Vendredi 26 janvier 2024, MARQUES & STRAT reçoit Olivier Lefebvre (Président et Partner, Fred & Farid Paris) , Sophie Gay (fondatrice agence namibie, Agence Namibie) et Maria Garrido (Chief Marketing Officer, Deezer)
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00:00 [Générique]
00:08 Bonjour à tous, bienvenue dans Mark & Strat.
00:11 Chaque semaine, je reçois des experts du secteur de la communication, de la publicité, des annonceurs.
00:19 On parle ensemble de tous les enjeux qui les concernent, leurs défis du moment, leurs perspectives stratégiques,
00:24 les changements qu'ils envisagent dans les prochains mois, les prochaines semaines.
00:28 Bref, c'est Mark & Strat et c'est l'épisode 18.
00:33 Alors, que nous réserve cet épisode ? Eh bien, l'IA et l'imagination.
00:37 Sont-elles amis ? Sont-elles ennemis ? Eh bien, quelle que soit la réponse,
00:41 Fred et Farid ont décidé de mêler les deux en créant IMAGINATION.
00:46 C'est un nouveau studio de production centré sur l'intelligence artificielle à destination des marques, des agences de marketing.
00:52 C'est un choix audacieux, mais qui en dit long sur les bouleversements
00:57 que la technologie va générer dans les métiers de la production et de la création.
01:01 On en parlera longuement avec Olivier Lefèvre, le président et directeur de la création de Fred et Farid Paris.
01:08 On s'intéressera au fabuleux pouvoir du langage.
01:11 Pour qui sait le maîtriser, le pouvoir des mots peut décupler les forces des marques.
01:16 Les spécialistes du branding en font leur quotidien.
01:19 Et Mark & Strat reçoit cette semaine l'un des spécialistes, l'agence Namibie.
01:24 Et puis nouveau logo pour une nouvelle vie. Deezer a changé d'identité de marque.
01:29 Il y a quelques semaines, son nouveau logo, c'est un cœur ondulé, violet,
01:33 qui vise à porter la nouvelle stratégie de la marque, devenir une plateforme d'expérience.
01:39 C'est aussi une façon de nous reconnecter à nos émotions.
01:43 C'est Mark & Strat, c'est parti !
01:50 - Président à la Une, aujourd'hui, Olivier Lefèvre, président et directeur de la création de Fred et Farid Paris.
01:55 Bonjour Olivier. Vous avez annoncé le lancement d'A.I.magination.
02:00 C'est le premier studio global de production via l'intelligence artificielle.
02:05 Imaginé par Fred et Farid pour les marques, les directions marketing, les agences.
02:10 Olivier, pourquoi cette création d'un studio basé sur l'A.I. était nécessaire aujourd'hui selon vous ?
02:17 - Elle est nécessaire parce que c'est un nouvel outil qui s'offre à nous.
02:22 Et qu'aujourd'hui, il me semble que personne dans le monde de la communication n'a vraiment pris la mesure
02:29 de la révolution qui était en train de s'opérer dans notre industrie.
02:33 Sur la création, je parle bien de la création de contenu publicitaire, la production de contenu publicitaire aussi.
02:41 Et donc, on pense que les créatifs de publicité et les créateurs de contenu doivent travailler ensemble
02:52 pour développer du contenu en intelligence artificielle.
02:56 Et aujourd'hui, il n'y a aucune boîte de production qui nous permette de le faire.
03:00 - Olivier, j'ai quand même le sentiment que l'ensemble du secteur est engagé dans une espèce de course à l'échalote.
03:05 C'est un peu à celui qui sortira le premier de ses nouveaux outils sur l'IA.
03:09 Qu'est-ce qu'il en est exactement ? Est-ce que c'est entre guillemets juste du marketing ou c'est bien plus profond que ça ?
03:15 - Non, c'est bien plus profond que ça. Je pense que pour moi, on pense vraiment que c'est une vraie révolution.
03:22 Aujourd'hui, on a des intelligences artificielles comme DALI, comme BARD, comme Midjourney
03:30 qui nous permettent de développer du contenu statique et vidéo.
