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Sébastien Chenu, député Rassemblement National du Nord et vice-Président de l’Assemblée nationale, est l'invité du Grand entretien de France Inter. Il revient notamment sur la réforme des retraites et la politique nataliste prônée par le Rassemblement National. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien-du-lundi-13-fevrier-2023-5794676

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00:00 Avec Léa Salamé, nous recevons ce matin le député Rassemblement National du Nord,
00:05 vice-président de l'Assemblée Nationale.
00:07 Question/réaction au 01-45-24-7000 et sur l'application de France Inter.
00:12 Sébastien Chenu, bonjour.
00:14 Bonjour monsieur, bonjour madame.
00:15 Bonjour.
00:15 Et bienvenue à ce micro.
00:17 On va parler dans un instant de l'examen de la réforme des retraites à l'Assemblée Nationale.
00:21 Il reste cinq jours de débat, beaucoup d'articles à examiner et l'atmosphère a jusqu'à présent
00:25 été très tendue dans l'hémicycle.
00:27 Mais un mot d'abord sur la quatrième journée de mobilisation organisée samedi par les syndicats.
00:33 Elle a été encore très suivie dans toute la France.
00:36 Près d'un million de personnes selon le ministère de l'Intérieur, deux millions et demi selon les syndicats.
00:41 Emmanuel Macron doit-il entendre la rue ?
00:44 Sébastien Chenu, ou vous dites ce matin en France ce n'est pas la rue qui gouverne ?
00:48 Mais ne pas entendre ce que les Français lui disent est une erreur.
00:52 Je pense qu'on a vu et on voit des mobilisations qu'on n'a pas vues depuis très longtemps
00:56 aussi importantes, en particulier on le voit dans des villes moyennes avec des Français
01:01 qui ne sont pas particulièrement politisés ou qui ne suivent pas forcément des mots
01:05 d'ordre de partis politiques ou de centrales syndicales mais qui ont décidé parce qu'ils
01:09 travaillent tôt, parce qu'ils se lèvent le matin, de descendre dans la rue parce qu'ils
01:12 ont compris l'injustice que représente cette réforme des retraites.
01:16 Et qu'ils considèrent que les efforts que les Français ont fait pendant des années
01:20 pour créer un modèle social qui puisse leur bénéficier, eh bien ces efforts sont
01:24 remis en cause par la réforme d'Emmanuel Macron et peut-être est-ce qu'on aura l'occasion
01:28 d'en parler.
01:29 Ils considèrent aussi qu'il y a tromperie sur la marchandise.
01:31 On leur a vendu, le gouvernement leur a vendu une réforme des retraites dont ils ont entendu
01:36 qu'elle pourrait être de minimum 1200 euros net pour tous.
01:41 On s'aperçoit, et l'économiste Michael Zemmour l'a dévoilé je crois sur votre
01:46 antenne lui-même, que cette réforme à 1200 euros pour tout le monde n'existe pas.
01:51 Il y a tromperie sur la marchandise, ça mobilise les Français.
01:54 On va y revenir.
01:55 Une nouvelle journée de mobilisation est prévue ce jeudi 18 février mais les syndicats
01:59 se concentrent désormais sur la journée du 7 mars, date à laquelle ils veulent mettre
02:03 le pays à l'arrêt.
02:04 Ont-ils raison de durcir le mouvement ?
02:06 Je crois que les Français ont envie de se faire entendre.
02:09 Donc à partir du moment où...
02:10 Donc vous soutenez le blocage du pays ?
02:12 Je ne soutiens pas le blocage, je soutiens le fait que les Français aient envie de
02:15 se faire entendre.
02:16 Vous savez qu'contre le blocage il y avait une chose qui était simple, c'était le
02:19 référendum.
02:20 Nous on l'a proposé à l'Assemblée nationale, la gauche n'a pas souhaité parce que comme
02:25 c'est le Rassemblement national qui propose, ils sont tellement sectaires qu'ils ne l'ont
02:28 pas souhaité.
02:29 Le groupe de la majorité Renaissance d'Emmanuel Macron ne l'a pas voté parce qu'ils ont
02:33 peur du résultat.
02:34 Ils ont peur que les Français disent non à cette réforme de retraite par référendum
02:38 mais le référendum c'est la façon de ne pas aller au blocage du pays.
02:42 Mais il faut bien aujourd'hui voir la réalité en face.
02:45 Le gouvernement ne bouge plus, on n'entend plus personne.
02:47 Il n'y a pas de négociation d'ouverte et c'est je pense une véritable difficulté
02:54 à laquelle se heurte ce gouvernement.
02:56 Mais on vous entend ce matin, pourquoi vous ne manifestez pas ? Vous avez peur ? Ni vous
03:00 appelez à la manifestation, ni vous n'allez vous-même manifester.
