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Regardez L'invité de RTL du 21 janvier 2024 avec Stéphane Carpentier.

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00:00 Vous êtes sur RTL.
00:02 6h, 9h15, RTL Matin, avec Stéphane Carpentier.
00:08 Merci de nous rejoindre, il est 8h49, on va donc s'arrêter ensemble ce matin sur le malaise du moment, sur la colère, le ras-le-bol du monde agricole.
00:15 Colère vue ces derniers temps aux Pays-Bas, en Allemagne aussi, et depuis quelques jours maintenant chez nous, en Bretagne, en Mayenne, à Carcassonne, près de Toulouse aussi avec blocage de la 64.
00:28 Gabrielle Attal recevra demain la FNSEA et les jeunes agriculteurs, et Marc Faineau tentera de les rassurer dès ce midi sur RTL.
00:36 Le ministre de l'Agriculture est l'invité événement du grand jury RTL Le Figaro M6 Paris 1ère, ce sera entre midi et 13h.
00:43 Donc on a besoin de comprendre, on va prendre le pouls de ce ras-le-bol et tenter de comprendre les raisons de la grogne.
00:48 Avec l'invité de RTL Matin en direct, c'est Laurence Marandola, qui est éleveuse dans l'Ariège, qui est porte-parole de la Confédération Paysanne.
00:56 Bonjour à vous.
00:57 Bonjour à tous.
00:58 Partagez avec les auditeurs justement cette colère qui monte dans vos rangs, chez vos collègues, vous la sentez vous ?
01:04 Bien sûr, bien sûr qu'on perçoit cette colère, elle s'exprime aujourd'hui, elle n'est pas nouvelle, les difficultés que nous affrontons en tant qu'agriculteurs sont nombreuses.
01:14 Elle s'exprime, elle se cumule, une forme de crise.
01:19 Le point principal c'est sûrement de dire que c'est une crise du revenu des agriculteurs, avec des prix aujourd'hui de nos produits qui sont déconnectés des charges,
01:28 une rémunération du travail qui est clairement insuffisante, des vraies inquiétudes quant à l'avenir, comment affronter l'avenir, comment transmettre nos fermes,
01:38 comment permettre le renouvellement des générations.
01:41 Et la lecture qu'on en fait c'est effectivement un malaise très profond qui prend ses racines loin et qui pour moi est le fruit de politiques successives de choix,
01:51 en particulier de livrer l'agriculture à ces mécanismes de libre-échange qui mettent en concurrence les paysans les uns contre les autres.
01:59 C'est vrai en France sur nos territoires, avec des fermes qui s'agrandissent et des voisins qui disparaissent, c'est vrai à l'échelle européenne et c'est vrai à l'échelle mondiale.
02:06 On est tous en concurrence les uns contre les autres alors qu'on est sur des territoires et des façons de produire différentes.
02:12 Et c'est vraiment pour nous le fond des difficultés qui s'expriment aujourd'hui.
02:16 Laurence Marandola, on va prendre point par point, on sait tous la difficulté du métier d'agriculteur à un producteur éleveur aujourd'hui et depuis des années de ce travail,
02:23 ou bien souvent on travaille pour peu ou pour pas grand chose.
02:26 Vous demandez vous que les professionnels soient mieux rémunérés.
02:29 Ça veut dire quoi concrètement ? Prenez-nous des exemples pour qu'on puisse mesurer les choses avec un kilo de viande ou un litre de lait par exemple.
02:36 Alors ça veut dire que le prix auquel on vend nos produits, que ce soit en circuit court ou qu'on soit dans une filière avec des transformateurs,
02:46 le prix qui doit arriver sur la ferme doit couvrir absolument l'ensemble des coûts de production.
02:52 Ces coûts de production, ils ont dans certains cas beaucoup augmenté avec l'augmentation du prix de l'énergie, des carburants, plusieurs choses,
03:00 et la rémunération de notre temps de travail. C'est ça un vrai prix pour les agriculteurs.
03:05 Aujourd'hui, je peux parler du lait. On a vu cette crise légitime auprès de Lactalis, un très très gros collecteur,
03:12 qui ne veut pas dépenser 40 centimes aujourd'hui dans beaucoup de systèmes, produire un litre de lait et au-dessus de 40 centimes.
03:19 Et c'est vrai pour le kilo de tomate, c'est absolument vrai pour le kilo de viande.
