Christophe Grison, Farre : « Le stop and go environnemental est défavorable à une politique d’avenir pour l’agriculture »
Agriculture raisonnée
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00:00Donc aujourd'hui, nous sommes en compagnie de Christophe Grison, qui est président du Réseau Phare, le forum de l'agriculture raisonnée
00:13respectueuse de l'environnement. Donc bonjour. — Oui, bonjour. — Donc aujourd'hui, vous vous interrogez sur l'intérêt d'une telle
00:20pause environnementale. Alors selon vous, ce n'est pas la bonne solution ? — Oui, effectivement. Nous, on regrette ces effets d'annonce
00:28qui font un petit peu le buzz dernièrement au niveau de l'actualité agricole. Effectivement, la politique du stop-and-go, on trouve
00:35que c'est plutôt défavorable à l'environnement et défavorable pour une politique d'avenir de l'agriculture française. Voilà.
00:41— Alors qu'est-ce que vous remettez en cause ? C'est quoi ? C'est une politique au niveau du ministère de l'Environnement,
00:46une politique au niveau du ministère de l'Agriculture ? — Si vous voulez, c'est tous les efforts qu'ont entrepris les agriculteurs
00:52depuis de nombreuses années, qui n'avaient pas attendu le Grenelle de l'environnement pour modifier leur pratique.
00:56Aujourd'hui, d'un seul coup, on entend dans certains médias que l'environnement, c'est bon, ça commence à bien faire. C'est un petit peu dommage,
01:03parce que, si vous voulez, aujourd'hui, il y a vraiment à mes yeux un triptyque dans le développement durable en agriculture, qui est basé
01:09sur l'économique. Effectivement, il faut qu'on vive dans nos exploitations agricoles. Mais dans ce triptyque économique, il y a aussi
01:14l'environnement et le social. Et les trois sont liés. On peut pas couper une branche de l'un de ses ponts. C'est pas possible.
01:21Donc pour moi, les trois tournent ensemble. Et on a besoin d'une politique d'avenir, on a besoin d'une perspective d'avenir.
01:26On peut pas raisonner à court terme. Nos professions sont assez complexes. Et voilà. Donc on cherche vraiment une perspective d'avenir
01:32pour construire dans le temps. — Alors qu'est-ce que vous proposez concrètement ?
01:36— Nous, ce qu'on propose, c'est déjà la certification environnementale de nos exploitations. On a quand même 3 000 exploitants agricoles
01:42qui sont certifiés agriculture raisonnée. Bon, aujourd'hui, on nous parle d'une nouvelle certification environnementale qui s'appelle HVE,
01:50haute valeur environnementale. Voilà. Elle tarde à sortir. Apparemment, on nous dit que les textes sont prêts, qu'éventuellement,
01:57ça sortirait maintenant en juin 2011. Ça fait des mois qu'on nous parle de cette sortie. Et on a du mal à voir le bout de l'horizon
02:04de cette certification environnementale. Et donc moi, tous mes agriculteurs qui sont certifiés agriculture raisonnée me disent
02:10« Quand est-ce que ça va basculer ? Où est le pont ? Comment je vais pouvoir basculer en HVE ? » Voilà. On est un petit peu dans l'expectative
02:17de la sortie de ces éléments. Et le ministre, là-dessus, malheureusement, est assez silencieux sur la HVE. Lorsque j'en ai parlé personnellement,
02:25il m'a répondu que c'était ma certification. Je lui ai répondu que non, c'était celle du gouvernement qui était proposée.
02:30Nous, on était prêts à la valider, à la tester, à la monter en puissance, mais que c'était quand même le gouvernement qui devait montrer
02:37un signe fort pour que ça soit une démarche de progrès. — Parce que la différence aujourd'hui entre la certification du réseau phare
02:45et la HVE, il y a des grosses différences ? — Alors nous, on prône au niveau de la haute valeur environnementale, la HVE.
02:53Le niveau 1, ça serait, on va dire, le niveau conditionnalité des aides. Donc nous, on souhaiterait pour inciter les agriculteurs
02:59à aller dans cette démarche une exemption des contrôles PAC. Le niveau 2, ça serait plutôt une des forces sur l'institutionnel.
03:09Et le niveau 3, c'est vraiment... On a besoin d'affiner des indicateurs sur la production. Voilà. Il faut qu'on trouve des indicateurs consensuels
03:17avec les parties prenantes. Et puis vraiment, il faut qu'on trouve une logique de résultat avec des indicateurs communicables.
03:24Souvent, la société nous reproche des indicateurs un peu confus. Là, il faut vraiment qu'on trouve des indicateurs simples et lisibles
03:30pour le consommateur et puis pour la société. Et enfin, nous, on souhaiterait que pour accompagner les agriculteurs dans cette démarche
03:35de certification environnementale, qu'il y ait une possibilité de crédit d'impôt pour qu'il y ait une petite incitation fiscale, voilà,
03:41pour les aider à entreprendre ces démarches. — Ça semble tout de même assez compliqué en termes de certification.
03:50— Bah non, non. En fait, c'est parce que c'est long, quoi. Ça traîne dans les tivoirs depuis trop longtemps. Moi, qui l'ai testé
03:56sur mon exploitation agricole, le niveau 1, il n'y avait aucun souci. Le niveau 2, ça correspondait peu ou prou à l'agriculture raisonnée
04:02parce que mon exploitation est certifiée agriculture raisonnée. Le niveau 3, j'avais quelques petits réglages d'exploitation agricole
04:08pour être certifié haute valeur environnementale. Mais techniquement, c'est déjouable, quoi. Là, ce chose, c'est le fait que ça tarde,
04:15le fait que ça ne sorte pas, voilà, d'être dans l'expectatif. Tous les agriculteurs qui ont engagé des efforts considérables dans leur exploitation,
04:22aujourd'hui, tout est en cause. Ils attendent, ils attendent, quoi. Donc c'est pour ça qu'on trouve ça dommage, cette pause, cette attente,
04:30cet immobilisme, mais qu'on souhaiterait plutôt avancer, quoi. Je pense que l'agriculture a vraiment un challenge environnemental.
04:36Nous devons démontrer, nous devons tester dans nos exploitations. C'est ce qu'on fait dans le réseau phare. À nous aussi d'être innovants.
04:42On a vraiment un gros travail à faire sur l'innovation. Et enfin, expliquer pour que tout ça, ça soit des leviers efficaces dans la performance environnementale.
04:51— Ça signifie à terme que la certification agriculture raisonnée mise en place dans le cadre du réseau phare est vouée à disparaître ?
04:58— Elle sera pas vouée à disparaître. Pour l'instant, elle est toujours officielle. Les textes sont toujours en application.
05:04Mais effectivement, elle sera normalement remplacée progressivement par la haute valeur environnementale.
05:08— Très bien. Et vous garderez votre fonction de communication de l'innovation de l'agriculture ?
05:14— Voilà. Nous, on veut vraiment le réseau phare. Il est là pour communiquer avec la société, pour prouver à la société qu'on n'a pas attendu le Grenoble
05:20pour modifier nos pratiques, et vraiment pour recevoir du public, leur montrer, comme je vous ai expliqué, tester, innover, rassurer les consommateurs,
05:28le pont entre la société et l'agriculture. — Je vous remercie, M. Grison. Bonne fin de journée. — Merci à vous. Au revoir.
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