03:02 Bon alors d'abord on n'a jamais appelé à manifester pour quoi que ce soit.
03:05 C'est une constante chez nous, on n'est pas une centrale syndicale.
03:10 On laisse nos adhérents, nos militants s'ils ont envie de manifester.
03:14 Moi ma maman a manifesté.
03:15 Et vous pourquoi vous n'y allez pas ?
03:17 Pour deux raisons.
03:18 La première des choses, vous avez vu que nous subissons des menaces d'un certain
03:23 nombre de partis politiques et de syndicats qui sont inacceptables.
03:26 D'ailleurs si le Rassemblement National menaçait des gens d'aller manifester, moi j'ai reçu
03:30 des menaces d'élus à l'FI en disant "votre sécurité n'est pas garantie si vous venez,
03:35 il faut s'élever contre cela".
03:36 Et puis il y a une sorte d'hypocrisie manifestée côte à côte auprès des Martinez et des
03:41 Laurent Berger qui ont fait élire Emmanuel Macron, qui est le porteur de cette réforme
03:45 des retraites et qui maintenant, vous savez c'est le pompier pyromane en fait, ils ont
03:48 fait élire quelqu'un qui met l'incendie avec la réforme des retraites, ils ne savent
03:52 plus comment éteindre l'incendie.
03:53 Philippe Martinez a fait élire Emmanuel Macron, vous êtes sûr ?
03:56 Oui, il a fait élire Emmanuel Macron.
03:58 Il a fait battre Marine Le Pen, il a donc fait élire Emmanuel Macron et sa réforme
04:02 des retraites.
04:03 C'était pas caché cette réforme des retraites.
04:05 Donc maintenant ils essayent d'éteindre un incendie qu'ils ont contribué à allumer,
04:09 manifesté côte à côte avec des hypocrites pareils, ça n'a pas beaucoup de sens.
04:12 Alors Sébastien Chenuallon au Parlement maintenant, la gauche vous objecte qu'elle est la seule
04:17 à mener le combat contre le gouvernement.
04:19 Là où vous au Rassemblement National vous menez une opposition discrète en chaussons
04:24 pour ne pas dire inexistante.
04:26 Je cite le député RFI, David Guiraud avec trois amendements par député, vous ne vous
04:33 êtes pas fait mal.
04:34 L'opposition à Emmanuel Macron de l'extrême droite, c'est cinq minutes, échauffement
04:38 et étirement compris.
04:39 Que lui répondez-vous ?
04:40 D'abord je pense que la France Insoumise et la majorité d'Emmanuel Macron, ils ont
04:44 un objectif commun, c'est que nous n'arrivions jamais à l'article 7.
04:48 Vous savez l'article 7 c'est le fameux article qui décale l'âge du départ en retraite
04:52 à 64 ans.
04:53 Ils ont cet objectif commun parce que la France Insoumise pense qu'il n'y a peut-être pas
04:58 de majorité pour s'opposer à cet article et Renaissance pense qu'il y a peut-être
05:03 une majorité pour s'y opposer.
05:04 Et nous, nous pensons qu'il faut aller à l'article 7.
05:06 Alors on ne joue pas l'obstruction.
05:07 La France Insoumise a choisi 30 000 amendements ou 25 000 amendements de jouer l'obstruction.
05:13 Oui mais au total la gauche a fait plus de 20 000 amendements avec des amendements extrêmement
05:17 répétitifs, c'est-à-dire on change une virgule, on change un pourcentage, des amendements
05:21 qui ne sont pas sérieux et ce qui leur permet de squatter de façon artificielle le temps
05:26 de parole puisque chaque député présente son amendement et donc chacun ensuite répond.
05:30 Alors certes peut-être qu'eux jouent l'obstruction mais enfin vous, vous n'avez présenté que
05:34 212 amendements, c'est moins que la majorité, c'est moins que les LR.
05:38 C'est à peine trois amendements par député RN sur un texte qui est quand même capital.
05:45 Est-ce que ce n'est pas le service minimum ? Est-ce que vous n'assumez pas d'être en
05:47 retrait sur cette réforme ? Au fond, ça peut être une stratégie de laisser passer les
05:55 trains mais c'est pas ça que vous jouez.
05:57 Non, non, non.
05:58 Nous, on ne joue pas, je viens de vous le dire, on ne joue pas l'obstruction.
05:59 Je rappelle d'ailleurs hier que Laurent Berger lui-même a condamné cette obstruction en
06:02 me disant que c'est totalement inefficace.
06:04 Nous, on dépose des amendements qui sont sérieux, des amendements de proposition, des
06:09 amendements, je le rappelle, pour défendre notre projet.
