• il y a 9 mois
Les invités de Laurence Ferrari débattent de l'actualité dans #Punchline du lundi au jeudi.

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00:00:00 Bonsoir à tous et bonsoir à toutes, bienvenue dans Punchline ce soir sur CNews.
00:00:03 La tension monte sur l'ensemble du territoire avec plus de 100 points de blocage sur les routes
00:00:07 en raison des barrages, des agriculteurs, les policiers et les gendarmes ont procédé à plusieurs interpellations.
00:00:12 Aujourd'hui on sera sur place avec nos équipes à Rungis, sur l'autoroute A6 en Essonne où se trouvent là aussi des blindés,
00:00:19 sur l'autoroute A1 au nord de Paris où les tracteurs sont à l'arrêt face aux forces de l'ordre
00:00:24 et en Gironde où le point de blocage sur l'A63 ne faiblit pas.
00:00:27 Le bras de fer, vous l'avez compris, a donc bel et bien commencé entre les tracteurs et les forces de l'ordre
00:00:32 même si pour l'instant aucune violence n'est à déplorer de part et d'autre.
00:00:36 La circulation est très perturbée sur l'ensemble des grands axes.
00:00:40 Est-ce que le mouvement des agriculteurs va continuer à être aussi populaire auprès des Français ?
00:00:45 C'est ce que l'on verra.
00:00:46 On verra aussi que les appels au calme sont pour l'instant bien respectés avec une ambiance cordiale sur ces barrages.
00:00:51 Voilà pour les grandes lignes de nos débats ce soir.
00:00:53 Tout de suite, il est 17h, l'heure du rappel des titres de l'actualité sur CNews avec Vincent Faandes.
00:00:58 À la une de l'actualité, la situation au Proche-Orient avec cette proposition de trêve
00:01:05 qui a été communiquée aux responsables du Hamas.
00:01:07 Le chef de l'organisation est attendu au Caire dans les prochains jours pour étudier la question.
00:01:12 Néanmoins, le Hamas a fixé une condition sine qua non à toute libération d'otages,
00:01:17 un cessez-le-feu total, idée rejetée par Israël tant que l'organisation n'est pas entièrement éliminée.
00:01:23 Les anciennants seront dans la rue demain.
00:01:25 Le principal syndicat de professeurs du primaire annonce un taux de grévistes de 40% sur tout le territoire.
00:01:30 Plusieurs revendications, meilleur salaire, meilleure condition de travail.
00:01:33 Mais ces manifestations, c'est aussi une sorte de premier avertissement adressé à la ministre de l'Éducation nationale.
00:01:39 Et puis le nombre de spectateurs assistant à la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques revue à la baisse.
00:01:44 C'est une annonce de Gérald Darmanin aujourd'hui.
00:01:46 300 000 personnes pourront ainsi assister au spectacle le long de la scène, contre les 600 000 initialement prévus.
00:01:53 Voilà donc pour l'essentiel de l'actu. C'est à vous Laurence.
00:01:55 Merci beaucoup Vincent. A tout à l'heure 17h30.
00:01:57 On est en plateau avec Karim Zeribi. Bonsoir Karim, ancien réputé européen.
00:02:01 Véronique Lefloque, présidente nationale de la coordination orale est là. Bonsoir, bienvenue.
00:02:05 Bonsoir.
00:02:05 Je suis ravie de vous accueillir sur ce plateau.
00:02:06 Merci.
00:02:07 Pas mal de vos collègues de la coordination orale, mais ravie de vous avoir.
00:02:10 Geoffroy Lejeune est arrivé in extremis avant que l'émission ne démarre.
00:02:13 Directeur de la rédaction de JDD.
00:02:15 Nous sommes avec monsieur le député, ancien député, Grégory Besson-Moreau.
00:02:19 Bonsoir à vous.
00:02:20 Ancien député de la majorité, c'est bien cela.
00:02:22 Une deuxième agricultrice, Anne-Cécile Suzanne.
00:02:25 Merci à vous d'être là.
00:02:26 Vous avez publié ce livre, très beau livre, Les sillons que l'on trace, sous édition Fayard.
00:02:30 Vous racontez votre histoire de fille d'agriculteur qui reprend au regard des circonstances de la vie, l'exploitation familiale.
00:02:37 Et on est avec Éric Revelle, journaliste économique notamment à Valeurs Actuelles.
00:02:41 Bonsoir Éric.
00:02:43 Avant toute chose de terrain, si vous le permettez, on va voir ce qui se passe du côté de Rungis.
00:02:47 Mickaël Dos Santos et Thibault Marcheteau sont sur place.
00:02:49 Bonsoir à vous les garçons.
00:02:50 Qu'est ce qui se passe ?
00:02:52 On nous a appris que certains tracteurs, certains agriculteurs avaient réussi à pénétrer à l'intérieur du marché de Rungis.
00:02:57 Expliquez nous.
00:02:58 Alors, pas de tracteurs, uniquement des membres du syndicat coordination rurale.
00:03:05 Ils sont environ une centaine à avoir pénétré dans l'un des sites du marché de Rungis, pénétré à les mains levées.
00:03:13 Car leur intention était uniquement symbolique.
00:03:16 Entrer dans l'une des structures du marché de Rungis pour montrer qu'ils s'approchent de la capitale, qu'ils s'approchent finalement du pouvoir, du gouvernement.
00:03:26 Tous mains levées en ce moment.
00:03:27 Vous le voyez d'ailleurs à l'image, ils sont en train de serrer la main de la police.
00:03:30 Tout se passe pour le mieux.
00:03:32 Même s'il y a eu, il y a quelques minutes, des moments de tension au moment où ces individus sont entrés dans cet établissement.
00:03:40 Ils ne sont pas là pour casser, pas là pour taper.
00:03:42 Voilà, c'est ce qu'ils scandèrent.
00:03:44 On est en train de mourir.
00:03:45 Tous sont finalement sortis dans le plus grand des calmes.
00:03:50 Le directeur d'ailleurs de cet établissement est sorti et a accepté de rencontrer trois à quatre membres du syndicat coordination rurale.
00:03:59 Pour rappel, ce matin, 15 personnes avaient été interpellées.
00:04:03 Ils étaient venus en tracteur pour essayer de pénétrer à l'entrée du marché de Rungis.
00:04:08 Finalement, ils ont été arrêtés par les forces de l'ordre.
00:04:11 On garde à vue et bien évidemment, pour le moment, ici, on continue de discuter avec les forces.
00:04:18 Merci, Michael.
00:04:20 On a des petits problèmes de liaison avec vous, mais on a bien compris l'essentiel.
00:04:23 On a cette image, évidemment, de ces membres de la coordination rurale.
00:04:26 On les reconnaît à leur bonnet jaune, à leur casquette jaune.
00:04:28 Véronique Leflocq, vous êtes la présidente nationale de cette coordination rurale.
00:04:31 C'est quoi le but de ces actions ?
00:04:32 Ce ne sont pas des actions coup de poing.
00:04:33 Il n'y a eu aucun coup de poing, mais c'est vraiment les bras en l'air.
00:04:36 On est pacifique.
00:04:38 Nous sommes innocents.
00:04:40 Nous voulons juste démontrer.
00:04:42 Là, ça a bien été dit dans le reportage.
00:04:45 Nous ne visons pas les Parisiens.
00:04:46 Nous ne visons pas Rungis ou ce qui s'y passe.
00:04:50 Nous visons le pouvoir.
00:04:51 Nous cherchons à nous faire entendre.
00:04:53 Et là-dessus, on a bien compris, quand ils ont dit que c'était une ligne rouge,
00:04:58 ça veut bien dire que Rungis, c'est le coffre-fort de la France.
00:05:01 C'est le frigo et ce frigo, c'est nous, paysans, qui l'alimentons.
00:05:05 Donc, quelque part, c'est nous qui devons en avoir la clé.
00:05:09 Et il faut que tout le monde prenne conscience
00:05:12 qu'aujourd'hui, nous sommes encore des paysans capables d'alimenter ce frigo,
00:05:18 mais peut-être pas demain.
00:05:19 Parce que si les conditions ne sont plus réunies,
00:05:22 nous n'aurons plus la capacité de transmettre nos outils,
00:05:26 d'installer des jeunes.
00:05:28 Et alors, l'agriculture et les produits qu'on trouve dans ce marché
00:05:33 seront remplacés par de plus en plus de produits d'importation,
00:05:35 voire des produits de synthèse.
00:05:37 Et là, on nous reprochera aussi de ne pas avoir défendu notre métier.
00:05:41 Donc, c'est défendre l'intérêt des agriculteurs,
00:05:45 celui de notre métier, mais aussi de ce qui sera dans les assiettes des consommateurs.
00:05:49 J'entends, mais vous dites que c'est une ligne rouge.
00:05:51 C'est pour ça que vous avez voulu la franchir de façon pacifique.
00:05:54 Pacifique, on n'a jamais dit.
00:05:56 Le mot d'ordre était donné.
00:05:58 Pas d'atteinte aux personnes, pas d'atteinte aux biens.
00:06:01 On discute, on a des lignes, ce qu'on souhaite obtenir,
00:06:04 ce qui est important pour que l'agriculture soit vivable, viable et transmissible demain.
00:06:09 Grégory Besson-Moreau, je vois comment vous réagissez, ancien député.
00:06:11 On a cette image, il y a les policiers casqués et en face,
00:06:14 la force tranquille, pour le coup, des agriculteurs.
00:06:18 Leur colère est légitime.
00:06:19 Enfin, moi, je me mettrais à leur place, je ferais exactement la même chose.
00:06:22 J'irais manifester.
00:06:24 On a travaillé avec le monde agricole pendant, ça fait maintenant presque sept ans,
00:06:27 qu'on travaille avec le monde agricole.
00:06:28 Pendant cinq ans, nous avons travaillé sur des lois EGalim.
00:06:31 Des lois EGalim qui ont été votées.
00:06:32 Mais qui ne sont pas respectées, monsieur le député.
00:06:34 Qui ont été respectées pendant deux ans et qui, la troisième année, ça dérape.
00:06:38 Et on le voit aujourd'hui, ça dérape.
00:06:40 Maintenant, les produits du lait, dans le Finistère, on en parlait tout à l'heure,
00:06:43 il y a encore quelques années, trois, quatre ans, on était à 330,
00:06:47 340 euros les millilitres.
00:06:49 On est passé à 450 euros les millilitres.
00:06:51 Ça fonctionnait, d'un seul coup, ça dérape.
00:06:53 Donc, je comprends aujourd'hui leur angoisse, leur stress,
00:06:55 le fait qu'ils aillent manifester.
00:06:57 Et c'est pour ça qu'on doit accélérer les contrôles.
00:06:59 On doit aller voir la grande distribution, les industries de l'agroalimentaire
00:07:02 et leur dire qu'est-ce qu'il se passe.
00:07:04 Et quand on regarde un petit peu le résultat,
00:07:06 on s'aperçoit qu'aujourd'hui, ceux qui sont dans cette capacité d'achat,
00:07:09 ils en fait nous disent "vous êtes bien sympa en France avec vos lois".
00:07:12 Mais moi, je veux, je pars en Belgique, je pars en Europe.
00:07:14 Je vais négocier sous d'autres yeux.
00:07:16 Exactement.
00:07:16 Il y a les centrales d'achat qui se délocalisent à l'extérieur de la France.
00:07:19 Anne-Cécile Suzanne, agricultrice,
00:07:21 donc comment est-ce que vous réagissez à toutes ces manifestations,
00:07:24 ces blocages de vos collègues ?
00:07:27 Je pense qu'effectivement, il était temps, parce que ça fait quand même
00:07:29 maintenant plusieurs années que beaucoup d'agriculteurs, de syndicats
00:07:33 en fait, essayent de porter ce sujet auprès du grand public,
00:07:38 auprès des politiques et qu'ils ne sont pas entendus.
00:07:40 Donc vraiment, le point extrême où on est arrivé,
00:07:43 où vraiment les agriculteurs bloquent des autoroutes et autres,
00:07:46 c'est l'aboutissement d'années de mauvaise écoute
00:07:49 de la part des pouvoirs publics en particulier.
00:07:51 Et sur le sujet du revenu et des prix, je pense que le problème est bien plus
00:07:54 profond que le simple sujet des galimes.
00:07:57 De la loi Galim, oui.
00:07:58 On est sur un sujet de charge, de fiscalité extrêmement importante.
00:08:02 On est sur un sujet aussi de structuration de cette chaîne de valeur
00:08:06 entre les agriculteurs et puis la grande distribution
00:08:09 avec les industriels au milieu.
00:08:10 Ça ne fonctionne plus.
00:08:12 On est arrivé à un point de rupture, rupture qui d'abord est
00:08:15 incarnée par la chute de filières entières de production en fruits et légumes,
00:08:20 en élevage, bientôt en lait, où on a une forte diminution de la production.
00:08:23 Bref, là, il faut faire quelque chose.
00:08:26 Et là, ça se passe au niveau européen.
00:08:27 Éric Revelle, demain, tout va se jouer à Bruxelles.
00:08:29 Soyons clairs.
00:08:31 C'est pour ça que les paysans maintiennent la pression.
00:08:33 Oui, alors demain, il y a le sommet européen à Bruxelles.
00:08:36 Le président de la République a dit que la France s'opposerait
00:08:38 à ratifier le fameux traité du Mercosur avec les deux pays stars
00:08:43 dans ce traité, qui sont l'Argentine et le Brésil.
00:08:45 Mais pardonnez-moi, je regardais dans le détail.
00:08:48 En matière d'agriculture, les décisions au Conseil de l'Europe,
00:08:51 chère madame, se prennent à la majorité qualifiée.
00:08:53 Ça veut dire qu'il suffira que 15 pays sur les 27 votent pour le Mercosur
00:08:58 pour que le président de la République soit obligé de dire
00:09:01 "on met en place le Mercosur".
00:09:02 Ce que propose pour l'instant Bruxelles, si j'ai bien compris,
00:09:05 c'est de geler les pourcentages de jachères qu'on vous demande de mettre en place.
00:09:10 Geler.
00:09:11 Ça n'a rien à voir avec le Mercosur, on est d'accord ?
00:09:12 Non, non, non.
00:09:13 Ça, c'est le plan vert, c'est le Green Deal.
00:09:16 Et puis, deuxième chose, on vous propose de limiter pour une année,
00:09:20 peut-être, les importations du crème de poulet, d'œufs, de sucre, etc.
00:09:24 Bon, tout ça, c'est quand même conjoncturel.
00:09:25 Alors, je ne sais pas si la manifestation qui est en cours
00:09:28 et qui prend de l'ampleur arrivera à se satisfaire de ce genre de promesses
00:09:32 tellement limitées dans le temps qu'on se dit "mais de qui se foutent-ils ?"
00:09:36 Pardonnez-moi, j'en prends l'expression,
00:09:37 mais c'est une journée de tous les dangers demain, je pense,
00:09:41 pour la mobilisation, pour le pouvoir.
00:09:43 Et puis, je rajoute quand même qu'aujourd'hui, normalement,
00:09:45 monsieur le député, nous sommes le 31 janvier
00:09:47 et on devait avoir la conclusion de la négociation
00:09:50 entre la grande distribution et les industriels.
00:09:52 Et là, tout le monde est aux abonnés absents.
00:09:55 Les patrons de la grande distribution se sont comblés dans un silence assourdissant.
00:09:59 Plus personne ne veut le voir, plus personne ne dit "c'est pas moi,
00:10:03 c'est l'autre qui se beurre la tartine".
00:10:06 Donc, on est quand même dans deux journées,
00:10:08 celle d'aujourd'hui et de demain, qui sont, à mon sens, très importantes.
00:10:11 Demain, le 1er février,
00:10:13 il y a aussi les 10 % d'augmentation de l'électricité.
00:10:16 Il y a aussi ça.
00:10:17 Madame Lefloch, un petit mot.
00:10:18 Alors, moi, je vais réagir sur Egalim, les négociations commerciales,
00:10:21 puisque la semaine passée, nous étions en réunion au ministère.
00:10:24 Nous avions d'un côté
00:10:27 l'ensemble des représentants de l'industrie agroalimentaire alignée,
00:10:30 de l'autre côté, l'ensemble des représentants de la distribution
00:10:34 et nous autres syndicats en fond de table.
00:10:36 Aucun de ceux-là n'avait quoi que ce soit à se reprocher.
00:10:41 L'un de dire "nous avons des écarts de coûts de production"
00:10:45 et moi de répondre "vous avez dit ça".
00:10:47 Nous aussi, on a des écarts de coûts de production.
00:10:49 Un autre de dire "nous avons des retards d'investissement".
00:10:52 Nous aussi, nous avons des retards d'investissement.
00:10:55 Et de rajouter, quand il s'agissait de ma prise de parole,
00:10:58 comment se fait-il que vous connaissez les dates de fin de négociation,
00:11:04 que vous n'avez pas pu anticiper et de prévoir l'étape 1,
00:11:08 qui consiste à négocier les prix agriculteurs avec les OPs ?
00:11:13 C'est quand même grave.
00:11:14 Ensuite, comment se fait-il qu'on trouve des côtes de porc
00:11:17 moins chères que des croquettes pour chiens ?
00:11:19 Ce n'est que des aberrations.
00:11:21 Ensuite, comment se fait-il que le coût de production,
00:11:25 même s'il s'appuie sur des fermes de référence
00:11:30 qui ont été choisies il y a une trentaine d'années,
00:11:32 donc des coûts de production plus faibles que ceux d'aujourd'hui,
00:11:36 qu'on peut trouver chez les jeunes quand ils s'installent,
00:11:39 ne soit pris en compte que pour la part de matières premières vendues en France ?
00:11:43 Vous prenez Lactalis, il va vous dire
00:11:46 « Moi, je vends des produits laitiers pour moitié à l'étranger,
00:11:49 donc je n'applique pas Egalim là-dessus. »
00:11:51 Donc on a quand même un vrai souci sur l'application de la loi Egalim.
00:11:56 Et pour finir, Egalim ne peut pas marcher
00:12:01 parce que dans nos produits qui sortent de nos fermes,
00:12:04 vous n'avez que l'équivalent de un tiers de notre production
00:12:07 qui passe par la distribution.
00:12:09 Un tiers va à l'export et un tiers, c'est les autres destinations,
00:12:13 soit la restauration, soit les autres débouchés non alimentaires.
00:12:16 Donc on fait comment ?
00:12:17 On a essayé de régler un tiers du problème
00:12:19 et pour certains, c'est la moitié d'un tiers.
00:12:22 Donc on est loin du compte.
00:12:23 J'entends ce que vous dites.
00:12:23 On a toujours cette image de ce qui se passe à Rungis,
00:12:26 les motards de la brave, casqués, les policiers, les gendarmes
00:12:30 qui font face à la coordination rurale avec chapeau jaune,
00:12:34 casquette jaune, qui sont là de façon pacifique.
00:12:36 Ça se tape dans le dos, on voit qu'il y a une bonne ambiance,
00:12:39 que c'est assez cordial parce que finalement,
00:12:41 ils sont entrés sans provoquer aucun dégât ni aucun trouble.
00:12:45 Le but, c'était de ne pas bloquer Rungis.
00:12:47 C'est ce qu'avaient dit le ministre de l'Intérieur.
00:12:49 La ligne rouge, c'était de ne pas bloquer Rungis.
00:12:50 Là, il ne s'agit pas de bloquer, il s'agit juste...
00:12:52 Voilà, on voit les sourires sur à la fois les visages des policiers
00:12:57 et des agriculteurs et au fond, c'est ce que je redirais tout à l'heure,
00:13:00 mais c'est les mêmes, en fait.
00:13:01 C'est les mêmes hommes, c'est les mêmes conditions de travail,
00:13:05 peut-être aussi difficiles d'un côté ou de l'autre,
00:13:08 aussi peu bien payés avec autant d'heures supplémentaires.
00:13:11 Je crois qu'on ne peut même pas parler d'heures supplémentaires
00:13:13 chez les agriculteurs parce que sinon, mon Dieu, les compteurs exposeraient.
00:13:16 On va tout de suite partir voir Antoine et Steph.
00:13:18 On garde cette image à l'écran, si vous voulez bien en régie.
00:13:22 Là, on est sur l'autoroute A6.
00:13:24 Antoine et Steph avec Laurence et Larié.
00:13:26 Qu'est-ce qui se passe autour de vous ?
00:13:27 Racontez-nous.
00:13:28 Eh bien, une action des agriculteurs en ce moment ici de la FNSA
00:13:33 et des jeunes agriculteurs sur l'autoroute A6.
00:13:35 Vous voyez, ils ont pris, alors volé, je ne sais pas,
00:13:38 peut-être qu'ils vont les rendre après, mais des panneaux Paris.
00:13:40 Alors, je pense qu'ils sont allés les chercher sur le périphérique parisien
00:13:44 cet après-midi et ils les ont mis à l'envers devant les caméras
00:13:47 et évidemment devant les forces de l'ordre qui se trouvent
00:13:50 un petit peu plus loin là-bas.
00:13:51 On est au milieu ici, dans cette zone tampon entre les forces de l'ordre
00:13:54 et les tracteurs, les 200 tracteurs qui sont là-bas.
00:13:56 Tout le monde s'observe depuis hier soir.
00:13:58 Le barrage ne s'est toujours pas levé.
00:14:00 Et là, vous voyez, ils sont en train de terminer cette action.
00:14:02 Alors, on va montrer cette image avec Laurence et Larié sur ces panneaux Paris.
00:14:06 Toute la symbolique de Paris à l'envers, la France à l'envers.
00:14:09 C'est le message que veulent aujourd'hui faire passer les agriculteurs
00:14:12 avec qui nous sommes, qui viennent manifester ici.
00:14:14 Alors, on est loin de Rungis encore pour eux.
00:14:16 On est à 6 kilomètres de Rungis.
00:14:17 On est à 2 kilomètres seulement des pistes de l'aéroport d'Orly.
00:14:21 Mais ils maintiennent ce barrage et ce camp retranché,
00:14:24 on l'appelle comme ça maintenant, qui se trouve un petit peu plus loin,
00:14:26 où ils sont prêts à vivre pendant plusieurs jours.
00:14:28 Certains mènes nous ont dit qu'ils avaient suffisamment de vivre
00:14:31 pour tenir 10 jours.
00:14:32 Alors, imaginez un petit peu la motivation de ces hommes
00:14:34 que vous voyez en ce moment en direct.
00:14:36 Merci beaucoup Antoine et Steph.
00:14:37 Laurent Scellarié, on va garder vos images à l'écran
00:14:40 parce que voilà, c'est ce qui se passe à l'heure où on se parle, 17h13.
00:14:43 On est en direct sur CNews avec cette gronde des paysans
00:14:47 qui a fait tâche d'huile dans toute la France, Karim Zarabi.
00:14:49 Il y a ce face à face.
00:14:50 On voit derrière les panneaux Paris retourné, les blindés.
00:14:55 Il y a les policiers qui font face aux agriculteurs.
00:14:57 Voilà, pour l'instant, rien de grave.
00:15:00 Encore une fois, les policiers sont dans le rôle.
00:15:02 Les agriculteurs manifestent de façon pacifique.
00:15:05 Est-ce qu'il suffirait d'une étincelle pour que ça bascule ou pas ?
