31:52 C'est ce que vous avez très justement souligné hier, c'est la vision.
01:31:55 Et ça, effectivement, alors ça, il y a une chose qui ne s'apprend pas, c'est la vision.
01:31:58 – Absolument.
01:31:59 – Mais ce qui est intéressant quand on regarde la vie de De Gaulle,
01:32:01 c'est que c'est quelqu'un qui a été extrêmement clivant toute sa vie,
01:32:04 que ce soit vis-à-vis de… il a clivé vis-à-vis à l'extrême droite,
01:32:08 il a clivé aussi une partie de la gauche, là, en 1968,
01:32:11 une jeunesse qui est descendue dans la rue contre lui,
01:32:13 contre ce qu'il représentait,
01:32:15 et pourtant aujourd'hui, il fait quasiment l'unanimité dans le paysage politique.
01:32:20 On est passé d'un homme extrêmement clivant à un personnage quasiment consensuel, unanime.
01:32:24 Ça laisse peut-être de l'espoir pour Emmanuel Macron dans quelques années.
01:32:27 – Non, non, c'est plus le malentendu parce que…
01:32:29 d'abord, de Gaulle était clivant pour des raisons extrêmement…
01:32:31 vous savez, c'est la guerre d'Algérie, je ne dis pas que les sujets ne sont pas sérieux aujourd'hui.
01:32:35 Mais enfin, être clivant sur la réforme des retraites,
01:32:37 c'est moins grave que d'être clivant sur la guerre d'Algérie
01:32:40 ou sur des grandes questions comme ça, sans parler de…
01:32:42 – Oui, Emmanuel Macron suscite une impression de haine.
01:32:44 – Oui, c'est vrai, mais il y a aussi une forme…
01:32:47 de Gaulle était lucide là-dessus, une forme assez spontanée,
01:32:50 une tendance assez naturelle chez les Français à rejeter ce qu'ils ont aimé,
01:32:53 voire à couper la tête du roi, ça ils savent faire.
01:32:55 D'ailleurs, ils l'ont rejeté lui-même.
01:32:57 Mais clivant, il l'a été.
01:33:00 Vous avez raison de dire qu'on l'a oublié, et c'est toute l'origine du malentendu.
01:33:04 Parce qu'être gaulliste aujourd'hui, ça veut dire quelque chose.
01:33:07 Ça veut dire non seulement une référence au passé,
01:33:08 mais une certaine attitude par rapport à l'histoire,
01:33:10 une certaine vision des choses, quelques principes, voilà.
01:33:13 Et tout ça, si ça n'est pas là, en effet, on n'est pas…
01:33:15 Mais on a dépassé ça, parce qu'au fond, c'est la seule référence qui nous reste historique.
01:33:19 – Bien sûr.
01:33:20 – Alors on en use, on en abuse, on pille d'héritage,
01:33:22 et on ne sait plus ce que l'on dit au fond.
01:33:24 Voilà, on en est à faire gaullien.
01:33:26 – Et pour retrouver ses repères, on lit votre livre
01:33:29 "De Gaulle une vie, l'homme de personne" de Jean-Luc Barré.
01:33:32 Merci beaucoup d'être venu ce soir aux éditions Grasset, bien sûr.
01:33:35 Merci d'être venu évoquer la mémoire de ce grand homme
01:33:38 qui nous passionne toujours autant.
01:33:39 Merci Jean-Sébastien Ferjour d'être venu,
01:33:41 Vinnie Bastie du Figaro et Eric Nolot, mon cher Eric.
01:33:44 Merci à vous, chers amis auditeurs et téléspectateurs,
01:33:46 de votre confiance, tous les jours renouvelée.
01:33:48 Dans un instant, c'est Céline Giraud que vous retrouvez pour Europe 1 Soir,
01:33:51 sur Europe 1.
01:33:52 Et sur CNews, bien sûr, Christine Kelly vous attend avec ses débatteurs pour Face à l'info.
01:33:57 Bonne soirée sur nos deux antennes.
01:33:59 [Musique]