06:11 Alors on ne peut pas développer notre projet puisqu'on ne peut pas dans cette bataille
06:14 parlementaire proposer un texte avec des charges supplémentaires, de créer des charges financières
06:18 supplémentaires mais nous faisons des choses sérieuses.
06:22 On a de l'autre côté une obstruction, c'est-à-dire un embouteillage.
06:25 Moi, je crois que ce qui est important c'est qu'on débatte et qu'on vote.
06:28 Moi, je n'ai pas été élu simplement pour bablater, pour prendre la parole.
06:32 J'ai été élu pour qu'à la fin, on décide et on vote.
06:34 Et si on vote, c'est pour empêcher qu'une majorité se construise, notamment avec LR,
06:39 en faveur de cette réforme des retraites.
06:41 Le problème, c'est qu'effectivement, beaucoup ne souhaitent pas qu'on aille au vote parce
06:46 qu'on va voir, effectivement, on va les voir à poil.
06:48 Vous pensez que vous n'arriverez pas à l'article 7 ? Il reste 5 jours.
06:51 Il reste 15 000 amendements.
06:52 Je vais vous dire, il y a une chose très simple et je le dis à mes collègues de gauche
06:56 et d'extrême gauche, retirez vos amendements.
06:58 Si vous retirez tous vos amendements qui sont bidons, c'est-à-dire des amendements dans
07:02 lesquels on parle de la pluie et du beau temps, des feuilles de salade, des pourcentages qui
07:06 changent selon les amendements.
07:08 Si vous retirez tous vos amendements bidons, nous allons pouvoir aller à l'article 7
07:11 qui est fondamental et qui préoccupe les Français.
07:14 Je pense qu'il faut quand même qu'on soit responsable, qu'on débatte, mais qu'on vote
07:19 au moins sur cet article 7 et qu'on mette en minorité d'ailleurs le gouvernement.
07:22 Parce que moi, je crois que c'est le débat qui fait bouger les lignes.
07:25 On le voit, j'ai parlé tout à l'heure des 1 200 euros.
07:28 C'est le débat qui fait bouger les lignes et c'est le débat qui empêche que les
07:31 majeures unités se comprennent.
07:32 Mais qui est porté jusqu'à maintenant par les syndicats, par la gauche, par les ALR.
07:35 Les 1 200 euros, c'est pas vous qui les mettez.
07:38 La question des femmes, c'est pas vous qui les mettez sur la table.
07:41 Les 1 200 euros, c'est une fake news du gouvernement.
07:44 Ils ont promis, et tous les Français ont entendu, tous les retraités partiront avec
07:49 une retraite de 1 200 euros.
07:50 Net, ce sera ça pour tout le monde.
07:52 C'est brut.
07:53 Avec pension complète, mais ce n'est pas juste.
07:54 Aujourd'hui, on comprend que ce sera brut, que beaucoup vont passer à travers les mailles
07:57 du filet, notamment les femmes qui ont des carrières hachées.
07:59 On le voit bien, elles toucheront une revalorisation de leur retraite qui sera calculée sur leur
08:02 durée de cotisation.
08:03 Donc, elles vont être perdantes.
08:04 Et donc, cette fake news qui a été portée par le gouvernement aujourd'hui arrive dans
08:09 la lumière.
08:10 Les gens se rendent compte qu'on leur a menti.
08:12 Et bien, moi, je pense que ça, c'est du débat qui doit être voté.
08:15 Mais sur les carrières longues, c'est ALR qui a obtenu l'évolution du gouvernement.
08:20 ALR, son deal, c'était sur les 1 200 euros.
08:23 Rappelez-vous, le deal d'Eric Ciotti, c'était on veut 1 200 euros pour tous les retraités,
08:28 y compris les retraités actuels.
08:30 Aujourd'hui, le deal tombe.
08:31 Et moi, j'ai envie de dire aux députés ALR, mais ce deal bidon que vous avez passé avec
08:35 le gouvernement, ce deal dans lequel ils ont essayé finalement, le gouvernement, de tromper
08:39 les Français, eh bien, s'écroule.
08:42 Et je dis aux députés ALR, il faut donc, pour tromperie sur la marchandise, vous opposer
08:47 à ce texte.
08:48 - Vos amendements portent notamment sur la natalité que vous voulez encourager.
08:53 Vous voulez déplafonner les aides, mais pas pour tout le monde, seulement pour les familles
08:56 dont l'un des parents est français.
08:58 Vous présentez votre politique nataliste, je vous cite, comme seule alternative à une
09:03 immigration de peuplement.
09:04 Vous assumez une politique nataliste identitaire, de fait ?
09:09 - Pourquoi identitaire ?
09:10 Moi, je pense que la politique nataliste, d'abord, elle a longtemps été menée en
09:13 France.