03:36 Ça arrive de plus en plus, de plus en plus révolutionnaire,
03:40 qui nous permettent d'imaginer des choses qu'on n'était pas capables de faire avant en termes de production.
03:48 Et donc, tout simplement, il faut se lancer là-dedans.
03:51 J'entends effectivement beaucoup d'agences de communication qui nous disent qu'elles développent leur propre intelligence artificielle.
03:58 Nous, on pense qu'en termes de production, il y a déjà des super intelligences artificielles qui existent
04:03 et qui peuvent nous permettre de développer des super contenus.
04:06 Le vrai sujet pour moi, il n'est pas tant dans l'intelligence artificielle que plutôt dans l'humain
04:11 qui va finalement faire la curation et va diriger cette intelligence artificielle.
04:18 - C'est intéressant ce que vous me dites. Vous me dites que c'est l'humain qui va diriger l'intelligence artificielle.
04:23 Et je discutais l'autre jour avec un directeur de création qui me disait, en fait, parfois c'est un peu l'inverse.
04:28 C'est-à-dire que le créatif oublie sa propre idée pour se calquer sur les résultats que l'IA lui a fournis.
04:33 Et finalement, c'est un peu l'inverse qui s'opère.
04:36 Vous, vous êtes sûr que non, ça reste dans le sens premier.
04:39 C'est toujours l'humain qui influence l'IA et pas l'inverse ?
04:43 - En fait, je pense que pour comprendre ce débat,
04:48 il faut que les gens commencent à utiliser pour de vrai l'intelligence artificielle et se mettre dedans.
04:55 En fait, quand on utilise l'intelligence artificielle, on se rend vite compte que,
05:00 oui, on a besoin de l'intelligence artificielle pour générer des images,
05:03 mais que l'intelligence artificielle a besoin de l'humain pour être dirigée,
05:07 pour finalement qu'on peaufine notre recherche et que l'intelligence artificielle nous donne ce qu'on veut.
05:14 Et donc, oui, clairement, en fait, nous, on pense que ça ouvre des perspectives.
05:19 Ça nous permet d'imaginer l'impossible en termes de création.
05:23 Et ensuite, en termes de production, il faut de très bons artistes IA
05:28 pour produire ce que nous, on a en tête en termes visuels et en termes vidéos.
05:34 Donc, pour moi, le débat, il n'est pas de, finalement, je me fais diriger par l'intelligence artificielle.
05:40 Si on a de très bons artistes IA pour produire les images, ce n'est pas le cas.
05:47 Je mesure évidemment la multiplication du champ des possibles, comme vous venez de le décrire.
05:52 Évidemment, j'imagine qu'il y a un gain de temps, mais est-ce qu'il y a d'autres apports que vous voyez aujourd'hui ?
05:58 Moi, je pense qu'évidemment, il y a un gain de temps et d'argent,
06:05 mais je pense que ce serait mentir aux annonceurs, aux agences de pub, aux groupes de communication qui nous contactent,
06:14 de leur dire qu'il n'y a que ça et surtout qu'ils peuvent s'imaginer qu'on va gagner 10 fois plus de temps et 10 fois plus d'argent.
06:22 Il va forcément avoir des coûts liés au fait qu'en termes de production, on a toujours des humains qui travaillent derrière.
06:30 Ça va prendre un tout petit peu de temps. Oui, on va gagner du temps, c'est une évidence, mais ça va prendre du temps
06:36 parce que comme dans une production normale, il va y avoir des PPM, des Pre-Production Meetings,
06:42 où on va se mettre d'accord sur le lieu qu'on veut, sur les castings qu'on veut, le type de casting, le type de stylisme,
06:48 le type de personnage pour ensuite produire les images le plus proche possible de ce qu'on a décidé.
06:56 Vous avez maintenant ce studio, ça veut dire que vous n'allez plus faire appel à des studios de production classique ?
07:02 Non, évidemment que non. En fait, l'idée derrière tout ça, c'est d'avoir une nouvelle corde à son arc.
