• il y a 9 mois
Alors que des navires sont toujours victimes d'attaques en mer Rouge, on évoque les difficultés du transport maritime avec Stéphane Raison, directeur général d'Haropa Port, le premier port français en tonnage.

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Transcription
00:00 L'invité éco, Isabelle Raymond.
00:04 Bonsoir à toutes et à tous. Ce soir dans l'invité éco, le patron du premier port français, Aropaport,
00:10 qui regroupe les ports du Havre, de Rouen et de Paris, donc les trois ports qui se trouvent le long de la Seine.
00:16 Stéphane Raison, bonsoir.
00:18 Vous êtes donc à la tête d'Aropaport. Vous publiez aujourd'hui vos résultats pour l'an dernier.
00:23 On va revenir évidemment sur les tendances de fond du transport maritime,
00:27 mais l'actualité de votre secteur est marquée par ces attaques répétées des rebelles houthis en mer Rouge,
00:33 qui génèrent pas mal de désorganisation. Concrètement, qu'est-ce que ça génère comme problème pour les ports que vous gérez ?
00:39 Alors un peu de retard. Un peu de retard sur la livraison, puisque quand vous quittez la mer Rouge
00:44 et que vous allez finalement passer par le Cap de Bonne Espérance pour remonter vers l'Europe,
00:48 ça c'est pour les trafics venant de l'Asie, vous perdez 15 jours.
00:52 Donc si vous perdez 15 jours, il faut se recaler quand vous êtes armateur,
00:56 puisque les armateurs arrivent finalement au Havre en premier port touché en Europe du Nord.
01:00 Et finalement, il faut remettre des bateaux supplémentaires.
01:04 Et puis il y a un peu de désorganisation, mais cette désorganisation, elle est derrière nous,
01:08 puisqu'elle a eu lieu autour du 15 janvier.
01:12 Et on a vu le recalage. Alors il y a aussi eu des conjonctions d'arrivées entre certains navires
01:19 qui sont un peu arrivés en même temps. Et on l'a géré avec les opérateurs de terminaux sur les quais du Havre.
01:25 Et donc vous direz qu'aujourd'hui ces problèmes, ils sont derrière vous ?
01:28 Alors ils sont un peu derrière nous parce qu'effectivement...
01:30 Même si les attaques en mer Rouge sont réelles ?
01:32 Oui, les attaques continuent, donc ça veut dire que les armateurs ont fait des choix.
01:35 Ils ont décidé effectivement de protéger leurs équipages, la sécurité avant tout.
01:38 Mais dans la livraison, comme on est dans un contexte économique qui est un peu en retrait,
01:45 on le verra dans nos chiffres, ce qui se passe c'est que le volume est moins important,
01:49 le volume de conteneurs en Europe est moins important, les terminaux sont moins saturés,
01:53 alors que pendant la période Covid ils étaient totalement engorgés.
01:56 Et là, ils sont moins occupés, donc on arrive à gérer finalement ces arrivées de conteneurs.
02:01 Sauf qu'on a vu également, par exemple, les constructeurs automobiles, Stellantis pour ne pas le nommer,
02:06 qui s'est reporté vers le transport aérien par avion. Vous n'avez pas peur justement d'un report ?
02:13 C'est vraisemblablement pour des pièces, des pièces urgentes.
02:16 Mais vous n'avez donc pas peur d'un transfert du transport maritime vers le transport aérien ?
02:22 D'une part, il y a une différence de coût très importante entre les pièces qu'on transporte par l'avion
02:26 et celles qu'on transporte par le bateau.
02:28 Donc effectivement, c'est un recalage de la chaîne d'approvisionnement.
02:31 Mais nous, on a connu en Nord-Europe, alors pas au Havre,
02:34 mais notamment dans les autres grands concurrents, Rotterdam et Anvers,
02:38 on a connu des navires qui restaient là pendant 15 jours.
02:41 On connaît ça depuis la période Covid, là on est moins saturé.
02:44 Et donc, il faut un recalage côté compagnie maritime pour que ça se remette en place.
02:50 Mais vraiment, très temporaire.
02:52 Et donc, pas d'inquiétude. Alors, vous avez commencé à le dire, il y a moins de trafic.
02:56 Vous avez publié vos résultats pour l'an dernier avec une baisse du trafic de l'ordre de 4,5%.
03:01 Comment est-ce que vous l'expliquez, Stéphane Raison ?
03:03 Alors, assez simplement. Alors déjà, on est le port d'Europe du Nord qui a la baisse la moins importante.
03:09 On est à deux chiffres en Nord-Europe, les ports, ce qu'on appelle Nord-Seyport.
03:13 Seul Anvers, ça fait -5,5%, donc un tout petit peu moins bien que nous.
03:17 Donc par rapport à vos concurrents, vous n'êtes pas si mal placé, c'est ce que vous dites.
03:20 On n'est pas si mal placé.
03:22 On est dans un contexte économique qui est extrêmement perturbé par la guerre en Ukraine.
03:25 On voit bien que la mer Rouge, ça joue aussi.
