Loi immigration : "Le gouvernement a menti aux Français en leur faisant croire qu'il les entendait sur le sujet", dénonce le député RN Yoann Gillet
Le député du Rassemblement national Yoann Gillet était l'invité du 18h20 franceinfo du jeudi 25 janvier 2024.
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00:00 - Bonsoir à vous, Yohann Gillet. - Bonsoir.
00:02 - Que dites-vous au Rassemblement National de ce qui s'est passé, cette censure large de la loi immigration ?
00:07 - Bah écoutez, depuis le début, nous l'avions dit, Marine Le Pen, Jordan Berdella,
00:11 et plus largement au Rassemblement National, nous avions dit que pour avoir une politique migratoire ferme,
00:16 la politique que veulent les Français, il faut forcément passer par une révision de la Constitution,
00:22 et en l'occurrence, c'est pour cela que nous proposons avec Marine Le Pen depuis tant d'années un référendum.
00:27 Offrir un référendum aux Français, c'est leur permettre non seulement de s'exprimer sur le sujet,
00:33 mais aussi de rendre constitutionnel l'ensemble des mesures que nous proposons.
00:37 - Réforme constitutionnelle dit aussi ce soir le patron des Républicains, Éric Ciotti.
00:43 Yohann Gillet, quelle image cela donne aujourd'hui de la vie politique ?
00:48 Ce texte est assez mal compris, ce qui s'est passé est assez mal compris par les Français.
00:53 - L'image que cela donne, c'est qu'on a un gouvernement qui a clairement menti et qui a manipulé les Français.
00:59 Parce qu'il faut le rappeler quand même, le gouvernement a laissé croire aux Français
01:04 qu'il les entendait sur un certain nombre de sujets.
01:07 Nous, nous avions parlé de victoire idéologique parce que nous avons réussi à imposer un certain nombre de thèmes,
01:12 et nous avons réussi à modifier le texte initial du gouvernement qui était un texte pro-immigration,
01:17 et nous en avons fait un texte luttant contre l'immigration, certes insuffisant,
01:21 mais qui allait quand même dans le bon sens, mais nous avions dit aux Français que la solution finale,
01:26 c'était effectivement de passer par un référendum pour avoir des mesures fortes.
01:29 Donc le gouvernement, finalement, il a menti, et donc l'image que cela donne,
01:33 c'est un gouvernement qui n'écoute pas les Français et qui est dans la tambouille politique.
01:37 - Gérald Darmanin, la ministre de l'Intérieur, a pourtant déclaré que le Conseil constitutionnel
01:41 avait validé l'intégralité du texte du gouvernement, c'est-à-dire à peu près sa version initiale, antérieure.
01:48 - La version initiale, donc la version pro-immigration, donc ce que ne veulent pas les Français.
01:52 Moi je le rappelle, 80% des Français veulent une politique migratoire ferme.
01:56 80% des Français approuvent le programme que nous présentons, nous, au Rassemblement national sur la lutte contre l'immigration.
02:04 - Il y a quand même des mesures que vous pourriez saluer, Yohann Gillet.
02:08 Vous prenez par exemple la régularisation des travailleurs clandestins sans-papiers qui occupent des métiers en tension.
02:15 - Non, c'est toujours opposé par principe à la régularisation des travailleurs clandestins.
02:21 - Pourtant ce sont des gens qui travaillent. - Oui d'accord, mais qui travaillent illégalement et qui prennent le travail des Français.
02:26 Il faut rappeler que 5 millions de Français sont sans emploi aujourd'hui.
02:30 - Mais à qui la faute ? - Mais à qui la faute ? Au gouvernement, et aux gouvernants successifs.
02:36 - Oui, et ça vous ne pensez pas que ce ne serait pas une mesure quand même qui serait acceptable par tous ?
02:41 - Non, pour une raison simple. Quand vous venez illégalement en France,
02:45 - Vous participez à l'État national quand même. - Non, pas du tout.
02:48 Quand vous bafouez les lois de la République, vous n'avez pas à être régularisé.
02:52 Quand vous ne respectez pas le pays dans lequel vous êtes, vous n'avez pas vocation à y rester.
02:58 - Alors, il y a un autre aspect dans cette histoire de censure par le conseil constitutionnel, Yohann Gillet,
03:05 c'est qu'au fond, une partie des textes, ce qu'on appelle les cavaliers législatifs,
03:11 32 articles, c'est quand même assez conséquent, ils n'ont pas été censurés sur le fond.
03:16 En clair, ils peuvent être rediscutés désormais dans les mois qui viennent à l'Assemblée nationale.
03:20 - Oui, à condition qu'il y ait une prise de conscience d'Emmanuel Macron et du gouvernement en la matière.
03:25 Ce dont je doute fortement, puisque encore une fois, le texte initial présenté par le gouvernement
03:29 était un texte pro-immigration quand les Français veulent lutter contre l'immigration massive.
03:34 Donc, il y a effectivement les articles qui étaient inconstitutionnels,
03:38 et pour cela, il faut réviser la Constitution et passer par un référendum, par exemple.
03:44 Il y a également les cavaliers législatifs, vous avez raison,
03:47 et là, effectivement, c'est de l'interprétation des juges du conseil constitutionnel.