07:09 Je veux dire, quand la photographie, l'appareil photo est arrivé, ça n'a pas tué la peinture.
07:15 Il y a encore des gens qui font de la peinture, il y a des gens qui font de la photo et demain,
07:19 il y aura des gens qui font de l'intelligence artificielle et des contenus en intelligence artificielle.
07:23 C'est aussi simple que ça. En fait, il faut vraiment se dire ça.
07:27 Quand la télé est arrivée, ça n'a pas tué la radio. Quand le digital est arrivé, ça n'a pas tué la presse.
07:33 C'est un nouvel outil qu'on met à disposition des créatifs, qu'on met à disposition des groupes de communication,
07:39 à disposition des annonceurs pour développer du contenu. Mais non, ça ne va pas tuer.
07:44 C'est vraiment une nouvelle corde à notre arc.
07:46 Comment ça fonctionne exactement, ce studio de production ?
07:50 C'est assez simple. Ça fonctionne comme si vous étiez avec un studio de production classique.
07:56 C'est-à-dire qu'on prend un brief, on développe ensuite une note d'intention, comment on voit les choses.
08:03 On valide tout ça avec une PPM, où on va valider tous les éléments qu'on aura dans l'image.
08:10 Et puis ensuite, on produit petit à petit et on fait valider les images qu'on produit avec l'intelligence artificielle.
08:20 Quel regard portent les annonceurs sur cette nouvelle façon de produire des contenus ?
08:25 Quelles sont les réflexions qu'ils vous font aujourd'hui quand ils viennent vous voir ?
08:28 Je pense étonnamment que les annonceurs sont beaucoup plus au fait et beaucoup plus intéressés
08:34 par ce qu'on peut développer en intelligence artificielle en termes de contenu que certains groupes de communication
08:42 ou en tout cas certains créatifs qui sont assez réticents aux changements.
08:49 Les annonceurs voient bien le champ des possibles avec l'utilisation de l'IA pour développer du contenu.
08:56 Donc en fait, l'accueil est plutôt très positif, très intéressé.
09:01 Moi, ça me fait un peu penser à ce qu'on a vécu il y a 15-20 ans avec l'arrivée du digital,
09:06 l'arrivée des réseaux sociaux, où les annonceurs ont bien compris qu'il y avait un intérêt derrière tout ça.
09:12 Et aujourd'hui, c'est la même chose pour l'IA.
09:16 Il faut vraiment comprendre que c'est une révolution et qu'il faut comprendre cette révolution,
09:22 il faut la maîtriser et en faire quelque chose.
09:26 Et donc c'est vraiment l'idée derrière tout ça. Nous, on est là aussi pour évangéliser un peu les clients
09:33 et les groupes de communication qui nous appellent et qui font appel à nous depuis qu'on a lancé ce studio.
09:39 Pour un créatif, aujourd'hui, l'IA, c'est un outil ou c'est un collaborateur finalement ?
09:45 C'est un outil. C'est un outil.
09:47 C'est un outil au quotidien, comme peuvent l'être des outils comme Photoshop,
09:56 comme Illustrator pour un directeur artistique.
10:00 C'est un outil où ça nous permet de mieux crafter, ça nous permet de faire de la curation,
10:08 mais ça reste un outil vraiment, je le répète, l'intelligence artificielle a vraiment besoin de nous
10:13 pour arriver à une certaine perfection de l'image.
10:17 Ces images en intelligence artificielle, il faudra les signer, il faudra dire
10:23 "Ceci est fait par une intelligence artificielle", un peu comme on a pu connaître,
10:27 "Cette photo a été retouchée".
10:29 Tout à fait. Je pense que dans un premier temps, peut-être, mais très vite,
10:35 je pense que ce sera plus utile de le dire en fait.
10:40 Ça se reconnaît tout de suite ?
10:42 Non, l'idée justement, c'est que, je ne sais pas si vous êtes allé sur le site Imagination,
10:48 c'est assez bluffant ce qu'on peut faire en intelligence artificielle.
10:54 C'est des vraies personnes, il y a une vraie réalité.