03:24 Alors il y a des mécanismes qui permettent de compenser un peu ces écarts, en particulier la politique agricole commune,
03:30 mais aujourd'hui la PAC ne soutient pas toutes les filières de toutes les façons et ne permet pas de compenser.
03:36 Donc aujourd'hui, pour la Confédération Paysanne, on ne parle plus de compensation, on arrive à obtenir à peu près des prix,
03:42 mais bien de reposer des bases d'un autre système économique. Si on veut garder des paysans en France, en Europe, et un peu partout,
03:49 et relocaliser notre alimentation, c'est vraiment les fondamentaux historiques de la politique agricole et des règles économiques qu'il faut revoir.
03:58 On entendait hier soir sur RTL certains collègues mobilisés près de Toulouse qui disaient "on veut du respect".
04:04 Ça veut dire quoi ça ? C'est du respect de la part de l'exécutif ?
04:07 Oui bien sûr, je pense que nous on pourrait dire "on veut de la reconnaissance" et c'est pas du discours,
04:13 c'est pas venir au salon de l'agriculture en disant "on aime notre agriculture", c'est pas seulement le discours,
04:19 on a été très heureux d'entendre le président Macron en 2017 en disant "c'est une folie de déléguer notre alimentation",
04:25 c'est pas des discours dont on a besoin, c'est des actes très concrets, courageux, pour modifier ce système autour de la rémunération des agriculteurs.
04:35 Du respect pour nous.
04:37 Vous avez obtenu du concret, Laurence Marandola si je ne me trompe pas, par exemple le maintien d'une partie de l'avantage fiscal que les agriculteurs ont sur le gasoil.
04:44 Ça n'est pas rien ça ? C'est pour ça qu'on râle en Allemagne en ce moment ? Vous l'avez obtenu ?
04:49 Oui, effectivement, ceci a été obtenu en particulier par le syndicat majoritaire.
04:54 Nous on a obtenu aussi du concret à la Confédération Paysanne au travers du financement des mesures agro-environnementales et climatiques
05:00 qui sont des soutiens pour des agriculteurs qui maintiennent ou mettent en place des systèmes plus adaptés aux changements climatiques et aux exigences environnementales.
05:10 Voilà, ça a été un bras de fer tout l'automne dernier quand je disais que cette colère, elle est pas récente, on obtient des choses.
05:15 Mais vous voyez que ça n'est pas suffisant pour apaiser, pour rassurer, pour donner une envie d'avenir à l'agriculture française.
05:25 C'est pour ça qu'avec les mêmes outils, si on applique les mêmes outils, la PAC, la fiscalité, le libre-échange, continuez à faire des accords de libre-échange,
05:34 on ira vers les mêmes conséquences. Toutes ces mesures sont importantes mais absolument pas suffisantes. Il faut absolument revoir le système.
05:42 Laurence Marandola, vous êtes éleveuse dans l'Ariège-Vous. Marc Faino, le ministre de l'Agriculture, il est l'invité de RTL tout à l'heure entre midi et 13h.
05:48 Et si vous étiez Olivier Bost, l'intervieweur de ce dimanche, qu'est-ce que vous lui poseriez comme première question ?
05:55 Je lui demanderais, parce que le revenu des agriculteurs, on partage tous cette préoccupation, on en a beaucoup parlé,
06:03 d'aller au-delà des propositions qu'on connaît, qui n'ont jamais produit de solution jusqu'à aujourd'hui, depuis longtemps.
06:09 On demande au gouvernement français, d'une part de faire appliquer très strictement Egalim sur les prix, mais surtout d'envoyer un signal fort
06:19 en stoppant le signal le plus fort par rapport à ces questions de concurrence, de compétitivité, ça va être les accords de libre-échange.
06:28 On demande au gouvernement aujourd'hui de prendre un engagement de stopper la mise en place de l'accord entre l'Union Européenne et le Mercosur,
06:35 les pays d'Amérique Latine, en revenant sur les accords de libre-échange, ça, ce serait un vrai signal indispensable.
06:42 On ne le propose pas comme un vent sur soi, bien au contraire, mais comme une forme de protection des agriculteurs d'ici, je le disais, français, en Europe et ailleurs.
06:52 Et la question, elle sera posée à Laurence Morandola. Merci à vous d'avoir été ce matin et vous serez à l'écoute, j'en doute pas une seconde,
06:57 comme toute la profession de RTL ce midi, le grand juré avec le ministre de l'Agriculture, entre midi et 13h.
07:03 de la France.
07:04 Merci à vous.
07:04 [SILENCE]

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