09:14 On a eu des politiques natalistes.
09:15 Il y a des pays qui mènent des politiques natalistes avec des résultats, parce qu'on
09:19 peut parler de la Hongrie, qui est passée d'un 1,3, je crois, à 1,6 en taux de fécondité.
09:23 - Ça marche pas ?
09:24 - Bah si, ça marche.
09:25 - C'est à la marge ?
09:26 Il faut 2,1 par enfant pour que…
09:29 - C'est temps d'augmentation, c'est-à-dire qu'ils ont changé de direction.
09:34 - Il a pris des mesures ultra incitatives.
09:37 - Non, mais vous avez d'autres pays, par exemple l'Allemagne.
09:39 Moi, j'ai regardé ça très précisément.
09:41 L'Allemagne a créé une politique nataliste, a développé une politique nataliste, notamment
09:45 avec le développement de crèches gratuites, etc. pour combler un taux de fécondité qui
09:50 était très faible.
09:51 L'Italie de Draghi, l'année dernière, en 2021, a mis en place aussi une politique
09:57 nataliste.
09:58 Ça veut bien dire qu'effectivement, les objectifs de ces politiques natalistes, elles
10:00 sont partagées.
10:01 Ce ne sont pas des objectifs idéologiques.
10:04 - La question, c'est que votre politique nataliste, à vous, elle est spécifiée.
10:08 Il faut que l'un des deux parents soit français.
10:09 Marine Le Pen l'écrivait dans son programme.
10:11 Faire le choix de la natalité, c'est s'engager à assurer la perpétuation de notre civilisation.
10:16 Au fond, ce n'est pas très différent de ce que proposait Jean-Marie Le Pen en 2007
10:19 quand il disait "je veux réserver les allocations familiales pour les parents de petits Français
10:24 de souche".
10:25 Le RN n'a pas changé énormément dans l'appellation.
10:28 Vous ne faites pas une politique nataliste pour tout le monde.
10:30 Il faut que l'un des parents soit français.
10:31 Vous voulez renouveler la civilisation.
10:33 C'est ça les termes que vous employez ?
10:35 - Moi, je préfère qu'on fabrique des travailleurs français plutôt qu'on ne les importe.
10:39 Et je crois que je ne suis pas le seul à le penser puisque François Bayrou, commissaire
10:42 au plan, déclarait, j'ai retrouvé sa citation, "il n'y a pas d'évidence à une politique
10:47 qui ne soit pas une politique d'immigration, qu'il soit une politique d'immigration en
10:52 ce qui concerne la natalité".
10:53 Je regardais ce que disait le géographe Laurent Chalart.
10:55 Il disait "une politique de natalité est plus efficace pour combler les besoins en
11:00 manoeuvre qu'une politique de l'immigration".
11:02 Donc oui, nous nous considérons que fabriquer des travailleurs français de demain, il
11:06 faut aider les familles pour cela.
11:08 C'est la logique dans laquelle nous souhaitons nous orienter.
11:11 - Pour assurer la perpétuation de la civilisation ?
11:13 - Pour assurer la perpétuité de la civilisation et de la population française.
11:17 Qu'on ait plus de petits français demain plutôt que d'ouvrir les vannes et de voir
11:21 l'immigration comme un projet de peuplement.
11:23 Vous savez, moi, je pense que ce n'est pas un gros mot la politique nataliste.
11:26 Faire des enfants, on a l'impression que c'est devenu un gros mot.
11:30 Alors c'est vrai que Hollande et Macron se sont beaucoup attaqués aux politiques familiales,
11:34 notamment aux prestations d'accueil du jeune enfant qui aujourd'hui sont par exemple
11:37 demandés par très peu de familles.
11:39 Mais ce n'est pas un gros mot.
11:40 En 2021, les Républicains, ils ont déposé une proposition de loi dont la natalité était
11:45 grande cause nationale.
11:47 En 2021, donc c'était il y a un an et demi, la natalité est grande cause nationale.
11:51 Oui, nous nous considérons que pour que notre système de retraite soit viable, pour qu'il
11:54 le tienne, il faut faire des enfants parce qu'à moyen et long terme, c'est une des
11:58 solutions.
11:59 Ce n'est pas la seule.
12:00 Il y a aussi le fait d'avoir une économie qui soit de meilleure qualité, des emplois
12:03 qui ne soient pas uberisés.
12:04 Je veux dire, il y a plusieurs leviers, mais la politique nataliste est un des leviers
12:08 pour le système de retraite.
12:09 - Oscar est au standard.
12:11 Donnons la parole à nos auditeurs.
12:14 Bonjour, bienvenue, vous nous appelez de Montreuil.
12:16 - Oui, bonjour à tous.
12:18 Voilà ma question.
