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Les invités de Nelly Daynac débattent de l'actualité dans #180minutesInfo du lundi au vendredi

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00:00:00 Bonjour à tous, on est ravis de vous accueillir pour une nouvelle édition de 180 minutes info.
00:00:05 Cet après-midi, il sera évidemment beaucoup question de la colère des agriculteurs avec cette montée en puissance,
00:00:09 ce mouvement qui se propage de jour en jour et les réponses très attendues du gouvernement.
00:00:14 Les premières réponses d'urgence, a priori, divulguées dès demain.
00:00:18 Voilà ce dont nous allons parler juste après l'éphéméride du jour. A tout de suite.
00:00:21 Votre programme avec Médicis, spécialiste de la retraite des indépendants et entrepreneurs.
00:00:28 Chers amis, bonjour. Ce n'est pas un personnage que nous fêtons aujourd'hui, mais un événement.
00:00:40 La conversion de Saint Paul. Je vous rappelle que Saint Paul, dans la première partie de sa vie, est l'un des pires persécuteurs de chrétiens.
00:00:48 Nous sommes peu après la mort et la résurrection du Christ.
00:00:51 A l'époque, il s'appelle encore Saül. Rien ne laisse imaginer qu'il va signer la plus grande épopée missionnaire de l'histoire.
00:00:58 Un jour, il est à cheval sur le chemin de Damas où il s'apprête à emprisonner des chrétiens.
00:01:04 Tout d'un coup, il est aveuglé par une lumière éclatante.
00:01:08 Il tombe de sa monture et il entend une voix lui dire "Je suis Jésus, celui que tu persécutes".
00:01:15 Sa conversion est immédiate. Paul va mettre autant de zèle à propager la foi dans l'Empire romain qu'il en avait mis à pourchasser les disciples du Christ.
00:01:25 Il va connaître un nombre infini d'épreuves jusqu'à son martyr à Rome vers l'an 67.
00:01:31 14 des lettres qu'il a écrites font partie intégrante du Nouveau Testament. Elles sont lues chaque dimanche à la messe.
00:01:38 Et voici pour finir une prière inspirée de la collecte du jour. "Seigneur, accorde-nous d'aller vers toi en cherchant à ressembler à l'apôtre Paul."
00:01:49 C'est tout pour aujourd'hui. A demain, chers amis. Ciao.
00:01:54 C'était votre programme avec Médicis, spécialiste de la retraite des indépendants et entrepreneurs.
00:02:04 Nous en voici avec le journal, bien sûr, pour commencer, de Vincent Farandesh. Bonjour, Vincent.
00:02:08 À la lune de l'actualité, vous allez le voir en images dans un instant, la mobilisation des agriculteurs.
00:02:11 Nous serons tout au long de l'après-midi sur le terrain avec nos envoyés spéciaux.
00:02:16 Sur la 16, aux portes de Paris avec Audrey Habertot, que vous voyez sur votre écran.
00:02:19 Région lyonnaise avec Olivier Madinier. Un petit peu plus tard également en Bretagne ou encore à Agen.
00:02:25 Mais on commence, chers Nelly, là où le mouvement a débuté, ce mouvement de colère a débuté il y a une semaine désormais au niveau de carbone en Haute-Garonne.
00:02:33 Stéphanie Roquet, bonjour. Vous êtes sur place.
00:02:35 Jeudi dernier, les agriculteurs s'installaient sur l'A64. Ils sont toujours là et le mouvement s'est même largement étendu depuis.
00:02:42 Leur état d'esprit, lui, reste le même.
00:02:44 Oui, cela fait exactement une semaine que ces agriculteurs bloquent cette autoroute A64.
00:02:50 Et vous le voyez, ils sont toujours extrêmement motivés et mobilisés.
00:02:54 Ils sont extrêmement bien installés, comme vous pouvez le constater, mais sans annonce du gouvernement.
00:02:59 Ils m'ont expliqué que, hors de question pour eux de lever le camp, c'est une affaire de survie.
00:03:04 Ils m'ont également expliqué, ajouté, que s'il y a des annonces qui tombent et qu'ils ne les jugent pas à la hauteur, ils sont prêts à rester ici encore des semaines.
00:03:14 Alors, il faut savoir que le temps pour eux est quand même extrêmement long ici, car en parallèle, ils doivent gérer leur bête, leur terre.
00:03:21 Vous savez bien que les fermes ne s'arrêtent absolument jamais.
00:03:24 Et en parallèle, ils viennent ici pour maintenir une présence, comme vous pouvez le constater, une présence.
00:03:29 24 heures sur 24, ils dorment eux-mêmes ici.
00:03:32 Alors, ils m'ont expliqué que, oui, c'est un sacrifice à faire, mais un sacrifice absolument nécessaire.
00:03:38 Stéphanie Rouquier, en direct de la Haute-Garonne, sur l'A64.
00:03:42 En région lonaise, les agriculteurs, eux, ont rejoint le mouvement hier après-midi.
00:03:46 Limonneste, Olivier Madinier, bonjour.
00:03:48 Vous êtes sur l'A6. Ce mouvement se durcit et se prolonge même autour de vous.
00:03:54 Oui, absolument. Il était prévu que cet axe stratégique qui mène à l'agglomération lyonnaise au nord de Lyon, sur l'A6, devait prendre fin aujourd'hui à midi.
00:04:06 Mais il en a été décidé autrement, sous la pression de la base.
00:04:11 Les dirigeants de la FDSEA et des jeunes agriculteurs me disaient qu'ils avaient finalement choisi de prolonger ce mouvement au moins jusqu'à demain vendredi soir.
00:04:22 Et ce mouvement qui fait tache d'huile dans les départements voisins.
00:04:27 L'autoroute entre Lyon et Genève est bloquée depuis tout à l'heure à la sortie de Lyon.
00:04:32 Et on observe aussi des blocages en Savoie et Haute-Savoie depuis la fin de la matinée.
00:04:36 Merci beaucoup, Olivier Madinier, pour ces premières précisions.
00:04:39 Et puis, vous le savez, des propositions concrètes de mesures de simplification devraient être annoncées demain par Gabriel Attal.
00:04:46 Le Premier ministre recevait ce matin les ministres de l'Agriculture, de l'Économie et de la Transition écologique pour trouver des réponses à cette colère,
00:04:53 notamment en ce qui concerne la rémunération des agriculteurs, mais pas que.
00:04:57 Audrey Abertho, vous êtes avec Florian Paume sur l'A16 au niveau de Beauvais.
00:05:01 Les exploitants autour de vous, qu'attendent-ils de ces mesures, de ces annonces prévues de Gabriel Attal ?
00:05:08 Eh bien, Vincent, ils attendent des mesures claires, des mesures précises.
00:05:14 Demain, vous l'avez dit, Gabriel Attal doit donc les exposer, ces mesures.
00:05:19 Je suis avec Christophe Besat, agriculteur dans l'Oise.
00:05:23 Qu'est-ce que vous attendez alors concrètement demain de ces annonces ?
00:05:26 Tout d'abord, bonjour. Ce qu'on attend, c'est des choses précises.
00:05:30 Des choses précises, par exemple, sur les normes, où quand vous devez semer, après votre moisson,
00:05:34 vous devez semer un couvert, donc une culture.
00:05:37 On vous dit que vous devez le semer avant le 1er septembre.
00:05:39 Le 1er septembre, il pleut, vous ne pouvez pas semer.
00:05:41 Alors, vous n'allez pas y aller le lendemain, le 2, puisque le 2, vous faites un dossier administratif
00:05:44 pour expliquer que vous n'avez pas pu semer le 1er.
00:05:46 Le 3, il pleut et le 4, vous avez l'amende.
00:05:49 Voilà notre situation sur les normes.
00:05:51 Et ensuite, on est sur la situation sur les prix.
00:05:54 Les prix, il y a une loi Egalim.
00:05:56 La loi Egalim, c'était une partie de nos charges qui augmentent, comme tout Français.
00:06:01 L'électricité, on nous annonce encore 10% d'augmentation.
00:06:04 Ma machine latérale, mes vaches, ça marche à l'électricité.
00:06:07 Donc l'augmentation de 10%, je l'aurai.
00:06:09 La proposition du prix du lait, c'est -15%.
00:06:12 Comment on fait ? Il y a une loi Egalim qui a été votée.
00:06:16 Elle n'est pas appliquée.
00:06:18 C'est au gouvernement de faire appliquer cette loi qu'ils ont votée, qui y mettent les moyens.
00:06:24 Nous, aujourd'hui, on ne peut plus tenir sur nos exploitations.
00:06:26 Nos députés européens prennent une décision d'ouvrir les frontières pour acheter des produits à l'étranger.
00:06:30 J'ai l'impression qu'ils ont décidé de sacrifier les agriculteurs européens
00:06:34 en détruisant notre agriculture française, européenne,
00:06:38 pour pouvoir faire rentrer tous les produits de l'étranger.
00:06:41 Demain, nous, moi, vous, tous les citoyens, on va manger des produits étrangers,
00:06:47 avec aucune norme, et on peut se poser des questions sur la sécurité alimentaire.
00:06:52 On entend, on comprend cette colère.
00:06:55 Et donc, pour ce troisième jour, ici, sur l'autoroute A16, la mobilisation va continuer.
00:07:00 Cet après-midi, ils vont, comme hier, prendre la route direction Paris,
00:07:05 avancer d'une vingtaine de kilomètres pour faire pression sur le gouvernement.
00:07:10 Merci, Audrey, et merci à Florian Paume qui nous accompagne.
00:07:13 Vincent, bien sûr, on refait un point sur ces mobilisations tout à l'heure en votre compagnie.
00:07:17 On passe à la chronique d'Éric Derry de Matten, qui porte aussi sur quelques annonces attendues
00:07:23 et ces mesures sur lesquelles le gouvernement pourrait lâcher du lest.
00:07:26 A commencer, donc, cher Éric, par le fameux GNR, ce gazole non routier,
00:07:41 que beaucoup de Français ont découvert, d'ailleurs, à cette occasion.
00:07:44 Un geste de l'État en la matière suffirait-il à tout débloquer ?
00:07:47 Non, sûrement pas. Alors, c'est toujours important, un geste, ça représente 3 centimes, il faut bien le dire.
00:07:52 Précisément, 2,8 centimes par litre. Donc, l'État a décidé de supprimer cette aide intégralement.
00:07:58 Donc, si ça se fait, vous voyez, on aura 2,8 centimes par litre chaque année pendant 7 ans.
00:08:04 Vous vous rendez compte ? Donc, entre 2024 et 2030.
00:08:06 Donc, actuellement, on est à 1,28€ le gazole. Vous voyez, c'est quand même nettement moins cher que le gazole routier
00:08:11 et que les particuliers utilisent. A terme, il sera au même tarif et c'est cela que les agriculteurs ne veulent pas.
00:08:17 Alors, d'ailleurs, il est teinté de rouge, ce gazole, parce que ce serait facile d'aller en prendre et de le mettre dans la voiture.
00:08:22 Donc, là, on ne peut pas faire de fraude, théoriquement. Ce gazole, il n'est pas trop cher, mais c'est vrai qu'à terme,
00:08:29 il est appelé à monter et donc, quand ça monte, ça veut dire que les coûts agricoles seront de plus en plus élevés.
00:08:33 La vraie question, c'est l'État peut-il lâcher du lest ?
00:08:35 Alors, c'est très compliqué parce que, si vous voulez regarder ce qui s'est passé avec la taxe carbone en 2018,
00:08:40 elle avait déclenché le mouvement des gilets jaunes. On sait ce que ça a donné.
00:08:44 Ça a coûté une fortune en 2018 avec un peu le début du "quoi qu'il en coûte".
00:08:48 Mais seulement, maintenant, l'État ne veut plus lâcher sur la fiscalité.
00:08:51 Cette détaxe dont je parle, c'est 1,3 milliards d'euros, donc, finalement, de rentrée fiscale en moins.
00:08:57 Si vous prenez aussi la hausse de la taxe sur l'électricité, on parle de 6 milliards.
00:09:02 Et là, est-ce que Bruno Le Maire peut dire "c'est la fin du quoi qu'il en coûte",
00:09:06 est-ce qu'il peut serrer les vis et ouvrir la caisse aux cadeaux fiscaux ?
00:09:08 Très franchement, je ne crois pas et quand bien même il le ferait,
00:09:11 pas sûr que ça aille à l'étal de l'incendie, parce que vraiment, le malaise est profond aujourd'hui chez les agriculteurs.
00:09:16 Merci beaucoup, c'était la chronique d'Éric.
00:09:18 C'était votre programme avec DomExpo.
00:09:21 4 villages en Ile-de-France, 50 maisons à visiter pour découvrir la vôtre.
00:09:25 Plus d'infos sur domexpo.fr
00:09:27 Dans un instant, le décryptage de toutes ces mesures à venir avec Sandrine Lefeur,
00:09:31 aujourd'hui agricultrice, députée Renaissance du Finistère, qui sera avec nous.
00:09:34 Vous nous direz, évidemment, parce que vous êtes directement concernée,
00:09:37 ce que vous vous en attendez et en fonction de vos besoins, de votre exploitation aussi.
00:09:42 Et puis Pierre Lelouch, ancien ministre, sera avec nous tout de suite.
00:09:44 Le débat, 180 minutes info, on accueille sur ce plateau Sandrine Lefeur aujourd'hui.
00:09:51 Bonjour, vous êtes agricultrice, vous êtes aussi députée Renaissance du Finistère.
00:09:56 Vous allez nous parler dans un instant, évidemment, des problèmes qui sont les vôtres.
00:09:58 Pierre Lelouch est là également.
00:10:00 Bonjour, Nathalie.
00:10:01 Je rappelle que vous êtes ancien ministre et ancien parlementaire.
00:10:04 Vous connaissez bien aussi toutes ces problématiques.
00:10:07 On va évidemment aborder à nouveau cette colère des agriculteurs qui est en train de se propager.
00:10:11 On sent quand même une montée en puissance, alors que vous le savez,
00:10:14 plusieurs cortèges sont en train de converger lentement, mais sûrement vers Paris.
00:10:19 Des agriculteurs dont on a compris qu'ils voulaient des aides financières d'urgence, mais pas que.
00:10:24 À terme, il faudrait voir aussi la réduction de ces normes qui, bien sûr, les étouffent.
00:10:28 Gabriel Attal, en ce sens, a donc réuni plusieurs ministres aujourd'hui.
00:10:31 A priori, il y aura un certain nombre d'annonces dès demain à l'occasion d'un déplacement pour le Premier ministre.
00:10:36 Grosse pression, alors que les renseignements préviennent,
00:10:39 et c'est ça qu'on va aborder peut-être en premier lieu dans ce débat,
00:10:42 une possible aggravation des choses pourrait arriver si les mesures traînent,
00:10:48 si on ne prend pas justement la mesure du problème assez vite,
00:10:51 avec des risques de troubles à l'ordre public.
00:10:54 Je vous propose de regarder justement ce qui s'est passé du côté d'Agen, hier,
00:10:59 avec cette grosse colère qui s'est exercée devant la préfecture, le tout résumé par Célia Gruyère.
00:11:04 Pneus, foins, terre sans tasse devant les grilles de la préfecture d'Agen, en feu.
00:11:11 Un tracteur manœuvre,
00:11:13 et vient projeter du lisier sur toute la devanture.
00:11:18 Ces agriculteurs ne décolèrent pas.
00:11:20 On a été reçu par le directeur de camionnerie du ministre de l'Agriculture,
00:11:24 on pensait avoir quelques lignes, quelques pistes,
00:11:27 et on sort de la préfecture sans rien.
00:11:30 On repart bredouille.
00:11:32 On voulait juste annoncer quelques bonnes pistes à nos agriculteurs,
00:11:36 pour les soulager, pour les tempérer,
00:11:38 et maintenant on repart comme on est arrivé.
00:11:40 C'est insupportable.
00:11:41 Certains craignent la fin de l'agriculture française
00:11:44 si le gouvernement n'apporte pas très vite des réponses.
00:11:47 En France, s'il n'y a pas des larmes et du sang,
00:11:49 eh bien il n'y a rien abouti.
00:11:52 Donc nous on a tout essayé aujourd'hui
00:11:54 pour que ça se passe à peu près tranquillement,
00:11:57 ce qui est le cas.
00:11:58 Demain, je ne garantis rien.
00:12:00 C'est certainement notre dernier combat.
00:12:02 Si on perd celui-là,
00:12:04 l'agriculture française qui est déjà à moitié morte et mourante,
00:12:07 elle sera complètement morte.
00:12:09 Hier, plus tôt dans la journée,
00:12:11 des manifestants ont lancé un ballon de paille et du foin
00:12:13 partout sur les tables et le sol d'un fast-food d'Agen.
00:12:16 Le gouvernement a dit avoir entendu l'appel des agriculteurs.
00:12:20 L'exécutif devrait faire des annonces dans les jours à venir.
00:12:23 - Saurie Lefeur,
00:12:25 quoique tenant des propos alarmistes,
00:12:27 est-ce qu'il a raison ce dernier agriculteur
00:12:29 qu'on a entendu dans le reportage ?
00:12:31 C'est un peu le va-tout du monde de l'agriculture ?
00:12:34 - Je crois que parmi toutes les revendications,
00:12:37 la principale et la priorité numéro un à traiter,
00:12:40 c'est le revenu des agriculteurs.
00:12:42 Ils ne demandent pas des aides, des subventions.
00:12:44 Ils demandent de pouvoir vivre de leur travail.
00:12:46 C'est ça le plus important.
00:12:48 - Il y a eu des annonces de la loi EGalim 1 et EGalim 2
00:12:51 pour rectifier le tir de EGalim 1.
00:12:53 Elles ne sont pas appliquées,
00:12:55 alors que les agriculteurs sont plutôt contents de ces lois
00:12:58 et reconnaissent qu'elles peuvent être bénéfiques
00:13:01 si elles étaient mises en application.
00:13:03 - Ce que vous demandez, concrètement,
00:13:05 c'est que les contrôles, qui sont parfois pas suffisants,
00:13:08 on ne va pas se mentir, pour peut-être voir
00:13:11 en quoi la grande distribution ne joue pas le jeu
00:13:13 et tire des marges trop importantes,
00:13:15 qu'il soit renforcé. A priori, c'est dans la balance, ça, aujourd'hui.
00:13:18 - J'espère que c'est dans la balance.
00:13:20 Je fais confiance à Gabriel Attal
00:13:22 pour qu'il prenne en compte cette situation.
00:13:24 Je souhaitais, à l'époque de la loi EGalim,
00:13:26 que... Je me doutais que ça allait être très compliqué,
00:13:29 ces négociations commerciales,
00:13:31 bien qu'on a renforcé le pouvoir des agriculteurs,
00:13:33 mais je souhaitais vraiment que l'État puisse intervenir
00:13:36 ou qu'il y ait un arbitre au sein de ces négociations commerciales.
00:13:39 Aujourd'hui, ce n'est pas le cas.
00:13:41 Le médiateur peut être saisi, mais ce n'est pas suffisant.
00:13:44 Il faut faire en sorte que l'Observatoire de la formation
00:13:46 et des prix et des marges ait un rôle d'arbitre
00:13:48 dans ces négociations commerciales
00:13:50 pour dire un stop à la grande distribution
00:13:52 lorsqu'elle ne respecte pas cette loi.
00:13:55 - Pierre, pour revenir sur l'urgence,
00:13:58 ces mêmes services disent que si les syndicats n'agissent pas,
00:14:01 ils risquent d'être débordés aussi,
00:14:03 si cette attente est trop longue.
00:14:05 Est-ce que les syndicats tiennent encore la base des agriculteurs,
00:14:08 c'est ça, la vraie question ?
00:14:10 - Ce n'est pas le sentiment que j'ai.
00:14:12 Je suis allé à Loise, assez localement,
00:14:14 à mon arriège,
00:14:16 et puis ça a surfé sur un ras-le-bol qui est général.
00:14:20 Même si, je redis cela,
00:14:22 il y a de très grandes disparités à l'intérieur du monde agricole.
00:14:25 Il y a des gens qui gagnent très bien leur vie.
00:14:28 Dans certaines régions de vilticulture,
00:14:30 je peux vous assurer que ça va très bien pour eux.
00:14:32 Les grandes exploitations de Loise,
00:14:34 vous avez quand même des revenus autour de 150-200 000 euros par an.
00:14:38 Vous avez en bas des gens qui sont éleveurs de hauts vins
00:14:42 dans le sud de la France,
00:14:44 qui effectivement ont du mal à se payer
00:14:48 par rapport au travail énorme.
00:14:50 - C'est pour ça que le salaire médium est assez bas quand même.
00:14:52 - Il y a beaucoup de disparités,
00:14:54 même à l'intérieur des différentes filières,
00:14:56 entre ceux qui vendent du vin,
00:14:58 comme moi j'appelais à l'époque,
00:15:00 quand j'étais au commerce extérieur, des Ferraris,
00:15:02 et puis ceux qui vendent du vin bas de gamme
00:15:04 dans le sud de la France,
00:15:06 les Chiliens, les Italiens, les Espagnols,
00:15:08 et qui ont énormément de mal à vivre de leur production.
00:15:10 Donc il y a un travail à mon avis,
00:15:12 d'abord de regarder l'ensemble de ce marché,
00:15:14 de regarder là où l'Europe fait des bêtises,
00:15:18 parce que vous avez quand même,
00:15:20 on revient sur la grande distribution,
00:15:22 quand je vais moi dans un grand magasin,
00:15:24 quel que soit l'enseigne,
00:15:26 et je regarde les fruits et légumes,
00:15:28 je vois Espagne, Espagne, Espagne, Espagne,
00:15:30 et pourquoi Espagne ?
00:15:32 Parce que tout le sud de l'Espagne est sous plastique,
00:15:34 sous plastique,
00:15:36 parce que les fruits sont élevés,
00:15:38 ils ne voient jamais le soleil, ni la pluie, ni rien du tout,
00:15:40 ils sont élevés à la chimie,
00:15:42 par des groupes industriels hollandais
00:15:44 qui vendent la chimie,
00:15:46 avec des travailleurs marocains,
00:15:48 et la France est inondée,
00:15:50 parce que la théorie des grandes distributions,
00:15:52 c'est les prix les plus bas possibles,
00:15:54 mais les gens ils mangent du produit chimique,
00:15:56 et à terme c'est la société qui paye,
00:15:58 parce que les gens naturellement ils tombent malades.
00:16:00 Donc ce qu'il faut c'est aider des gens,
00:16:02 et c'est ce qu'on veut faire,
00:16:04 qui est une petite exploitation bio,
00:16:06 qui essaye de vivre de son métier,
00:16:08 aujourd'hui elle a maintenant son métier de député en plus,
00:16:10 mais la plupart des gens qui sont dans le bio
00:16:12 essayent de faire des produits de qualité,
00:16:14 c'est pas eux qui sont soutenus.
00:16:16 - Alors ça c'est le feu.
00:16:18 - Un dernier mot, parce que le système d'exploitation
00:16:20 de la filière agricole,
00:16:22 c'est tenu par les grandes coopératives
00:16:24 dont personne ne parle,
00:16:26 et c'est là qu'est le pouvoir financier,
00:16:28 la grande industrie agroalimentaire,
00:16:30 et la grande distribution.
00:16:32 C'est ceux-là qui en fait gagnent le gâteau.
00:16:34 - On va parler effectivement, peut-être un instant,
00:16:36 de votre exploitation,
00:16:38 vous avez plusieurs activités au sein de votre exploitation,
00:16:40 et vous nous disiez que,
00:16:42 dans les dernières années,
00:16:44 parce qu'on parle beaucoup de la solidarité des français,
00:16:46 mais les choses ont évolué pour vous,
00:16:48 ce que vous vendiez en circuit court,
00:16:50 vous ne pouvez plus vous le permettre post-covid, racontez-nous ça.
00:16:52 - Oui, moi je ne suis pas là pour parler de mon exploitation en tant que telle,
00:16:54 - Non mais ça donne quand même une illustration très, très globalement.
00:16:56 - Parce que je ne suis pas la seule dans cette situation,
00:16:58 mais c'est vrai qu'on a vu des agriculteurs
00:17:00 qui ont répondu à la demande des consommateurs,
00:17:02 d'aller vers le circuit court,
00:17:04 au plus proche des gens,
00:17:06 pendant la crise sanitaire,
00:17:08 on a eu une affluence pour plusieurs magasins de producteurs,
00:17:10 de consommateurs qui sont venus de manière très forte chez nous,
00:17:12 et puis post-covid,
00:17:14 on est assez nombreux à avoir vu cette perte-là de nos consommateurs,
00:17:16 et d'avoir été obligés de fermer nos magasins en circuit court.
00:17:18 Ça c'est une réalité.
00:17:20 Alors pour quelle raison ?
00:17:22 - Pour la sécurité des agriculteurs,
00:17:24 parce que c'est une réalité,
00:17:26 - Parce qu'il y a eu l'inflation aussi.
