• il y a 10 mois
On voit monter un conflit entre les instances européennes et les agriculteurs aux prises avec l’inflation, les prix de l’énergie, les conséquences de la guerre en Ukraine, une concurrence mondiale féroce. Mais les problèmes viennent aussi de la politique agricole européenne.

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Transcription
00:00 En toute subjectivité ce matin avec le directeur de la Fondation pour l'innovation politique,
00:06 Dominique Raignet, bonjour.
00:07 Bonjour Nicolas Demorand.
00:08 Vous nous parlez ce matin de la crise dans le monde agricole.
00:12 On voit monter Nicolas un conflit entre les instances européennes et les agriculteurs
00:17 qui sont aux prises avec de grandes difficultés à cause de l'inflation, des prix de l'énergie,
00:21 du prix du gazole en particulier, des conséquences de la guerre en Ukraine, d'une concurrence
00:25 mondiale féroce.
00:26 Mais les problèmes viennent aussi de la politique agricole européenne.
00:30 En 2023, la PAC est passée en régime de transition écologique, le Green Deal.
00:35 Ce Green Deal déstabilise dangereusement l'agriculture comme l'illustre la réglementation
00:40 des produits phytosanitaires.
00:42 Citons l'exemple de néonicotinoïdes qui protègent les cultures que ravagent des invasions
00:48 de pucerons.
00:49 L'interdiction des néonicotinoïdes revient à sacrifier des pans entiers de l'arboriculture
00:55 et de l'agriculture de maraîchères européennes.
00:57 Notre agriculture est fragilisée.
01:00 En 2022, les cinq premiers pays exportateurs de produits agricoles et alimentaires sont
01:04 les Etats-Unis, les Pays-Bas, le Brésil, l'Allemagne et la Chine.
01:08 Il n'y a plus que deux pays européens parmi les cinq premiers exportateurs de produits
01:12 agricoles.
01:13 La France, qui s'inflige des interdictions de plus en plus strictes, a perdu sa cinquième
01:17 place au profit de la Chine.
01:19 Or, les Etats-Unis n'ont pas interdit les néonicotinoïdes.
01:22 Le Brésil les utilise et produit même 20% des pesticides mondiaux.
01:26 Et la Chine est leader de la production, de la consommation et de l'exportation des
01:31 néonicotinoïdes.
01:32 Leur interdiction aux produits importés en Europe ne s'imposera pas avant 2026 pour
01:37 laisser à ces pays tiers le temps de s'adapter.
01:40 On interdit donc à nos agriculteurs d'utiliser des produits, mais on va importer des biens
01:44 alimentaires cultivés grâce à ces mêmes produits.
01:47 Alors comment on sort d'une telle situation ?
01:48 Il faut un compromis, Nicolas.
01:50 L'Union européenne devrait signifier au plus vite son intention de réviser le pacte
01:54 vert en considérant davantage les revendications des agriculteurs.
01:58 La multiplication et la radicalité des normes écologiques menacent la souveraineté alimentaire
02:04 européenne et contribuent à l'exaspération des citoyens qui ne manquent déjà pas de
02:08 motifs de mécontentement envers les instances européennes.
02:11 Or, il y aura un arbitrage électoral en juin.
02:14 Les électeurs pourraient choisir plus massivement l'abstention et le vote protestataire déjà
02:19 très haut.
02:20 A-t-on noté que des manifestations paysannes avaient eu lieu récemment dans les 7 pays
02:24 les plus peuplés de l'Union européenne ?
02:26 Allemagne, France, Italie, Espagne, Pologne, Roumanie, Pays-Bas.
02:31 Parce qu'ils sont les plus peuplés, ces 7 pays sont appelés à désigner le plus
02:34 grand nombre de députés, 431 sur les 720 députés que comprend le Parlement européen.
02:40 Or, ces 7 pays ont aussi en commun de connaître déjà un vote populiste très haut.
02:45 Le Green Deal va alimenter la poussée populiste du 9 juin.
02:49 C'est un vote anti-européen.
02:51 Et à un certain niveau, c'est l'Europe qui sera menacée et cette fois par les conséquences
02:56 de ses propres décisions.
02:57 Dominique Régnier, merci.

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