00:15:08 Ou est-ce qu'on peut faire confiance aux deux parties en présence
00:15:10 pour que les choses se passent bien ?
00:15:11 Oui, je le crois.
00:15:13 Je crois qu'il n'y a aucune volonté d'affrontement
00:15:15 ni d'un côté ni de l'autre.
00:15:16 Il y a une posture défensive, on le voit, des forces de sécurité
00:15:21 qui ont pour ordre de ne pas laisser sur un certain périmètre
00:15:26 les agriculteurs pénétrés.
00:15:28 Mais on voit que lorsqu'ils sont sur les artères d'autoroute,
00:15:33 on les laisse bloquer la circulation.
00:15:35 Il n'y a pas d'affrontement ni de posture
00:15:40 que des CRS ou des gendarmes mobiles.
00:15:43 Et on entend carrément les klaxons des automobilistes
00:15:46 qui passent dans l'autre sens, qui soutiennent les agriculteurs.
00:15:48 Donc la question que je posais tout à l'heure,
00:15:49 oui, le mouvement est toujours aussi populaire.
00:15:51 Évidemment, il est populaire et il est populaire aussi
00:15:53 du côté des forces de l'ordre,
00:15:55 qui savent ce que vivent les agriculteurs.
00:15:56 Tous les Français savent ce que vivent les agriculteurs.
00:15:58 Tous les Français ont envie de se mettre à la place des agriculteurs.
00:16:01 Des gens qui travaillent 70, 80 heures par semaine,
00:16:03 qui nourrissent la France et qui ne parviennent pas
00:16:06 à boucler les fins de mois, ça paraît inacceptable.
00:16:08 Tous les discours politiques n'ont plus de sens.
00:16:11 La valeur travail, la souveraineté nationale,
00:16:13 tous ces grands discours ne sont que des mots.
00:16:15 Maintenant, il faut passer aux actes.
00:16:16 Et les actes, c'est les soutenir réellement,
00:16:18 répondre à leurs problématiques.
00:16:19 Alors, on en a évoqué un certain nombre.
00:16:21 Le rapport producteur-distributeur, le prix du gazoil.
00:16:25 On a évoqué effectivement les traités de libre-échange.
00:16:28 Mais il en est une qu'il faut aborder.
00:16:29 C'est la concurrence déloyale au sein de l'Union européenne.
00:16:32 Parce que celle-là, on ne l'aborde jamais.
00:16:34 Moi, je suis très agacé à chaque fois
00:16:37 qu'on pose des normes sociales et environnementales
00:16:39 à nos agriculteurs qui ne sont pas imposées
00:16:41 à nos voisins européens.
00:16:43 Et là, ça ne peut pas fonctionner, cette affaire-là.
00:16:45 On ne peut pas leur dire
00:16:46 "il faut que vous soyez vertueux sur le plan écologique,
00:16:48 que vous soyez vertueux sur le plan social".
00:16:50 Et puis, nous avons les Espagnols qui ne le sont pas,
00:16:52 les Polonais qui ne le sont pas.
00:16:53 Il y a un problème là.
00:16:55 De quelle Union européenne on est en train de faire ?
00:16:57 On abandonne nos agriculteurs au sein de l'Union européenne,
00:17:00 disons-le clairement.
00:17:01 - Geoffroy Lejeune, un petit mot,
00:17:02 on ne vous a pas entendu depuis le début de l'émission.
00:17:04 Il y a ces images très symboliques, face à face,
00:17:06 silencieux, paisible.
00:17:09 - Souriant ?
00:17:09 - Souriant.
00:17:10 - C'est quand la dernière fois que vous avez vu, Laurence,
00:17:17 des manifestants sourire à des policiers et vice-versa ?
00:17:20 - Ce n'est pas à Sainte-Soline, ce n'est pas en juillet dernier.
00:17:23 - Ce n'est pas en juillet, ce n'est pas à Sainte-Soline,
00:17:25 ça n'arrive quasiment jamais.
00:17:26 Peut-être que le début, c'est l'espèce de fraternisation
00:17:28 entre gendarmes et gilets jaunes sur les ronds-points
00:17:29 au tout début du mouvement des gilets jaunes.
00:17:31 Et ensuite, on a eu des affrontements à Paris,
00:17:33 mais c'était une autre histoire.
00:17:35 Moi, je trouve ça, déjà, je trouve ça magnifique.
00:17:37 Et ensuite, je trouve ça suffisamment hallucinant
00:17:39 pour qu'on le dise.
00:17:41 Et puis, vous avez raison de souligner également
00:17:42 les gens qui, même s'ils sont bloqués par les barrages
00:17:46 ou par les ralentissements, klaxonnent leur soutien.
00:17:48 C'est-à-dire qu'il se passe quelque chose en France
00:17:50 d'absolument incroyable en ce moment à ce sujet-là.
00:17:52 La question, c'est contre qui ?
00:17:53 Parce que ça reste un mouvement de protestation
00:17:55 et ça reste un mouvement de colère.
00:17:56 Contre qui s'exerce cette colère ?
00:17:57 Si elle ne s'exerce pas contre le système globalement,
00:17:59 la police, les gens, etc.
00:18:02 En réalité, tous les gens qui communient en ce moment,
00:18:04 c'est-à-dire les Français témoins,
00:18:06 les agriculteurs qui communient en ce moment
00:18:08 contre, je pense, 40 ans de décision politique
00:18:11 qui nous ont conduit à cette situation.
00:18:13 Donc, ce n'est même pas Macron le sujet,
00:18:14 c'est vraiment tous ceux qui ont décidé, encouragé, etc.
00:18:19 Et aujourd'hui, ça va se symboliser demain en Europe.
00:18:21 Et je suis assez stupéfait par,
00:18:23 on dit souvent le bon sens paysan, c'est une expression connue,
00:18:26 mais c'est plus que du bon sens.
00:18:27 En fait, c'est le sens politique.
00:18:28 J'entends déjà aujourd'hui des agriculteurs dans les médias
00:18:31 ou quand ils sont interrogés sur la route nous expliquer
00:18:34 pourquoi ils ne sont pas dupes de la dénonciation
00:18:36 du Mercosur par la France.
00:18:38 En disant, ils ont raison,
00:18:39 en disant qu'ils n'ont pas découvert aujourd'hui
00:18:41 que le Mercosur allait être signé.
00:18:42 Et par ailleurs, ils ont signé d'autres traités avant
00:18:44 qui ont déjà désavantagé les agriculteurs, premièrement.
00:18:48 Et deuxièmement, les promesses.
00:18:49 Souvenez-vous, vendredi dernier, quand Gabriel Attal
00:18:51 était en Occitanie pour nous expliquer
00:18:53 petite batterie de mesure, la fin de l'augmentation du GMR,
00:18:56 le Mercosur, il l'annonce déjà et quelques autres choses.
00:18:59 À ce moment-là, les médias, les commentateurs,
00:19:02 dans un seul élan, ont expliqué qu'il avait été exceptionnel
00:19:04 et que la crise était probablement finie.
00:19:06 Et le mouvement a continué exactement de la même manière,
00:19:09 avec la même détermination, dans le même calme d'ailleurs,
00:19:13 parce que tout simplement, on est en train de parler
00:19:14 de quelque chose qui vient de très, très, très, très loin.
00:19:16 Donc, je pense que demain, c'est crucial parce que le projecteur
00:19:19 va être braqué vers l'endroit qui est probablement le symbole
00:19:22 de tous leurs problèmes, de tous nos problèmes
00:19:24 et qu'il ne suffira pas juste d'une annonce pour que ça s'arrête.
00:19:28 – On retourne en direct à Rungis, avec cette image que l'on a à l'écran.
00:19:32 Miquel de Santos, Thibault Marchuto, vous êtes sur place.
00:19:34 Qu'est-ce qui se passe là ? Ça ne bouge pas ?
00:19:39 La manifestation reste statique ?
00:19:41 – Oui, Laurence, la situation est figée pour le moment.
00:19:47 Les forces de l'ordre ont nassé les manifestants de coordination rurale
00:19:52 qui ont tenté de pénétrer sur l'un des sites de Rungis.
00:19:57 Pour le moment, on discute, les forces de l'ordre observent la situation
00:20:03 et quelques membres de la coordination rurale ont pu quitter cette nasse
00:20:07 pour aller échanger avec le responsable du site
00:20:11 dans lequel ils ont tenté de pénétrer.
00:20:14 Pour le moment, on nous explique que le but de cette opération,
00:20:17 de cette opération coup de poing mais sans coup de poing,
00:20:19 c'était évidemment de montrer qu'ils étaient capables de pénétrer ce marché de Rungis.
00:20:27 Ils ont dit "on va à Rungis", on a pu le montrer, on est à Rungis,
00:20:30 on a pénétré le marché de Rungis, mais bien évidemment,
00:20:35 on nous précise aussi qu'on ne voulait pas de violence,
00:20:37 qu'on ne voulait pas de casse et absolument pas d'affrontement
00:20:40 avec les forces de l'ordre et donc on se félicite effectivement
00:20:43 que cette opération ait été une réussite.
00:20:47 On s'interroge également en ce moment de savoir où sont certains membres
00:20:50 puisqu'il y a des absents, alors est-ce qu'ils ont été interpellés
00:20:54 ou est-ce qu'ils sont en train de discuter eux aussi avec le président
00:20:58 ou en tout cas le responsable de ce site ?
00:20:59 Pour le moment, nous n'avons pas la réponse
00:21:01 mais on va tenter d'en savoir un peu plus.
00:21:03 Merci, Michael Dos Santos, Thibault Marcheteau, je vous rassure,
00:21:05 alors Verène Gnauflocq n'a pas été interpellée,
00:21:07 elle est là sur le plateau de Pönchal,
00:21:09 vous savez où ils sont, vos membres ?
00:21:11 Alors, ce matin ou ce midi, il en manquait quelques-uns
00:21:15 qui étaient en garde à vue, qui avaient été mis,
00:21:18 je ne dirais pas nus, mais presque nus, déshabillés.
00:21:21 En garde à vue ?
00:21:22 Je n'ai pas l'information, mais les tracteurs auraient été envoyés en fourrière,
00:21:29 donc quand on nous dit de les déplacer,
00:21:31 si on est mis dans un fourgon, on ne peut pas les déplacer.
00:21:34 Donc j'espère que ça va bien finir.
00:21:37 J'ai moi-même, avec le secrétaire général, dû intervenir
00:21:40 auprès du directeur de cabinet de Gérald Darmanin,
00:21:43 avec qui hier, déjà toute la journée, il a fallu négocier,
00:21:46 parce que dès le départ...
00:21:48 On vous a bloquées.
00:21:49 On nous a bloquées.
00:21:50 Et...
00:21:51 Le convoi est parti d'Agen, je vous rappelle.
00:21:53 Agen, Limoges, nous avons dû négocier pour la suite,
00:21:57 et on savait qu'on nous emmenait dans une souricière,
00:22:02 parce que le 47 anticipe toujours,
00:22:04 donc ils ont joué un peu stratégique.
00:22:07 Ils ont pu avancer davantage, il a fallu encore négocier,
00:22:11 et franchement, on ne comprend pas cette différence de traitement
00:22:14 où nous autres, les bonnes et jaunes,
00:22:17 ne pouvons pas avancer autant que les autres.
00:22:19 Vous avez raison Véronique Lefloch.
00:22:20 On s'interrompt juste pour passer la parole à l'une de vos membres,
00:22:23 c'est Karine Duc qui est à côté de Mikaël Dos Sandos.
00:22:25 Allez-y Mikaël, vous avez l'antenne.
00:22:27 Oui, je suis avec Karine Duc, viticultrice,
00:22:33 co-présidente de la coordination rurale 47.
00:22:36 Merci d'être avec nous en direct sur CNews.
00:22:38 Expliquez-nous un peu quel était le but de cette opération.
00:22:42 On avait demandé d'être reçus à Rungis,
00:22:46 on avait dit qu'on venait à Rungis.
00:22:47 Nous sommes des producteurs, nous sommes des agriculteurs
00:22:49 qui avons nos productions à l'intérieur de ces bâtiments.
00:22:51 Écoutez, on est venus pour voir,
00:22:54 comme tout agriculteur qui en a la possibilité
00:22:56 de venir voir ses produits et de visiter Rungis,
00:23:00 364 jours de l'année, on a la possibilité de le faire.
00:23:03 Je ne vois pas pourquoi aujourd'hui, on ne pourrait pas le faire.
00:23:06 On a un petit groupe de jeunes agriculteurs
00:23:08 qui sont intéressés de savoir ce qu'il est fait de leur production
00:23:14 et surtout, au travers de ces productions,
00:23:17 ce que leur réserve leur avenir.
00:23:20 Et donc, écoutez, on est là symboliquement déjà.
00:23:24 On est là pour essayer de porter les convictions
00:23:27 et les revendications que l'on a au plus haut sommet de l'État.
00:23:32 On l'a fait ce midi, nous étions reçus par le Premier ministre à Matignon.
00:23:36 Nous sommes ici maintenant pour essayer d'aboutir réellement à des solutions.
00:23:41 - Est-ce que vous avez été satisfait de cette rencontre avec le Premier ministre ?
00:23:44 - Je ne serai satisfaite que lorsque nous aurons des annonces.
00:23:48 Là, de le voir, j'ai envie de dire, écoutez, il a entendu.
00:23:53 Maintenant, il a toutes les cartes entre les mains.
00:23:55 Maintenant, à lui de faire des annonces.
00:23:57 On est là pour avoir des annonces.
00:23:58 Je ne veux pas ramener nos agriculteurs qui sont dans la nasse,
00:24:03 dans une détresse énorme.
00:24:06 Vous ne pouvez même pas vous imaginer la détresse de ces gens.
00:24:08 Je ne veux pas les ramener sur leur ferme sans avoir des réponses positives.
00:24:12 Ils en ont besoin.
00:24:13 - Quelle est la suite des opérations ?
00:24:16 - Je n'en sais rien. Nous verrons bien.
00:24:19 - Est-ce que vous avez des nouvelles de certains de vos camarades ?
00:24:22 Pour l'instant, on dit qu'ils sont absents ici de la nasse.
00:24:25 Est-ce que vous savez où ils sont, où ils se trouvent ?
00:24:27 - Ils se trouvent, ne vous inquiétez pas pour eux, ils se gèrent très, très bien.
00:24:31 Ils avancent tranquillement. Tout va bien pour eux.
00:24:34 - Ceux qui ont pénétré dans l'enceinte, est-ce qu'ils échangent ?
00:24:37 - Ils étaient juste à l'entrée.
00:24:39 On attend maintenant que le directeur nous accueille.
00:24:43 Il nous a promis une visite d'Eurangis avec quelques hommes de jeunes producteurs,
00:24:48 très jeunes producteurs qui sont avec moi.
00:24:51 Voilà, on attend.
00:24:51 - Pas d'interpellation ?
00:24:52 - Il n'y a pas d'interpellation, mais on est très, très lourdement gardés.
00:24:56 On est quelques producteurs avec les mains dans les poches.
00:24:59 Et il y a cinq fois plus de CRS autour de nous que nous sommes.
00:25:05 Nous attendons simplement que le directeur maintenant tienne son engagement.
00:25:08 Il est sorti, il nous a salué, il nous a dit qu'il allait nous recevoir, qu'il le fasse.
00:25:13 En attendant, je vois que le cortège de CRS s'étoffe.
00:25:16 J'espère qu'on ne sera pas pris dans la souricière comme nous l'avons été hier.
00:25:20 - Merci beaucoup, Karine Duc, qui était avec nous en direct sur CNews et qui nous a expliqué,
00:25:25 vous l'avez compris, le but de cette opération ici à Eurangis.
00:25:28 Merci, Mickaël De Santo, Stibault Marchotto.
00:25:30 On viendra vous voir.
00:25:31 Sacré tempérament, Karine Duc, madame Lefloque.
00:25:34 Les femmes sont en première ligne sur ce conflit, ce combat.
00:25:38 - On a à côté du 47 une autre équipe qui est arrivée de Bourgogne-Franche-Comté.
00:25:46 Ce sont ceux-là qui ont été interpellés.
00:25:49 J'espère relâcher maintenant.
00:25:51 Ça veut bien dire qu'à la coordination rurale, nous sommes des vrais entrepreneurs.
00:25:55 On entreprend et on montre.
00:25:56 Et là, ce signe-là, c'est un signe d'aller chercher cette transparence, cette traçabilité.
00:26:02 Donc l'opération pour nous, c'est une opération réussie.
00:26:05 Et ça, de le refermer, c'est justement de ne se couper de cette traçabilité.
00:26:11 - Traçabilité, oui.
00:26:12 Baissons le mot, ancien député.
00:26:13 - Non, mais ce qu'il faut maintenant, c'est leur répondre.
00:26:15 Ce qu'ils attendent, c'est des réponses qu'on vient de voir à l'instant.
00:26:18 C'est une réponse.
00:26:19 Mais la réponse, elle est claire.
00:26:20 - Mais il n'y en a pas de réponse.
00:26:21 - Non, mais la réponse, elle est claire.
00:26:22 Ce qu'ils attendent, moi, j'étais avec eux sur le blocage de Dourdan, sur la 10, hier
00:26:26 matin.
00:26:27 Je passais le matiné avec eux.
00:26:28 Et leur demande, elle est assez claire.
00:26:30 Ils disent des choses assez simples.
00:26:32 Ils disent un moratoire sur toutes nos normes, toutes nos réglementations.
00:26:37 Que ce que l'on impose en France revienne au niveau européen.
00:26:41 Que nous soyons tous égaux.
00:26:42 Le problème, c'est l'inégalité entre les pays.
00:26:45 Donc la première des choses à faire, et là, je m'adresse à tous les candidats aux européennes,
00:26:49 peu importe le parti, y compris les écolos, de se dire, on redescend.
00:26:53 Soyons tous égaux dans l'Union européenne.
00:26:55 La première des choses, c'est celle-ci.
00:26:57 C'est le moratoire.
00:26:58 - Mais qui est au pouvoir depuis 7 ans ? Excusez-moi, Monsieur, le député ancien député.
00:27:01 - On est au pouvoir, mais on parle de l'Europe également.
00:27:02 - Ce ne sont pas les écolos, a priori, en France.
00:27:04 - Aujourd'hui, le président Macron n'est pas président de l'Europe.
00:27:06 - Non, mais ça fait deux fois qu'on a des annonces de Gabriel Attal et on est en train
00:27:10 encore de se dire qu'on attend des annonces.
00:27:11 On va attendre combien de temps, en fait ?
00:27:13 - On a une législation française qui va au-delà des normes européennes.
00:27:21 - Et ça, c'est des décisions françaises.
00:27:22 - La place, c'est une décision française.
00:27:24 - Je suis le premier à porter ça.
00:27:25 Vous savez, quand il a fallu, à un moment donné, sur les néonicotinoïdes, vous vous
00:27:28 rappelez, cet insecticide, le cure d'abeilles, etc., qui détruisait le sucre.
00:27:32 Le seul qui l'a porté, le seul qui a levé le bras pour porter cette loi, c'est moi.
00:27:36 C'est moi qui les ai introduits pendant trois ans.
00:27:39 Donc, on peut le faire lorsqu'on voulait à l'encontre de certains, de leur expliquer
00:27:42 par A + B que ça fonctionne.
00:27:44 On peut le faire.
00:27:45 Donc, on doit continuer de le faire.
00:27:46 Moi, j'appelle le gouvernement aujourd'hui et le ministre de l'Agriculture à revoir
00:27:50 toutes ces normes, à revenir au niveau européen et à travailler sur des vraies clauses miroirs,
00:27:55 des clauses miroirs qui vous empêchent d'importer des produits qui ne sont pas, qui ne respectent
00:28:00 pas les normes européennes.
00:28:01 - Vous savez, je crois qu'on est tous d'accord sur le constat.
00:28:02 Et vous le faites, et vous le tournez.
00:28:04 Mais maintenant, quand est-ce qu'on agit ?
00:28:05 Enfin, Anne-Fécile, Suzanne, quand est-ce qu'on agit ?
00:28:08 Quand est-ce qu'ils agissent ?
00:28:09 - Exactement.
00:28:10 Et je pense que dans ces sujets-là, qui sont à la fois français et européens, le risque,
00:28:13 c'est de toujours dire que c'est la faute de l'autre.
00:28:15 Dans les faits, je vous prends un exemple sur les clauses miroirs que vous citiez, il
00:28:18 n'y a pas beaucoup de clauses miroirs dans les traités de libre-échange.
00:28:21 On en a une, par chance, qui est notamment de ne pas importer de la viande dont les animaux
00:28:27 ont été ingressés aux antibiotiques.
00:28:28 Super ! Ça, c'est autorisé au niveau européen.
00:28:30 Il y a même un décret qui est pris au niveau français sur le sujet.
00:28:33 Mais en fait, ça n'a jamais été appliqué.
00:28:34 Pourquoi ? Parce que la circulaire, elle n'est jamais sortie.
00:28:36 Donc l'administration française, aux frontières françaises, ne met pas en place cette…
00:28:40 - Donc on mange de la viande importée, qui était élevée aux antibiotiques.
00:28:44 - Qui est élevée aux antibiotiques et aux farines animales.
00:28:45 Parce que là, il n'y a même pas de clauses miroirs là-dessus.
00:28:47 Il y a des cultures traitées à la trazine, il n'y a pas de problème, il n'y a pas
00:28:52 de clauses miroirs.
00:28:53 Je veux dire, on a quand même un sujet de cohérence.
00:28:55 Donc à la fois, effectivement, porté au niveau européen le sujet des clauses miroirs,
00:28:59 mais en fait, au niveau français, attention, on a quand même une énorme responsabilité
00:29:02 qui est de mettre en œuvre.
00:29:03 Et aujourd'hui, le gouvernement, depuis des années, ne l'a jamais fait.
00:29:06 - Et on est en 2024, on ne découvre pas ce sujet-là.
00:29:09 Je voudrais juste vous dire un mot de votre parcours, Anne-Cécile, Suzanne, vous avez
00:29:12 ce beau livre "Les Sillons que l'on trace".
00:29:14 Vous êtes devenue agricultrice à cause de la vie, du décès de votre père ? Vous
00:29:20 n'étiez pas destinée à cela, en réalité ?
00:29:22 - Non, pas du tout.
00:29:23 J'étais à Sciences Po, j'étais partie à Boston, et effectivement, je suis revenue
00:29:27 sur l'exploitation, donc au moment de la maladie de mon père, parce que quand on est
00:29:31 agriculteur, on n'a pas le droit d'être malade, les animaux, il faut continuer à
00:29:33 les nourrir.
00:29:34 Donc je suis devenue par défaut agricultrice.
00:29:35 Et progressivement, ça a pris un an ou deux, mais je me suis vraiment prise de passion
00:29:40 pour ce métier-là.
00:29:41 Et quand mon père est décédé, assez naturellement, j'ai repris l'exploitation.
00:29:44 Mais en parallèle, je m'investis sur Paris pour travailler filière avec l'industrie
00:29:50 agroalimentaire, avec la distribution.
00:29:52 Parce que pour moi, il ne s'agit pas d'opposer tout le monde, les uns avec les autres, c'est
00:29:55 trop facile.
00:29:56 Il faut travailler ensemble, et il y a moyen de le faire.
00:29:57 - Et vous gagnez votre vie sur l'exploitation familiale ou pas ?