00:17:28 - C'est compliqué, il y a eu l'inflation, mais c'est pas tout.
00:17:30 - Mais vous dites que vous n'êtes pas plus chère qu'avant ?
00:17:32 - Vous ?
00:17:34 Moi personnellement, en circuit court,
00:17:36 je n'avais pas augmenté mes prix de légumes.
00:17:38 - D'accord.
00:17:40 - Mais je crois qu'au-delà de ça,
00:17:42 il faut essayer de comprendre pourquoi le consommateur...
00:17:44 Et je crois que pendant le covid,
00:17:46 c'est vrai qu'il y avait...
00:17:48 Il faut voir d'un niveau plus sociétal aussi.
00:17:50 Les femmes étaient aussi beaucoup plus à la maison,
00:17:52 elles devaient beaucoup plus cuisiner, etc.
00:17:54 Sorti du confinement,
00:17:56 il y a eu cette libération,
00:17:58 les gens ont voulu retourner beaucoup aussi aux restaurants,
00:18:00 avant la crise inflationniste,
00:18:02 et la guerre en Ukraine.
00:18:04 Et donc on a vraiment senti
00:18:06 ce désamour
00:18:08 de la cuisine fait maison
00:18:10 qui avait prévalu forcément pendant la crise sanitaire.
00:18:12 Ça c'est pas moi
00:18:14 qui fait ce constat,
00:18:16 mais c'est un des constats qu'on peut observer.
00:18:18 - Le point clé, j'insiste là-dessus,
00:18:20 parce que les agriculteurs sont victimes
00:18:22 du système dans lequel ils sont.
00:18:24 D'abord des coopératives financières,
00:18:26 c'est eux qui commandent les prix,
00:18:28 de l'agro-industrie qui reprend des marges dessus,
00:18:30 et enfin de la grande distribution.
00:18:32 Et donc si on n'est pas capable de remettre de l'ordre,
00:18:34 si on est le gouvernement et qu'on laisse continuer les choses,
00:18:36 ce sont les plus faibles qui payent à l'arrivée,
00:18:38 c'est-à-dire les petits producteurs.
00:18:42 En sachant que leur syndicat,
00:18:44 moi je regarde quand même la SNSEA,
00:18:46 c'est Huburoi, le président de la SNSEA,
00:18:48 c'est un industriel,
00:18:50 qui dirige un groupe industriel huilier,
00:18:54 qui a une énorme exploitation,
00:18:56 c'est le contraire de ceux qui souffrent en bas.
00:18:58 Donc c'est quand même assez paradoxal.
00:19:00 C'est là que je dis que les agriculteurs sont malheureusement victimes
00:19:02 de leur propre système syndical aussi.
00:19:04 - Parmi les mesures que vous évoquiez,
00:19:06 on a bien compris que pour vous,
00:19:08 Egalim, c'était quelque chose de très important.
00:19:10 Il y a aussi un autre aspect qu'on entendait
00:19:12 dans un reportage tout à l'heure,
00:19:14 ces fameuses normes sur les calendriers,
00:19:16 cet agriculteur qui disait
00:19:18 "Si je ne peux pas arroser tel jour,
00:19:20 ou semer tel jour,
00:19:22 le lendemain je dois faire ma paperasse
00:19:24 et après le délai est passé."
00:19:26 On en est là, on en est au jourprès ?
00:19:28 - Bien sûr, il faut un peu de pragmatisme.
00:19:30 Les agriculteurs ont compris qu'il fallait s'adapter
00:19:32 au réchauffement climatique,
00:19:34 qu'il fallait opérer une transition agricole.
00:19:36 De toute façon, ils n'ont pas le choix,
00:19:38 puisqu'ils subissent les sécheresses, les inondations,
00:19:40 le gel, les grêles, etc.
00:19:42 Ils n'ont pas le choix que de s'adapter.
00:19:44 Ça, ils l'ont bien compris.
00:19:46 On travaille avec du vivant, qu'on soit sur des animaux.
00:19:48 C'est vrai que moi, j'ai des vaches,
00:19:50 parfois mettre une boucle sur un taureau
00:19:52 assez âgé,
00:19:54 ce n'est pas forcément toujours facile.
00:19:56 Il a des cornes, etc.
00:19:58 Quand il nous manque une boucle sur une bête,
00:20:00 on peut être soumis à beaucoup d'amendes.
00:20:02 Donc voilà, il faut un peu de pragmatisme.
00:20:04 On travaille avec du vivant.
00:20:06 Je ne suis pas contre les normes environnementales.
00:20:08 Les agriculteurs ne sont pas contre les normes environnementales,
00:20:10 mais avec toute cette paperasse administrative
00:20:12 qu'on est obligé de faire
00:20:14 après des journées arrasantes de travail,
00:20:16 ça, ce n'est pas possible, ce n'est pas tenable.
00:20:18 J'aimerais quand même vous faire réagir à ce petit fiasco
00:20:20 à l'Assemblée. Non, mais on n'a vraiment que 4 minutes, Pierre.
00:20:22 Je suis désolée, il faut que je cadre un petit peu
00:20:24 le débat aussi. C'est l'augmentation...
00:20:26 Je suis sûre que vous aurez quelque chose à dire là-dessus.
00:20:28 L'augmentation des frais de mandat de députés
00:20:30 par le bureau exécutif
00:20:32 de l'Assemblée nationale. Il y a eu un rétro-pédalage
00:20:34 de plusieurs députés, parce qu'ils ont compris
00:20:36 l'indécence, compte tenu
00:20:38 du contexte. En tout cas, c'est assez mal perçu.
00:20:40 Vous allez le voir sur le terrain.
00:20:42 Écoutons à nouveau ce céréalier producteur de lait
00:20:44 qui était avec nous tout à l'heure.
00:20:46 Par contre, le réveil,
00:20:48 une très grosse surprise par rapport à l'information.
00:20:50 Nos députés,
00:20:52 ils sont capables de prendre des décisions,
00:20:54 mais pour eux, quoi.
00:20:56 300 d'augmentation d'indemnités
00:20:58 mensuelles, parce que la vie a augmenté.
00:21:00 En comparaison de la baisse
00:21:02 du prix de mon lait de -15%,
00:21:04 d'augmentation d'électricité de 10%,
00:21:06 ils sont capables de prendre des décisions
00:21:08 rapidement,
00:21:10 mais pour eux.
00:21:12 Aujourd'hui, ce ne sont plus des politiques,
00:21:14 ce sont des gens qui s'emplisent leur poche
00:21:16 et qui sont en train d'enfoncer
00:21:18 les producteurs, puisque là,
00:21:20 on n'a aucune écoute, aucun retour.
00:21:22 Je crois que Paris, on va y aller,
00:21:24 mais encore plus déterminé
00:21:26 que ce qu'on avait imaginé.
00:21:28 - Pierre, c'était important de réagir
00:21:30 à ça, quand même, non ?
00:21:32 - C'est un loupé de profondion
00:21:34 historique.
00:21:36 On ressemble à Mme Oudéa Castera
00:21:38 quand elle explique que ses enfants...
00:21:40 Pourquoi ses enfants ? Stanislas ?
00:21:42 Vous avez vu le truc derrière ?
00:21:44 C'est pareil. On choisit une période
00:21:46 où le chômage augmente,
00:21:48 où l'endettement augmente,
00:21:50 où il y a en plus une crise majeure sur le plan
00:21:52 de l'agriculture, pour que
00:21:54 je ne sais pas qui, le bureau de l'Assemblée,
00:21:56 dans un coin, décide
00:21:58 de s'auto-attribuer une prime.
00:22:00 Ce n'est pas terrible sur le plan
00:22:02 sur le plan tactique.
00:22:04 D'autant plus que,
00:22:06 parmi les problèmes des agriculteurs,
00:22:08 on vient le déduire avec les paperas,
00:22:10 c'est ça que je voulais dire. Les paperas, c'est franco-français.
00:22:12 On ne peut pas dire que c'est Bruxelles.
00:22:14 Le plus drôle, c'est qu'on n'a plus
00:22:16 de ministre. Le ministre de l'Agriculture
00:22:18 est à Bruxelles, aujourd'hui. Donc on a
00:22:20 une administration agricole. C'est elle
00:22:22 qui punit les agriculteurs, alors qu'elle n'a pas de pouvoir.
00:22:24 C'est ça, le rigolo, si vous voulez.
00:22:26 Et effectivement, le boulot des députés
00:22:28 et du gouvernement, c'est d'arrêter ça.
00:22:30 Théoriquement, l'administration est au service
00:22:32 du politique et pas l'inverse.
00:22:34 Est-ce qu'on met un peu trop de choses sur le dos de Bruxelles,
00:22:36 alors que déjà, on pourrait régler
00:22:38 un certain nombre de problèmes chez nous, parce qu'on se met
00:22:40 parfois une balle dans le pied tout seul ?
00:22:42 Oui, je pense que même au niveau
00:22:44 national, il y a des rectificatifs
00:22:46 à faire en termes
00:22:48 administratifs. Ça, c'est clair.
00:22:50 Les autres pays, sur les mêmes
00:22:52 normes, sur la PAC, etc., on leur demande
00:22:54 peut-être pas autant de paperas.
00:22:56 Et c'est vrai que je pense qu'à l'heure de l'intelligence
00:22:58 artificielle, je pense que déjà, si on avait
00:23:00 des dossiers à peu près pré-remplis,
00:23:02 ça aiderait déjà beaucoup. Mais vous savez,
00:23:04 même moi, en tant qu'agricultrice, je fais ma PAC.
00:23:06 Et tous les ans, je tremble
00:23:08 à l'idée de faire une erreur.
00:23:10 Mais il faut se rendre compte de tout ce
00:23:12 qu'on a à remplir. Il faut détailler
00:23:14 la taille de Noé, est-ce que
00:23:16 tel arbre est bien...
00:23:18 Parce qu'il faut que ça rentre dans
00:23:20 des surfaces d'intérêt écologique. Donc c'est très
00:23:22 bien, c'est une bonne chose, c'est pour avoir des aides
00:23:24 supplémentaires. Mais on tremble
00:23:26 chaque année à l'idée de se faire contrôler.
00:23:28 Mais c'est tellement de normes
00:23:30 et de détails à avoir
00:23:32 que ça en devient très compliqué.
00:23:34 - Vous ne pouvez pas bléder l'erreur de bonne foi,
00:23:36 un peu comme quand on remplit son arbre ? - Si, alors, on peut le faire
00:23:38 depuis qu'on l'a votée
00:23:40 au droit à l'erreur, comme pour
00:23:42 tous les Français face à l'impôt.
00:23:44 On peut le faire. Mais il n'empêche
00:23:46 qu'on a quand même... Quand les contrôleurs
00:23:48 viennent sur l'exploitation, c'est pas agréable.
00:23:50 C'est beaucoup de stress. Et
00:23:52 il faut modifier ça. - En quelques secondes,
00:23:54 c'est vrai qu'on touche du doigt, là. Vous avez mis le doigt
00:23:56 sur le vrai problème. - Ah oui, parce que...
00:23:58 Encore une fois, c'est un peu comme la Banque de France,
00:24:00 si vous voulez. En réalité, tout ça,
00:24:02 le vrai pouvoir est parti à Bruxelles.
00:24:04 On l'a voté, ça.
00:24:06 C'est la PAC. Ce qui n'a pas été
00:24:08 délocalisé, c'est l'application.
00:24:10 Quand l'argent arrive, j'ai dit l'autre jour,
00:24:12 c'est très important de garder ces chiffres,
00:24:14 nous, on apporte... Nous, France, on apporte
00:24:16 22 milliards à l'Europe. C'est notre contribution
00:24:18 obligatoire. On retire 11 milliards.
00:24:20 Essentiellement dépensés
00:24:22 en direction de l'agriculture.
00:24:24 C'est pour ça que nous sommes les premiers bénéficiaires
00:24:26 de la PAC. Mais que ces 11 milliards
00:24:28 soient correctement dépensés. Et pas
00:24:30 rangés dans des tiroirs administratifs
00:24:32 très difficiles qui compliquent
00:24:34 la vie des gens. Si rien que ça s'était
00:24:36 amélioré, déjà, vous auriez supprimé
00:24:38 la moitié des problèmes. - Alors, on va attendre...
00:24:40 - Sans renoncer à des objectifs sur l'environnement,
00:24:42 le glyphosate et le reste,
00:24:44 qui sont d'autres aspects du problème.
00:24:46 - On va attendre
00:24:48 évidemment les réponses de Gabriel Attal
00:24:50 dès demain. On va marquer une courte pause
00:24:52 et puis on retrouve Vincent pour le journal. Il sera évidemment
00:24:54 beaucoup de questions de cette mobilisation sur le terrain.
00:24:56 Et puis, on vous retrouve
00:24:58 pour commenter tout cela.
00:25:00 - De retour avec l'Info et vous,
00:25:06 Vincent Fahandej, CNews, allez-voir
00:25:08 pleinement mobilisés sur le terrain aujourd'hui
00:25:10 pour couvrir à nouveau ce mouvement de colère
00:25:12 des agriculteurs, pas près de retomber,
00:25:14 on l'a compris. - Et dans un instant, nous serons à
00:25:16 Seclin, dans le Nord, à Rennes,
00:25:18 en Élie-Vilaine, également pour
00:25:20 la manifestation des agriculteurs et des pêcheurs
00:25:22 devant la préfecture, donc
00:25:24 à Rennes. Mais on débute ce
00:25:26 journal à Agin. On vous retrouve
00:25:28 Antoine et Stève. Agin, où s'exprime
00:25:30 la colère, particulièrement depuis ces
00:25:32 dernières heures. Hier, les exploitants ont
00:25:34 brûlé des pneus devant les grilles de la préfecture.
00:25:36 Actuellement, vous vous trouvez sur
00:25:38 un point de blocage de la 62. Quelle est la
00:25:40 situation actuellement ?
00:25:42 - Écoutez, c'est ici que les
00:25:46 agriculteurs se sont réunis avec la
00:25:48 coordination rurale 47. Vous voyez derrière moi,
00:25:50 ils sont en train de se consulter pour savoir
00:25:52 quelles sont les actions maintenant à venir.
00:25:54 Après cette action hier soir, vous l'avez dit,
00:25:56 devant la préfecture du
00:25:58 Lot-et-Garonne, et ce matin devant
00:26:00 de nombreux supermarchés de la région,
00:26:02 devant lesquels ils ont aussi
00:26:04 déversé des palettes de déchets agricoles,
00:26:06 aujourd'hui, les agriculteurs veulent continuer
00:26:08 à maintenir la pression sur le gouvernement. C'est en tout cas ce qu'ils
00:26:10 affirment quand on leur pose la question.
00:26:12 Ils veulent continuer justement à faire part
00:26:14 de leur mécontentement à travers
00:26:16 d'autres actions. Ils sont en train de voter pour savoir où ils vont
00:26:18 aller cet après-midi. Ce sera peut-être du côté
00:26:20 du centre-ville d'Agen, comme hier soir.
00:26:22 On attend évidemment leurs réponses
00:26:24 d'ici quelques minutes. Vous voyez, ils sont toujours en train
00:26:26 de se consulter là-bas derrière moi.
00:26:28 - Et on va suivre évidemment cette situation à Agen.
00:26:30 Merci à vous, cher Antoine et
00:26:32 Steph. De leur côté, les agriculteurs bretons
00:26:34 se sont rassemblés à Rennes en fin de
00:26:36 matinée. Mickaël Chaillot, vous êtes sur
00:26:38 place avec Thibault Marcheaux. Bonjour,
00:26:40 Mickaël. Il n'y avait pas seulement les agriculteurs,
00:26:42 les pêcheurs aussi se sont joués en mouvement
00:26:44 ce matin.
00:26:46 - Exactement. Une centaine
00:26:48 de pêcheurs qui sont là
00:26:50 depuis ce matin. Des patrons, mais aussi des
00:26:52 matelots qui viennent de la côte atlantique
00:26:54 parce que, vous le savez, ils sont
00:26:56 à quai pour un mois. Décision
00:26:58 du Conseil d'État.
00:27:00 Pendant un mois, les bateaux
00:27:02 ne sortent pas dans le Gol de Gascogne
00:27:04 pour préserver la population
00:27:06 de dauphins. Je suis avec l'un d'entre eux, David Lequintrec,
00:27:08 qui est patron pêcheur à Lorient.
00:27:10 Pourquoi être là aujourd'hui avec les agriculteurs de la
00:27:12 Coordination rurale ? - On est là
00:27:14 déjà pour être là
00:27:16 en solidarité
00:27:18 envers eux, vu qu'on a à peu près les mêmes
00:27:20 problématiques que les agriculteurs.
00:27:22 Du coup, on ne pouvait pas faire autrement
00:27:24 que de ne pas venir de toute façon.
00:27:26 Vu que là, on est quand même pas mal de marins qui sont stoppés
00:27:28 pendant un mois. On a le temps
00:27:30 de préparer aussi
00:27:32 par derrière des actions.
00:27:34 - Quel est le point commun
00:27:36 avec les agriculteurs ?
00:27:38 - Déjà, le premier point commun, c'est la souveraineté alimentaire.
00:27:40 On n'a pas envie
00:27:42 qu'on perde notre souveraineté alimentaire.
00:27:44 C'est pour ça qu'on est là.
00:27:46 - Vous voulez faire face
00:27:48 aux importations de poissons qui viennent
00:27:50 de l'étranger. Vous estimez qu'aujourd'hui, on ne vous donne pas
00:27:52 les moyens d'aller en pêche. Pour preuve, vous êtes inquiet.
00:27:54 - Pas que. Il y a le sujet
00:27:56 aussi des CETAC,
00:27:58 d'où les ONG écologistes n'arrêtent pas
00:28:00 de nous matraquer avec ça.
00:28:02 Il y a la pression administrative.
00:28:04 Il y a, comment dirais-je,
00:28:06 la pression de l'Europe, tout simplement.
00:28:08 La pression
00:28:10 de l'importation,
00:28:12 des prix qu'on nous donne aussi.
00:28:14 Les agriculteurs, exactement pareil.
00:28:16 On a beaucoup de revendications similaires.
00:28:18 - En effet,
00:28:20 des sujets communs. Dernière information,
00:28:22 vous avez prévu que cet élan
00:28:24 de solidarité a démarré aujourd'hui.
00:28:26 Il se poursuit. Qu'est-ce que vous avez prévu dans les prochains jours ?
00:28:28 - On a prévu
00:28:30 de faire, comment dirais-je,
00:28:32 une mobilisation ensemble
00:28:34 sur Paris, normalement le 6 février, tout simplement.
00:28:36 - Merci, David Lequintrec.
00:28:38 Ici, on est toujours
00:28:40 devant la préfecture. A l'appel,
00:28:42 je vous le redis, de la coordination
00:28:44 rurale. Entre 100 et 150 acteurs
00:28:46 sont ici maintenant
00:28:48 depuis la mi-journée devant
00:28:50 la préfecture de Rennes. - Merci, Michael Chahyou.
00:28:52 Et merci à Thibault Marcheteau qui vous accompagne
00:28:54 aujourd'hui sur place à Rennes.
00:28:56 Et puis les propositions concrètes, évidemment,
00:28:58 attendues de la part de Gabriel Attal, a priori,
00:29:00 elles devraient intervenir demain. - Le Premier ministre
00:29:02 recevait ce matin, justement, à ce propos
00:29:04 les ministres de l'Agriculture, de l'Economie
00:29:06 et de la Transition écologique, pour
00:29:08 trouver des réponses à ce mouvement de colère.
00:29:10 Mathieu Devez, vous êtes avec Sacha Robin
00:29:12 à Seclin, dans le Nord.
00:29:14 Qu'attendent les exploitants de
00:29:16 Gabriel Attal demain ?
00:29:18 - Pas grand-chose, Vincent. Pour être honnête
00:29:24 avec vous, les exercices de communication,
00:29:26 on n'en peut plus. C'est le message
00:29:28 que l'on entend ici quand on échange
00:29:30 avec ces agriculteurs, ces agriculteurs
00:29:32 qui ont décidé de frapper fort.
00:29:34 Très fort aujourd'hui, c'est un axe-clé
00:29:36 qui est bloqué, l'A1, qui relie
00:29:38 Lille à Paris. Pour la première fois
00:29:40 depuis le début du mouvement, il y a une semaine,
00:29:42 la métropole lilloise est donc impactée.
00:29:44 Regardez ces images de Sacha Robin.
00:29:46 Les agriculteurs ont écrit de nombreux slogans
00:29:48 pour exprimer leur colère. Ce message
00:29:50 d'alerte, d'abord, "Ma France,
00:29:52 tu auras faim", ou encore, "On veut des prix,
00:29:54 pas des oui-oui". Celui-ci,
00:29:56 il répond d'ailleurs, Vincent, à votre question,
00:29:58 concernant les annonces attendues du Premier ministre.
00:30:00 Nous sommes précisément au niveau
00:30:02 de l'échangeur de ce clin. C'est un
00:30:04 point extrêmement stratégique choisi par les
00:30:06 agriculteurs, car il s'agit d'une intersection
00:30:08 routière à plusieurs niveaux. L'autoroute
00:30:10 est donc fermée dans les deux sens
00:30:12 de circulation depuis 10h ce matin.
00:30:14 Et pour la bloquer, des centaines d'agriculteurs
00:30:16 ont installé des pneus, des palettes,
00:30:18 de la terre, du lisier, du fumier.
00:30:20 Objectif, vous l'aurez compris,
00:30:22 durcir le thon, car selon eux, le risque
00:30:24 est bien l'effondrement, oui, l'effondrement
00:30:26 de notre agriculture française.
00:30:28 Mathieu Devese, merci, et merci
00:30:30 à Sacha Robin qui est avec vous. Et puis le Conseil constitutionnel,
00:30:32 lui, va rendre cet après-midi sa décision
00:30:34 sur le projet de loi immigration.
00:30:36 Il avait été saisi immédiatement après l'adoption
00:30:38 du texte en décembre dernier par Emmanuel Macron,
00:30:40 notamment. Thomas Bonnet,
00:30:42 vous êtes devant le Conseil constitutionnel
00:30:44 avec Axel Rebaud. Doit-on s'attendre à ce que ce
00:30:46 texte soit adouci cet après-midi ?
00:30:48 C'est une possibilité,
00:30:52 Vincent, vous l'avez dit. Il y a quatre saisines
00:30:54 au total du Conseil constitutionnel, à commencer
00:30:56 par celle d'Emmanuel Macron, le président
00:30:58 de la République lui-même a demandé aux sages
00:31:00 de se pencher sur le contenu de cette
00:31:02 loi immigration. Les trois autres saisines
00:31:04 émanent respectivement de la présidente
00:31:06 de l'Assemblée nationale, Yael Brown-Pivet,
00:31:08 des députés de gauche et des sénateurs de gauche.
00:31:10 Alors sur les 86 articles
00:31:12 que contient cette loi, la moitié
00:31:14 est concernée par ces saisines,
00:31:16 des articles qui sont donc menacés d'être
00:31:18 retoqués par le Conseil constitutionnel.
00:31:20 On peut notamment citer, par exemple, le
00:31:22 durcissement des conditions pour le versement
00:31:24 de l'allocation familiale ou pour le regroupement
00:31:26 familial. Il y a aussi cette mesure,
00:31:28 cette caution qui serait demandée aux étudiants
00:31:30 étrangers qui pourraient être retoqués.
00:31:32 La décision est attendue pour
00:31:34 16h30, elle nous parviendra par un
00:31:36 communiqué qui émanera donc des neuf
00:31:38 membres du Conseil constitutionnel.
00:31:40 Plusieurs scénarios sont sur la table,
00:31:42 le plus probable c'est donc une censure
00:31:44 partielle du texte. La question c'est de savoir
00:31:46 combien d'articles au total vont être
00:31:48 censurés par le Conseil constitutionnel.
00:31:50 On sait que si la censure est trop large,
00:31:52 alors la droite reviendra à la charge pour demander
00:31:54 une révision de la Constitution.
00:31:56 Notez enfin que cette annonce intervient
00:31:58 dans un contexte particulier, il y a eu des manifestations
00:32:00 ce week-end contre la loi immigration
00:32:02 et ce jeudi aussi des rassemblements sont
00:32:04 prévus, notamment à proximité de l'endroit
00:32:06 où nous nous trouvons, près du siège du Conseil
00:32:08 constitutionnel et c'est pour cette raison que
00:32:10 le périmètre est quadrillé par les forces de
00:32:12 sécurité présentes en nombre.
00:32:14 Merci beaucoup, on vous retrouvera bien sûr à mesure que
00:32:16 cette échéance approche.
00:32:19 Merci à vous Thomas Bonnet. On marque une courte
00:32:21 pause et puis on revient pour parler
00:32:23 aussi de la recrudescence des actes antisémites,
00:32:25 on n'oublie pas, plus de 1000%
00:32:27 en l'espace de quelques mois
00:32:29 depuis le 7 octobre, c'est vraiment
00:32:31 très concernant, vous allez voir, ça touche toutes les zones,
00:32:33 tous les milieux et jusqu'à l'école.
