• il y a 10 mois
Sonia Devillers reçoit Sébastien Chenu, député Rassemblement national du Nord et vice-président de l'Assemblée nationale. Il revient sur le discours de politique générale de Gabriel Attal, qui a fustigé l'extrême-droite tout en reprenant certains de ses grands concepts. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-7h50/l-invite-de-7h50-du-mercredi-31-janvier-2024-5832079

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Transcription
00:00 Sonia De Villere, votre invité ce matin est député Rassemblement National du Nord et vice-président de l'Assemblée Nationale.
00:07 Voilà, et vice-président du Rassemblement National. Bonjour Sébastien Cheneux.
00:11 Bonjour Madame.
00:12 La gauche a déposé hier une motion de censure avant même que le Premier ministre ne prononce son discours, exigeant ainsi une clarification politique.
00:20 Qui soutient, qui s'oppose à ce nouveau gouvernement ? Allez-vous la voter ?
00:25 On ne va probablement pas voter la motion de censure parce qu'on censure un texte, on censure une politique, on censure une direction politique.
00:35 Or là, on a eu un empilement de mesurettes. Comme dans tout catalogue, il y a des choses qui peuvent vous sembler plus ou moins intéressantes.
00:43 Il y en a certaines qui peuvent retenir notre attention et puis il y en a d'autres, elles sont nombreuses, avec lesquelles on n'est pas d'accord.
00:49 Mais il n'y a pas en réalité d'axe politique.
00:52 Donc vous apportez votre soutien à ce nouveau gouvernement ?
00:55 Non, et vous verrez, nous combattrons. Et je crois que nous avons montré, et d'ailleurs les Français le reconnaissent à travers tous les sondages,
01:00 que nous sommes les meilleurs opposants, les opposants les plus structurés finalement à la politique d'Emmanuel Macron.
01:07 Mais là, c'est un catalogue de mesurettes et c'est, il faut bien le dire, pas tout à fait au niveau de ce qu'on pouvait attendre du Premier ministre.
01:13 Mais en même temps, une France millénaire, une France héritière, une France fière, une France qui refuse de voir son identité se dissoudre,
01:20 une France qui travaille, une France qui prend soin de ses classes moyennes, c'est précisément ce que vous voulez, non ?
01:24 Oui, mais Gabriel Attal pense que parler c'est agir.
01:28 Gabriel Attal peut manipuler, utiliser les mots, les formules choc, etc.
01:34 D'ailleurs, vous avez vu, on parle de choc dans tous les domaines désormais.
01:37 Auparavant, on parlait de chèques, mais les chocs de la Macronie ou les chèques de la Macronie conduisent aux échecs que nous connaissons.
01:44 Donc je veux bien que Gabriel Attal parle beau.
01:48 Le problème, c'est que toutes les politiques qui ont été menées sont en contradiction avec les objectifs qu'il déploie.
01:54 Parlons concrètement. Message de Marine Le Pen il y a trois jours, je la cite.
01:57 « L'accumulation des traités de libre-échange est en train de ruiner l'agriculture française.
02:01 Il faut faire du patriotisme économique, mettre en place l'exception agriculturelle et cesser l'inflation normative. »
02:08 Vous êtes comblé ?
02:09 Non, mais regardez, le Mercosur. Prenons quelque chose qui est un exemple très concret.
02:13 Gabriel Attal nous dit « on va s'opposer au Mercosur ».
02:17 Hier, nous étions le 29 ou le 30 janvier, communication de l'Union Européenne, nous continuons à négocier sur le Mercosur.
02:28 Nous continuons dans cette direction.
02:29 Donc à un moment, il y a une schizophrénie qui s'exprime.
02:32 On sait très bien que le président de la République avait fait quelques allers-retours intellectuels sur le Mercosur depuis 2017.
02:37 En 2017, il s'y oppose. En 2018, beaucoup moins.
02:39 Vous dites à qui veut l'entendre que vous, vous êtes opposé par exemple à la signature du traité de libre-échange avec la Nouvelle-Zélande ?
02:46 Oui, absolument.
02:46 On n'a pas empêché tous vos alliés à l'Europe de le voter.
02:49 Oui, mais chacun, j'allais dire, chacun fait ce qu'il veut.
02:51 Et j'allais dire, chez les macronistes, ils sont aussi prisonniers d'alliés qui ont parfois des positions contradictoires avec les leurs.
02:56 Et donc, je donne un exemple, je crois que la présidente du Parlement européen, qui est une alliée macroniste, est contre l'avortement.
03:02 Voyez-vous, c'est assez contradictoire avec les positions des élus macronistes en France.
03:06 Donc, par conséquent, on n'est pas...
03:07 Sur l'avortement, on y reviendra.
03:09 Non, mais sur la façon dont on voit...
03:10 Il y a plein de contradictions et de contraires au sein du Rassemblement national.
03:13 Sur la façon dont on voit de ce que doit être l'Europe, cette puissance supranationale, on se rejoint.