11:03 Par contre, on peut faire des choses comme ce que vous voyez là,
11:06 qui défilent devant nous, complètement extraordinaires, qui sortent finalement de l'ordinaire,
11:13 qu'on aurait pu difficilement faire en production.
11:16 Il y a une superbe série, il y a des centaines de séries de photos sur notre site,
11:22 mais il y a une superbe série de photos, notamment de personnes qui surfent sur la Seine
11:28 au début du siècle avec la Tour Eiffel en fond.
11:31 Honnêtement, on a l'impression que ce sont des vraies photos de vraies personnes
11:34 au début du siècle qui surfent sur la Seine.
11:37 Il y a une superbe série de photos aussi de personnes âgées en Italie
11:43 sur le rebord de leur fenêtre qui nous regardent.
11:45 Elle est magnifique et elle est criante de vérité.
11:48 Donc, je pense que non, ça ne se voit pas, et c'est assez bluffant les résultats qu'on peut avoir.
11:54 Et on peut avoir beaucoup de sincérité, d'émotion et d'humour dans des séries de photos.
12:03 Vraiment, l'IA, c'est la partie technique et toute l'émotion qui est derrière, c'est l'humain qui va la porter.
12:09 Je vous sens assez enthousiaste. En fait, c'est un nouveau terrain de jeu pour vous ?
12:15 Clairement, c'est un terrain de jeu.
12:18 Ça ouvre des perspectives incroyables aux créatifs d'agence.
12:23 Et en termes de production, on va pouvoir demander en production de produire des choses assez extraordinaires.
12:29 Là où il y a encore quelques années ou quelques mois, on nous disait,
12:33 mais ça, ça coûte des centaines de milliers d'euros à produire si on veut bien le faire.
12:39 Aujourd'hui, ce qu'il faut bien comprendre, c'est qu'il nous faut des super artistes IA
12:44 pour arriver à avoir des choses très bien faites qui sortent de ces intelligences artificielles.
12:54 Et nous, c'est ce qu'on met aujourd'hui à disposition, c'est ce qu'on met en place.
12:58 C'est des artistes IA qui ont des centaines d'heures, voire des milliers d'heures derrière eux,
13:05 et qui ont su et qui savent dompter l'IA et arriver à des choses assez exceptionnelles.
13:12 C'est quoi un artiste IA ? C'est un nouveau métier dans votre environnement ?
13:18 Quelque part, oui, c'est un nouveau métier.
13:20 Vous savez ce qui est marrant, c'est que quand l'appareil photo est arrivé,
13:24 à l'époque, les gens disaient que les photographes, ce n'est pas des artistes.
13:29 Aujourd'hui, c'est une évidence. Un photographe, c'est un artiste.
13:32 Demain, aujourd'hui, on nous dit, mais attends, un mec qui sert de l'intelligence artificielle,
13:36 ce n'est pas un artiste.
13:37 Moi, je vous dis que demain, un artiste IA sera un vrai artiste, tout simplement.
13:41 Et c'est déjà le cas. On a déjà fait deux expositions dans le groupe Fred et Farid,
13:45 une à Shanghai et une à Paris, qui s'appelait aussi I-Imagination,
13:48 où on a mis en scène des travaux d'artistes IA et les retours du public ont été vraiment extraordinaires.
13:59 Donc oui, c'est un nouveau métier. On va avoir des artistes IA,
14:03 comme un réalisateur est un artiste, comme un photographe est un artiste,
14:06 comme un peintre ou un illustrateur sont des artistes.
14:08 Merci beaucoup Olivier Lefebvre. Je rappelle que vous êtes président et directeur de la création de Fred et Farid.
14:13 Merci d'avoir été avec nous.
14:14 En agence aujourd'hui avec Sophie Gay. Bonjour.
14:21 Bonjour Aurélie.
14:22 Vous êtes la fondatrice de l'agence Namibiste, une agence de conseils indépendantes en branding.
14:27 Sophie, quel est votre métier exactement ?
14:30 C'est vrai que c'est difficile de le raconter.
14:32 Si je le raconte à un enfant de 10 ans, je lui dis qu'en fait, on crée des marques, des belles histoires de marques.