12:21 Si le passage de l'âge de la retraite passe à 64 ans, est-ce que pour redonner une perspective
12:29 d'espoir aux Français qui s'y opposent, Marine Le Pen promet d'abroger cet âge légal
12:37 si elle arrive au pouvoir en 2027 ?
12:39 - Merci Oscar pour cette question.
12:41 Sébastien Chenu vous répond.
12:43 - Vous avez raison, c'est une bonne question parce qu'on a vu souvent des politiques promettre
12:47 des choses dans les campagnes électorales et ne pas les tenir.
12:49 Ce sera même le pivot, je crois, de l'engagement de Marine Le Pen lors de ses prochaines campagnes
12:54 électorales.
12:55 Revenir à un modèle qui est le nôtre.
12:56 - Mais lequel ? Parce qu'elle a changé, pardon.
12:58 C'est à 62 ans ou 60 ans ?
13:00 - J'entends ça à chaque fois.
13:02 - Oui, mais c'est la réalité.
13:03 - Le modèle est simple, c'est 40 années de cotisation, vous partez à 60 ans.
13:07 Jusqu'à 42 années de cotisation, vous pouvez partir jusqu'à 62 ans.
13:10 Pourquoi ce changement ? 600 milliards de dettes de plus créées par Emmanuel Macron.
13:13 Et c'est pas que le Covid, la Cour des comptes nous le dit bien.
13:16 Donc il a fallu s'adapter, mais avec une logique qui soit celle-ci.
13:19 40 annuités, 60 ans, jusqu'à 42 ans et jusqu'à 62 ans.
13:23 Grosso modo, plus vous avez commencé tôt, plus vous avez commencé dur bien souvent,
13:27 plus vous pouvez partir tôt.
13:28 Et il ne s'agit pas de créer une politique...
13:30 Parce que cette politique-là de réforme des retraites,
13:32 c'est une logique néolibérale qu'on suit depuis 30 ans.
13:35 Et moi, je vous le signe, si elle passe, dans quelques années, on viendra nous dire
13:38 "Ah bah écoutez, il faut encore trouver quelques milliards, donc on va pousser jusqu'à 65 ans".
13:42 C'est une histoire sans fin en réalité, parce que c'est une logique qui amène à cela.
13:47 Moi, je crois qu'au-delà même des avantages considérables
13:51 pour les travailleurs français que celle-ci représente,
13:53 cette réforme des retraites, en plus, ne ramènera pas les 17 milliards attendus par le gouvernement.
14:00 Elle sera même peut-être a fortiori coûteuse, si les 1200 euros étaient finalement comblés.
14:06 Mais c'est une escroquerie.
14:08 - Francis, au Standard, vous nous appelez de Denain, je crois ?
14:12 - Oui, tout à fait. - Bonjour, bienvenue.
14:14 - De chez vous ? - Bah oui, voilà.
14:16 - C'est chez M. Chenu.
14:18 - Un habitant de votre circonscription, j'ai 74 ans,
14:21 je suis retraité entrepreneur,
14:24 et, disons, notre préoccupation est à l'envers
14:29 de, disons, tout ce qui est préoccupation de retraite qui nous paraît dater de 1945.
14:35 En fait, notre préoccupation est de trouver du travail pour tous.
14:39 Et c'est ce pourquoi, que pensez-vous aujourd'hui de l'action datée des Quart Monde,
14:44 qui essaie de mettre en place des territoires zéro chômage ?
14:47 Ne vaudrait-il pas mieux qu'on s'attache à aider cette association
14:50 plutôt que s'apesantir sur des débats d'arrière-garde ?
14:55 - Merci Francis.
14:57 Territoires zéro chômeur, lutte contre le chômage plutôt que réforme des retraites.
15:01 Sébastien Chenu, vous réponds.
15:03 - Je vous salue, monsieur, j'étais à Denain hier encore.
15:07 Je crois que, d'abord, c'est pas des combats d'arrière-garde,
15:10 c'est vraiment un projet de société.
15:11 Quel type de retraite on veut demain, c'est un projet de société.
15:14 Moi, vous savez, je pense qu'il y a plusieurs leviers.
15:15 J'ai parlé tout à l'heure du levier de la natalité.
15:17 On peut parler, évidemment, du levier de l'emploi des seniors.
15:20 Là encore, on attaque aujourd'hui l'article sur l'index des seniors.
15:24 Il n'y a rien en réalité, il n'y a pas de politique d'emploi des seniors.
15:27 - Pourquoi ? Il faut des sanctions financières sur les entreprises ?
15:30 - Non, pas uniquement.
15:31 Il faut favoriser le cumul emploi-retraite.
