Midi News (Émission du 29/01/2024)

  • il y a 9 mois
Sonia Mabrouk reçoit les acteurs de l'info du jour, nos experts et nos journalistes dans #MidiNews

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00:00:00 Bienvenue à tous et bonjour à vous.
00:00:03 Les tracteurs en marche vers la capitale, la colère des paysans ne retombe pas au contraire
00:00:08 et c'est un dispositif des forces de l'ordre impressionnant avec 15 000 policiers et gendarmes,
00:00:14 des blindés aussi pour sanctuariser Rungis.
00:00:16 Alors, faut-il, fallait-il en arriver là ? Et puis, comment en finir avec le double
00:00:21 discours entre Paris et Bruxelles ? Nous évoquerons tous ces sujets puis nous sommes sur le terrain.
00:00:25 En ce lundi noir, c'est news sur les différents points de blocage.
00:00:28 Nous allons suivre le mouvement jusqu'à Paris avec Adrien Spiteri, Augustin Donadieu
00:00:33 sur l'A16 à Beauvais.
00:00:35 On sera également présent sur l'A6 dans l'Essone avec Mathieu Devese, à Rungis bien
00:00:39 entendu avec Juliette Sadate, avec Laure Parra également sur l'A51 à Aix-en-Provence.
00:00:45 Et puis, nous rejoindrons tout à l'heure Antoine Estève à Agen dans le Lot et Garonne.
00:00:50 Et puis, regardez plus largement cette carte des blocages, différents points de blocage
00:00:56 qui convergent vers la capitale.
00:00:58 Là, voici cette carte avec aussi ce dispositif policier.
00:01:03 On interrogera nos invités sur un tel dispositif face à la colère paysanne.
00:01:07 Le double discours Paris-Bruxelles, les réactions politiques, c'est juste après le journal.
00:01:12 Bonjour à vous, Charles Miquel.
00:01:14 Bonjour à vous, à tous, vous venez de le voir.
00:01:16 C'est news au plus proche des agriculteurs en route vers la capitale.
00:01:19 La coordination rurale du Lot et Garonne a appelé à un convoi conséquent et massif
00:01:24 et l'appel a été entendu, comme vous allez pouvoir le voir sur ces images.
00:01:29 Le convoi se dirige vers Rungis avec un objectif, le blocage, comme l'explique José Pérez,
00:01:34 le président de cette corporation.
00:01:37 Écoutez.
00:01:38 Nos agriculteurs sont en colère.
00:01:41 La mobilisation, les gens répondent de présent.
00:01:44 On a des voitures qui suivent.
00:01:46 On a plein d'agriculteurs qui montent demain à Paris avec leurs véhicules.
00:01:50 On est là pour bloquer Rungis.
00:01:51 On ne va rien casser du tout.
00:01:52 Les agriculteurs, on n'a rien, on n'a pas de mesures.
00:01:56 Si on arrête aujourd'hui, c'est comme lundi dernier.
00:02:00 On repart sur le même point.
00:02:01 Il y a quelques mesurettes pour faciliter l'administratif, mais sortie de là, on n'a rien.
00:02:08 On n'a pas de mesures financières.
00:02:09 On ne veut pas d'argent, ce n'est pas ça.
00:02:11 Mais des mesures de trésorerie, des mesures, les taxes FITO qu'on paye,
00:02:16 qu'on paye comme branche, c'est franco-français.
00:02:18 Et après, il y a toutes les autres contraintes derrière.
00:02:21 Et pour répondre à ces revendications, il promet de nouvelles annonces dans les prochaines 48 heures.
00:02:28 Marc Faino reconnaît, je cite, "une crise multiple incluant des sujets européens,
00:02:33 des sujets qui seront traités dès ce jeudi à Bruxelles", assure le ministre de l'Agriculture.
00:02:39 Et face à ce siège de la capitale qui se prépare et la colère des agriculteurs,
00:02:45 qu'en pensent les Parisiens ?
00:02:46 Craignent-ils les blocages sur les routes ou pire encore, d'éventuelles pénuries ?
00:02:50 Nous sommes allés les interroger.
00:02:52 Moi, ça ne m'inquiète pas plus que ça.
00:02:55 Je n'ai pas de voiture, donc je n'ai pas de problème de circulation.
00:02:58 Et puis, je pense que les agriculteurs sont des gens raisonnables,
00:03:01 donc ils bloqueront Paris, mais ils ne nous empêcheront pas d'avoir la nourriture dont on a besoin.
00:03:06 Donc, je n'imagine pas les pénuries.
00:03:08 Si on n'a pas de quoi manger, sans les agriculteurs, ça va être compliqué pour s'approvisionner, etc.
00:03:13 Enfin, à Paris, on n'a rien, quoi.
00:03:16 Je pense à faire des provisions en prévision de la pénurie, quand même.
00:03:19 Moi, je trouve ça très inquiétant pour les agriculteurs.
00:03:22 Je suis désolée, mais je ne vais pas penser à moi d'abord.
00:03:25 Je pense que de toute façon, il y aura toujours de quoi se nourrir pour nous.
00:03:28 Mais non, la pénurie, c'est souvent parce que les gens se précipitent,
00:03:34 comme pour le sucre, ça a toujours existé.
00:03:36 Je trouve ça minable.
00:03:37 Non, ce n'est pas dans mon éthique.
00:03:40 Et puis, eux aussi sont mobilisés et ont bien l'intention de se faire entendre.
00:03:44 Depuis ce matin, les chauffeurs de taxi mènent des opérations escargots,
00:03:48 dont dans de nombreuses villes du pays, ils protestent contre la nouvelle convention
00:03:52 entre leur profession et la Caisse nationale d'assurance maladie sur le transport sanitaire.
00:03:58 Voilà, Sonia, ce qu'il fallait donc retenir de l'actualité à midi sur CNews.
00:04:02 A tout à l'heure.
00:04:02 Merci à vous, Miquel.
00:04:04 A tout à l'heure, le siège de Paris.
00:04:06 Rendez-vous compte des mots utilisés.
00:04:08 Réagit "sanctuariser", un dispositif défensif, comme on l'appelle, d'ampleur mis en place.
00:04:13 15 000 policiers et gendarmes, des blindés de la gendarmerie, des hélicoptères.
00:04:17 Fallait-il en arriver là face à la colère de nos paysans ?
00:04:21 Je vous présente nos invités.
00:04:22 Judith Vintraud, bonjour à vous.
00:04:24 Merci d'être là, Judith.
00:04:25 Grand reporter au Figaro Magazine.
00:04:27 Le général Bertrand Cavey nous accompagne.
00:04:29 Merci, général.
00:04:31 Évidemment, et bonjour à vous.
00:04:32 Votre expertise de la situation sécuritaire est importante, tout comme celle de Rudi Mana.
00:04:37 Bonjour.
00:04:38 Merci d'être là.
00:04:38 Porte-parole Allianz Sud.
00:04:41 Rudi Mana, on va parler avec vous, évidemment, de ce dispositif et des suites.
00:04:44 Et Arthur de Vatrigan est présent.
00:04:45 Bonjour, Arthur.
00:04:46 Directeur de la rédaction du magazine L'Incorrect.
00:04:49 Tout d'abord, on va se rendre, comme on vous l'a dit, sur le terrain.
00:04:52 Nous sommes présents un petit peu partout, en particulier près de Beauvais, sur l'Assezse,
00:04:57 avec Adrien Spiteri.
00:04:58 Adrien, c'est la question que l'on pose à présent, deux heures avant ce blocage annoncé.
00:05:04 Est-ce que ce cortège d'agriculteurs va bientôt s'élancer vers la capitale ?
00:05:14 Sonia, ce cortège, il tarde un petit peu à partir.
00:05:17 Mais en tout cas, tout est mis en place pour que les agriculteurs prennent la route.
00:05:22 Vous voyez notamment ces tracteurs qui sont de plus en plus nombreux.
00:05:26 On est arrivés, nous, ce matin, aux alentours de 5 heures, ici, à proximité de Beauvais.
00:05:31 Il n'y avait seulement que quelques tracteurs.
00:05:33 Ils sont de plus en plus nombreux.
00:05:34 Vous le voyez notamment, les drapeaux de la FNSEA ou des jeunes agriculteurs,
00:05:39 deux syndicats qui appellent à continuer la mobilisation.
00:05:43 Et puis, vous voyez également de très nombreux agriculteurs
00:05:46 qui sont sous ce pont de l'autoroute Assezse.
00:05:50 Les bancs, les tables qui étaient présentes tout à l'heure ont été mises sur le côté
00:05:54 pour laisser passer les tracteurs dans quelques minutes, maintenant.
00:05:59 Des agriculteurs qui se réunissent avant de prendre la direction de Paris.
00:06:03 Rappelons leur objectif, mettre en place un blocus autour de la capitale.
00:06:08 Dès 14 heures, 8 autoroutes au total pourraient être bloquées.
00:06:12 Les agriculteurs, notamment les syndicats, veulent mettre la pression sur le gouvernement.
00:06:18 Ils ne sont pas totalement satisfaits des annonces qui ont été faites vendredi
00:06:22 par le Premier ministre Gabriel Attal, notamment sur l'installation des jeunes agriculteurs
00:06:27 ou encore sur l'agriculture biologique, alors que, dans le même temps,
00:06:31 d'autres agriculteurs ont levé leur blocage,
00:06:34 chez le Cannes, notamment sur l'autoroute A64.
00:06:37 En tout cas, des agriculteurs certains qui restent mobilisés,
00:06:40 avec tout de même un mot d'ordre, rappelons-le, pas de violence ni de dégradation,
00:06:46 un blocage que les forces de l'ordre, que le gouvernement prend très au sérieux,
00:06:50 puisque, vous l'avez dit en entamant cette émission,
00:06:52 15 000 policiers et gendarmes sont mobilisés aujourd'hui.
00:06:56 Merci à vous Adrien Spiteri, en direct et en duplex depuis la CES, près de Beauvais.
00:07:00 Et il est vrai que le changement de ton, ou de pied, du ministre de l'Intérieur interpelle.
00:07:05 Ruedi Manin, je vous pose d'abord la question.
00:07:07 On est passé d'un ministre de l'Intérieur qui avait dit,
00:07:09 il comprend toujours, comprendre les colères et les coups de sang légitimes des agriculteurs,
00:07:14 à ce dispositif quand même, 15 000 policiers et gendarmes,
00:07:17 siège de Paris, Rungis sanctuarisé, que craint le gouvernement ?
00:07:21 Vous savez déjà Sonia, il faut dire les choses,
00:07:24 les policiers soutiennent ce mouvement des agriculteurs,
00:07:27 tout simplement parce que les agriculteurs c'est un peu comme nous.
00:07:31 On aime notre métier, on le fait par passion, on le fait parfois par vocation,
00:07:36 et les agriculteurs eux ils se battent parce qu'ils ont l'impression de ne pas vivre de leur métier,
00:07:40 et ils n'ont pas envie qu'on leur fasse l'aumône, ils veulent juste travailler et vivre de ça.
00:07:47 Et nous les policiers c'est un peu pareil, on a envie d'être respecté,
00:07:50 on a envie d'être respecté pour ce que l'on fait.
00:07:53 D'ailleurs les deux taux de suicide les plus importants en France sont dans ces deux métiers,
00:07:58 les agriculteurs en numéro un, les policiers en numéro deux.
00:08:01 Donc déjà le ministre de l'Intérieur sait que toutes les troupes polices soutiennent ce mouvement.
00:08:06 Maintenant pourquoi il est monté en gamme ?
00:08:09 Parce qu'effectivement il y a des mouvements qui sont prévus, notamment à Rungis,
00:08:13 et vous savez en fait il faut éviter la chandelier quoi,
00:08:17 tout simplement ça, il faut éviter la chandelier,
00:08:20 et il faut éviter que certaines personnes s'affolent, on l'a vu dans votre reportage,
00:08:24 certains ont dit on ne va pas pouvoir s'approvisionner, bon, il faut éviter ça,
00:08:28 et pour éviter cela nous on a envie d'accompagner ces agriculteurs,
00:08:32 je pense qu'il n'y aura pas de difficulté,
00:08:33 toutes les manifestations qu'on a pu faire avec eux, ça s'est extrêmement bien passé,
00:08:38 mais on a conscience que ces agriculteurs-là ils n'en peuvent plus,
00:08:42 ils n'en peuvent plus, alors ils essayent de se faire entendre,
00:08:45 la seule chose qu'il faut c'est qu'il n'y ait pas de casse, il n'y ait pas de dégradation,
00:08:49 et surtout nous en tant que flics on veut éviter tout débordement,
00:08:52 et on veut éviter d'être en confrontation avec eux si parfois certains d'entre eux,
00:08:57 comme on peut voir dans plein de manifestations, peuvent déraper,
00:08:59 donc nous on est là pour ça, il faut qu'ils sachent que les flics de France soutiennent ce mouvement-là,
00:09:04 mais il faut éviter la chandelier, et pour éviter la chandelier il faut que les policiers soient là en nombre,
00:09:09 pour que les gens circulent bien, pour que les gens puissent s'approvisionner normalement,
00:09:12 et pour que la vie puisse continuer malgré tout.
00:09:14 C'est important votre message Rudi Manah, on va en parler,
00:09:17 même question et je vais centrer sur Rungis quand même Général Caver,
00:09:21 Rungis, l'importance de Rungis c'est un marché unique quasiment au monde,
00:09:25 c'est le premier marché de gros de produits frais d'Europe,
00:09:29 mais véritablement, quand on dit sanctuariser, c'est une protection assez incroyable,
00:09:35 Général vous connaissez bien les techniques de sécurité,
00:09:37 est-ce que vous-même vous avez été surpris de ce changement de ton ?
00:09:40 Non, chacun dans son rôle, il y a le dialogue qui relève du Premier ministre avec le ministère de l'Agriculture,
00:09:47 et puis le ministre de l'Intérieur rappelle quand même qu'on est dans un état de droit,
00:09:53 que l'autorité de l'État doit être respectée, et puis qu'on ne peut aller sur Rungis,
00:09:58 déjà Rungis est affecté par les entraves à la liberté de circulation sur les autoroutes,
00:10:05 et il y aura des conséquences sur l'approvisionnement en nourriture de la population parisienne,
00:10:10 donc il prend ses responsabilités,
00:10:14 et je pense d'ailleurs que c'est parfaitement compris par la majorité des organisations syndicales des agriculteurs,
00:10:21 donc bon, sachant que je ferai juste un petit commentaire,
00:10:25 je ne pourrais pas comparer à mon avis les horaires de la fonction publique et les horaires des agriculteurs,
00:10:31 on est quand même dans deux mondes différents, il faut quand même le dire,
00:10:34 en termes de travail, il faut quand même dire, on ne fait pas 15 heures par jour dans la fonction publique.
00:10:39 Oui mais enfin on va dire dans la difficulté de la tâche, la complicité des choses, on ne va pas opposer les colères,
00:10:43 là ce n'est pas l'objet.
00:10:45 Il y a une catégorie socio-professionnelle aujourd'hui qui est dans une situation dramatique,
00:10:48 c'est policiers et gendarmes qui sont mobilisés.
00:10:51 J'entends bien, j'ai une fille qui est gendarme, elle n'est pas dans la situation dramatique,
00:10:54 connaissent les agriculteurs.
00:10:57 Je connais beaucoup de policiers, vous savez que c'est le métier où il y a le plus de burn-out,
00:11:02 vous savez aussi qu'il y a énormément de suicides,
00:11:04 et vous savez que sur chaque intervention de police, notamment dans les grosses agglomérations,
00:11:08 on a tendance à vite déraper,
00:11:11 donc moi je compare ces deux métiers parce qu'on travaille tous dans la même direction,
00:11:16 on a envie que ça fonctionne, et vous savez ce que j'ai envie de dire aujourd'hui ?