14:37 Alors pourquoi c'est important pour une marque de porter attention, une attention particulière au nom qu'elle va choisir, au langage ensuite qu'elle va utiliser ?
14:45 Je fais souvent le parallèle avec la création de la vie et quand on a un enfant.
14:49 Ça vous est arrivé de devoir nommer votre enfant.
14:52 En fait, c'est fondateur au niveau de l'identité.
14:54 Donc ça, c'est au niveau corporate, je vais dire.
14:57 Mais une marque, c'est comme un individu et en fait, son prénom ou son nom, là en l'occurrence,
15:01 va déterminer l'entreprise et va être un asset, un levier, le début de la belle histoire qu'elle va raconter à ses communautés.
15:08 Donc il ne s'agit pas de se tromper en fait ?
15:10 Alors il ne faut vraiment pas se tromper.
15:12 Ça veut dire aussi qu'il y a des marques qui se renomment.
15:14 Donc ça fait aussi partie, comme un individu en réalité, on va pouvoir avoir un deuxième nom ou un nom de femme mariée, comme on dit parfois.
15:22 Mais donc oui, il ne faut pas se tromper.
15:24 Il y a plein de facteurs à aller prendre en considération, bien évidemment, pour être sûr qu'on fait mouche.
15:29 Un nom de marque, un slogan, une signature de marque, ça tient en quelques mots, voire en un seul, pour ce qui est de la marque.
15:37 Comment on peut dire beaucoup de choses en si peu de place finalement ?
15:42 C'est le défi.
15:43 C'est le défi et si on observe en plus les tendances actuelles, elles vont sur de la concision.
15:48 Donc il y a quelques temps, on essayait de s'exprimer en trois syllabes.
15:52 Et de plus en plus, la marque se raccourcit un peu comme peau de chagrin.
15:56 Et aujourd'hui, on a même des briefs où on doit être onomatopéique.
16:00 Une syllabe.
16:01 Non, sérieusement ?
16:02 Sérieusement, mais bon, voilà.
16:04 C'est des "swipes", "swatches".
16:06 Comment ?
16:07 C'est "challenging" quand même.
16:08 C'est très "challenging" parce qu'il faut dire quasiment une plateforme de marque, plein de choses condensées, un peu comme dans un parfum très fort.
16:18 On va essayer de tout faire rentrer en trois, quatre, cinq, six lettres, peut-être, parfois.
16:23 Et comment vous travaillez sur des briefs comme ça ?
16:25 On fait intervenir des gens de différents horizons culturels.
16:28 On fait intervenir des gens qui sont des concepteurs-rédacteurs, des planeurs stratégiques, des némeurs, des sémiologues.
16:34 Et ces gens-là, de plein d'horizons culturels et linguistiques.
16:37 Donc ça peut être quelqu'un qui parle le mandarin, quelqu'un qui est italien, quelqu'un qui est américain.
16:42 Et on va croiser des personnalités, des sensibilités, des langues pour arriver à ces précipités de sens.
16:50 Alors souvent, c'est quand même un travail qui n'est pas hyper lisible pour le grand public.
16:54 J'ai regardé un peu dans le détail ce que vous avez fait.
16:56 Donc j'ai pris un exemple.
16:57 Vous avez travaillé pour Luncher, que vous avez rebrandé Swile.
17:01 Alors Swile, c'est en fait, mais moi je ne le savais pas, le M de Smile qui devient le W de Work.
17:07 Ça, si on est profane comme moi qui découvre cette marque, je ne le sais pas.
17:12 Est-ce qu'il faut systématiquement l'expliquer ?
17:15 Ou est-ce qu'un bon naming, finalement, ça fonctionne sans le storytelling qui va derrière ?
17:20 En fait, ça dépend.
17:21 C'est-à-dire que le nom doit pouvoir être autoportant parce que quand on travaille chez Swile,
17:24 on doit pouvoir dire "je suis", "je travaille chez Swile" et donc sans raconter l'entièreté du pourquoi du nom.