15:33 Il faut regarder peut-être la façon dont, sur les ruptures conventionnelles,
15:37 on pénalise ou pas les ruptures conventionnelles fiscalement.
15:40 Il faut, je crois, regarder tout ça beaucoup plus loin
15:43 parce que le taux d'emploi des seniors dans notre pays, il n'est pas assez haut.
15:47 Mais ça, ce n'est pas un combat à derrière garde.
15:49 La montée en gamme de notre économie,
15:50 est-ce qu'on souhaite une économie faite de chauffeurs Deliveroo ou de chauffeurs Uber ?
15:55 Ce n'est pas dégradant, mais c'est une économie faite de petits boulots,
15:58 en réalité, qui rapportent peu de cotisations à notre système de retraite.
16:02 Ou est-ce qu'on veut une économie basée sur la réindustrialisation du pays
16:05 et sur un service public aussi de qualité
16:07 qui ramène beaucoup de cotisations au système de retraite ?
16:10 - Vous reconnaissez que le taux de chômage est au plus bas aujourd'hui ?
16:13 - Mais ce sont pour des emplois, je vous le disais, de petite qualité,
16:17 c'est-à-dire des emplois Uberisés qui ne ramènent pas beaucoup de cotisations.
16:20 Donc le choix de l'économie, de la direction dans laquelle on structure notre économie,
16:24 c'est aussi le choix des retraites, du système de retraite qu'on a avec.
16:29 - Eliot, sur l'application de France Inter, le RN, c'est une pancarte pas content.
16:33 Et on s'arrête là, Sébastien Chenu.
16:35 - Non, parce que vous avez vu, on fait des propositions,
16:38 on a un projet, ce projet a été passé au crible pendant l'élection présidentielle,
16:41 on a suffisamment fait le reproche d'ailleurs à Marine Le Pen de dire
16:44 "ah bah votre projet, il est de gauche, alors maintenant il est facile de dire qu'on n'a pas de projet".
16:48 Non, on a un projet qui, je le redis, est structuré sur le nombre d'années passées au travail
16:55 qui vous permet de partir plus tôt selon votre âge d'entrée sur le marché du travail.
17:00 C'est un projet qui est très différent de celui du gouvernement,
17:02 c'est un projet qui est financé, qui repose sur des leviers,
17:05 des directions économiques très différentes de celles du gouvernement.
17:08 Mais il est clair que en ce qui concerne cette réforme de retraite...
17:12 - Dans votre projet, si je commence à travailler à 23 ans par exemple,
17:16 je ne pars pas à 62 ans, je veux être clair, par 67 ans dans votre projet.
17:20 - Après, plus vous rentrez tard sur le marché du travail, plus vous allez partir en retraite tard.
17:24 Si vous partez en retraite à 25 ans, si vous rentrez sur le marché du travail,
17:28 oui ça c'est un peu tôt, et bien vous partirez en retraite évidemment plus tard.
17:31 Mais les métiers pénibles, les métiers dans lesquels vous commencez tôt,
17:34 quand vous êtes routier, d'ailleurs on a déposé par exemple un amendement,
17:37 c'est le collègue Frédéric Falcone, qui permet aux pompiers de pouvoir avoir des trimestres supplémentaires.
17:42 Parce que les pompiers, les forces de l'ordre etc. qui parfois partent entre 53 et 59,
17:46 vont partir entre 63 et 69.
17:49 - Emmanuel Macron reçoit aujourd'hui les présidents du Sénat et de l'Assemblée Nationale
17:52 pour évoquer la réforme institutionnelle qu'il veut mener à bien après la réforme des retraites,
17:55 réduire le nombre de parlementaires, autoriser le cumul des mandats pour les maires des petites villes,
17:59 instaurer la proportionnelle, le septennat peut-être.
18:02 Vous serez constructif dans cette conversation ?
18:05 Vous souhaitez cette réforme institutionnelle ? Vous pensez qu'il va la faire ?
18:08 - Moi je pense que notre pays a besoin d'une réforme institutionnelle.
18:10 Alors c'est vrai qu'à l'Assemblée Nationale tout le monde n'est pas d'accord,
18:13 on voit qu'il y a des partisans de la déconstruction de nos institutions.
18:17 La France Insoumise, ce sont des gens qui déconstruisent les institutions de la Ve République.
18:21 Alors ils le font ou par des violences symboliques ou par l'encouragement probablement à travers cela à de vraies violences.
18:27 Moi je pense que nous avons besoin de nos institutions, elles sont solides mais elles doivent être revisitées.
18:31 La proportionnelle fait partie de cela, on peut reparler du conseiller territorial.
18:36 Ce ne sont pas des gadgets, c'est une façon de pouvoir...
18:39 On peut reparler aussi des régions, j'ai vu que la question de redessiner les régions se présentait à nous.