03:52 Et donc, nous pourrions effectivement les rediscuter à l'Assemblée nationale,
03:56 et nous les avons d'ailleurs proposés par des propositions de loi qui ont été déposées
04:00 par Marine Le Pen et l'ensemble des députés du Rassemblement national à l'Assemblée nationale.
04:04 Mais, pour qu'ils soient discutés, il faut que le gouvernement les mette à l'ordre du jour de l'Assemblée.
04:09 - Et donc, pour vous, c'est une fin de partie en ce qui concerne ce texte de loi ?
04:13 - Ah, certainement pas.
04:14 Certainement pas, nous continuons avec Marine Le Pen et Jordan Bardella
04:17 à défendre nos idées en matière d'immigration,
04:20 qui sont encore une fois les idées très largement plébiscitées par les Français.
04:24 Et nous donnons rendez-vous dans les prochains mois aux Français en leur disant
04:27 "on va continuer à se battre à l'Assemblée nationale, à faire entendre votre voix,
04:31 mais on vous donne surtout rendez-vous en 2027,
04:33 parce qu'en 2027, Marine Le Pen, élue présidente de la République,
04:36 pourra proposer le référendum aux Français et pourra enfin changer les choses".
04:40 Et puis je dis aussi aux Français "attention, ne vous trompez pas,
04:43 le 9 juin prochain, il y a une élection importante, l'élection européenne,
04:46 qui a un rôle à jouer également en matière d'immigration,
04:49 parce qu'il faut rappeler que l'Union européenne prépare ce fameux pacte de migration
04:53 qui prévoit d'éparpiller partout dans la ruralité,
04:56 y compris les migrants qui rentrent illégalement sur le territoire".
05:00 - Vous dites "ruralité" Yohann Gilet, il y a l'autre actualité évidemment ce soir,
05:05 c'est la mobilisation des agriculteurs dans toute la France, le mouvement s'est durci,
05:09 Gabriel Attal attendu sur le terrain avec des propositions,
05:14 quelles peuvent être ces propositions susceptibles d'apaiser les esprits ?
05:19 - Déjà, je voudrais dire que la grogne et la colère des agriculteurs,
05:23 elle est légitime, mais elle n'est pas nouvelle.
05:25 - Elle se manifeste chez vous dans le Gard ?
05:26 - Bien sûr, bien sûr, dans le Gard, les agriculteurs,
05:29 et je les salue, sont pleinement mobilisés, ils ont bien raison,
05:31 et d'ailleurs j'irai les rejoindre d'ici quelques heures.
05:34 Mais il faut bien comprendre quand même que cette colère,
05:36 elle n'est pas nouvelle, le gouvernement fait mine de découvrir les choses depuis quelques jours,
05:40 mais la réalité elle est toute autre.
05:42 La réalité c'est que ça fait des années que la situation perdure,
05:44 et ça fait des années qu'Emmanuel Macron est la reine du pays.
05:47 Comment on en sort ? Nous nous réclamons un état d'urgence agricole,
05:51 avec notamment un moratoire sur les traités de libre-échange.
05:54 Ces traités de libre-échange qui font tant de mal à notre agriculture,
05:58 et qui font tant de mal à nos agriculteurs.
06:00 Et d'ailleurs la preuve première,
06:03 que les gouvernants actuels n'ont pas pris conscience de la réalité,
06:07 c'est que depuis hier, un nouveau traité de libre-échange est en discussion au Parlement européen.
06:13 Donc quand j'entends les députés de la majorité présidentielle,
06:16 ici et là sur les plateaux télé ou radio,
06:18 dire que effectivement les traités de libre-échange peuvent être nocifs pour notre agriculture,
06:24 je leur dis aussi "soyez cohérents puisque vous voulez voter au Parlement européen".
06:28 Une raison de plus pour voter pour Jordan Bardella le 9 janvier prochain aux élections européennes.
06:31 - Vous n'avez pas la sensation de faire un peu du clientélisme et de l'opportunisme électoral ?
06:35 - Oh pas du tout, vous savez ça fait des années que nous sommes aux côtés des agriculteurs.
06:38 Ça fait des années que nous avons un programme très sérieux en la matière.
06:41 Marine Le Pen a eu l'occasion de présenter à plusieurs reprises son programme pour l'agriculture française.
06:46 Mais nous avons tout un tas d'autres mesures, notamment de patriotisme économique,
06:50 parce qu'il faut le dire, en France aujourd'hui par exemple dans nos cantines scolaires,
06:53 les maires ne peuvent pas faire en sorte d'exiger des produits locaux et français dans la commande publique.
07:00 Voilà aussi une mesure de bon sens.
07:02 Et puis il y a aussi toutes ces normes qui s'accumulent parce que la France remplit ce mauvais exploit
07:06 de mettre encore plus de normes que ce que demande et exige l'Union européenne.
07:11 - Et nous verrons demain quelles seront les propositions mises sur la table par le Premier ministre Gabriel Attal.
07:16 Merci à vous, Yoann Gilles, député Rassemblement national du Gard, d'avoir été l'invité du 18 juin France Info.