17:31 Mais nous, quand on crée le nom, on pense à tout ce qui va pouvoir être narré derrière.
17:36 Et là, en l'occurrence, c'était véritablement cette notion de "Let's Smile at Work"
17:41 puisqu'on est dans cette grande famille du future of work.
17:44 On se dit qu'on veut renouveler l'expérience collaborateur et fidéliser et augmenter le quotidien des salariés.
17:51 L'idée, c'est de pouvoir tirer des fils ensuite pour porter un peu tout le récit de marque, à la fois en interne et en externe ?
17:58 Absolument. Une marque, ça se désémantise.
18:00 C'est-à-dire qu'au bout d'un moment, c'est comme un prénom.
18:02 On ne sait plus ce que ça veut dire. La marque se désémantise.
18:04 Mais on va pouvoir actionner en fonction du moment, en fonction du canal, en fonction des publics aussi,
18:11 des éléments de sens pour pouvoir conquérir, être attractif, recruter, tout dépend.
18:18 Quelles sont les clés d'un bon naming ?
18:20 Contrairement à ce que vous disiez, c'est-à-dire que des fois on se dit "Oh là là, mais pourquoi est-ce qu'ils ont créé ce nom-là ?"
18:27 C'est véritablement le pire résultat qu'on puisse avoir.
18:30 Le naming, c'est celui qui va vous amener une émotion.
18:33 Une émotion qui est en général créée par un élément de sens.
18:37 C'est-à-dire que par exemple, "Smile", on va pouvoir se dire "Ah, il y a quelque chose qui se passe".
18:42 Et on va pouvoir peut-être entendre le "Smile".
18:45 C'est ça, et ça, ça permet la mémorisation.
18:48 Par exemple, quand on crée "Fresh Cancan", qui était l'ancien nom de "I Lunch",
18:55 "Fresh Cancan", normalement, ça vous attrape parce que vous avez en tête le "French Cancan" et ça crée quelque chose.
19:02 Il y a une petite tendance à l'anglicisme aussi, non ?
19:05 Oui, totalement. L'anglicisme, c'est plus court.
19:08 L'anglais, c'est plus court, donc c'est vrai que pour nous, c'est quand même un terrain de jeu assez agréable.
19:13 Néanmoins, le français n'a pas dit son dernier mot.
19:16 Et c'est vrai que là où il y a quelques années, c'était très gréco-latin, personne ne comprenait rien.
19:21 Il y avait une forme d'entrisme, d'entre-soi dans les marques.
19:25 Aujourd'hui, via le français en France, mais via l'anglais ou d'autres langues, on a envie de parler aux gens.
19:32 Et c'est vrai que ce sont ces deux langues qu'on actionne, mais il y a aussi plein d'autres racines et de très très beaux noms qui ne sont pas en anglais, qui ne sont pas en français.
19:41 Quel est le pouvoir des mots dans votre métier, si on peut résumer ?
19:47 Les mots ou les noms, les marques, engagent. C'est-à-dire qu'on engage une conversation.
19:53 Quand on dit par exemple "Havens", "Swale", "Fresh Cancan", ça permet de commencer à créer un débat, ça permet de commencer à créer une relation commerciale.
20:03 Parce qu'il ne faut pas se le cacher nous aussi, on travaille pour des marques qui ont des objectifs.
20:07 Donc c'est ça. Et ça permet de cristalliser aussi une vision du monde, des valeurs, quand on passe de Pôle emploi à France Travail par exemple.
20:15 Ça nous dit quelque chose de notre époque.
20:18 Le naming dont vous êtes la plus fière ?
20:21 Swale.
20:23 Pourquoi ? Qu'est-ce qui l'a de particulier ?
20:25 C'était au départ une start-up, comme une autre, parmi d'autres plus exactement.
20:31 Et c'est vrai qu'ils sont passés d'un nom qui était totalement phagocytant sur le lunch, qui n'était pas prononçable, qui n'emmenait pas, à ce nom-là qui a été décliné.
20:42 On parle de "Swiler" aujourd'hui. La marque est devenue une licorne, notre président a tweeté.