00:30:00 - Très peu.
00:30:01 Parce que moi, je suis aussi sur Paris.
00:30:03 Mais néanmoins, je peux financer quand même deux salaires sur l'exploitation en ayant
00:30:07 des personnes qui travaillent dessus.
00:30:09 - C'est vrai sujet, la Véronique Lefloque, vivre de son travail dans les exploitations.
00:30:15 - Surtout quand on est jeune et quand on a des charges comme nous avons en tant qu'agriculteur.
00:30:21 Lorsque nous avons étudié les retraites, nous avons regardé plusieurs appels de cotisations
00:30:27 pour la mutualité sociale agricole, donc nos charges sociales.
00:30:30 Et quand vous voyez que pour un revenu social de 20 000 euros, vous avez 8 500 euros de
00:30:35 charges sociales.
00:30:36 Après, s'il faut rajouter de la CSG sur les revenus fonciers plus les taxes foncières,
00:30:42 qui sont des charges privées, bien évidemment, à l'agriculteur, il ne reste pas grand-chose.
00:30:47 - Il y a une récente étude du cabinet de Nicolas Bouzou à Steres qui disséquait un
00:30:53 peu le revenu des agriculteurs.
00:30:54 Moi, j'ai été effaré.
00:30:55 Il y a 34% de ce que perçoit en revenu un agriculteur provient réellement de sa ferme
00:31:01 ou de son exploitation.
00:31:02 Le reste sont des jobs à côté de la personne qui travaille ou est de son compagnon ou de
00:31:09 la personne qui vit avec lui.
00:31:11 34% seulement.
00:31:13 Et une partie de la paysannerie française est considérée comme très pauvre.
00:31:19 Donc, je veux dire, ce ne sont pas des mots.
00:31:22 C'est-à-dire qu'il y a des gens, enfin, moi j'appelle ça du courage, pardonnez-moi,
00:31:26 il n'y a pas beaucoup de gens qui pourraient le faire.
00:31:27 Si, je veux dire, travailler quatre jours dans l'exploitation puis le restant du temps
00:31:30 avoir un job à Paris comme vous l'avez, ce n'est pas courant.
00:31:33 Mais voilà, il faut quand même dire les choses.
00:31:35 Alors, peut-être que les consommateurs aussi ont leurs responsabilités.
00:31:38 - Oui, ils ont leurs responsabilités.
00:31:40 On a un sondage qui est intéressant, Eric.
00:31:42 Entre ces deux critères, on l'a posé la question à nos téléspectateurs, entre ces
00:31:46 deux critères, quel est le plus important pour vous quand vous faites vos courses alimentaires ?
00:31:48 - 51% des personnes interrogées répondent l'origine des produits, mais 41% le prix
00:31:53 des produits, évidemment.
00:31:54 Et on est toujours face à ça.
00:31:56 Évidemment, on voudrait consommer français, mais il y a des gens qui n'ont pas le choix
00:31:59 des fois, et sur une différence de prix, qui choisissent le moins cher.
00:32:03 On revient sur les images en direct, s'il vous plaît.
00:32:05 Karim Zérébi, on a ces policiers et ces jeunes agriculteurs de la coordination orale
00:32:11 qui sont là dans un face-à-face calme.
00:32:13 Mais bon, chacun est sur ses positions.
00:32:16 Chacun est sur ses positions parce que chacun a d'un côté les objectifs d'agriculteurs,
00:32:22 c'est effectivement d'aborder la question à Rungis, qui est le plus grand marché de
00:32:27 frais du monde, il faut quand même le rappeler.
00:32:29 Tous les jours, c'est 18 millions de personnes qui sont nourries par ce marché-là.
00:32:34 Et donc les agriculteurs ont envie d'être au cœur, j'ai envie de dire, de ce qui fait
00:32:39 aussi le business entre les producteurs et les distributeurs.
00:32:43 Et donc, M. Layani, qui est le directeur général de Rungis, qui a un souhait de pouvoir discuter
00:32:48 avec lui aussi, et c'est bien naturel.
00:32:50 D'autre côté, les forces de l'ordre ont une posture défensive, donc sont là, il
00:32:53 n'est pas question de charger, ils ne sont pas dans une approche d'affrontement, pas
00:32:58 du tout.
00:32:59 Regardez, il y a des discussions, on les voit échanger, il y a une étape sur l'épaule,
00:33:02 tout à l'heure on le voyait aussi.
00:33:03 Donc c'est plutôt quand même confraternel, je veux dire, moi je vais jusque là, parce
00:33:07 que les uns comprennent les autres.
00:33:09 En l'occurrence, les agriculteurs comprennent que les fonctionnaires de police font leur
00:33:13 métier, donc ils sont là, ils sont statiques.
00:33:15 Et puis d'autre côté, les fonctionnaires de police sont des Français, comme les autres,
00:33:19 et se disent que les agriculteurs sont dans leur droit, dans le cadre de leur colère,
00:33:24 de leur détresse, il faut le dire quand même, parce qu'on parlait des chiffres.
00:33:27 Moi je regardais quand même, vous avez 20% d'agriculteurs qui vivent en dessous du chèque
00:33:30 de pauvreté en France.
00:33:32 20% ! Vous avez 52% qui vivent avec 20 000 euros par an ! Je ne sais pas si vous vous
00:33:37 rendez compte, donc c'est même pas 2 000 euros par mois, 52% ! Et au cours des 30 dernières
00:33:43 années, c'est 40% de perte de revenus, donc pour les agriculteurs.
00:33:47 Alors c'est bien beau les discours de politique générale devant les parlementaires pour
00:33:50 le Premier ministre, mais là il y a un cas d'école.
00:33:52 Il y a une catégorie de Français qui se lèvent le matin, qui travaillent dur, et
00:33:57 qui ont envie effectivement de voir sa valeur travail récompensée.
00:34:00 Allons-y monsieur le Premier ministre, mettez en pratique l'incantation politique qui peut
00:34:05 être partagée par de grands membres de Français.
00:34:07 On part sur l'autoroute 1, on garde cette image s'il vous plaît à l'écran parce
00:34:10 qu'elle est importante.
00:34:11 Ça se passe à Rungis, on est en direct, il est 17h33 sur CNews.
00:34:14 Sur la 1, on rejoint Maxime Legay et Jean-Laurent Constantini.
00:34:17 Quelle est la situation sur place ? Qu'est-ce qui se passe autour de vous ? Pareil, on
00:34:22 assiste à un face-à-face entre agriculteurs et forces de l'ordre.
00:34:24 Oui bonsoir Laurence, effectivement nous sommes sur la 1.
00:34:31 Pour vous donner un ordre d'idée, nous sommes à une vingtaine de kilomètres de Paris à
00:34:34 peu près.
00:34:35 Alors ici la situation est figée depuis ce matin puisque comme vous pouvez le voir sur
00:34:39 ces images assez impressionnantes, des blindés de la gendarmerie font face au tracteur des
00:34:44 agriculteurs, leur barrant la route.
00:34:47 Alors ici une ligne rouge a été tracée symboliquement pour délimiter l'espace entre
00:34:52 les deux parties.
00:34:53 Toutefois l'ambiance entre les agriculteurs et les forces de l'ordre est plutôt bonne
00:34:58 enfant.
00:34:59 Ici on discute, on échange, on plaisante même.
00:35:02 Des agriculteurs en revanche n'ont pas du tout été convaincus par les annonces de
00:35:06 Gabriel Attal hier, s'agissant par exemple de la stricte application de la loi Egalim.
00:35:11 Ici on ironise et on rétorque qu'il est tout de même assez cocasse que la simple
00:35:15 application d'une législation qui est déjà en vigueur constitue en elle-même une annonce.
00:35:20 Et puis indépendamment du volet national, ici l'ensemble ou presque des doléances
00:35:24 mènent à Bruxelles.
00:35:25 C'est au niveau européen que les lignes doivent bouger, c'est ce qu'on répète ici
00:35:29 inlassablement.
00:35:30 Alors Bruno Le Maire l'a dit, la France va engager un bras de fer avec l'Union Européenne
00:35:34 s'agissant de la ratification du traité de Mercosur en l'état.
00:35:37 Ici les agriculteurs répondent au ministre, sortir les muscles avant un bras de fer c'est
00:35:42 bien, le gagner c'est mieux.
00:35:43 Merci beaucoup.
00:35:44 C'est mieux de gagner les bras de fer.
00:35:48 Jean-Christophe Coupy nous a rejoint à Montréal, Christophe Secrétaire National UNITES-GP.
00:35:51 Quand vous voyez cette image de Rungis, vos collègues d'un côté, les agriculteurs
00:35:56 de l'autre, vous vous dites quoi ?
00:35:58 On se dit que déjà ça se passe bien, ça discute, il y a de la communication, on voit
00:36:02 bien que les uns et les autres connaissent les problèmes des uns et des autres aussi,
00:36:06 c'est-à-dire que la police est là pour faire son travail, on peut avoir de l'empathie
00:36:09 mais n'empêche qu'il faut aussi qu'on fasse notre job et on est payé pour ça,
00:36:12 on s'est engagé aussi pour ça, pour respecter les lois de la République.
00:36:14 Et de l'autre côté, on a conscience aussi nous qu'il y a des citoyens qui souffrent
00:36:20 et on a tous, moi le premier, j'ai la famille agricultrice, mes grands-parents étaient
00:36:25 agriculteurs, donc je sais ce que c'est et mes collègues en grande partie viennent
00:36:29 aussi de milieux ruraux, ils savent aussi ce que c'est et donc c'est pour ça que
00:36:32 voilà, ça nous fond un peu le cœur.
00:36:34 Et ce ne sont pas des délinquants que vous avez en face de vous, c'est ça qu'il
00:36:38 faut le dire aussi.
00:36:39 On le dit et c'est pour ça d'ailleurs qu'on nous a demandé du discernement, c'est
00:36:42 pour ça qu'il y a du discernement, on sait faire la part des choses aussi et en fait
00:36:45 c'est une graduation, c'est-à-dire que comme on dit souvent, mais c'est vrai,
00:36:49 le maintien de l'ordre c'est une acceptation d'un certain désordre, il faut laisser
00:36:52 la colère s'exprimer tant que c'est dans les règles, tant qu'il n'y a pas de violence,
00:36:55 de destruction, etc. et puis à un moment donné, c'est le politique qui a le curseur
00:37:00 et en fonction aussi de l'opinion publique de ce qui se passe, décide à un moment donné
00:37:03 de prendre le sifflet d'arbitre et de dire "bon stop, là on arrête, etc."
00:37:07 Détrompez-moi si je ne dis pas l'exacte vérité, mais il n'y a pas eu d'acte
00:37:11 de violence envers les Fontelon, il me semble que j'ai vu un commissariat se faire arroser
00:37:15 de lisier, bon copieusement, je ne sais plus, je ne sais pas si on a l'image, je ne suis
00:37:19 pas sûre, mais bon.
00:37:20 Je crois que c'est aguerré, alors ça s'est bien passé, les collègues sont sortis,
00:37:24 il y a eu justement un délai, ils ont demandé gentiment au policier de sortir et ils ont
00:37:27 mis un peu de lisier.
00:37:28 En revanche, tout a été nettoyé et il est parti quelques agriculteurs, parce qu'encore
00:37:32 une fois, vous faire aussi la différence avec les agriculteurs et quelques agriculteurs,
00:37:35 un peu remontés, sont revenus remettre du lisier et là on a dit "ça va, une fois,
00:37:39 c'est bon, deux fois, bonjour les les gars."
00:37:41 Donc là on a dit non et du coup ça s'est bloqué comme ça, parce que toute blague
00:37:47 est bien quand elle est courte.
00:37:48 Véronique Lefloque, qu'est-ce qui se passe là à Rungis ? Qu'est-ce qu'ils essayent
00:37:51 de faire les gars de chez vous et les filles de chez vous ?
00:37:53 Alors déjà, je vais répondre si je peux.
00:37:55 On n'est pas délinquants et en plus, aujourd'hui, on n'est plus avec ce qui était fait par
00:38:01 le passé.
00:38:02 Il n'y a pas de débordement, franchement, on est raisonnable.
00:38:07 Pourquoi ça ? Qu'est-ce qui a changé ? Parce que vous avez vu ce qui s'est passé
00:38:11 avec les Gilets jaunes, vous ne voulez pas qu'on vous compare avec eux ?
00:38:13 Non, et même, même, c'était par le passé, les techniques utilisées par les agriculteurs
00:38:16 par le passé, ça n'a plus rien à voir.
00:38:19 Aujourd'hui, on est conscient et on n'a pas envie d'atteindre les biens des autres,
00:38:25 ni que nos biens à nous soient atteints, parce que quand vous avez un tracteur qui vaut le
00:38:29 prix d'une maison, que parfois et très souvent, de plus en plus, il ne vous appartient même
00:38:34 pas, il est en location, donc vous savez que vous êtes obligés d'en faire attention.
00:38:39 Donc là, ce qui se passe, c'est le rendez-vous qui a été demandé au directeur général
00:38:44 de Rungis.
00:38:45 La volonté d'être entendu, d'échanger avec lui, de voir un peu ce qui rentre et
00:38:54 toute cette part de business qui résulte du fruit du travail des agriculteurs.
00:39:00 Mais on est d'accord, ce n'est pas à Rungis qu'on vous maltraite, je dirais, dans le
00:39:04 sens où vos produits sont sous dévalué, ce n'est pas là, c'est ailleurs, c'est
00:39:10 les intermédiaires en réalité.
00:39:11 Oui, très bien, mais là, d'arriver à Rungis, c'est-à-dire qu'on est entrepreneur,
00:39:16 on est capable d'y aller et quand on a une idée en tête, on y va.
00:39:19 Nous, à la coordination rurale, on s'installe parce que c'est un métier de long terme
00:39:24 et on veut aller jusqu'au bout.
00:39:25 Et c'est ça qu'on veut dire, c'est symbolique.
00:39:28 Quand vous avez les agriculteurs du Lot-et-Garonne, qui pour nous, à la coordination rurale,
00:39:32 est un exemple et qu'on veut les mettre en valeur aussi parce que c'est grâce à
00:39:37 eux qu'on est tiré, c'est grâce à eux qu'aujourd'hui, beaucoup d'agriculteurs
00:39:41 sur le territoire français sont sortis des non-syndiqués et qui sont venus nous rejoindre
00:39:46 et qui nous disent "vous avez raison, on est trop longtemps restés comme des moutons
00:39:51 dans nos fermes parce qu'on nous a dit "vous n'occupez de rien, on s'occupe de tout".
00:39:55 Mais voilà où ça mène quand d'autres s'occupent de nous et que c'est toujours
00:39:59 les mêmes qui s'occupent de tout.
00:40:00 À Rungis, les produits français sont mis en concurrence avec les produits que j'évoquais
00:40:05 tout à l'heure européens qui ne sont pas sur les mêmes normes sociales et environnementales.
00:40:08 Donc il y a une forme de concurrence qui est totalement déloyale pour nos agriculteurs.
00:40:11 Ils ont peut-être aussi envie de dire au directeur général de Rungis et à tous les
00:40:15 opérateurs "écoutez, on ne part pas sur la même ligne de départ avec les Espagnols,
00:40:20 avec le poulet polonais, avec les fruits et légumes de nos voisins.
00:40:23 Prenez-nous en considération, comment pouvons-nous faire pour être dans la compétition ? "
00:40:28 Parce que là, effectivement, on part avec du retard quand on est agriculteur français
00:40:32 et c'est difficilement acceptable quand on a le plus grand marché de frais du monde
00:40:36 qui est dans la capitale de son propre pays.
00:40:38 Et on peut les comprendre qu'ils ne l'acceptent pas.
00:40:41 - Monsieur le député, l'ancien député, pardon.
00:40:43 - Le symbole est très fort.
00:40:44 Quand vous allez faire vos courses, vous allez dans un hypermarché, vous achetez des haricots
00:40:48 verts, ils viennent du Kenya.
00:40:49 Vous achetez un chou, il vient de Pologne.
00:40:51 Vous achetez, quand c'est la saison, des cerises, elles viennent de Turquie.
00:40:55 Et ils sont tous, ces trois produits-là, ils sont tous arrosés d'insecticides, de
00:41:00 pesticides, de produits que nous utilisions à l'époque et qui sont maintenant interdits
00:41:05 en France, voire interdits en Europe et qu'on continue d'importer.
00:41:09 Donc le symbole, là, aujourd'hui des agriculteurs, il est extrêmement fort.
00:41:12 Mais pour autant, est-ce qu'on doit se bloquer, fermer nos frontières et autres sur les accords
00:41:16 de libre-échange ? On est bien content également de vendre du vin à l'export, de vendre des
00:41:20 spiritueux, de vendre du porc à la Chine, de vendre du fromage au Canada, de vendre
00:41:24 du lait au Canada.
00:41:25 La seule chose, c'est qu'il ne faut plus importer ce que l'on n'accepte pas sur notre
00:41:31 territoire.
00:41:32 La logique, elle est uniquement celle-ci.
00:41:34 À partir du moment où on aura cette logique, moi je serai assez content de savoir que les
00:41:38 agriculteurs seront en compétition avec d'autres agriculteurs dans d'autres pays, mais qu'on
00:41:42 aura les mêmes règles du jeu.
00:41:44 Aujourd'hui, on n'a pas les mêmes règles.
00:41:45 Vous prêchez une convaincue, là.
00:41:46 Alors justement, il y a quand même un problème parce qu'au niveau européen, par exemple,
00:41:50 pour laisser rentrer sur nos territoires, on a ce qu'on appelle les LMR, limite maximale
00:41:55 de résidus.
00:41:56 Si on prend un produit que tout le monde connaît aujourd'hui, le glyphosate, qui par les
00:42:00 agriculteurs français n'est utilisé qu'à faible dose, avant les cultures et jamais
00:42:05 pour dessécher toutes nos cultures, on peut faire entrer du Canada et d'ailleurs des
00:42:11 produits, des lentilles et d'autres, qui ont été récoltés avec un traitement au
00:42:17 glyphosate avant récolte, dont la LMR, limite maximale de résidus, est 100 fois supérieure
00:42:24 à ce que nous, on est autorisés.
00:42:26 Alors attendez, on part juste sur le terrain à Rungis, rejoindre Mickaël Dossante au
00:42:29 Stibot Marchéto.
00:42:30 Mickaël, racontez-nous ce qui se passe, vous avez un invité à vos côtés.
00:42:33 Demarck.
00:42:34 Oui, je suis avec Serge Bousquet-Cassane, qui est donc président de la Chambre d'agriculture
00:42:42 du Lot-et-Garonne.
00:42:43 Merci d'être avec nous en direct sur ces news.
00:42:46 Expliquez-nous un peu qu'est-ce qui se passe en ce moment, pourquoi vous êtes nassé ici
00:42:49 devant ce site ?
00:42:50 On ne sait pas trop d'ailleurs, nous-mêmes, on a atteint notre but, c'était d'investir
00:42:56 le mine Rungis, c'est fait, de façon extrêmement pacifique, sans rien casser, et c'est ce
00:43:02 qu'on a fait.
00:43:03 Et puis tout d'un coup, un peu vexé certainement, les forces de l'ordre nous ont encerclés,
00:43:09 ils nous ont nassés ici, maintenant on attend.
00:43:11 On attend, on ne sait pas quoi, mais on attend.
00:43:14 On n'a pas ordre de bouger, etc.
00:43:16 Alors qu'on n'a qu'une envie, nous, maintenant.
00:43:19 Maintenant qu'on a atteint notre objectif, c'est de rentrer chez nous.
00:43:22 Les forces de l'ordre, on dit qu'il y avait eu des dégradations à l'intérieur, est-ce
00:43:26 que vous avez des informations concernant cela ?
00:43:28 Pas du tout, et puis je crois que vous étiez là, vous étiez témoin, on est rentré 10
00:43:32 minutes ou 5 minutes à une dizaine, et puis on est ressorti aussitôt, emporté par les
00:43:38 forces de l'ordre, et puis on n'avait absolument pas l'intention de dégrader quoi que ce soit,
00:43:44 comme depuis notre départ du Lot-et-Garonne.
00:43:46 Est-ce que vous avez des nouvelles d'ailleurs de vos camarades qui sont rentrés à l'intérieur
00:43:49 du site ?
00:43:50 Ils sont là, ils sont ressortis, ils sont là, ils sont dehors.
00:43:53 Donc il n'y a pas de souci, ils sont avec nous, encerclés.
00:43:56 Et ceux qui ont été interpellés ce matin, vous avez des nouvelles ?
00:43:59 Ils devraient être libérés dans l'après-midi, là, maintenant.
00:44:03 On nous a dit qu'on n'avait rien à leur reprocher, donc ils vont les relâcher.
00:44:07 Une fois que vous allez être relâchés par les forces de l'ordre, qu'est-ce que vous
00:44:10 allez faire du coup ?
00:44:11 On va récupérer nos amis qui sont avec les tracteurs et qui ont servi de leur, à
00:44:15 notre entrée par surprise d'enregistre, puisque nous on est venus avec des voitures
00:44:21 individuelles.
00:44:22 Et donc on va les récupérer.
00:44:25 On va revenir à notre camp de base qui est en Sologne.
00:44:27 Et après, on va très certainement, après les annonces de Gabriel Attal, de demain,
00:44:33 que nous avons rencontrées tout à l'heure, pendant deux heures avec la présidente de
00:44:38 la coordination rurale Véronique Lefloch, nous allons très certainement, si les annonces
00:44:44 nous conviennent, rentrer chez nous.
00:44:46 Comment se sont déroulés ces échanges d'ailleurs avec le Premier ministre ?
00:44:49 Ça s'est bien passé.
00:44:50 Il a été à l'écoute.
00:44:52 Il nous a écoutés pendant deux heures.
00:44:53 Je pense qu'il a pris une leçon de vraie vie, de vie d'en bas, de vie de paysan.
00:44:58 Et on lui a indiqué, je pense qu'il a bien compris qu'il fallait qu'il annonce des
00:45:04 incantations et qu'il fallait donner des vrais clignotants, des vrais curseurs, changer
00:45:10 le curseur, et pour qu'on se retrouve en meilleure situation et plus d'estime de la
00:45:15 part de l'État français.
00:45:17 Vous dites leçon de vie, vous aviez l'impression qu'il y avait une certaine déconnexion de
00:45:19 la part des personnes qui étaient en face de vous ?
00:45:21 C'est évident.
00:45:22 Lui, c'est directeur de cabinet, ce n'est pas des agriculteurs, donc il ne connaît pas
00:45:27 nos problèmes.
00:45:28 Et il y a tellement de relais polluants pour lui remonter l'information, et déformants,
00:45:33 que je ne lui en veux pas.
00:45:36 Il ne peut pas savoir tout ça.
00:45:38 Bon, on a presque échangé tous nos 06 et finalement, on va l'informer, nous, d'en
00:45:44 bas, de ce qui se passe réellement.
00:45:46 Réellement.
00:45:47 Voilà le point en tout cas sur la situation ici devant le site du marché de Rungis,
00:45:53 avec les membres de la coordination rurale, une cinquantaine de membres qui sont toujours
00:45:56 nassés par les forces de l'ordre.
00:45:57 Merci Michael de Santos et Thibaut Marchuteau.