00:11:19 Ce que je trouve que ce genre de métier, ce site de métier,
00:11:22 on nous a abandonnés depuis 6-7 ans,
00:11:25 en fait on est les laissés pour compte un peu de la société,
00:11:28 et ça se voit avec les agriculteurs, il y a 10 jours il y avait des policiers
00:11:32 qui manifestaient dans la rue pour les Jeux Olympiques,
00:11:34 et je crois que ça, on voit les infirmières aussi, les soignants, on voit les professeurs,
00:11:38 et je pense que quand même ça devrait être une priorité de l'État.
00:11:40 Donc je pense qu'on est tous à la même galère à des niveaux différents,
00:11:43 bien évidemment on ne fait pas 16 heures par jour,
00:11:44 on en fait 12 maintenant parce que les vacations sont 12 heures,
00:11:47 mais la difficulté de la tâche sur la voie publique, elle est extrêmement difficile.
00:11:50 J'entends, et il ne s'agit pas du tout de poser les colères,
00:11:52 là déjà qu'on comprenne les racines très profondes de celle-ci,
00:11:56 il y a quelque chose qui interpelle Judith Vaintrop,
00:11:58 c'est-à-dire qu'il faut savoir que cette colère paysanne, j'aime bien ce mot,
00:12:03 tout aussi beau que celui d'agriculteur, mais dans le paysan il y a pays, il y a paysage,
00:12:08 et c'est très beau, et bien elle est sème partout en Europe,
00:12:10 c'est-à-dire que sur le tableau de bord européen,
00:12:13 tout clignotait pour dire que ça allait arriver en France.
00:12:15 Pourquoi s'est passé sous les radars des politiques ?
00:12:17 Vous avez tout à fait raison, ce qui est absolument rageant,
00:12:21 voire désespérant dans ce qui se passe actuellement,
00:12:24 c'est que les gouvernements, et le gouvernement français en particulier,
00:12:29 payent son retard à l'allumage, ça n'arrête pas.
00:12:31 Dès que Bruno Le Maire, le ministre de l'Économie, a annoncé, c'était en septembre,
00:12:37 la fin progressive de la défiscalisation du gazole non routier,
00:12:42 les mouvements de protestation ont commencé.
00:12:44 En octobre, vous aviez le mouvement avec les panneaux des villes mis à l'envers
00:12:48 pour montrer que la politique agricole en Europe marchait la tête à l'envers.
00:12:53 Il ne s'est rien passé.
00:12:55 Aussi, il s'est passé des trucs quand on fouille très gentiment.
00:12:59 Par exemple, il y a cinq mois, la France a déposé sur le bureau de la Commission européenne
00:13:04 une demande de dérogation à cette fameuse règle de laisser 4% des terres en jachères.
00:13:11 Il ne s'est rien passé.
00:13:12 Alors, premier retard à l'allumage, le mouvement éclate avec cette étincelle
00:13:18 que constitue la fin de la défiscalisation du GNR, et on continue à prendre du retard.
00:13:23 On nous annonce des mesures pendant 48 heures.
00:13:29 Que se passe-t-il ?
00:13:30 Rappelez-vous, après les émeutes, quand Emmanuel Macron avait reçu les maires
00:13:36 des communes les plus dévastées, que s'était-il passé ?
00:13:38 Une loi pour accélérer, voire même supprimer les procédures dont la France est la championne
00:13:45 et qui empêchait la reconstruction.
00:13:47 Que ne font-ils pas pareil en ce qui concerne les agriculteurs pour certaines mesures d'urgence
00:13:52 qui dépendent de nous et non pas de l'Europe et qui sont très faciles et simples à prendre.
00:13:56 Arthur de Vatrillion, comment l'expliquer ?
00:13:58 On entend souvent dire que le gouvernement, celui-ci ou un autre, est déconnecté du terrain,
00:14:04 panneau renversé.
00:14:05 N'oublions pas aussi de l'éprit de l'électricité, comme nous touche,
00:14:08 mais eux en particulier sont extrêmement pénalisés.
00:14:11 Pourquoi est-ce que c'est passé sous radar, cette colère qui n'a cessé de monter ?
00:14:15 Parce qu'ils ne se déplacent pas en voiture, ni à pied.
00:14:18 En fait, quand ils vont dans les campagnes, ils le voient à travers la vide d'un TGV.
00:14:21 Quand ils voient une vache, c'est une fois par an, c'est en agriculture.
00:14:23 Donc c'est compliqué de se connecter au réel.
00:14:26 Ensuite, le problème, c'est qu'on a en France flingué tous les corps d'intermédiaires.
00:14:30 Donc pour faire remonter la parole, c'est également compliqué.
00:14:33 Et les rares qui survivent encore sont complètement méprisés.
00:14:36 Donc vous n'avez plus de connexion forcément avec le terrain.
00:14:40 Et encore après, l'autre souci, c'est que si vous voulez remonter aux causes
00:14:44 du problème agricole français, on peut remonter jusqu'au temps de l'Orieuse, si vous voulez.
00:14:49 Ça remonte à très très loin.
00:14:51 Peut-être qu'à cette époque-là, le modèle productiviste répondait à une demande, évidemment.
00:14:54 Sauf que ce modèle productiviste, aujourd'hui, on en paye aussi les conséquences.
00:14:58 Et l'autre souci que vous avez, c'est évidemment au niveau de l'Europe,
00:15:02 mais ce serait trop facile de tout mettre sur le dos de l'Europe.
00:15:04 On en reparlera, évidemment.
00:15:06 Mais en fait, en agriculture, comme partout ailleurs,
00:15:09 on souffre du manque de frontières, tout simplement.
00:15:12 La réalité est là.
00:15:14 Ça, ça m'intéresse. On va s'y arrêter, parce que...
00:15:17 Éloge du sans-frontierisme en Europe.
00:15:20 Est-ce que cette idéologie tient toujours ?
00:15:22 Est-ce qu'on va pouvoir continuer ainsi ?
00:15:24 Je vous poserai la question. Et où est le vrai pouvoir ?
00:15:26 Est-ce qu'il est en France ou est-ce qu'il est à Bruxelles ?
00:15:29 Mais tout d'abord, le pouvoir, il est à Rungis.
00:15:31 Celui de nourrir, de nous fournir, également.
00:15:34 Et nous y sommes avec notre journaliste Juliette Sada.
00:15:37 Juliette, les agriculteurs, en tout cas certains tracteurs prévus,
00:15:41 ne sont pas encore arrivés.
00:15:42 Par contre, parlez-nous du dispositif vraiment conséquent, n'est-ce pas ?
00:15:46 Oui, effectivement, pas encore de tracteurs toujours en vue.
00:15:53 Mais en effet, le dispositif de policiers est toujours sur place.
00:15:57 Regardez derrière moi, les forces de l'ordre se tiennent prêtes.
00:16:00 Deux blindés, plusieurs fourgons de gendarmerie,
00:16:03 ainsi que des camions de CRS qui sont arrivés sur place
00:16:07 il y a quelques minutes.
00:16:08 Un barrage filtrant contrôle également chaque personne qui souhaite entrer.
00:16:14 Seules les personnes autorisées ont le droit de pénétrer dans Rungis.
00:16:18 Les grossistes, les acheteurs, etc.
00:16:20 L'objectif, c'est toujours le même,
00:16:22 empêcher le blocage de cet immense marché d'intérêts national,
00:16:27 marché central de Paris qui génère plus de 10 milliards d'euros chaque année,
00:16:31 alors que les agriculteurs promettent un siège de la capitale ce lundi.
00:16:35 Merci à vous Juliette Sada.
00:16:37 On vous retrouvera évidemment tout au long de ce milieu d'après-midi,
00:16:42 cette matinée, fin de matinée.
00:16:44 C'est à 14 heures que ces blocages sont prévus.
00:16:47 Les renseignements de territoire ont communiqué sur une quarantaine de points d'action.
00:16:51 Aujourd'hui, une question très concrète Rudy Mana.
00:16:54 S'il y a, parce que par moment, la base, comme on dit,
00:16:57 est bien un peu submergée, les têtes syndicales,
00:17:02 il peut y avoir des actions et des bouffées de, comme ça,
00:17:06 des déruptions sociales plus importantes.
00:17:07 Que ferez-vous ?
00:17:08 Est-ce qu'il y a un ordre qui est donné en particulier aux policiers ?
00:17:11 En fait, on s'adapte en fonction de la situation.
00:17:13 Mais vous savez, ces agriculteurs, ce qui nous rattache aussi aux policiers,
00:17:17 c'est que ce sont des patriotes.
00:17:19 Ils aiment leur terre, ils défendent leur terre.
00:17:21 Et les policiers, ils aiment leur pays et ils défendent leur pays.
00:17:24 Donc, je ne pense pas qu'ils aient pour idée, franchement, de dégrader ce qu'ils aiment.
00:17:30 Ça, c'est la première chose.
00:17:31 Alors, bien sûr qu'il peut y avoir des excès de la part des uns et des autres.
00:17:34 J'espère qu'ils seront canalisés déjà en interne.
00:17:36 Vous savez, il y a des...
00:17:37 Ils se canalisent parfois entre eux.
00:17:39 Il y a des services d'ordre interne qui font que...
00:17:41 Et puis, ça déstabiliserait bêtement le mouvement.
00:17:45 Ça le rendrait moins sympathique.
00:17:47 Donc, l'enjeu n'est pas là.
00:17:48 J'espère vraiment qu'il n'y en aura pas de manière à éviter un éventuel affrontement
00:17:53 avec les agriculteurs que nous voulons absolument éviter.
00:17:56 Avec ces images en direct qui nous parviennent de l'A51,
00:18:00 c'est à Aix-en-Provence.
00:18:02 Vous voyez quand même ces tracteurs mêlés aux automobilistes sur cette voie.
00:18:07 Alors, on va parler, je vais dire, des suites du mouvement.
00:18:10 Il y a une question qui se pose et c'est l'une des vraies questions générales
00:18:14 que je pose à vous tous.
00:18:15 Où se situe le pouvoir ?
00:18:17 Le gouvernement y graine certaines mesures.
00:18:19 Elles ne sont pas suffisantes.
00:18:20 Est-ce que le pouvoir est aussi, est encore en France
00:18:23 ou est-ce qu'il est définitivement à Bruxelles ?
00:18:25 Quand le Premier ministre a dit "je place l'agriculture au-dessus de tout",
00:18:29 mais au-dessus de quoi selon vous ?
00:18:30 Je crois que c'est une question qui doit être posée bien sûr au niveau européen.
00:18:34 C'est l'agriculture de la France, mais aussi l'agriculture de l'Europe.
00:18:37 Maintenant, il y a quand même une marge de manœuvre au niveau gouvernemental,
00:18:42 sachant également qu'il y a une réforme de la PAC qui permet à un gouvernement,
00:18:46 au travers de ce qu'on appelle un plan national stratégique,
00:18:48 de prendre des mesures à son niveau.
00:18:51 Maintenant, je crois que la véritable discussion va se faire à Bruxelles,
00:18:57 sachant qu'il y a des intérêts divergents.
00:18:59 Il ne faut pas croire que les Allemands, les Polonais aient les mêmes intérêts.
00:19:06 Donc, il faudra essayer de trouver un accord sur ce qui est fondamental.
00:19:11 Et moi, ce qui me paraît fondamental, c'est deux choses.
00:19:14 On en revient d'abord aux racines de l'Europe.
00:19:17 Les racines de l'Europe, la dimension rurale est très importante.
00:19:20 J'espère qu'il n'y a pas ce cynisme, ce calcul politique qui est que,
00:19:26 après tout, maintenant, 400 000 agriculteurs, bientôt 300 000, c'est une population qui…
00:19:32 Est-ce que la concurrence déloyale dont sont victimes nos agriculteurs,
00:19:37 est-ce qu'elle est organisée ou planifiée ?
00:19:39 Ou est-ce qu'elle est passée sous les radars de tout le monde ?
00:19:40 On découvre aujourd'hui en disant "Oh, mais c'est incroyable !
00:19:43 Le poulet ukrainien, poulet pour lequel, je le précise,
00:19:46 depuis la guerre, on a supprimé les quotas,
00:19:48 ça veut dire que le poulet arrive sur une sorte de marché unique.
00:19:51 C'est quand même incroyable ! Alors que nos agriculteurs s'offrent de cela."
00:19:54 – Je répondrais que maintenant, il faut faire de la politique.
00:19:57 C'est-à-dire, très simplement, si je puis m'exprimer ainsi,
00:20:04 est-ce qu'on va sacrifier les agriculteurs français ?
00:20:06 – C'est ça, c'est la vraie question.
00:20:07 – On est à la croisée des chemins.
00:20:09 Est-ce qu'on veut qu'il y ait encore demain une agriculture ?
00:20:11 Je ne parle pas des grands céréaliers, je ne parle pas de la Beauce,
00:20:14 je parle du modèle familial, c'est un modèle aussi de proximité,
00:20:17 c'est également ce modèle-là qui fait vivre la ruralité, qui la dessine,
00:20:21 ce n'est pas de l'open field, ce n'est pas des champs immenses.
00:20:24 Donc c'est là la véritable question.
00:20:26 – Alors quand le Premier ministre dit qu'il place l'agriculture au-dessus de tout,
00:20:29 il la place au-dessus des intérêts européens ou d'une Europe
00:20:33 qui voit différemment les choses ?
00:20:34 – Il la place normalement, mais on attend des preuves,
00:20:38 au-dessus de l'idéologie européenne, idéologie qui est décroissante,
00:20:43 qui a un mérite, c'est le mérite de la sincérité.
00:20:46 Elle le dit, en Europe elle le dit.
00:20:49 Les dirigeants français ne le disent pas, d'où le fait que les agriculteurs…
00:20:55 – Qui le dit, pardonnez-moi, Judith Vintrobe, c'est qui ?
00:20:56 C'est Pascal Canfin, c'est Ursula von der Leyen ?
00:21:00 – Exactement, alors les deux noms que vous avez cités
00:21:03 sont vraiment symboliques de cette idéologie de la décroissance,
00:21:07 mais en fait à peu près tout le monde aux manettes en Europe le dit.
00:21:12 Le problème c'est qu'en France le discours est complètement contradictoire,
00:21:17 et là c'est le "en même temps, simultané"
00:21:20 qui est, comme dans bien des cas, absolument insupportable.
00:21:24 – Mais la schizophrénie elle est totale sur les accords de libre-échange,
00:21:27 vous pourriez l'expliquer à nos téléspectateurs, à Arthur de Vatrigan,
00:21:30 sur les accords de libre-échange votés, quand même la plupart des partis politiques
00:21:37 et en particulier la majorité votent ces accords de libre-échange,
00:21:41 donc ils sont en train pour certains trous de les dénoncer aujourd'hui.
00:21:44 – Même ceux qui sont dans l'opposition l'ont voté.
00:21:46 – Partie effectivement pour la droite.
00:21:48 – Le patron des LR en premier, par exemple.
00:21:50 Le drame c'est que vous dites qu'il y a une idéologie décroissante en Europe,
00:21:54 mais c'est bizarre d'avoir une idéologie décroissante
00:21:56 en acceptant l'importation de nos gemmes par exemple,
00:21:58 ou en faisant des accords sur le lait néo-sélandais.
00:22:01 – Je ne dis pas qu'elle était cohérente, je dis qu'elle était incohérente
00:22:05 et parfois décroissante.
00:22:06 – L'idée c'est de, encore une fois, c'est de puisse être mass-rich,
00:22:09 l'Europe c'est juste un grossiste, et je pense que nos dirigeants ont décidé
00:22:13 que les vieux pays européens de l'Ouest, il fallait qu'ils se débarrassent
00:22:15 de l'agriculture parce qu'on n'avait plus besoin d'eux,
00:22:17 simplement parce qu'on pouvait importer de l'agriculture de manière moins chère,
00:22:22 tout en s'achetant pour pas cher en plus une petite conscience verte, écolo,
00:22:27 et exporter ce qui peut être exportable encore, à savoir notre champagne,
00:22:31 du vin, du cognac, des choses comme ça.
