SMART WOMEN - Le portrait de Martine Claret, présidente cofondatrice d’Horus Pharma

  • il y a 8 mois
Nous recevons Martine Claret, docteure en pharmacie et présidente cofondatrice des laboratoires Horus Pharma, spécialisés en ophtalmologie. Elle évoque entre autres les défis et ambitions de cette ETI française qui possède plusieurs filiales en Europe. Mais aussi, sur un plan plus personnel, les avantages et désavantages d’entreprendre en couple – Horus Pharma ayant été cofondé en 2003 avec son mari Claude Claret, directeur général.

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Transcript
00:00 [Musique]
00:04 Bonjour Martine Claret.
00:06 Bonjour.
00:07 Alors, ravie de vous retrouver sur ce plateau parce que nous nous sommes connues il y a près de 10 ans maintenant
00:11 lors des prix Women Equity for Growth qui étaient des prix qui célébraient les entreprises de croissance dirigées par des femmes
00:19 et vous avez souvent été lauréate tant au niveau performance qu'au niveau RSE.
00:24 Donc c'est là que nous nous sommes connues.
00:26 Pour arriver tout de suite, puisque c'est votre portrait, donc parlez de l'histoire de l'entreprise.
00:31 En 2003, vous avez créé avec votre mari comme associé ce qu'allait devenir cette belle entreprise aujourd'hui Horus Pharma.
00:39 Donc parlez-nous finalement un petit peu du contexte du démarrage, l'état d'esprit et comment ça s'est passé, les différentes étapes.
00:46 Alors d'abord, je suis contente de vous retrouver et puis je vous remercie de m'avoir invitée dans cette émission.
00:52 Alors le démarrage d'Horus Pharma c'était en 2003 et on a créé cette entreprise, Claude Claret et moi, nous étions très complémentaires pour faire ça.
01:04 On avait déjà travaillé dans d'autres entreprises dans le domaine de la santé et de la pharmacie et on avait un projet d'être indépendant
01:13 et puis d'avoir une entreprise comme nous la souhaitons.
01:18 On avait d'abord créé une petite entreprise de business développement, développé des autorisations de mise sur le marché,
01:28 on faisait des études de marché, on donnait des produits en exploitation à d'autres entreprises.
01:33 Et puis on s'est dit, alors ça c'était bien sûr avec l'aval des entreprises dans lesquelles nous étions encore bien sûr,
01:42 et puis on avait créé cette structure et puis à un moment donné on s'est dit qu'au fond, puisqu'on donnait à exploiter à d'autres,
01:49 on pouvait peut-être le faire nous-mêmes et puis on s'est lancé dans cette aventure.
01:52 Donc vous aviez à la fois une solide expérience professionnelle et puis l'envie, l'envie entrepreneuriale et l'envie d'être indépendant.
02:00 D'ailleurs ça vous a accompagné un petit peu tout le temps.
02:02 Comment, racontez-nous les principales étapes qui vous ont mené jusqu'à aujourd'hui, puis après on parlera de vos défis etc.
02:09 Mais les principales étapes finalement.
02:11 Avant Horus Pharma.
02:13 Non, non, après quand vous avez lancé l'entreprise.
02:15 Oui, on a lancé l'entreprise, donc on a créé en 2003, on était tous les deux.
02:19 On était complémentaires puisque moi j'avais une formation, j'ai une formation de recherche-développement, de pharmacologie, de pharmacie etc.
02:27 Donc plutôt technique et scientifique.
02:29 Et puis Claude est lui aussi docteur en pharmacie, mais lui il est à tendance business et marketing.
02:34 Donc on était très complémentaires.
02:36 Ce qui nous manquait c'était les finances, mais s'il y avait eu un financier, je pense que ça n'aurait pas marché.
02:40 Il nous aurait dit que c'était vraiment qu'on se lançait dans une aventure folle.
02:44 Donc voilà, on a créé cette entreprise avec, c'est vrai, en récupérant déjà les produits que nous avions donnés en exploitation à d'autres entreprises plus importantes.
02:57 Donc ça nous a permis d'avoir déjà un chiffre d'affaires intervenu pour commencer.
03:02 Et puis nous avons trouvé un produit qui pouvait être intéressant à mettre sur le marché dans le domaine de l'ophtalmologie, puisqu'on fait de l'ophtalmologie.
03:11 Et ça nous a permis de lancer l'entreprise.
03:15 On a été assez entreprenant aussi au niveau du market access, parce que c'était une nouvelle.
03:23 On a fait une démarche qui après a été suivie par d'autres au niveau des remboursements de certains dispositifs médicaux pour l'œil.
03:31 Et c'est comme ça que ça a commencé.
