Regardez L'invité de RTL avec Stéphane Carpentier du 19 mai 2024
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00:00 6h, 9h15, RTL Matin, avec Stéphane Carpentier.
00:03 8h49, RTL face à l'actualité, c'est la Nouvelle-Calédonie, 6ème jour de tension sur place.
00:09 L'État qui tente de reprendre la maîtrise du territoire.
00:11 Et pour la première fois depuis le début de ces émeutes, c'est la maire de Nouméa qui parle sur RTL, Sonia Lagarde,
00:17 maire renaissance de Nouméa, qui est en ligne ce dimanche matin alors que la journée se termine pour vous sur place.
00:24 Bonjour.
00:24 Bonjour.
00:25 6 morts en 6 jours en Nouvelle-Calédonie, d'abord quelle a été la situation pour vous en ce dimanche sur place,
00:31 une journée plus calme, est-ce que vous le confirmez ?
00:35 Alors depuis ce matin c'est un petit peu plus calme et la nuit a été extrêmement violente.
00:41 On a eu cette nuit une médiathèque dans les quartiers nord, la médiathèque de Riversalais, du quartier de Riversalais,
00:49 qui a été incendiée, juste à côté on a un pôle de service, il a été pillé.
00:56 Et pour nous c'est extrêmement difficile, là au moment où je vous parle, de faire un quelconque chiffrage.
01:03 Mais je peux vous dire qu'on va prendre une phrase en disant que c'est du lourd, c'est plusieurs milliards CFP,
01:08 parce qu'on a déjà trois écoles de brûlée, on a nos ateliers municipaux avec tout notre matériel,
01:15 ainsi que toutes nos véhicules, une grosse partie des véhicules de la mairie, les camions etc. qui ont été incendiés,
01:22 ainsi que les ateliers municipaux, ça veut dire que si on dégage les voies publiques demain,
01:26 et c'est ce qui est en train de se faire, nous n'avons aucune possibilité de nettoyer ensuite.
01:31 On mesure justement ces dégâts avec vos propos madame le maire ce matin.
01:35 Votre ville concrètement elle ressemble à quoi ? Est-ce que vous diriez-vous que c'est une ville assiégée ?
01:39 Alors je l'ai dit et je confirme, je dirais même que c'est une ville martyr.
01:44 Les concessionnaires automobiles, il n'y en a presque plus parce que tout a brûlé,
01:48 ainsi que les véhicules, les supermarchés etc.
01:51 Donc on s'organise avec les quelques supermarchés et épiceries qui ont tenu le coup,
01:56 plutôt dans les quartiers sud, de façon à ce que les gens puissent venir se ravitailler,
02:00 parce qu'il y a aujourd'hui un autre problème qui est celui de gens qui n'ont plus rien à manger.
02:05 Voilà, donc on essaie de s'organiser pour que tout ça reste un peu ouvert quelques heures,
02:09 et que les gens viennent par un groupe de 20 pour faire leur course.
02:12 Des gens qui n'ont plus de quoi manger, c'est difficile aussi pour se soigner en ce moment, c'est ça ?
02:21 Oui, parce que les accès au Médipole étaient extrêmement difficiles,
02:25 donc de temps en temps on laissait passer les ambulances, et puis d'autres fois on ne laissait pas passer.
02:30 On a beaucoup de gens ici d'Océaniens qui ont besoin de dialyse,
02:34 et ça commence à devenir extrêmement inquiétant.
02:36 Cette nuit, c'est la question que vous allez sans doute me poser,
02:40 cette nuit, ou très tôt ce matin, dès 4h du matin,
02:44 les renforts qui sont arrivés ont tenté de débloquer la voie qui menait au Médipole,
02:49 et donc à la commune voisine de Dimbéa, pour justement libérer les accès.
02:54 Il faut déblayer le terrain parce que les barrages étaient conséquents,
02:57 et qu'aujourd'hui on est obligé de faire appel à l'armée pour nettoyer,
03:00 parce que moi je n'ai plus les moyens de nettoyer, et la commune de Dimbéa n'a pas les moyens non plus.