18:44 Moi j'y suis très favorable au Rassemblement National, nous y sommes très favorables.
18:47 - Quelques mots sur la visite exceptionnelle du président ukrainien Volodymyr Zelensky en Europe la semaine dernière, Londres, Paris puis Bruxelles.
18:55 Vous l'auriez applaudi debout comme l'a fait Jordan Bardella, ce qui a heurté certains dans votre parti ?
19:01 - Non mais nous sommes des gens courtois.
19:03 Applaudir debout monsieur Zelensky ne veut pas dire que nous sommes d'accord avec tout ce qu'il demande.
19:07 Mais nous sommes des gens courtois et je m'étonne d'ailleurs qu'on puisse penser que nous ne soyons pas des gens courtois.
19:12 C'est vrai que nous on ne se roule pas par terre, on ne met pas la tête d'un président de la République ou d'un ministre sur un ballon de football qu'on écrase avec le pied.
19:19 Nous, nous respectons les institutions et Jordan Bardella a tout à fait bien fait d'accueillir avec beaucoup de courtoisie Zelensky.
19:26 - Applaudir debout c'est plus que de la courtoisie ?
19:28 - Non mais je crois que l'Ukraine est un pays qui résiste et je crois que ça se marque aussi par le salut.
19:38 Mais ça ne veut pas dire qu'on est d'accord avec toutes les demandes de monsieur Zelensky.
19:41 - Il demande aujourd'hui des missiles et des alliés. Vous êtes contre l'envoi d'armes ?
19:45 - Nous nous sommes favorables à envoyer du matériel défensif mais pas du matériel offensif.
19:49 Vous savez il y a trois façons dont peut se terminer le conflit.
19:52 Ou la Russie gagne et c'est un signe envoyé à des puissances qui pourraient dire c'est le jeu du plus fort qui gagne.
19:58 On gagne par la force, on envahit le territoire d'à côté et c'est dramatique.
20:03 Ou l'Ukraine gagne avec l'appui de l'OTAN et en réalité c'est une sorte de troisième guerre mondiale.
20:08 Ou il ne se passe rien.
20:09 - En quoi ?
20:10 - A partir du moment où l'OTAN s'engage aux côtés de l'Ukraine et les pays européens, c'est un conflit qui n'est pas forcément le même.
20:16 - Ou alors c'est le cas actuel, c'est-à-dire on envoie des armes.
20:20 - Ou il ne se passe rien et c'est la guerre de cent ans, ça va durer et ça va s'enliser éternellement.
20:24 Ou alors, et c'est... Nous on a toujours été très, j'allais dire, précautionneux vis-à-vis de la parole présidentielle
20:30 parce que le président de la République engage la France et on ne veut pas abîmer la France sur la scène internationale.
20:35 - Vous souhaitez la victoire de l'Ukraine ?
20:36 - Non mais je souhaite que l'Ukraine retrouve évidemment ses contours, ses frontières, son plein territoire, évidemment.
20:44 - La Crimée compris ?
20:45 - C'est son territoire. La Crimée c'est un sujet je crois de débat entre l'Ukraine et la Russie
20:49 mais à priori, moi je souhaite que l'Ukraine garde ses frontières.
20:52 Ce que je crois, c'est que la France elle a encore une voie, a encore quelque chose à apporter à une solution pacifique.
20:58 Si ce n'est pas une solution pacifique, c'est la guerre.
21:01 - Mais la solution, pardon, la solution pacifique avec qui ?
21:04 À partir du moment où il y a un agresseur qui agresse un autre pays, il est où le pacifisme ?
21:07 - Mais vous savez que dans toutes les guerres, un jour ou l'autre, les belligérants, les adversaires
21:12 se sont mis autour d'une table pour régler un conflit.
21:15 Ça se termine toujours comme ça ou alors ça se termine par l'envahissement du plus fort sur le plus faible,
21:19 ce que nous ne voulons pas.
21:20 - Mais si Marine Le Pen était au pouvoir aujourd'hui, le 24 février dernier,
21:25 elle n'aurait rien envoyé du tout aux Ukrainiens, ni chars, ni canons César, ni missiles ?
21:30 - Elle aurait envoyé du matériel défensif.
21:31 Vous savez, ça me rappelle, nous avons dîné, Marine Le Pen et moi, avec le président du Parlement ukrainien
21:37 et nous lui avons demandé, posé la question suivante,
21:40 est-ce que les sanctions de l'Union européenne sur la Russie, à votre avis, sont efficaces ?
21:45 Et nous a dit, elles ne sont absolument pas efficaces.
21:47 Je vous le dis avec beaucoup de sincérité, si ça avait été efficace, Poutine aurait plié depuis longtemps.
21:51 Donc il faut qu'on ait des politiques qui soient cohérentes.