03:17 Maintenant, on n'est pas forcément en accord sur un certain nombre de thèmes.
03:20 Mais ça, c'est valable pour tout le monde.
03:21 Alors, il y a avant-hier, Jordane Bardella a adressé une lettre ouverte aux agriculteurs.
03:26 Pas un mot sur les prix.
03:28 Pas un mot sur le rôle que jouent les industriels dans le revenu des agriculteurs.
03:32 Sur les marges de la grande distribution.
03:34 Sur la pression exercée sur les producteurs.
03:36 Pas un mot.
03:37 Alors même que le ministre de l'Économie menace, lui, carrément de sanctions les industriels qui ne jouent pas le jeu.
03:44 Pourquoi ?
03:44 Non, mais c'est un thème qu'il va falloir prendre en compte, d'ailleurs.
03:47 Et je pense que nous le prenons en compte.
03:48 Nous avons fait un certain nombre de propositions.
03:51 Parce qu'évidemment, il y a des gagnants aujourd'hui dans cette crise agricole.
03:54 Il y a des gens qui ne voient pas leur revenu baisser.
03:56 Ou au contraire, qui voient leur revenu progresser.
03:58 Donc, il faudra prendre en compte.
03:59 Et notamment, cette loi EGalim, la faire appliquer.
04:02 Avoir des sanctions qui vont avec.
04:04 Peut-être même, un jour, la repenser.
04:06 Oui, mais ce n'est pas ce qu'il fait, madame.
04:08 Ça fait 7 ans qu'ils sont aux manettes.
04:10 Les résultats que nous connaissons, les politiques que nous connaissons et dont nous mesurons aujourd'hui les effets,
04:14 au bout de 7 ans, on peut considérer qu'on mesure les effets d'une politique.
04:18 Ils sont effroyables pour le pays.
04:20 Hier, quand Gabriel Attal fait des impasses terribles sur des grands sujets.
04:23 Le pouvoir d'achat, l'agriculture, l'aide médicale d'État dont il dit qu'elle sera gérée par décret.
04:30 Et non pas par débat devant le Parlement.
04:32 Ce sont des impasses.
04:33 Ce sont des ficelles qu'il utilise pour ne pas traiter les sujets.
04:38 Donc moi, je crois qu'au bout de 7 ans, ce gouvernement a un bilan effroyable
04:42 que le Premier ministre ne pourra pas combler par toute une série de mesurettes
04:46 aussi symboliques ou sympathiques que certaines peuvent-elles être.
04:50 Alors, il vous a nommément cité, vous, le Rassemblement national.
04:55 Ce qui n'a pas été le cas de d'autres partis.
04:57 Je le cite, le Brexit.
04:59 Ses partisans promettaient des jours heureux à l'économie britannique et au peuple anglais.
05:02 La semaine dernière, à cause du Brexit, les derniers hauts fourneaux de la Grande-Bretagne ont fermé.
05:07 Nous, en France, au contraire, notamment grâce aux investissements de l'Europe, l'industrie revient.
05:12 Qui était les premiers partisans en France du Brexit ?
05:14 C'est le RN.
05:15 Voici les mots de Gabriel Attal.
05:17 Que lui répondez-vous ?
05:19 Et assumez-vous toujours votre soutien au Brexit ?
05:22 Vous savez, c'était Cyrano de Bergerac qui disait "on n'abdique pas l'honneur d'être une cible".
05:26 Donc on a bien compris que pour le gouvernement, nous sommes une cible.
05:29 Et finalement, cette fébrilité qui, à travers ses propos, est démontrée par le gouvernement,
05:36 montre que nous sommes une cible parce que nous sommes probablement ceux qui symbolisent une alternance possible.
05:41 Pour le reste, on n'était pas partisans du Brexit, Madame.
05:44 On est partisans du libre choix, de l'adhésion des peuples à l'Union Européenne.
05:50 Demander au peuple ce qu'il veut pour l'avenir avec l'Union Européenne.
05:54 Quel avenir il veut avec l'Union Européenne ?
05:56 Et moi je pense que ce serait bien de demander aux Français leur avis,
05:59 et de ne pas utiliser leur avis, de ne pas tordre la réalité de cet avis.
06:05 Donc leur proposer un Frexit ?
06:06 Pas du tout.
06:07 Vous savez, des traités, ça se renégocie.
06:10 Des dispositions, on n'est pas obligé de toutes les appliquer.
06:12 Je vous donne un exemple.
06:13 Il y avait une disposition sur les contrôles techniques pour les deux roues qui avaient été votées par l'Union Européenne.
06:19 La France a refusé de l'appliquer parce qu'il y avait une levée de boucliers en France,
06:23 notamment des motards, souvenons-nous d'un certain nombre de manifestations.
06:26 On a refusé de l'appliquer.
06:28 Donc vous voyez, je pense que c'est sur les règles du jeu que nous ne sommes pas d'accord.
06:31 Et on a le droit de ne pas être d'accord sur les règles du jeu.
06:34 Et elles peuvent évoluer, et elles doivent évoluer.