00:45:59 Vous le connaissez bien donc, Véronique Lefloch, et quand il dit que le Premier ministre a
00:46:05 pris une leçon de vraie vie, c'est dire que vous lui avez raconté ce que vous vivez
00:46:10 tous les jours.
00:46:11 Alors, en tant que présidente nationale, mon rôle est de remonter la parole du terrain.
00:46:17 Et ce genre de personne, Kébouské Kassagne, a une carrière derrière lui déjà qui permet
00:46:28 de remonter tellement de cas concrets que forcément celui qui l'écoute le vit.
00:46:34 Et en partant, c'est vrai que Gabriel Attal nous a dit qu'il appréciait les échanges
00:46:39 avec la coordination rurale dans le sens où c'était clair, on sait ce qu'on veut,
00:46:43 c'est clair, cash et concret.
00:46:48 Et il n'y a pas de clash.
00:46:49 Pas de clash.
00:46:50 Claire, cash et concret.
00:46:51 Donc c'était ça.
00:46:52 Donc on a été cash, mais on attend aussi quelque chose de clair, cash et concret
00:46:57 avec lui.
00:46:58 Et madame Lefloch, j'ai l'impression de vivre un jour sans fin.
00:47:00 C'est-à-dire que la semaine dernière, on nous a dit qu'on attend les annonces de
00:47:02 Gabriel Attal.
00:47:03 La semaine dernière aussi, on nous a dit qu'on attend.
00:47:04 Et là, aujourd'hui, on lui dit qu'on a entendu hier Gabriel Attal, mais là on attend
00:47:08 demain Gabriel Attal.
00:47:09 Ça va se terminer quand, cette histoire, en réalité ?
00:47:11 Alors nous, il l'a bien dit, dès qu'il y a les annonces, il rentre, si c'est satisfaisant.
00:47:15 Mais quels annonces ? Ça fait quatre fois qu'il prend la parole le premier ministre.
00:47:17 Il nous a dit que demain, il devrait faire un discours.
00:47:19 Alors avec Serge, on lui a dit, faites-le demain matin, qu'on puisse reprendre la route,
00:47:24 si c'est bon.
00:47:25 Mais si c'est pas bon, s'il faut attendre qu'Emmanuel Macron rentre de Bruxelles et
00:47:31 que c'est pas bon encore.
00:47:32 Mais on repart où ? On retourne à Régis.
00:47:34 Donc on espère quand même qu'il nous a entendus et que son discours sera comme le
00:47:40 nôtre.
00:47:41 Je sais pas, j'espère, je le souhaite pour vous, mais j'ai l'impression que les jours
00:47:45 passent et se ressemblent.
00:47:46 Mon sentiment, c'est que les politiques connaissent la problématique.
00:47:49 Soyons pas dupes.
00:47:50 Ils ne la découvrent pas.
00:47:51 Ils la connaissent par cœur, à la fois la problématique nationale, la problématique
00:47:54 européenne.
00:47:55 Et là, on voit bien qu'on vous reçoit et on a lâché un petit peu sur le GNR, mais
00:48:01 on n'a pas lâché comme vous le souhaitiez.
00:48:02 Et on nous promet, donc un discours de politique générale il y a quelques jours.
00:48:06 La politique générale est sortie, il n'y a pas de mesure concrète.
00:48:08 Là, on nous promet des tables rondes, donc vous vous rencontrez.
00:48:12 Mais il n'en sort pas grand-chose.
00:48:13 Là, on nous promet des rencontres à l'échelle européenne.
00:48:15 Moi, j'ai le sentiment, pour avoir un peu vécu des relations sociales entre syndicats
00:48:22 et dirigeants politiques, qu'il y a une forme un peu de stratégie où on joue la montre,
00:48:28 où on joue aussi l'usure, on joue aussi peut-être un peu le pourrissement, on joue
00:48:32 un peu tout ça à la fois.
00:48:33 Et donc du coup, on ne lâche pas totalement ce qu'on doit lâcher, ce qu'on peut lâcher.
00:48:38 On ne lâche pas à coup, en espérant que le mouvement va se désagréger, qu'il y
00:48:42 en a certains qui vont rentrer à la maison, qui vont se décourager, que vous allez un
00:48:44 peu vous diviser.
00:48:45 Ça avait commencé déjà le premier jour, lors de l'annonce sur les mesures de la
00:48:49 GNR, le fait qu'on ne taxe pas finalement à 3% le litre de gazole que vous utilisez.
00:48:57 Et là, c'est ça pour moi la stratégie.
00:49:00 Et c'est là où c'est malsain.
00:49:01 Parce que votre problématique, madame la présidente, elle est structurelle.
00:49:05 Et on le sait.
00:49:07 On les évoque les sujets qui sont structurels.
00:49:09 On doit les prendre les uns après les autres.
00:49:12 Producteurs, distributeurs.
00:49:13 Derrière, traité de libre-échange.
00:49:16 Derrière, compétition déloyale entre pays et agriculteurs de l'Union européenne.
00:49:22 On a les clés.
00:49:24 Pourquoi ils n'y répondent pas ? Pourquoi ils remettent toujours au lendemain ?
00:49:27 Ou à la réunion qui suit, potentiellement des annonces qui ne viennent pas ?
00:49:31 Parce qu'ils espèrent que vous vous découragez.
00:49:33 Parce qu'ils espèrent qu'il va y avoir quelques affrontements.
00:49:37 Mais si ! La problématique, on la connaît.
00:49:40 Moi, je ne voudrais pas être déceptif avec les agriculteurs.
00:49:42 Mais j'ai l'impression évidemment que le pouvoir en place joue les soufflements et
00:49:45 que vous n'aurez pas de grand soir et que vous aurez des mesures qui ne vous conviendront
00:49:49 pas.
00:49:50 On va juste écouter ce que dit le monsieur qu'on avait tout à l'heure.
00:49:53 On va aller tranquillement au commissariat de Créteil.
00:49:57 Voilà.
00:49:58 Il y a un dépôt de plainte du MINE.
00:50:02 Et donc on va aller au commissariat de Créteil.
00:50:05 On va être entendus.
00:50:07 Ça s'appelle de l'épuisement.
00:50:09 Vous ne risquez rien, vous le savez.
00:50:11 Vous ne risquez rien.
00:50:13 Ça s'appelle de l'affaiblissement et de l'épuisement.
00:50:17 S'ils ont que ça à nous proposer en réponse, vous inquiétez pas.
00:50:21 Un jour on reviendra ici.
00:50:23 Restez tranquilles, n'ayez pas peur.
00:50:26 Je vois dans vos visages certains qui n'ont pas l'habitude.
00:50:30 Tous les primos et les cannes.
00:50:32 Les primos et les cannes.
00:50:34 Ne vous inquiétez pas, rien de grave.
00:50:37 Voilà.
00:50:38 Ils vous ont laissé les portables, ils vont vous les laisser.
00:50:41 Vous vous en étonnerez.
00:50:42 On est bien d'accord ? Donc ne vous inquiétez pas.
00:50:45 Tranquille.
00:50:46 Vous montez dans les camions.
00:50:48 Et je ne veux pas faire de comparaison.
00:50:52 Capitaux.
00:50:53 Arrêtez-nous.
00:50:54 Voilà pour ce que vient de dire Véronique Lefloch, votre collègue, le président de
00:51:06 la Chambre d'agriculture de l'Ontario.
00:51:08 C'est-à-dire que là, le marché de l'enregistrement est en pleine torte.
00:51:12 C'est presque de la menace.
00:51:14 C'est pour nous quelque chose, c'est de la provocation.
00:51:18 Alors même qu'on est pacifique, que personne ne dit rien, tout se passe bien et on va être
00:51:26 entendu quoi.
00:51:27 Mais finalement, tout ça, comme il a dit, c'est de l'épuisement.
00:51:31 Mais on n'en peut plus.
00:51:32 Et c'est ce qu'on vit au quotidien.
00:51:34 C'est ce qu'on vit lors des contrôles.
00:51:36 Quand on nous harcèle pour des virgules, pour une haie, pour une branche.
00:51:40 Mais on ne peut plus.
00:51:42 Et quand vous avez vos enfants qui vivent ça, mais on n'en peut plus.
00:51:46 Les primo-délinquants disaient-ils.
00:51:48 Oui, parce que vous n'avez jamais contrevenu à la loi.
00:51:50 Jamais.
00:51:51 C'est ça.
00:51:52 Et c'est pour ça que les jeunes sont là parce qu'ils veulent passer 40 ans dans ce
00:51:54 métier.
00:51:55 On voudrait nous faire croire que l'avenir, ce sera des métiers où on change de métier
00:51:59 tous les 10 ans.
00:52:00 Mais pas quand on s'investit dans un métier pour lequel on investit sur 20 ans.
00:52:05 Les industriels, l'agroalimentaire, ils payent leurs affaires, leurs industries en 4 ans,
00:52:11 7 ans.
00:52:12 Et nous, on est sur 20 ans.
00:52:13 Il faudrait 30 ans des prêts de carrière.
00:52:15 Mais on ne pourra jamais changer de métier.
00:52:17 Et on est là en train de payer.
00:52:19 Et vous voyez, demain, peut-être qu'on va nous annoncer, ça va être des prêts de
00:52:23 restructuration.
00:52:24 Parce qu'il faudra repartir.
00:52:25 Mais on se soutient, on saute en fidènce nous-mêmes.
00:52:28 On voudrait ne pas dépendre de la société.
00:52:31 Et on nous a mis dans un système dépendant de la PAC, avec des aides qui nous ont emmenés
00:52:36 dans une souricière, comme le Lot-et-Garonne a été piégé hier.
00:52:40 Mais une fois, pas deux.
00:52:42 Donc c'est ça, on veut plus ça à nous.
00:52:44 Donc là, tous vos adhérents vont être emmenés au commissariat ?
00:52:47 Là, tous, au commissariat de Créteil ?
00:52:48 Ce matin, ça s'est passé comme ça.
00:52:50 On les a embarqués en fourgon.
00:52:52 Et j'espère qu'ils ne vont pas tous les déshabiller.
00:52:54 Parce que là, c'est du n'importe quoi.
00:52:56 Je ne sais pas dans quel monde on est.
00:52:58 Gabriel Attal, on lui a demandé, venez voir nos agriculteurs à Vierzon ou à Orléans.
00:53:05 On avait trouvé les champs pour les parquer.
00:53:07 Pour qu'ils viennent, j'allais avec eux.
00:53:09 Le secrétaire général venait avec eux.
00:53:11 Et non, ils préféraient encore recevoir la FNSEA.
00:53:14 Ce soir, mais Gabriel Attal, il a fait son discours
00:53:18 de politique générale auprès des sénateurs.
00:53:20 Il a le temps d'aller les voir.
00:53:22 Il nous a reçus, mais qu'il aille au contact du terrain.
00:53:25 Qu'il aille au contact de ceux qui sont venus à lui.
00:53:27 Il y a moins de déplacements. Ils sont là.
00:53:30 Jean-Christophe Couvy...
00:53:33 Non mais juste, il y a peut-être un dépôt de plainte,
00:53:35 parce que ça répond peut-être à ce qu'on a entendu vaguement tout à l'heure,
00:53:37 de dégradation, j'en sais rien.
00:53:39 - Quelle dégradation ?
00:53:40 - Mais non, je ne sais pas.
00:53:41 On a entendu, même si le président de la Chambre d'agriculture
00:53:44 dit qu'il n'y a pas de dégradation,
00:53:46 mais on n'est pas à l'intérieur du bâtiment.
00:53:47 J'en sais rien.
00:53:47 Ce que je veux dire, c'est que je pense que le pouvoir en politique
00:53:50 prend un risque majeur.
00:53:51 Parce qu'on se disait, tout se passe dans le calme.
00:53:53 Ça peut être une sorte d'étincelle, vous comprenez.
00:53:55 Les portables doivent fonctionner.
00:53:56 Et là, les gens sont en train de dire à leurs collègues agriculteurs
00:53:58 ailleurs sur d'autres barrages.
00:54:00 Là, on est tous embarqués au commissariat
00:54:02 pour un dépôt de plainte.
00:54:03 Donc là, je veux dire, ça peut être une étincelle, malheureusement,
00:54:07 qui va gâcher le climat.
00:54:08 - Je sais. Jean-Christophe Koubila, c'est tout.
00:54:11 Pour vous, les policiers, c'est le moment compliqué, là.
00:54:13 Parce qu'il va falloir embarquer tous ces braves gens au commissariat.
00:54:15 - C'est compliqué parce qu'en fait, si vous voulez,
00:54:17 vous êtes entre la police administrative et politique, entre guillemets,
00:54:20 et judiciaire, dans le sens où il y a un dépôt de plainte avec,
00:54:24 peut-être, s'il y a un dépôt de plainte,
00:54:26 il faut mener une enquête, des dégradations.
00:54:28 Et donc, du coup, vous êtes en flagrant délit.
00:54:29 Du coup, vous avez les personnes devant vous.
00:54:30 Vous ne savez pas qui a fait quoi.
00:54:32 Donc, en fait, l'idée, c'est effectivement d'interpeller
00:54:34 les personnes qui sont là, de les auditionner,
00:54:37 et de voir après, derrière, si on a des preuves, des caméras, etc.
00:54:41 Et savoir, voilà, est-ce qu'ils vont être auditionnés
00:54:43 en tant qu'auditeurs libres ?
00:54:44 Est-ce qu'ils vont être mis en garde à vue pour des dégradations ?
00:54:47 Tout ça, on ne sait pas. C'est l'enquête qui le dit.
00:54:49 Et donc, du coup, c'est compliqué.
00:54:51 Mais dans un autre côté...
00:54:53 - Il va falloir faire preuve de diplomatie.
00:54:54 - Ah ben oui. Et puis, les lignes rouges avaient été éditées
00:54:57 bien en amont, en disant "no pasaran a Rungis".
00:55:02 Les agriculteurs sont rentrés dans Rungis.
00:55:04 Vis-à-vis aussi de l'État.
00:55:06 Vous avez bien compris le virage autoritaire de l'État,
00:55:09 de dire "quand on vous donne une ligne rouge,
00:55:11 vous la franchissez pas".
00:55:12 Donc, du coup, il y a aussi ce...
00:55:14 - La force de se faire balader, aussi.
00:55:15 - Ben oui, mais donc du coup...
00:55:16 - Ils se font balader, ils en ont marre.
00:55:17 On repart sur le terrain. On regarde l'image de Rungis à l'écran.
00:55:20 On a Jean-Luc Thomas qui se trouve à Rodez.
00:55:22 On part, évidemment, dans la Véro.
00:55:25 - Jean-Luc, il y a beaucoup de mobilisation dans cet endroit ?
00:55:30 - Oui, ben écoutez, c'est une véritable épreuve de force
00:55:38 qu'ont commencées les agriculteurs ici depuis ce matin.
00:55:42 Imaginez, Rodez, préfecture de la Véron, 45 000 habitants.
00:55:46 Il y a plus de 400 tracteurs qui sont venus de tout le département.
00:55:51 Et également, énormément d'agriculteurs.
00:55:54 Ils étaient plus de 500.
00:55:56 Donc, vous imaginez.
00:55:58 Et ces tracteurs sont, dans l'après-midi,
00:56:01 partis faire le tour des supermarchés en périphérie de Rodez.
00:56:07 Se sont également arrêtés auprès d'un collecteur de lait,
00:56:11 Lactalis, pour ne pas le citer.
00:56:14 Tout simplement parce qu'il y a des négociations actuellement
00:56:18 et le prix du lait proposé est bien en dessous
00:56:22 de ce que veulent les agriculteurs et les éleveurs ici à Navéron.
00:56:27 Ensuite, tous ces agriculteurs sont revenus ici,
00:56:30 dans le centre de Rodez.
00:56:32 Ils vont passer la soirée ici.
00:56:34 Certains vont camper sur cette place d'armes
00:56:38 au pied de la cathédrale de Rodez.
00:56:41 Et il faut savoir que ce sont des agriculteurs,
00:56:45 des éleveurs qui sont très déterminés ici à Rodez.
00:56:50 D'autres actions sont d'ores et déjà prévues
00:56:53 pour le reste de la semaine.
00:56:55 - Merci beaucoup Jean-Luc Thomas, depuis Rodez,
00:56:59 pour ce point sur les actions des agriculteurs.
00:57:02 On a toujours cette image de Rungis,
00:57:04 le marché de Rungis,
00:57:07 où les membres de la coordination rurale font face aux policiers,
00:57:11 puisqu'ils sont rentrés dans le marché de Rungis.
00:57:15 Ce qui était une ligne rouge pour le ministre de l'Intérieur,
00:57:17 Gérald Darmanin,
00:57:19 même s'ils n'ont commis aucune dégradation,
00:57:22 aucune infraction,
00:57:24 ils vont être emmenés au commissariat
00:57:26 pour être interrogés.
00:57:28 C'est la procédure ?
00:57:30 - Oui, alors là, il y a une personne qui dit qu'il n'y a pas eu de dégradation,
00:57:32 et il y a une autre personne qui est responsable de Rungis
00:57:34 qui dit qu'il y a des dégradations.
00:57:36 Donc forcément, une enquête doit être faite,
00:57:38 et vérité tranchée.
00:57:40 Donc ça prend un peu de temps, ça prend des vérifications.
00:57:42 Maintenant, je me mets à la place de mes collègues CRS,
00:57:44 c'est pas marrant de ramener des gens comme ça,
00:57:46 sachant que ça ne vole pas très haut quand même.
00:57:48 Je me mets à la place des collègues OPJ,
00:57:50 qui à Créteil vont devoir recevoir une cinquantaine d'agriculteurs
00:57:52 pour mener des auditions.
00:57:54 Alors qu'ils ont déjà 300 dossiers en portefeuille,
00:57:56 ils n'arrivent pas à les sortir.
00:57:58 Après, c'est un temps politique,
00:58:00 on est au milieu du guet.
00:58:02 La seule chose que je vois,
00:58:04 c'est que quand on est capable de prendre un tracteur,
00:58:06 de se taper 500, 600 kilomètres
00:58:08 pour monter sur Paris,
00:58:10 à 30 km/h, braver le froid, le vent, la pluie,
00:58:12 je pense que c'est un travail qui est très important.
00:58:14 Et donc du coup, si on veut faire des martyrs,
00:58:16 c'est très bien, on y a gagné.
00:58:18 C'est le risque, madame Lefloch ?
00:58:20 Tout à fait.
00:58:22 Quand ils voyaient les oppositions
00:58:24 qui, face à eux,
00:58:26 quand ils montaient,
00:58:28 ils disaient "mais c'est pas possible".
00:58:30 Franchement, il n'y avait aucune volonté
00:58:32 d'agir de façon négative.
00:58:34 Donc voilà,
00:58:36 ils vont rentrer fatigués,
00:58:38 mais avec ce sentiment
00:58:40 de travail à compter.
00:58:42 En espérant qu'ils repartent
00:58:44 avec des bonnes nouvelles.
00:58:46 Parce que sinon, je crains,
00:58:48 c'était l'étincelle, c'est de dire
00:58:50 "on reviendra".
00:58:52 Mais avec peut-être un peu plus de colère.
00:58:54 De détermination, de colère.
00:58:56 Et ça, les politiques,
00:58:58 on est venus voir à Paris le pouvoir,
00:59:00 mais je ne sais pas s'ils en sont conscients.
00:59:02 Quand on leur parle de déproduction,
00:59:04 ils ne voient même pas que
00:59:06 derrière la baisse des agriculteurs,
00:59:08 il y a une production qui s'en va
00:59:10 de France et une souveraineté alimentaire
00:59:12 qui est perdue aujourd'hui.
00:59:14 Et ça, nous, on ne peut pas l'admettre,
00:59:16 on ne peut pas cautionner ça.
00:59:18 - Véronique Lefloch, présidente nationale
00:59:20 de la coordination rurale,
00:59:22 vous restez avec nous, bien entendu.
00:59:24 On a cette image de ce qui se passe
00:59:26 au marché de Rungis,
00:59:28 avec ces membres de la coordination rurale
00:59:30 qui font face aux forces de l'ordre.
00:59:32 Il leur était interdit d'entrer
00:59:34 dans ce marché de Rungis.
00:59:36 Ils l'ont fait.
00:59:38 Ils risquent donc d'être emmenés
00:59:40 par les policiers au commissariat
00:59:42 et d'y être interrogés.
00:59:44 Espérons que ce ne soit pas la goutte
00:59:46 qui fasse déborder le vase
00:59:48 de cette grande colère des paysans
00:59:50 dans notre pays.
00:59:52 Bonsoir à tous et bonsoir à toutes.
00:59:58 Bienvenue dans "Punchline" sur CNews
01:00:00 et sur Europe 1.
01:00:02 Les interpellations d'agriculteurs ont commencé.
01:00:04 Au moins 40 d'entre eux,
01:00:06 ils sont étés emmenés au commissariat
01:00:08 en garde à vue pour entrave à la circulation.
01:00:10 Tandis que plusieurs tracteurs
01:00:12 sont partis en fourrière.
01:00:14 L'image pourrait faire rire,
01:00:16 si elle n'était pas aussi triste.
01:00:18 Blindés contre tracteurs, policiers contre agriculteurs,
01:00:20 mais des deux côtés, le même peuple,
01:00:22 les mêmes petits salaires, le même désespoir,
01:00:24 le même nombre de suicides.
01:00:26 Les agriculteurs en colère sont l'émanation
01:00:28 des Français en colère, la représentation
01:00:30 vivante du mal-être d'un pays qui n'est pourtant pas
01:00:32 le plus malheureux au monde, mais qui,
01:00:34 par contre, est l'un des champions de la consommation
01:00:36 d'antidépresseurs.
01:00:38 Ce soir, la sortie de crise semble bien incertaine
01:00:40 pour un pouvoir englué dans ces contradictions,
01:00:42 dans la surtransposition
01:00:44 des normes européennes et dans les arcanes
01:00:46 des traités de libre-échange qui nous soumettent
01:00:48 de facto au vote de tous les membres de l'Union.
01:00:50 Demain, le président Macron
01:00:52 sera à Bruxelles. Demain,
01:00:54 nous saurons ce que pèse vraiment la France
01:00:56 dans le concert des nations européennes.
01:00:58 Poids plume ou poids lourd,
01:01:00 l'adoption du Mercosur sonnera
01:01:02 le glas, ou non, du coq français.
01:01:04 On va en débattre ce soir dans Punchline.
01:01:06 Il est 18h, bienvenue sur Europe 1
01:01:20 et sur CNews. D'abord, le rappel des titres
01:01:22 de l'actualité. Le nombre de détenus en France
01:01:24 a atteint un nouveau record au 1er janvier.
01:01:26 Plus de 75 000 personnes
01:01:28 sont actuellement incarcérées.
01:01:30 Une hausse de plus de 5% en un an.
01:01:32 Dans les maisons d'arrêt, le taux
01:01:34 d'occupation est par ailleurs de près de
01:01:36 150%.
01:01:38 Les crimes et délits ont continué
01:01:40 d'augmenter l'an dernier en France. Les principales
01:01:42 hausses concernent les homicides ou
01:01:44 tentatives d'homicide ainsi que les viols ou
01:01:46 tentatives de viol. Les chiffres sont
01:01:48 notamment portés par des dépôts de plaintes
01:01:50 de plus en plus nombreux.