00:32:35 [Musique]
00:32:38 Toujours en compagnie de Pierre Lelouch et
00:32:40 Sandrine Lefeur cet après-midi sur
00:32:42 ce plateau de 180 minutes info, on va aussi
00:32:44 parler, outre la colère
00:32:46 des agriculteurs, d'un autre phénomène
00:32:48 qu'il ne faut pas perdre de vue, ce sont les actes
00:32:50 antisémites, dont on sait, on savait déjà
00:32:52 qu'ils avaient bondi l'an dernier,
00:32:54 mais on a un regard un petit peu plus affiné
00:32:56 sur les chiffres.
00:32:58 1676 actes
00:33:00 recensés en France,
00:33:02 dit comme ça, ça ne dit pas grand chose,
00:33:04 c'est surtout la recrudescence,
00:33:06 c'est-à-dire qu'ils ont bondi
00:33:08 en l'espace de quelques mois
00:33:10 de 1000%, vous vous souvenez, on disait
00:33:12 encore il y a quelques semaines, 150%,
00:33:14 200% de plus, là on en est
00:33:16 à 1000%. Écoutez,
00:33:18 la réaction que ça suscite
00:33:20 chez Elie Korshia, il est président du Consistoire
00:33:22 centrale de France, il nous
00:33:24 dit, en somme, les agressions verbales et physiques
00:33:26 ne sont pas du tout cantonnées
00:33:28 aux endroits auxquels on peut penser instantanément
00:33:30 parce que même l'école n'est pas épargnée aujourd'hui.
00:33:32 Le problème c'est que les profils
00:33:36 sont très divers,
00:33:38 toute classe sociale confondue,
00:33:40 tous âges confondus, et c'est ça ce qui nous inquiète.
00:33:42 On a même vu dans le rapport, et je tiens
00:33:44 à le souligner ici, une augmentation inquiétante
00:33:46 dans le milieu de l'école,
00:33:48 dans le milieu scolaire, et je parle d'école primaire
00:33:50 avec des enfants plus ou moins bas âge
00:33:52 jusqu'au collège et au lycée.
00:33:54 Pierre Lelouch, voilà, ça c'est vraiment
00:33:56 l'enseignement majeur,
00:33:58 c'est que c'est encore
00:34:00 plus difficile à circonscrire
00:34:02 comme phénomène parce qu'on ne sait pas
00:34:04 où il peut frapper à tout moment.
00:34:06 Oui, écoutez, ma vie politique
00:34:08 c'est une des choses dont
00:34:10 je suis le plus tristement
00:34:12 fier, parce que
00:34:14 tout ça commence avec
00:34:16 l'intifada du début des années 2000,
00:34:18 donc ça fait quand même 20 ans,
00:34:20 21 ans. J'ai fait voter
00:34:22 à l'époque une loi qui était votée à l'unanimité
00:34:24 pour créer une circonstance
00:34:26 aggravante quand on tapait
00:34:28 les gens en raison de leur couleur de peau
00:34:30 ou de leur religion. Malheureusement,
00:34:32 cette loi, elle a dû être appliquée
00:34:34 dans beaucoup de cas, dont Ilan Halimi
00:34:36 par exemple, ou cette
00:34:38 dame jetée par la fenêtre
00:34:40 au son de Allah ou Akbar,
00:34:42 Madame Knoll,
00:34:44 des choses épouvantables
00:34:46 qui se sont passées, plus les attentats
00:34:48 antisémites, et puis cette
00:34:50 importation permanente maintenant via
00:34:52 les chaînes de télévision, notamment
00:34:54 Al Jazeera qui est diffusée en France, plus les chaînes
00:34:56 arabes et autres, plus les réseaux sociaux,
00:34:58 l'antisémitisme est devenu
00:35:00 une affaire ordinaire
00:35:02 et avec Gaza, malheureusement,
00:35:04 l'antisémitisme s'est
00:35:06 mondialisé, et le peuple
00:35:08 juif est devenu le
00:35:10 bouc émissaire de tout ce qui va mal,
00:35:12 et pour les gens qui habitent au Sud,
00:35:14 c'est la pointe avancée
00:35:16 de tout l'impérialisme qui est reproché
00:35:18 aux Blancs. Le monde Blanc
00:35:20 est mis en accusation à travers Israël.
00:35:22 Et donc, je ne suis pas du tout surpris
00:35:24 de ces dérapages.
00:35:26 1 600, ça veut dire
00:35:28 qu'il y a presque 5 personnes par jour
00:35:30 en France qui sont agressées, tous les jours.
00:35:32 5-6 personnes sont agressées
00:35:34 verbalement ou physiquement par jour.
00:35:36 Mais j'observe que, malheureusement,
00:35:38 le même genre de phénomène a lieu aux États-Unis,
00:35:40 en Angleterre, et pour excriver ce qui se passe ici.
00:35:42 Mais clairement, vous avez
00:35:44 entre la montée
00:35:46 de l'immigration et donc de la population
00:35:48 musulmane en France, le fait qu'une partie
00:35:50 de cette population soit littéralement
00:35:52 contaminée par le récit
00:35:54 revancheur, revanchat
00:35:56 et criminogène d'Israël
00:35:58 qu'ils entendent à la télévision
00:36:00 ou dans les médias, ça donne cette ambiance
00:36:02 de violence et de punition
00:36:04 des Juifs, et en punissant les Juifs,
00:36:06 en dénonçant les Juifs, on a l'impression
00:36:08 de venger les Palestiniens, même quand on est
00:36:10 Français. Et c'est ça qui est
00:36:12 dramatique. En plus, et je termine,
00:36:14 quand vous voyez des parties d'extrême-gauche
00:36:16 qui ont acheté
00:36:18 totalement ce point de vue-là
00:36:20 et qui mettent sur le même plan
00:36:22 comme Mme Pannot
00:36:24 l'hommage aux otages français-juifs
00:36:26 et
00:36:28 les "crimes de guerre" commis par Israël
00:36:30 en Palestine, là, vous avez
00:36:32 la photographie du problème. - Cédrine Lefeur,
00:36:34 quelle est votre réaction à ce mouvement
00:36:36 qui devient transversal et qui dépasse même nos frontières
00:36:38 avec une confession
00:36:40 qui devient le bouc émissaire
00:36:42 de la cristallisation des problèmes ?
00:36:44 - Moi, ce que j'observe, c'est que globalement
00:36:46 dans notre société,
00:36:48 il y a un manque de bienveillance
00:36:50 et de respect les uns envers les autres, tout simplement.
00:36:52 Si on se respectait
00:36:54 chacun pour ses religions,
00:36:56 chacun pour ce que l'on fait
00:36:58 et que chacun puisse exercer son culte
00:37:00 en toute sérénité et liberté,
00:37:02 même à Morlaix, la mosquée de Morlaix
00:37:04 a été victime d'une attaque aussi
00:37:06 assez forte,
00:37:08 ils ont voulu mettre le feu
00:37:10 au hangar qui sert de mosquée.
00:37:12 Donc, je pense que vraiment,
00:37:14 il y a une éducation
00:37:16 à refaire, ou en tout cas
00:37:18 à remettre sur le devant de la scène
00:37:20 sur la bienveillance et le respect
00:37:22 des uns envers les autres. Et effectivement,
00:37:24 j'en veux beaucoup à la classe politique et
00:37:26 à une partie de la classe politique. - Oui, je veux dire, c'est la responsabilité des députés aussi.
00:37:28 - Tout à fait.
00:37:30 - On ressent cela dans l'hémicycle,
00:37:32 dans le débat parlementaire,
00:37:34 il y a beaucoup de violence,
00:37:36 de mots qui vont
00:37:38 beaucoup plus haut que les autres.
00:37:40 Franchement, le débat parlementaire, il n'est pas au niveau qu'il devrait être.
00:37:42 Et ça, on l'observe depuis
00:37:44 ce nouveau mandat-là, en 2022,
00:37:46 avec notamment
00:37:48 l'extrême-gauche, il faut le dire.
00:37:50 - Avec les outransverbales, oui.
00:37:52 - Il y a beaucoup d'outransverbales, il y a beaucoup de violence,
00:37:54 les règles de l'Assemblée nationale
00:37:56 ne sont pas toujours respectées.
00:37:58 Donc, comment voulez-vous que l'on donne
00:38:00 une bonne image aux Français
00:38:02 et une image de respect
00:38:04 et de bienveillance les uns vers les autres ? On a le droit de ne pas être d'accord.
00:38:06 Ce n'est pas un problème.
00:38:08 Mais il faut se respecter.
00:38:10 - Merci beaucoup d'avoir été des nôtres cet après-midi.
00:38:12 Pierre, vous restez avec nous pour la deuxième heure.
00:38:14 On marque une courte pause lors des livres, bien sûr,
00:38:16 et puis on revient avec le journal de Vincent Farrand, déjà, tout à l'heure.
00:38:18 Nous sommes de retour avec vous pour la suite de 180 minutes
00:38:24 Info à la une, évidemment.
00:38:26 La mobilisation des agriculteurs.
00:38:28 Nous sommes aux côtés des exploitants tout au long de l'après-midi, Vincent.
00:38:30 - Et avant de rejoindre Audrey Berthaud,
00:38:32 du côté de Beauvais, sur l'Assez,
00:38:34 je vous propose de regarder cette carte.
00:38:36 Les principaux axes de circulation bloqués
00:38:38 aujourd'hui sur le territoire,
00:38:40 mais on va déjà se projeter à la journée de demain.
00:38:42 Les sections Île-de-France, de la FNSEA
00:38:44 et des jeunes agriculteurs appellent à bloquer
00:38:46 Paris demain. Audrey Berthaud,
00:38:48 vous êtes avec Florian Paume, donc,
00:38:50 du côté de Beauvais, sur l'Assez.
00:38:52 Les agriculteurs de l'Oise vont-ils répondre
00:38:54 à cet appel ?
00:38:56 - En effet, Vincent, vous l'avez dit,
00:39:00 la FDSEA d'Île-de-France, avec les jeunes
00:39:02 agriculteurs d'Île-de-France, appellent
00:39:04 à un blocus de Paris.
00:39:06 Demain, ils veulent bloquer la capitale
00:39:08 de 14h à minuit.
00:39:10 Précisément, en ce qui concerne, ici,
00:39:12 la FDSEA de l'Oise, on vient
00:39:14 d'échanger avec eux. Pour le moment,
00:39:16 ils ne rejoignent pas ce mouvement.
00:39:18 Si vous voulez, chaque région
00:39:20 marche différemment. Chaque région
00:39:22 est décisionnaire.
00:39:24 Ils avancent toujours
00:39:26 vers Paris. Oui, si vous voulez,
00:39:28 on va d'ailleurs bientôt prendre la route,
00:39:30 d'ici une heure, je pense. Mais voilà,
00:39:32 ils avancent pas à pas.
00:39:34 Ils attendent surtout
00:39:36 les mesures de demain,
00:39:38 de Gabriel Attal, pour
00:39:40 prendre une décision.
00:39:42 - Et c'est vrai qu'il y a, merci beaucoup Audrey,
00:39:44 c'est vrai qu'il y a urgence pour ces
00:39:46 mesures, notamment de simplification, qui devraient
00:39:48 être annoncées demain par Matignon.
00:39:50 Le Premier ministre qui recevait ce matin
00:39:52 les ministres de l'Agriculture, de l'Economie,
00:39:54 de la Transition écologique
00:39:56 pour trouver des réponses assez de colère, notamment
00:39:58 en ce qui concerne la rémunération
00:40:00 des agriculteurs, entre autres. Stéphanie
00:40:02 Rouquier, vous êtes sur la 64 au niveau
00:40:04 de carbone, là où tout a commencé, il y a
00:40:06 plus d'une semaine. Qu'attendent les
00:40:08 agriculteurs autour de vous de ces annonces ?
00:40:10 - Eh bien, écoutez, ça ne vous surprendra
00:40:14 pas, mais ces agriculteurs attendent
00:40:16 des annonces fortes de la part
00:40:18 du gouvernement, excusez-moi,
00:40:20 de la part du gouvernement, et ils nous ont bien
00:40:22 expliqué qu'ils n'accepteront pas
00:40:24 des mesurettes à coût de chèque
00:40:26 ou à coût de prime. Premier point
00:40:28 qui peut rassembler une grande
00:40:30 majorité de ces agriculteurs, eh bien, ça
00:40:32 concerne la défiscalisation du
00:40:34 GNR, le gazole non
00:40:36 routier, vous savez, c'est ce gazole qui est utilisé
00:40:38 entre autres dans les tracteurs, ils veulent donc
00:40:40 que les taxes soient supprimées sur
00:40:42 ce gazole, et les prix doivent
00:40:44 rester stables, selon eux.
00:40:46 Autre exemple, eh bien, ils attendent aussi
00:40:48 des mesures concernant l'utilisation
00:40:50 des produits phytosanitaires, et là,
00:40:52 ils nous en parlent énormément, car aujourd'hui,
00:40:54 cette utilisation des produits, elle est
00:40:56 liée, elle est cadrée avec l'Europe
00:40:58 sur un calendrier à des dates
00:41:00 fixes, mais ces agriculteurs
00:41:02 rappellent, eux, qu'ils
00:41:04 travaillent avec des terres, ils travaillent
00:41:06 avec des saisons, ils travaillent avec
00:41:08 des conditions climatiques, et donc forcément
00:41:10 se cadrer sur un calendrier,
00:41:12 ça nuit à leur rendement, et donc forcément
00:41:14 ça nuit à leur
00:41:16 revenu, alors ici, sur la 64,
00:41:18 ils vont attendre les annonces
00:41:20 de demain du gouvernement, et
00:41:22 ils attendent justement de voir quelle suite
00:41:24 donner à leur mouvement. - Merci beaucoup, Stéphanie
00:41:26 Rouquier, pour ces premières précisions, et puis après,
00:41:28 la Haute-Garonne, je vous propose de prendre la direction
00:41:30 de la région lyonnaise, où là aussi,
00:41:32 les agriculteurs ont joint le mouvement
00:41:34 hier après-midi. Bonjour, Olivier Madiné,
00:41:36 vous êtes à Limonest, sur la 6,
00:41:38 le mouvement, là aussi, se durcit,
00:41:40 et se prolonge même, autour de vous.
00:41:42 - Oui, absolument,
00:41:44 depuis près de 24 heures,
00:41:46 c'est toute l'agglomération
00:41:48 lyonnaise qui est complètement
00:41:50 paralysée, vous voyez l'axe
00:41:52 qui est derrière moi, c'est l'autoroute A6, en provenance
00:41:54 de Paris, et il ne circule
00:41:56 plus, aucun véhicule ne circule
00:41:58 depuis hier après-midi,
00:42:00 et les agriculteurs avaient
00:42:02 décidé de lever leur mouvement
00:42:04 aujourd'hui, vers midi, mais finalement,
00:42:06 ils ont renoncé, et ont prolongé
00:42:08 ce mouvement, au moins jusqu'à
00:42:10 vendredi soir, jusqu'à
00:42:12 demain soir, le président local
00:42:14 de la FEDESA me disait que c'est sous la
00:42:16 pression de la base, sous la pression
00:42:18 des agriculteurs, et en attendant
00:42:20 les mesures, l'annonce des mesures
00:42:22 gouvernementales, que ce mouvement a
00:42:24 été prolongé, il s'amplifie même,
00:42:26 puisque l'axe qui va
00:42:28 vers Genève est bloqué aussi
00:42:30 depuis le milieu de la journée.
00:42:32 - Merci beaucoup, Olivier Madiné, qu'on rejoindra
00:42:34 bien évidemment tout au long de la soirée,
00:42:36 et puis on va aussi parler de cette enveloppe accordée
00:42:38 aux députés pour faire face à leurs frais
00:42:40 de mandat, qui s'adaptent à l'inflation,
00:42:42 mais ça pose problème.
00:42:44 - Plus de 300 euros par mois pour les députés, décision prise
00:42:46 par le bureau de l'Assemblée nationale,
00:42:48 pour permettre effectivement aux députés de
00:42:50 financer leur permanence et leurs différentes dépenses,
00:42:52 mais en pleine crise des agriculteurs,
00:42:54 cette nouvelle en scandalise certains.
00:42:56 Écoutez.
00:42:58 - Par contre, le réveil,
00:43:00 une très grosse surprise par rapport à l'information,
00:43:02 nos députés, ils sont capables
00:43:04 de prendre des décisions,
00:43:06 mais pour eux, quoi.
00:43:08 300 d'augmentation d'indemnité mensuelle,
00:43:10 parce que la vie a augmenté,
00:43:12 en comparaison de la baisse du prix
00:43:14 de Montlé, de moins de 15%,
00:43:16 d'augmentation d'électricité de 10%,
00:43:18 ils sont capables de prendre des décisions
00:43:20 rapidement, mais pour eux.
00:43:22 Donc, aujourd'hui,
00:43:24 c'est plus des politiques, c'est des gens
00:43:26 qui s'emplisent leur poche, et qui sont
00:43:28 en train d'enfoncer les producteurs,
00:43:30 puisque là, on n'a aucune écoute,
00:43:32 aucun retour.
00:43:34 Donc, Paris, on va y aller,
00:43:36 mais encore plus déterminé que ce qu'on avait imaginé.
00:43:38 - Et puis, on va commenter bien sûr tout cela
00:43:40 avec nos invités, je vais vous présenter dans un instant
00:43:42 un mot, aussi pour signaler,
00:43:44 on l'attendait depuis plusieurs semaines,
00:43:46 cette décision du Conseil constitutionnel
00:43:48 à propos de la loi immigration,
00:43:50 et un certain nombre d'articles qui devraient être retoqués.
00:43:52 - L'ASA avait été saisie immédiatement
00:43:54 après l'adoption du texte
00:43:56 mi-décembre, par Emmanuel Macron
00:43:58 notamment, mais aussi par la NUPES, et plusieurs associations.
00:44:00 La décision sera rendue
00:44:02 publique à partir de 16h30.
00:44:04 - Et nous y serons, et on sera même là
00:44:06 avant pour voir ce qui est en jeu, et ce qu'on peut
00:44:08 d'ores et déjà anticiper. Merci beaucoup
00:44:10 Vincent, on se retrouve tout à l'heure pour un nouveau point
00:44:12 sur l'actu. Dans un instant,
00:44:14 Pierre Lelouch, qui est resté en notre compagnie,
00:44:16 sera sur le plateau, ainsi que Judith
00:44:18 Vintraub, le député
00:44:20 Eren Mikaël Taverne, Stéphanie
00:44:22 Yonne Courtin, vous êtes députée européenne de Réunion,
00:44:24 et Karim Zérébi. A tout de suite.
00:44:26 (Générique)
00:44:34 - De retour pour le débat
00:44:36 de 180 minutes info, avec
00:44:38 autour de la table Pierre Lelouch, Judith Vintraub,
00:44:40 grand reporter au Figaro magazine,
00:44:42 bonjour, Karim Zérébi est là également,
00:44:44 et puis on accueille pour la partie
00:44:46 plus politique Stéphanie
00:44:48 Yonne Courtin, bonjour, vous êtes députée
00:44:50 européenne du groupe Réunion,
00:44:52 et Mikaël Taverne, bienvenue à vous également,
00:44:54 vous êtes députée Rassemblement National
00:44:56 du Nord, évidemment, vous en doutez, on va parler
00:44:58 de la colère des agriculteurs qui est en train de se propager
00:45:00 un petit peu dans le pays, avec
00:45:02 cette volonté maintenant pour beaucoup d'entre eux,
00:45:04 vous l'avez compris tout à l'heure à travers
00:45:06 nos reportages, c'est de
00:45:08 rejoindre Paris, de mettre la pression
00:45:10 sur l'exécutif, dont on sait qu'il doit procéder
00:45:12 à quelques annonces
00:45:14 à partir de demain, grosse pression,
00:45:16 et puis j'aimerais aussi, tout à l'heure,
00:45:18 qu'on réagisse à cet aspect. Les renseignements
00:45:20 mettent en garde et disent
00:45:22 "attention, il peut y avoir une aggravation
00:45:24 des choses si les annonces
00:45:26 tardaient, avec des risques
00:45:28 de troubles à l'ordre public, on l'a vu
00:45:30 d'ailleurs en Haute-Garonne hier,
00:45:32 devant la préfecture,
00:45:34 les syndicats risquent d'être
00:45:36 débordés si l'attente est trop longue,
00:45:38 voilà où on en est, mais le soutien
00:45:40 des français, pour l'instant, je dis même pour l'instant
00:45:42 parce que ça a toujours son importance dans les mouvements
00:45:44 sociaux, il est écrasant,
00:45:46 89% qui se disent
00:45:48 solidaires du calvaire vécu
00:45:50 par les agriculteurs, je vous propose de regarder ce qui est en jeu
00:45:52 à travers ce reportage de Jules Bedot,
00:45:54 récit de Camille Guédon.
00:45:56 Blocage de route,
00:45:58 de rond-point,
00:46:00 et opération escargot. La colère
00:46:02 des agriculteurs ne faiblit pas depuis lundi.
00:46:04 Pourtant, selon un sondage,
00:46:06 89% des français
00:46:08 soutiennent le mouvement de protestation.
00:46:10 On leur dit "faites ceci",
00:46:12 ils font des investissements,
00:46:14 et après on dit "ah bah non, c'est plus ça,
00:46:16 maintenant, faut plus faire ça, faut faire autrement".
00:46:18 C'est très difficile pour eux.
00:46:20 Je peux parfaitement les comprendre,
00:46:22 ils sont un peu étouffés par toute
00:46:24 une espèce de papasserie qui s'organise autour de tout ça.
00:46:26 Je pense que c'est
00:46:28 parfaitement entendable. Soutenu par le pays,
00:46:30 93% des français
00:46:32 estiment avoir une bonne opinion des agriculteurs.
00:46:34 On s'y reconnaît parce que
00:46:36 c'est grâce à eux qu'on est
00:46:38 nourris, qu'ils nous approvisionnent la viande, etc.
00:46:40 Donc oui, je peux comprendre.
00:46:42 Les agriculteurs, c'est ceux qui se lèvent tout le matin,
00:46:44 c'est des gens qu'on ne voit pas forcément,
00:46:46 et qui sont, pour moi,
00:46:48 une sève, pour nous, de notre nation
00:46:50 et même de l'Europe.
00:46:52 Pour tenter d'apporter des réponses
00:46:54 et réconcilier transition écologique
00:46:56 et agriculture, la Commission européenne
00:46:58 réunit aujourd'hui les organisations
00:47:00 agricoles, le secteur agroalimentaire,
00:47:02 des ONG, ainsi que des
00:47:04 experts.
00:47:06 Judith Ventreb, je vais peut-être commencer avec vous.
00:47:10 Ils sont tiraillés, au fond, les français, aujourd'hui,
00:47:12 parce que certes, ils tiennent à
00:47:14 ces terroirs qu'ils connaissent bien.
00:47:16 Pour beaucoup, ils ont des ramifications
00:47:18 personnelles, familiales.
00:47:20 Il y a quand même une tradition
00:47:22 de génération agricole
00:47:24 dans ce pays. Et en même temps,
00:47:26 ils n'arrivent pas toujours à consommer français
00:47:28 comme ils le voudraient.
00:47:30 Donc, ils ont l'impression de faire un effort
00:47:32 de solidarité sans aller jusqu'au bout
00:47:34 de l'entreprise. En fait, il y a un total
00:47:36 décalage entre les micro-trottoirs
00:47:38 que vous avez faits à plusieurs reprises,
00:47:40 où vous demandez aux gens "est-ce que vous seriez prêts
00:47:42 à payer plus cher pour manger français
00:47:44 ou pour manger
00:47:46 écologiquement plus vertueux ?"
00:47:48 Oui, bien sûr.
00:47:50 Et on s'aperçoit
00:47:52 qu'alors que les pouvoirs publics ont voulu mettre
00:47:54 l'accent pour développer
00:47:56 l'agriculture bio,
00:47:58 qu'avec les crises successives
00:48:00 et, évidemment, l'inflation,
00:48:02 les gens achètent de moins en moins bio.
00:48:04 Ce qui pose d'ailleurs
00:48:06 un problème d'injonction
00:48:08 contradictoire de la part
00:48:10 de l'exécutif. Donc, les comportements
00:48:12 ne collent pas du tout.
00:48:14 Pour prendre un exemple audiovisuel,
00:48:16 tout le monde regarde Arte
00:48:18 dans les sondages.
00:48:20 Et sur cette mobilisation, quand même, Karim Zaribi,
00:48:22 est-ce qu'on peut dire qu'on a un point de bascule
00:48:24 si on se fie aux notes des renseignements
00:48:26 généraux qui disent
00:48:28 "attention, quand les agriculteurs
00:48:30 entrent dans la danse et surtout veulent gagner
00:48:32 la capitale, ça ne présage rien de bon
00:48:34 si les annonces ne sont pas
00:48:36 à la hauteur". On connaît leur capacité
00:48:38 de frappe, de mobilisation, de blocage.