06:36 Le problème c'est que, Gabriel Attal, on va le voir, je crois que c'est demain,
06:39 la réunion au niveau de l'Union Européenne.
06:43 C'est demain que se passent des choses.
06:44 On va voir si un changement de cap, ou si, contrairement à ce qu'il nous raconte,
06:48 le cap est maintenu sur le dos des agriculteurs.
06:50 Hier soir, parce que la journée était riche, notamment pour vous les députés, Sébastien Chenu.
06:56 Hier soir, inscription de l'IVG dans la Constitution ratifia une écrasante majorité à l'Assemblée Nationale.
07:01 La réforme constitutionnelle a été soutenue par 493 députés contre 30,
07:06 au RN 12 contre 14 abstentions.
07:09 Est-ce que le RN se divise sur des sujets comme celui-ci ?
07:13 Non, mais je crois qu'on n'est pas sur le débat sur le fond.
07:15 On n'est pas sur l'avortement.
07:16 Personne ne remet en cause l'avortement dans notre pays.
07:18 Aucun candidat, aucun parti.
07:19 Je crois que même Mme Boutin ne remettait pas en cause ce droit essentiel auquel nous sommes attachés.
07:25 Marine Le Pen l'a répété mille et une fois.
07:27 On a moins de députés au RN qui ont voté contre cette inscription dans la Constitution
07:32 que chez les Républicains, par exemple.
07:34 Donc il y a 12 députés qui n'ont pas été convaincus par cette inscription.
07:37 Il faut dire que les éléments pour convaincre les députés sont un peu légers.
07:43 Que ce soit Gérard Larcher ou François Béroud, d'ailleurs, ont fait entendre une musique assez dissonante,
07:47 disant que tous les droits sociétaux ne peuvent pas être inscrits dans la Constitution.
07:51 Moi, je suis très attaché, par exemple, au mariage pour tous.
07:53 Je défie les pour.
07:54 Ce n'est pas pour ça que je vais demander qu'il soit inscrit dans la Constitution.
07:56 Je ne suis pas persuadé qu'on le remette en cause dans notre pays.
07:59 Donc on peut être attaché à un droit sans forcément vouloir faire un coup politique.
08:03 Qu'en sera-t-il sur la fin de vie ?
08:04 Puisque Gabriel Attal, hier après-midi, a promis un vote avant la fin de l'année.
08:09 Oui, alors le souci, c'est que la fin du mois, a priori, vient avant la fin de vie.
08:14 Donc moi, j'aurais préféré que le Premier ministre s'occupe de dispositions pour la fin du mois des Français.
08:19 La fin de vie, c'est...
08:20 Les Français réclament massivement.
08:21 Oui, oui, j'ai entendu un élément...
08:22 Une décision sur la fin de vie.
08:23 Je vous le dis avec beaucoup de sincérité, ma réflexion n'est pas aboutie.
08:26 J'ai entendu un élément que j'ai trouvé intéressant dans le discours du Premier ministre.
08:29 Ça arrive de temps en temps.
08:30 C'est sur l'augmentation d'unités de soins palliatifs dans notre pays.
08:34 Vous savez qu'il n'y en a pas dans tous les départements.
08:36 Il n'y en a pas dans tous les hôpitaux.
08:37 Et je pense qu'à partir du moment où on équiperait,
08:40 où on auditerait nos services de santé sur les soins palliatifs,
08:44 peut-être que ça nous éclairerait sur la nécessité ou pas d'une loi sur la fin de vie ensuite,
08:48 qui est un débat qui fait appel à toutes nos sensibilités.
08:51 Donc il n'y a pas de cap au Rassemblement National sur le sujet ?
08:54 Non, mais comme sur les sujets de société, il y a une grande liberté,
08:55 parce que ça fait appel à des choses très intimes.
08:57 Moi, j'attends des débats qui orientent ma conscience sur cela,
09:02 et je voterai en conscience, et on est libre de le faire ou pas.
09:04 Vous êtes catholique conservateur dans vos rangs.
09:06 Oui, mais c'est comme dans la société française, c'est pas mieux.
09:08 Dernier mot Sébastien Chenu sur ces députés, dont vous,
09:11 qui se votent une augmentation de leur indemnité de frais de mandat de 300 euros,
09:15 et des sénateurs de 700 euros.
09:17 Ça tombe bien au moment où Gabriel Attal parle de désmicardiser la France ?
09:22 Non, mais c'est vrai que c'est une erreur.
09:24 On est les seuls, alors tous les partis l'ont voté,
09:26 personne ne s'y est opposé plutôt, pour être très honnête,
09:29 et nous sommes les seuls à avoir demandé le report de cet acte manqué,
09:32 le report de cette disposition.
09:34 Donc nous, nous considérons que lorsque l'on fait une erreur,
09:36 on peut essayer de la corriger, c'est ce que nous avons demandé,
09:39 c'est ce que j'ai demandé moi-même à la présidente de l'Assemblée.
09:41 Merci Sébastien Chenu.

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