Edouard Legras, agriculteur et président de la coordination rurale du Loir-et-Cher, revient sur la grogne des agriculteurs depuis plusieurs jours en France : «On confond transition écologique et décroissance».
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00:00 - Des contraintes, il y en a une sacrée. - Non mais par rapport au respect de l'environnement, par rapport au glyphosate dont on parlait pendant la publicité,
00:06 que vous utilisez, mais que vous utilisez non pas sur les productions, mais entre les productions.
00:11 - Entre les productions, c'est ça, oui. - Non mais il est important de le dire.
00:14 - Après on a des zones de neutre, traitement pour pas traiter trop proche des habitations, ça n'existe pas dans les autres pays.
00:21 On a un certifito, un CSP à passer pour pouvoir faire... - Expliquez-nous, expliquez-nous ce que c'est qu'un certifito et un CSP.
00:29 - C'est des diplômes, si vous voulez, pour épandre les produits phytosanitaires sur notre exploitation.
00:34 Et tout ça, c'est un coût et ça demande du temps. Et d'autres pays dans le monde... - Les autres ne le font pas ?
00:39 - Certains pays ne le font pas, oui. Et ça c'est... - Et on importe leurs produits malgré tout.
00:43 - Et on importe même son débandage par avion, hein. - Ouais. C'est une incohérence totale.
00:47 - Avez-vous le sentiment que les agriculteurs français respectent l'environnement ?
00:51 - On y travaille tous les jours. Moi, je... Mon grand-père était agriculteur, mon père était agriculteur.
00:55 Enfin, aujourd'hui, on voit tous les efforts que l'on fait sur l'exploitation. Je traite moins que les générations précédentes.
01:02 Aujourd'hui, notre intérêt... Moi, j'ai un enfant. Enfin, j'ai envie que tout se passe bien dans le monde, hein, tout simplement.
01:06 - Est-ce que c'est compatible avec la rentabilité ? - Oui, mais le problème, c'est qu'on confond toujours transition écologique et décroissance.
01:14 Aujourd'hui, il y a des gens, ils ne supportent plus rien et ils ne veulent plus rien.
01:18 Je connais des gens, ils sont contre les centrales nucléaires. Enfin, je fais un parallèle, contre les éoliennes et contre le photovoltaïque.
01:25 Du coup, demain, on fait quoi ? C'est compliqué.
01:28 - Les politiques ont-ils toujours compris les paysans ? Pierre Lelouch. - C'est très difficile. En réalité, ça demande un investissement de temps.
01:35 - Quand vous étiez en fonction, d'ailleurs, Pierre Lelouch, vous compreniez les agriculteurs véritablement ?
01:39 - Honnêtement, non. Moi, j'avais un charge de vendre l'agriculture. Je me suis rapidement rendu compte, d'ailleurs,
01:44 un, que nous étions déficiteurs, y compris à l'égard de pays comme l'Allemagne.
01:49 Et là, je veux dire, je suis tombé de ma chaise quand j'ai vu les chiffres.
01:52 - Aujourd'hui, nous ne sommes plus souverains dans notre pays au niveau alimentaire. Les gens, ils l'oublient, mais...
01:56 Enfin, je trouve, un pays comme la France, c'est incroyable.
01:59 - Moi, j'étais nommé au commerce extérieur. Le premier chiffre que je demande, c'est sur l'agriculture.
02:03 Je me perçois qu'on est déficiteurs par rapport à l'Allemagne. Alors, sur l'industrie, je veux bien, mais l'agriculture, pourquoi ?
02:09 La Hollande, la Hollande, l'Espagne... - Et tous les ans, on perd pied.
02:13 Là, le prochain secteur, c'est le lait, par exemple. Un pays comme la France, on va plus être souverain en lait dans les années futures.
02:19 - Et c'est encore le cas pour l'instant. - Oui. 2027, 2028, selon les études, ça va basculer.
02:25 - Pierre Lelouch. - Malheureusement, c'est lié à la place croissante des décisions qui sont prises à Bruxelles
02:32 et à l'incapacité du gouvernement français de faire entendre son mode agricole.
02:37 Mais je reviens sur ce que je disais au départ. Il faut comprendre que le poids de la France a diminué dans une Europe élargie.
02:44 On n'est plus dans une Europe à 6 ou même à 9. On est dans un truc à 27, où beaucoup de pays n'ont pas du tout envie même de continuer la PAC.
02:52 Alors, la PAC, c'est la moitié de l'argent que nous donnons chaque année à l'Europe.
02:56 On donne, en gros, un point de PIB français à l'Europe chaque année. 22 milliards d'euros. On en tire 11 milliards.
03:03 - Je le rappelle, la coordination rurale, on est à politique, donc je veux pas que ça pose de problème.
03:09 Dans notre syndicat, il y a des gens qui votent de l'extrême droite à l'extrême gauche.
03:12 Moi, je fais pas de politique, je donne des faits.
03:14 - Je vais porter un jugement sur le gouvernement actuel. C'est pour ça que je préfère le système.
03:20 - Prenez quelques précautions.
03:21 [Musique]
03:24 [Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org]