00:48:40 Là, on est sur une matière
00:48:42 hautement inflammable, selon vous ?
00:48:44 Bien sûr qu'on est sur une matière inflammable,
00:48:46 parce que le malaise, que dis-je,
00:48:48 la détresse des agriculteurs ne date pas
00:48:50 d'hier. C'est quelque chose qui
00:48:52 s'inscrit dans le temps
00:48:54 et aujourd'hui, il y a une forme de ras-le-bol,
00:48:56 de désespérance, de sentiment d'abandon
00:48:58 qui s'éprend des agriculteurs dans notre pays.
00:49:00 Et s'il y a un soutien massif des Français, c'est parce
00:49:02 que d'abord, les Français soutiennent les travailleurs,
00:49:04 ceux qui se lèvent le matin, qui font
00:49:06 son synthèse 80 heures par semaine
00:49:08 et qui, pour 20% d'entre eux,
00:49:10 vivent en dessous du seuil de pauvreté.
00:49:12 52% d'entre eux vivent avec
00:49:14 22 000 euros par an, ce qui fait
00:49:16 1 800 euros par mois. Je ne sais pas
00:49:18 si on se rend compte, au cours des 30 dernières
00:49:20 années, c'est 40% de revenus en moins
00:49:22 pour les agriculteurs. Les Français
00:49:24 ne sont pas dupes, ils savent très bien
00:49:26 que travailler dur aujourd'hui n'est
00:49:28 pas source de récompense à la fin du mois. En plus,
00:49:30 ce sont des gens qui nourrissent la population,
00:49:32 qui incarnent aussi
00:49:34 une forme de souveraineté nationale, si on jouait
00:49:36 le jeu de l'agriculture française, ce qui n'est pas
00:49:38 le cas aujourd'hui. Et puis, quand vous reprenez
00:49:40 toutes les problématiques qui sont soulevées par les
00:49:42 agriculteurs, concurrence déloyale.
00:49:44 Nous mangeons des pommes pleines de
00:49:46 pesticides polonaises
00:49:48 et on interdit aux producteurs
00:49:50 français, donc aux agriculteurs français,
00:49:52 d'utiliser les mêmes produits phytosanitaires.
00:49:54 Ça veut dire qu'ils ne partent pas sur la
00:49:56 même ligne de départ que nos
00:49:58 voisins européens. Et à un moment donné,
00:50:00 il y a un problème de fond, de cohérence.
00:50:02 Le prix de l'énergie,
00:50:04 revenir sur le carburant,
00:50:06 la défiscalisation,
00:50:08 c'est 3 centimes par litre, mais ça va
00:50:10 représenter beaucoup pour le chiffre d'affaires d'un agriculteur.
00:50:12 Donc, les français soutiennent
00:50:14 ces travailleurs-là, ces femmes et ces hommes
00:50:16 qui ont beaucoup de mérite. Après, le gouvernement,
00:50:18 moi j'ai le sentiment qu'ils jouent avec le feu parce qu'ils jouent
00:50:20 la montre. Il y a des réponses qui
00:50:22 peuvent être apportées rapidement.
00:50:24 Le GNR,
00:50:26 notamment, c'est Ami Garcet sur le budget
00:50:28 de l'État. Ils auraient pu dire,
00:50:30 écoutez, on va maintenir les avantages parce qu'on
00:50:32 est conscient de vos difficultés. C'est pas ce que fait le gouvernement.
00:50:34 - Ils font exactement les mêmes bêtises qu'avec les GNR.
00:50:36 - Le GNR, mais pas que. Parce que vous allez voir, la FNSEA
00:50:38 préconise 24 mesures.
00:50:40 Si demain, Gabriel Attal n'est pas au rendez-vous,
00:50:42 ça risque
00:50:44 vraiment de basculer vers
00:50:46 toute autre chose. Michael Taverne, il y a
00:50:48 la rémunération des agriculteurs. C'est ce qu'on entend quand même
00:50:50 communément. Et ça, ça passe
00:50:52 par le respect de la loi EGalim.
00:50:54 Et là, évidemment, tous les regards se tournent vers
00:50:56 les grands distributeurs.
00:50:58 - Bien sûr, la loi EGalim n'est pas
00:51:00 respectée. On le sait très bien.
00:51:02 Comme ça a été dit, c'est vrai que les agriculteurs
00:51:04 sont dans un
00:51:06 malaise profond depuis un certain nombre
00:51:08 d'années. Ça ne date pas d'hier. C'est comme les
00:51:10 policiers, l'éducation nationale,
00:51:12 l'hôpital public. C'est tous les services
00:51:14 régaliens qui sont en tension
00:51:16 et qui sont dans un profond malaise.
00:51:18 Mais vous savez, les agriculteurs, certes,
00:51:20 il y a le coût de production. Certes, il y a
00:51:22 les charges, les taxes,
00:51:24 les normes, les réglementations. En fait,
00:51:26 ils sont systématiquement accusés
00:51:28 de tout et de rien.
00:51:30 Mais il y a aussi une problématique, on n'en
00:51:32 parle pas souvent. J'ai reçu des agriculteurs
00:51:34 lundi dans ma circonscription et notamment à ma permanence.
00:51:36 Vous savez qu'il y a également
00:51:38 l'écologie dite punitive,
00:51:40 puisqu'il y a un projet de création dans ma
00:51:42 circonscription d'espace naturel
00:51:44 dissensible. Donc, en fait, il va y avoir
00:51:46 un projet de préemption des terres cultivées
00:51:48 pour les agriculteurs. Donc, en fait,
00:51:50 ils essayent bien évidemment
00:51:52 de nourrir les Français. Ils ont
00:51:54 investi parce que quand il y a une convention
00:51:56 avec des espaces
00:51:58 naturels sensibles, ils ont des
00:52:00 critères à respecter. Notamment, ils investissent
00:52:02 dans des races bovines dites anciennes.
00:52:04 C'est un coût farmineux
00:52:06 justement pour les agriculteurs. Et on leur dit
00:52:08 "Bah écoutez, cette fois-ci, c'est bien ce que vous avez fait, mais
00:52:10 on va prendre votre terre et puis pour
00:52:12 créer un espace naturel". Alors qu'on sait très bien
00:52:14 que la terre, c'est leur outil de travail.
00:52:16 Donc, c'est un malaise profond et je pense que
00:52:18 le gouvernement devrait prendre des mesures
00:52:20 assez rapidement puisque
00:52:22 je rappelle qu'il y a la taxation sur le GNR,
00:52:24 on peut revenir dessus. Il y a également l'augmentation
00:52:26 du prix de l'électricité de 10%. On peut revenir dessus.
00:52:28 - Mais ça, ce serait presque une mesure symbolique à ce stade.
00:52:30 - Mais oui, mais en fait, si vous voulez...
00:52:32 - L'allumette est en flamme. - Si vous voulez, en fait, ce sont
00:52:34 des mesures qui se sont empilées
00:52:36 au fur et à mesure du temps. Mais il y a aussi le projet,
00:52:38 en tout cas, la transmission du patrimoine.
00:52:40 C'est la raison pour laquelle, en fait,
00:52:42 nous proposons d'exonérer
00:52:44 fiscalement pour la transmission
00:52:46 des exploitations agricoles.
00:52:48 Parce que je rappelle que dans les 10 prochaines
00:52:50 années, la moitié des paysans partiront
00:52:52 en retraite. Donc, il faut un renouvellement
00:52:54 et ce renouvellement passe notamment par
00:52:56 l'exonération fiscale. - Stéphanie Jeanne-Courtin,
00:52:58 c'est vrai que, comme il vient de le dire,
00:53:00 Michael Taverne, à la fois, ils se sentent lésés
00:53:02 à tous les niveaux et en plus,
00:53:04 ils sont souvent accusés de tous les maux.
00:53:06 Ça commence à faire assez fort de café. - Moi, ça, je suis
00:53:08 assez d'accord. C'est la fille d'agriculteur qui vous parle,
00:53:10 l'ancienne maire d'une petite
00:53:12 commune rurale dans le Calvados également,
00:53:14 députée européenne également,
00:53:16 qui vous dit que oui,
00:53:18 il y a un ras-le-bol, il n'est pas nouveau
00:53:20 et effectivement, le gouvernement
00:53:22 est là pour écouter tout le monde, puisque vous l'avez dit
00:53:24 à travers tous les intervenants, il y a
00:53:26 autant de causes finalement
00:53:28 que de secteurs agricoles concernés. - Mais est-ce qu'on
00:53:30 n'écoute pas trop tard ? Pourquoi il faut en arriver à ces situations-là
00:53:32 pour enfin entendre un mal
00:53:34 qui gronde depuis des décennies maintenant ?
00:53:36 - Parce que, effectivement, les agriculteurs sont des
00:53:38 teseux, sont des besogneux, vous l'avez
00:53:40 dit, et qu'ils bossent
00:53:42 17 heures par jour
00:53:44 et qu'effectivement, à un moment,
00:53:46 là, la coupe est pleine peut-être
00:53:48 parce qu'il y a des incompréhensions
00:53:50 et puis parce qu'effectivement, ils sont pris en étau
00:53:52 entre notamment des transitions, vous avez parlé des transitions
00:53:54 écologiques qui font qu'il y a
00:53:56 énormément de choses à faire,
00:53:58 ils sont les premiers acteurs de ces transitions,
00:54:00 ils sont là pour respecter la nature, on leur demande
00:54:02 également beaucoup de choses, je crois qu'il y a une responsabilité
00:54:04 collective, je crois que
00:54:06 également, il ne faut pas chercher
00:54:08 de coupables, mais chercher des solutions.
00:54:10 Cette responsabilité collective,
00:54:12 elle est aussi celle des
00:54:14 consommateurs. Qu'est-ce qu'on cherche ?
00:54:16 - Ils ne peuvent pas faire grand-chose avec l'inflation
00:54:18 qui les frappe, pour l'instant. - Bien sûr, mais
00:54:20 nous, on cherche toujours, malgré tout,
00:54:22 et c'est bien légitime,
00:54:24 à acheter des choses et des
00:54:26 produits les moins chers, sauf que
00:54:28 les agriculteurs, eux, sont poussés à faire de la
00:54:30 pêtée. - Madame, quand on ne peut pas
00:54:32 mettre plus d'argent dans l'alimentation...
00:54:34 - Quand je dis "collectivement", c'est que, effectivement...
00:54:36 - Concurrencé lorien, aussi, faut en parler à un moment.
00:54:38 - Pierre Lelouch, qui... je ne sais pas encore exprimer...
00:54:40 - Effectivement, les intermédiaires,
00:54:42 le prix du lait, en Normandie, notamment,
00:54:44 est un gros sujet. C'est-à-dire que, quand vous
00:54:46 achetez votre brique de lait
00:54:48 dans un commerce 1,10€
00:54:50 et que l'agriculteur le vend
00:54:52 40 ou 50 centimes
00:54:54 d'euros, ce même litre, il y a quand même
00:54:56 une marge qui fait que pour l'agriculteur...
00:54:58 - Il va peut-être falloir leur mettre des injonctions, aussi.
00:55:00 - Il y a qu'à Nouvelle-Zélande qui va...
00:55:02 - Je peux dire un mot ? - Alors, Pierre Lelouch,
00:55:04 on fera un tour de table. Allez-y, Pierre.
00:55:06 Vous, sans s'énerver, quand même, s'il vous plaît.
00:55:08 - Il y a une expression que vous avez utilisée qui me fait un tout petit peu bondir,
00:55:10 c'est que vous avez parlé de responsabilité
00:55:12 collective.
00:55:14 Quand on vit en démocratie, on élit des gens
00:55:16 pour régler les problèmes de la société.
00:55:18 C'est vrai aussi en Europe,
00:55:20 puisque vous êtes députée européenne.
00:55:22 Dois-je vous rappeler que votre groupe
00:55:24 a voté systématiquement,
00:55:26 c'est la question que vous vouliez soulever,
00:55:28 tous les accords de libre-échange que, moi, j'ai essayé
00:55:30 de bloquer quand j'étais au gouvernement, notamment
00:55:32 avec l'Amérique du Sud,
00:55:34 et qui font que tout un tas
00:55:36 de produits rentrent en Europe
00:55:38 et qui ne sont pas du tout soumis
00:55:40 aux mêmes règles phytosanitaires.
00:55:42 - Vous refutez ça ? - C'est faux, monsieur.
00:55:44 On a bloqué le Mercosur.
00:55:46 - Le Renew ? - Oui.
00:55:48 - Ah non. - Vérifiez.
00:55:50 La Nouvelle-Zélande, oui, bien sûr, parce qu'on avait toutes les garanties
00:55:52 phytos, ça je peux vous le dire.
00:55:54 On a voté le Mercosur.
00:55:56 - C'est bien ce que je viens de dire. Vous l'avez voté.
00:55:58 - On a bloqué, pardon.
00:56:00 On a bloqué le Mercosur.
00:56:02 Effectivement, pour nous,
00:56:04 ça c'est très important,
00:56:06 en ne le votant pas, contre l'avis
00:56:08 de certaines délégations qui souhaitaient le voter.
00:56:10 - Karim, vous le soutiens bien.
00:56:12 On est peut-être en éclairage.
00:56:14 - C'est important,
00:56:16 ces traités de libre-échange, de les bloquer,
00:56:18 de faire en sorte qu'on ne fasse pas rentrer n'importe quel produit
00:56:20 sur le continent européen, mais déjà,
00:56:22 on crée une concurrence déloyale entre pays de l'Union Européenne.
00:56:24 - Bien sûr. - Je veux dire,
00:56:26 notre législation nationale est plus royaliste
00:56:28 que le Roi.
00:56:30 Il y a des règles qui s'imposent à nos agriculteurs en France
00:56:32 par une législation nationale qui ne s'imposent pas
00:56:34 aux autres pays de l'Union Européenne.
00:56:36 Enfin, je veux dire, à un moment donné, il faut que nos parlementaires
00:56:38 regardent la réalité en face. - On met un étote trop important
00:56:40 avec chaque partage. - C'est ce que je disais tout à l'heure,
00:56:42 nous avons, il suffit d'aller
00:56:44 dans un supermarché en France aujourd'hui
00:56:46 pour voir d'où viennent
00:56:48 tous les fruits et légumes, d'où viennent
00:56:50 tous les produits maraîchers,
00:56:52 d'où ça vient. Ça vient d'Espagne,
00:56:54 du sud de l'Espagne, où ces produits
00:56:56 sont élevés essentiellement par
00:56:58 des produits chimiques à haute dose,
00:57:00 sans jamais voir le soleil,
00:57:02 avec des multinationales hollandaises
00:57:04 qui produisent des produits chimiques.
00:57:06 - Pareil pour la viande de la Velle à Pologne.
00:57:08 - On ne peut pas ensuite reprocher
00:57:10 aux Français, dont les revenus ont subi
00:57:12 la baisse,
00:57:14 plus une inflation de 25%
00:57:16 sur l'alimentaire,
00:57:18 d'abandonner le bio pour essayer d'acheter
00:57:20 le moins cher possible pour nourrir la famille.
00:57:22 - Judith, un dernier mot. - C'est ça le drame.
00:57:24 - Donc le sujet, c'est que le gouvernement...
00:57:26 - Merci Pierre. - Juste un mot.
00:57:28 - On en est cinq et on essaie d'avoir un petit temps
00:57:30 de parole un peu circonscrit à chacun,
00:57:32 parce que sinon on ne va pas avoir deux heures devant nous.
00:57:34 - Egalim théoriquement devait établir
00:57:36 un équilibre entre le producteur,
00:57:38 l'intermédiaire, c'est-à-dire la grande distribution,
00:57:40 et les groupes.
00:57:42 Un gros industriel, en réalité, pour que ça marche,
00:57:44 il faut que l'Etat pèse.
00:57:46 Or l'Etat considère qu'il est neutre dans cette affaire
00:57:48 et que c'est une affaire entre...
00:57:50 C'est une négociation privée. - Merci.
00:57:52 - Judith Vintraub, sinon on ne pourra pas aller au bout d'Etat.
00:57:54 Je suis désolée. - C'est d'accord avec à peu près tout le monde
00:57:56 sur les accords de libre-échange, parce que
00:57:58 c'est la concurrence intra-européenne
00:58:00 qui pénalise le plus l'agriculture française.
00:58:02 Quand vous regardez, il y a 43 accords
00:58:04 de libre-échange, avec 74 pays.
00:58:06 Avant les accords,
00:58:08 la balance commerciale agroalimentaire
00:58:10 européenne était déficitaire
00:58:12 d'environ 10 milliards d'euros.
00:58:14 Depuis les accords, elle est
00:58:16 excédentaire d'environ 30 milliards d'euros.
00:58:18 Ça a pas mal été négocié, ce qui fait énormément
00:58:20 de mal, et là il n'y a pas de responsabilité
00:58:22 collective, il y a des responsabilités
00:58:24 des élus qui l'ont voté, c'est ce qu'on appelle
00:58:26 le "Green New Deal",
00:58:28 c'est-à-dire cet accord complètement
00:58:30 délirant, que vous avez voté,
00:58:32 qui vise à baisser
00:58:34 les émissions de gaz à effet
00:58:36 de serre de 50% à l'horizon
00:58:38 2030, et qui explique en grande partie
00:58:40 les malheurs des agriculteurs européens.
00:58:42 - Alors, Miquel Tavernes, j'aimerais vous faire réagir
00:58:44 aussi à une proposition d'un viticulteur
00:58:46 qu'une de nos équipes a rencontré,
00:58:48 c'est un viticulteur nîmois qui évoque, lui,
00:58:50 une TVA sociale,
00:58:52 ça rejoint votre débat, sur les produits importés.
00:58:54 - On a une concurrence déloyale,
00:58:56 que ce soit sur les fruits et légumes,
00:58:58 sur beaucoup de produits, on est mis en concurrence
00:59:00 avec des produits qui sont produits
00:59:02 avec des normes complètement différentes,
00:59:04 des coûts de production beaucoup plus bas,
00:59:06 moi je dis la solution serait simple,
00:59:08 une TVA sociale, on taxe les produits
00:59:10 importés, et on s'en sert pour baisser
00:59:12 les charges de notre production,
00:59:14 pour équilibrer.
00:59:16 C'est une idée qui avait été lancée,
00:59:18 qui n'a jamais été appliquée, et ça serait
00:59:20 une des meilleures à mettre en place.
00:59:22 - C'est-à-dire que si du vin espagnol passe
00:59:24 la frontière, il est taxé pour être au prix ?
00:59:26 - Voilà, du vin, mais des fruits,
00:59:28 des légumes, et s'en servir
00:59:30 pour baisser nos charges,
00:59:32 salariales et personnelles,
00:59:34 pour équilibrer.
00:59:36 Si on ne rééquilibre pas,
00:59:38 l'agriculture française est morte.
00:59:40 - Michael Taverne, c'est du bon sens,
00:59:42 mais est-ce que c'est réalisable, en l'état ?
00:59:44 - Ce qui est compliqué,
00:59:46 c'est qu'avec tous les traités
00:59:48 de libre-échange, on voit bien, notamment avec le Chili,
00:59:50 on parlait du Mercrefi,
00:59:52 - Je vous assure que non.
00:59:54 - Ça n'a rien à voir avec le Chili.
00:59:56 - Si vous voulez laisser répondre,
00:59:58 sinon on va...
01:00:00 - On revient quasiment à la même chose,
01:00:02 c'est-à-dire qu'ils sont mis en concurrence
01:00:04 avec des pays qui ne respectent pas
01:00:06 nos normes sociales environnementales.
01:00:08 On parle des droits de douane.
01:00:10 Quand vous avez signé le traité avec le Chili,
01:00:12 il y a une exonération de 95% des droits de douane.
01:00:14 Comment voulez-vous que nos viticulteurs soient
01:00:16 compétitifs par rapport à ces pays-là ?
01:00:18 Je suis désolé,
01:00:20 mais je pense qu'il faut, une nouvelle fois,
01:00:22 valoriser notre agriculture,
01:00:24 que leurs coûts de production puissent baisser,
01:00:26 que leurs charges puissent
01:00:28 déjà baisser également,
01:00:30 notamment avec nos propositions sur
01:00:32 détaxer le GNR,
01:00:34 revenir à un prix de l'électricité,
01:00:36 parce que c'est pareil.
01:00:38 Au niveau de l'énergie,
01:00:40 ça a un coût
01:00:42 phénoménal pour nos agriculteurs.
01:00:44 Ils veulent pouvoir vivre de leur travail.
01:00:46 Donc, s'ils veulent vivre de leur travail,
01:00:48 il faut leur donner les possibilités de le faire.
01:00:50 Il y a plusieurs aspects.
01:00:52 Juste Karim qui voulait réagir à ça.
01:00:54 Moi, j'insiste,
01:00:56 en tant qu'ancien député européen,
01:00:58 sur le fait qu'avant de parler des traités
01:01:00 de libre-échange avec d'autres continents,
01:01:02 nous devons parler du libre-échangisme
01:01:04 européen, intra-européen.
01:01:06 Et moi, je suis d'accord pour une théorie sociale
01:01:08 à partir du moment
01:01:10 où les normes sociales environnementales
01:01:12 ne sont pas les mêmes entre nous.
01:01:14 Si nous n'avons pas les mêmes normes sociales
01:01:16 et environnementales, il faut mettre en place cette TVA sociale.
01:01:18 - Puisque vous avez été ancien député européen,
01:01:20 et moi ancien ministre de l'Europe,
01:01:22 je vous garantis
01:01:24 que ce qu'on vient d'entendre est juste impossible.
01:01:26 Tant que la France reste dans l'Europe,
01:01:28 elle ne peut pas mettre de TVA aux frontières
01:01:30 sur un autre pays européen.
01:01:32 - La volonté politique, Pierre.
01:01:34 - D'ailleurs, il n'y a pas de frontière.
01:01:36 - Il n'y a plus de frontière, il y a quelque chose.
01:01:38 On a célébré l'autre jour
01:01:40 l'enterrement de M. Jacques Delors,
01:01:42 qui a dit que le marché unique, c'est ça.
01:01:44 - Ça veut dire qu'on se mettrait dans l'illégalité vis-à-vis de l'Europe.
01:01:46 - C'est juste même pas possible.
01:01:48 - C'est le principe fondateur.
01:01:50 - Nelly, ça n'est possible.
01:01:52 Que si la France décide
01:01:54 de faire une espèce de grande crise
01:01:56 en Europe, en disant "on ne joue plus avec ces règles",
01:01:58 moi je ne serais pas
01:02:00 en défaveur de cela.
01:02:02 Encore une fois, quand je vois
01:02:04 l'envahissement de toute une partie
01:02:06 de notre agriculture qui vient notamment d'Espagne
01:02:08 ou d'ailleurs, à l'intérieur de l'Union,
01:02:10 je ne vous parle même pas des poulets
01:02:12 qu'on a fait rentrer d'Ukraine, alors que l'Ukraine
01:02:14 n'est pas dans l'Union, mais il fallait faire un geste.
01:02:16 Et non quoi, on fait rentrer les oligarques.
01:02:18 - C'est idéal, c'est réel.
01:02:20 - Sans quota.
01:02:22 - Ou bien on fait une crise à Bruxelles,
01:02:24 moi j'étais favorable.
01:02:26 - Sans rentrer dans un débat technique avec Pierre.
01:02:28 Pierre, je suis d'accord que tu ne peux pas
01:02:30 le faire illico presto et le décréter
01:02:32 comme ça. En revanche, tu peux dire
01:02:34 si nous n'avons pas les mêmes normes sociales
01:02:36 et environnementales, nous considérons
01:02:38 que nous pénalisons nos propres agriculteurs.
01:02:40 Ça on peut le dire, ça s'appelle juste
01:02:42 mettre en place un système de dérogation sur la base
01:02:44 des normes environnementales.
01:02:46 - Ça s'appelle le Frexit.
01:02:48 - Mais non, mais pas du tout.
01:02:50 - On ne peut pas avoir une Europe à la carte.
01:02:52 - C'est une conception politique de l'Europe.
01:02:54 - Certains ont appelé ça le moratoire.
01:02:56 - Là où je suis d'accord avec vous,
01:02:58 c'est qu'effectivement, il y a un problème
01:03:00 de concurrence déloyale
01:03:02 qu'il faut régler. Et intra-européenne.
01:03:04 C'est ce qui est en train d'être discuté
01:03:06 à l'heure actuelle avec Ursula von der Leyen,
01:03:08 présidente de la Commission européenne.
01:03:10 - Vous croyez vraiment qu'elle va nous écouter là-dessus ?
01:03:12 - On va discuter.
01:03:14 - Je pense qu'elle a pris la mesure.
01:03:16 J'espère.
01:03:18 Moi je ne suis pas commissaire européenne,
01:03:20 mais espérons qu'elle prenne la mesure
01:03:22 pour quand même dédéfier toutes les signes.
01:03:24 - Ils sont pour ce grand marché sans règles,
01:03:26 les commissaires à Arrêté, vous le savez très bien.