00:22:33 Mais le problème c'est que vous avez en Europe cette idéologie-là,
00:22:38 elle est… évidemment que l'agriculteur est pris en tenaille,
00:22:42 entre les normes qui ne sont absolument pas respectées,
00:22:45 par exemple avec le Mercosur on va se marrer,
00:22:48 on va avoir une viande très étonnante qui va arriver sur nos marchés,
00:22:52 nos agriculteurs n'ont pas le droit, nos éleveurs n'ont pas le droit
00:22:55 d'utiliser les mêmes produits, et au sein de l'Union européenne,
00:22:58 le coût du travail entre l'Espagne, la Pologne et la France n'est pas le même,
00:23:01 donc il ne faut pas s'étonner si vous avez des fraises qui arrivent d'ailleurs
00:23:05 assez tôt, dès le mois de mars, pour les premières espagnoles sur nos marchés,
00:23:09 à un prix qui défie toute concurrence.
00:23:11 - Au milieu du coût du travail, pourquoi une telle différence de charges
00:23:16 entre la France et d'autres pays ?
00:23:18 On est endetté à 3 000 milliards d'euros, on a une fonction publique et pléthorique,
00:23:23 là aussi dans ce cas-là il faut que chacun commence à dire les choses,
00:23:27 c'est-à-dire qu'ils sont victimes d'un système qui est sur-fonctionnalisé,
00:23:33 et qui détourne une partie de la richesse nationale,
00:23:37 il faut dire les choses quand même.
00:23:38 - Dans la situation que vous décrivez, et là c'est la partie qui dépend de nous,
00:23:42 la France en plus met un système de bonus/malus sur les contrats courts,
00:23:46 dont on sait qu'ils sont la généralité en matière de cueillette, de ramassage...
00:23:52 - On est en train d'affamer ceux qui nous nourrissent,
00:23:53 on va marquer une pause, on va continuer d'en parler.
00:23:55 Alors l'Europe, Bruxelles, responsable de tout,
00:23:58 ou parfois bouc émissaire bien commode, justement pour se défausser de ses responsabilités,
00:24:03 nous serons à Rungis, nous serons sur les différents points de blocage,
00:24:06 et puis on interrogera la méthode du Premier ministre,
00:24:09 demain un discours de politique générale, les annonces, le concret,
00:24:12 et je dis qu'est-ce qu'il se passe, le Président à Bruxelles,
00:24:16 pour un Conseil européen extraordinaire, est-ce qu'il va renverser la table ?
00:24:20 Osera-t-il ?
00:24:21 Pourra-t-il se fâcher avec l'Europe selon vous ?
00:24:23 - A-t-il envie ?
00:24:24 - A tout de suite pour en parler.
00:24:26 - Enfin !
00:24:27 - Midi News, le direct, et c'est dans 1h30 que le grand blocage est annoncé,
00:24:35 lundi noir en perspective autour de la capitale et ses grandes artères.
00:24:40 Les paysans ont bien décidé à se faire entendre,
00:24:43 un dispositif policier conséquent qui est mis en place.
00:24:46 On va se rendre tout de suite avec notre journaliste Laure Parra sur l'A51,
00:24:51 à Aix-en-Provence.
00:24:53 Laure, on a vu ces tracteurs avancer au milieu des automobilistes.
00:24:57 Est-ce que le blocage est en train de s'intensifier, de s'organiser sur place ?
00:25:02 - Il est clairement en train de s'organiser puisque le convoi s'est séparé en deux.
00:25:09 Une partie est partie pour rejoindre une bretelle leur permettant de revenir sur leurs pas
00:25:14 et d'occuper les deux voies de circulation en direction de Marseille,
00:25:17 en direction de Nice, en direction de Lyon ou encore en direction de Gap.
00:25:21 La moitié du convoi qui est resté là commence à s'installer.
00:25:25 Laure est à la restauration, ils sont en train de discuter.
00:25:28 Ils sont très motivés et très déterminés.
00:25:31 Ils attendent une réunion qui devrait avoir lieu dans l'après-midi à la préfecture à Marseille.
00:25:37 Ils attendent le retour de leurs responsables et porte-parole de syndicats respectifs
00:25:43 pour savoir ce qu'ils donneront comme suite à ce mouvement.
00:25:46 Mais ils ont tellement de problématiques, ils les répètent les uns et les autres.
00:25:49 Et chaque problématique appartient à une filière.
00:25:52 Ça ne peut pas être une solution globale, répètent-ils.
00:25:55 Ils sont prêts à s'installer dans la durée, dans ce mouvement.
00:25:58 J'ajouterais que, là, on m'a dit, bien, Gabriel Attal n'a pas convaincu.
00:26:02 Et d'autres m'ont également souligné que le silence d'Emmanuel Macron était quand même pris pour une insulte.
00:26:08 Effectivement, Laure Parras, c'est un silence qui interroge en tous les cas.
00:26:12 Et bien au-delà des acteurs, on vous retrouvera tout à l'heure
00:26:14 qui nous confirment que le blocage est en train de s'intensifier, de s'organiser en tous les cas sur l'A51 du côté d'Aix-en-Provence.
00:26:21 Je voudrais insister quand même sur un symbole, Rungis.
00:26:24 Beaucoup qui nous regardent, qui ne sont pas forcément parisiens
00:26:28 ou alors qui n'ont pas visité une fois le marché de Rungis, c'est vraiment très particulier.
00:26:32 C'est un symbole, c'est un marché unique au monde, c'est le plus grand marché de produits frais.
00:26:39 Et les conséquences d'un blocage pourraient être très importantes sur ce marché.
00:26:43 Voyez ce sujet préparé par nos équipes et Tony Pitaro.
00:26:46 Rungis, le plus grand marché de produits frais d'Europe, sera-t-il bloqué dès mardi ?
00:26:53 C'est ce qu'envisage la coordination rurale du département du Lot-et-Garonne,
00:26:57 l'un des points chauds de la mobilisation en France ces derniers jours.
00:27:00 Elle a annoncé que des agriculteurs allaient monter à Paris
00:27:03 pour bloquer le marché d'intérêt national de Rungis.
00:27:06 Une très mauvaise nouvelle pour certains commerçants.
00:27:08 Ils ne vont pas me bloquer alors que j'achète leurs produits.
00:27:12 Il faut être logique.
00:27:14 Déjà, ils vont me bloquer pour arriver sur le marché à Paris.
00:27:17 Et en plus, Rungis, là, ils ont tout faux.
00:27:20 Pour nous, c'est quand même un gros, gros problème parce qu'on se sert complètement à Rungis.
00:27:23 Disons que nous, si on ferme tous les genres de marchés, oui, c'est compliqué pour nous aussi.
00:27:27 Si on n'a pas la marchandise, on ne pourra pas vendre ce marché.
00:27:33 Les commerçants de ce marché resteront solidaires malgré les menaces de blocage.
00:27:38 Ils ont raison, ils défendent leur biftec et tant pis pour les autres.
00:27:42 Le malheur des uns fait le bonheur des autres, on dit.
00:27:45 On comprend tout à fait leurs revendications.
00:27:49 Ces gens-là travaillent, ils ne gagnent pas leur vie.
00:27:51 Ce n'est pas normal.
00:27:53 Les prochains jours risquent d'être marqués par l'absence de certains produits
00:27:56 sur les étals de vos marchés en raison d'un blocage du plus grand marché d'Europe.
00:28:01 Bien, les conséquences d'un blocage de Rungis,
00:28:04 c'est des conséquences directes, Général Cavallier, sur l'approvisionnement.
00:28:08 On est, vous l'avez rappelé pendant le sujet, à flux tendu.
00:28:11 Et je pense, évidemment, ils ciblent un point névralgique.
00:28:16 Je veux dire, d'un point de vue stratégique, c'est pertinent.
00:28:19 Oui, tout à fait.
00:28:20 Mais d'un point de vue de l'approvisionnement et des conséquences
00:28:23 sur la capitale et tout autour, c'est plus compliqué.
00:28:27 Le blocage de Rungis aura des conséquences directes en 2-3 jours.
00:28:31 On est dans une économie à flux tendu.
00:28:33 On parle là, bien entendu, des produits frais.
00:28:36 Donc je pense que le gouvernement qui exerce...
00:28:41 - Regardez ces blindés.
00:28:44 Général, vous n'êtes pas choqué de voir ces blindés autour de Rungis,
00:28:48 dans le Val-de-Marne, et policiers, rue d'Imana ?
00:28:51 - Écoutez, les blindés, il y a eu une décision au plus haut niveau,
00:28:54 puisqu'en plus, ça se fait sur l'acquisition du Premier ministre.
00:28:57 Donc les blindés de la gendarmerie sont déployées.
00:28:59 Il y a un effet dissuasif.
00:29:00 On est bien sûr, ça a été annoncé sur un dispositif défensif.
00:29:05 Maintenant, comment bloquer des tracteurs si ces tracteurs arrivent ?
00:29:08 Il n'y a pas d'autre moyen.
00:29:09 Donc là, bien entendu, il y aura du dialogue, il y a une négociation.
00:29:13 Et l'esprit de responsabilité doit l'emporter.
00:29:17 Le gouvernement admet, dans ce qu'on appelle le curseur du désordre acceptable,
00:29:24 il admet que les autoroutes soient bloquées.
00:29:27 C'est déjà une chose.
00:29:28 Ça a d'ailleurs surpris une partie de la classe politique,
00:29:30 d'une façon assez étonnante d'ailleurs.
00:29:32 Mais Rungis, les aéroports, Paris à Traburos sont sanctuarisés.
00:29:38 Et la ligne rouge a été défendue.
00:29:39 Donc clairement, les Français qui travaillent comme les agriculteurs,
00:29:42 comme les policiers, comme les infirmiers, etc.
00:29:45 sont autorisés, si je puis dire, à des blocages.
00:29:48 Et puis, c'est ce qui est dit.
00:29:50 Et puis ceux qui sont votés, pardonnez-moi,
00:29:53 mais je ne vois pas d'autre terme dans l'oisiveté qu'a ciblé Emmanuel Macron,
00:29:57 c'est ceux-là, évidemment.
00:29:59 Ça paraît évident que là, il y a deux discours,
00:30:02 deux France par... non ?
00:30:04 Ils sont affichés ?
00:30:05 Ce n'est pas qu'ils sont autorisés au blocage.
00:30:07 C'est que je pense déjà que quand on est un gouverneur, un politique,
00:30:10 on écoute et on regarde les sondages.
00:30:13 Et il est évident que 92% des Français sont favorables à ce mouvement des agriculteurs.
00:30:17 En l'occurrence, il faut quand même, à un moment donné, donner quelques règles.
00:30:21 Et c'est vrai que quand on voit les blindés, ce n'est pas pour être en guerre.
00:30:24 Les agriculteurs, ce ne sont pas des émeutiers, pour le dire clairement.
00:30:26 Exactement, il faut dire les choses très clairement.
00:30:28 Et eux, ils ne sont pas oisifs parce qu'ils travaillent,
00:30:30 comme l'a dit le général, 14 heures par jour.
00:30:32 Donc franchement, ils ont autre chose à faire dans la vie.
00:30:34 Ils aiment la France.
00:30:35 Ils aiment leur pays, ils sont patriotes.
00:30:37 Et ils ont autre chose à faire dans la vie que venir à Paris pour bloquer un gis.
00:30:40 Ils préfèrent travailler dans leur champ, ils préfèrent travailler avec leurs bêtes.
00:30:43 Ça, c'est une certitude absolue.
00:30:44 Ils ne font pas ça pour le plaisir.
00:30:46 Mais il est clair que quand on arrive avec des tracteurs, le général l'a bien dit,
00:30:50 vous arrivez avec des tracteurs, si on arrive avec nos voitures police
00:30:53 ou des voitures gendarmerie, on bat des guignols face à eux.
00:30:55 Donc il faut montrer aussi, on doit montrer aussi notre force pour éviter
00:31:00 d'enclencher des vraies difficultés que peut-être que les agriculteurs ne maîtriseront pas derrière.
00:31:06 C'est pour ça qu'il y a quelques règles.
00:31:08 Il faut énoncer quelques règles.
00:31:09 Il faut donner des limites pour éviter, comme je l'ai dit tout à l'heure, Sonia, la chienlit.
00:31:14 Mais ça va de soi.
00:31:15 S'il n'y a pas de règles qui ont été dictées par le ministre de l'Intérieur,
00:31:18 ce n'est pas possible.
00:31:18 Quand il y a une telle...
00:31:19 Simplement, regardez cette image en bas de votre écran.
00:31:23 C'est la CES à Beauvais avec les tracteurs qui sont élancés.
00:31:27 Donc ce cortège en direct jusqu'à la capitale que nous allons suivre.
00:31:31 Alors, ce qu'il y a, si je puis dire, de pratique dans ces cortèges-là,
00:31:34 c'est qu'il suffit de quelques tracteurs pour qu'il y ait un blocage.
00:31:38 Il ne s'agit pas à peine d'avoir une colonne, si je puis dire, de tracteurs,
00:31:40 mais une dizaine peut suffire.
00:31:43 Et c'est vrai que c'est particulier quand même de voir ces images, Arthur, de Vatrigan.
00:31:47 Alors, dans notre histoire, les colères paysannes, il faut s'en méfier.
00:31:51 S'en méfier dans le sens où elles sont éruptives,
00:31:53 elles sont enracinées, etc.
00:31:55 Et c'est vrai que cette France-là,
00:31:58 eh bien, elle n'est pas la France métropolisée,
00:32:01 ce n'est pas la France urbanisée, ce n'est pas la France boboisée.
00:32:05 C'est une autre France aussi,
00:32:06 que parfois qui est oubliée, méprisée, ringardisée, moquée.
00:32:09 - Et le problème, c'est qu'en France, tout le monde a compris depuis bien longtemps
00:32:12 que si vous voulez obtenir quelque chose, il faut bloquer le pays.
00:32:15 Et au pire, aller jusqu'à la violence.
00:32:17 Les émeutes le montrent à chaque fois.
00:32:19 Un délinquant, ça rapporte beaucoup d'argent.
00:32:21 Et les cheminots le savent très bien
00:32:23 parce qu'ils font des grèves à chaque départ de vacances en février ou à Noël.
00:32:25 Donc là, malheureusement,
00:32:27 si vous voulez obtenir quelque chose, il faut bloquer le pays.
00:32:31 Et en même temps,
00:32:32 la stratégie d'Emmanuel Macron,
00:32:34 qui a notamment été vue pendant les retraites, c'est le pourrissement.
00:32:37 Pour le pourrissement, dans le but de réobtenir le soutien du parti de l'ordre,
00:32:44 qui aujourd'hui soutient les agriculteurs.
00:32:46 - C'est compliqué, mais vous savez, malheureusement,
00:32:48 ça fait très longtemps que l'intérêt général et le bien commun
00:32:51 a déserté les consciences des Français.
00:32:52 Et qu'au bout d'un moment, quand on supporte deux, trois jours
00:32:55 au nom d'une belle idée, puis quand ça vous touche directement,
00:32:58 vous en avez peu marre et puis vous oubliez rapidement.
00:33:00 Après, il y a quelque chose qui est assez paradoxal
00:33:03 de bloquer Rungis et notamment Paris,
00:33:05 parce qu'on a beaucoup entendu, c'est Paris qu'on veut affamer.
00:33:08 Le mot est assez sympathique.
00:33:10 Il y a quelque chose de paradoxal, c'est qu'évidemment,
00:33:11 si vous embêtez pas Paris, vous n'obtenez rien
00:33:14 parce que la France est ultra centralisée.
00:33:15 - Mais c'est terrible, ça nourrit encore plus la division
00:33:18 entre Paris et province.
00:33:19 - Sauf qu'il y a bien un endroit où on consomme du français,
00:33:22 où on consomme du frais et où on peut consommer même du bio,
00:33:24 parce qu'on a les moyens.