01:01:52 Les enseignants dans la rue, demain, le principal
01:01:54 syndicat de professeurs du primaire annonce un
01:01:56 taux de grévistes de 40% sur tout le territoire.
01:01:58 Plusieurs revendications
01:02:00 de meilleurs salaires, meilleures conditions de travail.
01:02:02 Les enseignants
01:02:04 en tentent également montrer leur méfiance
01:02:06 vis-à-vis de la ministre de l'Éducation nationale
01:02:08 Amélie Oudéa Castera.
01:02:10 Et puis, 118e
01:02:12 jour de détention pour les otages détenus
01:02:14 par l'organisation terroriste du
01:02:16 Hamas. Trois de ces otages sont
01:02:18 français. Ils se nomment Ofer,
01:02:20 Orion et Oad. Nous pensons à tous
01:02:22 ces otages ce soir et à leur famille. Nous demandons
01:02:24 une fois de plus leur libération immédiate et
01:02:26 sans condition. Il est 18h01,
01:02:28 on est en direct sur Europe 1.
01:02:30 Nous sommes avec toujours Véronique Leflog,
01:02:32 présidente nationale de la Coordination
01:02:34 Urale. Bonsoir madame, merci d'être avec nous.
01:02:36 On a été rejoint par Aquilino Morel,
01:02:38 ancien conseiller de François Hollande.
01:02:40 Vous publiez "La parabole des aveugles"
01:02:42 aux éditions Grasset. Peut-être que
01:02:44 c'est le pouvoir qui a été aveugle depuis
01:02:46 tant d'années à ce que demandaient les agriculteurs.
01:02:48 Geoffroy Lejeune est là, directeur de la rédaction du GDD.
01:02:50 Bonsoir à vous. Louis de Ragnel,
01:02:52 chef du service politique d'Europe 1. Bonsoir.
01:02:54 Christophe Couville du syndicat de police,
01:02:56 unité SGP. Bonsoir. Secrétaire nationale, Eric Revelle,
01:02:58 qui est journaliste. On va faire
01:03:00 avec vous Louis dans un instant un tout
01:03:02 petit point sur les interpellations, sur
01:03:04 ce qui s'est passé du côté des forces de l'ordre
01:03:06 et le profil de ceux qui ont été interpellés. Mais tout de suite
01:03:08 on part à Rungiste où
01:03:10 il y a un face-à-face depuis
01:03:12 un peu plus d'une heure entre des
01:03:14 membres de la Coordination Urale et
01:03:16 les policiers qui sont déployés sur place.
01:03:18 Mickaël de Santo, c'est sur place avec
01:03:20 Thibaut Marcheteau. Bonsoir Mickaël, qu'est-ce qui
01:03:22 se passe au moment où on se parle ?
01:03:24 Écoutez, en ce
01:03:28 moment des agriculteurs de la
01:03:30 Coordination Rurale sont emmenés
01:03:32 par les forces de l'ordre dans les
01:03:34 camions qui se situaient à proximité.
01:03:36 Un dépôt de plainte a été
01:03:38 effectué. Donc
01:03:40 ils sont emmenés pour être entendus
01:03:42 par la police au
01:03:44 commissariat de Sergi.
01:03:46 Pour vous rappeler un peu les faits,
01:03:48 il était aux alentours de 18h,
01:03:50 une cinquantaine de membres de la Coordination
01:03:52 Rurale ont pénétré le marché de
01:03:54 Rungiste. Deux versions
01:03:56 s'affrontent. Selon
01:03:58 les agriculteurs, ils n'ont rien
01:04:00 cassé. Ils n'étaient pas là pour casser,
01:04:02 ni pour affronter les forces de l'ordre.
01:04:04 Alors on a un petit problème de liaison avec notre
01:04:08 envoyé spécial. On va revenir vers vous dans un instant
01:04:10 Mickaël de Santo pour comprendre ce qui se
01:04:12 joue à Rungiste parce que c'est la première fois qu'on a
01:04:14 un affrontement aussi clair
01:04:16 entre les forces de l'ordre et les agriculteurs.
01:04:18 On savait Louis Doreignel que c'était la ligne
01:04:20 rouge. Il ne fallait pas, et Gérald Darmanin
01:04:22 l'a répété ce matin, qu'ils
01:04:24 entrent dans le marché de Rungiste.
01:04:26 Ça a été fait. Qu'est-ce qui s'est passé et combien
01:04:28 d'interpellations au total Louis ? Alors par rapport
01:04:30 au marché de Rungiste, effectivement la doctrine
01:04:32 consistait à surtout éviter
01:04:34 le contact entre les forces de l'ordre
01:04:36 et les agriculteurs. Mais je peux surtout vous parler
01:04:38 du profil des personnes qui sont en garde à vue
01:04:40 depuis la fin de la matinée
01:04:42 au commissariat de Lailerose.
01:04:44 Ils s'appellent Maxence, William, Quentin,
01:04:46 Martin, Morgan, Louison,
01:04:48 Antoine, Mathis, Lucas, Pierre
01:04:50 ou encore Noemi. Donc ils font partie
01:04:52 des 15 personnes qui sont placées
01:04:54 en garde à vue pour entrave
01:04:56 à la liberté de circulation.
01:04:58 La majorité d'entre eux a
01:05:00 une vingtaine d'années. Donc ce sont des profils très
01:05:02 jeunes. Le plus vieux
01:05:04 est né en 1985,
01:05:06 il a 38 ans. Le plus jeune est né
01:05:08 en 2005 et a 18 ans.
01:05:10 Et ce qui est intéressant c'est que ça
01:05:12 montre à travers leur jeunesse et leur
01:05:14 âge que ce n'est absolument pas le profil
01:05:16 d'agriculteur désœuvré
01:05:18 en fin de carrière qui
01:05:20 voit un monde s'effondrer mais bien
01:05:22 des profils de jeunes qui croient encore
01:05:24 qu'ils veulent se battre pour
01:05:26 survivre et surtout vivre
01:05:28 de leur travail, de leur métier.
01:05:30 Et peut-être reprendre les exploitations de leurs parents.
01:05:32 Beaucoup d'entre eux, quand on a regardé leurs identités,
01:05:34 effectivement, il y en a certains
01:05:36 parce qu'il y a eu des coupures de presse, qu'on a pu
01:05:38 lire, sont en train de reprendre
01:05:40 l'activité et l'exploitation de leurs pères.
01:05:42 Donc, voilà, moi je trouve que
01:05:44 leur jeunesse dit
01:05:46 beaucoup de choses de ce conflit
01:05:48 et de ces interpellations. - On sait ce qu'il risque, Louis de Ragnel,
01:05:50 à la fois ceux qui sont en garde à vue
01:05:52 et ceux qui vont peut-être y partir parce que là, en ce moment
01:05:54 à Rungis, il y a une trentaine ou moins de membres de la coordination
01:05:56 rurale qui vont être embarqués au commissariat
01:05:58 de Créteil. On sait ce qu'il risque ?
01:06:00 - Alors, pour l'entrave à la liberté de circulation,
01:06:02 c'est normalement la peine maximale,
01:06:04 c'est deux ans de prison et
01:06:06 4 500 euros d'amende.
01:06:08 Mais on verra aussi les consignes qui
01:06:10 seront données, puisque là, ce sont les
01:06:12 premières gardes à vue. On le voit dans
01:06:14 le discours qui s'est
01:06:16 considérablement durci. Comme
01:06:18 les agriculteurs n'ont pas été entendus, il n'y a pas de
01:06:20 réponse politique à leur demande pour l'instant,
01:06:22 ou en tout cas la réponse politique ne les satisfait pas.
01:06:24 Eh bien, hélas,
01:06:26 il y a fort à parier qu'il y aura
01:06:28 d'autres interpellations. Ce que je
01:06:30 peux vous dire également, c'est qu'au ministère
01:06:32 de l'Intérieur, le ton
01:06:34 a considérablement changé.
01:06:36 Si on regarde les consignes qui
01:06:38 se sont données encore vendredi dernier,
01:06:40 on explosait de rire quand nous
01:06:42 nous posions la question "Est-ce que vous envisagez
01:06:44 d'envoyer des blindés ?" Maintenant,
01:06:46 l'heure est beaucoup plus à l'inquiétude
01:06:48 pour surtout éviter
01:06:50 qu'il y ait des agriculteurs qui entrent
01:06:52 dans Paris. Et le message qui est véhiculé
01:06:54 au ministère de l'Intérieur, c'est
01:06:56 de s'adresser un peu indirectement
01:06:58 aux agriculteurs, c'est "Faites tout
01:07:00 ce que vous pouvez pour éviter
01:07:02 qu'on soit dans l'obligation de vous interpeller."
01:07:04 Donc on en est là, et c'est
01:07:06 juste l'illustration du fait qu'encore
01:07:08 une fois, il n'y a pas de réponse politique pour le moment.
01:07:10 Merci beaucoup, Lundrang, d'Europe 1
01:07:12 pour ces informations. Véronique Leflop,
01:07:14 quand vous entendez que vos collègues risquent des
01:07:16 peines de prison, des poursuites judiciaires,
01:07:18 ça vous fait mal au cœur ?
01:07:20 Ça me fait mal au cœur, je suis
01:07:22 consciente que
01:07:24 on est au niveau d'une première étape seulement.
01:07:26 On nous balade, on attend,
01:07:30 ça fait une dizaine de jours bientôt
01:07:32 qu'on est sur le front,
01:07:34 qu'on attend, et s'il y avait
01:07:36 eu des réponses concrètes bien
01:07:38 plus tôt, on serait peut-être déjà reparti,
01:07:40 et on serait peut-être déjà en train de
01:07:42 travailler et concrétiser
01:07:44 les solutions à
01:07:46 mettre sous chacun des chapitres.
01:07:48 Là, c'est
01:07:50 l'étincelle, je reprends, je ne sais pas qui a
01:07:52 employé cette expression tout à l'heure,
01:07:54 mais il y a la fatigue
01:07:56 qui se cumule, et
01:07:58 quand on nous dit qu'on ne nous méprise
01:08:00 pas, finalement,
01:08:02 c'est ce qu'on ressent, on se dit
01:08:04 "on fait tout ce déplacement, on vient chercher les solutions,
01:08:06 on montre qu'on est déterminé, on est jeune,
01:08:08 on envoie les jeunes, c'est les jeunes
01:08:10 qui se déplacent, nous autres
01:08:12 qui sommes en milieu de carrière,
01:08:14 on se dit "on le fait
01:08:16 pour nos jeunes, pour qu'ils s'installent dans de
01:08:18 bonnes conditions, et si les jeunes
01:08:20 s'installent dans de bonnes conditions, ça veut dire
01:08:22 que nous autres, on partira dans de bonnes conditions,
01:08:24 parce qu'on aura un repreneur, et aujourd'hui
01:08:26 si les fermes disparaissent, c'est
01:08:28 bien parce qu'il n'y a pas de repreneur,
01:08:30 parce que ça n'attire plus, parce que quand vous voyez
01:08:32 les parents pleurer quand les fils
01:08:34 ou les filles veulent s'installer,
01:08:36 mais c'est un non-sens, vous avez
01:08:38 l'impression de donner un
01:08:40 héritage empoisonné,
01:08:42 mais jusqu'où on va aller ?
01:08:44 Donc c'est triste,
01:08:46 franchement j'espère qu'ils vont
01:08:48 se réveiller et que
01:08:50 ça n'ira pas jusque-là.
01:08:52 - Geoffroy Lejeune du JDD.
01:08:54 - J'ajouterais peut-être,
01:08:56 je parle sous le contrôle de Louis, mais qu'à priori
01:08:58 aucun a d'antécédent judiciaire,
01:09:00 c'est donc qu'on a affaire à une population qui
01:09:02 a des années-lumières de ce type
01:09:04 de comportement condamnable,
01:09:06 et qui agit pour autre chose
01:09:08 que pour semer le désordre.
01:09:10 Et je reviens aussi sur la dimension
01:09:12 qu'évoquait Louis à la fin de son propos, sur le fait qu'il n'y a pas
01:09:14 de réponse politique. En réalité, comment voulez-vous
01:09:16 qu'il y ait une réponse politique ? C'est-à-dire que, tout à l'heure,
01:09:18 vous avez montré un graphique, Laurence,
01:09:20 très intéressant, sur les
01:09:22 motivations des Français, vous savez, au moment de faire
01:09:24 leurs achats.
01:09:26 Et là, la question du pouvoir d'achat, du prix,
01:09:28 intervient en premier. Moi, je ne supporte pas...
01:09:30 - Alors, juste pour que ce soit clair pour nos auditeurs,
01:09:32 51% des personnes interrogées
01:09:34 disent qu'ils peuvent se déterminer
01:09:36 quand ils font leurs courses en fonction de l'origine
01:09:38 des produits, mais 41%, évidemment,
01:09:40 en fonction du prix des produits,
01:09:42 évidemment. - Et en fait, je trouve
01:09:44 que poser la question comme ça, c'est presque
01:09:46 outrageant pour les gens.
01:09:48 On ne peut pas demander aux gens de porter sur leurs épaules la responsabilité
01:09:50 d'un système qui a été patiemment construit par d'autres,
01:09:52 dans lequel ils ont eu à peine leur mot à dire,
01:09:54 si par hasard, ils ont eu leur mot à dire,
01:09:56 on a fait l'inverse de ce qu'ils avaient décidé, je prends l'exemple
01:09:58 de 2005, notamment, le traité pour la
01:10:00 Constitution européenne, qui allait dans la veine
01:10:02 de quelque chose qui construisait le piège
01:10:04 dans lequel sont nos agriculteurs aujourd'hui.
01:10:06 Et en fait, ce qui se joue demain
01:10:08 à Bruxelles est très important. Je ne pense pas qu'il se passera grand-chose,
01:10:10 mais finalement, la question qui est posée, c'est
01:10:12 est-ce qu'on a des dirigeants aujourd'hui
01:10:14 qui sont capables de sortir du cadre dans lequel
01:10:16 nos agriculteurs, et c'est une décision politique,
01:10:18 ce n'est pas juste la faute à pas de chance,
01:10:20 sont en train de mourir sous nos yeux.
01:10:22 Et la véritable question,
01:10:24 c'est celle-là, ce n'est pas de savoir si le consommateur
01:10:26 qui est déjà étranglé de toute part
01:10:28 va devoir se rajouter une amende
01:10:30 supplémentaire pour lui porter sur ses épaules
01:10:32 le poids du sauvetage des agriculteurs.
01:10:34 Ce n'est pas ça le sujet. Et la réponse politique, malheureusement,
01:10:36 elle échappe tellement au cadre dans lequel le gouvernement d'aujourd'hui
01:10:38 réfléchisse, que je pense qu'on ne l'aura pas.
01:10:40 - Un dernier mot, Louis de Ragnel.
01:10:42 On a évidemment cette situation à Rungis,
01:10:44 où les forces de l'ordre font face
01:10:46 à des membres de la coordination rurale.
01:10:48 Est-ce que les forces de l'ordre,
01:10:50 les renseignements, avaient bien évalué
01:10:52 l'ampleur de ce mouvement,
01:10:54 le côté tellurique, en réalité,
01:10:56 de cette mobilisation ?
01:10:58 - Le renseignement depuis le début,
01:11:00 puisqu'au début c'est le renseignement territorial,
01:11:02 donc ça se passe département par département,
01:11:04 a bien fait remonter
01:11:06 un certain nombre de revendications, de colères,
01:11:08 a bien pointé du doigt aussi le fait que,
01:11:10 typiquement, je vous donne un exemple,
01:11:12 de plus en plus, et ça c'est la FNSEA
01:11:14 qui l'a dit aux autorités,
01:11:16 de plus en plus de leurs adhérents sont en train de
01:11:18 basculer vers la coordination rurale.
01:11:20 Le fait que ce syndicat qui était
01:11:22 majoritaire est en train un peu
01:11:24 d'être dépassé par sa base,
01:11:26 donc ça pose aussi un problème
01:11:28 pour les autorités, puisque quand ils ont
01:11:30 comme interlocuteur quelqu'un qui ne tient pas
01:11:32 ses troupes, c'est compliqué.
01:11:34 Et simplement, il y a eu un élément
01:11:36 selon le renseignement qui a été analysé
01:11:38 comme étant le déclencheur
01:11:40 de la situation dans laquelle on est
01:11:42 ce soir, c'est le fait que
01:11:44 en début de semaine, plusieurs membres
01:11:46 du gouvernement expliquaient que Gabriel Attal
01:11:48 dans sa déclaration de politique générale
01:11:50 allait faire des annonces sur l'agriculture.
01:11:52 Tous les agriculteurs étaient derrière
01:11:54 leur poste, ça n'a pas été le cas.
01:11:56 Donc ça vraiment, ça a été
01:11:58 un ingrédient qui a
01:12:00 reboosté, qui a redynamisé le mouvement.
01:12:02 Et puis simplement aussi, il y a des éléments
01:12:04 qui ont été sous-évalués, c'est la dimension
01:12:06 humaine de la mobilisation
01:12:08 avec deux éléments importants.
01:12:10 Le premier, c'est que quand vous
01:12:12 passez 5, 6, 7 nuits
01:12:14 à dormir dehors, que vous êtes
01:12:16 ensemble, il y a une sorte de
01:12:18 communauté humaine.
01:12:20 - Ce qu'on avait vu pendant les Généraux au tout début.
01:12:22 - Il y a une forme d'aventure, je ne dis pas ça dans le sens où ce n'est pas Koh-Lanta
01:12:24 mais il y a une aventure humaine qui se crée.
01:12:26 Et ce que disait Jean-Christophe Couvier aussi
01:12:28 et a été souligné plusieurs fois,
01:12:30 un agriculteur qui roule à 30 km/h,
01:12:32 ça fait 4 jours qu'il dort à des endroits
01:12:34 différents, il avance
01:12:36 péniblement,
01:12:38 il ne va pas renoncer, il ne va pas repartir chez lui
01:12:40 après tout ce périple
01:12:42 qui demande une organisation considérable,
01:12:44 des camions-citernes, de quoi
01:12:46 se nourrir et être autonome.
01:12:48 Donc tous ceux qu'on voit là ce soir, ce sont des gens
01:12:50 qui sont capables d'être là encore une semaine, 10 jours.
01:12:52 C'est ça qui inquiète le renseignement.
01:12:54 Et le deuxième élément qui a été sous-estimé
01:12:56 par l'autorité politique
01:12:58 par rapport à la réalité de ce
01:13:00 mouvement, c'est que les agriculteurs,
01:13:02 les éleveurs qu'on voit ici,
01:13:04 ne sont pas là pour demander un droit supplémentaire
01:13:06 mais ils sont là pour leur survie.
01:13:08 Et ça c'est quelque chose qu'on a beaucoup moins l'habitude
01:13:10 de voir depuis quelques années en France,
01:13:12 des gens qui sont là uniquement pour demander
01:13:14 à exister et à survivre.
01:13:16 Vous avez raison Louis de Ragnel, nouvelle actualisation
01:13:18 du nombre de personnes interpellées, 79 personnes
01:13:20 ont été interpellées à Rungis.
01:13:22 Le chiffre monte, le chiffre monte.
01:13:24 Jean-Christophe Couille vous êtes policier.
01:13:26 On imagine que ce n'est pas simple pour vos collègues là,
01:13:28 sur place, il est 18h12, on est en direct sur Europe 1
01:13:30 et sur CNews, parce que voilà,
01:13:32 il faut faire respecter la loi, mais en fait
01:13:34 ce sont leurs frères, soyons concrets,
01:13:36 soyons clairs, disons-le comme ça.
01:13:38 Alors c'est jamais facile, parce qu'effectivement
01:13:40 nous aussi on est à leur contact depuis quelques heures
01:13:42 et donc il y a aussi une communication qui se fait.
01:13:44 Et on se rend compte que leurs problèmes sont aussi
01:13:46 nos problèmes, parce qu'on rencontre des problèmes
01:13:48 à notre niveau, par exemple policiers aussi,
01:13:50 de salaire,
01:13:52 de sens du métier,
01:13:54 il y a des points de concordance,
01:13:56 mais là il y a eu à priori
01:13:58 des dégradations dans une société
01:14:00 de logistique, donc il y a des constatations
01:14:02 qui sont faites par l'officier de police judiciaire
01:14:04 et en fonction, il y a le dépôt de plainte
01:14:06 et donc on est obligé d'instruire.
01:14:08 C'est ça aussi la difficulté, c'est qu'on est aussi
01:14:10 obligé, même si on a de l'empathie,
01:14:12 de faire notre travail, parce qu'il faut
01:14:14 faire respecter la loi aussi.
01:14:16 - 18h13, on va partir sur le terrain, je passe la parole
01:14:18 ensuite à Kéline Morel et Eric Revelle.
01:14:20 On va retrouver Antoine Estève et Laurent Célarié.
01:14:22 Vous vous trouvez, vous, sur l'autoroute
01:14:24 A6, au sud de Paris.
01:14:26 Comment sont perçus, sur le blocage
01:14:28 où vous vous trouvez, ces interpellations ?
01:14:30 Donc on est à 79 interpellations
01:14:32 d'agriculteurs à Rungis.
01:14:34 - Et bien, ils sont 200 autour du feu ce soir,
01:14:36 à taper du sol avec leurs pieds en ce moment
01:14:38 sur l'autoroute A6, parce que le froid,
01:14:40 l'humidité sont tombés ce soir.
01:14:42 Il fait très froid ici.
01:14:44 Et effectivement, les langues se délient
01:14:46 et ici, les agriculteurs parlent beaucoup
01:14:48 de ce qui s'est passé à Rungis.
01:14:50 Alors vous savez, il y a plusieurs mouvements
01:14:52 au sein de cette grande grogne des agriculteurs
01:14:54 et ici, on est parmi la FNSEA
01:14:56 et les Jeunes Agriculteurs, qui est un mouvement
01:14:58 plutôt pacifique depuis le début
01:15:00 de ce mouvement, comme les autres évidemment,
01:15:02 mais un petit peu plus, parce qu'ils n'ont jamais
01:15:04 voulu aller à la confrontation
01:15:06 ou encore pénétrer à l'intérieur de Rungis.
01:15:08 Ce qu'ils veulent, eux, c'est boucler Rungis
01:15:10 pour montrer que le ventre de la France
01:15:12 finalement est alimenté par les agriculteurs.
01:15:14 Ils veulent montrer que c'est eux
01:15:16 qui maîtrisent absolument la nourriture
01:15:18 et l'alimentation des Parisiens,
01:15:20 mais ils ne veulent pas pénétrer à l'intérieur de Rungis.
01:15:22 Donc ils sont contre ces opérations
01:15:24 qui ont été menées par des personnes
01:15:26 assez isolées dans ce mouvement, des personnes
01:15:28 de la coordination rurale ou encore d'autres mouvements
01:15:30 agricoles. Donc ici, en tout cas,
01:15:32 les agriculteurs qui sont autour de nous, nous disent
01:15:34 tous qu'ils rejettent complètement
01:15:36 ces méthodes d'action de pénétrer
01:15:38 à l'intérieur de Rungis. Pour eux, ce n'est pas normal.
01:15:40 Ce qu'ils veulent, c'est mettre la pression sur
01:15:42 le gouvernement. Ils le disent, ils l'affirment en permanence.