01:03:28 Ils sont pour un grand marché de business sans règles.
01:03:30 Ils sont favorables à ça.
01:03:32 - Vous le savez.
01:03:34 - Je pense qu'il y a un moment...
01:03:36 D'abord, le Yaka Faucon est compliqué.
01:03:38 Si on part du principe
01:03:40 qu'ils ne vont pas écouter et qu'elle ne va pas écouter,
01:03:42 on ne fait rien.
01:03:44 Nous, nos agriculteurs, qu'est-ce qu'ils attendent ?
01:03:46 - C'est ce qui se passe. Vous ne faites rien.
01:03:48 - Vous ne faites rien.
01:03:50 - Ils attendent que nous ne fassions rien.
01:03:52 - On ne fait rien.
01:03:54 - Pourquoi on arrive à cette situation-là ?
01:03:56 C'est que rien ne s'est passé.
01:03:58 - Il y a des choses qui doivent être améliorées.
01:04:00 Je veux quand même revenir.
01:04:02 - On va pouvoir choisir.
01:04:04 On déroge. On ne fait pas.
01:04:06 - Ce n'est pas à la carte. L'égalité, ça vous parle ?
01:04:08 Des normes sociales et environnementales.
01:04:10 - Je suis d'accord avec vous.
01:04:12 On est dans un grand marché dans lequel,
01:04:14 effectivement, ça, ce n'est pas possible.
01:04:16 - Il faut apporter de la régulation, madame la députée.
01:04:18 Il faut apporter de la régulation.
01:04:20 Ce n'est pas un gros mot.
01:04:22 - Pour ceux qui nous entendent
01:04:24 et qui veulent savoir
01:04:26 pourquoi il y a ce problème,
01:04:28 il faut savoir que 1)
01:04:30 la politique agricole commune est fédéralisée.
01:04:32 C'est-à-dire qu'elle est décidée à Bruxelles.
01:04:34 D'accord ?
01:04:36 Y compris le montant des aides, etc.
01:04:38 L'autre chose qui est fédéralisée,
01:04:40 c'est le commerce extérieur.
01:04:42 C'est-à-dire les accords que l'on passe
01:04:44 avec les pays à l'extérieur de l'Union.
01:04:46 Donc, où vient le gouvernement français ?
01:04:48 Il décide de mettre fin à ça.
01:04:50 Il peut créer une crise.
01:04:52 Du temps du Général de Gaulle, on faisait une crise.
01:04:54 - Mais elle vous dit que ça débouche vers un Frexit.
01:04:56 - Non, pas nécessairement.
01:04:58 Vous avez une crise agricole dans toute l'Europe aujourd'hui.
01:05:00 On voit bien qu'il y a un problème général.
01:05:02 Mais non.
01:05:04 Le moment politique serait bien choisi
01:05:06 pour que le président Macron
01:05:08 fasse un rapport de force avec l'Europe
01:05:10 qui change un certain nombre de règles.
01:05:12 - J'ai dit 23 minutes, mais on n'a pas beaucoup entendu de ces dernières minutes.
01:05:14 - J'attends sagement que les autres finissent.
01:05:16 Votre système de surtaxe
01:05:18 est bien gentil,
01:05:20 mais pour le consommateur,
01:05:22 il va payer le prix le plus haut.
01:05:24 Je vous rappelle
01:05:26 que vous avez été dans un moment
01:05:28 de contexte économique extrêmement difficile
01:05:30 avec de l'inflation.
01:05:32 Alors, alignez tout ça vers le haut.
01:05:34 C'est formidable, sauf que les gens d'Europe, pourquoi se mourir ?
01:05:36 - On ne va pas vous réconcilier sur tout ça.
01:05:38 Vous n'avez pas la main, mais c'est déjà Gabriel Attal
01:05:40 qui va devoir procéder à quelques annonces demain.
01:05:42 On verra jusqu'à quel niveau va cette ambition.
01:05:44 Moi, j'aimerais
01:05:46 vous faire parler d'un autre fiasco.
01:05:48 On peut l'appeler comme ça.
01:05:50 C'est l'augmentation des frais de mandat
01:05:52 pour les députés par le bureau
01:05:54 exécutif de l'Assemblée nationale.
01:05:56 Il a été voté hier.
01:05:58 Il y a eu un rétro-pédalage de plusieurs députés
01:06:00 parce qu'ils ont compris que dans la séquence agriculture
01:06:02 et les difficultés des Français,
01:06:04 c'était quand même
01:06:06 un peu compliqué.
01:06:08 Et ça n'a pas échappé aux agriculteurs non plus.
01:06:10 Je vous propose d'écouter
01:06:12 cet agriculteur céréalier et producteur de lait.
01:06:14 - Par contre, le réveil,
01:06:16 une très grosse surprise par rapport à l'information.
01:06:18 Nos députés,
01:06:20 ils sont capables de prendre des décisions,
01:06:22 mais pour eux.
01:06:24 300 d'augmentation d'indemnité
01:06:26 mensuelle parce que la vie a augmenté.
01:06:28 En comparaison de la baisse
01:06:30 du prix de mon lait de -15%,
01:06:32 d'augmentation d'électricité de 10%,
01:06:34 ils sont capables de prendre des décisions
01:06:36 rapidement,
01:06:38 mais pour eux.
01:06:40 Aujourd'hui, ce ne sont plus des politiques.
01:06:42 Ce sont des gens qui s'emplisent leurs poches
01:06:44 et qui sont en train d'enfoncer
01:06:46 les producteurs puisque là,
01:06:48 on n'a aucune écoute, aucun retour.
01:06:50 Je crois que Paris, on va y aller,
01:06:52 mais encore plus déterminé que ce qu'on avait imaginé.
01:06:54 - M. Taverne,
01:06:56 je me tourne vers vous parce qu'il se trouve
01:06:58 que les députés du RN
01:07:00 ont communiqué là-dessus en disant
01:07:02 que finalement, même si ça avait été voté
01:07:04 par leurs délégués, leurs représentants hier,
01:07:06 ils voulaient un report
01:07:08 s'y nédier.
01:07:10 C'est quand même... Quelle erreur
01:07:12 monumentale, déjà, à la base.
01:07:14 Comment on peut même penser à faire une chose pareille
01:07:16 alors que chaque jour,
01:07:18 pratiquement, dans l'actualité,
01:07:20 on parle des Français qui ne sont pas augmentés
01:07:22 et dont le pouvoir d'achat décroît en raison de l'inflation.
01:07:24 C'est terrible en termes d'image.
01:07:26 - Bien sûr.
01:07:28 Je suis à 100% d'accord avec vous.
01:07:30 C'est vrai que le moment est très mal choisi.
01:07:32 C'est très maladroit de la part
01:07:34 de la présidente de l'Assemblée nationale.
01:07:36 En tout cas, notre groupe
01:07:38 a bien communiqué dessus.
01:07:40 - Mais hier, le vote a été effectif.
01:07:42 - Aucun groupe ne s'y est opposé.
01:07:44 - Votre groupe aussi l'a voté.
01:07:46 - Aucun groupe ne s'y est opposé.
01:07:48 - Il y a eu une abstention de l'FI.
01:07:50 - Il n'a pas voté contre.
01:07:52 Le moment est très mal choisi.
01:07:54 Nous demandons à la présidente de l'Assemblée nationale
01:07:56 que cette augmentation soit reportée.
01:07:58 Vu le contexte actuel,
01:08:00 je pense que c'est un choix
01:08:02 qui est quand même assez mal venu.
01:08:04 - Qui veut réagir à ça ?
01:08:06 - Je ne ferai jamais de populisme
01:08:08 sur les indemnités des élus.
01:08:10 C'est facile à faire.
01:08:12 Quand les Français sont pris à la gorge,
01:08:14 c'est facile de dire qu'ils gagnent trop,
01:08:16 qu'il faut arrêter, c'est l'argent des Français.
01:08:18 Jamais je n'en ferai.
01:08:20 En revanche, ce contexte ne doit pas
01:08:22 permettre ce qui s'est passé.
01:08:24 Ce n'est pas possible.
01:08:26 C'est une preuve de déconnexion
01:08:28 totale avec la réalité du pays.
01:08:30 Quand vous avez un salarié
01:08:32 qui gagne le SMIC, à qui on propose
01:08:34 15 euros par mois d'augmentation,
01:08:36 et quand il voit qu'un député gagne
01:08:38 6 000 euros par mois, s'augmente de 300 euros,
01:08:40 en plus avec des frais de mandat,
01:08:42 il gagne suffisamment les députés.
01:08:44 Je ne veux pas qu'on baisse leur salaire.
01:08:46 Mais de grâce, c'est une faute politique
01:08:48 énorme que de mettre sur la table
01:08:50 une augmentation de salaire des parlementaires français.
01:08:52 Les Français sont pris à la gorge.
01:08:54 Toutes les professions
01:08:56 qui nous donnent ce nom,
01:08:58 qui sont à rupture.
01:09:00 Monsieur le député parlait des fonctionnaires
01:09:02 qui font vivre la République,
01:09:04 les infirmières, les aides-soignantes.
01:09:06 Là, on parle des agriculteurs.
01:09:08 Tout le monde souffre dans notre grand pays.
01:09:10 C'est pas le moment de demander de repos.
01:09:12 Mais non !
01:09:14 Ni moment, ni report.
01:09:16 Aujourd'hui, dans le contexte de la société française,
01:09:18 les parlementaires gagnent assez.
01:09:20 Qu'on ne baisse pas leur salaire, qu'on ne fasse pas de populisme
01:09:22 avec ceux qui gagnent, oui, très bien.
01:09:24 Mais de grâce, une augmentation de 300 euros par mois.
01:09:26 - En fait, c'est pas du salaire, mais néanmoins,
01:09:28 parce que ceux qui le vouient aimer, c'est pas du salaire.
01:09:30 Ça améliore quand même grandement
01:09:32 leur condition de vie.
01:09:34 - C'est pas possible.
01:09:36 - Qu'est-ce qui prend ce genre de décision ?
01:09:38 - C'est la réveille qui prend ce genre de décision.
01:09:40 Tous les groupes l'ont votée,
01:09:42 sauf la France Insoumise qui s'est abstenue.
01:09:44 Donc, responsabilité, partagée.
01:09:46 Peu importe l'initiative.
01:09:48 - Pardon, il y a quelqu'un qui rédige la proposition.
01:09:50 - Et alors ?
01:09:52 - Après, les présidents de groupe
01:09:54 et les membres du bureau vont dire
01:09:56 "non, on en veut pas".
01:09:58 Tout le monde était d'accord, sauf la France Insoumise
01:10:00 qui s'est juste abstenue.
01:10:02 Ce que ça veut dire, c'est évidemment
01:10:04 déconnexion absolument totale.
01:10:06 - Et une fois de plus, on a un des résultats
01:10:08 de l'interdiction du cumul du mandat.
01:10:10 - Chacun va pouvoir donner son avis.
01:10:12 Vous serez un peu moins concerné, vous êtes député européen.
01:10:14 - Je comprends pas. L'affaire n'a pas été soulevée
01:10:16 en réunion de groupe, préalablement ?
01:10:18 Vous n'avez pas eu personne
01:10:20 à mentionner devant l'EFG ?
01:10:22 - Je ne veux pas, en tout cas,
01:10:24 évacuer ma responsabilité.
01:10:26 - Il n'y a pas forcément la raison, ça.
01:10:28 - Il s'avère que
01:10:30 pendant notre réunion de groupe,
01:10:32 je suis rapporteur d'une mission
01:10:34 de la défense et j'étais en audition.
01:10:36 Je n'ai pas participé à la réunion de groupe.
01:10:38 C'est pour ça que je l'ai su hier soir,
01:10:40 près du couloir de l'Université nationale.
01:10:42 - Ça vous choque, en tant que député européen ?
01:10:44 - Ça me choque, c'est-à-dire que...
01:10:46 - Vous n'êtes pas à plaindre non plus, les députés européens.
01:10:48 - Je suis en train de me plaindre.
01:10:50 D'abord, les choses sont transparentes.
01:10:52 Si on veut voter, c'est une question de vote.
01:10:54 À partir du moment où c'est transparent
01:10:56 et qu'il y a une procédure qu'on suit,
01:10:58 on est d'accord ou pas d'accord.
01:11:00 En l'occurrence, c'est la démocratie
01:11:02 qui est une grosse erreur de commun.
01:11:04 - En l'occurrence, tout le monde était d'accord.
01:11:06 Il y a peut-être eu une abstention.
01:11:08 Je ne sais pas, parce que vous m'avez appris cette nouvelle.
01:11:10 Ce que je veux dire, c'est qu'il y a un moment
01:11:12 où il faut que tout le monde y réfléchisse
01:11:14 et en discute, mais tout le monde,
01:11:16 in fine, était d'accord.
01:11:18 - C'est pour ça que j'ai posé cette question,
01:11:20 de savoir si la question avait été discutée
01:11:22 devant les députés en réunion de groupe.
01:11:24 - Ça dépend des groupes.
01:11:26 - Le président prend la température du groupe
01:11:28 et ensuite il va au bureau et dit
01:11:30 "Pierre, on est en rejoindre".
01:11:32 - Tout le monde est d'accord, alors que normalement,
01:11:34 à l'Assemblée, ça ne fonctionne plus comme ça.
01:11:36 - Je suis désolée de vous presser un petit peu,
01:11:38 mais on doit rejoindre le Conseil constitutionnel
01:11:40 parce que, à force de parler de l'Assemblée,
01:11:42 c'est le grand jour pour la loi immigration
01:11:44 et donc Thomas Bonnet nous attend sur place.
01:11:46 Le Conseil constitutionnel va rendre son avis
01:11:48 tout à l'heure, ça sera autour de 16h30,
01:11:50 avec une censure partielle, vraisemblablement,
01:11:52 mais quand même, ça pourrait concerner
01:11:54 près de la moitié, voire peut-être même
01:11:56 un peu plus des articles.
01:11:58 - Oui, parce que les saisines
01:12:00 qui ont été déposées au Conseil constitutionnel
01:12:02 concernent 44 des 86 articles
01:12:04 que contient la loi immigration.
01:12:06 Parmi les mesures qui pourraient être censurées,
01:12:08 on peut citer par exemple
01:12:10 le durcissement des conditions
01:12:12 pour les allocations familiales,
01:12:14 le durcissement des conditions
01:12:16 pour le regroupement familial
01:12:18 ou encore la caution pour les étudiants étrangers.
01:12:20 Le verdict est attendu dans moins d'une heure maintenant.
01:12:22 On aura la décision du Conseil constitutionnel
01:12:24 par le biais d'un vote de la loi immigration
01:12:26 constitutionnelle par le biais d'un communiqué
01:12:28 qui va nous être envoyé
01:12:30 par les Sages,
01:12:32 qui plonge depuis près d'un mois maintenant
01:12:34 sur le dossier, censure partielle,
01:12:36 c'est le scénario le plus probable.
01:12:38 La question maintenant, c'est de savoir
01:12:40 combien de mesures vont être censurées.
01:12:42 - Il est lui-même censuré.
01:12:48 - On a eu un petit problème, on espère tout à l'heure
01:12:50 que ça fonctionnera quand il nous aura rendu
01:12:52 de cette décision. Alors, pourquoi ?
01:12:54 Je vais vous expliquer, parce que même moi,
01:12:56 il a fallu que je me penche un peu sur tout ça.
01:12:58 Pourquoi ça bloque ? Parce que ces articles
01:13:00 qui pourraient être toqués seraient considérés
01:13:02 comme des cavaliers législatifs.
01:13:04 On explique, il y a un cadre, a priori,
01:13:06 si j'ai tout bien compris, qui est fixé par l'exécutif.
01:13:08 Tout ce qui n'est pas en lien direct
01:13:10 avec ce cadre,
01:13:12 c'est-à-dire le cadre initial, c'est sur
01:13:14 contrôler l'immigration et améliorer l'intégration,
01:13:16 ça peut sauter.
01:13:18 Ça veut dire que ce qui peut sauter,
01:13:20 ça engloberait l'acquisition de la nationalité,
01:13:22 la fin de l'automaticité du droit du sol,
01:13:24 la déchirure de la nationalité, et puis toutes les questions
01:13:26 autour des quotas dont la prérogative revient
01:13:28 au préfet. Si j'ai bien tout compris, c'est ça ?
01:13:30 - Vous avez tout compris, sauf qu'on est
01:13:32 vraiment dans une discussion
01:13:34 pour couper les champs en quatre.
01:13:36 Tous les thèmes qui ont été cités comme cavaliers
01:13:38 sont liés à l'immigration.
01:13:40 Le droit du sol,
01:13:42 l'accès à la nationalité,
01:13:44 ce sont des choses qui sont liées à l'intégration,
01:13:46 ce sont des choses qui sont liées à l'entrée
01:13:48 sur le sol. C'est invraisemblable
01:13:50 d'aller découper, moi je suis juriste,
01:13:52 on peut dire tout
01:13:54 et le contraire de tout,
01:13:56 mais une loi sur l'immigration
01:13:58 et l'intégration inclut
01:14:00 toutes les questions en question, y compris
01:14:02 le traitement sanitaire
01:14:04 des étrangers sur notre sol.
01:14:06 - Ce n'est pas dans le texte.
01:14:08 - Bien sûr. Ils ont exclu
01:14:10 l'AME au fait que c'était
01:14:12 une affaire de santé publique.
01:14:14 C'est d'abord une affaire de savoir...
01:14:16 - Donc le Conseil constitutionnel va prendre
01:14:18 une décision politique. - Bien entendu.
01:14:20 - Il va falloir la justifier quand même.
01:14:22 - C'est d'ailleurs ce que Fabius ne voulait pas faire.
01:14:24 Fabius ne voulait pas le faire et a dit à Macron
01:14:26 "Nous on n'est pas une chambre d'appel".
01:14:28 - Michael Taverne, à quoi vous vous attendez ?
01:14:30 Et puis plus globalement
01:14:32 sur la séquence politique, y compris
01:14:34 d'Emmanuel Macron et de la majorité,
01:14:36 qu'est-ce que vous en pensez ? - Écoutez, déjà on verra
01:14:38 ce que dira le Conseil constitutionnel.
01:14:40 Ce qui est certain, c'est que visiblement
01:14:42 il y aurait des articles qui seraient censurés.
01:14:44 Donc on va dire que le vœu
01:14:46 d'Emmanuel Macron va être exaucé puisque
01:14:48 à peine ce projet de loi
01:14:50 voté à l'Assemblée, il saisit directement
01:14:52 le Conseil constitutionnel. Alors qu'il avait demandé
01:14:54 à ses députés
01:14:56 de voter ce projet de loi, il fallait lutter
01:14:58 contre l'immigration, il fallait être ferme dans les décisions.
01:15:00 Et une nouvelle fois,
01:15:02 c'est de l'enfumage, c'est de la communication,
01:15:04 c'est en même temps macroniste, c'est-à-dire qu'il dit
01:15:06 lutter contre l'immigration.
01:15:08 Mais on sait très bien que l'immigration pour Emmanuel Macron
01:15:10 et les Européens, c'est un projet
01:15:12 qui détient le nombre d'entrées
01:15:14 record, en tout cas, d'entrées légales
01:15:16 sur le territoire, c'est Emmanuel Macron.
01:15:18 Qui détient le nombre de premiers titres
01:15:20 délivrés, c'est Emmanuel Macron.
01:15:22 Qui disait en 2021 que l'immigration
01:15:24 était une chance pour la France ? Je ne pense pas que les
01:15:26 Français pensent la même chose, c'est Emmanuel Macron.
01:15:28 Ensuite, qui disait que 100%
01:15:30 des OQTF seraient exécutés,
01:15:32 c'est une nouvelle fois Emmanuel Macron.
01:15:34 Donc on voit bien que c'est un enfumage,
01:15:36 une nouvelle fois, du président de la République.
01:15:38 Il suffit juste de voir un petit peu ce que
01:15:40 veulent les Français. Puisque
01:15:42 la notion, si vous voulez, de priorité nationale,
01:15:44 c'est ce que font 90% des pays du monde,
01:15:46 c'était une notion que
01:15:48 désire une très grande majorité de Français.
01:15:50 Quand on voit les enquêtes d'opinion,
01:15:52 les sondages, notamment
01:15:54 sur le droit du sol, notamment
01:15:56 sur les prestations sociales,
01:15:58 notamment sur expulser les délinquants
01:16:00 étrangers, le regroupement familial, on voit
01:16:02 que les Français veulent beaucoup
01:16:04 plus, justement, de fermeté
01:16:06 dans ce sens. C'est ce qu'Emmanuel Macron
01:16:08 a fait semblant, en tout cas,
01:16:10 il fait croire aux Français et il s'avère que
01:16:12 c'est tout à fait le contraire. - Karim Zeribi, est-ce qu'on a fait mine
01:16:14 de s'allier avec les LR pour aller vite,
01:16:16 pour faire passer le texte, pour finalement
01:16:18 derrière, de manière cynique,
01:16:20 savoir que ce serait retoqué
01:16:22 de toute façon ? - C'est moi, c'est plus ça
01:16:24 qui m'interpelle, effectivement. Je pense que vous posez la bonne
01:16:26 question, Nelly, dans la mesure où, on va pas
01:16:28 refaire le débat sur l'immigration, je suis pas
01:16:30 tout à fait d'accord avec ce que je viens d'entendre, mais
01:16:32 c'est pas le lieu et nous n'avons pas le temps
01:16:34 de le regrouper. - Non mais sur la méthode, en fait. - Mais sur la méthode,
01:16:36 je suis entièrement d'accord avec vous,
01:16:38 il est quand même surprenant, voire choquant,
01:16:40 de voir une majorité présidentielle
01:16:42 avaliser un CMPN texte,
01:16:44 dont les dirigeants
01:16:46 de cette majorité présidentielle
01:16:48 saisissent tout de suite, à l'issue
01:16:50 de la CMP, le Conseil constitutionnel,
01:16:52 en pensant,
01:16:54 voire même en espérant,
01:16:56 que le Conseil constitutionnel
01:16:58 détricote ce sur quoi
01:17:00 ils se sont positionnés favorablement.
01:17:02 Et quelque part, il y a un stratagème politique
01:17:04 qui est très désagréable, en fait,
01:17:06 on fait passer cette loi sur l'immigration en CMP,
01:17:08 aller, de manière accélérée, votez pour,
01:17:10 cherchez pas trop à comprendre si c'est constitutionnel ou pas,
01:17:12 et puis on va faire arbitrer ça
01:17:14 par le Conseil constitutionnel, et c'est pas nous
01:17:16 qui avons détricoté, c'est le Conseil constitutionnel.
01:17:18 Je trouve que politiquement, c'est malsain.
01:17:20 - C'est hypocrite, quoi. - C'est juste contraire
01:17:22 à la séparation des pouvoirs. - Non, non,
01:17:24 c'est pas la séparation des pouvoirs, ça veut dire que tu votes
01:17:26 un CMPN texte
01:17:28 dont tu espères qu'il sera détricoté,
01:17:30 ça veut dire que tu es malhonnête, politiquement et intellectuellement.
01:17:32 - Stéphanie Yonne-Courtant, quand même,
01:17:34 pour la défense, c'est vrai que
01:17:36 ça peut surprendre, les Français comprennent pas
01:17:38 quand même ce genre de... - Mais d'abord,
01:17:40 est-ce que le Conseil constitutionnel s'est prononcé, là ?
01:17:42 Donc, on peut peut-être attendre, moi je suis avocat,
01:17:44 hein, de formation, donc je suis pas juge constitutionnel,
01:17:46 et donc, je pense que déjà,
01:17:48 la première des choses, donc, on a le droit
01:17:50 de pas être d'accord, c'est déjà, attendons
01:17:52 que le Conseil constitutionnel se prononce. Deuxième chose,
01:17:54 est-ce qu'il était interdit,
01:17:56 est-ce qu'il était interdit de saisir le Conseil constitutionnel ?
01:17:58 Est-ce que c'était interdit ?
01:18:00 Là, vous parlez de la politique, moi je vous parle
01:18:02 juridiquement, est-ce que c'était interdit ?
01:18:04 - Non, enfin, le président Emmanuel Macron...
01:18:06 - Emmanuel Macron vous dit, "Circulation, disposition, ne me convient pas."
01:18:08 - Il dit même qu'il est contre.
01:18:10 - D'ailleurs, le Conseil constitutionnel va l'étendrer.
01:18:12 - Il est contre. - Darmanin, Borne et Macron
01:18:14 ont dit, tous les trois,
01:18:16 qu'il y avait des choses dans ce texte qui ne leur souhaitaient pas.
01:18:18 - Oui, mais il a pas dit qu'il était contre.
01:18:20 - Mais attendez, en plus, l'argument, c'est...
01:18:22 - J'ai pas terminé, vous avez terminé.
01:18:24 - Pardon, je prends une seconde, je reviens.
01:18:26 Je vais au Conseil constitutionnel,
01:18:28 pour qu'ils considèrent que tout ça est hors sujet.