00:33:25 C'est à Paris, parce que vous avez des rues piétonnes
00:33:27 avec des primeurs, vous avez des bouchées,
00:33:30 vous avez des poissonniers, vous avez tout ça.
00:33:31 Les grandes surfaces immondes qui ont détruit nos paysages
00:33:35 et les agriculteurs, vous en avez très peu dans Paris,
00:33:38 entre amuros.
00:33:39 Donc voilà le paradoxe.
00:33:40 En fait, ils vont toucher aussi leurs premiers clients,
00:33:42 malheureusement, sans parler des restaurateurs.
00:33:44 Mais bon, comme les restaurateurs,
00:33:45 ils ont gagné avec les métiers sous tension
00:33:47 au détriment de l'intérêt de la France.
00:33:48 - On a vu cette commerçante qui dit "c'est pas possible,
00:33:50 on marche sur la tête, si vous nous bloquez nous
00:33:53 de livraison, approvisionnement de produits frais, nous..."
00:33:54 - Ce sont les distributeurs de leurs produits.
00:33:56 - Eh oui.
00:33:57 - Et c'est toute une chaîne...
00:33:57 - Enfin l'autre distributeur.
00:33:58 - Oui, qui va être en souffrant.
00:34:00 Ils souffrent d'ailleurs, grande distribution...
00:34:02 Oui, on l'entend très peu.
00:34:03 - Non, ils n'entendent pas, mais ce n'est pas très grave.
00:34:04 Ils iront s'approvisionner.
00:34:05 - Encore, on essaye de les faire venir.
00:34:06 - Mais ils iront ailleurs.
00:34:08 Ils iront trouver des tomates au mois de mars, sans problème.
00:34:11 - Eh oui, et il y aura toujours, évidemment,
00:34:13 des gens pour les acheter parce que le porte-monnaie est ainsi,
00:34:17 la crise est ainsi, la situation...
00:34:18 - Parce qu'on nous a habitués aussi à ce système de consommation.
00:34:19 - Beaucoup n'ont pas le choix.
00:34:20 Judith Vintreau, je voudrais vous faire réagir.
00:34:22 Alors, la méthode Attal, est-ce que vous pourriez nous la définir ?
00:34:25 Parce que je lis dans tous les journaux la méthode Attal,
00:34:27 entre lesquelles il se déplace beaucoup
00:34:29 avant son discours de politique générale demain.
00:34:31 Il était hier dans une exploitation bovine.
00:34:33 Et voici ce qu'il a dit, écoutons-le.
00:34:36 - Effectivement, il y a eu un débat sur le fait
00:34:37 que je vienne ce matin parce que une partie de mon équipe me disait
00:34:40 "T'as ta déclaration de politique générale mardi,
00:34:41 il faut que tu restes dans ton bureau à la travailler, etc."
00:34:44 Et moi, je leur ai dit "Non, je veux aller sur le terrain,
00:34:46 même si c'est difficile, même si il me fait engueuler,
00:34:48 même s'il y a beaucoup d'attentes et de la colère,
00:34:50 parce que je ne veux pas perdre ce fil du dialogue."
00:34:52 Donc quand vous m'avez dit "Heureusement que vous êtes venus",
00:34:54 j'étais content que vous me le disiez parce que,
00:34:56 vous voyez tous les gens en costume derrière
00:34:58 qui préféraient que je restais dans mon bureau,
00:34:59 longtemps... Voilà, moi je suis... Je dialoguerai toujours.
00:35:03 - Je ne reste pas dans mon bureau,
00:35:05 je ne tiens pas la plume pour écrire mon discours de politique.
00:35:06 Généralement, je suis sur le terrain, madame.
00:35:08 - Quelle mise en scène !
00:35:09 Vous vous rendez compte, il a dû échapper à son cabinet
00:35:12 pour venir sur le terrain, au contraire des agriculteurs.
00:35:16 Quand on ne prend pas les décisions en temps et en heure,
00:35:20 la moindre des choses, c'est d'occuper le terrain.
00:35:21 On voit bien la répartition, le partage des rôles
00:35:24 entre Emmanuel Macron, qui est complètement en retrait,
00:35:27 mais qui évidemment prend les décisions, personne n'est dupe.
00:35:32 Gabriel Attal, notre tout frais, tout nouveau Premier ministre,
00:35:36 n'est pas celui qui décide en France.
00:35:38 Ça reste Emmanuel Macron, même s'il fait exprès de ne pas apparaître.
00:35:42 Pourquoi ? Parce que vous l'aviez dit,
00:35:43 son grand rendez-vous, c'est jeudi, sur la scène européenne,
00:35:47 où il va jauger le rapport de force, voir si suffisamment de pays,
00:35:52 et là on a cité les 6-7 qui ont été très lourdement impactés,
00:35:56 comme par exemple aux Pays-Bas,
00:35:58 où la colère paysanne a fait tomber le gouvernement Rutte,
00:36:02 mais en Allemagne aussi, le gouvernement a dû reculer.
00:36:06 Vous savez, l'Allemagne a présenté un budget écolo
00:36:10 qui a été retoqué par la cour de Karlsruhe.
00:36:14 Et qu'est-ce qu'ils ont voulu faire ?
00:36:17 Trouver l'argent qui manquait en taxant les paysans
00:36:20 et en alourdissant les charges sur la paysannerie.
00:36:23 Donc, explosion d'Allemagne.
00:36:25 Ce qui fait que vraiment, l'important, le super important,
00:36:29 va se jouer sur la scène européenne,
00:36:32 mais Gabriel Attal, il a vraiment intérêt à annoncer,
00:36:38 j'en parlais tout à l'heure,
00:36:39 les mesures qui ne dépendent que de nous, les surnormes,
00:36:42 cette histoire de soumettre les contrats des cueilleurs de fruits
00:36:48 au malus qui frappent les contrats courts,
00:36:50 il faut qu'ils le fassent immédiatement.
00:36:51 C'est déjà trop tard, demain c'est déjà trop tard.
00:36:54 Et plus on attend, plus les revendications augmentent
00:36:58 et plus le risque que la base déborde
00:37:01 les organisations syndicales augmente.
00:37:05 Alors, vous vous rappelez que la FNSEA avait accepté
00:37:08 la défiscalisation, la refiscalisation,
00:37:12 je ne le trompe pas à chaque fois, du GNR,
00:37:14 avec en contrepartie de l'argent pour,
00:37:18 voilà, pour verser aux agriculteurs,
00:37:20 pour d'autres carburants, des engins moins polluants.
00:37:24 Et là, qu'est-ce qu'elle fait la FNSEA ?
00:37:25 Elle se dit "Ouh là là, j'ai complètement trompé,
00:37:29 ce sont mes troubles, donc je les suis"
00:37:30 et elle rend chérie.
00:37:32 De la complexité du mouvement,
00:37:34 avec des incohérences aussi internes.
00:37:35 Ces images, vous les voyez en direct,
00:37:38 ces images qui nous parviennent de la CESA à Beauvais,
00:37:41 avec cette lignée de tracteurs qui montent,
00:37:45 comme on dit, vers Paris, vers la capitale.
00:37:48 Je rappelle quand même que toutes ces femmes,
00:37:51 ces hommes, ces agriculteurs, ces paysans,
00:37:52 travaillent.
00:37:53 C'est-à-dire que pour certains,
00:37:55 ils vont revenir ensuite au travail,
00:37:57 pour certains, ils se sont levés très tôt
00:37:59 et ont travaillé avant de venir manifester,
00:38:02 ou en tous les cas, montrer leur mécontentement.
00:38:05 Et Général Khamel, je voudrais vous entendre
00:38:06 aussi sur cette France-là.
00:38:07 On le disait souvent, oubliée,
00:38:09 alors moquée dans le sens où,
00:38:12 parfois on dit "c'est le populo",
00:38:14 c'est-à-dire, dans ma bouche,
00:38:16 ce n'est absolument pas, c'est au contraire,
00:38:17 même un compliment face à une France métropolisée
00:38:21 et un gouvernement aussi très francilien.
00:38:23 Parce que quand vous voyez ce gouvernement,
00:38:25 ils sont élus surtout d'Île-de-France,
00:38:29 de la partie nord et pas du tout du sud.
00:38:32 Est-ce qu'il faut avoir, j'allais dire,
00:38:35 comment dire, même quelqu'un dans sa famille
00:38:37 qui est paysan ?
00:38:38 La terre aux savaux.
00:38:39 Mais oui, pour pouvoir parler de ça.
00:38:41 Parce qu'on n'entend que des déclarations d'amour
00:38:43 sur les agriculteurs depuis quelques jours,
00:38:45 Général Kavaillé.
00:38:45 Est-ce que ça vous semble sincère ?
00:38:49 Moi, je ne serai pas vis-à-vis du politique
00:38:51 et notamment de M. Attal.
00:38:53 J'attends, je suis prudent.
00:38:54 Il est nouveau en politique.
00:38:57 Certes, il a gravi les échelons très rapidement.
00:38:58 Mais attendant,
00:39:00 je pense qu'il y a quand même une part de sincérité,
00:39:02 même s'il y a toujours un jeu de rôle
00:39:04 en matière politique.
00:39:06 En fait, on est confronté à une crise
00:39:09 qui est très complexe,
00:39:10 une crise sociale,
00:39:13 une crise économique,
00:39:14 touchant donc l'agriculture française.
00:39:16 Mais derrière ça, c'est l'identité de notre pays.
00:39:18 C'est quel pays voulons-nous avoir
00:39:21 dans 10 ans, dans 20 ans, dans 30 ans ?
00:39:23 C'est-à-dire que l'ultralibéralisme européen,
00:39:27 également la volonté de dissoudre les nations,
00:39:30 tout ça,
00:39:32 tous ces mouvements-là jouent de façon ouverte ou non
00:39:37 et concourent à faire disparaître nos racines.
00:39:40 Et qui incarne nos racines ?
00:39:41 Ce sont comme nos racines charnelles et spirituelles,
00:39:44 c'est la paysannerie française.
00:39:45 Qui défend ça en Europe ?
00:39:46 Certains, je dis accusent,
00:39:49 madame Ursula von der Leyen,
00:39:50 je ne veux pas en faire un épouvantail,
00:39:52 mais de porter un projet post-national,
00:39:55 justement, très européiste
00:39:57 et qui ne répond pas forcément
00:39:59 aux intérêts de nos agriculteurs.
00:40:00 Quand vous dites un projet européiste,
00:40:03 mais c'est quoi ?
00:40:03 Qu'est-ce qu'un projet européiste ?
00:40:05 C'est l'Europe d'abord, général.
00:40:06 La France après, les nations après.
00:40:08 Une Europe qui est incapable de protéger ses frontières,
00:40:10 qui ne voudrait pas se voir à tous les courants migratoires,
00:40:13 une Europe qui se désinstruyalise,
00:40:15 une Europe qui ouvre son agriculture
00:40:21 à des produits qui n'obéissent pas du tout aux mêmes normes.
00:40:26 Cette Europe ultralibérale, il faut tourner la page.
00:40:30 Je crois qu'il y a une forte attente,
00:40:31 aujourd'hui, d'une Europe qui protège l'Europe.
00:40:34 Nous sommes avec Antoine et Stéphane.
00:40:36 Antoine qui est à Bergerac,
00:40:38 c'est dans le département d'Ordogne, évidemment,
00:40:41 qui est en voiture, embarqué,
00:40:43 avec des paysans, des agriculteurs.
00:40:46 Antoine et Steph, on connaît les revendications.
00:40:48 Peut-être, est-ce que vous pourriez nous expliquer
00:40:52 l'état d'esprit aujourd'hui ?
00:40:53 Ça fait quelques jours quand même qu'il y a une mobilisation.
00:40:55 Est-ce qu'on va avoir un regain de tension ?
00:40:57 Alors, un regain de tension,
00:41:01 on n'arrive pas à l'analyser vraiment
00:41:02 avec les échos qu'on a auprès des agriculteurs
00:41:05 avec qui nous sommes dans ce convoi en ce moment,
00:41:07 en direction de Paris.
00:41:08 [inaudible]
00:41:14 avec le discours du Premier ministre.
00:41:17 Et puis, ce week-end, les troupes se sont remobilisées.
00:41:19 Ce matin, nous étions étonnés de voir autant de monde
00:41:21 au point de rendez-vous à Agen.
00:41:23 Une cinquantaine de tracteurs déjà.
00:41:25 Un petit peu plus loin, on a traversé des villages.
00:41:26 Une vingtaine de tracteurs se sont encore joints
00:41:29 à ce grand cortège qui va vers la capitale.
00:41:31 Et puis, maintenant, nous sommes à un très grand cortège
00:41:34 de plusieurs kilomètres de long.
00:41:35 Regardez sur ces images en direct d'Hervé Grandchamp.
00:41:38 Alors, ça ressemble à la caravane du Tour de France.
00:41:40 Imaginez, parce qu'il y a des policiers,
00:41:42 des gendarmes devant, des gendarmes derrière,
00:41:44 des gendarmes qui bloquent les rues et les routes aux alentours.
00:41:47 Quand on traverse un village, il y a des dizaines de personnes
00:41:49 qui sortent de chez elles pour spontanément applaudir
00:41:52 le cortège des agriculteurs.
00:41:54 Ça ressemble à la caravane du Tour de France.
00:41:56 Effectivement, c'est ce que nous disent toutes les personnes
00:41:58 avec qui nous en parlons ici.
00:41:59 Et puis, cette motivation aussi, dont vous parliez tout à l'heure,
00:42:02 elle est intacte parce qu'on sent que dans les revendications,
00:42:04 rien n'a changé.
00:42:06 C'est-à-dire qu'ils nous parlent exactement
00:42:08 des mêmes revendications que celles qu'ils évoquaient
00:42:10 la semaine dernière.
00:42:11 - Merci beaucoup Antoine.
00:42:12 Soyez prudent sur la route.
00:42:13 Et pour la caravane du Tour de France,
00:42:15 ce qui est génial avec le Tour de France,
00:42:17 et je pense que les fans et ceux qui aiment le Tour de France
00:42:20 en conviendront, c'est qu'on découvre les paysages.
00:42:22 Effectivement, c'est ça ce qui est très beau,
00:42:24 que là aussi, c'est l'occasion, évidemment,
00:42:26 de faire ce Tour de France plus sérieusement,
00:42:28 avec des revendications importantes, une colère,
00:42:30 une fatigue aussi de la part de ces paysans.
00:42:32 Sur la 16, avec vous Adrien Espetteri,
00:42:35 vous êtes engagé dans ce cortège-là,
00:42:37 qui est bien parti, qui a été lancé en tous les cas,
00:42:40 direction la capitale.
00:42:42 - Oui, exactement Sonia, vous parliez du Tour de France.
00:42:46 Nous, on se trouve vraiment à l'avant du peloton.
00:42:48 Vous voyez deux tracteurs, avec écrit notamment à gauche
00:42:51 "Notre fin sera votre fin" ou encore "J'aime mon métier
00:42:56 et j'aimerais en vivre" des agriculteurs
00:42:58 qui se sont élancés de Beauveil.
00:43:01 Il y a maintenant un quart d'heure, on va dire,
00:43:03 et qui ont tardé tout de même à s'élancer.
00:43:05 Rappelons leur objectif, mettre en place un blocus
00:43:08 autour de la capitale.
00:43:11 Huit autoroutes au total devraient être bloquées.
00:43:15 Les agriculteurs, notamment les syndicats,
00:43:17 comme la FNSEA et les jeunes agriculteurs.
00:43:19 D'ailleurs, vous voyez peut-être leur drapeau flotter
00:43:22 au-dessus des camions, veulent mettre la pression
00:43:25 sur le gouvernement.
00:43:26 Ils ne sont pas totalement satisfaits des annonces
00:43:29 faites par le Premier ministre Gabriel Attal vendredi.