21:53 Si les sanctions économiques sur Poutine ne sont pas efficaces, on le voit, la Russie s'est même enrichie,
21:58 mais qu'elle pose des problèmes aux Français, il faut changer de braquet.
22:01 C'est pareil pour le matériel. Envoyons du matériel défensif, mais pas du matériel offensif.
22:05 Et puis prenons des initiatives pour réunir l'ensemble des acteurs internationaux,
22:09 pas seulement la Russie et l'Ukraine, autour d'une table. Il faut la paix à la fin.
22:13 On va passer au standard, on nous attend, Pascal. Bonjour Pascal, bienvenue.
22:18 Bonjour, merci à vous. Moi je souhaitais poser la question suivante.
22:23 Le gouvernement souhaite, pour faire face au métier en tension, de légaliser, entre guillemets, des migrants ou des étrangers.
22:30 Je me demande s'il aura ses demands nationaux et s'il y a des responsabilités.
22:34 Est-ce qu'il serait prêt à augmenter, j'allais dire, les salaires de ces métiers en tension, des maçons et des cuisiniers,
22:42 pour les rendre plus attractifs et faire embaucher, j'allais dire, nos jeunes qui sont en recherche d'emploi ?
22:49 Merci Pascal pour cette question. Vous nous appeliez de la Réunion, on parle là du projet de loi immigration,
22:55 avec ce titre de séjour d'un an, concernant certains sans-papiers qui travaillent effectivement dans des secteurs en tension.
23:04 Sébastien Chenu vous répond.
23:06 Moi je ne crois pas du tout au projet d'Armanin qui voit l'immigration comme un projet, c'est-à-dire que, grosso modo,
23:11 il y a des métiers en tension, il manque du monde, on fait venir de la main-d'oeuvre étrangère.
23:14 On connaît la chanson, c'est toujours pareil et c'est l'histoire sans fin.
23:17 Nous on croit, au fait d'abord à la question salariale, de revaloriser les salaires, y compris et en priorité probablement,
23:23 des métiers les plus difficiles. On a proposé ça, nous à l'Assemblée Nationale, une augmentation de 10% des salaires,
23:29 jusqu'à 3 fois le SMIC, en échange d'un gel de cotisation, c'est-à-dire une incitation à ce que les entreprises fassent ce geste,
23:35 parce que les chefs d'entreprise savent très bien que la question salariale elle est devant eux, ils entendent leurs employés.
23:40 Et on sait que c'est une question importante sur l'attractivité des métiers.
23:43 Ça a été refusé d'ailleurs par la gauche, la gauche qui dit ça pour manifester ou pour envoyer mettre des têtes au bout d'une pique,
23:49 qui dit qu'il y a du monde, mais lorsqu'il s'agit de voter un dispositif concret d'augmentation des salaires de 10%, plus personne.
23:55 Donc on pense que c'est évidemment, ça couplé à la formation, former des gens pour des métiers qui existent, qui est une réponse aux métiers en tension.
24:02 - Question d'Emilie sur l'application d'inter, n'avez-vous pas honte de demander aux femmes de faire plus d'enfants,
24:08 alors que nous sommes celles qui sont pénalisées ? Trou dans les carrières, salaire plus bas, les femmes ne veulent plus servir à payer.
24:16 Que répondez-vous Sébastien Chemin ?
24:18 - Je respecte madame, mais je n'ai pas honte. Je pense que la maternité peut ne pas être vécue seulement comme cette dame l'indique,
24:26 c'est-à-dire comme quelque chose de pénible. J'ai le sentiment que c'est surtout une source de joie pour beaucoup de femmes dans notre pays, tant mieux.
24:32 Et je pense qu'effectivement, un pays a besoin de ses enfants pour pouvoir grandir, pour pouvoir continuer à vivre.
24:39 Et je pense même, et j'ai lu ça avec beaucoup d'intérêt, que le bilan carbone d'une famille de trois enfants est inférieur à celui d'une célibataire
24:47 surconsommatrice. Donc vous voyez, je pense que faire des enfants, ça a beaucoup, beaucoup d'avantages.
24:52 - Là vous opposez les femmes ?
24:54 - Je n'oppose personne du tout. J'ai trouvé cette donnée, j'ai trouvé que c'était intéressant, parce que finalement, faire des enfants,
24:59 madame nous présente ça comme un inconvénient majeur, je respecte son choix, elle a tout à fait le droit, mais je pense que ça a beaucoup d'avantages dans une société.
25:07 - Et on salue les célibataires surconsommatrices quand même.
25:10 - Je suis moi-même un célibataire pas trop surconsommateur.
25:13 - Merci Sébastien Chemin d'avoir été au micro d'Inter ce matin.

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