01:15:44 Tous les slogans qu'on voit écrits ici
01:15:46 autour de Nure sur les tracteurs
01:15:48 disent bien qu'ils veulent mettre la pression
01:15:50 sur les négociations en ce moment pour être
01:15:52 reçus à Matignon, voire à l'Élysée
01:15:54 dans les prochains jours.
01:15:56 Antoine Estève, sur place sur l'autoroute A6
01:15:58 avec Laurence Ellarié, on voit que le monde
01:16:00 syndical et agricole est divisé,
01:16:02 Madame Le Floch.
01:16:04 C'est dommage, mais en fait, s'ils se rapprochent aussi de Rungis,
01:16:06 ça veut dire qu'ils jugent
01:16:08 important
01:16:10 et symbolique ce lieu.
01:16:12 Donc, quelque part, on se
01:16:14 rejoint. Et je pense
01:16:16 que sur beaucoup de points, finalement,
01:16:18 de nombreux agriculteurs partout
01:16:20 en France sont d'accord avec nous.
01:16:22 Et si on va là-bas aussi, c'est parce
01:16:24 qu'on veut chercher de la valeur. On a
01:16:26 entendu dans le discours de Gabriel
01:16:28 Lattal qu'il était
01:16:30 important de soutenir ceux qui n'arrivaient
01:16:32 pas à vivre du fruit de leur travail.
01:16:34 Et nous, aujourd'hui, agriculteurs,
01:16:36 quand on entend parler de soutien,
01:16:38 on pense souvent soutien
01:16:40 financier. Et nous, on n'a pas besoin
01:16:42 de soutien financier, on n'a pas besoin de soutien moral.
01:16:44 Je pense qu'on est assez
01:16:46 costauds, assez durs, et
01:16:48 les preuves du métier sont déjà
01:16:50 suffisantes pour qu'on...
01:16:52 Le message qui est écrit
01:16:54 souvent sur nos T-shirts
01:16:56 dit la vérité.
01:16:58 Ce que nous,
01:17:00 on veut, c'est foutez-nous la pelle et
01:17:02 c'est nous travailler. On n'en peut plus de crouler
01:17:04 sous toutes ces normes.
01:17:06 On n'a pas envie d'être soutenus,
01:17:08 on n'est pas des mendiants.
01:17:10 Et toute cette PAC
01:17:12 qui est à l'origine, justement,
01:17:14 cette politique agricole commune qui est à l'origine
01:17:16 de la création de la coordination rurale,
01:17:18 c'était justement
01:17:20 une opposition à ce système
01:17:22 où on devenait des assistés.
01:17:24 Et ça fait 30 ans que ça dure,
01:17:26 et ça fait 30 ans que ça s'empire.
01:17:28 Et si on continue encore comme ça
01:17:30 dans les 10, 20 ans à venir,
01:17:32 je ne sais pas ce qui restera
01:17:34 de l'agriculture. - À vos côtés, il y a
01:17:36 Kéline Morel, merci d'être avec nous. Vous avez été
01:17:38 longtemps dans les rouages de l'État,
01:17:40 puisque vous avez travaillé
01:17:42 aux côtés de François Hollande, ancien conseiller de François Hollande.
01:17:44 Cette grande colère des paysans,
01:17:46 elle remonte
01:17:48 à des années, en réalité.
01:17:50 C'est une colère de...
01:17:52 Comment est-ce que vous l'analysez, en fait ? Et le fait que le pouvoir
01:17:54 soit sourd au point de continuer
01:17:56 à dire "demain, on va faire des annonces".
01:17:58 Ça fait des années, en fait, que les annonces auraient dû être faites.
01:18:00 - Vous avez le choc entre la logique
01:18:02 du pouvoir, qui est souvent et malheureusement
01:18:04 une logique de court terme,
01:18:06 et on réagit à la pression,
01:18:08 aux événements qui vous
01:18:10 contraignent à le faire, et une évolution
01:18:12 qui est très ancienne.
01:18:14 La politique agricole commune, d'abord, c'est une politique
01:18:16 européenne. Donc, déjà,
01:18:18 quand on demande au président, au premier ministre,
01:18:20 au ministre de l'Agriculture,
01:18:22 de "résoudre" le problème,
01:18:24 vous pouvez bien comprendre que ça ne va pas se résoudre
01:18:26 dans le 7e arrondissement de Paris.
01:18:28 Si ça peut se résoudre,
01:18:30 ça se résoudra à Bruxelles,
01:18:32 et nous en aurons des éléments d'appréciation
01:18:34 demain. Mais c'est une politique
01:18:36 ancienne, et cette politique, elle a
01:18:38 dérivé dans le temps. Quand elle a été créée
01:18:40 par le général de Gaulle en 1962,
01:18:42 c'était une exigence du général de Gaulle
01:18:44 pour mettre, si vous voulez, un contrepoids
01:18:46 au traité de Rome, qui n'avait pas
01:18:48 sa préférence, mais qu'il avait accepté d'endosser
01:18:50 en retournant au pouvoir en 1958.
01:18:52 Il a dit "moi, je veux à ce moment-là qu'il y ait
01:18:54 une politique pour nos agriculteurs, pour que la France
01:18:56 devienne et reste et développe une puissance
01:18:58 agricole". Cette politique
01:19:00 agricole commune a été fondée sur deux
01:19:02 piliers, qui étaient le productivisme, il fallait
01:19:04 produire beaucoup pour tous les Français
01:19:06 et au-delà, et on l'a fait,
01:19:08 et c'était le protectionnisme. C'est-à-dire, les produits
01:19:10 français et européens seront protégés.
01:19:12 Et au fil
01:19:14 des décennies, à mesure que l'Europe
01:19:16 elle-même s'est transformée en
01:19:18 autre chose, en une Europe fédéralisée
01:19:20 et libérale, eh bien les deux
01:19:22 piliers ont été complètement anéantis.
01:19:24 Le productivisme, aujourd'hui, vous avez le contraire, c'est-à-dire
01:19:26 du malthusianisme, on vous dit "il faut
01:19:28 mettre 10% des terres en jachère,
01:19:30 baisser la production de 15%,
01:19:32 fermer donc des exploitations", et on vous dit
01:19:34 plus de protectionnisme, mais l'Europe
01:19:36 commerciale ouverte à tous les vents.
01:19:38 Passons des accords commerciaux
01:19:40 avec tous les grands blocs du monde.
01:19:42 Aujourd'hui, on parle du Mercosur, mais il y a eu
01:19:44 le Canada avant, et tous les autres pays.
01:19:46 C'est ça qui est en cause. Donc, si
01:19:48 aujourd'hui, face à ce qui se passe,
01:19:50 on parle de rungis, évidemment
01:19:52 ça nous touche, ça nous fait peut-être même
01:19:54 un peu peur, et on appelle à la responsabilité
01:19:56 aussi bien les
01:19:58 agriculteurs, qui ne sont pas des casseurs,
01:20:00 et les forces de l'ordre qui doivent faire convenablement,
01:20:02 elles le feront, leur devoir,
01:20:04 mais c'est un phénomène européen.
01:20:06 Partout en Europe, vous avez des
01:20:08 agriculteurs qui défilent, qui bloquent.
01:20:10 Donc, si on n'arrive pas à comprendre qu'on est
01:20:12 arrivé à un moment où il faut une nouvelle
01:20:14 PAC, il faut refonder
01:20:16 une nouvelle PAC sur de nouveaux
01:20:18 critères, de nouveaux piliers, et bien
01:20:20 je crains que nous allions vers des
01:20:22 moments très difficiles, et pas
01:20:24 que pour les agriculteurs. - Avec
01:20:26 des affrontements éventuellement à la clé,
01:20:28 selon vous, Akiline Morel ? - Les affrontements
01:20:30 sont toujours possibles, mais avant les affrontements,
01:20:32 il y a surtout ce que vous évoquez, c'est-à-dire
01:20:34 comment dire,
01:20:36 l'arrassement, la colère,
01:20:38 le désavoir,
01:20:40 et le désespoir de combien
01:20:42 de centaines de milliers d'agriculteurs.
01:20:44 C'est ça qui compte. J'espère
01:20:46 évidemment, comme tout le monde ici, qu'il n'y aura aucun
01:20:48 problème, aucun
01:20:50 affrontement entre les forces de l'ordre, mais restera
01:20:52 cela, cette détresse humaine,
01:20:54 cette envie de continuer à travailler
01:20:56 dignement, efficacement, pour
01:20:58 un moment donné, où c'est tout de même paradoxal,
01:21:00 il va falloir,
01:21:02 puisque la population mondiale ne cesse d'augmenter,
01:21:04 fournir des aliments, et nourrir
01:21:06 tous ces pays. - Vous êtes d'accord, Madame Le Floc.
01:21:08 - Alors oui, et je
01:21:10 crains d'être déçue
01:21:12 de ce qui va être annoncé demain.
01:21:14 On sait qu'aujourd'hui, Marc Fesneau, notre ministre
01:21:16 de l'Agriculture, est présent à Bruxelles. On sait
01:21:18 qu'il essaye d'avoir avec lui
01:21:20 un ralliement du maximum
01:21:22 de ministres de l'Agriculture,
01:21:24 mais ils sont en train de
01:21:26 réfléchir
01:21:28 à différents points de la politique agricole
01:21:30 commune. Alors là, on parle de Jachère,
01:21:32 peut-être demain, ça va être les Prairies, pour
01:21:34 essayer de rassembler le maximum
01:21:36 de ministres, alors que, comme vous l'avez dit,
01:21:38 c'est toute la politique agricole commune
01:21:40 qui est à revoir.
01:21:42 - Alors, parce que, pour être précis, Bruxelles a
01:21:44 répondu aujourd'hui, soit disant, aux demandes de la France,
01:21:46 en disant "dérogation partielle
01:21:48 aux obligations de Jachère dans l'UE,
01:21:50 et limiter toute hausse incontrôlable des
01:21:52 importations agricoles ukrainiennes,
01:21:54 pour offrir des gages aux agriculteurs qui manifestent
01:21:56 à travers toute l'Europe". Et c'est temporaire !
01:21:58 C'est du temporaire, ça s'est dit dans le communiqué de l'Elysée !
01:22:00 - C'est ça qui est dangereux,
01:22:02 et puis, on ne voit pas,
01:22:04 justement, se dessiner quelque chose
01:22:06 qui nous donnerait des garanties
01:22:08 par rapport à d'autres accords de libre-échange.
01:22:10 Peut-être demain, c'est le Mercosur.
01:22:12 La semaine dernière, nous étions à Bruxelles,
01:22:14 il y avait
01:22:16 une commission de l'agriculture
01:22:18 qui se réunissait au Parlement.
01:22:20 Le Chili, les accords avec le Chili
01:22:22 étaient votés. À chaque fois,
01:22:24 ce type d'accords de libre-échange,
01:22:26 voire rentrer en Europe
01:22:28 des produits alimentaires,
01:22:30 au profit d'autres produits
01:22:32 ou de services de grandes multinationales.
01:22:34 On est la monnaie d'échange,
01:22:36 on se tue avec ce qu'on apporte.
01:22:38 - Vous avez raison. Je vous passe à parler
01:22:40 d'un instant, Éric Revelle, mais je voudrais juste
01:22:42 qu'on reparte à Rungis, que la nuit est en train de tomber
01:22:44 sur Rungis. On a toujours ce face-à-face
01:22:46 qui ne semble pas encore extrêmement tendu
01:22:48 entre les agriculteurs
01:22:50 de la coordination rurale et les forces de l'ordre.
01:22:52 Mikaël Dos Santos, vous êtes sur place
01:22:54 avec Thibault Marcheoteau. Qu'est-ce qui se passe, là ?
01:22:56 Expliquez-nous.
01:22:58 - Écoutez, la situation est plutôt calme
01:23:00 ici, devant cette société
01:23:02 de logistique.
01:23:04 79 agriculteurs
01:23:06 de la coordination rurale
01:23:08 ont pénétré aux alentours de 17h dans ce centre.
01:23:10 Ils sont finalement ressortis
01:23:12 dans le calme.
01:23:14 En ce moment même, ils sont emmenés
01:23:16 vers le commissariat de Créteil,
01:23:18 puisqu'il y a eu un dépôt
01:23:20 de plaintes pour dégradation,
01:23:22 selon les informations que l'on a pu glaner
01:23:24 sur place. Au moins une fois par semaine,
01:23:26 une porte aurait été dégradée
01:23:28 lorsque ces agriculteurs ont pénétré
01:23:30 cette société de logistique.
01:23:32 Les leaders de la coordination rurale
01:23:34 ont donné des consignes
01:23:36 ici sur place à leurs camarades.
01:23:38 Vous n'avez rien vu,
01:23:40 rien entendu,
01:23:42 vous n'avez rien à déclarer,
01:23:44 vous ne connaissez personne.
01:23:46 Voilà ce qui leur a été donné comme consigne
01:23:48 pour ceux qui sont donc emmenés
01:23:50 au commissariat de Créteil.
01:23:52 Certains agriculteurs ici sur place
01:23:54 sont en état de choc.
01:23:56 Pour beaucoup d'entre eux, c'est la première fois
01:23:58 qu'ils sont emmenés par les forces de l'ordre.
01:24:00 Surtout les plus anciens qui nous disaient
01:24:02 "J'ai dû attendre pour l'un d'entre eux 62 ans
01:24:04 pour être emmené
01:24:06 dans un commissariat".
01:24:08 Pour le moment, ils sont interpellés
01:24:10 au compte-gouttes. Ils quittent
01:24:12 cette société de logistique
01:24:14 située à Arringis.
01:24:16 Pour le moment, effectivement,
01:24:18 on attend des nouvelles.
01:24:20 Mais la situation est plutôt calme
01:24:22 au moment où je vous parle.
01:24:24 - Merci beaucoup, Michael Dossant.
01:24:26 - Éric Revel.
01:24:28 - Je ne voudrais céder à aucune démagogie
01:24:30 ni populisme, ce n'est pas le genre de ma maison.
01:24:32 Je me mets à la place des Français
01:24:34 qui nous regardent ou ceux qui nous écoutent
01:24:36 sur Europe 1.
01:24:38 On a assisté à des images d'émeutiers
01:24:40 qui pétaient des magasins,
01:24:42 qui tiraient des mortiers sur la police
01:24:44 et qui parfois n'étaient même pas inquiétés.
01:24:46 Là, on a des gens qui sont quand même
01:24:48 dans un calme absolu et qui vont peut-être
01:24:50 prendre des pots de plainte.
01:24:52 Tout ça n'est pas bon du tout pour le climat de la démocratie.
01:24:54 Maintenant, sur le libre-échange.
01:24:56 Il y a eu 48 accords
01:24:58 de libre-échange signés par la
01:25:00 machine folle de Bruxelles dans 74
01:25:02 pays sur 5 continents.
01:25:04 J'ai en tête ce qu'on a vu
01:25:06 sur une vidéo absolument hallucinante,
01:25:08 je ne savais même pas que ça existait,
01:25:10 un bocal, des bocaux, dans un camion
01:25:12 d'asperges en provenance de Chine.
01:25:14 On a réduit drastiquement
01:25:16 la superficie pour la culture
01:25:18 d'asperges en France alors qu'on l'a augmentée
01:25:20 en Allemagne de manière énorme et on importe
01:25:22 des asperges de Chine.
01:25:24 Je ne sais pas si vous vous rendez compte.
01:25:26 D'ailleurs, on ne se demande pas si les normes sanitaires,
01:25:28 les normes environnementales,
01:25:30 le bilan carbone de l'asperge de Chine,
01:25:32 tout ça passe.
01:25:34 Moi, ce qu'il faut dire,
01:25:36 c'est qu'il faut arrêter cette machine
01:25:38 folle, libérale, fédérale, surtout
01:25:40 bruxelloise, parce qu'en réalité,
01:25:42 les pouvoirs politiques n'ont plus
01:25:44 aucun poids.
01:25:46 Je vous rappelle que c'est le Conseil de l'Europe
01:25:48 qui décidera pour
01:25:50 le traité du Mercosur
01:25:52 à la majorité qualifiée et qu'il
01:25:54 suffira donc que 15 pays sur 27
01:25:56 approuvent le traité du Mercosur
01:25:58 pour que le président de la République
01:26:00 soit obligé d'aller à Canossa.
01:26:02 C'est ça la réalité aujourd'hui.
01:26:04 Sur l'accord chilien, en fait,
01:26:06 on sacrifie un peu plus l'agriculture française.
01:26:08 Pourquoi ? Parce qu'il faut le dire aussi,
01:26:10 le Chili est le premier producteur de cuivre au monde.
01:26:12 On a besoin de cuivre pour relier les fameuses
01:26:14 éoliennes qui vont nous sauver
01:26:16 de l'énergie.
01:26:18 On a besoin de cuivre pour relier
01:26:20 les éoliennes
01:26:22 et pour apatrier le courant
01:26:24 là où il doit être apatrié. Donc en fait,
01:26:26 on est en train de sacrifier dans un silence
01:26:28 assourdissant, et j'espère
01:26:30 que les choses changeront, mais je suis plus
01:26:32 pessimiste que vous, madame, parce que le pouvoir politique,
01:26:34 vous savez, je connais.
01:26:36 On est en train d'assassiner
01:26:38 le poids de l'agriculture française.
01:26:40 On est passé de 6-7 millions d'agriculteurs
01:26:42 au sortir
01:26:44 de la seconde guerre mondiale, vous êtes 400 000
01:26:46 aujourd'hui. Le cynisme politique,
01:26:48 c'est de penser que bientôt, vous n'aurez plus
01:26:50 aucun pouvoir électoral.
01:26:52 Voyez ? Plus aucun
01:26:54 pouvoir électoral. Et c'est ça
01:26:56 qui est tragique, si vous voulez. C'est que cette profession
01:26:58 qui non seulement nourrit
01:27:00 le pays, mais aussi porte une partie
01:27:02 de notre histoire, porte une partie de nos
01:27:04 racines culturelles. Cette population
01:27:06 est en train de partir
01:27:08 sous la responsabilité
01:27:10 de dizaines d'années de pouvoir
01:27:12 dans ce pays, qui a laissé l'Europe
01:27:14 bruxelloise nous imposer
01:27:16 dans l'agriculture et ailleurs
01:27:18 des choses qui sont en train de détruire le
01:27:20 pays. Voilà ce que je voulais vous dire.
01:27:22 C'est un constat terrible d'Éric Revelle, mais vous êtes d'accord, madame Lefebvre ?
01:27:24 Alors, tout à fait, c'est bien une affaire
01:27:26 politique et qui est
01:27:28 entamée depuis très longtemps, puisque
01:27:30 du temps de Bolsonaro, avec
01:27:32 sa ministre de l'agriculture,
01:27:34 en 2018, elle avait mis un plan
01:27:36 de développement de l'agriculture, sur
01:27:38 2018-2028, qui
01:27:40 prévoyait des augmentations dans
01:27:42 les principales productions animales, le bovin,
01:27:44 le porc, la volaille, de 30%.
01:27:46 Donc, évidemment qu'on ne
01:27:48 se lance pas dans un tel développement
01:27:50 de la production, si on ne sait pas
01:27:52 à qui on va les vendre. Donc, bien
01:27:54 évidemment qu'il y a certainement des engagements
01:27:56 qui ont été pris, et peut-être même
01:27:58 il y a un certain
01:28:00 moment. Donc, franchement,
01:28:02 c'est une autodestruction
01:28:04 de l'agriculture, et nous, on le
01:28:06 sent, à la coordination rurale,
01:28:08 avec tout le mouvement qui
01:28:10 est assez puissant
01:28:12 à l'ouest de l'Europe, avec les Espagnols
01:28:14 aussi qui se sont engagés cette semaine,
01:28:16 les Allemands qui durent, les Irlandais,
01:28:18 les Espagnols,
01:28:20 tout le monde s'y met, et on
01:28:22 sent cette oppression-là contre l'agriculture
01:28:24 et sa production à l'ouest de l'Europe,
01:28:26 avec peut-être, demain, s'il y a
01:28:28 une ouverture sur
01:28:30 l'Ukraine, un développement et une délocalisation
01:28:32 de la production vers l'est
01:28:34 du continent. Donc ça, tout ça,
01:28:36 si ça n'inquiète pas les consommateurs,
01:28:38 il faut qu'ils comprennent aussi
01:28:40 ce qu'ils mangeront demain.
01:28:42 - Maquiline Morel, c'est le constat
01:28:44 de la perte de pouvoir des politiques, en réalité ?
01:28:46 - De la perte de pouvoir, de...
01:28:48 C'est pas seulement une perte de pouvoir,
01:28:50 c'est une forme de dessaisissement,
01:28:52 mais qui est volontaire. C'est pas des choses qui sont
01:28:54 arrivées du ciel.
01:28:56 Tout ça est né après le tournant
01:28:58 fédéraliste de François Mitterrand
01:29:00 en mars 1983. Comme
01:29:02 le disait mon ami Jean-Pierre Chevènement,
01:29:04 "La gauche a ratifié, mais la droite..."
01:29:06 La gauche a signé, la droite
01:29:08 a ratifié. Donc tout le monde a été d'accord
01:29:10 pour transférer
01:29:12 au niveau de la Commission européenne des prorogatives
01:29:14 dont certains n'auraient dû rester nationales
01:29:16 et qui d'ailleurs, je l'espère, le redeviendront.
01:29:18 Et sinon, de surveiller
01:29:20 beaucoup mieux ce système,
01:29:22 on a accepté. Maintenant, on est dans cette logique
01:29:24 folle, comme vous dites, ce védéranisme
01:29:26 qui n'est même plus rampant, qui est
01:29:28 même plus clandestin, comme disait Raymond Aron, qui est maintenant
01:29:30 de plus en plus à ciel ouvert
01:29:32 et qui conduit...
01:29:34 Le problème, c'est pas tant
01:29:36 les 400 000 agriculteurs,
01:29:38 leur sort est en jeu
01:29:40 et c'est très grave. Mais ce qui est en jeu derrière,
01:29:42 c'est tout simplement notre pays.
01:29:44 Parce que c'est encore un élément de la crise
01:29:46 identitaire qui frappe notre pays. Il y a la
01:29:48 désindustrialisation, on a perdu des millions
01:29:50 d'emplois industriels
01:29:52 au gré d'accords de libre-échange.
01:29:54 Il y a les agriculteurs qui étaient
01:29:56 un petit peu sous le radar qu'on ne voyait pas trop
01:29:58 parce que c'est des gens durs à la tâche
01:30:00 et que ce sont des questions
01:30:02 un peu techniques. Et puis parce que, effectivement,
01:30:04 comme le disait Éric Revelle, ils sont déjà au mètre 400 000
01:30:06 et que, électoralement, pour certains
01:30:08 politiques, cyniquement, c'est pas très important.
01:30:10 Il y a la question de l'Europe fédéralisée
01:30:12 qui ne cesse d'empiéter
01:30:14 sur le préalable des États. Et puis,
01:30:16 il y a la question, dans la crise
01:30:18 identitaire, on n'en parle pas ce soir, mais
01:30:20 on en a déjà parlé, de l'immigration.
01:30:22 Tout ça, c'est la question
01:30:24 de qu'est-ce que, comme dirait
01:30:26 le président de la République, le Premier ministre,
01:30:28 il faudrait que la France reste la France.