03:34 Et puis bon, après, on a développé, on a créé des... On s'est lancé dans l'export, mais ça plus récemment.
03:43 C'était plutôt vers 2012, 2013.
03:47 Et puis en 2015, on a commencé à créer quelques petites filiales en Europe.
03:52 Oui, vous êtes très modeste parce qu'en fait, ce ne sont pas des filiales, ce sont ce qu'elles sont.
03:58 Le groupe devient tout à fait intéressant.
04:00 Donnez-nous d'ailleurs, parce qu'on n'a pas encore parlé finalement de ce qu'est Aorus Pharma aujourd'hui.
04:05 Donc faites-nous un peu une description d'Aorus Pharma en termes de chiffre d'activité.
04:09 Alors Aorus Pharma, c'est une société pharmaceutique qui est spécialisée en ophtalmologie.
04:15 D'abord, nous nous occupons de la santé de l'œil.
04:18 Nous avons un chiffre d'affaires de proche de 100 millions d'euros.
04:23 Donc belle ETI.
04:24 Et nous avons 210 collaborateurs entre la France et les filiales.
04:29 Il y en a à peu près 180 en France.
04:31 100 au siège et les autres personnes sont des informateurs médicaux, des visiteurs médicaux,
04:38 mais aussi des gens qui s'occupent d'informations scientifiques, etc.
04:43 et qui sont répartis sur le territoire français.
04:45 Et puis, nous avons donc des filiales, plusieurs en Europe, en Espagne, au Benelux,
04:52 et puis maintenant dans les pays nordiques, il y en a plusieurs, et puis en Suisse.
05:00 Donc c'est à peu près le profil.
05:03 Et on consacre 20% de notre chiffre d'affaires à la recherche.
05:07 C'est ce qui vous permet de continuer à progresser, c'est certain.
05:12 Et finalement, on a l'impression que vous entendez que tout s'est passé facilement.
05:16 Ce n'est pas le cas, vous avez connu forcément des moments plus difficiles.
05:20 Est-ce que d'ailleurs, c'est une toute petite question, on va revenir à vos défis,
05:23 mais est-ce que finalement le fait de le faire avec votre mari, en couple,
05:27 est-ce que ça a été un avantage ou un inconvénient ?
05:29 Et comment vous vous êtes organisés tous les deux pour répartir les responsabilités ?
05:33 Alors je pense que c'est bien de ne pas être tout seul.
05:36 Oui, on se disait Fanny à l'instant.
05:38 Et je trouve que deux, c'est mieux que tout seul, parce que quand même.
05:41 Alors des fois, ça crée certains tirages, mais d'un autre côté, c'est quand même mieux d'être deux.
05:48 Et puis, on était complémentaires, comme je vous l'ai dit, on avait vraiment des formations complémentaires.
05:53 Donc finalement, on est resté un petit peu chacun dans ce dans quoi nous étions bons.
05:58 Et je pense qu'on avait aussi cette volonté, on avait cette volonté chevillée au corps de créer cette entreprise.
06:05 Voilà, donc on avait quelque chose à créer en plus de notre famille.
06:11 On avait un but commun, donc je pense que c'est plutôt, moi je trouve ça plutôt favorable,
06:16 parce que comme ça, on peut se comprendre dans les difficultés, le temps qu'on y passe, etc.
06:23 Donc je pense que c'est quand même plutôt, enfin moi je trouve ça plutôt favorable.
06:27 Et vous avez opté pour une organisation où vous êtes la présidente et votre mari est le directeur général.
06:32 Donc bon, vous l'avez fait quand même à une époque, entre guillemets, pas si ancienne,
06:37 mais enfin malgré tout, où ce n'était pas nécessairement comme ça qu'on voyait les choses dans un couple.
06:42 C'était peut-être pas autant la mode, mais disons que oui, à l'époque, il n'y en avait pas beaucoup.
06:49 Mais finalement, je pense que dans la répartition des rôles, c'était pas mal.
06:54 Oui, c'est pas mal parce qu'en plus, il y avait un rôle de communication peut-être,
07:00 où j'avais peut-être plus de dispositions, même si Claude fait du marketing et il le fait très bien.
07:09 Donc ça s'est fait assez naturellement.
07:14 Alors aujourd'hui, les défis, puisque même si vous vous développez harmonieusement et que vous êtes déjà à un très beau niveau,
07:20 quels sont les principaux défis que vous rencontrez au niveau de Russforma aujourd'hui ?
07:24 Les défis, c'est qu'il faut que nous nous développions, il faut que nous atteignions une taille critique dans notre domaine.
07:31 Et on considère que la taille critique, c'est 200 millions d'euros.