03:04 Voilà, je suis en train de me rouler sur les communes de l'Aglo.
03:06 - Vous évoquez justement ces renforts et ces envois de militaires, de policiers, de gendarmes,
03:11 il faut passer par là aujourd'hui ?
03:14 - Absolument, parce que, voyez c'est très simple,
03:17 quand vous regardez, Nouméa est une ville qui est extrêmement étendue,
03:21 et nous avons sur la ville de Nouméa pas moins de 4000 émeutiers aujourd'hui.
03:26 Donc vous mettez des forces de l'ordre en place avec des barrages,
03:29 sur cette voie qu'on appelle la voie de dégagement qui relie Nouméa au nord et qui passe par Dimbéa,
03:35 il n'y avait pas moins de 60 barrages.
03:38 Et donc il y a 600 gendarmes qui étaient cette nuit,
03:42 ou très tôt ce matin à essayer de déblayer et d'enlever ces barrages.
03:45 Donc je ne sais pas si on se rend compte de la conséquence de ça,
03:50 60 barrages, 600 gendarmes,
03:54 c'est une situation dramatique qui me rend d'une tristesse infinie.
04:00 - On l'entend dans vos propos, Sonia Lagarde, vous êtes la maire de Nouméa sur RTL ce matin,
04:04 vous décrivez ces zones de non-droit avec ces émeutiers très déterminés.
04:09 Qui sont-ils ? Ce sont des bandes armées aujourd'hui ?
04:12 - Alors, jusqu'à présent, on ne voyait pas d'armes à feu sur les barrages.
04:20 On commence à voir dans la ville aujourd'hui des voitures avec des hommes armés.
04:25 Ce matin il y a eu un tir sur une voiture de police
04:28 quand ils dégageaient un barrage à un rond-point proche de la SLN, de la société Lukell.
04:34 Et là, je viens d'être informé qu'il y a une ambulance qui a été prise à partie,
04:39 ils n'ont pas tiré dessus, mais en tout cas ils ont montré les armes dans la voiture,
04:42 et ils ont obligé à faire demi-tour.
04:44 Donc ça prend une tournure un petit peu différente.
04:47 Voilà, et je suis extrêmement inquiète.
04:50 - Vous dites qu'il faut reprendre le contrôle, justement,
04:53 il faut que ces gendarmes, ces policiers, ces militaires, ils agissent actuellement.
04:57 Est-ce que tout ça, déployer l'armée concrètement sur ce territoire,
05:01 ça n'est pas mettre de l'huile sur le feu ?
05:03 - Non, pas du tout, parce qu'il faut calmer le jeu.
05:05 Alors, je ne sais pas, quand vous avez 4000 émeutiers,
05:08 ce sont des gamins qui ont entre 15 et 25 ans,
05:11 et là, depuis deux jours, on voit quand même des plus âgés qui viennent en renfort avec eux.
05:16 Il y a une revendication qui est très forte,
05:18 c'est celle de l'indépendance depuis des années.
05:22 Alors, on a déjà connu des troubles dans ce pays en 84,
05:25 mais ils n'ont jamais été d'une violence telle qu'on la connaît aujourd'hui.
05:28 Avec des jeunes qui, est-ce qu'aujourd'hui ils sont maîtrisables, c'est toute la question.
05:32 Parce que, quand on a 4000 émeutiers, sans foi ni loi,
05:35 qui tiennent des barrages, et qui sont prêts à en découdre,
05:38 quoi qu'il arrive, alors bien sûr que ces forces de l'ordre sont absolument nécessaires.
05:43 Il faut ramener tout le monde à la table du dialogue.
05:46 C'est compliqué, mais les conseils d'apaisement que peuvent donner les uns et les autres, ça ne marche pas.
05:53 Donc l'intervention, force doit rester à la loi.
05:57 - Sauvez la garde.
05:58 Merci à vous d'avoir été sur RTL ce matin, maire Renaissance de Nouméa,
06:02 votre première prise de parole pour mesurer la situation
06:05 et nous décrire la situation sur place au terme de ce sixième jour de tensions et d'émeutes.
06:10 Merci.
06:11 Merci.