01:18:30 - Merci. - C'est quand même énorme.
01:18:32 - Allez-y, pour votre démonstration, vous laissez terminer.
01:18:34 - C'était une question que je vous posais,
01:18:36 et vous pouviez très bien répondre,
01:18:38 après que je parle.
01:18:40 Donc la première des choses, c'était ça.
01:18:42 Attendons ce que va dire le Conseil constitutionnel.
01:18:44 Je pense que le président de la République a pas dit qu'il était complètement contre.
01:18:46 - Heureusement pas, complètement.
01:18:48 - Non, mais il y a peut-être...
01:18:50 - Ce serait ta comble.
01:18:52 - Vous savez que dans les assemblées parlementaires,
01:18:54 en tout cas au Parlement européen,
01:18:56 comme ça, vous devez le savoir,
01:18:58 on fait des compromis.
01:19:00 Donc on n'est pas d'accord, surtout...
01:19:02 - On va voter un texte. - Non, mais on ne reporte pas les compromis.
01:19:04 On les fait au Parlement.
01:19:06 - Bien sûr. - Là, ils sont reportés au Conseil constitutionnel, les compromis.
01:19:08 - Non, mais c'est pour ça que...
01:19:10 - Si vous êtes avocate, vous avez entendu parler de la séparation des pouvoirs, quand même.
01:19:12 - Non, mais j'entends bien, mais la séparation des pouvoirs doit être respectée.
01:19:14 Et la question que je vous posais, c'est
01:19:16 est-ce qu'il y avait une interdiction juridique
01:19:18 de saisir le Conseil constitutionnel ?
01:19:20 - Mais la question n'a rien à voir.
01:19:22 - La question n'est pas là.
01:19:24 Et la deuxième chose, c'est attendons que le Conseil constitutionnel se prononce.
01:19:26 - Non, mais vous avez 20 minutes, mais vous n'allez pas tenir longtemps sur cet argument.
01:19:28 - Non, mais pardon.
01:19:30 - On est à 20 minutes de la décision.
01:19:32 - Et la troisième chose, c'est...
01:19:34 - C'est à la fin.
01:19:36 - Moi, je veux mettre en perspective le pacte asile-migration
01:19:38 qui a été voté par le Parlement européen.
01:19:40 Et vous parliez tout à l'heure, effectivement,
01:19:42 des attentes des Français
01:19:44 et dont, nous, nous sommes retrouvés,
01:19:46 quand vous dites qu'on ne fait rien...
01:19:48 - Non, mais il n'y a rien dans ce pacte.
01:19:50 - Je ne suis pas sûre qu'ils soient d'accord des attentes.
01:19:52 - L'extrême gauche et la gauche qui voulaient accueillir tout le monde
01:19:56 et l'extrême droite... Attendez, je termine.
01:19:58 Et l'extrême droite et la droite qui voulaient refouler tout le monde
01:20:02 et qui ne savaient pas trop comment se comporter par rapport à...
01:20:06 - Vous ne pourrez pas répondre au problème politique qui est posé par cette décision du Conseil
01:20:10 par le pacte asile-migration
01:20:12 qui, de toute façon, n'a aucun impact sur les entrées en France.
01:20:14 - Bien sûr que si.
01:20:16 - Et vous le savez. C'est un désastre.
01:20:18 - Non, mais ce qui pose problème aux Français, je pense,
01:20:20 j'essaie de comprendre aussi ce que peuvent ressentir ceux qui nous regardent,
01:20:24 c'est que, retoquer, oui, pourquoi pas, une partie,
01:20:28 c'est le rôle du Conseil constitutionnel,
01:20:30 mais retoquer, comme ça va sans doute être le cas,
01:20:32 30, 40 articles sur 86,
01:20:34 c'est plus un texte, c'est un texte désocédé complètement.
01:20:36 - Ce qui est extrêmement problématique, c'est le comportement d'Emmanuel Macron
01:20:41 qui, pour éviter un échec politique grave
01:20:44 qui aurait été le rejet de son projet de loi immigration,
01:20:48 s'est livré, effectivement, à des contorsions,
01:20:51 en disant, en gros, à sa première ministre et à ses députés,
01:20:55 et notamment à l'aile gauche de sa majorité relative,
01:20:58 "Votez n'importe quoi, ça n'est pas grave,
01:21:01 puisque de toute façon, moi-même, je n'assume pas ces mesures,
01:21:04 et le Conseil constitutionnel les censurera."
01:21:06 Voilà ce qui est grave.
01:21:08 C'est ce qu'on appelle une absence de sincérité vis-à-vis des Français.
01:21:14 - En guise de conclusion, vous avez le mot de la fin,
01:21:17 si il y a trop d'articles qui sont retoqués,
01:21:20 à ce moment-là, je crois que certaines formations,
01:21:22 enfin les formations politiques, peuvent aussi s'en saisir
01:21:25 et demander une nouvelle loi, non ?
01:21:27 - On peut toujours demander, mais techniquement, la loi sera votée
01:21:30 telle que censurée par le Conseil.
01:21:32 - Ah oui, c'est une peau de chagrin, quoi.
01:21:33 - Vous savez, les Français n'ont jamais été interrogés par référendum
01:21:36 sur la question migratoire.
01:21:37 Et donc, en 2027, si les Français nous font confiance,
01:21:41 Marine Le Pen à l'Elysée et Jean-Marc Mardela à Matineau,
01:21:43 nous interrogerons les Français par référendum, puisque...
01:21:46 - Quelle question vous poserez ?
01:21:47 - Ce sera un texte, et d'ailleurs, il est déjà prêt.
01:21:49 - Pour reprendre les relations ?
01:21:50 - Non, non, non, il est déjà prêt, avec des mesures,
01:21:52 notamment des mesures que souhaitent les Français
01:21:54 en ce qui concerne les prestations sociales,
01:21:56 le logement, le regroupement familial, le droit du sol.
01:21:58 Notre texte est prêt et il sera soumis par référendum aux Français.
01:22:01 - Merci beaucoup. Merci à ceux qui nous ont rejoints pour cette heure,
01:22:03 d'avoir joué le jeu. Merci, Pierre, d'avoir été là.
01:22:06 Certains d'entre vous, d'ailleurs, vous restez.
01:22:08 On remercie nos députés, Karim et Judith, également,
01:22:11 vous ont décrypté cette dernière heure,
01:22:13 et vous serez peut-être là au moment de la décision
01:22:15 du Conseil constitutionnel. À tout de suite.
01:22:17 - Nous sommes de retour dans 180 minutes,
01:22:22 un fois avec un nouveau rendez-vous de l'actualité
01:22:24 en votre compagnie, Vincent Farandaz.
01:22:25 Et à la une, bien sûr, toujours, cette mobilisation des agriculteurs.
01:22:28 Nous sommes d'ailleurs aux côtés de nombreux exploitants
01:22:30 tout au long de l'après-midi.
01:22:31 - Avant d'aller voir Audrey Bertheau en direct de la CES du côté de Beauvais,
01:22:34 je vous propose de découvrir cette carte-selle des axes bloqués,
01:22:38 désormais un petit peu partout sur le territoire.
01:22:41 Audrey Bertheau, vous êtes avec Florian Paume,
01:22:43 au niveau de Beauvais, sur la CES.
01:22:46 Les sections d'Ile-de-France, de la FNSEA,
01:22:48 et des jeunes agriculteurs appellent à bloquer Paris demain.
01:22:51 Les agriculteurs autour de vous vont-ils répondre à cet appel ?
01:22:54 - Écoutez, Vincent, pour le moment,
01:23:00 les agriculteurs sur la CES vont prendre la route,
01:23:03 vous le voyez, on est dans un tracteur,
01:23:05 je suis avec Laurent Pollet, céréalier dans l'Oise.
01:23:09 Laurent, on va se diriger vers Paris, quel est le but ?
01:23:12 On va avancer de combien de kilomètres ?
01:23:15 - Alors là, on va avancer de quelques kilomètres,
01:23:18 on va progresser vers l'autoroute A1,
01:23:21 on va s'arrêter sur le secteur d'Amblinville,
01:23:24 où on a une entrée d'autoroute de la CES.
01:23:27 En fait, le but, j'insiste bien,
01:23:30 on n'est pas des casseurs dans notre métier,
01:23:32 mais par contre, quand ça ne va pas, on veut se faire entendre,
01:23:35 et on a une solidarité, vous ne pouvez pas vous imaginer,
01:23:38 dans le monde agricole, c'est que quand il y a un secteur en crise,
01:23:41 on ne lâchera pas comme ça, mais en 2019,
01:23:44 on est monté à Paris pour les ZNT,
01:23:47 on ne s'est pas fait entendre, on nous a dit,
01:23:49 on renégociera par la suite, et aujourd'hui, ce message-là,
01:23:52 on ne peut plus l'entendre de qui que ce soit,
01:23:55 si on monte, on n'est pas entendu, on ne lâchera pas,
01:23:59 on montera à Paris, mais ça ne s'arrêtera pas à Paris,
01:24:02 on aura d'autres points aussi d'action,
01:24:04 aujourd'hui, on a un monde agricole qui est solidaire,
01:24:07 quelque partie que ce soit,
01:24:10 aujourd'hui, on a tout le monde qui est avec nous, dans notre secteur,
01:24:13 que ce soit, aujourd'hui, céréaliers,
01:24:17 polyculteurs, que nous sommes, dans le bassin de l'Oise,
01:24:20 dans la Picardie, on a des exploitations d'élevage,
01:24:23 qui sont bien sûr en même temps dans le système de polyculture,
01:24:26 on a aussi d'autres secteurs qui sont en crise, également,
01:24:29 aujourd'hui, on en a ras-le-bol de ce millefeuille administratif,
01:24:33 de marcher à chaque fois avec la PAC, un système à points,
01:24:36 aujourd'hui, on a aussi des systèmes
01:24:39 où quand on ne peut pas se mettre nos couverts végétaux,
01:24:42 après la moisson qui sont imposés par la DDT et autres,
01:24:46 on nous met une amende,
01:24:49 quand on ne peut pas aller travailler dans nos champs,
01:24:51 aujourd'hui, je vous donne l'exemple concret,
01:24:53 on nous impose de se mettre des jachères fleuries,
01:24:56 d'ici quelques temps, je crois que c'est le 1er mars,
01:24:58 je ne voudrais pas dire d'erreur, voyez-vous,
01:25:00 on réfléchit à chaque fois, moi-même, je réfléchis à chaque fois,
01:25:02 à ce que j'ai le droit de faire,
01:25:04 aujourd'hui, si je n'ai pas mon téléphone sur moi,
01:25:06 à quelque part, pour savoir quelles sont les dates,
01:25:09 aujourd'hui, on en est perdu,
01:25:10 parce qu'on a la peur à chaque fois du contrôle dans tout.
01:25:12 Et aujourd'hui, regardez, je vous donne un exemple concret,
01:25:15 on nous impose les jachères, vous avez dans le Pas-de-Calais,
01:25:18 dans le 62, qui est au nord de chez nous,
01:25:20 nos voisins du Pas-de-Calais,
01:25:21 ils n'ont même pas pu arracher leurs pommes de terre,
01:25:23 leurs betteraves, ils n'ont pas réussi à arracher leurs blés,
01:25:25 et on nous impose 4% de jachères dans la France,
01:25:28 au niveau agricole, aujourd'hui, c'est une aberration totale,
01:25:31 alors qu'on a bien plus de 4% de zones incultivées,
01:25:34 avec des blés qui sont très mal implantés,
01:25:36 qui auront de très mauvais potentiels pour la poisson à venir.
01:25:39 Et on comprend et on entend ce ras-le-bol,
01:25:42 et donc, je vous le disais,
01:25:43 on va prendre la route d'ici quelques minutes,
01:25:46 direction Paris, pour continuer ce mouvement,
01:25:49 ils continuent leur mobilisation,
01:25:51 ils iront jusqu'au bout.
01:25:53 Audrey Bertheau, avec Florian Paume,
01:25:55 merci à tous les deux en direct de La Saise.
01:25:58 Donc, on va prendre la direction de Agen,
01:26:00 vous retrouvez Antoine Estève,
01:26:02 à Agen, où il y a plusieurs actions,
01:26:04 depuis deux jours, désormais,
01:26:06 une action est justement en cours à la gare d'Agen,
01:26:08 Antoine, expliquez-nous.
01:26:10 - Effectivement, ce sont ces images que vous voyez en direct,
01:26:15 en ce moment, devant la gare d'Agen,
01:26:17 avec ces immenses baines agricoles,
01:26:19 et ces déchets agricoles,
01:26:20 qui sont déposés devant la gare d'Agen,
01:26:22 bloquant complètement la circulation,
01:26:23 vous voyez autour de nous,
01:26:24 il y a de nombreux voyageurs,
01:26:26 qui se sont rassemblés devant la gare d'Agen,
01:26:28 alors le trafic ferroviaire va être interrompu,
01:26:31 ou est peut-être déjà interrompu,
01:26:33 c'est ce que nous ont dit les agriculteurs qui se trouvent ici,
01:26:35 parce qu'ils ont bloqué les voies un petit peu plus loin,
01:26:37 au niveau d'un pont, et d'un passage à niveau,
01:26:40 d'autres informations, évidemment, vont nous parvenir,
01:26:42 d'ici quelques minutes, sur ces actions en cours,
01:26:45 mais vous le voyez,
01:26:46 beaucoup, beaucoup d'agriculteurs autour de nous,
01:26:48 des membres de la coordination rurale du 47,
01:26:52 ce sont ces bonnets jaunes,
01:26:54 que vous voyez partout autour de moi,
01:26:55 et ces immenses baines,
01:26:57 qui sont vidées devant la gare,
01:26:58 bloquant évidemment tout le centre-ville de la ville d'Agen,
01:27:01 et les voyageurs qui devaient prendre leur train,
01:27:04 ou arriver à la gare d'Agen.
01:27:05 Merci beaucoup Antoine, pour ces images,
01:27:07 pour cette illustration de cette colère,
01:27:09 on voit bien qu'il gagne le territoire.
01:27:11 Voilà pour l'essentiel,
01:27:12 on y revient dans un tout petit instant,
01:27:13 avec nos invités,
01:27:14 mais on n'en oublie pas l'actualité sportive.
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01:27:25 A l'impossible, nul n'est tenu.
01:27:28 Sébastien Auger le sait bien.
01:27:30 Il n'empêche, de retour sur les routes de la région de Gap,
01:27:32 sa ville natale,
01:27:33 le non-nupele vainqueur à Monte-Carlo,
01:27:35 le record, 8 fois en WRC,
01:27:37 une fois en IRC,
01:27:38 s'abuse toujours,
01:27:39 à désormais 40 ans.
01:27:40 Je n'ai pas l'impression d'avoir beaucoup changé
01:27:42 depuis l'année dernière,
01:27:43 mais mine de rien,
01:27:44 petit à petit,
01:27:46 les cheveux blancs arrivent,
01:27:47 mais de notre côté,
01:27:48 l'expérience n'en est que plus grande.
01:27:50 Blanchi sous le harnais,
01:27:51 le pilote Toyota l'est,
01:27:53 assurément.
01:27:54 Et même à temps partiel en WRC,
01:27:56 depuis son 8e titre mondial,
01:27:57 il y a 3 ans,
01:27:58 le tenant du titre,
01:27:59 dans le mythique rallye,
01:28:00 s'avance en favori des 8 pilotes engagés.
01:28:03 Oui, il y a de quoi être confiant maintenant.
01:28:04 Il y a toujours des petites évolutions.
01:28:06 Le plus gros déchange en ce week-end,
01:28:07 c'est une Evo-Moteur.
01:28:09 On se dit que chaque chevaux compte à ce niveau-là,
01:28:11 donc on va voir.
01:28:13 On va voir ce week-end,
01:28:15 et si la concurrence a travaillé plus que nous ou pas.
01:28:17 Sur un parcours globalement asphalté,
01:28:19 propice aux gommes slick,
01:28:20 la bataille s'annonce totale,
01:28:22 même en l'absence du double champion du monde,
01:28:24 Caler Rauvenperä,
01:28:25 comme elle sera,
01:28:26 à haut risque.
01:28:27 Il n'y a pas de neige,
01:28:28 mais ça risque d'être piégeux malgré tout.
01:28:29 À 8h du matin,
01:28:30 il y a beaucoup de givre,
01:28:31 de glace.
01:28:32 Toute cette neige des montagnes qui fond
01:28:34 ravine pas mal.
01:28:36 Les quelques coulées de glace
01:28:37 vont être très piégeuses,
01:28:38 et il va falloir être sûr de les avoir dans les notes.
01:28:40 Et dans le pilotage,
01:28:41 on voit que l'épreuve d'ouverture du calendrier
01:28:43 reste une histoire française.
01:28:44 11 victoires depuis 2012.
01:28:46 Une hégémonie tricolore,
01:28:47 brisée seulement une fois en 2020
01:28:49 par le belge Thierry Neuville.
01:28:51 De nouveaux invités.
01:29:04 Karim Zeribi et Judith Vintraub sont restés.
01:29:08 Et on accueille Yohann Gillet,
01:29:09 député Rassemblement National du Gard.
01:29:11 Bonjour, bienvenue à vous.
01:29:12 Dans un instant, c'est Louis Marguerite,
01:29:14 pour Renaissance,
01:29:15 qui nous rejoindra également.
01:29:16 On va évidemment parler de la colère des agriculteurs,
01:29:18 dont on a bien compris
01:29:19 qu'elle était en train de se propager,
01:29:21 et même pour certains d'entre eux,
01:29:22 de converger vers Paris.
01:29:24 Sachant que Gabriel Attal a réuni plusieurs ministres
01:29:26 aujourd'hui avant de procéder à des annonces demain.
01:29:29 On verra s'il est au rendez-vous de l'urgence.
01:29:32 Vous voyez ces images qui nous parviennent d'Agen,
01:29:34 où on sera dans un instant,
01:29:35 avec cette colère qui s'exerce maintenant
01:29:37 devant la gare pour ces opérations coup de poing,
01:29:40 qui visent, comme toujours avec les agriculteurs,
01:29:42 à marquer les esprits.
01:29:44 Ils n'ont cette capacité, cette force de frappe,
01:29:47 de mener des actions hautement symboliques.
01:29:49 Il y a donc une grosse pression sur l'exécutif,
01:29:51 vous l'aurez compris,
01:29:52 alors que les renseignements préviennent aussi
01:29:53 d'un risque d'aggravation.
01:29:55 Si les choses venaient encore à traîner,
01:29:57 en termes d'annonce,
01:29:58 ils pointent même des risques de trouble à l'ordre public.
01:30:00 On commence à le voir un petit peu.
01:30:02 Mais écoutez cet éleveur de bovins,
01:30:04 qui nous dit que la violence, selon lui,
01:30:06 n'est pas la solution.
01:30:08 Ce n'est pas la bonne méthode pour moi.
01:30:11 Ce n'est pas la bonne méthode parce qu'au final,
01:30:14 on va laisser des traces et de mauvaises images de l'agriculture.
01:30:17 Je pense qu'ici, on a montré une belle image de l'agriculture.
01:30:19 On peut être en colère,
01:30:20 mais moi ce n'est pas de la colère,
01:30:21 c'est de la détermination.
01:30:22 Moi mon intérêt, c'est de gagner le match,
01:30:24 et pas de tout casser.
01:30:25 Yoann Gillet, là on est à un point de bascule,
01:30:28 on voit ces images qui nous parviennent en direct
01:30:30 de la gare d'Agin.
01:30:32 Agin, c'est un peu le point de convergence quand même
01:30:34 avec les crispations en ce moment.
01:30:36 On a vu ce qui s'est passé devant la préfecture,
01:30:38 il y a eu un McDonald's qui a été investi.
01:30:40 Il faut faire attention aussi pour le gouvernement
01:30:42 de prendre la mesure de la colère sociale au sens large ?
01:30:46 Je crois que le gouvernement doit prendre conscience
01:30:48 de l'état de notre agriculture
01:30:50 et de ce que vivent nos agriculteurs.
01:30:52 On l'a dit à plusieurs reprises,
01:30:54 un agriculteur se suicide tous les deux jours,
01:30:58 un agriculteur sur trois vit avec 350 euros par mois.
01:31:02 Si on se rend bien compte de ce dont on parle.
01:31:04 Et puis effectivement, il y a une colère qui est légitime.
01:31:06 Et le gouvernement doit prendre conscience
01:31:08 qu'il y a nécessité d'agir,
01:31:10 d'améliorer le quotidien de nos agriculteurs
01:31:12 et de faire en sorte qu'ils puissent vivre de leur travail.
01:31:15 Parce que là on parle de gens qui travaillent,
01:31:17 et qui travaillent pas qu'un peu d'ailleurs.
01:31:19 Ils font des heures extrêmement importantes,
01:31:21 avec un travail extrêmement difficile physique.
01:31:24 Et on a là toute une part de la population
01:31:26 qui nourrit les Français,
01:31:28 qui ne peut pas vivre dignement.
01:31:30 - Par quoi ça doit passer en priorité ?
01:31:32 Je crois que la FNSE a évoqué 24 mesures d'urgence,
01:31:35 c'est ce qu'elle demande à l'exécutif.
01:31:37 Dont d'ailleurs le versement des aides en retard de la PAC.
01:31:40 Ça, ça paraît quand même être du bon sens en un mot.
01:31:42 - Ça paraît être du bon sens, mais vous savez,
01:31:44 c'est toute la machine administrative française
01:31:46 qui ne fonctionne pas, qui est rouillée.
01:31:48 Et aujourd'hui on a des gens qui ont le droit à des aides,
01:31:51 qui devraient toucher ces aides, et qui ne les touchent pas.
01:31:54 Mais il y a beaucoup de mesures à prendre,
01:31:56 sur le patriotisme économique notamment.
01:31:58 L'argent public doit être en priorité versé
01:32:00 à nos agriculteurs locaux.
01:32:02 Quand je vois que dans nos cantines,
01:32:04 nos maires par exemple, n'ont pas la possibilité
01:32:06 d'exiger d'avoir des produits locaux ou français,
01:32:10 c'est le genre de choses qui ne vont pas.
01:32:12 Les traités de libre-échange aussi, c'est important.
01:32:14 Il faut un moratoire sur ces traités.
01:32:16 Pas plus tard qu'hier d'ailleurs, au Parlement européen,
01:32:18 un nouveau traité de libre-échange était en négociation.
01:32:21 Preuve que le gouvernement n'a pas pris conscience
01:32:23 de la réalité des choses, puisque les députés européens
01:32:26 de la majorité présidentielle soutiennent ces traités.
01:32:31 Quand j'entends certains députés de la majorité présidentielle
01:32:34 dire sur votre plateau ou sur d'autres,
01:32:36 qu'il faut en finir avec ces traités de libre-échange,
01:32:38 je leur dis d'être un peu cohérents.
01:32:40 Judith n'est pas tout à fait d'accord là-dessus,
01:32:42 parce qu'elle nous dit que ce n'est pas si défavorable que ça à la France.
01:32:46 Quand on regarde les études extrêmement sérieuses
01:32:50 qui ont été menées sur les traités de libre-échange,
01:32:52 et en fait il y en a énormément,
01:32:54 il y a 43 accords qui ont été passés avec 74 pays différents.
01:33:02 Je parle des traités entrés en vigueur.
01:33:04 Avant ces traités, la balance commerciale en termes d'échanges
01:33:10 produits agroalimentaires était déficitaire pour l'Union européenne,
01:33:14 de 10 milliards d'euros.
01:33:16 Depuis ces traités, elle est excédentaire de 30 milliards d'euros.
01:33:19 Ne me dites pas non s'il vous plaît, ou en tout cas argumentez,
01:33:22 parce que je vous parle d'études extrêmement sérieuses et qui se recoupent.
01:33:26 Le discours anti-traité de libre-échange,
01:33:30 le discours anti-libre-échangiste,
01:33:33 pour reprendre la sémantique des anti-européens,
01:33:36 c'est un discours démagogique qui vise à faire porter sur l'Europe
01:33:39 la responsabilité de tous les lieux.
01:33:41 L'Europe a d'énormes responsabilités,
01:33:43 notamment eu égard au New Green Deal,
01:33:46 qui impose une réduction des gaz à effet de serre
01:33:50 qui n'est pas compatible avec la survie des agriculteurs européens,
01:33:54 d'où le fait que le mouvement est en train de se propager
01:33:57 à l'ensemble de l'Europe, mais le libre-échange, à mon nom.
01:34:00 - Non, vous raisonnez... - Ça c'était une chose.
01:34:02 Deuxième chose, excusez-moi, juste un élément,
01:34:05 la colère des agriculteurs est légitime,
01:34:08 tous les moyens d'action ne le sont pas.
01:34:10 - Vous lui répondez en quelques secondes et on va...
01:34:12 - Vous regardez de manière très comptable, en bas du tableau à Excel, le résultat.
01:34:16 La vérité, c'est qu'en réalité, si vous retirez le vin,
01:34:20 et si vous retirez les céréales qu'on exporte énormément,
01:34:24 la balance commerciale n'est plus excédentaire.