03:28 On est dans un contexte qui n'est pas facile sur le plan économique.
03:32 Donc on a moins de consommation.
03:34 On avait vu beaucoup de consommation pendant la période Covid ou juste après.
03:38 Aujourd'hui, on est un peu en retrait, notamment sur le conteneur.
03:41 Mais on a des secteurs d'activité, notamment les vracs liquides,
03:44 toute l'activité pétrolière, l'activité gazière qui a bien fonctionné.
03:47 On a une activité céréalière.
03:49 Et le GNL.
03:50 Donc le GNL a commencé au Havre.
03:52 C'était aussi une bonne nouvelle pour nous parce que ça permettait d'avoir un autre trafic complémentaire.
03:57 Les céréales sont dans une année qui est bizarrement un peu en retrait,
04:00 sauf qu'on fait notre meilleur mois en janvier depuis des années, des années,
04:04 avec plus d'un million 7 de tonnes de céréales.
04:06 On est le premier port exportateur de céréales dans l'ouest de l'Europe.
04:09 Alors cette année, elle sera marquée par les Jeux Olympiques,
04:12 avec une cérémonie d'ouverture qui aura lieu sur la Seine.
04:15 Mais en contrepartie, le fleuve ne sera pas du tout accessible pendant toute la durée des JO.
04:21 Ce qui empêche l'acheminement des céréales.
04:24 Vous venez d'en parler.
04:25 Et cela juste après les moissons.
04:27 Est-ce que vous le déplorez, Stéphane Raison ?
04:29 Alors, quand on dit que ça va être fermé pendant les JO, la totalité, non.
04:33 Les 8 jours du 19 juillet jusqu'à la cérémonie d'ouverture, ça redémarre le 27.
04:38 C'est-à-dire que le 27 juillet, le trafic va repartir.
04:41 Oui, alors il faut qu'on arrive à faire deux choses.
04:46 D'une part, à pouvoir mettre les barges qui transportent les céréales
04:49 depuis finalement l'est de Paris vers Rouen.
04:53 Il faut qu'on les mette en attente au plus proche de la zone de coupure.
04:56 Parce qu'effectivement, il faut que ça puisse repartir tout de suite
04:59 dès lors que finalement la Seine aura été réouverte.
05:02 Et ça, on y travaille. C'est sous l'autorité du préfet de région Lille-de-France.
05:06 On travaille avec le préfet de police, justement pour l'unité.
05:09 Ça vous semble possible ?
05:10 Alors oui, parce que nous, on estime à peu près 10 000 tonnes de céréales
05:13 à transiter par jour depuis l'est de Paris en amont sur la Seine jusqu'à Rouen.
05:19 On fait, nous, plus de 7 millions de tonnes de céréales.
05:23 Donc vous voyez, on est dans une période où on essaye, avec les services de l'État,
05:27 de limiter au maximum les impacts sur les professions.
05:30 Et notamment chez les agriculteurs.
05:32 Vous n'avez pas peur d'être déclassé face au mastodonte du nord de l'Europe,
05:36 envers Rotterdam, où vous avez commencé à parler de ses concurrents ?
05:39 Alors, déclassé, on est déjà très en dessous, malheureusement.
05:42 Mais on a aussi des très belles annonces.
05:44 En juillet 2022...
05:45 Déjà, maintenant, vous êtes trois ports ensemble. C'est quand même important.
05:48 On a un établissement public, on a un modèle économique qui est extrêmement robuste.
05:53 Et ça vous a permis d'accorder des baisses de taxes.
05:55 Exactement. Qui nous a permis de dépenser à peu près 200 millions.
05:59 Et on pourrait faire plus sur les investissements chaque année.
06:02 Qui nous a permis de baisser les tarifs sur les grands ports de conteneurs de 20%.
06:05 Et ça, c'était énorme.
06:06 Ça n'était jamais arrivé. Donc on a fait ça à la fin de l'année.
06:09 Et puis, au-delà de tout ça, on a eu une très belle annonce il y a un an et demi.
06:12 MSC qui a réitéré son annonce.
06:14 Un milliard d'euros d'investissement pour faire des développements au Havre.
06:17 C'est MACGM, c'est pareil.
06:18 Et donc l'armateur Italo-Suisse MSC, ses investissements massifs, c'est une vitrine pour vous.
06:22 Voilà, c'est une vitrine. Et c'est surtout du volume.
06:24 Ça donne un signal.
06:25 Alors c'est une multiplication par trois du volume.
06:27 Donc on passerait de 1,5 million à 4,5 millions.
06:30 Et puis de l'autre côté, l'armateur français CMACGM n'est pas en reste.
06:34 Puisque lui aussi porte des investissements nouveaux.
06:37 Donc on espère que ces bonnes nouvelles vont nous remonter dans le classement des ports-conteneurs dans le monde.
06:42 Merci beaucoup Stéphane Raison.
06:44 Directeur général d'EuropaPort qui regroupe les ports du Havre, Rouen et Paris.
06:49 Vous étiez l'invité éco de France Info ce soir.
06:52 Merci Isabelle.

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