07:36 Donc c'est x2 par rapport à aujourd'hui.
07:39 Voilà, c'est x2.
07:40 Alors c'est un enjeu dans le contexte actuel qui est quand même un peu compliqué,
07:46 parce que notre gros moteur, c'est quand même la France.
07:48 Et pour devenir, toutes les entreprises qui grossissent ont besoin d'avoir leur moteur dans leur pays d'origine,
07:54 qui fonctionne bien.
07:57 Et c'est vrai qu'en ce moment, c'est quand même compliqué,
07:59 parce que les conditions économiques pour les produits de santé sont quand même assez difficiles en France,
08:04 avec des prix qui sont quand même dans les plus bas européens.
08:08 Donc c'est un petit peu compliqué.
08:10 Alors bon, il faut que nous continuions à faire de la recherche, d'innovation.
08:15 On fait des produits de santé, on ne fait pas que des médicaments.
08:18 On est aussi banque de tissus, on fait des dispositifs médicaux.
08:24 Et on essaye d'apporter un service aux médecins.
08:28 Et vous avez lancé également une nouvelle activité.
08:32 Oui, et on a lancé une nouvelle activité,
08:34 puisque là maintenant, on a développé une gamme de cosmétiques,
08:38 haut de gamme, autour de l'œil, sans aucun conservateur, absolument pas.
08:42 C'était d'ailleurs votre prérègle depuis toujours, je crois que dès le départ, vous vouliez ne pas avoir de conservateur.
08:47 Alors dans tous nos produits, nous n'avons pas de conservateur.
08:49 Mais c'est vrai que pour des médicaments, des dispositifs médicaux, il y en a quand même un certain nombre.
08:54 Pour les produits cosmétiques, c'est plus rare.
08:56 Bon, on a des brevets pour ça.
08:58 Mais je pense que c'est assez intéressant.
09:00 Et c'est vrai qu'il faut que, dans le contexte de notre développement,
09:03 nous élargissions aussi notre offre sur des produits qui soient hors sécurité sociale,
09:08 et qui ne soient pas remboursés, avec des prix plus libres.
09:13 Donc je pense que...
09:15 Donc le principal défi, c'est le...
09:17 C'est un bon défi, c'est un défi de développement.
09:19 Donc c'est comment continuer, en gardant vos valeurs,
09:23 et en gardant votre façon de contenir d'aujourd'hui.
09:26 On veut aussi se développer à l'international, et aussi dans nos filiales,
09:30 fonctionner comme nous le souhaitons.
09:33 Oui, très bien.
09:34 Alors, en dernière question, bon, on pourrait beaucoup parler encore de votre entreprise,
09:37 parce qu'il y a beaucoup à en dire, et c'est passionnant,
09:39 mais en dernière question, puisqu'on est dans une émission qui s'appelle Smart Women,
09:42 on parle aussi des femmes.
09:44 Alors je sais que pour vous, la parité absolue, ce n'est pas une nécessité,
09:47 mais ce à quoi vous tenez, c'est justement les possibles offerts à toutes les femmes.
09:52 En deux mots, puisqu'on est à la fin,
09:54 ça veut dire quoi pour vous, Sam ?
09:57 Bon, d'abord, nous, nous sommes dans un milieu où il y a quand même des femmes,
10:00 déjà, le milieu de la santé, il est quand même assez féminisé.
10:03 C'est-à-dire que nous, ce que nous voulons, c'est quand même avoir des talents.
10:07 Donc je pense qu'il ne faut pas non plus tomber dans le défaut de négliger le talent pour la féminité.
10:16 Il faut quand même que ce soit les deux, donc ce n'est pas toujours ce que l'on dit,
10:20 mais je pense que ça, c'est important.
10:22 Et puis surtout, il y a une chose, c'est que je pense que pour les femmes,
10:25 ce qu'il faut, c'est qu'elles aient le choix et que toutes les femmes aient le choix.
10:29 Donc nous, ce qu'on voudrait, c'est essayer de s'engager même davantage
10:32 dans tout ce qui peut concerner l'éducation des femmes qui n'ont pas accès peut-être à tous les moyens
10:38 pour pouvoir avoir des situations qui soient intéressantes.
10:44 Merci beaucoup, merci pour ce témoignage, merci pour ce franc-parler et ces idées qui sont les vôtres.
10:51 Vous avez exprimé également sur la position des femmes et on vous souhaite bien sûr
10:55 beaucoup de succès encore dans l'avenir.
10:57 Donc cette émission se termine.
11:00 Merci de l'avoir écoutée et je vous dis au mois prochain pour découvrir mes prochaines invitées.
11:06 Merci.
11:07 Merci beaucoup.

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