00:43:32 Ils nous ont parlé ce matin notamment sur les aides
00:43:35 concernant l'installation des jeunes agriculteurs
00:43:38 ou encore sur l'agriculture biologique.
00:43:41 Alors que dans le même temps, on le disait aussi tout à l'heure,
00:43:43 d'autres agriculteurs ont décidé de lever les blocages
00:43:46 la semaine dernière.
00:43:47 Des agriculteurs qui ont appelé à ne pas commettre de violence
00:43:52 ni à commettre des dégradations.
00:43:54 C'est ce qui a été dit dans le message
00:43:56 avant que les agriculteurs ne traînent la route
00:43:59 il y a maintenant une dizaine de minutes.
00:44:01 Et puis enfin, dernière information,
00:44:02 15 000 policiers et gendarmes sont mobilisés
00:44:06 à l'approche de ce blocus autour de Paris.
00:44:10 Si Adrien Spiteri, on va marquer une pause avec vos images
00:44:14 de Beauvais à Paris, Ruedi Manin,
00:44:16 avec, on l'entend, une volonté véritablement
00:44:18 que tout soit cadré, organisé, bien maîtrisé.
00:44:22 Évidemment, tout le monde concourt à ça.
00:44:24 Et vous en premier pour conclure.
00:44:26 Vous savez, il y a un dicton qui me vient en tête.
00:44:28 Gouverner, c'est prévoir normalement.
00:44:30 Et j'ai l'impression qu'on ne prévoit jamais rien en France.
00:44:33 Et il y a des dizaines de collaborateurs autour des ministres.
00:44:36 Alors c'est sûr que, comme vous l'avez dit tout à l'heure,
00:44:38 je pense qu'ils n'ont jamais rencontré un agriculteur de leur vie
00:44:40 ou même un policier ou même un gendarme.
00:44:42 En fait, ils ne se rencontrent qu'entre eux.
00:44:44 Et le problème, c'est que du coup,
00:44:45 on se retrouve dans des situations hyper conflictuelles
00:44:48 où on est obligé de mettre 15 000 policiers et gendarmes
00:44:52 pour assurer la sécurité et pour que tout se passe bien.
00:44:55 Voilà où on en est aujourd'hui en France.
00:44:57 Alors, dans l'anticipation.
00:44:58 - C'est ce qu'on espérait, évidemment, pour que cette colère soit entendue.
00:44:59 Merci, Rudi Manin.
00:45:00 - Merci à vous.
00:45:00 - Merci d'avoir été la première avec nous.
00:45:01 Notez-le et restez avec nous.
00:45:03 C'est Loïc Lefloch-Prigent, ingénieur.
00:45:05 Il a été président de Gaz de France et de la SNCF.
00:45:07 Très intéressant parce que lui, il va nous parler de l'énergie
00:45:10 et il va mettre en comparaison l'agriculture
00:45:12 par rapport à l'énergie qui a été sabordée, dit-il,
00:45:15 avec nos invités, évidemment, présents.
00:45:17 À tout de suite.
00:45:18 Les tracteurs en marche vers la capitale, vers Paris.
00:45:25 La colère des paysans ne retombe pas.
00:45:28 Au contraire, les mesures annoncées insuffisantes.
00:45:31 Et voyez ces images.
00:45:32 Nous sommes à Beauvais sur la 16 avec le convoi des tracteurs
00:45:36 qui s'est élancé, qui s'est organisé pour arriver sur Paris,
00:45:41 sur la capitale.
00:45:42 Nous sommes également sur la 51, Aix-en-Provence.
00:45:46 Quasiment les mêmes images.
00:45:48 Vous le voyez aussi, ces feux sur la 51 qui ont été allumés.
00:45:54 Nous serons également, c'est très important, à Rungis,
00:45:57 dans le Val-de-Marne.
00:45:58 Rungis qui est protégé, sanctuarisé.
00:46:00 Là encore, un dispositif policier assez incroyable.
00:46:04 Vous voyez ces deux images à Beauvais,
00:46:06 à la fois l'autoroute A16 et puis nous sommes non loin d'un pont
00:46:10 avec l'avancée, lente mais sûre, de ces tracteurs.
00:46:14 Et puis notre invité nous a rejoints.
00:46:16 Je leur remercie.
00:46:17 Loïc Lefloque, président, bonjour.
00:46:19 Bonjour.
00:46:19 Merci d'être là.
00:46:20 Vous êtes ingénieur, vous avez été président de Gaz de France,
00:46:23 de la SNCF.
00:46:24 Je vous remercie d'être là parce que vous avez été le premier,
00:46:28 l'un des premiers, on va dire, à tirer la sonnette d'alarme
00:46:30 sur la crise des agriculteurs, sur les panneaux renversés.
00:46:33 On vous connaît bien aussi pour votre expertise
00:46:36 dans le domaine énergétique.
00:46:37 Et on va voir que les, comment dire,
00:46:39 les points communs sont très importants entre ces crises.
00:46:42 Bien sûr, parce qu'on est en phase de producteurs.
00:46:45 Les industriels sont des producteurs
00:46:47 et les gens de l'énergie sont des producteurs.
00:46:49 Vous allez nous le développer ?
00:46:49 Et tout le monde est lié.
00:46:50 Dans quelques instants.
00:46:51 Le journal tout d'abord avec vous, Michael.
00:46:53 Rebonjour Sonia, bonjour à tous les agriculteurs.
00:46:55 À l'assaut de la capitale depuis ce matin,
00:46:58 la Coordination rurale du Lot-et-Garonne s'est mise en marche.
00:47:01 Un convoi de tracteurs est en route en direction de Paris.
00:47:05 Ils devraient arriver demain dans la journée.
00:47:07 Ils sont suivis par notre journaliste Antoine Estève
00:47:10 et le récit de Mathilde Couvillier-Fleurnois.
00:47:13 On va partir dans 5 minutes.
00:47:15 Démarrez les tracteurs, faites tout chauffer.
00:47:18 Le top départ est donné pour le convoi de tracteurs
00:47:21 du syndicat Coordination rurale du Lot-et-Garonne.
00:47:24 Le but, atteindre le marché international de Rungis demain
00:47:27 pour un siège d'une durée indéterminée.
00:47:29 On est là pour bloquer Rungis.
00:47:31 On ne va rien casser du tout.
00:47:32 Les agriculteurs, on n'a rien, on n'a pas de mesures.
00:47:37 Si on arrête aujourd'hui, c'est comme lundi dernier.
00:47:40 On repart sur le même point.
00:47:41 Il y a quelques mesurettes pour faciliter l'administratif
00:47:45 mais sortie de là, on n'a rien.
00:47:48 Une trentaine de tracteurs ont pris la route dès 9h
00:47:50 au départ du marché aux bestiaux d'Agen.
00:47:52 Au total, les agriculteurs devront parcourir
00:47:55 près de 700 kilomètres.
00:47:56 Un trajet d'une durée de 25 heures
00:47:59 qui ne les décourage pas pour autant.
00:48:00 L'idée, c'est de faire une mobilisation historique
00:48:03 et d'aller en nombre à Paris, à l'endroit où les décisions
00:48:07 sont prises et de faire un maximum de bruit.
00:48:10 Évidemment, il y a de l'inquiétude mais nous, on est déterminés.
00:48:14 On a la chance de partir avec une équipe qui est bien organisée.
00:48:17 Donc, on reste motivés à bloc.
00:48:21 Premier point d'étape à Bergerac ce midi
00:48:23 où d'autres convois devraient rejoindre celui d'Agen.
00:48:26 Les tracteurs s'établiront ce soir dans un camp de base
00:48:28 près de Limoges avant de repartir demain matin pour Rungis.
00:48:33 Des agriculteurs qui, plus tôt dans la journée,
00:48:35 ont donc quitté leur région sous les applaudissements
00:48:38 de riverains venus les encourager pour leur départ vers Rungis.
00:48:42 Regardez cette séquence tournée ce matin par Antoine Estève.
00:48:46 -C'est quoi ?
00:48:49 -On est en droit de pendu.
00:48:52 -J'ai compris.
00:48:53 (...)
00:49:04 -Des agriculteurs très largement soutenus et encouragés,
00:49:07 vous venez de le voir, et face à leur colère.
00:49:09 Marc Fesneau était justement à Rungis tout à l'heure
00:49:12 dans le Val-de-Marne.
00:49:13 Il promet de nouvelles annonces dans les prochaines 48 heures
00:49:16 et reconnaît une crise multiple.
00:49:17 Je vous propose de l'écouter.
00:49:19 -On a besoin, par exemple, de l'expression "d'ouvrir le moteur",
00:49:21 de regarder ce qui est incohérent dans les réglementations
00:49:25 qui sont en cours, ce qui produit de la paperasse
00:49:28 ou de la paparasserie qui est inutile,
00:49:30 ce qui produit de la suradministration
00:49:31 et ce qui produit chez les agriculteurs
00:49:33 le sentiment que finalement on n'est pas à l'écoute
00:49:37 d'une volonté de simplification générale.
00:49:39 Et donc on a besoin de créer les conditions de la confiance
00:49:41 et pour créer les conditions de la confiance,
00:49:43 il faut qu'on regarde réglementation par réglementation.
00:49:46 -Eux aussi sont mobilisés aujourd'hui
00:49:48 et ont bien l'intention de se faire entendre depuis ce matin.
00:49:50 Les chauffeurs de taxi mènent des opérations escargots
00:49:54 dans de nombreuses villes du pays.
00:49:55 Ils protestent contre la nouvelle convention
00:49:58 entre leur profession et la Caisse nationale d'assurance maladie
00:50:01 sur le transport sanitaire.
00:50:03 Voilà donc pour l'actualité.
00:50:05 Sonia, on prend donc dès à présent la direction de la 51 avec nos équipes.
00:50:09 -Effectivement.
00:50:10 Aix-en-Provence avec Laure Parra.
00:50:12 Laure qui nous a confirmés, on l'a vu sur les images.
00:50:15 Eh bien le cortège qui s'est lancé avec...
00:50:18 Alors ce sont des feux de palettes en bois, Laure.
00:50:21 Sur la route, malgré tout l'ambiance,
00:50:24 c'est important de le dire, reste plutôt calme.
00:50:27 C'est la volonté d'ailleurs qui est affirmée, réaffirmée
00:50:30 par les manifestants et les agriculteurs autour de vous, Laure.
00:50:32 -Complètement. Non seulement l'ambiance est calme,
00:50:37 voire conviviale,
00:50:39 elle est aussi organisée de telle sorte, cette ambiance,
00:50:42 parce que les agriculteurs veulent cultiver l'opinion publique.
00:50:46 Ils sont toujours satisfaits lorsqu'ils croisent des automobilistes.
00:50:50 Alors plus maintenant, puisque l'autoroute est complètement fermée.
00:50:52 Mais lorsqu'ils croisent des automobilistes qui les encouragent,
00:50:55 qui les soutiennent, ils veulent garder une bonne opinion de ce mouvement.
00:50:59 Alors là, vous voyez des palettes sur la droite.
00:51:02 Au fond, il y a des peneux.
00:51:03 Alors ils ne sont pas tous d'accord sur le fait de brûler les peneux
00:51:05 parce qu'ils veulent conserver une image positive.
00:51:08 Et les peneux, par rapport à l'écologie notamment,
00:51:10 ça peut être très mal vu.
00:51:12 Donc on en est là.
00:51:13 Ils sont installés sur la durée, probablement,
00:51:16 au moins sur l'après-midi.
00:51:18 Ils attendent un retour de leurs présidents respectifs de syndicats
00:51:22 pour savoir quelle suite ils vont donner au mouvement.
00:51:24 Mais ils restent très déterminés.
00:51:26 Et pour l'instant, ils ne sont vraiment pas convaincus par Gabriel Attal.
00:51:30 -Merci, Laure Parra, avec vos images sur la 51.
00:51:33 Dans quelques instants, on va se rendre à Rungis,
00:51:35 où les manifestants approchent avec ce blocage premier.
00:51:40 Rungis qui est très protégé,
00:51:42 sanctuarisé par de nombreuses forces de l'ordre.
00:51:44 Mais tout d'abord, avec nos invités,
00:51:46 avec Bertrand Kaveyec, Judith Vintraub,
00:51:48 avec Arthur De Vatrigan,
00:51:49 Loic Le Floch-Prigent, nos téléspectateurs vous connaissent.
00:51:53 Vous avez été président de Gaz de France, de la SNCF.
00:51:56 Vous êtes un ingénieur et vous êtes reconnu dans le domaine de l'énergie
00:52:00 et aussi comme une sorte de lanceur d'alerte,
00:52:02 puisque vous avez été, je le disais, vraiment le premier
00:52:04 ou l'un des premiers à avoir alerté sur les panneaux renversés.
00:52:08 Loic Le Floch-Prigent, tout simplement,
00:52:10 vous avez vu les choses ?
00:52:11 Moi, je suis petit industriel dans l'Est et puis je suis de l'Ouest,
00:52:15 je suis breton et à chaque fois que j'allais quelque part dans une usine,
00:52:18 je voyais tous les panneaux, j'allais en voiture,
00:52:20 je voyais tous les panneaux, il y a un sujet.
00:52:22 Puis alors, j'ai téléphoné à mes parents,
00:52:26 parce que j'ai un certain nombre de parents dans la culture quand même.
00:52:30 J'étais dans la ferme quand j'étais petit,
00:52:32 donc je me dis "mais qu'est-ce qui se passe ?"
00:52:34 Et puis bon, ils m'ont expliqué, c'est pas supportable.
00:52:36 Alors ils m'ont dit "bon, qu'est-ce qui n'est pas supportable ?"
00:52:38 C'est-à-dire que 1) si jamais on fait des manifestations bénignes,
00:52:45 on ne nous entend pas, on n'a l'impression.
00:52:48 Alors effectivement, tu as bien noté, ils m'ont dit
00:52:51 qu'on a retourné les panneaux, personne ne vient vous voir,
00:52:54 il n'y a personne, tout est grand,
00:52:56 on voit les maires, ils sont très contents,
00:52:57 ils disent "oui, vous avez raison, donc on garde les panneaux".
00:52:59 Les gens qui devraient mettre des panneaux à l'endroit,
00:53:02 ils disent "on est solidaires, donc on vous laisse faire, ça vient".
00:53:06 Et puis rien d'autre.
00:53:07 Or, ils sont aux abois depuis un certain nombre d'années,
00:53:11 et là, il y a eu un amas de choses qui sont arrivées.
00:53:15 Il y a eu le Green Deal qui a dit "décroissance,
00:53:19 décroissance, décroissance de -15%,
00:53:22 il faut avoir si jamais sanctions, etc."
00:53:25 Décroissance, Green Deal, bon, on voudrait bien.
00:53:27 Ensuite, il y a eu la bureaucratie qui s'est installée
00:53:30 pratiquement partout.
00:53:31 Alors, si jamais ils ne remplissent pas bien un papier,
00:53:35 eh bien, ils n'ont pas la subvention qui est en fait
00:53:40 l'argent de l'État, l'argent qu'ils ont gagné
00:53:43 qui vient par un autre canal.
00:53:45 Ils n'ont pas ça, alors ils se disent "mais comment je fais maintenant ?
00:53:49 J'ai pas..."
00:53:50 Alors, ils prennent un conseil, mais ce conseil,
00:53:53 eux, ils sont payés grossièrement dans l'élevage à 6 euros de l'heure,
00:53:57 et puis ils prennent un conseil qui leur prend 40 euros de l'heure.
00:53:59 Ils disent "oui, mais alors, parce que je ne comprends rien au papier,
00:54:02 il faut que je fasse..."
00:54:05 Et ainsi de suite, c'est-à-dire qu'on n'a pas fait attention à ce qu'on faisait.
00:54:10 Alors, maintenant...
00:54:11 - On n'a pas fait attention.
00:54:12 - On n'a pas fait attention.