01:34:26 - Non. - Et donc c'est bien là le problème.
01:34:28 Et il faut expliquer quand même aux Français
01:34:30 que ces traités de libre-échange permettent d'importer en France
01:34:34 des produits que nous produisons pourtant,
01:34:37 mais pas avec les mêmes règles.
01:34:39 Pas avec les mêmes règles de production, notamment.
01:34:41 Ce qui fait que nos productions nationales ne sont plus compétitives
01:34:45 et que nos agriculteurs ne peuvent plus s'en sortir.
01:34:47 - A cause de la surtransposition française des règles européennes.
01:34:50 - Je voudrais juste qu'on élargisse un tout petit peu le débat,
01:34:51 et notamment à Louis Marguerite, député Renaissance de Saône-et-Loire,
01:34:53 qui nous a rejoint. Bonjour, bienvenue.
01:34:55 J'aimerais savoir quelle est la marge de manœuvre de Gabriel Attal
01:34:59 demain quand il va procéder à des annonces.
01:35:01 On parle pour l'instant de deux pistes essentielles,
01:35:03 c'est-à-dire toute la fiscalité autour du GNR,
01:35:05 ça serait quand même une mesure hautement symbolique
01:35:08 et a priori quand même réalisable en l'état,
01:35:11 et puis d'avance de trésorerie,
01:35:13 c'est-à-dire aider vraiment les agriculteurs
01:35:16 qui peinent à s'en sortir pour des mesures qu'on appelle d'urgence.
01:35:19 C'est vers ça qu'il faut aller pour vous ?
01:35:21 - Oui, en tout cas ce sont deux pistes qui sont à notre main.
01:35:24 Ce n'est pas un sujet européen.
01:35:26 Le GNR, c'est un débat qu'on a depuis six ans,
01:35:28 pour que les gens comprennent bien,
01:35:30 les agriculteurs, mais pas seulement,
01:35:32 parce que pour certains professionnels de la route,
01:35:34 contrairement à ce que son nom indique,
01:35:36 et des professionnels du travail public,
01:35:38 qui ont utilisé un gazole, un diesel,
01:35:40 qui n'est pas autant taxé,
01:35:41 et en tout cas moins taxé, quasiment pas taxé,
01:35:43 en réalité, qui fait qu'on a à peu près
01:35:45 moitié moins cher, quelque chose comme ça,
01:35:47 par rapport au gazole routier.
01:35:48 Et donc ça fait effectivement six ans qu'il y a un débat,
01:35:50 légitime d'ailleurs, est-ce que pour ou contre ?
01:35:52 D'ailleurs je précise que ce qui avait été prévu
01:35:54 dans le projet de loi de finances 2024
01:35:56 avait été discuté avec la FNSEA.
01:35:58 Et donc d'ailleurs il y avait eu même des compensations
01:36:00 qui avaient été prévues dès 2024, et un petit peu en 2025.
01:36:02 Et ça devait s'étaler sur plusieurs années.
01:36:04 Moi j'entends cette revendication,
01:36:06 qui remonte assez régulièrement.
01:36:08 - Et sur la trésorerie ?
01:36:10 - Sur la trésorerie, d'abord, il y a des sujets
01:36:12 de toutes les aides PAC qui n'arrivent pas.
01:36:14 Moi, notamment dans ma région Bourgogne-Franche-Comté,
01:36:16 il y a eu une vraie difficulté,
01:36:18 notamment avec les services, j'ai eu l'occasion d'en discuter
01:36:20 avec Marguerite Duffet, la présidente de région,
01:36:22 où il y a eu des retards, notamment sur l'aide à l'installation,
01:36:24 etc., et puis les aides PAC en général.
01:36:26 - Mais c'est pourquoi c'est retard ?
01:36:28 Pourquoi ça bloque en fait ?
01:36:30 - Parce que comme souvent,
01:36:32 il y a des difficultés administratives,
01:36:34 entre la décision politique et la décision administrative,
01:36:36 et la mise en oeuvre administrative,
01:36:38 il y a des écarts, ça pose d'énormes problèmes
01:36:40 à nos agriculteurs, notamment dans notre région,
01:36:42 mais c'est le cas aussi dans d'autres régions de France.
01:36:44 Donc là-dessus, effectivement, si l'État,
01:36:46 c'est une idée que je mets sur la table,
01:36:48 je ne suis pas dans les discussions,
01:36:50 et Gabriel Attal les annoncera, peut-être qu'il y a
01:36:52 le problème de prendre le relais tout de suite
01:36:54 en délivrant la trésorerie dont on a besoin,
01:36:56 quitte après à régulariser.
01:36:58 - Il faut renationaliser la PAC ?
01:37:00 - Non, pas du tout.
01:37:02 - Vous dites qu'on vient à renationaliser la PAC.
01:37:04 - Je ne crois pas qu'on aille vers ça.
01:37:06 - Je ne crois pas que vous ayez toutes les approximations
01:37:08 que vous m'avez dédiquées.
01:37:10 On peut aussi sortir de l'Union Européenne,
01:37:12 mais ça, ce sera le sujet d'un débat.
01:37:14 - Karim, il évoque à l'instant, Louis Marguerite,
01:37:16 des difficultés administratives.
01:37:18 On touche là au cœur du problème.
01:37:20 C'est un malbien français, quand même,
01:37:22 que ces blocages administratifs aussi.
01:37:24 - Que ce soit un mal français, effectivement,
01:37:26 ce n'est pas nouveau.
01:37:28 On parle toujours des simplifications,
01:37:30 de volonté de digitalisation pour aller plus vite.
01:37:32 - C'est le choc de François Hollande,
01:37:34 qui dit que les gens qui travaillent
01:37:36 70-80 heures par semaine,
01:37:38 n'ont pas le temps de se pencher
01:37:40 dans une paperasserie, au complexe, lourde.
01:37:42 Il y a pas mal d'aides auxquelles il passe à côté.
01:37:44 Ce qui est totalement scandaleux,
01:37:46 parce que c'est une des professions
01:37:48 les plus pauvres.
01:37:50 Ce n'est pas vrai qu'un agriculteur sur trois
01:37:52 touche 350 euros.
01:37:54 C'est une étude de la MSA,
01:37:56 qui date de 2016, mais qui n'est pas bonne.
01:37:58 Ceci dit, monsieur le député,
01:38:00 arrêtez de sortir quelque chose qui est faux.
01:38:02 Pour autant, c'est une profession très pauvre.
01:38:04 Je disais tout à l'heure,
01:38:06 avant que vous arriviez sur le plateau,
01:38:08 que 20% des agriculteurs vivent en dessous
01:38:10 du chèque de pauvreté.
01:38:12 52% d'entre eux vivent avec 22 000 euros par an.
01:38:14 Je ne sais pas si vous vous rendez compte,
01:38:16 par rapport au nombre d'heures effectives.
01:38:18 - Vous n'êtes pas totalement en opposition
01:38:20 sur la paupérisation de la profession.
01:38:22 - Oui, mais quand on est parlementaire,
01:38:24 j'estime que les chiffres doivent être un peu précis.
01:38:26 On ne peut pas faire les choses à l'importe de pièces.
01:38:28 - Je vous parle d'anciens régulateurs,
01:38:30 vous ne parlez pas de moyennes.
01:38:32 - Je ne veux pas entrer dans ce débat avec vous.
01:38:34 Pour moi, le malaise s'appuie sur 3 aspects très clairs.
01:38:36 1) Il y a une concurrence déloyale intra-européenne.
01:38:38 Il faut qu'on y réponde en tant qu'européen.
01:38:40 Bien sûr, les traités de libre-échange
01:38:42 avec les autres continents doivent être abordés.
01:38:44 Mais notre problématique, aujourd'hui,
01:38:46 c'est qu'ils ne partent pas, nos agriculteurs,
01:38:48 sur la même ligne de départ
01:38:50 que les agriculteurs de l'Union européenne.
01:38:52 C'est un vrai sujet qu'il faut aborder.
01:38:54 En retournant la table, s'il faut,
01:38:56 sur l'Union européenne,
01:38:58 faire un accord avec les autres continents de l'Europe.
01:39:00 Tout ça serait démagogique pour ceux qui le proposent.
01:39:02 Mais il faut poser le cadre d'une égalité de traitement
01:39:04 par des normes sociales et environnementales
01:39:06 pour les agriculteurs de l'Union européenne.
01:39:08 2) Le prix du gazoil et de l'énergie.
01:39:10 C'est fondamental.
01:39:12 1,7 milliard, ça coûte à l'Etat.
01:39:14 1,7 milliard sur le budget
01:39:16 pour sauver une profession
01:39:18 qui est au bord du gouffre.
01:39:20 C'est un effort que la nation peut faire.
01:39:22 Il faut qu'on arrête de jouer
01:39:24 l'intérêt de l'Etat.
01:39:26 Il faut qu'on arrête de jouer la montre
01:39:28 du côté du gouvernement et qu'on réponde vite
01:39:30 à cette attente urgente
01:39:32 qui a été déclencheuse, j'ai envie de dire du malaise,
01:39:34 mais qui ne suffira plus.
01:39:36 Au plus, on attend du côté du gouvernement,
01:39:38 au plus la liste des revendications va grandir.
01:39:40 Il faut aujourd'hui répondre
01:39:42 à cette crise, cette détresse,
01:39:44 ce sentiment d'abandon d'une profession
01:39:46 dont le pays a besoin.
01:39:48 Comme toujours dans les affaires de mobilisation sociale,
01:39:50 les enchères vont monter, vont grimper.
01:39:52 Plus on attend, plus les enchères vont monter.
01:39:54 On l'a appris, enfin, certains d'entre nous l'ont appris
01:39:56 avec les gilets jaunes.
01:39:58 Apparemment, la leçon n'a pas été comprise
01:40:00 par tout le monde et je parle du gouvernement.
01:40:02 Vous parliez
01:40:04 de complexité administrative.
01:40:06 Vous avez tout à fait raison.
01:40:08 Simplement, il y a un truc très très bizarre
01:40:10 pour sanctionner les agriculteurs,
01:40:12 pour leur dire qu'ils ne font pas ce que l'Europe
01:40:14 leur demande de faire, ou ce que les règles
01:40:16 françaises qui font du zèle,
01:40:18 qui sont encore plus dures que les règles européennes
01:40:20 leur imposent, ça va très très vite.
01:40:22 En revanche, les aides-promesses,
01:40:24 ça va très très lentement.
01:40:26 Par quel miracle ?
01:40:28 Que se passe-t-il pour que d'un côté, ça soit à toute vitesse ?
01:40:30 Il faut entendre les récits des agriculteurs
01:40:32 sur le comportement de cow-boys,
01:40:34 de certains contrôleurs
01:40:36 de la bonne application
01:40:38 des règles.
01:40:40 On n'a pas parlé d'égalim, mais c'est là aussi
01:40:42 qu'il est urgent.
01:40:44 La première loi égalim votée il y a 5 ans,
01:40:46 toujours pas appliquée. Il y a 5 ans.
01:40:48 Il y a 5 ans qu'elle a été promulguée, pas votée.
01:40:50 Oui, Marguerite, là aussi, c'est pareil,
01:40:52 on dit égalim, oui, on va faire des contrôles,
01:40:54 on va mettre des troupes supplémentaires pour aller procéder à ces contrôles
01:40:56 et tordre le bras de ceux qui ne jouent pas le jeu.
01:40:58 Mais honnêtement, il y a quand même
01:41:00 un gros satisfait-ci
01:41:02 qui est donné à la grande distribution
01:41:04 à qui on ne demande jamais les comptes,
01:41:06 finalement.
01:41:08 Personne ne dit que tout va bien, sinon on ne serait pas en train
01:41:10 de s'en parler, et pas même moi.
01:41:12 On n'est pas dans l'autosatisfaction.
01:41:14 L'occasion de me rappeler, on a été beaucoup à dire
01:41:16 qu'effectivement c'était un cri du cœur, un cri de détresse,
01:41:18 et qu'il faut réagir vite. On se parle de demain,
01:41:20 entre le moment où il y a eu les premières, c'est-à-dire la semaine dernière,
01:41:22 le moment où il y a des annonces, il se passe une semaine,
01:41:24 le temps de faire les consultations et de faire au plus vite.
01:41:26 - Ça fait des années que les agriculteurs
01:41:28 sollicitent le gouvernement,
01:41:30 oui, mais vous ne pouvez pas mentir.
01:41:32 Ça fait des années que les agriculteurs sollicitent le gouvernement
01:41:34 pour pouvoir faire en sorte
01:41:36 de pouvoir vivre de leur métier.
01:41:38 Et là, vous vous réveillez,
01:41:40 vous vous réveillez, il y a une semaine...
01:41:42 - Il ne sait même pas ce que je vais dire, et il interrompt tout le monde.
01:41:44 - C'est le dernier débat politique.
01:41:46 - On est en débat.
01:41:48 - Non, pas en débat politique.
01:41:50 - Lui, Marguerite, elle n'est pas totalement...
01:41:52 C'est vrai, je finis sa démonstration. Allez-y, il me reste très peu de temps.
01:41:54 - Il n'y a pas de loi à l'envers, ça a commencé en novembre.
01:41:56 - Et Galim,
01:41:58 c'est évidemment pas la panacée, personne n'a dit ça,
01:42:00 donc je rappelle que le Rassemblement national ne l'avait pas voté à l'époque,
01:42:02 ils étaient six dans l'Assemblée, ils s'étaient opposés et à Galim 1
01:42:04 et à Galim 2. Et Galim a déjà
01:42:06 un petit peu, mais pas du tout suffisamment,
01:42:08 je le partage totalement, apporté des réponses.
01:42:10 Il faut qu'on soit beaucoup plus durs,
01:42:12 quitte à être plus strict dans l'application de la loi,
01:42:14 peut-être même la durcir à terme, moi j'y suis pas.
01:42:16 - Sinon la loi sert à rien si elle n'est pas apportée.
01:42:18 - Non, mais le principe il est très simple, c'est
01:42:20 augmenter le prix pour que le prix du producteur...
01:42:22 - On connaît, oui. - Exactement. Mais on ne peut pas,
01:42:24 dans la même phrase, dire à la fois il faut un prix,
01:42:26 et c'est bien légitime, qui correspond au coup de prix,
01:42:28 du coup de revient de nos producteurs,
01:42:30 parce que c'est ce qu'ils demandent, et faire avoir
01:42:32 un prix qui soit adapté aux consommateurs et qui baisse.
01:42:34 Ça, ce n'est pas possible, et il y en a beaucoup qui essaient de faire croire que c'est le cas.
01:42:36 - Un moment pour la réponse et la conclusion, s'il vous plaît.
01:42:38 20 secondes, on ne voudrait pas rater les décisions du Conseil constitutionnel
01:42:40 à ceux sur la loi immigration.
01:42:42 - Quand on parle de mesures à prendre, en termes d'agriculture,
01:42:44 ce sont des mesures de fond,
01:42:46 et c'est l'ensemble. Et c'est pour ça que je vous coupais
01:42:48 la parole, parce que vous mentiez.
01:42:50 Vous disiez, "Bah oui, on a réagi,
01:42:52 ça fait une semaine qu'on y travaille."
01:42:54 Mais ça fait des années que les agriculteurs
01:42:56 organisent des manifestations.
01:42:58 Moi je suis député depuis un peu plus d'un an et demi,
01:43:00 ça fait un an et demi que je participe
01:43:02 à de nombreuses manifestations avec les agriculteurs.
01:43:04 Mais qu'avez-vous fait auparavant ?
01:43:06 Le président de la République
01:43:08 est en fonction depuis sept ans.
01:43:10 Ça fait sept ans que la situation s'empire,
01:43:12 et ça fait sept ans qu'il n'y a
01:43:14 aucune réaction de votre part.
01:43:16 J'espère que cette grogne
01:43:18 pourra déboucher sur des mesures concrètes,
01:43:20 et on sera les premiers à les voter,
01:43:22 parce que nous, ce que nous souhaitons, c'est que
01:43:24 les agriculteurs puissent vivre dans leur travail,
01:43:26 mais à un moment donné, il faut aussi rétablir des vérités.
01:43:28 Vous n'avez rien fait, c'est un échec de la part de la Macronique.
01:43:30 - Merci, on va s'interrompre momentanément.
01:43:32 On se quitte avec cette image d'Agen,
01:43:34 ah ben tant pis, Agen, où les agriculteurs
01:43:36 sont en train de déverser
01:43:38 des matières,
01:43:40 vous voyez devant la gare d'Agen,
01:43:42 avec cette mobilisation qui se poursuit un peu partout en France.
01:43:44 Et puis on parlera aussi
01:43:46 du rendu de la décision du Conseil constitutionnel,
01:43:48 qui devrait intervenir normalement autour de 16h30.
01:43:50 On parle bien sûr là de la loi immigration.
01:43:52 A tout de suite.
01:43:54 De retour avec vous, nous sommes toujours avec
01:43:58 nos invités dans la tente, bien sûr,
01:44:00 de la décision du Conseil constitutionnel.
01:44:02 C'est un peu le grand jour pour la loi immigration.
01:44:04 On verra ce qui passe réellement.
01:44:06 Un avis doit être rendu normalement, là, dans les minutes qui viennent.
01:44:08 Censure partielle ?
01:44:10 Vraisemblablement, on peine à imaginer
01:44:12 que tout le texte soit retoqué.
01:44:14 Mais ça pourrait, quand même,
01:44:16 selon les estimations, concerner
01:44:18 près de la moitié des articles,
01:44:20 voire même peut-être un peu plus.
01:44:22 On parle d'une quarantaine d'articles possibles
01:44:24 sur les 86, c'est pas rien.
01:44:26 On va en parler, juste avant d'aller du côté du Conseil constitutionnel,
01:44:28 avec Julien Bonnet,
01:44:30 qui est avec nous en direct,
01:44:32 qui est professeur de droit public à l'Université de Montpellier.
01:44:34 Bonjour, merci d'être avec nous cet après-midi.
01:44:36 Qu'est-ce qu'on doit comprendre ?
01:44:38 Et comment le Conseil constitutionnel
01:44:40 va-t-il pouvoir justifier
01:44:42 autant de cavaliers législatifs ?
01:44:44 Expliquez-nous un petit peu
01:44:46 quel est le cadre imparti
01:44:48 et choisi par l'exécutif,
01:44:50 et comment le Conseil pourrait dire
01:44:52 que ça ne s'inscrit pas dans ce cadre ?
01:44:54 Bonjour.
01:44:56 Alors, écoutez, cette loi,
01:44:58 comme toutes les lois votées par le Parlement,
01:45:00 va être soumise au contrôle
01:45:02 de consécutivité du Conseil constitutionnel.
01:45:04 Et le Conseil constitutionnel, là-dessus,
01:45:06 il a une boussole, il a une jurisprudence,
01:45:08 il a des précédents.
01:45:10 Il ne va pas faire un cas particulier pour cette loi immigration.
01:45:12 Et donc il va appliquer les principes
01:45:14 qu'il applique depuis plusieurs années,
01:45:16 et c'est vrai, comme vous l'avez souligné,
01:45:18 il peut y avoir des censures
01:45:20 pour des questions de procédure,
01:45:22 de forme législative,
01:45:24 et des censures pour des questions de fond.
01:45:26 Et pour les questions de procédure législative,
01:45:28 il y a ce qu'on appelle les cavaliers législatifs,
01:45:30 c'est-à-dire des amendements
01:45:32 qui sont venus en cours
01:45:34 de discussion parlementaire,
01:45:36 mais qui n'ont pas un lien direct
01:45:38 suffisant avec l'objet du projet de loi.
01:45:40 Et ces cavaliers,
01:45:42 ce n'est pas fait pour embêter le Parlement,
01:45:44 au contraire, c'est pour garantir
01:45:46 les droits du Parlement.
01:45:48 C'est pour garantir que la délibération législative
01:45:50 se passe de manière sereine.
01:45:52 Donc, tout simplement,
01:45:54 il va appliquer le cadre qu'il applique
01:45:56 habituellement en la matière.
01:45:58 Je vais vous soumettre deux ou trois exemples
01:46:00 pour que les gens qui nous regardent comprennent
01:46:02 et se disent que tout ça, c'est un peu conceptuel.
01:46:04 Le cadre initial, c'est
01:46:06 contrôler l'immigration
01:46:08 et améliorer l'intégration.
01:46:10 Donc, ça veut dire que,
01:46:12 pour ne pas s'inscrire dans cette logique,
01:46:14 c'est ce qu'on dit depuis plusieurs jours maintenant,
01:46:16 l'acquisition de la nationalité,
01:46:18 la fin de l'automaticité du droit du sol,
01:46:20 j'en passe, enfin, je donne deux ou trois exemples
01:46:22 comme ça, ou encore la déchéance de nationalité.
01:46:24 Toutes ces questions, à vos yeux,
01:46:26 n'ont pas trait à ce qu'on appelle
01:46:28 le contrôle de l'immigration ?
01:46:30 Alors, évidemment, c'est difficile
01:46:32 pour moi de faire des cas.
01:46:34 Cette loi, elle fait 90 pages avec 86 articles.
01:46:36 Donc, évidemment, il faudrait voir au cas par cas.
01:46:38 Ce que je peux vous dire, c'est qu'il ne faut
01:46:40 pas seulement se contenter de l'intitulé
01:46:42 global de la loi.
01:46:44 Il faut voir son contenu et son économie générale.
01:46:46 Et c'est à la lumière de cela
01:46:48 que le conseil constitutionnel
01:46:50 va décider
01:46:52 si, oui ou non, telle ou telle
01:46:54 disposition a un lien suffisant
01:46:56 avec l'objet de la loi.
01:46:58 Mais que les téléspectateurs soient rassurés,
01:47:00 là-dessus, il ne fait pas
01:47:02 au doigt mouillé. Il a quand même une jurisprudence,
01:47:04 je l'ai dit, sur laquelle il se fonde,
01:47:06 avec des critères. Alors, évidemment, il y a toujours
01:47:08 une part d'aléa dans le maniement
01:47:10 des critères, il ne faut pas le nier,
01:47:12 mais il y a quand même des précédents avec un cadre
01:47:14 assez précis. Donc, on verra dans quelques
01:47:16 instants la décision. - Justement,
01:47:18 on a quelques infos, d'ores et déjà.
01:47:20 Texte largement
01:47:22 censuré, nous disent nos équipes qui sont
01:47:24 sur place. Une censure,
01:47:26 par exemple, du durcissement de l'accès aux prestations
01:47:28 sociales, ça c'était quelque chose qui était dans la balance.
01:47:30 Évidemment, c'est une
01:47:32 interprétation qui est variable, là aussi,
01:47:34 sur les délais.
01:47:36 Une censure aussi du délit de séjour
01:47:38 irrégulier pour les étrangers.
01:47:40 Je reviens vers vous dans un instant, mais peut-être quelques
01:47:42 réactions pour ceux qui nous entourent.
01:47:44 Judith, qu'est-ce que ça vous inspire d'ores et déjà ?
01:47:46 - Alors, il y a aussi dans les toutes premières décisions, la censure
01:47:48 de l'instauration de quotas.
01:47:50 - Les fameux quotas, dont on dit que ça revient
01:47:52 au préfet, en fait. - Exactement.
01:47:54 Ce qui est très important. Alors,
01:47:56 la conditionnalité de certaines
01:47:58 armes, la farce sautée,
01:48:00 c'est entrer en
01:48:02 contradiction avec le fait que déjà
01:48:04 certaines prestations
01:48:06 sociales en France sont soumises
01:48:08 à des conditions de séjour,
01:48:10 et y compris des prestations contributives.
01:48:12 Je ne parle pas simplement du RSA.
01:48:14 Je parle, par exemple, de la prime d'activité.
01:48:16 Il faut déjà que vous ayez
01:48:18 5 ans de séjour pour en bénéficier.
01:48:20 Or, vous contribuez
01:48:22 pour l'obtenir.
01:48:24 Quant au délit de séjour,
01:48:26 c'est une décision, là, pour le coup,
01:48:28 européenne. On n'a pas
01:48:30 le droit de punir d'une peine
01:48:32 de prison le délit de séjour
01:48:34 irrégulier. Normalement,
01:48:36 on pouvait le punir
01:48:38 d'une amende.
01:48:40 - C'est ce qui était dans le texte,
01:48:42 et dans le conseil qu'on se titre a même censuré ça.
01:48:44 - Je voudrais juste qu'on aille un tout petit peu plus tard,
01:48:46 parce que je voudrais vous faire réagir à mesure que ces informations
01:48:48 tombent, et pour ceux qui nous regardent et qui, sans doute, y trouvent
01:48:50 un grand intérêt.