01:30:30 Avec les paysans, c'est
01:30:32 posé sur la table parce qu'une France
01:30:34 sans paysans, ce n'est plus
01:30:36 la France. Alors là, c'est
01:30:38 le mouvement qui se dessine.
01:30:40 Et si, demain, à Bruxelles,
01:30:42 des décisions fortes n'étaient pas prises,
01:30:44 Éric Revelle soulignait
01:30:46 à juste titre le problème
01:30:48 de cette dérive folle de la machine, mais il y a toujours une possibilité.
01:30:50 Moi, je rappellerais le général
01:30:52 de Gaulle. La crise de la chaise vide,
01:30:54 quand il a dit à un moment donné "c'est terminé",
01:30:56 la France va quitter les
01:30:58 institutions européennes. Et je ne
01:31:00 reviendrai, nous ne reviendrons que lorsque
01:31:02 les questions auront été réglées.
01:31:04 Le président de la République ne parle que de souveraineté
01:31:06 européenne. Vous ne pensez pas qu'il va se lever
01:31:08 de la chaise et la laisser vivre ?
01:31:10 Je crains que non. Ce que je veux dire, c'est que la situation
01:31:12 aujourd'hui a atteint un tel niveau de
01:31:14 gravité que si nous ne sommes pas capables de ce genre
01:31:16 de réaction... Vous le savez sans doute,
01:31:18 mais est-ce que les Français savent que
01:31:20 dans la foulée du traité de Lisbonne,
01:31:22 les parlements nationaux
01:31:24 ont été désaisis de la ratification
01:31:26 des traités de libre-échange ?
01:31:28 C'est-à-dire qu'on ne demande même plus aux parlements
01:31:30 nationaux. On ne fait même plus comme si
01:31:32 il y avait une démocratie dans les pays.
01:31:34 Non, non, non. Non, mais vous vous rendez compte,
01:31:36 c'est le Conseil de l'Europe à la majorité qualifiée
01:31:38 qui va signer le traité du Mercosur.
01:31:40 15 pays sont maintenant... - Ah, mais là, le président français
01:31:42 a dit qu'il s'y opposerait. On verra, c'est ce que je disais.
01:31:44 - Mais je ne sais pas comment il va sortir de cet impasse.
01:31:46 - On verra si on ne les déploie plus ou on les déploie toujours.
01:31:48 - Il n'y a pas d'impasse qu'en sortant de la pièce, Eric.
01:31:50 C'est-à-dire en se levant en disant "c'est ainsi et pas autrement".
01:31:52 - Il n'est pas De Gaulle qui veut.
01:31:54 - Il n'est pas De Gaulle qui veut, mais il y a des moments
01:31:56 dans l'histoire où vous êtes
01:31:58 un petit peu obligé
01:32:00 de tenir ce genre de position,
01:32:02 car sinon,
01:32:04 sinon on peut toujours attendre, vous savez,
01:32:06 la célèbre phrase de Mme Dubarry, "Encore un instant,
01:32:08 M. Le Bourreau", on peut toujours attendre,
01:32:10 mais les échéances, elles se rapprochent.
01:32:12 Et on voit bien ce qui va se passer derrière.
01:32:14 - Je vous ferai le jeune un mot avant qu'on pète sur le terrain.
01:32:16 - Le jeune un mot, c'est le veut-il.
01:32:18 Son logiciel, profondément, il est d'accord
01:32:20 avec les traités de libre-échange.
01:32:22 Je me souviens qu'au moment du TAFTA,
01:32:24 on avait beaucoup de discussions, je crois que c'était
01:32:26 d'ailleurs sous le quinquennat de François Hollande,
01:32:28 Emmanuel Macron ne s'était pas opposé alors qu'il était
01:32:30 ministre de l'économie, il n'était pas spécialement
01:32:32 parmi les opposants à tout ça, je sais que vous en étiez.
01:32:34 Et j'ajouterai, parce qu'il n'y a plus rien à dire, je pense,
01:32:36 sur le libre-échange, mais c'est la question de l'écologie
01:32:38 ou plutôt de l'écologisme, en fait.
01:32:40 - Oui, l'écologie, j'essaye de comprendre, en écoutant tout le monde parler de libre-échange,
01:32:44 comment on en est arrivé là.
01:32:46 Les écologistes, électoralement, c'est autour de 15% des élections,
01:32:49 mais c'est un parti charnière, et c'est surtout, je pense,
01:32:51 l'Union Européenne qui est, autant l'Europe est une réalité géographique, concrète,
01:32:55 on découvre d'ailleurs à l'occasion de la crise de l'agriculture,
01:32:57 qu'il y a un peuple européen, puisque les agriculteurs
01:32:59 de tous les pays européens se rebellent en même temps,
01:33:01 parfois pas pour les mêmes raisons, mais en tout cas,
01:33:03 on constate qu'il y a des causes communes.
01:33:05 En revanche, l'Union Européenne est autre chose,
01:33:07 elle est une exsens-substance qui, du coup, doit se trouver des raisons d'être,
01:33:10 et notamment des religions.
01:33:11 Il y a celle, vous avez raison, on n'en parle pas ce soir,
01:33:13 de l'inclusion, de l'immigration, etc.,
01:33:15 et il y a aussi celle de l'écologie.
01:33:16 C'est pour donner une raison d'être et une légitimité à tout ça.
01:33:18 Le pacte vert, aujourd'hui, c'est quasiment un assassinat,
01:33:22 décidé par des gens qui sont tous des urbains,
01:33:25 les Français, par exemple, vivent tous dans le 11ème arrondissement de Paris,
01:33:28 pour imposer des normes écologiques à des gens qui, eux,
01:33:31 vivent dans la nature, à la campagne, et qui connaissent la nature par cœur.
01:33:34 C'est quand même une aberration hallucinante.
01:33:36 - 18h32 en direct sur CNews et sur Repas.
01:33:38 On va repartir dans le centre-ville de Linas, Montlhéry, dans l'Essonne,
01:33:42 on rejoint Augustin Donadieu et Fabrice Elsner.
01:33:44 Bonsoir à tous les deux.
01:33:45 Là encore, on a cette même scène,
01:33:48 Augustin, détracteur à l'arrêt dans le centre-ville,
01:33:51 face aux forces de l'ordre, comment ça se passe ?
01:33:53 - Oui, c'est tout à fait ça, Laurence, ici, en Essonne,
01:33:58 dans ce petit bourg de Linas.
01:34:00 C'est une vingtaine d'agriculteurs partis lundi d'Agin,
01:34:02 qui ont parcouru 600 kilomètres,
01:34:04 et qui se retrouvent ici, au milieu des habitations,
01:34:07 encerclées par les forces de l'ordre,
01:34:09 des agriculteurs qui poursuivaient leur route en direction de Rungis,
01:34:13 mais qui ont donc été arrêtés net, ici, en Essonne.
01:34:17 Leur parcours est assez particulier à ces agriculteurs.
01:34:19 Il y a donc des arboriculteurs, des éleveurs, des céréaliers.
01:34:22 Ils ont décidé de quitter leur convoi organisé depuis Agin,
01:34:26 un convoi qui a été bloqué il y a quelques heures par les forces de l'ordre.
01:34:29 Ils ont emprunté des chemins de traverse,
01:34:31 aidés par des agriculteurs, pour les aider à trouver leur chemin à travers Champs.
01:34:35 Regardez, en témoigne, le tracteur qui se trouve juste à côté de moi,
01:34:38 un tracteur complètement embourbé, si je puis dire, avec de la boue,
01:34:42 puisqu'il a été embourbé.
01:34:43 Ils ont véritablement emprunté des chemins de traverse.
01:34:46 Ces agriculteurs ne perdent pas leur objectif de rejoindre la capitale,
01:34:49 en particulier Rungis.
01:34:50 Ils se montrent solidaires de leurs collègues,
01:34:52 qui ont pu pénétrer dans l'ensemble de ce marché international,
01:34:55 mais pour l'heure, ils sont encerclés par les forces de l'ordre.
01:34:58 Aucune consigne n'a été donnée, aucune interpellation n'a eu lieu pour le moment.
01:35:02 Tout se passe dans le calme,
01:35:03 et ces agriculteurs peuvent compter véritablement sur une solidarité
01:35:07 avec tous ces habitants qui descendent de leurs appartements avec leurs enfants
01:35:11 et qui viennent apporter, déposer au pied des tracteurs,
01:35:13 de très nombreuses denrées alimentaires et des boissons.
01:35:16 – Merci beaucoup Augustin Denuncieu.
01:35:18 On va rejoindre maintenant Antoine Estelle et Laurence Ellarié.
01:35:20 Là, vous êtes sur l'autoroute A6.
01:35:22 Expliquez-nous ce qui se passe.
01:35:23 Antoine, je crois que vous avez des invités à côté de vous.
01:35:27 – Effectivement, je suis avec trois agricultrices
01:35:29 avec qui on a pu s'entretenir pas mal aujourd'hui,
01:35:31 qui nous racontent leur quotidien ici sur les barrages d'agriculteurs.
01:35:34 Alors, il y a ce grand mouvement pacifiste des agriculteurs,
01:35:37 des jeunes agriculteurs et de la FNSEA avec qui nous sommes ici,
01:35:40 qui sont parfois contre ce qui peut se passer ailleurs.
01:35:43 C'est vrai que ce qui s'est passé à Rungis,
01:35:45 avec d'autres agriculteurs qui sont rentrés à l'intérieur de Rungis,
01:35:48 ça va un petit peu à l'encontre de ce que nous disent
01:35:50 les agriculteurs qui se trouvent autour de nous.
01:35:52 Est-ce que vous aussi, vous avez, je ne sais pas,
01:35:55 entendu parler de ces hommes et ces femmes qui sont rentrés à l'intérieur de Rungis,
01:35:59 j'imagine que c'est pas votre option à vous, hein,
01:36:01 de absolument rentrer dans Rungis,
01:36:03 c'est pas ce que vous aviez imaginé en arrivant à Paris ?
01:36:05 – Euh non, en effet, c'était pas l'option qu'on avait envisagée.
01:36:10 Après, chacun voit midi à sa porte,
01:36:14 les syndicats pensent des choses, nous on en pense d'autres.
01:36:18 – Et votre mouvement, c'est ce qu'on dit depuis le début,
01:36:20 il est complètement pacifiste.
01:36:22 Vous êtes là pour justement montrer que vous êtes là.
01:36:24 – Oui, c'est ça, tout à fait.
01:36:26 Nous, on est là pour porter nos revendications,
01:36:28 dans le calme, la bonne humeur, et puis faire entendre notre voix.
01:36:31 – Oui, pareil, alors après, ils sont rentrés dans Rungis,
01:36:36 peut-être par la force, c'est assez dommage,
01:36:38 mais par contre, c'est vrai que c'est quand même le ventre de Paris,
01:36:42 donc ça s'entend, mais surtout, nous ce qu'on s'accorde à dire tous ici
01:36:47 et ailleurs, je pense, c'est que pas de violence,
01:36:50 pas de casse, etc.
01:36:53 – Sur ce barrage, comme sur d'autres barrages dans la région en ce moment,
01:36:56 c'est vrai qu'on entend parler de plusieurs options dans les jours qui viennent,
01:36:59 la première, c'est effectivement ce bras de fer contre les forces de l'ordre
01:37:03 qui se trouvent de l'autre côté du barrage là-bas,
01:37:05 évidemment sans violence, et puis l'autre option,
01:37:07 ce serait en négociation en ce moment avec les différentes préfectures
01:37:10 autour de Paris pour pouvoir stocker, c'est comme ça que disent
01:37:13 les forces de l'ordre, les différents groupes d'agriculteurs
01:37:15 qui se trouvent dans la région, avant de les faire rentrer
01:37:18 à l'intérieur de Paris dans les prochains jours.
01:37:20 Tout cela, c'est évidemment en négociation, et on ne sait pas vraiment
01:37:22 quelles sont les options qui vont être prises par les forces de l'ordre.
01:37:24 – Merci beaucoup Antoine Estève et Laurent Scellarié,
01:37:26 sur l'autoroute A6, on a été rejoint par Marie Lhorepesan,
01:37:30 bonsoir, vous êtes porte-parole de la gendarmerie nationale,
01:37:32 on ne va pas évoquer le cas de Rungis parce que typiquement
01:37:35 ce ne sont pas les gendarmes qui sont à pied d'œuvre,
01:37:37 ce sont les policiers, en revanche, vous allez pouvoir nous expliquer
01:37:40 à quoi servent ces blindés, les blindés Centor,
01:37:43 qu'on a vu sur de nombreuses routes pour faire face,
01:37:45 pour empêcher les agriculteurs de se déplacer,
01:37:49 à quoi est-ce qu'ils servent ? À évacuer les tracteurs ?
01:37:53 – Comme vous l'avez dit, ils servent à bloquer,
01:37:55 c'est des engins qui sont assez imposants, on est face à des tracteurs,
01:37:59 donc l'objectif c'est de bloquer les axes,
01:38:02 éviter que les agriculteurs continuent leur progression,
01:38:07 et donc il a fallu tenir un certain nombre de points,
01:38:10 et donc les engins blindés, vous avez vu,
01:38:13 ils sont à côté de gendarmes à pied, et donc c'est un moyen efficace
01:38:16 de bloquer des axes. Ils ont aussi une capacité
01:38:20 à éventuellement dégager les axes s'il y a besoin d'enlever des barricades,
01:38:24 puisque l'autre objectif aussi, c'est aussi d'avoir des axes
01:38:27 qui sont viables par la suite.
01:38:29 – On a vu que certains membres de la coordination rurale
01:38:31 ont réussi à prendre des chemins de traverse
01:38:34 pour éviter les barrages de gendarmerie,
01:38:38 vous avez un dispositif qui est mis en place sur la profondeur, c'est ça ?
01:38:42 – Exactement, on est dans la profondeur, donc sur l'ensemble du territoire,
01:38:45 il y a différents modes d'action aussi des agriculteurs,
01:38:47 certains sont vraiment présents sur un territoire et n'en bougent pas,
01:38:51 d'autres ont cette intention de rejoindre Paris,
01:38:53 donc notre dispositif est adapté à ces différentes intentions,
01:38:57 et c'est pour ça qu'on a dans la profondeur des points fixes,
01:39:00 des zones qu'on va bloquer, et tout ça pour que les agriculteurs
01:39:05 puissent porter leur message dans le calme.
01:39:08 – Est-ce que vos blindés sont déployés ailleurs qu'en Ile-de-France,
01:39:10 il y en a dans d'autres parties du territoire ?
01:39:12 – Oui, alors on a deux points principaux, l'Ile-de-France et le Loiret,
01:39:16 donc dans le Loiret, sur le secteur entre Orléans et Gien,
01:39:20 on avait des blindés déployés sur un certain nombre d'axes et de ponts,
01:39:25 notamment comme on a pu le voir, qui sont déployés à côté des gendarmes mobiles
01:39:29 et d'autres véhicules des gendarmes mobiles.
01:39:32 – Les lignes rouges, pour vous les gendarmes c'est quoi ?
01:39:35 Vous voulez absolument les empêcher de circuler ?
01:39:37 – Les lignes rouges ont été fixées par le ministre de l'Intérieur et des Outre-mer,
01:39:40 c'est-à-dire éviter un blocage total de Paris, ne pas aller sur Rungis,
01:39:45 ne pas aller sur les aéroports, tous ces points qui sont vus comme des points vitaux,
01:39:49 et donc dans la profondeur, l'objectif c'est d'éviter cet engorgement sur la plaque parisienne,
01:39:56 donc c'est pour ça qu'on bloque un certain nombre d'axes plus loin sur le territoire.
01:40:01 – Comment se passent les confrontations ? Est-ce qu'il y a des discussions ?
01:40:05 Comment ça se passe sur le terrain ?
01:40:07 – Comme on le voit, les images, on voit qu'on est dans une ambiance de calme,
01:40:11 on est dans un dialogue, on voit beaucoup de gendarmes discuter aussi avec les agriculteurs,
01:40:16 c'est vrai que dans notre quotidien on est régulièrement au contact des agriculteurs,
01:40:20 donc c'est un dialogue qu'on noue déjà depuis longtemps,
01:40:24 et là on est dans cette logique de rester dans le calme,
01:40:28 on voit les gendarmes, ils ne sont pas équipés, ils n'ont pas de casque,
01:40:31 les engins sont là, effectivement, bloquent l'accès,
01:40:35 mais de part et d'autre on a une ambiance, une certaine sérénité aussi dans l'action.
01:40:40 – Est-ce qu'il y a eu des dégradations que vous avez pu constater ?
01:40:43 – De ci, de là, on a pu avoir quelques actes isolés avec des dégradations,
01:40:46 là à partir du moment où on a des infractions qui sont constatées,
01:40:49 on a une judiciarisation, des enquêtes qui sont menées,
01:40:53 et ensuite les faits sont portés devant la justice qui pourra décider des suites à donner.
01:40:59 – Bien sûr, une judiciarisation, c'est-à-dire que ces personnes qui ont été interpellées seront…
01:41:04 – On va enquêter sur le fait, soit il y a des interpellations immédiates,
01:41:09 soit on va enquêter s'il y a un feu, une dégradation qui est commise,
01:41:13 pour établir les faits, établir les responsabilités,
01:41:17 et ensuite pouvoir conduire les personnes devant la justice.
01:41:19 – Une dernière question, Marie-Laure Pesan,
01:41:21 vous êtes porte-parole de la Gendarmerie nationale,
01:41:23 est-ce que le dispositif va être renforcé ?
01:41:25 On voit que la tension monte, malgré tout, petit à petit,
01:41:28 parce qu'il y a la fatigue, les agriculteurs sont sur les routes
01:41:30 et dorment dans leurs tracteurs depuis des jours et des jours,
01:41:33 vous comptez renforcer les effectifs sur le terrain ?
01:41:36 – Alors, on adapte le dispositif en fonction des évolutions du mouvement,
01:41:40 donc bien sûr, quand on a certains endroits qui sont plus fournis en termes d'agriculteurs,
01:41:48 on fait en sorte de pouvoir mettre plus de gendarmes sur ce territoire-là,
01:41:54 mais en fait, le dispositif évolue en permanence, toute la journée, d'heure en heure,
01:41:58 on va déployer des forces, on va faire des relèves,
01:42:01 et on va déplacer éventuellement le dispositif,
01:42:04 donc pour l'instant, on est sur 15 000 policiers et gendarmes de déployés
01:42:08 qui s'adaptent au territoire et qui s'adaptent justement
01:42:11 aux différents points de blocage ou d'évolution des agriculteurs.
01:42:16 – Avec évidemment la hantise d'une étincelle qui mettrait le feu aux poudres, on est d'accord ?
01:42:20 – On n'est pas dans cette logique-là, on voit que là,
01:42:23 vous venez d'avoir 2-3 personnes aussi qui expliquent
01:42:26 qu'elles ne sont pas dans cette logique-là,
01:42:28 donc personne n'est dans cette dynamique-là, il faut que ça dure.
01:42:32 – Merci beaucoup en tout cas, Marlène Pezan, porte-parole de la Gendarme nationale.
01:42:36 Ce que vous venez d'entendre vous rassure, Véronique Leflocq,
01:42:38 vous qui êtes de la coordination rurale.
01:42:40 – Alors moi j'ai toujours en tête ce que le Président de la République
01:42:43 a souvent rappelé, rapporté, nous sommes en guerre,
01:42:47 et le fait qu'ils sortent les blindés est perçu, comme nous autres agriculteurs,
01:42:52 et surtout ceux de la coordination rurale qui les ont vus davantage
01:42:55 que les autres je crois en phase 2,
01:42:58 on conduit ces collègues de la coordination rurale du 47
01:43:02 et rejoints par d'autres départements,
01:43:04 à adopter une stratégie qu'est celle qu'on adopte en guerre,
01:43:09 c'est-à-dire la stratégie de la division pour ne pas tous mourir ensemble.
01:43:13 Et c'est bien pour ça qu'on a eu cette dispersion, c'est juste une stratégie.
01:43:17 On voit qu'on nous emmenait, qu'on voulait justement nous bloquer,
01:43:22 et à un moment on est obligé d'aller vers le pouvoir puisqu'il ne vient pas vers nous.
01:43:27 Donc on a toujours dit qu'on serait dans le côté pacifique,
01:43:30 et là de voir les blindés qui étaient descendus aussi bas, dans le Loiret,
01:43:34 on s'est dit non c'est pas possible, c'était pas prévu comme ça,
01:43:37 les autres ont le droit de monter, pas nous.
01:43:39 – Vous avez l'impression qu'on s'en est pris plus particulièrement à vous la coordination rurale ?
01:43:43 – Oui bien sûr, alors qu'on a toujours dit qu'on serait dans ce côté pacifique
01:43:47 et de respect des personnes et des biens,
01:43:50 et là c'est vrai que c'était ressenti, plus ça allait,
01:43:54 c'était ressenti comme une provocation et la fatigue est danse,
01:43:58 et c'est pour ça qu'ils sont arrivés, ils ont joué le jeu,
01:44:01 l'objectif était d'atteindre Rungis,
01:44:04 ils ont laissé les tracteurs à un moment, ils sont allés en voiture,
01:44:07 donc quelque part c'est Serge Busquet-Cassagne qui l'a dit,
01:44:10 on a atteint notre objectif, maintenant le deuxième objectif,
01:44:13 avant de repartir, c'est celui d'avoir des grandes lignes
01:44:18 et des engagements de l'État.
01:44:21 – Il est 18h43, on est en direct sur CNews et sur Europe 1,
01:44:24 on repart tout de suite à Rungis,
01:44:26 on rejoint de Michael Dos Santos, Thibaut Marcheteau,
01:44:28 est-ce que la situation est toujours calme, Michael ?
01:44:32 Parce qu'il y a toujours des agriculteurs et toujours beaucoup de forces de l'ordre sur place.
01:44:36 – Société de logistique à Rungis,
01:44:45 les agriculteurs sont emmenés au compte-gouttes au commissariat de Créteil,
01:44:50 puisqu'il y a eu un dépôt de plaintes pour dégradation,
01:44:52 alors je tiens vraiment à préciser que les deux versions s'opposent,
01:44:55 c'est les agriculteurs de la coordination rurale qui nient toute dégradation,
01:44:59 ils sont entrés de manière pacifique, sont en sortie de manière pacifique,
01:45:03 nous avons pu le constater lorsque nous sommes arrivés sur le site,
01:45:07 et puis la version bien évidemment de cette société de logistique
01:45:10 qui a déposé plainte pour dégradation,
01:45:12 et comme je vous le disais tout à l'heure,
01:45:13 effectivement il y a cette information comme quoi une porte aurait été dégradée,
01:45:17 encore une fois, cela reste dû conditionnel, cela reste à vérifier,
01:45:20 et d'ailleurs les agriculteurs ici sur place qui sont emmenés au commissariat de Créteil
01:45:23 vont être entendus pour qu'on puisse écouter leur version des faits,
01:45:28 donc pour le moment c'est vraiment deux versions qui s'opposent ici à proximité de Rungis.
01:45:33 – Michael Dos Santos, à qui les nos morales est avec nous en plateau ?
01:45:36 Le fait qu'on traite ces agriculteurs comme des délinquants,
01:45:39 c'est un signe de plus du mépris dans lequel on les tient, pour vous ?