20:48 Et donc voilà, de Sky's the Limit, ils sont maintenant à l'international.
20:52 Donc c'est vraiment une belle réussite.
20:53 Merci beaucoup Sophie Gay. Je rappelle que vous êtes la fondatrice de l'agence Namibie.
20:57 Merci Aurélie.
20:58 Et dans Marquez-moi, cette semaine je reçois Maria Garido. Bonjour.
21:06 Bonjour.
21:07 Vous êtes Chief Marketing Officer de Deezer.
21:09 Et alors il y a un peu plus de deux mois maintenant, Deezer s'est offert un petit lifting.
21:13 Nouvelle identité de marque, nouveau logo.
21:16 Alors fini les bandes multicolores de légaliseurs sonores, aujourd'hui on a un petit cœur violet.
21:21 Alors on va se pencher sur ce cœur dans un instant, mais d'abord moi je voudrais savoir, qu'est-ce qui a motivé ce changement ? Quelle est l'origine Maria ?
21:28 Il y a un an et demi, nos équipes tech étaient en train d'envisager l'avenir de Deezer.
21:33 Et qu'est-ce qu'on allait devenir dans trois, cinq ans ?
21:36 Et ils envisageaient en fait un produit qui allait au-delà d'être une plateforme de streaming musical, mais plutôt vers une plateforme d'expérience et de service autour de la musique.
21:47 Donc pour nous, le marketing c'était une bonne occasion de s'assurer que notre positionnement réfléchissait cette vision qu'avait l'équipe tech de Deezer,
21:55 et aussi de re-checker si on était aux attentes de nos clients en même temps.
21:58 Et donc vous avez changé ce petit cœur. Qu'est-ce qui véhicule ce petit cœur comme idée ?
22:04 Le petit cœur, ça fait partie du repositionnement, mais ce n'est pas tous les éléments.
22:09 C'est un élément important parce que l'identité visuelle fait passer ce message qu'il a quelque chose de nouveau, de frais chez Deezer.
22:16 Mais le petit cœur, ça fait partie d'un écosystème aussi, ce n'est pas juste le petit cœur.
22:21 Il a plein d'autres images qui vont avec cette nouvelle identité visuelle.
22:25 Mais le petit cœur est en fait une façon de réfléchir l'émotion, bien évidemment par le cœur.
22:31 Le battement, c'est la vie. Notre nouveau tagline, c'est « Live the music », il faut vivre la musique avec Deezer.
22:37 Et troisième, ce n'est pas un cœur statique, c'est un cœur qui est dynamique, qui bouge avec le rythme de la musique.
22:43 Qu'est-ce qu'il y a d'autre alors dans cet écosystème ? Parce que vous me dites que ce n'est pas le seul élément aujourd'hui.
22:48 Non, il y a des illustrations qui vont avec. Il y a beaucoup de différentes ondes.
22:54 Il y a une nouvelle typographie aussi qui va avec, qui est inspirée des ondes que vous voyez dans le petit cœur.
22:59 Et on a tout un système de pantone qui va avec, même si le violet est la couleur principale.
23:05 Comment ça a été perçu ce changement par vos utilisateurs ?
23:08 Bien évidemment, on n'a pas fait sans tester. C'est important d'assurer qu'on véhicule d'abord cette vision qu'il y a dans notre équipe Tech.
23:15 Et deuxième, qu'on est vraiment en ligne avec les attentes et les goûts de nos utilisateurs et nos clients.
23:21 Donc ça s'est très bien passé, on a testé plusieurs différentes identités visuelles.
23:26 Et celle-là, c'était la plus préférée, plus que notre logo ancien et plus que la moitié de nos utilisateurs.
23:32 Ainsi que des utilisateurs de la concurrence ont préféré ce système avec le petit cœur violet.
23:36 Mais il y a toujours un petit moment où on est déstabilisé. J'avoue que moi j'utilise l'appli.
23:41 Et que du coup, je la cherchais partout, je ne la retrouvais plus parce que je ne cherchais pas le bon logo.
23:45 Les gens l'ont adopté finalement assez vite ?
