Quelque 10.000 agriculteurs restent mobilisés sur "plus de 100 points de blocage" ce mercredi, selon Gérald Darmanin. Plusieurs d'entre eux continuent de converger vers Paris et le marché de Rungis pour accentuer la pression sur le gouvernement. Sur l'A6, la progression d'un convoi a été stoppée au niveau de Chilly-Mazarin (Essonne) par les blindés et les cars des forces de l'ordre
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00:00 — Bonsoir, monsieur. — Bonsoir.
00:02 — Là aussi, c'était important que les tracteurs bougent ce soir ?
00:05 — Oui, faut qu'on bouge, parce qu'on a marre d'attendre. Et vraiment, c'est chiant d'attendre.
00:11 — Oui, mais on va vous dire, c'est de la pure forme, là, parce que là, vous avez avancé. Les CRS le savaient.
00:15 — Un petit rapport de force pour montrer aussi qu'on est là. Ils sont là. Ben on est là aussi. Voilà, tout simplement.
00:21 — Mais vous allez rester sur la 6 combien de temps, encore ? — On sait pas. Tant qu'il faudra.
00:25 — Vous êtes motivé pour ça aussi ? — Ben oui.
00:27 — C'est le combat d'une vie, en ce moment ? — C'est pour ça que je suis là.
00:29 — Ben moi, ma vie, je l'ai faite. J'ai 65 années. Je suis pas là pour...
00:32 — Oui, ben alors justement, les crises agricoles, vous en avez connu, quand même.
00:34 — Ah ben bien sûr, oui. Je suis descendu plusieurs fois à Paris, évidemment. Mais...
00:38 — Qu'est-ce qui change, alors, avec celle-là ? — C'est la complexité de notre métier, les paperas, la réglementation,
00:46 les ennuis, les emmerdes qu'on nous fait, quoi, dans notre métier. On en a marre.
00:51 On peut plus rien faire sans demander la permission à personne. Ça va bien, quoi.
00:55 — Alors l'objectif... — On n'est plus un métier libéral. Vous voyez ce que je veux dire ?
01:00 — Aujourd'hui, par exemple, vous, vous dites « Ma vie, elle est faite ». Donc ce combat, vous le menez pour qui ?
01:04 Pour les jeunes ? — Pour ma fille, qui va reprendre. Voilà.
01:07 Là, je suis là pour ça. Je suis pour les jeunes, moi. Moi, je lui ai fait mon temps. Je m'en fiche.
01:11 Si, j'aimerais bien qu'il y ait une retraite un peu meilleure aussi pour les anciens.
01:13 — C'est-à-dire votre retraite. Vous, vous avez votre foncier, vous avez votre exploitation, je suppose.
01:17 — Non, on n'a pas tous un foncier, justement. Quand on est fermier, on n'a pas de foncier.
01:21 Donc on a la retraite. Heureusement qu'on arrive à faire des économies pour s'en assurer.
01:27 Sinon, on n'a pas grand de retraite. Moi, je vais partir avec 1 500 balles de retraite, avec toute ma carrière faite.
01:34 C'est pas énorme quand même, quoi. — Donc là, vous êtes là pour votre fille, pour la jeune génération qui arrive,
01:41 pour ceux qui travaillent et qui, vraiment, sont en train de crever ? — Ah bah oui, là. Oui, parce que moi,
01:46 je gagnais mieux ma vie il y a 20 ans, 25 ans que maintenant. Et j'ai 2 fois plus de surface.
01:51 Donc bon, voilà. Il faut arrêter tout ça, quoi. C'est une course, c'est une escalade, quoi.
01:55 — Qu'est-ce que vous pensez aujourd'hui des agriculteurs qui sont entrés dans un giste alors que Gérald Darmanin,
01:59 le ministre de l'Intérieur, avait dit « Non, non, pas question d'y aller ». — Ah, il y a deux écoles.
02:03 C'est vrai que c'est un symbole. Mais d'un autre côté, ça emmerde un peu les producteurs de la France,
02:08 les gens qui emmènent de la camelote, de la bonne camelote sur un giste pour nourrir Paris.
02:11 Et cela, demain, si on va demain ou après-demain, ils vont pas pouvoir bosser.
02:15 — Ils vont vous dire « Les gars, on est solidaires, on fait le même boulot. Nous aussi, on roule pas sur l'or ».
02:19 — C'est pour un giste qu'il faut emmerder. Il faut emmerder les centrales d'achat.
02:22 Eux, oui, ils sont responsables de pas mal de choses, évidemment. Il faut emmerder M. Leclerc, M. Carrefour, M. Auchan.
02:27 Là, oui, on va taper au bon endroit. — Mais qu'est-ce que vous voulez leur dire ce soir,
02:31 alors justement à M. Leclerc, M. Auchan, M. Carrefour ? — Qu'ils arrêtent d'importer n'importe quoi
02:35 et de nous bouffer la gueule et d'acheter nos produits au meilleur prix pour qu'on puisse vivre décemment
02:42 notre boulot, voilà, tout simplement. — Mais il n'y a pas une part de responsabilité du consommateur,
02:47 parce que vous avez le soutien de la population. 80% des Français sont derrière vous.
02:51 — Absolument, oui. — Mais en même temps, ces Français, ce sont eux aussi qui vont faire leurs achats
02:55 chez M. Leclerc, M. Auchan, M. Carrefour. — Oui, bah même nous, on va chez Leclerc ou Auchan, peu importe.
03:00 Mais il faut quand même qu'on paye les choses à leur juste valeur. On a marre de produits de la camelote
03:06 qu'on bazarde sur le marché et qu'on retrouve à des prix extraordinairement hauts dans les grandes surfaces
03:11 ou dans les magasins. Voilà. — Donc le concert de klaxon, là, tous les tracteurs qu'on voit ce soir,
03:16 le concert, il est pour qui, ce soir ? En fait, il est donné pour qui ? Pour Macron, pour Attal, pour l'Europe, pour qui ?
03:21 — C'est pour se donner un peu de courage à nous et de se dire « Eh ben on va y aller. S'il faut y aller, on ira en fanfare ».