Retrouvez William Leymergie entouré d’experts, du lundi au vendredi en direct dès 12h30, pour une émission dédiée aux problématiques de notre quotidien.
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00:00 *Générique*
00:02 L'intestin, il est irritable.
00:04 Ça ne veut pas dire qu'il est en colère, ou à que.
00:06 Allez, on voit de plus en plus d'articles,
00:08 je ne sais pas si vous avez vu ça aussi,
00:09 qui parlent de ce syndrome-là,
00:11 syndrome de l'intestin irritable.
00:13 Qu'est-ce que c'est au juste d'ailleurs, pour commencer,
00:16 s'il vous plaît Adelaïde ?
00:17 - Eh oui, on en entend de plus en plus parler William,
00:19 parce qu'en fait, ça concerne de plus en plus de monde.
00:22 C'est un Français sur 20,
00:24 soit 5% de la population française qui souffre de ce syndrome.
00:29 Donc vous savez, on parle parfois de colon irritable,
00:31 de colopathie fonctionnelle.
00:32 En fait, on a tout mis dans le terme de syndrome de l'intestin irritable,
00:37 parce qu'on s'est rendu compte que ça dépassait juste le colon
00:40 et qu'en fait, ça concernait, on voit des images,
00:43 vraiment tout l'intestin.
00:44 Ça va même plus haut que le colon, en fait, au niveau de la digestion.
00:48 Alors, au niveau des symptômes...
00:49 - C'est tout ça.
00:50 - Donc en fait, on pensait que c'était juste le colon,
00:52 vous savez, c'est ce qui encadre les intestins.
00:54 Et en fait, c'est aussi les intestins qui en fait,
00:56 sont en amont du colon.
00:58 Donc vraiment, ça concerne l'ensemble de l'intestin.
01:00 Les douleurs, les symptômes, en fait, il y en a trois principaux.
01:03 Essentiellement des douleurs abdominales,
01:06 mais il peut y avoir aussi un inconfort digestif,
01:09 dont je vous reparlerai juste après.
01:10 - Ce que vous appelez l'inconfort digestif,
01:12 si on était entre nous, avec nos amis là,
01:15 on dirait oui, c'est la succession de diarrhées, constipation, diarrhées.
01:19 - Ça, c'est plus les troubles du transit intestinal.
01:21 - Ah bon, c'est pas ça alors ?
01:21 - L'inconfort digestif, c'est plus, vous savez, le fait d'avoir des ballonnements.
01:24 - Ah, les ballonnements. Ah oui, d'accord, d'accord, d'accord.
01:26 Et puis les troubles du transit dont je viens de parler. OK.
01:29 - Alors, le diagnostic, il est très difficile à poser,
01:32 puisqu'on met souvent beaucoup de temps à le diagnostiquer,
01:35 environ 2-3 ans.
01:37 Et ça concerne essentiellement des personnes entre 30 et 40 ans,
01:40 parfois aussi des enfants ou des adolescents.
01:42 Et c'est deux fois plus les femmes que les hommes.
01:47 C'est un peu notre problème à nous, mais il y a aussi des hommes qui en souffrent.
01:50 - Qu'est-ce qui se passe dans les intestins, là, pour avoir de tels symptômes ?
01:55 - Alors, c'est pas une maladie qu'on connaît parfaitement.
01:59 On tâtonne pas mal, mais ce qu'on a remarqué,
02:02 c'est qu'il y a très souvent un trouble mécanique,
02:04 puisque, vous savez, nos intestins, ils sont obligés,
02:07 pour faire avancer la digestion,
02:09 ils ont un mouvement comme ça qu'on peut voir à l'écran,
02:12 qu'on appelle le péristaltisme.
02:14 Et donc, quand on souffre du syndrome de l'intestin irritable,
02:18 soit ça va trop fort, soit pas assez fort,
02:20 soit ça va trop vite, pas assez vite.
02:22 Et c'est ça qui va créer...
02:23 - Oui, mais c'est normal, ce qu'on voit là.
02:25 - Ça, c'est normal.
02:26 - Cette espèce de mouvement qui permet à la nourriture de circuler, quoi.
02:31 - Exactement.
02:32 Et donc, quand on a ce syndrome, eh bien, soit ça va aller beaucoup plus fort,
02:35 soit ça va aller pas assez fort, soit ça va trop vite, pas assez vite.
02:38 On voit un peu toutes les caractéristiques,
02:39 et c'est ce qui va faire que certains ont des constipations,
02:42 d'autres des diarrhées, qu'on peut avoir...
02:43 - Ah, d'accord. Ou alors, ça se succède.
02:46 - Oui, ou ça peut se succéder. On peut avoir vraiment tous les schémas.