23:48 Assez vite, oui. Il y a toujours un risque d'aliénation. C'est toujours quand on fait un changement aussi dramatique comme ça.
23:54 Il y a toujours un petit risque et on avait mesuré ce risque.
23:58 On a même, pour la petite blague, une pétition qui a été lancée sur change.org pour revenir en lancer un logo.
24:04 Pour vous dire, aujourd'hui, il n'y a que 190 personnes qui ont signé.
24:07 Donc parmi nos 10 millions d'utilisateurs, ce n'est pas beaucoup.
24:10 Mais oui, sur l'application même, on a changé.
24:13 Bien évidemment, on va beaucoup moins loin dans l'application que dans la publicité.
24:18 Parce qu'il faut faire attention à ne pas perturber la navigation de nos utilisateurs.
24:23 Et en même temps, on a profité, on a une nouvelle page Homepage qui est vraiment personnalisée à l'utilisateur.
24:29 Ainsi qu'une page Explore qui vous permet de vivre ces expériences qu'on veut apporter à nos utilisateurs.
24:36 Oui, l'idée aussi, c'est que c'est ça. Vous avez changé et vous le dites très bien.
24:41 Vous êtes partie de la tech et des envies de la tech à la base.
24:44 On n'est plus seulement sur du streaming musical et de l'écoute.
24:48 Il y a d'autres fonctionnalités. Et c'est quoi les ambitions de Deezer ?
24:52 Comment allez-vous définir ce qu'on disait toujours plateforme d'écoute ?
24:56 Aujourd'hui, ce n'est plus tellement ça, c'est autre chose.
24:58 En fait, on passe d'un DSP, un Digital Streaming Platform, à un ESP, un Experiences Services Platform.
25:04 Donc ça veut dire expérience, service, tout autour de la musique.
25:08 Que ce soit bien évidemment le streaming musical, mais on a aussi le calendrier des concerts sur l'application.
25:14 On a maintenant une billetterie de concerts.
25:16 On a des nouveaux features comme Shaker, qui est un new feature qu'on a lancé en novembre de l'année dernière.
25:21 Qui permet aux gens de partager leur playlist avec leurs amis, qu'ils soient des utilisateurs Deezer ou pas, en dehors de l'application.
25:29 La partie partage en dehors de l'application.
25:32 On a aussi des événements. On a lancé Purple Door, qui est une série d'événements qui permet aux artistes et aux fans de se connecter mieux en dehors de l'application.
25:41 Donc tout ce qui est virtuel, digital, réel et entre les deux.
25:45 Ces nouvelles expériences, elles sont déjà adoptées par les utilisateurs ? Vous avez déjà des résultats mesurés ?
25:55 Shaker a été lancé en novembre. Ça se passe très très bien.
25:58 Bien évidemment le feature le plus important chez nous c'est Flow, qui est le feature qui permet aux gens de mettre, selon leur humeur de la journée,
26:05 un playlist qui mélange avec un éditeur ainsi que l'intelligence artificielle, un mélange de chansons, de tracks,
26:12 qui sont dans la liste de vos chansons préférées ainsi que des recommandations de notre équipe.
26:16 Donc pour l'instant ça se passe très bien parce que cet alignement entre la vision qu'avait notre équipe Tech et les attentes de nos clients,
26:23 qui aujourd'hui sont vraiment de mieux se connecter, que ce soit avec d'autres fans, avec leurs amis, avec les artistes,
26:30 ou aussi de s'exprimer à travers de la musique et les expériences autour de la musique.
26:35 Merci beaucoup Maria Garrido. Je rappelle que vous êtes Chief Marketing Officer de Deezer.
26:39 Merci d'avoir été avec nous. C'est la fin de cette émission.
26:42 Évidemment on se retrouve la semaine prochaine. D'ici là vous pouvez revoir ce programme en replay sur le site internet de BeSmart, besmart.fr
26:50 et évidemment nous retrouver en podcast sur l'ensemble de vos plateformes d'écoute dont Deezer notamment.
26:56 Merci beaucoup à tous et à la semaine prochaine.
26:59 [Musique]