00:54:13 - C'est-à-dire qu'avec tout ça, et une colère qui est enracinée
00:54:16 depuis quelques années, on a ajouté à chaque fois
00:54:18 une goutte d'eau, une goutte d'eau, une goutte d'eau.
00:54:19 - Une goutte d'eau, et à un moment, les gens disent
00:54:22 "puisqu'on ne nous entend pas, on va essayer de faire..."
00:54:24 Alors, il y en a quelques-uns qui ont un haut de gare en fond,
00:54:27 et aussitôt on vient les voir, on dit "ben, c'est ça la solution."
00:54:30 - Essayez de comprendre comment ça fonctionne, c'est simple.
00:54:35 Ils sont très doux, les agriculteurs, ils ont des grosses machines,
00:54:40 donc ils peuvent rentrer dans les blindés, dans tout ce que...
00:54:43 - Peut-être pas.
00:54:44 - Bien sûr, bien sûr.
00:54:45 - Oui, mais enfin bon, c'est parce qu'il n'y a pas prévu ni voulu, ni espéré.
00:54:49 - Ils ont du purin derrière, ils peuvent remercier le purin,
00:54:52 ils peuvent faire des tas de choses, mais ils sont excédés.
00:54:55 Alors, je crois que c'est relativement simple à faire,
00:55:00 c'est-à-dire que maintenant, il faut, un, bien voir qu'il y a des agriculteurs différents,
00:55:05 il y a une diversité de problèmes, et on ne peut pas traiter...
00:55:08 On dit par exemple, le Premier ministre est allé en Garonne, il a traité les vaches.
00:55:14 Bon, mais chez moi, les vaches c'est bien, mais il y a aussi le porc.
00:55:18 Donc le porc, c'est pas pareil que les vaches.
00:55:19 Bon, on a un petit tas, donc c'est un sujet.
00:55:22 Mais derrière, l'arboriculteur n'est pas la même chose que le céréalier.
00:55:28 - Diversité et complexité, et j'ajoute, Loïc Le Floch-Prigent,
00:55:31 et là aussi, vous aviez alerté en amont, et on va en parler,
00:55:35 c'est le prix de l'électricité.
00:55:36 C'est-à-dire que le ministre de l'Économie est venu dans un 20 heures,
00:55:40 à affirmer, en tous les cas, qu'il n'y avait pas le choix pour nos finances publiques,
00:55:44 et puis la faute à Poutine.
00:55:45 - Et immédiatement, tout le monde m'a appelé en disant "alors, est-ce que c'est nécessaire ?"
00:55:49 J'ai répondu "non, c'est pas nécessaire".
00:55:50 Et vous m'avez posé la question jeudi, j'ai dit "non, c'est pas nécessaire".
00:55:53 Une taxe, un impôt n'est jamais nécessaire.
00:55:55 Il faut essayer de raisonner sur ce qu'on fait.
00:55:57 Alors, si jamais les agriculteurs disent "il ne faut pas augmenter le gazole",
00:56:03 c'est pas la peine d'augmenter l'électricité plus que ce qu'on augmente le gazole.
00:56:07 C'est-à-dire qu'on a, en fin de compte, quand ils regardent leur note de gazole
00:56:11 et leur note d'électricité, ils savent bien que la note d'électricité
00:56:14 a augmenté plus que la note de gazole.
00:56:16 Et on leur dit "attention, il ne faut plus prendre de gazole,
00:56:18 parce que c'est pas bien, et il faut prendre de l'électricité".
00:56:21 Et ils ne comprennent pas.
00:56:23 Tout ça, c'est une politique agricole, comme une politique de l'énergie.
00:56:28 C'est 40-50 ans.
00:56:29 Qu'est-ce qu'on fait ? Vers où on va ?
00:56:32 Est-ce qu'on veut des agriculteurs ou pas ?
00:56:34 - Ça s'appelle la vision.
00:56:35 - Et non, il n'y a pas de vision.
00:56:36 - Alors c'est sur ça.
00:56:37 - Il faut maintenant avoir une vision.
00:56:40 On ne peut pas demander aux jeunes premiers ministres qui arrivent
00:56:42 en 8 jours d'avoir la vision.
00:56:44 Donc il est obligé de faire au mieux.
00:56:47 - Mais alors, qui décide ?
00:56:48 - Il faut une vision.
00:56:49 - Qui décide ?
00:56:49 Pour avoir la vision, il faut savoir où est le centre de commandement,
00:56:52 où est ce centre de pouvoir ?
00:56:53 - Il y en a deux.
00:56:55 Il y a un centre de commandement en France qui a surréglementé,
00:56:59 qui a surbureaucratisé, qui a surcontrôlé en créant
00:57:03 les gendarmes de l'environnement, la police de l'environnement.
00:57:05 Vous vous rendez compte ?
00:57:06 Vous êtes agriculteur, vous avez la police qui vient là,
00:57:08 la police de l'environnement.
00:57:09 Moi je l'ai eu, donc je sais quel effet ça fait.
00:57:13 Oui, je suis policier de l'environnement,
00:57:14 et je vais, très bien, je vais vous convoquer.
00:57:17 Non, c'est police de l'environnement, c'est terrible.
00:57:19 Et puis, il y a l'Europe qui est partie dans un délire de décroissance,
00:57:24 d'un délire basé soi-disant sur le climat,
00:57:28 qui est complètement délirant, parce qu'on ne peut pas,
00:57:31 il faut s'apercevoir, et on aurait dû s'apercevoir,
00:57:34 et je l'ai écrit également en 2022, c'est la première année,
00:57:38 première année où le déficit commercial alimentaire est arrivé,
00:57:42 depuis l'origine du pays, depuis Clovis.
00:57:45 Depuis Clovis, on a toujours été,
00:57:48 on a toujours, on livrait, nous en Bretagne,
00:57:50 on livrait les oignons de Rostov-en-Zélande.
00:57:53 Or, c'est réel.
00:57:54 Oui, c'est réel.
00:57:55 Attendez, c'est très important ce que vous dites.
00:57:57 D'abord, les deux centres de commandement, la vision,
00:58:00 enfin je veux dire, d'abord l'hystérie normative
00:58:02 et le délire de décroissance, on va s'y arrêter.
00:58:05 On va rejoindre notre journaliste Juliette qui est à Rungis,
00:58:09 parce que l'objectif aussi de ces écriteurs,
00:58:11 c'est d'aller vers ce qu'on appelle le ventre de Paris,
00:58:14 ce centre névralgique, ce lieu extrêmement emblématique,
00:58:17 ce symbole.
00:58:19 Quelle est l'ambiance sur place, Juliette ?
00:58:20 Vous nous aviez décrit un dispositif policier conséquent.
00:58:24 J'imagine qu'il est toujours à l'œuvre.
00:58:26 Et est-ce que vous avez des nouvelles de l'arrivée des agriculteurs ?
00:58:29 Effectivement, alors, tout ce qui est de l'ordre,
00:58:36 à ma l'occasion, c'est le dispositif de police et de gendarmerie.
00:58:39 Eh bien, ne feriez pas regarder derrière moi
00:58:43 les forces de l'ordre qui se tiennent prêtes
00:58:45 à deux blindés plusieurs fois ?
00:58:47 Vous m'avez dit qu'il y avait aussi des camions
00:58:49 qui sont venus la soirée,
00:58:51 c'est-à-dire que vous avez des camions de police ?
00:58:53 Non, parce qu'on a du mal à vous entendre en plateau.
00:58:56 Par contre, on va regarder vos images, avec effectivement...
00:58:59 C'est vrai qu'on voyait tout à l'heure,
00:59:00 et j'ai fait réagir le général, de voir...
00:59:02 Alors là, ce sont des camions de CRS et de police,
00:59:06 mais alors les blindés, c'est vrai que c'est une image,
00:59:08 je ne sais pas, mais enfin bon,
00:59:09 on se dit que ce sont des agriculteurs, des paysans
00:59:12 qui viennent défendre leurs intérêts qui sont les nôtres.
00:59:15 C'est vrai que ça impressionne, général Job.
00:59:17 C'est peut-être pour ça que c'est mis en place,
00:59:19 c'est pour une sorte de dissuasion, en fait.
00:59:22 Dans le concept même, le déploiement des blindés
00:59:26 correspond à un message politique.
00:59:28 Il y a une limite qui est fixée,
00:59:29 il y a une ligne rouge à ne pas dépasser.
00:59:32 Et là, c'est tout le problème de trouver un juste équilibre
00:59:35 entre le désordre acceptable,
00:59:37 ce qu'on laisse faire les agriculteurs,
00:59:40 ils bloquent des autoroutes,
00:59:41 ils entrent à la liberté de circulation,
00:59:43 ils commencent à avoir un impact sur l'économie.
00:59:46 Et puis, la nécessité de rappeler quand même
00:59:48 qu'on ne touchera pas à Rangis,
00:59:49 on ne touchera pas à Paris Intra-Bureau,
00:59:51 on ne touchera pas à les rapports aéroports internationaux.
00:59:54 Voilà, et je crois que le FNSUA,
00:59:58 en tout cas les organisations syndicales,
01:00:01 ont parfaitement compris qu'elles avaient intérêt également
01:00:04 à rester dans cette mesure.
01:00:05 Les têtes syndicales, il faut voir aussi la base
01:00:07 et toute la pyramide.
01:00:09 On va vous écouter là-dessus.
01:00:11 On retrouve simplement le...
01:00:12 - Est-ce que c'est vraiment nécessaire de dire ça ?
01:00:15 - Quoi donc ?
01:00:16 - De mettre les blindés ?
01:00:17 Est-ce que vous pensez que les agriculteurs sont irresponsables ?
01:00:22 Moi, je ne pense pas.
01:00:23 - Personne ne le pense ici,
01:00:25 la majorité des Français ne le pensent pas.
01:00:26 - Ils ont été très responsables jusqu'à présent.
01:00:28 - Oui, il y a des...
01:00:29 - Alors, quelle intérêt les provoquer ?
01:00:31 - C'est une provocation pour vous ?
01:00:32 - Ah, c'est une provocation, oui.
01:00:33 - Non, c'est un dispositif défensif.
01:00:35 - Pardon, quand vous avez...
01:00:37 Excusez-moi, en tant qu'industriel
01:00:40 ayant, dans mon jeune âge, fait pas mal de choses,
01:00:44 je dirais que c'est des producteurs,
01:00:46 ils viennent défendre leurs problèmes,
01:00:49 ils disent que c'est la seule manière de faire
01:00:51 et ils ne viennent pas détruire.
01:00:52 - Moi, je vous avoue que comme je vis avec le Floc,
01:00:54 j'étais très étonnée des blindés.
01:00:56 - Et vous avez vu en haut de Garonne,
01:00:57 ils ont manifesté, le Premier ministre est venu
01:01:00 et ils ont tout remis en place
01:01:02 et leur autoroute a été...
01:01:03 - Et c'était propre, net, impeccable.
01:01:05 Judith Vintraud, vous vous interpellez.
01:01:06 - Depuis le négociateur est la tête de Turc
01:01:09 de tous les autres paysans qui l'approchent d'insulte.
01:01:14 - C'est pas pour ça.
01:01:15 - En rappelant de qui vous parlez, pourquoi ?
01:01:17 - C'est pas la tête de Turc, il y a beaucoup de gens qui disent
01:01:19 qu'il a été extraordinaire, qu'il a fait des choses...
01:01:22 - Enfin, sur les réseaux sociaux, ils s'en sont pris pas mal.
01:01:24 - Les réseaux sociaux, mais disons que les résultats, non.
01:01:26 Les résultats ne sont pas aussi sévères.
01:01:29 - Pour en revenir aux blindés,
01:01:30 vous avez une organisation, la Coordination rurale,
01:01:33 qui vous dit "on va bloquer Rungis".
01:01:37 C'est une intention, c'est leur programme.
01:01:39 Il est évident que le gouvernement,
01:01:41 quels que soient ses torts, qui sont immenses,
01:01:43 là je suis d'accord avec vous,
01:01:45 et notamment en termes d'absence d'anticipation,
01:01:48 j'ai dit dans la première partie que c'était invraisemblable
01:01:51 d'avoir autant de retard à l'allumage.
01:01:53 - Pourquoi ce gouvernement-là ?
01:01:53 - Et... - Oui.
01:01:55 - C'est le même président de la République, en tout cas.
01:01:59 Et de continuer dans le retard et dans...
01:02:02 "on va faire des annonces, vous allez voir ce que vous allez voir",
01:02:04 il ne peut pas se permettre de laisser bloquer Rungis.
01:02:08 - Ça se négocie.
01:02:09 Et je pense que la négociation
01:02:12 doit pouvoir se faire assez rapidement sur des choses simples.
01:02:15 C'est-à-dire que si jamais il n'y a pas une prise d'opposition,
01:02:19 et c'est d'ailleurs dit par tous les experts sur le Green Deal,
01:02:22 en disant "on va regarder le Green Deal",
01:02:24 il n'y a pas de négociation possible.
01:02:25 - Ça c'est très important.
01:02:26 - Le Green Deal c'est la décroissance.
01:02:27 La décroissance ne peut pas aller avec autre chose que la pénurie.
01:02:34 Et c'est la gestion de la pénurie.
01:02:36 Or la gestion de la pénurie, c'est forcément le choix entre la vie et la mort.
01:02:40 - C'est ce que bloque Prigent.
01:02:40 Sur l'énergie, sur le nucléaire,
01:02:42 vous ne cessez, vous n'avez cessé de tirer la sonnette d'alarme
01:02:45 en disant "il faut une vision, il faut garder le même cap".
01:02:47 Mais sur, justement, le Green Deal, eh bien, ils l'ont gardé le cap.
01:02:50 C'est le mauvais, mais ils l'ont gardé.
01:02:51 - Ils l'ont gardé.
01:02:53 - On aperçoit aujourd'hui que le Green Deal est une fausse solution.
01:02:57 On le sait, on le sait, maintenant on le sait.
01:03:01 Donc, il faut revenir dessus et dire "on va essayer de revenir dessus".
01:03:05 Au moment où vous faites une erreur,
01:03:07 c'est le choc industriel, c'est la même chose.
01:03:09 C'est-à-dire que lorsque M. Macron fait un Fessenheim,
01:03:12 quand il ferme Astrid, on lui dit "vous faites une erreur".
01:03:15 Bon, puis au bout d'un certain temps, il dit "j'ai fait une erreur".
01:03:18 Et puis maintenant, il dit l'inverse.
01:03:19 C'est très bien, moi ça me va très bien.
01:03:21 Là, en l'occurrence sur le Green Deal, c'est une erreur.
01:03:24 La décroissance n'existe pas.
01:03:26 Il faut avoir l'abondance pour avoir la sobriété.
01:03:30 La sobriété ne va jamais autrement qu'avec l'abondance.
01:03:34 Quand vous n'avez pas abondance, vous avez la pénurie,
01:03:37 ce n'est pas la sobriété que vous avez.
01:03:39 Et la gestion de la pénurie, c'est toujours ceux qui ont le plus d'argent,
01:03:43 qui sont le plus puissant, qui prennent tout.
01:03:44 Et on le sait dans les pays sous-développés,
01:03:46 dans lesquels j'ai quand même passé une partie de ma vie.
01:03:48 - Je sais bien.
01:03:49 - Là, c'est clair.
01:03:50 Donc, on ne peut pas aller vers ça.
01:03:53 Et c'est vrai de la décroissance en ce qui nous concerne,
01:03:57 puisque c'est la balance commerciale qui est déséquilibrée dans l'alimentaire.
01:04:01 - Et c'est pour ça qu'on attend jeudi une prise de parole,
01:04:04 une position forte d'Emmanuel Macron.
01:04:06 Il y a de l'abondance toujours à Rungis pour le moment.
01:04:09 On y est et le micro-marche avec vous, Juliette.
01:04:11 Juliette, vous étiez en train tout à l'heure de nous expliquer
01:04:13 à la fois le dispositif et l'arrivée des agriculteurs, probable.