02:49 Et puis, il y a aussi une hypersensibilité,
02:51 ce qui fait qu'on a tous des flatulences, etc.,
02:53 à part nous rentrer dans les détails,
02:54 mais on a tous des troubles mécaniques.
02:57 On les sent pas tous.
02:58 Là, eux, ils vont avoir une hypersensibilité,
03:00 qui font qu'ils vont vraiment s'en rendre compte.
03:02 Et comme, en plus, c'est lié avec un désordre au niveau de la flore intestinale,
03:06 ça va être un peu le serpent qui se mord la queue,
03:08 parce qu'on va être encore plus sensibles,
03:10 on va encore plus avoir de désordre.
03:11 Bref, ça va un peu...
03:13 - Oui, mais ça, ce sont les symptômes.
03:14 Vous nous avez expliqué pourquoi... Mais à quoi c'est dû ?
03:17 - Alors, en fait, ce qu'on a constaté, là encore, on t'attonne un peu,
03:19 mais ce qu'on a constaté, c'est que souvent,
03:21 c'était déclenché quand il y avait des périodes
03:23 où on était très fatigué ou très stressé.
03:25 - D'accord.
03:26 - Parfois, ça peut aussi être une gastroentérite très costaud
03:28 qui va déclencher ça.
03:30 C'est jamais une histoire d'alimentation,
03:32 même si l'alimentation, forcément, si on a une maladie, ça n'est pas...
03:36 - Elle est dans le coup, quoi qu'il arrive.
03:37 - Oui, c'est sûr, mais c'est pas ça qui va enclencher les choses.
03:40 - C'est pas une mauvaise alimentation déséquilibrée qui crée le problème.
03:43 - Exactement.
03:44 En revanche, ce qu'il y a de très surprenant avec cette maladie,
03:47 c'est qu'on voit vraiment le lien avec l'aspect psychologique.
03:50 Par exemple, les personnes anxieuses, stressées, angoissées
03:54 vont avoir beaucoup plus tendance à déclencher ce genre de syndrome
03:58 et même, plus incroyable, William, dès qu'on est dans une période de calme,
04:02 quand on se retrouve en vacances, c'est absence totale de symptômes.
04:06 Incroyable.
04:07 Donc, on voit vraiment le lien entre le cerveau et les intestins.
04:10 - C'est ça. "Tant m'en fait pour se soigner, non, pas en vacances."
04:12 - C'est ça. Après, c'est pas toujours facile.
04:14 - Non, mais ça évite de payer des spécialistes à 200 euros la consultation.
04:17 - Moi, je trouve ça plutôt sympa, quand on est en vacances.
04:19 Et l'argent, tu payes de l'hôtel. Mais là, t'es bien.
04:22 - C'est pour les intestins.
04:23 - Et comment on fait pour savoir si on a le syndrome, en question ?
04:26 Parce qu'il faut avoir toute la liste, quand même, de ce qu'on a vu, là, non ?
04:30 - Alors, en fait, pour pouvoir le diagnostiquer,
04:32 il faut qu'il y ait au moins une fois par semaine sur les 3 derniers mois
04:36 et ce, depuis plus de 6 mois, pour vraiment pouvoir parler de diagnostic posé.
04:41 Mais je rappelle juste les symptômes.
04:43 Je suis passée rapidement dessus tout à l'heure.
04:44 Donc, je vous ai parlé de douleur abdominale.
04:46 En fait, c'est vraiment situé au milieu du ventre.
04:48 C'est une douleur qui est assez spécifique, avec vraiment cette histoire de crampes.
04:54 - C'est pas vous, mais quand on vous dit ça, vous êtes là en train de faire...
04:58 Ah, j'ai ça, mais je l'ai, ça, je l'ai !
05:01 - On a ces douleurs-là. Elles sont souvent après un repas, la plupart du temps.
05:05 Elles peuvent aussi être le matin, mais jamais la nuit.
05:08 Là aussi, c'est assez spécifique.
05:10 - Jamais la nuit ? Tant mieux ! Tant mieux !
05:12 - Oui, oui, tant mieux, effectivement.
05:14 Il y a aussi cette histoire d'hypersensibilité.
05:15 - Mais pourquoi ? Parce qu'on n'a pas conscience qu'on est inquiet, anxieux ?
05:21 - On est certainement plus reposé. C'est l'aspect repos qui revient.
05:23 - On se repose. C'est vraiment lié à la psychologie.
05:26 - C'est incroyablement lié.
05:27 Ça veut pas dire que c'est une maladie psychologique, mais en l'occurrence, c'est très lié.
05:31 Il y a aussi le fait... Je vous parlais d'hypersensibilité.
05:33 Donc, il y a quelque chose qui est vraiment un handicap majeur avec cette maladie.