01:45:44 – Je ne sais pas si on les traite comme des délinquants,
01:45:46 moi je sais que les forces de l'ordre elles doivent faire accomplir leurs devoirs,
01:45:50 en l'occurrence elles ont des instructions très claires,
01:45:52 que l'on peut comprendre, c'est tout à fait logique
01:45:54 de préserver un certain nombre de centres stratégiques et névralgiques,
01:45:57 je crois qu'il faut rester, comment dire, raison gardée,
01:46:01 je ne crois pas qu'être interpellé et être conduit en garde à vue
01:46:05 pour prendre l'identité etc. soit être traité comme un délinquant.
01:46:10 Ce qui est vrai c'est que quand on est face à face, ce qui est le cas,
01:46:15 et là les agriculteurs sont face à face, ils ne sont pas tout seuls,
01:46:19 ils viennent avec des tracteurs, avec des engins qui sont tout de même impressionnants,
01:46:23 on peut comprendre qu'il y a besoin de cantonner leur progression.
01:46:26 Ce qui est important, moi je crois et j'espère comme tous ici,
01:46:31 c'est que les choses se passeront bien, j'ai le sentiment,
01:46:34 en écoutant la porte-parole de la gendarmerie qui nous a quittés,
01:46:37 que l'état d'esprit de part et d'autre, je l'ai dit tout à l'heure,
01:46:40 les agriculteurs ne sont pas des casseurs,
01:46:42 ce n'est pas leur philosophie, ce n'est pas leur manière de procéder,
01:46:44 et quant aux forces de l'ordre, je suis convaincu qu'elles feront leur travail correctement.
01:46:47 Ce qui est important, ce n'est pas ça, c'est qu'est-ce qui va se passer demain matin ?
01:46:51 Les gens qui sont là, on ne va pas leur dire "vous allez rentrer chez vous,
01:46:56 braves gens, il ne s'est rien passé, on n'a pas de solution pour vous,
01:47:00 il n'y a pas de mesures qui vont venir mettre un petit peu de mieux dans votre…"
01:47:05 - Mais c'est ce qui se passe depuis presque dix jours, vous le savez.
01:47:07 - Oui, mais… - On nous annonce des solutions pour le lendemain,
01:47:09 puis pour le surlendemain. - Exactement, mais demain,
01:47:11 il y a un rendez-vous important à Bruxelles, qui sera décisif, puisque répétons-le…
01:47:17 - Bruxelles a déjà dit qu'elle avait répondu aux demandes de la France.
01:47:19 - Non, ça c'est la Commission qui dit cela,
01:47:21 ce n'est pas la Commission qui décide dans un système
01:47:23 où il y a 27 chefs d'État et de gouvernement qui vont se réunir.
01:47:26 C'est à eux de dire, soit ils acceptent, ils se soumettent à cette décision,
01:47:29 et bien, écoutez, ils porteront la responsabilité devant chacun de leur peuple,
01:47:33 soit ils disent autre chose et ils obtiennent autre chose.
01:47:36 La Commission, là-dedans, c'est une espèce d'organisme
01:47:39 entre l'administratif et le politique, qui veut toujours être de plus en plus politique,
01:47:42 mais on peut la ramener dans le droit chemin.
01:47:45 - Mais elle doit discuter de quoi concrètement demain, la Commission ?
01:47:47 - Elle, elle va partir, j'imagine, du texte et des propositions qui sont les siens.
01:47:51 Mais les chefs d'État et de gouvernement peuvent très bien dire,
01:47:53 écoutez, nous sommes arrivés à une situation,
01:47:55 parce qu'il n'y a pas que le président français qui fait face à une révolte du monde agricole,
01:48:01 c'est à peu près tous les pays d'Europe, à peu près.
01:48:04 Ils peuvent très bien dire, écoutez, nous sommes dans une situation qui est quand même très critique.
01:48:08 Nous devons, moi je pense qu'il faudrait dire,
01:48:11 nous allons réfléchir à une nouvelle politique agricole commune,
01:48:14 refonder la PAC et d'ici là, nous prenons des mesures, comment dire, conservatoires,
01:48:18 celles qui ont été évoquées, c'est-à-dire on gèle un certain nombre,
01:48:21 un certain nombre pour avoir un certain nombre de décisions qui étaient dans l'air,
01:48:25 oui, par exemple.
01:48:26 - Mais ça c'est déjà acté, la Commission a déjà répondu.
01:48:29 - Si elle a...
01:48:30 - Donc qu'est-ce qu'on attend demain ? C'est ça la question que je me pose.
01:48:33 - Déjà par rapport au pacte vert, on ne peut pas rester dans cette logique de déproduction
01:48:38 qui, pour la France, est très pénalisante et se concrétise par une balance commerciale
01:48:42 qui est de plus en plus déficitaire, qui au niveau de l'Europe,
01:48:46 avec les échanges que l'on a, nous autres français, avec l'Europe,
01:48:49 où on est passé en moins de 10 ans d'une balance positive de 2,5 milliards à moins de 2,5 milliards,
01:48:55 mais bientôt on va être dépendant d'autres produits d'importation de nos collègues
01:49:00 avec cette concurrence qui, quelque part, n'est pas respectée,
01:49:05 on n'est pas sur les mêmes normes, donc ça ne tient pas.
01:49:08 - Augustin Donadieu, pardon, on rejoint Augustin Donadieu
01:49:11 qui se trouve à l'Inas Montlhéry dans l'Essonne.
01:49:14 Augustin, pardon, excusez-moi, là il y a une forme de solidarité qui est en train de s'organiser autour des agriculteurs.
01:49:20 Expliquez-nous, Augustin.
01:49:22 - Tout à fait, à commencer par les habitants de l'Inas, cette petite ville de 10 000 habitants dans l'Essonne
01:49:28 qui apporte de très nombreux vivres à ses agriculteurs, des boissons, de la nourriture pour la soirée.
01:49:33 Ses agriculteurs avec qui l'on a échangé avec Fabrice Lesner se posaient la question "Où est-ce qu'ils vont dormir ?"
01:49:37 Et bien figurez-vous que le maire de cette petite commune de l'Essonne leur a mis à disposition,
01:49:42 il y a quelques minutes maintenant, une salle communale attenante à cette mobilisation.
01:49:46 On est avec monsieur le maire, merci monsieur le maire d'être avec nous en direct sur CNews et sur Europe 1.
01:49:51 Je vous propose qu'on entre dans cette salle communale que vous avez mis à disposition de ces manifestants,
01:49:57 de ces agriculteurs qui nous viennent d'Agin.
01:49:59 Nous rentrons avec monsieur le maire dans cette salle communale.
01:50:02 Décrivez-nous, dites-nous où est-ce qu'on se trouve et qu'est-ce que vous avez mis à disposition de ces personnes.
01:50:07 Eh bien je suis sorti de la mairie où j'ai été prévenu justement de cette manifestation,
01:50:14 ce blocage auquel je ne m'attendais absolument pas dans une petite commune comme l'INA.
01:50:19 Et donc vu l'ambiance, vu la détermination des agriculteurs que nous soutenons forcément,
01:50:26 eh bien j'ai appelé le service technique pour dire que voilà, on allait ouvrir l'ancienne Maison des Jeunes
01:50:32 où il y a des toilettes, une salle où ils peuvent s'installer pour pouvoir faire un petit dîner.
01:50:40 La salle est chauffée parce qu'il fait un petit peu frais en ce moment.
01:50:44 Ils écoutaient, ils étaient satisfaits et puis c'est bien pour apaiser un petit peu l'ambiance
01:50:49 dans la mesure où leurs revendications sont justifiées.
01:50:54 Et le mieux c'est de les aider et puis de faire au mieux pour que ça se passe bien.
01:51:00 Une salle dans laquelle nous nous trouvons où il y a tout le confort, effectivement,
01:51:02 des tables, des chaises, du chauffage, de l'éclairage, monsieur le maire,
01:51:05 c'est une façon pour vous de les soutenir à votre manière ?
01:51:07 Ah oui, oui, complètement, oui. De toute façon, oui.
01:51:10 Je veux dire, on a un WhatsApp de l'Essonne, on est 194 communes.
01:51:14 Je n'ai pas entendu une commune qui ne soutenait pas les agriculteurs de toute façon.
01:51:20 Donc je suis très satisfait de tout faire pour les aider, même s'ils nous bloquent
01:51:24 et que ça gêne un petit peu les administrés, de toute façon, on les soutient.
01:51:29 Des administrés qui n'ont pas l'air mécontents puisque depuis tout à l'heure,
01:51:32 les habitants viennent avec leurs enfants prendre des photos au pied des tracteurs
01:51:36 avec ces agriculteurs. Un dernier mot très rapide,
01:51:38 qu'est-ce qui va se passer ce soir ? Est-ce que les forces de l'ordre vont leur demander de partir ?
01:51:41 Va-t-il y avoir des interpellations ? Quelles sont vos informations à ce niveau-là ?
01:51:45 Alors, l'information, j'ai vu le commissaire, donc de toute façon ça a l'air assez calme.
01:51:51 Donc du côté des agriculteurs, certaines disent "on va le lire quand dans une heure",
01:51:57 d'autres "on va rester là la nuit". Bah écoutez, voilà, moi j'avais un bureau communautaire ce soir,
01:52:02 je pense qu'il est compromis, mais je pense que je vais rester auprès des agriculteurs jusqu'à la fin.
01:52:08 Merci Christian Lardière, maire de Linnas, pour cette interview sur Europe 1 et C News.
01:52:13 Les agriculteurs qui dormiront donc au chaud ce soir.
01:52:16 Merci Augustin Denadier, Fabrice Aetner. Eric Grevel, vous voulez dire quelque chose ?
01:52:18 Oui, je voulais dire parmi les beautés bruxelloises, on parle beaucoup des traités de libre-échange,
01:52:22 mais il y a aussi le fameux plan vert, le Green Deal, pompeusement baptisé "form to fork"
01:52:26 de la ferme à la fourchette, vous voyez c'est magnifique.
01:52:29 On n'aime pas les anglicismes ici.
01:52:30 Et alors vous allez voir la logique implacable de ce libéralisme, c'est que vous avez parlé de décroissance,
01:52:35 en fait dans les objectifs il y a 15% de terres cultivées en moins.
01:52:39 Et alors vous dites "mais 15% de les Européens vont continuer à manger de la même manière ?"
01:52:43 Mais oui, mais c'est pour ça qu'on importe des produits et qu'on signe des traités de libre-échange
01:52:48 qui va faire que dans 2, 3 ou 5 ans, il faudra réduire peut-être de 20% les terres cultivées.
01:52:54 Donc cette logique implacable, si vous voulez, de ce libéralisme mondialisé
01:52:58 qui nous a plantés, comme vous le disiez M. Morel, sur l'industrie,
01:53:01 et en train, enfin je veux dire, c'est tout ça qu'il faut, à mon avis, qu'il faut remettre en cause.
01:53:06 Alors vous avez des élections en 2025, syndicats agricoles, donc on verra comment...
01:53:10 Comment on va se positionner.
01:53:12 Oui.
01:53:13 Mais par rapport à cette déproduction et à cet engagement de réduire justement la production,
01:53:18 de réduire encore plus, là où c'est grave, c'est que certains rapports disent que
01:53:22 l'Europe importe déjà l'équivalent de 28 millions d'hectares équivalent production.
01:53:28 L'équivalent de la surface de la France.
01:53:30 Et j'ai en tête, mais il faudrait le retrouver, des propos d'Emmanuel Macron, notre président,
01:53:36 qui disait "je n'ai aucun complexe par rapport aux importations,
01:53:41 puisque ça s'inscrit quelque part dans la transition écologique".
01:53:44 Il n'a aucun complexe, c'est ça le problème.
01:53:46 L'un des problèmes du chef de l'État, c'est qu'il n'a aucun complexe sur rien, si vous voulez.
01:53:49 Mais ça nous fait peur à nous, parce que finalement, on est les condamnés, même pour l'environnement.
01:53:56 On est les condamnés au titre des accords de libre-échange,
01:54:00 et les condamnés au titre de l'environnement.
01:54:02 Donc on ne sait même plus où est notre place.
01:54:04 Absolument.
01:54:05 Akelino Morel ?
01:54:07 Non, non, c'est tout à fait clair.
01:54:08 On voit bien, je vous le disais, un système qui d'abord était axé sur la production,
01:54:12 qui maintenant est axé sur le malthusianisme.
01:54:14 Il faut arrêter de produire, il faut produire moins.
01:54:17 J'achère des productions, etc.
01:54:19 Mais au profit de qui ?
01:54:21 Effectivement, au profit des importations folles.
01:54:24 Parce que faire venir du soja ou des poulets ou des bœufs du Brésil,
01:54:29 pour ne pas les produire en Europe et singulièrement dans notre pays,
01:54:32 c'est une perte, c'est une absurdité.
01:54:36 Ce n'est pas seulement une calamité pour les personnes que cela concerne,
01:54:39 c'est intellectuellement, politiquement, une aberration.
01:54:43 Vous avez raison.
01:54:44 Jean-Christophe Cuvier-Boucher ?
01:54:45 En fait, on n'a pas appris de la Covid.
01:54:47 Parce que quand il y a eu la période Covid, justement,
01:54:49 on s'est senti complètement démuni, parce qu'on était totalement indépendant,
01:54:53 y compris dans les médicaments, les vaccins, les masques, etc.
01:54:56 De pays étrangers, des BRICS d'ailleurs, souvent,
01:54:59 comme la Chine, l'Inde, la Russie, etc.
01:55:01 Et en fait, on était complètement immobile.
01:55:03 Et effectivement, aujourd'hui, à travers les agriculteurs,
01:55:06 on se rend compte dans tous les pans de la société.
01:55:08 C'est pour ça que lundi, je parlais un peu d'extincteur social.
01:55:10 Il fallait vite trouver cet extincteur,
01:55:12 parce qu'on se rend compte dans tous les pans de la société,
01:55:14 pour la justice, l'immigration, la sécurité, l'écologie, etc.
01:55:18 Ça ne dépend plus de notre pays.
01:55:20 Ça dépend effectivement de personnalités
01:55:22 qui sont dans les commissions européennes,
01:55:25 qui tirent les ficelles.
01:55:26 On a l'impression d'être un peu des marionnettes.
01:55:28 Et en fait, à travers cette Europe,
01:55:30 on a tronqué notre liberté contre Dupin et la sécurité.
01:55:34 Ce n'est pas moi qui disais ça, c'était Dostoyevski, justement,
01:55:37 dans "Les frères Karamazov", qui disait "Attention, jamais,
01:55:40 vous tronquez votre liberté contre Dupin et la sécurité".
01:55:44 Et en fait, on a cru à travers ça, qu'on pouvait justement mieux vivre,
01:55:47 mais on a perdu une part de notre liberté,
01:55:49 notamment la liberté d'entreprendre, de cultiver du terrain.
01:55:51 Enfin, je ne sais pas, ça paraît bête,
01:55:53 mais aujourd'hui, on n'a pas le droit, sur notre parcelle,
01:55:56 de faire ce qu'on veut, alors qu'on en est les propriétaires.
01:55:58 Voilà, ça, c'est... - On est surveillés.
01:56:00 - Ce joug, c'est impensable,
01:56:02 et les Français sont en train de se rendre compte de ça.
01:56:04 - Joël, Achille Morel ?
01:56:06 - Tout à l'heure, Éric Revelle parlait des asperges.
01:56:08 - Bah oui, parce que moi, j'ai découvert cette vidéo,
01:56:10 je vous dis, des bonbons d'asperges chinois,
01:56:12 qui sont interceptés sur l'autoroute.
01:56:14 - Ces asperges en provenance de Chine,
01:56:16 qui devraient être produits en France ou en Europe.
01:56:18 - Encore mieux. - Qu'il était par le passé.
01:56:20 - Et on a détruit une nouvelle plante de cet aberrassage.
01:56:22 - Deux tiers. - Tout ça vient de loin.
01:56:24 Et ça a commencé d'abord par l'industrie.
01:56:26 Moi, je voudrais rappeler ici, un certain nombre de personnes
01:56:28 qui se considèrent comme des grands esprits,
01:56:30 par exemple Pascal Lamy, qui disait,
01:56:32 qui est le responsable de l'entrée... - Ancien directeur général de l'OMC.
01:56:34 - Oui, qui fut commissaire européen au commerce extérieur,
01:56:36 avant d'être directeur général de l'OMC,
01:56:38 et qui a pris la décision, enfin qui a accompagné,
01:56:40 celle de faire entrer la Chine sans aucune contrepartie
01:56:42 dans l'Organisation mondiale du commerce en 2001.
01:56:44 Il disait à l'époque,
01:56:46 il faut bien qu'on leur achète leur t-shirt
01:56:48 pour leur vendre nos herbus.
01:56:50 Le problème, c'est que tout ça est une vision,
01:56:52 évidemment, de gribouille, puisque non seulement
01:56:54 on leur achète peut-être encore des t-shirts...
01:56:56 - Ils ne nous achètent pas nos herbus.
01:56:58 - Mais bien sûr, et parce qu'on a les herbus,
01:57:00 mais aussi les asperges. - On a implanté des lignes
01:57:02 et on les a plantées fort. - Et c'est les mêmes dégâts.
01:57:04 - Allez, 18h56, on va remercier nos auditeurs d'Europe 1.
01:57:07 Et on va continuer sur ces news.
01:57:09 On retourne un instant à Rungis.
01:57:11 Michael Dosando, c'est un dernier point rapide.
01:57:13 La situation est calme,
01:57:15 mais il y a eu quand même 79 interpellations.
01:57:17 - Oui, la situation est figée ici à Rungis.
01:57:19 79 agriculteurs, qui étaient présents ici,
01:57:21 et qui ont pénétré sur...
01:57:23 - Les agriculteurs, ils ont été
01:57:25 interpellés, et ils ont été interpellés.
01:57:27 - Oui, ils ont été interpellés.
01:57:29 - Et ils ont été interpellés.
01:57:31 Ils ont pénétré dans cette société de logistique.
01:57:34 Ils vont donc être interpellés
01:57:36 et emmenés au commissariat de Créteil.
01:57:38 Pour le moment, ils sont encore nassés.
01:57:42 Les CRS, mais la situation est détendue.
01:57:45 L'esprit est plutôt bon enfant.
01:57:47 D'ailleurs, les bouteilles ont même été amenées
01:57:49 pour qu'ils puissent se désaltérer
01:57:51 en attendant d'être amenés au commissariat.
01:57:53 Je le rappelle, aux alentours de 17h,
01:57:55 ils ont donc pénétré dans cette société de logistique.
01:57:58 Le dépôt de plaintes a été effectué pour dégradation.
01:58:01 Et pour le moment, deux versions s'opposent.
01:58:03 Celle des agriculteurs, qui eux, considèrent
01:58:05 être entrés de manière totalement pacifique,
01:58:07 ne rien avoir endommagé.
01:58:09 Et puis, cette...
01:58:11 ...qui ont déposé plainte, qui considèrent...
01:58:14 - Bon, écoutez, on a un petit peu de mal avec la liaison.
01:58:16 Merci beaucoup, Mickaël de Santos.
01:58:18 Madame Lefloch, un dernier mot.
01:58:19 Qu'est-ce que vous attendez ?
01:58:21 - Eh bien, qu'on sauve l'agriculture,
01:58:24 qu'on sauve tous les secteurs en véritable détresse.
01:58:27 L'élevage, l'élevage bovin, l'élevage de volaille,
01:58:29 l'élevage en général, les fruits et légumes,
01:58:32 tous les secteurs pour lesquels on est en grave déficit.
01:58:35 Mais pour les secteurs pour lesquels on est encore
01:58:38 en balance commerciale positive,
01:58:40 on se rend compte, les vins sont touchés.
01:58:42 Les céréaliers ont vécu aussi une année compliquée
01:58:47 avec un effet ciseaux, baisse des prix, hausse des charges.
01:58:49 Donc, tous les secteurs sont en crise
01:58:51 et toutes les balances se détériorent.
01:58:53 - Le PNU vient d'annoncer 80 millions d'euros,
01:58:55 vous avez vu, pour aider les viticulteurs.
01:58:57 - Voilà, mais ce n'est pas de l'argent qu'on attendait,
01:58:59 c'est restructuré, on vous avait dit.
01:59:01 - Il va y avoir de l'arrachage.
01:59:03 - Les pommiers, on arrache, enfin, c'est un non-sens,
01:59:05 l'agriculture fout le camp et on est là pour la défendre.
01:59:07 - Aquilino Morel, la parabole des aveugles,
01:59:09 j'aimerais bien que vous reveniez aux éditions grassées
01:59:11 pour en parler, parce qu'il y a beaucoup de choses
01:59:13 passionnantes dans ce livre, mais c'est vrai que là,
01:59:15 on est dans une situation de crise, en réalité,
01:59:17 et une crise profonde, une crise qui recouvre,
01:59:19 je trouve, toutes les classes moyennes
01:59:21 qui vont se paupériser dans notre pays, vous êtes d'accord ?
01:59:23 - Et surtout, encore une fois, et c'est ça qui m'importe,
01:59:25 c'est pour ça que j'avais écrit ce livre,
01:59:27 c'est que c'est notre identité de la France qui est en jeu.
01:59:31 Avec la question agriculture aujourd'hui qui a surgi,
01:59:33 quand j'ai écrit ce livre, j'ai parlé de l'industrie,
01:59:35 de la désindustrialisation, de la pauvreté qui se répand,
01:59:37 de la fédéralisation de l'Europe, de l'immigration,
01:59:39 j'aurais dû penser à l'agriculture,
01:59:41 mais simplement, on ne peut pas penser à tout,
01:59:43 mais c'est la même chose, en réalité, c'est la même chose.
01:59:45 Et ce qu'il faut espérer, pour faire le lien avec ce livre,
01:59:47 puisque le livre a été écrit pour mettre en garde
01:59:49 contre le danger de l'accession de Marine Le Pen à l'Élysée,
01:59:53 ce qu'il faut espérer, c'est pas seulement qu'on sauve
01:59:55 la mise aux agriculteurs, qu'on refonde une nouvelle politique
01:59:57 à l'école commune, qu'on reprenne en France un peu du pouvoir
02:00:01 qu'on a très abusivement laissé à la Commission,
02:00:03 mais je dirais, et ça regarde le président de la République,
02:00:07 que peut-être il essaye de sauver son quinquennat,
02:00:09 parce que si les choses continuent de la manière
02:00:11 dont elles sont engagées depuis maintenant,
02:00:13 depuis le début de la crise,
02:00:15 de la manière dont elles sont engagées depuis maintenant 18 mois,
02:00:17 eh bien le 9 mai 2027, il transmettra les codes
02:00:21 de l'arme nucléaire à Marine Le Pen au Palais de l'Élysée.
02:00:23 Il faut avoir ça en perspective.
02:00:27 C'est la fin de l'émission, Eric.
02:00:29 Eric, on rend l'antenne.
02:00:31 Allez, on reprendra ce débat.
02:00:33 Vous reviendrez avec plaisir, monsieur Morel.
02:00:35 Allez, bonne soirée à vous sur CNews.
02:00:37 Tout de suite, c'est Christine Kelly
02:00:39 qui vous attend pour Facein l'Info.
02:00:41 À demain.
02:00:43 ♪ ♪ ♪

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