01:04:20 - Oui, effectivement, les agriculteurs ne sont toujours pas en vue,
01:04:23 mais le dispositif de policiers et de gendarmes ne faiblit pas.
01:04:27 Regardez sur ces images les forces de l'ordre.
01:04:30 Elles se tiennent prêtes de blinder plusieurs fourgons de gendarmerie,
01:04:34 des camions, également des CRS qui sont arrivés sur place peu avant midi.
01:04:39 Le barrage filtrant, il est lui aussi toujours en place.
01:04:42 Il contrôle chaque personne qui souhaite entrer.
01:04:45 Seules les personnes autorisées qui montrent leur badge d'accès à la police,
01:04:49 toutes ces personnes ont le droit, elles seules, de pénétrer dans Rungis.
01:04:54 Ce sont les grossistes, les acheteurs, etc.
01:04:56 Objectif, il reste le même, empêcher le blocage du marché de Rungis,
01:05:01 le marché d'intérêt national, ce marché central de Paris
01:05:05 qui génère plus de 10 milliards d'euros chaque année,
01:05:08 alors que les agriculteurs promettent un siège de Paris ce lundi.
01:05:14 - Merci à vous, Juliette Sada.
01:05:15 On reviendra vers vous tout à l'heure.
01:05:17 Vous avez parlé, Loïc Leflanc, président de l'Europe, de la scène européenne.
01:05:21 Je voulais faire le parallèle entre l'agriculture et l'énergie.
01:05:24 C'est vrai que sur le nucléaire, il y a eu un revirement d'Emmanuel Macron qu'il faut saluer.
01:05:28 - Inéluctable.
01:05:29 - Mais oui, inéluctable.
01:05:30 Alors pourquoi sur l'agriculture ?
01:05:32 Peut-être que le président pourrait faire propre de la même audace.
01:05:35 - Il pourrait au moins dire "arrêtons les frais et regardons, faisons un cours d'expérience".
01:05:40 - Est-ce que vous y croyez ?
01:05:42 - Est-ce que ça ne marche pas ?
01:05:42 - Ah oui, bien sûr, j'y crois.
01:05:44 Je crois que ça va arriver.
01:05:45 Oui, mais de toute façon, on ne pourra pas continuer comme ça.
01:05:49 On ne pourra pas.
01:05:50 C'est-à-dire que le Green Deal est une fausse route.
01:05:53 C'est clair.
01:05:53 Comme la route sur l'électricité et sur l'énergie était une fausse route.
01:05:59 Et on avait pris...
01:06:00 Mais une route, ça se prend sur 40-50 ans.
01:06:03 Là, on sait maintenant que si jamais on veut une souveraineté alimentaire,
01:06:07 souveraineté, très très mauvais mot, c'est épouvantable.
01:06:10 Quand j'ai commencé à prendre le mot souveraineté, on m'a dit, surtout, pourquoi tu oses dire ça ?
01:06:15 Voilà, bon.
01:06:15 Souveraineté alimentaire, si on veut la souveraineté alimentaire, on n'a pas le choix.
01:06:19 Il faut qu'on soit abondant.
01:06:20 Et par conséquent, il faut qu'on fasse le maximum avec les terrains qu'on a.
01:06:24 Il n'y a pas d'autre solution.
01:06:25 - Il n'y a pas d'autre solution, c'est-à-dire que ce serait un retournement total,
01:06:29 quasiment un virage à 180 degrés d'Emmanuel Macron ?
01:06:32 - On peut le prendre par palier.
01:06:34 On peut commencer par dire...
01:06:35 - Mais ça se voit généralement quand on commence à le prendre.
01:06:37 C'est comme pour...
01:06:38 - Je pense que là, maintenant, il faut expliquer aux agriculteurs.
01:06:43 On va au moins regarder ce que c'est ce Green Deal, parce que visiblement, il y a un problème.
01:06:47 - On va en débat, vous êtes tous d'accord ?
01:06:48 - Oui.
01:06:49 - Non.
01:06:49 - Ah bon, pourquoi, Arthur de Matrigan, avant la pause ?
01:06:51 - Globalement, oui, mais attention à l'abondance,
01:06:53 parce qu'encore une fois, on parle d'excès de normes aujourd'hui.
01:06:56 Si on a un excès de normes, c'est parce qu'on a eu un excès d'abondance dans les années 80-90.
01:06:59 Tout le modèle productiviste a fait qu'on a créé des normes aujourd'hui.
01:07:02 Donc, bon, il faut aussi trouver un équilibre.
01:07:05 Et les normes, si on était malins, on pourrait aussi les utiliser
01:07:08 pour justement faire un protectionnisme et remettre des frontières.
01:07:11 On a des normes, vous n'en avez pas, donc on fait une préférence nationale.
01:07:14 Il faut tout mettre sur le dos des normes.
01:07:16 Pardon, mais quand je vois chez moi les épandages et les agriculteurs,
01:07:22 les paysans qui sont habillés comme des foilus dans les tranchées de 14,
01:07:26 je vous dis, je ne me suis pas rassuré sur les produits utilisés.
01:07:29 Quand vous avez toutes les normes, en expliquant ces produits-là,
01:07:31 il faut les stocker à un endroit unique à l'Israël.
01:07:33 - Il faut les mêmes règles pour tous, à minimum.
01:07:36 - Ce n'est pas une question de mettre des normes,
01:07:37 ou dès que c'est une norme, c'est une question d'inégalité des normes.
01:07:39 - C'est une vraie question.
01:07:40 Attendez, parce qu'on dit, dans ce cas-là,
01:07:42 est-ce qu'il faut abaisser le seuil des normes,
01:07:44 que ce soit les mêmes règles pour tous,
01:07:46 ou est-ce qu'il faut le rehausser pour les...
01:07:49 Enfin, on ne peut pas le rehausser pour les autres.
01:07:50 On est responsable de nos agriculteurs.
01:07:51 - Déjà, si nos normes en France étaient les mêmes que les pays européens,
01:07:55 ce serait pas mal, ce qui n'est pas le cas.
01:07:56 - Non, mais je crois que...
01:07:57 - C'est pas mal, on peut le dire.
01:07:58 - C'est pas forcément l'exemple.
01:07:59 - C'est vrai.
01:08:00 - C'est l'égalité des normes.
01:08:01 - Je peux oser un autre gros mot, les conditions d'un vrai marché libéral.
01:08:05 - C'est l'égalité dans la concurrence.
01:08:08 - Exactement.
01:08:09 On fait une pause et on revient vers vous, Général.
01:08:11 - Quelle horreur.
01:08:12 - Une pause et on revient avec votre débat.
01:08:14 - Passionnant, je vous en remercie.
01:08:15 A tout de suite.
01:08:16 Les tracteurs en marche vers la capitale avec nos journalistes
01:08:23 sur les différents points de blocage.
01:08:25 A noter que les renseignements territoriaux
01:08:27 ont recensé jusqu'à 40 actions depuis ce matin,
01:08:32 avec une colère paysanne qui ne retombe pas,
01:08:34 un dispositif policier conséquent.
01:08:36 15 000 policiers et gendarmes, des blindés, des hélicoptères
01:08:39 ringissent le ventre de Paris, comme on l'appelle,
01:08:42 qui est particulièrement protégé et sanctuarisé
01:08:45 avant l'arrivée imminente des agriculteurs.
01:08:47 C'est à 14 heures, donc d'ici une demi-heure,
01:08:50 nos journalistes qui sont sur les tracteurs,
01:08:52 aux côtés de ces paysans, comme Augustin Donat Dieu,
01:08:55 avec Augustin qui a quitté Beauvais,
01:08:58 qui est en route vers Paris, qui est dans la commune de Varlus.
01:09:01 Et Augustin, vous êtes aux côtés d'un agriculteur
01:09:04 qui est en train de conduire son outil de travail
01:09:08 pour aller vers la capitale.
01:09:09 - Oui, bonjour Sonia.
01:09:14 Je ne vous ai pas très bien entendu, vous vous imaginez,
01:09:15 vous êtes tout debout avec Jules Bedot,
01:09:20 qui est sur la moto CNews.
01:09:22 Nous suivons ce convoi d'agriculteurs qui est parti
01:09:24 de Paris, qui est en route vers Paris.
01:09:26 C'est une grande expérience pour nous.
01:09:28 - Augustin, si vous ne m'entendez pas,
01:09:32 je ne vous entends pas aussi bien également.
01:09:34 On va vous retrouver dans quelques instants.
01:09:35 Il est vrai que nous sommes à la fois à moto
01:09:38 et sur les tracteurs pour suivre ce convoi.
01:09:40 Là, on était dans la commune de Varlus.
01:09:42 Ça avance lentement, mais sûrement vers la capitale.
01:09:45 Là, on me dit à l'instant que Rungis en particulier
01:09:47 est de plus en plus surveillé pour ne pas laisser
01:09:51 s'installer une sorte de blocus autour du ventre de Paris,
01:09:55 de ce marché unique dans le monde.
01:09:57 Loïc Lefloch-Prigent, avec Bertrand Cavaillé,
01:10:01 avec Judith Vintraud et Arthur de Vatrigan,
01:10:03 il y a quelque chose qui nous interpelle.
01:10:05 C'est la manière de laquelle ce gouvernement
01:10:08 ou les responsables politiques répondent à la crise
01:10:10 et justifient certaines décisions.
01:10:12 Par exemple, Bruno Le Maire, il y a quelques jours,
01:10:13 qui a justifié la hausse du prix de l'électricité,
01:10:16 d'abord en affirmant ce qui est vrai,
01:10:17 nos finances publiques, c'est une catastrophe,
01:10:20 et en affirmant aussi qu'on paye ce qui s'est passé en Ukraine.
01:10:24 Vous avez vivement réagi à ce moment-là.
01:10:26 Pourquoi, Loïc Lefloch-Prigent ?
01:10:27 Parce que ce n'est pas vrai.
01:10:28 Parce qu'il suffisait de quitter le marché de l'électricité
01:10:31 et que le marché de l'électricité, on peut le quitter
01:10:33 puisque ce n'est pas l'objet d'un traité.
01:10:35 Le seul traité qui existe européen, c'est le traité Euratome,
01:10:38 où tout le monde devrait soutenir l'atome.
01:10:41 Il n'y a pas de traité, ce sont des accords.
01:10:42 Et dans ces accords, il est stipulé qu'en cas de difficulté,
01:10:45 on quitte le marché.
01:10:46 Or, ce marché de l'électricité est défavorable à la France
01:10:50 pour des raisons que je vous expliquerai bien sûr.
01:10:53 Il est défavorable à la France puisque nous avons une électricité
01:10:57 qui n'a pas augmenté de coût depuis quatre ans.
01:11:01 De coût, pourquoi ?
01:11:02 Parce qu'elle est à 80% nucléaire et hydraulique
01:11:05 et que les coûts de l'hydraulique et du nucléaire n'ont pas augmenté.
01:11:08 Par conséquent, lorsqu'on a des besoins éventuels
01:11:12 et en cas de pic de consommation,
01:11:15 on peut payer l'électricité plus cher,
01:11:17 mais ça ne tient que sur les quelques pourcents.
01:11:20 Et donc, d'une certaine façon, nous payons l'électricité pour les autres.
01:11:25 C'est absurde.
01:11:26 - Mais pourquoi on ne s'y fait pas ?
01:11:28 - Il n'a pas voulu le faire.
01:11:29 Et je lui dis depuis...
01:11:30 - Pourquoi on ne sort pas de ces accords ?
01:11:32 Est-ce que c'est par idéologie ?
01:11:35 Pourquoi ?
01:11:35 - Personne n'a voulu me répondre à la question.
01:11:38 Je suis allé dans les offices, etc.
01:11:40 Donc ils m'ont dit "non, on ne peut pas à cause de l'interconnexion,
01:11:42 à cause de ceci, à cause de ça".
01:11:43 Tout ça, c'est des fausses raisons.
01:11:44 Ce n'est pas vrai.
01:11:46 Je suis technicien, je suis depuis 60 ans dans l'énergie,
01:11:50 ce n'est pas vrai.
01:11:50 Donc on peut très bien quitter
01:11:52 et faire en sorte que notre électricité aille chez nous.
01:11:57 Et donc, on n'avait aucun besoin.
01:11:59 - Donc c'est un dogme ?
01:12:00 - C'est un dogme.
01:12:00 - Qu'on ne veut pas abattre.
01:12:02 - Cette électricité a été multipliée par deux
01:12:07 pour les contribuables et pour les particuliers,
01:12:12 mais pour les industriels, c'est-à-dire,
01:12:14 moi en particulier, ça a été multiplié par 3 à 6.
01:12:18 Et aujourd'hui, dire aux particuliers que...
01:12:22 3 à 6, oui, 3 à 6, multiplié par 3 à 6.
01:12:25 Et donc, quand vous avez des petites exploitations agricoles,
01:12:29 vous êtes des particuliers,
01:12:30 conséquent vous avez une augmentation
01:12:32 qui est le double de d'il y a 4 ans,
01:12:34 et 44% par rapport à l'année dernière.
01:12:36 - Je vais commenter en même temps ces images.
01:12:38 - Mais il est clair que pour les gens qui sont plus gros,
01:12:43 on est à 3 à 6 fois.
01:12:45 - Ces images, c'était tout à l'heure à Agen dans le Lot et Garonne,
01:12:48 avec ses arrivées, on voit aussi.
01:12:50 C'est intéressant, c'est toujours important,
01:12:52 ces drapeaux français qui sont érigés sur ces tracteurs.
01:12:56 On peut voir d'ailleurs sur une appli de circulation
01:12:59 une convergence assez impressionnante
01:13:01 vers la capitale, vers Paris.
01:13:04 C'est une pression quand même maximale sur le gouvernement,
01:13:07 Judith Vintrope, rappelons-le,
01:13:08 parce que là, ils n'ont pas aussi beaucoup,
01:13:10 beaucoup encore de mesures dans leur besace.
01:13:13 - Oui, c'est une pression maximale.
01:13:15 Si les mesures, enfin, dans leur besace,
01:13:17 elles sont sur la table, dans les tiroirs,
01:13:20 simplement, ils sont encore en train de se dire,
01:13:23 on va peut-être gagner encore un peu de temps
01:13:25 avant d'ouvrir le tiroir et de mettre le truc sur la table,
01:13:28 au cas où, c'est la stratégie du pourrissement
01:13:31 qui avait été utilisée avec les Gilets jaunes,
01:13:35 qui au bout du compte, se termine par une addition terrible
01:13:41 pour l'ensemble des Français, l'ensemble des contribuables,
01:13:45 cause éventuellement de la casse,
01:13:47 parce que vous nous avez montré tout à l'heure
01:13:49 des images de cette vendeuse de fruits et légumes
01:13:52 qui disait, mais s'ils me bloquent Rungis,
01:13:54 si je ne peux plus vendre leurs produits,
01:13:56 qu'est-ce que je deviens ?
01:13:57 Donc, il ne faut pas oublier toutes les victimes collatérales
01:14:01 de ce mouvement aussi justifié soit-il.
01:14:04 Donc, cette gestion du temps qui a été désastreuse
01:14:07 depuis le début, continue de l'être.
01:14:10 Il faut attendre demain Gabriel Attal,
01:14:13 dans sa déclaration de politique générale,
01:14:14 qui lui-même ne voudra pas gâcher l'effet d'annonce
01:14:18 d'Emmanuel Macron jeudi à Bruxelles, etc.
01:14:22 Donc, on est soumis à un agenda politique
01:14:25 qui est complètement déconnecté des nécessités du mouvement.
01:14:30 Est-ce que notre souveraineté alimentaire
01:14:31 est en danger aujourd'hui ?
01:14:33 Est-ce qu'on peut le dire ainsi ?
01:14:35 C'est une souveraineté alimentaire qui est en danger,
01:14:38 qui est en péril ?