05:36 C'est cette histoire de ballonnement qui est vraiment récurrente,
05:40 avec parfois les petits gargouillis qui ne sont pas dus au fait d'avoir faim,
05:44 mais qui sont vraiment spécifiques à cette maladie-là,
05:47 et qui peut vraiment être handicapant et faire que les personnes s'isolent.
05:50 Donc, c'est pas anodin non plus.
05:52 - Ballonnement fréquent.
05:54 - C'est vraiment le ballonnement fréquent et qui est vraiment gênant, en fait.
05:56 Et puis, dernière chose, il y a cette histoire de constipation chronique
06:00 avec une alternance parfois de diarrhée, etc.
06:03 Donc, là aussi, très handicapant.
06:05 En général, c'est ce que je vous disais, on met 2 à 3 ans pour diagnostiquer cette maladie
06:08 et on la diagnostique une fois qu'on a éliminé toutes les autres, en fait.
06:11 C'est ça qui est un peu compliqué.
06:13 On va devoir faire beaucoup d'examens pour se dire "on n'a rien trouvé".
06:16 Donc, c'est ça. C'est irritable.
06:18 - C'est ça. "Je suis malade". "Non, non, ça va". "Bah non, ça va pas".
06:21 "Ah bah, vous y êtes". "Alors, ça va pas". C'est ça.
06:24 - Oui. Il y a un côté très...
06:26 - Et alors, c'est curieux parce que vous parliez de...
06:28 Moi, j'avais lu aussi que finalement, on croyait que c'était plutôt les 30-45 ans,
06:31 quelque chose comme ça, mais ça pouvait toucher.
06:33 Si votre anxiété, vous l'avez à 65 ans, boum, vous y avez droit.
06:36 - Oui, quand même. Oui, quand même. C'est assez large. Ça peut toucher.
06:39 - Oui, c'est pas réservé, en plus.
06:41 - Après, l'avantage, j'ai envie de dire, enfin, ce qu'il faut bien dire,
06:45 c'est que c'est pas non plus une maladie grave.
06:48 C'est pas une fatalité. - Non, elle est handicapante.
06:50 - Elle est très handicapante, mais elle est pas grave.
06:53 Elle est quand même assez chronique, en revanche.
06:55 - Oui. Est-ce que ça se soigne ?
06:57 - Alors, on peut déjà, vu les symptômes...
07:00 On sait qu'on peut soigner les symptômes avec des médicaments,
07:02 donc les antispasmodiques pour les douleurs,
07:05 les laxatifs, les antidiarrhiques.
07:07 Enfin, bref, on s'adapte aux symptômes.
07:09 Et puis, il y a aussi une prise en charge pluridisciplinaire
07:14 qu'on retrouve dans certains hôpitaux,
07:16 où il va y avoir des gastroentérologues, des psychologues,
07:19 des diététiciens qui vont travailler main dans la main
07:21 pour essayer d'aider le patient.
07:23 Et puis, surtout, il y a un régime qui s'appelle le régime FODMAPS,
07:26 qui est... Donc, c'est pas un régime pour perdre du poids, William.
07:29 C'est vraiment un régime spécifique pour ça,
07:31 où on va éliminer pendant 4 à 6 semaines la plupart des aliments,
07:34 et puis on va les réintroduire progressivement,
07:37 parce qu'il y a aussi une notion de quantité d'aliments
07:42 qu'on va pouvoir tolérer.
07:43 Donc, par exemple, un petit morceau de pain,
07:45 au cours d'une alimentation, on va le tolérer.
07:48 Mais si vous prenez une baguette, là, tout d'un coup,
07:50 vous allez pas du tout le digérer.
07:52 - Ils y vont fort.
07:53 Il y avait une diapo, là, où il y avait marqué "Tramadol".
07:56 Le tramadol, c'est costaud. Pourquoi on prend ça ?
07:59 - Alors, en fait, c'est parce que, justement, c'est un antidépresseur.
08:02 Et en l'occurrence, on s'est rendu compte,
08:04 il y a des études qui ont montré que certains antidépresseurs
08:07 pouvaient aider à soigner ce syndrome, d'où l'intérêt.
08:10 - C'est pour ça que j'ai appelé.
08:11 - C'était vraiment lié à l'aspect psychologique.
08:12 - Merci.
08:13 Regardez ça.
08:15 - Oui.
08:16 - Non, parce que c'est un nom qui me dit quelque chose, ça.
08:18 - Alors, je ne suis pas spécifique des médicaments,
08:20 mais en l'occurrence, il y a une étude qui a montré
08:22 que certains médecins soignaient avec des antidépresseurs.
08:25 - Bon, merci beaucoup.
08:27 [Musique]