01:48:52 Yohann Gillet, la censure des mesures
01:48:54 de restriction du regroupement familial,
01:48:56 censure de la caution-retour pour les étudiants
01:48:58 étrangers, ça c'était quelque chose
01:49:00 qu'on avait quand même assez largement
01:49:02 anticipé, censure
01:49:04 de l'instauration des quotas migratoires,
01:49:06 comme vient de le dire Judith,
01:49:08 et puis donc le durcissement de l'accès aux prestations
01:49:10 sociales. On savait qu'il y avait un délai
01:49:12 de carence pour les étrangers, c'était sujet
01:49:14 interprétation. D'ores et déjà, j'imagine que ça
01:49:16 va pas du tout dans le sens de ce que vous souhaitiez.
01:49:18 - Oui, mais en même temps,
01:49:20 nous avions prévenu les Français
01:49:22 que pour agir en matière
01:49:24 d'immigration et pour durcir, comme ils le
01:49:26 souhaitent, la politique migratoire de la France,
01:49:28 il faut un référendum. Parce que le référendum
01:49:30 permet justement de rendre
01:49:32 constitutionnel les décisions qui seraient
01:49:34 prises. Donc c'est pour ça que nous l'avions dit
01:49:36 dès le début. Sur les mesures
01:49:38 qui ne seraient pas constitutionnelles,
01:49:40 et bien, effectivement, on peut ne pas être
01:49:42 surpris pour une raison simple.
01:49:44 Parce que la constitutionnalité
01:49:46 du texte
01:49:48 va se faire sur la base du texte initial
01:49:50 qui, rappelons-le, le texte initial
01:49:52 présenté par le gouvernement était un texte
01:49:54 pro-immigration, visant
01:49:56 essentiellement à régulariser
01:49:58 les travailleurs clandestins.
01:50:00 Donc forcément, un certain nombre de mesures
01:50:02 vont être rendues inconstitutionnelles,
01:50:04 mais c'est pour ça que nous disons aux Français
01:50:06 et que nous avons interpellé le gouvernement à de
01:50:08 nombreuses reprises et le président de la République
01:50:10 en disant "il faut un référendum sur
01:50:12 l'immigration, c'est le seul moyen de rendre
01:50:14 constitutionnel toutes les mesures de bon sens
01:50:16 que réclament les Français". - Avant de libérer quand même
01:50:18 notre invité à distance et près de vous faire agir
01:50:20 et Karim et Louis-Marguerite,
01:50:22 juste un mot, Julien Bonnet,
01:50:24 on sait maintenant, là, que plus du tiers
01:50:26 des articles sont censurés par le Conseil
01:50:28 constitutionnel, 32
01:50:30 précisément, étant jugés sans lien suffisant
01:50:32 avec le texte, avec toutes ces mesures qu'on vient
01:50:34 dégrainer, qu'est-ce que ça vous inspire ?
01:50:36 Vous nous disiez, voilà,
01:50:38 on agit avec ce
01:50:40 qu'on connaît en matière de jurisprudence,
01:50:42 donc ça veut dire que, sur toutes ces questions,
01:50:44 on estime
01:50:46 que ça avait déjà été
01:50:48 retoqué par ailleurs avant.
01:50:50 - Ce que je veux dire,
01:50:52 c'est que la manière dont le Conseil
01:50:54 apprécie le lien entre
01:50:56 l'objet de la loi et les amendements,
01:50:58 c'est-à-dire les modifications qui sont apportées
01:51:00 en cours de discussion, ce mode d'emploi-là
01:51:02 n'a rien de surprenant.
01:51:04 Et la majorité elle-même avait
01:51:06 anticipé ces censures de cavalié-châtifs,
01:51:08 et c'est le fruit d'un compromis
01:51:10 politique qui a été
01:51:12 adopté au forceps et sur le fil,
01:51:14 qui a abouti à
01:51:16 un compromis qui, juridiquement, était un petit peu
01:51:18 bancal sur le plan constitutionnel.
01:51:20 Dès lors, on n'est pas totalement surpris
01:51:22 de voir le nombre de cavalié-châtifs
01:51:24 censurés. Je précise que ces
01:51:26 cavalié-châtifs sont censurés pour des motifs de procédure.
01:51:28 Donc, j'anticipe sur la suite
01:51:30 de celles et ceux qui diront
01:51:32 « il faut un référendum, il faut réviser la Constitution »,
01:51:34 eh bien, pour toutes ces dispositions
01:51:36 qui ont été jugées
01:51:38 comme des cavalié-châtifs, non,
01:51:40 on peut très bien, dans l'absolu, en droit,
01:51:42 revoter ces dispositions
01:51:44 à l'occasion de réformes.
01:51:46 Sur le fond, il a censuré,
01:51:48 c'est vrai, les quotas migratoires, parce que là encore,
01:51:50 la disposition était très mal rédigée,
01:51:52 il a censuré les relevés d'empreintes
01:51:54 digitales, quelques autres dispositions,
01:51:56 mais sur le fond, la censure
01:51:58 semble légère, sous réserve d'une lecture plus approfondie.
01:52:00 Donc, c'est essentiellement une
01:52:02 censure pour des motifs de
01:52:04 procédure, ce qui n'empêche pas, politiquement,
01:52:06 de faire le choix,
01:52:08 ça c'est aux politiques de le dire, c'est pas aux juristes que je suis,
01:52:10 c'est un choix politique
01:52:12 qui peut être fait, de reprendre
01:52:16 ces dispositions censurées
01:52:18 en tant que cavalié-châtif.
01:52:20 J'ai une dernière question, et après on vous libère,
01:52:22 si on veut
01:52:24 légiférer en matière d'immigration,
01:52:26 ça veut dire que tout repose, on parle du fameux cadre,
01:52:28 sur la rédaction initiale,
01:52:30 sous peine de se voir
01:52:32 faire retoquer sur des histoires de procédure
01:52:34 ou de rédaction, comme vous dites, de langage ?
01:52:36 Alors, oui,
01:52:38 mais attention, la procédure parlementaire, c'est important,
01:52:40 parce qu'encore une fois, je raisonne
01:52:42 à contrario, si le Conseil était
01:52:44 laxiste en matière de cavalié-châtif,
01:52:46 qu'est-ce qui se passerait ? Eh bien, les parlementaires,
01:52:48 les lobbies, pourraient faire passer à la sauvette,
01:52:50 en cas timidit, des amendements,
01:52:52 qui auraient un impact
01:52:54 important et sans garantie.
01:52:56 Donc, la jurisprudence sur les
01:52:58 cavalié-châtifs, c'est une garantie de la
01:53:00 sérénité, de la sincérité, de la clarté
01:53:02 du débat parlementaire. Donc, c'est pas quelque chose
01:53:04 qui est... c'est pas un carcan pour
01:53:06 ennuyer le parlementaire et les politiques.
01:53:08 C'est une garantie de notre démocratie,
01:53:10 et donc, il faut s'y tenir. Et le gouvernement
01:53:12 et la majorité le savaient
01:53:14 à l'avance. D'ailleurs, les réactions
01:53:16 qui ont suivi le vote en CMP
01:53:18 de la loi,
01:53:20 le compromis qui a été trouvé,
01:53:22 ont montré que la majorité du gouvernement
01:53:24 avait parfaitement conscience du risque de cavalié-châtif.
01:53:26 Donc, il n'y a pas de surprise là-dessus.
01:53:28 Donc, merci beaucoup, en tout cas,
01:53:30 de nous avoir éclairé vos lumières. Louis Marguerite,
01:53:32 ça faisait une décision politique, alors, ce qui se passe ?
01:53:34 Non, non, parce que... et ça a été
01:53:36 dit par monsieur le professeur, le
01:53:38 Conseil constitutionnel, il ne juge pas en opportunité.
01:53:40 Ça, c'est effectivement... c'est aux politiques
01:53:42 de le faire. C'est vrai, ils jugent...
01:53:44 Oui, ça marche !
01:53:46 Et ils jugent en droit.
01:53:48 Et je pense qu'ils ont pesé les éléments.
01:53:50 Il y avait, je vois notamment, là, je l'ai
01:53:52 découvert en même temps que vous, mais je vois notamment la caution
01:53:54 pour les étudiants étrangers, ça c'est quelque chose sur lequel on n'était pas
01:53:56 tout à fait à l'aise, et pas que la majorité.
01:53:58 D'ailleurs, voilà, c'était dans le compromis final,
01:54:00 il est arrivé comme ça, et on sait
01:54:02 très bien dans les conditions... Mais ça, c'était pas la mesure la plus
01:54:04 emblématique, en fait. Non, alors sur, par exemple,
01:54:06 les prestations, les durcements de l'accès aux prestations.
01:54:08 Je précise, par ailleurs, on l'a eu dans un débat
01:54:10 qu'on n'a malheureusement pas eu, comme on le sait,
01:54:12 eh bien, c'est quelque chose
01:54:14 qui existe déjà, y compris pour les propres Français
01:54:16 qui reviennent sur le sol national. Tout à fait.
01:54:18 Ils ont un délai de carence. Deux ans. Exactement.
01:54:20 Tout ça dépend dans quelles situations ils sont, mais bon.
01:54:22 Là, on voulait partir à 30 ans. Donc là,
01:54:24 c'était selon "on ne travaille pas",
01:54:26 ça voulait jusqu'à 5 ans pour ceux qui ne travaillaient pas.
01:54:28 Encore une fois, c'était le texte final.
01:54:30 Et effectivement, il y a une question qui s'est posée,
01:54:32 c'est "est-ce que c'est de la proportionnalité ?"
01:54:34 Je vais vous regarder dans le détail la décision,
01:54:36 mais il est possible que s'ils le censurent, c'est pas
01:54:38 forcément une opportunité de le...
01:54:40 Mais c'est surtout pour des questions de proportionnalité.
01:54:42 Et Karim, on ne l'a pas encore entendu,
01:54:44 je reviens vers vous, Julie, dans un instant.
01:54:46 Karim Zéribi, ça vous surprend ?
01:54:48 32, c'est à peu près la fourchette qui avait été
01:54:50 anticipée. Est-ce que, pour vous,
01:54:52 c'est bien, c'est normal ?
01:54:54 Ça me surprend, oui et non. Après, si c'est bien
01:54:56 ou si c'est pas bien, je pense qu'il faut regarder
01:54:58 dans le détail ce qui a été retoqué.
01:55:00 Une chose est certaine, c'est que la majorité
01:55:02 présidentielle savait
01:55:04 que le risque existait,
01:55:06 puisque le président de la République
01:55:08 lui-même, la présidente de l'Assemblée nationale,
01:55:10 ont indiqué
01:55:12 que le Conseil constitutionnel
01:55:14 remettrait, j'ai envie de dire un peu,
01:55:16 dans le bon chemin,
01:55:18 c'est peut-être pas l'expression exacte
01:55:20 qu'ils ont utilisée, mais on a bien senti
01:55:22 dans leurs propos, un texte
01:55:24 qui est sorti de la CMP
01:55:26 pour trouver un compromis politique.
01:55:28 Et donc derrière,
01:55:30 effectivement, je trouve que Julien Brunet,
01:55:32 d'ailleurs le constitutionnaliste,
01:55:34 a été très bon et très explicite.
01:55:36 Il est important aussi de se placer un peu
01:55:38 au-dessus du débat.
01:55:40 Monsieur le parlementaire disait qu'il fallait toucher
01:55:42 la Constitution, donc le constitutionnaliste
01:55:44 nous a dit que non, sur un certain nombre de mesures,
01:55:46 donc on a tout à fait la possibilité, sur le plan législatif,
01:55:48 de revenir sur un certain nombre de...
01:55:50 - Mais non, on ne l'a pas politiquement la possibilité.
01:55:52 - Mais oui, non, politiquement, Judith,
01:55:54 je parle de la Constitution.
01:55:56 Judith, je parle du respect de la Constitution.
01:55:58 Contrairement à ce que nous dit ton voisin,
01:56:00 nous ne sommes pas obligés de toucher la Constitution
01:56:02 pour aborder un certain nombre de sujets.
01:56:04 Il faut simplement avoir une majorité
01:56:06 législative pour pouvoir le faire.
01:56:08 Majorité qui n'existe pas aujourd'hui.
01:56:10 Mais dire la Constitution française,
01:56:12 qui donne quand même aussi une certaine idée
01:56:14 de la France, que doit être
01:56:16 modifiée, amendée, changée,
01:56:18 non, la réalité c'est qu'on peut tout à fait
01:56:20 gagner en rigueur et en exigence
01:56:22 avec notre Constitution actuelle.
01:56:24 - Pour faire très court, schématiquement,
01:56:26 ce texte avait un aspect
01:56:28 dur et un aspect
01:56:30 facilitant,
01:56:32 notamment l'octroi de
01:56:34 visas et de titres de séjour
01:56:36 dans les métiers en tension.
01:56:38 Au bout de la censure du
01:56:40 Conseil Constitutionnel, toutes les mesures
01:56:42 qui durcissent, ou la quasi-totalité
01:56:44 en tout cas les plus dures, sont abandonnées.
01:56:46 En revanche, on ne touche pas aux mesures
01:56:48 qui facilitent l'immigration.
01:56:50 Voilà le résultat.
01:56:52 - On va peut-être résumer les choses avec
01:56:54 Florian Tardif, qui a pris connaissance
01:56:56 déjà des premières mesures qui sont tombées.
01:56:58 Ce qui nous frappe, c'est que, voilà, cette censure
01:57:00 certes partielle, elle touche quand même
01:57:02 pas moins de 32
01:57:04 mesures, 32 articles.
01:57:06 - 32 articles, effectivement, c'est
01:57:08 énorme. Après, il faut dire que, de base,
01:57:10 le projet de loi comptait, il me semble, 27
01:57:12 articles. On en a ajouté
01:57:14 beaucoup, beaucoup, beaucoup dans le cadre
01:57:16 des discussions.
01:57:18 Alors certes, assez rapide
01:57:20 en fonction des
01:57:22 parlements, mais
01:57:24 puisque à l'Assemblée nationale, les discussions
01:57:26 se sont quasiment résumées à cette commission
01:57:28 mixte-paritaire, mais bon, c'est un autre
01:57:30 débat, et sur les 86 articles
01:57:32 restants, aujourd'hui, 32 sont
01:57:34 supprimés. Après, oui, on s'y attendait.
01:57:36 D'ailleurs, je vais vous
01:57:38 donner pour preuve que Sylvie Rotailleau est toujours
01:57:40 à la tête de l'enseignement supérieur. Pourquoi ?
01:57:42 Elle avait mis sa démission dans la balance.
01:57:44 Qu'avait-elle demandé ? Qu'il n'y ait pas
01:57:46 cette caution étudiante, qu'on lui
01:57:48 avait-on dit, qu'on lui avait-on dit
01:57:50 à l'époque, "ne t'inquiète pas,
01:57:52 le Conseil constitutionnel s'en chargera,
01:57:54 tu peux rester", et effectivement,
01:57:56 aujourd'hui, on se rend compte qu'il y a censure
01:57:58 du Conseil constitutionnel. Donc oui, on savait
01:58:00 d'ores et déjà qu'il y avait des cavaliers législatifs,
01:58:02 et d'ailleurs, l'ensemble des partis
01:58:04 politiques savaient qu'il y avait parfois
01:58:06 des cavaliers... - Ça fait beaucoup de cavaliers législatifs, quand même.
01:58:08 - Oui, ça fait beaucoup de cavaliers législatifs. Après, il y a certaines
01:58:10 mesures, sur la censure, par exemple, du
01:58:12 délit de séjour régulier pour les étrangers, on pourrait peut-être
01:58:14 y revenir, et le débat va peut-être s'engager,
01:58:16 puisqu'il existait avant. Donc, comment
01:58:18 peut-on censurer quelque chose
01:58:20 qui existait avant ? Ça veut dire que, quand ça existait,
01:58:22 c'était anticonstitutionnel ? - C'est antinomique,
01:58:24 alors, il y a quelque chose... - Voilà, moi-même,
01:58:26 je m'étonne que cette partie-là soit censurée.
01:58:28 - Donc, il y a un manque de tolérance. - Mais il y aura
01:58:30 des explications du Conseil constitutionnel
01:58:32 qui seront délivrées. Mais bon.
01:58:34 Après, ça dépend aussi
01:58:36 du projet de loi en lui-même.
01:58:38 Il est vrai que le projet de loi en lui-même,
01:58:40 c'était immigration, intégration.
01:58:42 Est-ce que, là, les Sages ont jugé
01:58:44 qu'il fallait mettre cette
01:58:46 mesure dans un autre projet de loi ?
01:58:48 Ce qui sera très certainement le cas, parce qu'aujourd'hui,
01:58:50 s'il y a une partie des mesures qui ont été
01:58:52 censurées, on sait déjà que,
01:58:54 ce soit cette majorité-là ou,
01:58:56 si c'est une majorité prochainement,
01:58:58 une autre majorité prochainement qui arrive
01:59:00 au pouvoir, on reviendra sur un certain nombre de mesures.
01:59:02 - Première réaction politique, je vais vous faire réagir.
01:59:04 Jordan Bardella, qui
01:59:06 dénonce un coup de force des juges
01:59:08 avec le soutien du président
01:59:10 de la République. Oui, Marguerite.
01:59:12 - Oui, non, mais après, Jordan Bardella
01:59:14 découpe Bruxelles, Jordan Bardella découpe
01:59:16 la décultion, Jordan Bardella découpe nos institutions.
01:59:18 Et on a, effectivement,
01:59:20 le Conseil constitutionnel, d'abord, il est totalement indépendant.
01:59:22 Depuis quand le président de la République, qui imagine
01:59:24 le président de la République, qui dicte la décision
01:59:26 au président du Conseil constitutionnel
01:59:28 et au juge ? Ça n'existe pas.
01:59:30 Donc, non, c'est la réalité.
01:59:32 D'ailleurs, il y a plein de décisions qui prennent, qui sont
01:59:34 pas conformes, qui font pas spécialement
01:59:36 plaisir au gouvernement,
01:59:38 au président de la République. Donc, ils ont joué.
01:59:40 Regardons l'économie générale du texte à la fin,
01:59:42 parce qu'effectivement, il y a l'air d'avoir un certain nombre
01:59:44 de modifications. Il y en a certaines qui sont pas surprenantes,
01:59:46 comme je le disais, y compris sur la proportionnalité...
01:59:48 - Les dursissements volent en éclats.
01:59:50 - Non, c'est pas vrai. Moi, je partage pas ce qui a été dit là-dessus,
01:59:52 parce qu'il y a tout le volet, notamment sur...
01:59:54 On pouvait pas expulser quelqu'un
01:59:56 qui était arrivé sur le territoire national
01:59:58 avant 13 ans, qui avait commis des actes extrêmement
02:00:00 graves sur notre territoire. - Si, ça passe.
02:00:02 - J'ai pas l'impression que ça a été censuré, heureusement.
02:00:04 Mais ça, c'était vraiment quelque chose de bon.
02:00:06 - On espère pas, parce que, à l'époque, certains...
02:00:08 - Je partage pas ce point.
02:00:10 Et le Conseil constitutionnel,
02:00:12 ils jugent, effectivement, en droit.
02:00:14 Ce sont des spécialistes, et c'est très bien comme ça.
02:00:16 - Qu'est-ce qu'ils y ont, ces policiers politiques, derrière,
02:00:18 Yohan Gillet, en nous expliquant ?
02:00:20 - Très clairement, la majorité présidentielle,
02:00:22 elle-même, parfois, dans le passé, a regretté,
02:00:24 d'ailleurs, des choix du Conseil constitutionnel,
02:00:26 des décisions prises
02:00:28 en fonction, aussi, de l'ambiance
02:00:30 médiatique. Donc, à un moment donné,
02:00:32 vous pouvez pas dire tout et son contraire
02:00:34 à quelques semaines ou quelques mois d'intervalle.
02:00:36 - C'est bien la preuve qu'ils sont indépendants.
02:00:38 - Non, ils ont tendance, parfois, aussi, à réagir en fonction
02:00:40 de l'actualité et du contexte politique.
02:00:42 En l'occurrence, maintenant, c'est à la majorité
02:00:44 présidentielle, au président de la République, surtout,
02:00:46 de prendre ses responsabilités,
02:00:48 parce que nous avions réussi
02:00:50 à transformer un texte, qui était un texte,
02:00:52 encore une fois, pro-migration, en un texte
02:00:54 qui répondait partiellement, pas parfaitement,
02:00:56 mais, en tout cas, partiellement, aux attentes des Français.
02:00:58 Donc, maintenant, ce que nous demandons au président de la République,
02:01:00 c'est d'écouter le peuple français.
02:01:02 Je sais que c'est difficile pour vous, la majorité présidentielle.
02:01:04 - Arrêtez d'être prisant. - Et de faire en sorte
02:01:06 de présenter un référendum.
02:01:08 - On va aller au Conseil constitutionnel,
02:01:10 devant le Conseil constitutionnel,
02:01:12 avec vous, Thomas Bollé, parce que vous avez assisté
02:01:14 au rendu de cette décision.
02:01:16 Vous allez résumer, évidemment, tout ce qu'il faut
02:01:18 en retenir. Ça va, évidemment, dans le sens
02:01:20 de ce qu'on présentait depuis le début de la journée, déjà.
02:01:22 - Oui, c'est une censure relativement large,
02:01:28 finalement, de cette loi Immigration,
02:01:30 parce qu'il y a 32 cavaliers
02:01:32 législatifs, selon le Conseil constitutionnel.
02:01:34 C'est-à-dire que le Conseil constitutionnel
02:01:36 estime que 32 des articles
02:01:38 de cette loi Immigration n'avaient pas de rapport
02:01:40 avec le texte original,
02:01:42 qu'il s'agissait donc de cavaliers législatifs.
02:01:44 Et comme on vous le disait depuis le début
02:01:46 de l'après-midi, les mesures qui ont été particulièrement
02:01:48 visées, ce sont celles qui durcissent les conditions
02:01:50 à la fois pour le regroupement familial,
02:01:52 pour le versement des allocations
02:01:54 familiales. Il y a aussi cette histoire de
02:01:56 caution qui était demandée
02:01:58 aux étudiants étrangers. Ça aussi, ça a été
02:02:00 censuré par le Conseil constitutionnel.
02:02:02 Le délit de séjour irrégulier, également,
02:02:04 mesure qui a été donc invalidée
02:02:06 par le Conseil constitutionnel.
02:02:08 Alors, ils se défendent évidemment ici de toute décision
02:02:10 politique. C'est un avis qui est basé sur le fond,
02:02:12 un avis juridique.
02:02:14 Notez aussi que trois articles ont
02:02:16 été censurés sur le fond,
02:02:18 également, et que pour deux autres,
02:02:20 il y a des réserves institutionnelles.
02:02:22 - Merci
02:02:24 beaucoup. Et une dernière réaction,
02:02:26 Gérald Darmanin, sur la loi
02:02:28 Immigration. Le Conseil constitutionnel valide
02:02:30 l'intégralité du texte du gouvernement.
02:02:32 Il a vraiment écrit ça.
02:02:34 "Jamais un texte n'a prévu autant de moyens
02:02:36 pour expulser les délinquants et autant d'exigences
02:02:38 pour l'intégration des étrangers.
02:02:40 Le gouvernement prend acte,
02:02:42 comme j'ai pu l'indiquer lors des débats,
02:02:44 de la censure de nombreux articles ajoutés
02:02:46 au Parlement, pour non-respect
02:02:48 de la procédure parlementaire."
02:02:50 On comprend mieux la logique quand on voit la deuxième
02:02:52 partie qui manque. - C'est pour ça qu'il fallait revenir à l'origine
02:02:54 du texte. C'est-à-dire qu'il y avait 27 articles,
02:02:56 il y en a eu beaucoup qui ont été ajoutés,
02:02:58 et c'est pour cela qu'il se félicite, entre guillemets,
02:03:00 de la validation totale. - Mais c'est sûr que quand on lit la
02:03:02 première phrase d'emblée, on n'est pas rafrappé par...
02:03:04 - Au tweet du ministre de l'Intérieur,
02:03:06 le constitutionnel a validé l'intégralité
02:03:08 du texte initial. - Initial.
02:03:10 - C'est le mot "initial" qui est initial.
02:03:12 - Mais il aurait dû le dire ! Il ne l'écrit pas comme ça.
02:03:14 L'intégralité du texte du gouvernement, mais bon.
02:03:16 Le texte du gouvernement initial.
02:03:18 - Les coqus, comptez-vous.
02:03:20 - Voilà, c'est ça. On a quand même un ministre de l'Intérieur
02:03:22 qui se félicite
02:03:24 de ne pas avoir
02:03:26 écouté les Français et de ne pas
02:03:28 mettre en application ce que veulent les Français.
02:03:30 - C'est tout le temps qui nous restait, malheureusement,
02:03:32 mais vous allez continuer de suivre
02:03:34 le développement de cette actualité et le débrief,
02:03:36 bien sûr, de cette décision
02:03:38 très importante, évidemment, du Conseil constitutionnel
02:03:40 parce que ça nous a quand même pris des mois de commenter
02:03:42 cette loi immigration.
02:03:44 Ce sera avec Laurence Ferrari et
02:03:46 ses invités dans un instant. Merci à tous.
02:03:48 - Merci.