01:14:38 C'est absolument clair.
01:14:41 C'est-à-dire que nous sommes en balance commerciale déficitaire,
01:14:44 il y a des produits agricoles, oui, depuis la première fois.
01:14:48 Or, céréales et spiritueux.
01:14:51 On se console comme on peut.
01:14:53 Non, non, non, c'est pire que ça.
01:14:56 Non, non, non, excusez-moi.
01:14:58 Même en mettant les...
01:15:00 J'ai vu qu'elle était excédentaire de 7 milliards.
01:15:03 On est en déficit.
01:15:06 Et c'est la première fois dans l'histoire de la République.
01:15:08 Non, non, c'est la première fois.
01:15:09 Ce n'est pas les chiffres que j'ai vus ce matin,
01:15:11 mais allez-y, on va vérifier.
01:15:13 Bon, les choses peuvent toujours s'améliorer, on va dire.
01:15:15 Mais de toute façon, il est clair qu'il y a des produits
01:15:19 que nous n'avons pas, mais que c'est vrai de l'alimentaire,
01:15:22 mais c'est vrai de la pharmacie, où nous avons quand même
01:15:25 40 produits que nous n'avons pas
01:15:28 et que nous n'avons peu dans les pharmacies.
01:15:30 C'est vrai de quantité de choses, c'est vrai des machines.
01:15:33 Donc, alors il faut revenir à ce mot souveraineté
01:15:36 qui a été décapité complètement en disant non,
01:15:39 il ne faut absolument pas l'utiliser.
01:15:41 Il faut revenir à ce mot.
01:15:42 Il est utilisé, sauf qu'il est utilisé en général
01:15:44 pour dire souveraineté européenne.
01:15:45 Et moi, je demande comment on peut avoir une souveraineté européenne.
01:15:49 On peut peut-être l'avoir, mais l'Europe n'est pas...
01:15:51 Enfin, je veux dire, ce n'est pas...
01:15:52 Il n'y a pas un peuple, une nation européenne.
01:15:56 Si vous voulez, déjà, c'est vrai que
01:15:59 il faut favoriser le retour du politique.
01:16:01 Le concept de souveraineté alimentaire, il est fondamental.
01:16:06 Bon, donc depuis 40 ans, parce que là, on paye des dérives
01:16:11 depuis 30-40 ans qui aboutissent à ce que nous avons à gérer aujourd'hui.
01:16:15 Donc, comment reconstruire une agriculture
01:16:18 qui concilie le respect des agriculteurs,
01:16:23 le respect du travail qu'ils accomplissent,
01:16:25 qui doit être justement rémunéré,
01:16:27 qui également respecte certaines normes quand même écologiques,
01:16:30 parce qu'il ne faut quand même pas toutes les remettre en question,
01:16:32 et puis qui permettra à ce pays
01:16:35 de ne pas dépendre des autres pays d'un point de vue alimentaire,
01:16:38 comme il dépend d'ailleurs dans d'autres domaines,
01:16:40 quand on a parlé de l'industrie pharmaceutique.
01:16:42 Où est le politique ? La grande question, où est le politique ?
01:16:44 Maintenant, quand on parle de l'Union européenne,
01:16:47 il ne faut pas croire qu'on va se replier sur la France
01:16:49 et qu'on apportera toutes les solutions au niveau français.
01:16:52 Nous sommes dans un système qui est intégré.
01:16:54 La politique agricole commune, elle a été créée
01:16:57 pour créer un espace unique,
01:16:58 également pour favoriser ce qu'on appelle la préférence communautaire.
01:17:02 Donc, quand on parle de régression avec le pacte vert,
01:17:06 et qu'à côté de ça, on passe des contrats
01:17:09 possibles avec le Brésil pour que le Brésil devienne
01:17:12 celui qui va nous approvisionner en viande,
01:17:14 et en viande rouge ou en poulet,
01:17:17 il y a des choses qui sont totalement incohérentes.
01:17:19 Mais alors, à l'intérieur de l'Europe,
01:17:20 je ne veux pas faire une fixation,
01:17:22 mais je veux comprendre pourquoi est-ce que
01:17:24 là encore, c'est un totem sur le poulet ukrainien,
01:17:26 et pas seulement le poulet, d'ailleurs, il y a d'autres produits.
01:17:28 Je rappelle à notre spectateur que depuis la guerre en Ukraine,
01:17:31 c'est tout à fait compréhensible,
01:17:32 puisqu'on aide et on soutient ce pays,
01:17:34 on a enlevé, si ce n'est totalement abaissé, les quotas.
01:17:38 Donc, vous imaginez les conséquences quand même.
01:17:40 C'est-à-dire que dans nos cantines aujourd'hui,
01:17:41 quasiment, on a fait tomber les poulets ukrainiens.
01:17:44 Je crois que le concept de survie européenne,
01:17:46 c'est un concept qui est quand même intéressant.
01:17:49 Nous ne sommes pas souverains au niveau européen.
01:17:51 C'est-à-dire que c'est l'ultralibéralisme qui l'a emporté,
01:17:54 et comme je disais tout à l'heure, nous ne sommes pas un territoire,
01:17:56 nous sommes un espace ouvert aux quatre vents,
01:17:58 notamment, également, des flux migratoires.
01:18:01 - Mais attendez, d'accord.
01:18:03 Mais quand, alors, imaginons,
01:18:05 prenons les accords de libre-échange, qu'est-ce qu'on fait ?
01:18:06 Alors, en supposant, ou alors d'autres accords,
01:18:10 pas même ces traités-là,
01:18:12 on veut installer depuis des années les fameuses clauses miroirs.
01:18:15 En gros, c'est-à-dire qu'on impose une réciprocité,
01:18:17 et comme ça, nos agriculteurs ne sont pas lésés.
01:18:19 On n'est jamais arrivé.
01:18:21 Moi, j'ai appelé les anciens ministres de l'agriculture,
01:18:24 et je les aurais vraiment demandé de bonne faveur,
01:18:25 pourquoi on n'est pas arrivés, ils m'ont dit "c'est impossible,
01:18:27 on n'arrive pas à les faire rentrer dans ces accords".
01:18:29 - Mais attendez, c'est une question de volonté politique.
01:18:31 - Pourquoi la France n'y arrive pas ?
01:18:32 - Elles sont dans certains accords, mais elles ne sont pas respectées.
01:18:35 Pourquoi ? Pour des raisons diplomatiques.
01:18:37 - C'est ce qu'on m'a dit.
01:18:38 - On pourrait peut-être redéfinir ce que c'est que l'agriculture, en fait.
01:18:40 Si on parle du point de vue de l'agriculture,
01:18:42 uniquement du point de vue de la souveraineté alimentaire,
01:18:44 ou du point de vue économique.
01:18:45 Dans ces cas-là, tout peut se négocier dans des traités,
01:18:47 on peut passer des accords.
01:18:48 Mais sauf que l'agriculture, il me semble que ce n'est pas que
01:18:50 une question alimentaire, c'est une question de paysage,
01:18:52 c'est une question de tradition, c'est une question de bien manger.
01:18:55 C'est un peu toute notre civilisation, finalement.
01:18:58 Et donc la civilisation mérite autre chose que des négociations de diplomates,
01:19:01 des traitements de libre-échange.
01:19:03 Prenez le modèle de la culture.
01:19:04 La culture, on a créé quelque chose qui s'appelle l'exception culturelle française,
01:19:07 qui s'appelle la préférence nationale, que les gauchistes détestent, mais c'est le cas.
01:19:10 - J'adore, oui.
01:19:11 - Et cette révélation aussi, pour l'exception culturelle.
01:19:14 - Eh bien, pardon, mais je supporte cette exception culturelle.
01:19:16 - Et moi, j'en suis d'autre.
01:19:17 - Eh bien, ne serait-ce pas un disputé ?
01:19:19 Moi, je trouve ça merveilleux, l'exception culturelle française.
01:19:22 Pourquoi, si à partir du moment où on considère l'agriculture bien plus large
01:19:26 que simplement l'aliment et de l'économie,
01:19:28 pourquoi on ne pourrait pas, dans ces cas-là, la sanctifier,
01:19:30 la sacraliser en disant, voilà, on va faire une exception agriculturelle ?
01:19:35 C'est ce que demande d'ailleurs la coordination rurale,
01:19:36 et je trouve que c'est une très bonne idée.
01:19:37 - Vous êtes d'accord, Louis Cléprencheau ?
01:19:39 - Je pense que, de toute façon, la solution à laquelle on va,
01:19:43 c'est la disparition de l'agriculture.
01:19:45 Donc, si jamais on ne fait pas quelque chose,
01:19:47 on fait disparaître, alors c'était un peu ce qui avait conduit
01:19:51 à l'exception culturelle, mais on va dire pourquoi ?
01:19:54 Parce que la vie a changé,
01:19:57 et nous avons des prix absolument ahurissants venant de partout,
01:20:02 et on est ouvert à tout le vent.
01:20:04 Mais nous avons fait disparaître une partie de notre industrie de la même façon,
01:20:09 donc il va falloir regarder aussi l'industrie.
01:20:12 Dans les mêmes conditions, c'est-à-dire, est-ce que nous avons envie
01:20:15 d'avoir un certain nombre de choses, que nous voulons préserver ?
01:20:18 L'industrie militaire, l'industrie de l'énergie,
01:20:22 il y a un certain nombre de choses qu'il faut que nous préservions.
01:20:24 Mais disons que nous sommes saisis par une bureaucratie
01:20:28 et une technocratie complètement dingues, qui ne met tout à égalité,
01:20:34 et qui ne voit pas les différences, qui ne voit jamais les différences.
01:20:38 Et on voit bien que dans la politique agricole commune,
01:20:41 on ne regarde pas les différences, on ne regarde pas...
01:20:44 C'est-à-dire que que vous ayez plus d'élevage en France,
01:20:48 qui s'en préoccupe à Bruxelles ?
01:20:54 C'est pas grave, on pourra faire...
01:20:56 Et c'est l'élevage aujourd'hui qui pose problème au maximal,
01:20:59 et on voit bien que c'est les éleveurs qui sont malheureux et qui gagnent plus d'argent.
01:21:03 C'est-à-dire que, est-ce que vous savez que la plupart des éleveurs
01:21:06 ont un autre métier à côté ?
01:21:08 Ils ne peuvent pas, ils ne peuvent pas.
01:21:09 Mais un fonctionnaire...
01:21:11 Ils ne peuvent pas travailler, ils ne peuvent pas.
01:21:13 Quand on met des barrières de protection, vous parlez de l'exception culturelle,
01:21:16 des barrières de protection autour d'un domaine qui est malade.
01:21:20 Parce qu'en fait, il s'agit de ça.
01:21:21 Par exemple, toute l'exception culturelle française n'est pas à jeter.
01:21:27 Il n'y a pas que ça.
01:21:28 Par exemple, pour le prix du livre, c'est très bien qu'on puisse le fixer
01:21:32 comme la France le sait.
01:21:33 Mais sinon, on installe un système où, prenons le cinéma,
01:21:39 on a une industrie malade, empoisonnée par le copinage,
01:21:44 le favoritisme, on est entouré par une forteresse
01:21:50 qui fait que les mêmes privilèges sont perdus
01:21:53 et que les spectateurs, eux, ne sont pas au rendez-vous.
01:21:57 C'est ça qu'on veut pour l'agriculture ?
01:21:59 On a des normes, on a des normes qui sont impossibles.
01:22:04 On parle de deux choses différentes.
01:22:05 Et nous avons des normes différentes de ceux qui viennent.
01:22:07 Oui, c'est ça.
01:22:09 On parle de deux choses différentes.
01:22:10 C'est ça notre problème aujourd'hui dans l'agriculture
01:22:13 et c'est ça notre problème également dans la pharmacie.
01:22:17 Si jamais nous avions les mêmes normes qu'en Inde,
01:22:21 nous pourrions faire les produits pharmaceutiques en France.
01:22:25 On n'a pas les mêmes normes, par conséquent on ne peut pas.
01:22:28 Donc on déménage.
01:22:29 Quand j'étais président des sociétés pharmaceutiques,
01:22:31 on faisait 80% de nos principes actifs en France.
01:22:34 Aujourd'hui, on en fait 20%.
01:22:36 Pourquoi ?
01:22:36 Parce que mes successeurs ont dû déménager
01:22:39 parce qu'on ne leur faisait pas les prix qu'ils fallait.
01:22:41 La concurrence doit se faire à normes égales,
01:22:43 mais il ne faut pas souhaiter la fin de la concurrence.
01:22:45 On a compris vos nuances, mais vous vous rejoignez quand même.
01:22:48 Je suis d'accord.
01:22:49 Je reviens sur...
01:22:50 Ce n'est pas forcément le marché qui doit toujours tout réguler.
01:22:52 À partir du moment où on considère qu'il y a une survie,
01:22:54 qu'il y a une question d'identité, qu'il y a une question culturelle,
01:22:56 je ne veux pas refiler ça à cette main-dime que personne ne connaît.
01:22:58 Là, c'est une question centrale. Pourquoi ?
01:23:00 Je suis allé souvent à Bruxelles, j'y ai travaillé.
01:23:05 Je ne suis pas du tout convaincu que le mot identité
01:23:08 ait une résonance au sein de la technostructure bruxelloise.
01:23:14 C'est un mot qui ne veut rien dire pour eux.
01:23:17 Nous avons affaire à des fonctionnaires d'abord très bien payés,
01:23:19 c'est une oligarchie, avec un entre-soi,
01:23:22 et qui décident, qui déterminent l'avenir des peuples
01:23:26 sans leur demander leur avis,
01:23:27 et qui a une forme de distance froide par rapport aux réalités que vous évoquez,
01:23:31 que sont les racines, qui est le vécu du quotidien,
01:23:34 qui est l'identité.
01:23:36 Sachant que pour l'agriculture,
01:23:39 quand on parle des clos-miroirs,
01:23:42 on parle du modèle familial,
01:23:44 des petites et moyennes entreprises,
01:23:46 on parle des grands céréaliers.
01:23:48 Là aussi, il faut poser vraiment les questions,
01:23:50 parce que l'identité que vous évoquez,
01:23:52 elle va passer fondamentalement par le maintien de cette agriculture française,
01:23:57 de petit à petit, ce qu'on appelle le modèle familial.
01:24:00 C'est cela qu'il faut...
01:24:02 Nous avons une bureaucratie à Bruxelles
01:24:05 qui a dépassé la code d'alerte.
01:24:08 Nous le disons,
01:24:09 je redis que si jamais
01:24:12 nous ne revenons pas sur le Green Deal,
01:24:14 nous n'aurons plus d'agriculture en France, je vous le dis.
01:24:16 On a entendu l'alerte,
01:24:18 et elle résonne aux oreilles de tous les Français
01:24:21 qui soutiennent majoritairement ce mouvement.
01:24:23 On va rester évidemment avec nos éditions sur cette crise agricole.
01:24:27 Est-ce que je peux faire un petit mot sur le fait que mon ami
01:24:31 de 40 ans qui s'appelle Jean-Michel Quatrepoint
01:24:33 est décédé à la fin de la semaine,
01:24:35 et que j'ai un très grand chagrin,
01:24:37 et je pense qu'un grand journaliste qui nous a quittés,
01:24:40 un grand journaliste sur l'industrie, sur l'énergie,
01:24:43 qui a été avec moi de tous les combats sur une vision énergétique à long terme,
01:24:48 et j'ai beaucoup de peine.
01:24:49 - Et il manquera à tous ceux qui défendent l'indépendance de la France.
01:24:53 - Et la souveraineté !
01:24:54 - Et effectivement, grand journaliste et essayiste.
01:24:56 Merci Loïc Lefloque, Jean. - Merci beaucoup.
01:24:58 - Merci à nos invités, restez avec nous évidemment.
01:25:00 Vos éditions se poursuivent et je vous dis à demain avec grand plaisir.
01:25:03 ...

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